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DU MEME AUTEUR Aux MEMES EDITIONS ‘Moise et la Vocation juixe oll. Maitres sprites, 1956 LExistence juive 1962 cuez p’aurnes fprreuRs ‘Amos, contribution & Pérude di prophérisme “Librairie pbilosopbigue J. Vein, 1950 Notes sur Qohélét, IBeclésiaste Editions de minuit, 1951 LE sence du prophétisme Presses wnisersitsres de Frace, 1955 Jérémie Plon, 1960 Histoire biblique du peuple d'Israél ‘en collaboration avec René Neber ‘Adrien Maisonnenve, 1962 Le Puits de I'Exil, In théologie dislectique du Maharal de Prague Editions Albin Michel, 1966 De Thébreu an francais Editions Klincksieck, 1969 ANDRE NEHER L’EXIL DE LA PAROLE DU SILENCE BIBLIQUE AU SILENCE D’ AUSCHWITZ EDITIONS DU SEUIL 27, rue Jacob, Paris VIE © Biditions dw Senil, 1970. Liminaire Ce livre essaie de rompre In Parole par le Silence. La Bible nlestelle pas, en effet, le Livre de la Parole, par excellence? Nesece pas A travers la Bible que "homme 2 recueilli et continue de recueillir Ia parole de Dieu, Ia parole des hommes et 'écho du dialogue qui relie ces deux paroles, dans I’Alliance? Une phénomé- nologie de la Bible n’est-elle pas, dans son essence méme, une phé- noménologie de la parole? Contestant, semble-til, la définition que la Bible donne d'elle- méme, a contre-courant des interprétations que les siécles ont données de certe définition, ce livre ese un pari : en 'engageant, j'ai eu T'impression d'explorer, puis de baliser et d'identifier une terre inconnue. Certes, le théme du silence fait partic, depuis longeemps, des disciplines vouées & étude de la musique religieuse, Les expé riences du Sufisme et du Yoga, les descriptions de Bahya-Ibn- Paguda, de saint Jean de 1a Croix et de Maitre Eckhart, la discipline trappiste, n’offrent-elles pas suffisamment de variantes du silence pour alimenter des travaux susceptibles d’en repécer le contenu @hique, mais aussi la portée métaphysique ? Des livres classiques du gente de celui de Max Picard (le Monde du Silence"), ou des livres polémiques du genre de celui de Georges Steiner (Len- gage et Silence’) ne viennentils pas de promouvoir le silence parmi les catégories de la philosophic générale, ct analyse du silence ne devient-elle pas ainsi aisée dans ses démarches et justifiée dans son principe? 1, Max Picard, le Monde du Silence, Paris, 1952 2. Georges Steiner, Langage ot Silence, Paris, 1969, 7 LIMINAIRE Certes encore, les exégtes et les hiistoriens de la Bible ne men- tionnentils pas sporediquement le silence, soit quills l'apercoivent dans certains détails de Fexpérience prophétique, soit qu’ils le re contrent, non plus en détail, mais en gros et en vrac, dans certains livres bibliques tels que celui de Job? Personne, toutefois, n’a encore établi jusqu’ici le rapport orga- nique entre ces deux thémes : celui du silence et celui de 1a Bible. ‘Lss historiens de 1a mystique ou les phénoménologues du silence tuavaillen: sur de nombreax claviers, sauf sur celui de Ja Bible, qui leur parait, sans donte, accessoire ox anodin. Quant aux histo- ens de la Bible, aucun d’entre eux n'a eu ni Vidée, ni Vaudace, disoler le silence et de I’étudier pour lui-méme. Dans leurs recher- ches, le silence n’est qu'un épiphénoméne de la parole. ‘Au départ, jiignorais donc 2 travers quoi et jusqu’oit allaic me mener mon ‘itingraite, et mon impression premitre, Cétait d'écre seul. En cours de route, pourtant, jai trouvé des compagnons. L'ua, le plus immédiat, le plus fertile aussi cétait 1a Bible elle-méme, son texte littéral et itréfutable, mais cétait le lecture de ce texte A travers la tradition juive, celle du Midrash talmudique et mystique surtout, véritable miroir d'une lecture authentiquement juive de la Bible. Tes travaux d’Abraham J. Heschel ', Emmanuel Lévinas*, Eliane ‘Amado Lévi-Valensi', mes propres recherches sur la Bible et le Maharal de Prague’, ont récemment liveé au lecteur de langue fran- aise la clé de ce royaume du midrash. Chaque lettre de la Bible y est interrogée sur ses significations spirituelles. La plus humble des nuances graphiques du texte y devient la racine et le support d'une philosophie au-dedans de laquelle, défiant Jes ages et les espaces, Rabbi Aquiba dialogue avec Moise et Rabbi Issac Lévi de Berdit- chev avec Abraham et Job. Or, le texte biblique et son exég’se midrashique sont grouil- 3, Abraham J. Heschel, Dien en quéte de Ybomme, Paris, 1968, 4, Emmanuel Levinas, Difficile libersé, Paris, 1962, Quatre lecons tal- snadiques, Pacis, 1963. 5. Eliane Amado Levi-Valensi, Ja Racine et la source, Patis, 1968. 6. André Neher, lo Puits de PExil, Paris, 1966. CE, aussi Jean Halpério, « Les dimensions juives de Vhistoice 3, Res. eBéol. phil, 1966, 8 LIMINAIRE, Jants du theme du silence, La lecture ow plutdt Ja relectare du texte biblique, saisi dans sa naive spontanéité, seest avérée étre une lecture, non plus de la parole, mais du silence. Le probléme méthodologique n’était plus celui du matétiau, dont la richesse était indéniable, mais celui de son agencement au- dedans d'une interprétation cohérente. En une premizre saisie des themes du silence biblique, nous avons donc essayé d'en organiser Tinventaire dans Ja triple réalité de ses formes, de ses structures et de ses dimensions. En guise d'introduction, nous invitons le lec- teur 2 pénétrer dans ce chantier ot sélaborent successivement une morphologie, une syntaxe et une sémantiqne du silence dans la Bible. Prélude au silence biblique Morphologie : le paysage ‘LA CREATION EST SILENCE Te silence, dirais-je en une premiére approche qu'il s‘agit de pré- ciser, constitue le paysage de la Bible, 7 Ce paysage se confond d'abord avec la nature, dont les immensités infinies sont portées par le silence : Ni Parole, mi Mots, leur Voix me peut Sentendre.. (Ps. 19, 4). La Bible est ainsi le premier témoignage humain de cette découverte bouleversante de V'identité de H'infini de 1a nature avec le silence, découverte qui suscicera les prodigicuses extases de Platon et de Pascal, de Hélderlin et de Rilke, de Beethoven et de Chagall. Elle pousse méme les choses plus loin, et va jusqu’a suggérer que e silence est 1a forme métaphysique due cosmos, Auttement dit : il ‘en est de Ja Nature entiére par rapport a homme comme il en est de Ja lune par rapport a la terre, Celle-ci ne peut jamais aper- cevoir de celle-la que l'une de ses faces ; mais autre face existe, en ‘ua revers qui, pour Ia terre physique, est littéralement métaphysique, Tien est de méme du cosmos qui ne présente & l'homme que la face loquente de son ére physique; mais autre face existe, en un fevers silenciens: qui, pour "homme physique, est, Jui aussi, Liteé- falement méraphysique. Ce que la lumitre et Yombre sont a la Tune, la parole et le silence le sont au cosmos. Et cest pour cela que Josué (Jos. 10, 12-13), en apostrophant Ie soleil 4 Guibéon, Ae lui a pas dit « Arréve-toi! », mais : dém, ¢ taivtoi! » —« et le Soleil se int, en effet » : il Ya mis au défi de sa vocation métaphy- Sique. Poor les spectateurs humains, rout s'est passé comme si le soleil « séait arrésé » — veyaamod —. Mais dans la réalité des ‘choses, il y a eu la micaculeuse sévélation de autre face des choses : B PRELUDE AU SILENCE BIBLIQUE leur face silencicuse, signe de 1a sur-nature au sein de la nature, Cette lecture de Rachi de Troyes (xI" sicle) et du Maharal de Prague (Xv1' siécle) a évicé aux Galilées juifs les tragiques malenten- dus de leur compagnon chrétien, Rachi et le Maharal se meuvent dans tun paysage biblique done ils savent que, pour éviter d'y mal entendre, il faut au-dedans de In parole, entendre le silence. LE CREATEUR EST SILENCE Mais si la Bible sait identifier V'infini cosmique avec le silence, lle sait aussi que cet infini n’est que le voile d'un autre Infini, celui du Créatenr, dont la Parole, certes, perce a travers les immen- sités pour atteindre l'homme, mais dont I'Etre intime ne peut siidentifier, lui aussi, a la limite, qu‘avec le Silence. Déja, le Psaume 19, que nous citions tout & l'heure, ne s'y trompe- til point. Le silence cosmique n'est que Ia forme le plus éloquente de la révélation divine : Les Ciews racontent la Gloire de Dieu, et Veewvre de Ses Mains, Cest la vorite qui la révile... Mais tout cele, sans Parole, ni Mots, leur Voix ne pont sentendre. Ainsi, le silence cosmique n’estil pas le signe d'une absence, mais, bien au contraire, dune Présence. Présence toutefois silencicuse, & laquelle les célébres versets 11 et 12 du x1x" chapitre du Premier Livre des Rois, ont donné une expression particuligrement plastique, puisque Diew s'y découvre, ni dans Vouragan si spirituel fat-il, ni dans Je tremble- ment si terrestre facil, ni dans le feu si incandescent facil, mais dans la Voix du Silence téna. Ainsi la Bible nous méne-telle vers un Dieu, dont Moise méme, dont il est dit pourtant que Diea Te connut face a face (Dt. 34, 10), apprend qu'il ne peut en per- cevoir que les Traces, jamais les Faces (Ex. 33, 23)', et quilsaie, qui se flattait pourtant avoir vw le Seigneur (Is. 6, 1) invoquera un jour comme le Diew caché : « Ab, cest vrai, dira-til (45, 15), comme si, parfois, il avait oublié, Ti es le Diew caché. » Ec Yon sait quelles perspectives ces thémes ont ouvertes eux miystiques, quils soient juifS ou chrétiens ou musulmens, pourvu qu'ils pu sent leurs éblouissements dans la Bible. Sans nul doute, c'est la Kab- bale juive qui est allée le plus loin dans ce domaine, en proposant, 7. Traduction proposée par Emmanuel Levinas, 14 MORPHOLOGIE : LE PAYSAGE is pour routes, que Je Nom Divin ne soit plus évoqué dans une eect, ‘mais dans le respect du repliement négatif sur soi Mmplique 1a notion silencieuse de l'nfini : En Sof, Pas-de-Fin, Jeet le Nom que porte Dieu dans la Kebbale, et est identification farime de ce Nom avec le Dieu caché et silencieux de la. Bible, ia permis a l'un des kabbalistesjuifs du xn" siécle, Eléazar Rokéah Ge Worms de dize, une fois pour toutes, afin que nous n'en dou- tions plus et que Forgueil de notte Parole humaine ne sinsurgeét ‘point contre cette vérité si simple et si loquente : Diew ext Silence, 1A cafarun esr sence Ces dans ce méme paysage biblique quien face des silences " nfinis de Ia création et du Créateur, nous surprenons le silence “fini de homme. De méme que le silence constirue Ja forme 1a plus “Aoguente de la révélation, ainsi l'instrument le plus eloquent de ‘Vedoration estil le silence. A I'Infini correspond et répond Ineffable, ‘thime religicux que la Bible est, derechef, la premiére & avoic placé “dans les tréfonds de I'ame humaine, Deux Psaumes scandent ce ~ théme en formules frappantes et classiques. L’un, le Psaume 62 _Gwerset 2) apprend a tous ceux qui vibrent en face de UInfini divin, “quill n'est de corde plus vibrance pour exprimer la nostalgie de |'Ame gue le silence : Ab, vers Dieu vibre de silence mon dme. Méir Ibn a donné, au xin" siécle, de ce verset biblique une émouvance “interprétation musicale. Lorsque les cordes de deux instruments sont erties, slo, ie ue Tune ive pour que se meee & chanter. Dés lors, puisque Diew ext Silence, “comment Maccord de l’ime avec Dieu pourrait-il s‘exprimer autre- _ mene que par le silence * ? au Psaume 65, il frappe, en son deuxigme verset, une le aussi apodictique que celle du Dien caché d'Isaie : A 10, 84 le Silence convient en guise de Lonange. Les spirituels ne se Pas fait fauce darracher & cette proposition sa substance phi- ‘ . Avec beaucoup d'autres compagnons, juifs ou chrétiens, ide Gdifie sur ce verset une critique ebsolue de la pritre Stents: Le pritre authensique ex fiddle au paysage de Ia Bible, ne TBE MEir Tba-Gabboy, Avodes Hegqadesh, Mentove, 1545. 15 PRELUDE AU SILENCE BIBLIQUE ere peut éze quune pritre silencieuse (Guide des Egarés, 1, 59). Car la parole trahit, et seul le silence respecte ce lien organique qui pose Tneffable en face de Mnfini. Antoine de Saint-Exupéry sait, en notre siécle que « l'amour d'abord est exercice de la prigze et la prigte exercice du silence ». (Citadelle, p. 204.) inspi des motivations semblables, celles notem- yeu 4 démagogues que la Bible appelle les faux les faux prophétes) relevent de cette catégorie du silence de l'homme. . 7 Livre des Proverbes et celui de TEcclésiaste ont tenté de ser ces catégories de silence et de montrer surtout nce radicale du silence, a laquelle 1a Bible tient fonda- st, De méme quill est un moment pour parler et un mem: pour se aire (Eccl. 3, 7), de méme y a-vil une manitre parler et une manitre de se taire, Si le silence peut étre signe ‘Wacheré, d’étourderie ou d'ignorance, il peut aussi ‘etre V'expres- ‘de Ia connaissance, de la volonté et méme de I'héroisme. Les foionnent, dans ln Bible, de silences coupables, dans ‘replis desquels les hommes cherchent ou tentent de chercher ne complicité inavovable avec le crime. Le Lévitique (5, 1) met jent en garde contre ce démon de 1a neutralité silen- : Phomme qui entend, qui est témoin, qui voit, qui sait et gai “parle pass. il est coupable. Esther (4, 14) et les lépreux de (2 Rois 7, 9) ont été exposés & sa tentation, et n'y ont que par un sursaut moral qui, chez Esther, frise LE DIRE DU NOW-DIT Le silence de Phomme ne peut, évidemment, sinscrire dans V'in- fini sans renier la condition finie de homme. Souvent, l'homme se tait, non parce qu'il ne posséde pas de meillenre clé d'accés & l'infini que le silence, mais parce que le silence Iui offre une prodigieuse variété de clés d'accés & sa propre finitude humaine, Nous ne serons pas étonnés de découvrir dans le paysage biblique da silence cer. tains de ces accés aux racines de la psychologie humaine. Voici d’abord le silence de l'homme que j'appellerais volontiers génétique, parce que les formes les plus accusées de ce silence humain soffrent & nous dans la Gendse, a V'époque primitive et naturelle de I'humanité, qui s'‘étend d’Adam & Abraham, & travers Jes relais d'Eve, d’Abel, de Cain, de Noé et de leurs contemporains, ‘Une morphologie du silence, qui se voudrait attentive & toutes les nuances du texte biblique, découvriraic sans peine, dans ces pre- miers chapitres de la Genése, une typologic compléte du silence, Elle s‘exprime a travers des attitudes psychologiques, telles que la peur, Vbypocrisie, Valibi, mais aussi & travers des variétés de la parole, telles que le bavardage, le mimétisme ou la démagogie, qui ne sont, en fait, que des variantes du silence, puisque les mots débités le sont pour rien, et que tout se passe chez le bavard, le comédien ou le démagogue comme sils n'avaient pas parlé, Mais notons, surtout, que si les onze premiers chapitres de la Genése renferment, en quelque soree, les documents d'archives da silence génétique, celui-ci se retrouve évidemment plus tard (en XVIII, ce coup de foudre d'une amitié qui va, désormais, a bonne compagnie de la parole génétique), éparpillé A travers len Aes vicissitudes les plus douloureuses et jusqu’d la mort tra- semble de la Bible, mais en apparitions moins typiques, et surtout ss lier Vame de Jonathan a celle de David et dont on soubaiterait plus épisodiques, que dans la Genése : les silences de Laban, da Jes motivations profondes. Nous ne pouvons entrer ici dans Pharaon, du Sage pradent et neutre (dm. 5, 13), de Job, dans dlune exégise qui devrait s'éendre sur ensemble des Véclairage du Midrash qui fait de lui, parmi les trois conseillers XVi-xvatt du Premier Livre de Samuel, ensemble parciculigre- du Pharaon, celui qui choisit de se taite, -—~ tous ess silences (E = « Tun des noeuds les plus enchevérrés et les plus 16 7 ‘i le silence est ainsi le masque hypocrite de la prudence 11, 12; Am. 5, 13; Prov. 17, 28; Job 13, 5), il apparait si comme le fruit vigoureux d’une décision de conscience. Il y ples de silences sacrés dans la Bible oi le sacré ne reléve ‘eatégories numincuses analysées par Rudolf Oto, mais ‘gravité kantienne de la loi morale. Lhomme se «ait pour lesser autrui ou pour sauver son honneur, voire son exis- mple le plus remarquable nous en est fourni dans le sécit de David et de Jonathan (I" Livre de Sansnel), début PRELUDE AU SILENCE BIBLIQUE MORPHOLOGIE : LE PAYSAGE difficiles & cénouer », nous avertie Bissfelde (Introduction @ VAncian ‘Testament, p. 363) et sur lequel imagination ees ens des exégttes ont exercé leur subtile et meurtritre sagacité, Sail, en effet, ‘oan: le me vai, oi fgnorer, 3 le fin du chapitre Xvi, au soir de la victoire de wets eee ome =! David sur Goliath, T'identité et Je nom de ce jeune vaingueur, au Te texte enchaine (18, 1) : « Il arriva, lorsqu'il eut dit tont ce point de sen enquérir auprés d’Abner, puis auprés du héros luk vont dre a Sail, que Vime de Jonathan se noua 4 Vame méme : De qui es-tu le fils, mon garcon?, alors que dts la fig » Kekalété ledabbér : épuiser ses paroles, cela peut du chapitre XVi, nous avons appris que Salil utiisait les services de BO dice cour ce que Vom evsic & dite, mas cela a David, comme luthier, lors de ses crises nerveuses ? Ne fautil pas, et ercse, ne dire que oe que Toa. vonlai: dex, eae avec la ertigque, conclure & une confusion anachronique dacs Steer momar, couper cout pout 2 pas aller chapitces ? | 7 dune certaine limite. Et cest pour cet aj i ‘On oublie que les services rendus par David & la cour de Sai fei focatan sina David ie ae emer 1a Cour, il respecte Ia fable de l'intégrité royale. Il dit : « Je fe fils de ton serviteur Isaie, de Bet-Lehem », et il starréce i, Se er vos db on fre 2 Bclsbo) © ma BL ce de plu ces I i epee ple quis étaient clandestins, car seuls les plus intimes savaient que I BE ee ets Tame, Dans ce respect de la rar ae Oi Sail était en proie A des ctises de folie. Vers Vextérieur, 1 eernatc avec éblouisement le gene don: btre quette étair seuvegardée, ec le peuple ignorait tout de la mal Sr a Se GE Ge aging asémee de gules pecearons i fl Beale usen cde Drvil ox lintelemene rne entourer les allées et venues de David, coincidant avec les accés d Midrash (Pirgné Abo: 5, 19) de ce quelque chose qui folie da roi. iela de cepa sve TLa fiction est maintenue grice & la complicité tacite des quelques a ole — ee tala Badr et que nous intimes de Sail et naturellement aussi grice & la discrétion de David qui joue Je jeu avec noblesse. ‘Mais au soir du combat singulier concre Goliath, David est plac au feu de Pépreuve. Dans cette scéne au vaste public, puisque peuple tout entier en est témoin, Sail et Abner sfaccrochent la Ticmme y appara fs : Ce ee el ieee re we Ss se Ba en effet, tous deux d'ignorer qui est ce jeune héros (v. 55 et 56) Biblique quest la prophétie. Chez Vhomme Fett Tis font comme sils ne Tavaient jamais vu, car cette ignoraad Be ciblcive «ile ox: coe commoninnten te aoe feinte est pour eux, depuis longtemps, devoir d'Etat. . 4 ‘objective d'un message capté i la source divine elle est Tout va dépendie maintenant de la réponse de David. Gri tun appel ; elle nest plus, au sens stice du terme, parole par le succts, ne va-til pas se trahir et trahir? Ne va-eill pas cri wean. D’Abraharn jsqurau dernier prophete bibligae, Ja figure du roi et de son généralissime : « Qui je suis, me dem: lignée humaine, done Yexistence est constammene ‘vous ? Certes, je suis le fils de Jessé, de Bet-Lehem, mais je suis «4 deux dimensions : celle de leur personne inte sllée le joueur de luth que vous connaissez bien, puisqu'il vient apé Tear organe instrumental. Dans cette parole dis ea par ses mélodies, tes crises de folie, 6 Roi! > BEE sipcces, 1e'aiience atgiriee aension aiken. Or, dans la souveraine domination de sa personnalité, David trad Bt pice ale tucidement la limite de sa réponse, Il respecte le contrat passé ent thez un prophéte habirué au commerce de la Parole 18, 19 SS CONTRE-DIRE “Paysage biblique peut rarement etre réduit a une seule PRELUDE AU SILENCE BIBLIQUE fait subitement défaut, pendant un intervalle plus ‘ou moins long. Dieu se tait, alors que tout appelle sa Voix. Ces Te cas célbre d’'Abraham sur le mont Moria, éclaité sous tous angles par Jes analyses fameuses de Kierkegaard. Crest le cas p célébre encore, et presque typique pour le probléme unive de Ia Mort de Dien, de Job sur son fumier. Mais cest aussi Ig cas, moins célabre au poine que jusquici, personne encore ne 1 relevé, de Jérémie, lorsque pendant dix longues journées, il ky fant auendre une réponse urgente & sa demande pressante (Jér 42,7) et le cas de Sail heurtant de la téte contre des murs sile ciewx (1 Sam. 28, 6). Taversement, est la parole de Vhomme qui fait défaut dans dialectique dela vocation. Diew lance soa appel, mais Yorgan Ja Bible, les structures du silence sone aussi diversifides rebelle du prophéte refuse de répondre et cherche refuge dans il faut néanmoins partic d'une caractéristique trés silence. C'est le cas notamment de Jonas et d’Ezéchiel : le silence qui impose son cacher structural & Tensemble du Livre séeend par nappes Jourdes et pesantes sur In premitre phase d A certaines de ses parties seulement : le silence n'y leur aventure prophétique. sivement objet ; il y est, le plus souvent, sujet. Je veux Rien de plus impressionnant que ce silence 2 double sens, est parfois question du silence dans la Bible, si 'on ce soit Dieu, ow que ce soit I’homme qui le provoque. Il y Evidemmens, un secret dans cette vocation sans partenaite, dans a ‘appel sans écho, dans ce Dire sans Contre-Dire, un secret aug le paysage biblique doit probablement ses couleurs les. plus of ginales, Au-deli de la rencontre, peut-étre trop simple, de l'homme de Dieu dans I'Ineffable, l'étude morphologique du silence da 15, 12), comme la sagesse lorsqu’elle prend Ja Bible nous conduit au probléme beaucoup plus intense de iq (Prov, 8, 1),"e sens ox of he eee confrontation de Phomme et de Dieu dans I'Effable. Cest lorsq acteurs les plus décisifs de Ja vaste avencure biblique. jaut parler que le silence peut devenir une arme. La forme la Par la nature méme de cette chose apparemment offensive du silence dans la Bible ce nest pas celle qui ressem néme quiest le silence, ce réle estil tellement dis- bleraic au silence du trappiste dans la retraite monologale de Hsque de passer inapercu, ou plusdt in-entendu. Mais cest cellule et de son moi, mais cest l'épanouissement paradoxal ¢ Ge Vexégite et du lecteur que de sentir le silence & silence lorsque le Silence affronte la Parole dans le liew privil lence. N'est-ce pas que 1a Bible nous y invite elle-méme du paysage biblique qu’est le dialogue. La morphologic de Ia voix du Silence, si céau soivil? Rarement, silence biblique devrait distinguer, dés lors, en une sorte de conch Gwune pause, due a quelque fatigue de langage. sion provisoite, entre le silence statique de la Gendse et le sled de srt correspond presque toujours & une volonté dynamique de l'Exode. Car Yhomme nait seul; mais sortir, S ‘aire. Esayons donc détre les sourciers du silence : affronter l'autre, Et le paysage biblique est ainsi faic de Palte Ppa Sussit en ce que j'appellerai volontiers des naeads du silence monologal et du silence dans le dialogue. ere eee de deux structures. équitablement Syntaxe : les structures comme dune chose, la troisitme personne, comme soleil, du sommeil, de la sagesse, beaucoup plus souvent rent dans la Bible & la premitre personne ; il y joue tif er prégoant. Comme le soleil, au jour de la victoire me le sommeil, lorsqu'll surprend Adam ou Abraham 2 PRELUDE AU SILENCE BIBLIQUE SYNTAXE : LES STRUCTURES Par nceuds, jentends ces émergences rapides et fugitives d'un sles que tien apparemment ne prépare, ai ne prolonge. Notre ane un chapitre entier et, parfois, tout un livre bibli- Mrorphologique nous en a fourni des exemples : V'énigmati le une nappe, tantdt soucerrine, eant6r visible, transformant Hleme de Dieu en plein corar d'une consultation de Jérémie (42, tu ce livre en un lac de silence, qu'il Sagise du silence ‘ou du silence de Dieu. Tarrée brusque de In phrase de David & le fin du chapitre Xvit 4 . Premier Livre de Samuel. Mais il faut y ajourer rout un rés Te silence de homme, on pourrait évoquer, en exemple, tissé par les procédés internes du langage = celui-ci est condamn nte épopée sans paroles de Gendse 6 9 & 9, 25, dans f vanérer de temps en temps, & « souffler » en quelque sorte, a fe héros humain, Noé, ne prononce pes un seul mor! 2 ménager ainsi des intervalles & travers lesquels, subrepticemeny “Gest, 4 coup sir, le Livre d'Eaéchiel dont Ia structure se sintroduit le silence. que intégralement, avec une aventure du silence. Cest di moins ainsi que Ia Bete Ge Lire chil ex celal de Tov t de la veut que nous incerprétions Ja structure physiologique du tex om, on reconnaitra que 'agencement interne du livre déve- Diblique, Ce qui, ileus, est un simple phénoméne de la pl ce théme sur celui de Vexit et de Je rédemption de la parole. devient, pour Ja phrase biblique, un tracé volontaire et lourd de ee dans ce théme, l’acteur principal : il talonne les sens, La proposition ou la phrase ou le chapitre ov Je livre i Rese. comme le fait Méphisto dans l'aventure Sarrétent pas, dans la Bible, parce quil n'y avait plus rien st Cest autour de Ini, grice A lui, malgré lui, contre See Pe eigue le nordic os le son-didble voulent, out se défait et se fait. I entre en scéne dis les tout pre- fe moment, érre dits. Et ils ne le pouvaient évidemment qu’a 1 eed 26 du chapitre m1 : Venéélamsa, doré. Ners le silence, dont Jes intervalles blancs dans l'agencement de 2 Son prophite, 1 seras muet, et, dorénavant, le phrase biblique, sont les signes d’émergence. Un exemple remarq aie Ja scene, . Ble : le léger intervalle de silence marqué par un trait qui sép Ezéchiel, — une prophétie muerte ! Constata- Tes deux mots 16 et tirzab du 6' commardement du Décal use. Et comme pour mieux mettre en relief le scandale, permet la justice humaine d’exécuter la peine capitale, ou €0co! pas épars et diffus dans la prophétie d’Ezéchiel ; il Pie conscience humaine dexercer le droit de Iégitime déf oa moments clés qui constiment des Ne pas... tu tueras | Aucre exemple : Ja curieuse pause des consul Ia vie du prophéte, et aussi dans la stracture du prophite Ezéchiel, marquée par les masorétes, au chapitre ide son Livre, par un incervalle blanc entre Je premier et le deuxita ‘verset. Nous verrons plus loin quelles cataractes se déversent cette vanne ouverte. "Ainsi, les signes grammaticaux conférencils, & eux seulsy reate biblique, une structure mi-orale, misilencieuse. Sur la de la phrase biblique, le silence surgit régulitrement comme eur, d'une tappe. Il est partout présent dans I'l tradition sctipruraice jaive, Ja masa slennellement médiateur au centte d'un livre qui ee début de ce chapitre littéralement conical ais Spircvellement, Ezéchiel apprend que ce jour méme 10 Tévér 588), le sige de Jérusalem vient de Bardia Vindlcuble debue de In catestophe. Au ais, Dieu annonce au prophite que st femme va og re its, dans In nuit méme, et que le veuvage in grumen my avmerone ez de sn Teople wet la or, x Cat Sa find 5 “Sh Ezéchiel, blessé dans sa chair et dans © plus intime, sencend dire quiune pétiode de S'instaurer jusqu’A un moment précisé, lui 23 Mais il y a une autre présence structurale du silence d Bible : celle des mappes, je veux dite par la, celle d'un silence 22 PRELUDE AU SILENCE BIBLIQUE aussi, par avance (vv. 26-27) : Ce jowr-la, le rescapé viendra vers toi et te fera entendre La nouvelle (de la chute du Temple et de Jéruselem). Ce jourla ta bouche s'owvrira face au rescapé, alors bu parleras, tn ne seras plus muct, ex tn leur servires de signe, es its sauront que Je suis VEternel. Ce jour-la, voici qu'il surgit aux versets 21 et 22 du chapitre xxxu du Livre d'Exéchiel : Ce jut dans la dowzitme année, le dixiéme mois, le 5 du mois, selon la chronologie de notre Exil. Alors vint ters moi le rescapé de Jérusalem, pour m'annoncer que la Ville Gait tombée. La main de Diew avait éxé sur moi des Ia veille, avant que ne vint le rescapé. Il avait ouvert ma bouche, encore avant que le rescapé ne vienne vers moi le matin, Ma bouche des lors atait ouverte. Je wésais plus muct! ‘Ainsi, lorsque avec un retard de quelques mois, dé & la longueur Cun voyage dangereux, le rescapé vient apprendre & Exéchiel que ls 9 Ab 586, Jérusalem est tombée, cest In fin da silence qui avait débuté au chapitre xXWv. ‘Du chapitte 11 au chapitre Xxxttt, la coupe du Livre d’Ezéchiel est done particulitrement nette, et elle est scandée au rythme du silence : une premiére période de silence, du chapitce mt au chapi- te XXIV; une intensification de cette période, du chapitre xxIV au chapitre X0xxiI1 ; puis la fin du silence, la résurrection de la Parole qai docmait sans doute parmi les ossements desséchés que la pro- phétie fait revivre au chapitre xxxvit Mais, direz-vous, ce silence est-il vraiment un silence? A par- couric le Livre d'Ezéchiel, l'impression se fortifie que ce silence est bien éloquent, puisqu’en fin de compte, ni entre les chapitres 111 et XXIy, ni entre les chapitres xxIV et xxx1N, les pages du Livze A'Ezéchiel ne sont blanches; elles ne sont pas non plus hors sujet. Quelque chose a éé dit par le prophéte, et ce Dire a percé le silence et est veru sinscrire sur les pages du Livre biblique d'Ezéchiel | En effer, le paradoxe d'une prophétie muerte implique évidem- ment une technique interne sur Je sens de laquelle il faut nous interroger. Ecartons immédiatement les solutions le plus généralement of- jemes par les exégétes : elles sicuent le parsdoxe dans Jes zones subjectives de la psychologie, voire de la physiologie d’Ezéchiel. Le prophete serait sujet & des crises de paralysie partielle ct d’apha- 24 SYNTAXE : LES STRUCTURES sie (Holscher), & des moments de dépression nerveuse ou d'hypo- condrie qui Vinciteraient & fuir la société des hommes et a s'em- murer dans son Moi (Yehezquel Kaufmann). Ces interpréca- tions font fi de l'aspect dialogal du paradoxe : ce n'est pas le prophéte seulement qui choisie le silence, mais cest Dieu, également, gui utilise Je silence comme expression de Sa Parole. Le silence d'Ezéchiel n'est ni d’ordse physiologique ou psycho- Jogique, ni d'ordre sociologique ; il est d'ordre prophétique, je ‘yeux dire quill n'est ni horizontal, ni égocentrique, mais qu'il tient aux raisons verticales qui font d'un simple individu humain un partenaite de Dieu, Vaventure du silence d'Ezéchiel ne peut done tenis ax apres d'une bumeur et elle ne peut sexpliquer par le ‘yaetvient d'un caractére, Elle a des racines beau por beaucoup plus pro- Sans doute serait.il Kégitime de les découvrir dans 1a notion de ‘pathos, qu'Abraham Heschel propose comme clé du phénoméne prophérique. Nous aurions ici, avec Eaéchiel, le cas type d'une participation pathétique du prophéte a Vaventure de Dieu’. Le silence d'Ezéchiel, stant que sa parole, accompagne et scande Thiscoire, telle quelle est vécue au-dedans de alliance, Certains moments de cette histoire rendent le silence nécessaire, car Ja parole Dlesserait alors Ia séalité ceuvrée par Dieu et pour laquelle i Lui faut acquiescement et le concours de homme. Le silence notam- ment des chapitres xxiv et xxxiit du Livre d'Ezéchiel n'est pas appelé par 1a circonstance historique que le cadre chronologique de es chapitres coincide avec le sigge de Jérusalem par Nabuchodono- Sor? Quelle participation plus éloquente d'Ezéchiel & ce si’ge que son silence, dont la gravité fait écho & Vasphyxie progressive d'une ale allane inexorablement vers su destruction ? silence serait alors Je signe de la ruine, et la parole, celui de la rédemption. Le schéma silence-parole ne serait atime eo peng Rométsique du schéma exi-retour ou catastrophe-rédemp- Nal fumilet & la philosophic prophétique de Vhisoire 4 pavectee de Heschel, pour séduisante qu‘elle soit, ne nous one BM St ls echoigue incerne du silence d'Ezéhi!, puis pte, le parhos n'est, lui aussi, qu'une péripétie psy- 9 Abrabem J. Heschel, The Prophets, New York, 1962. 25 PRELUDE AU SILENCE BIBLIQUE chologique, Nous Tavons dit le silence dEzéchiel nt ni dordre physiologique, ni dordre sociologique, ai. Tordre psychologique. Il re vondke prophetigne, je veux dice quill cent & des motivations Tiées an phénoméne complexe d'une vocation. Stas Tavons indiqué rapidement en analysant cove Vheuse les formes du sence biblique, et nous y reviendrons, longneme ples tard, Ia scéne de 12 vocation prophézique d'Ezéchiel, qui occupe Ter sci premiers chapitres de son Livre, e une scine de silence. ce surgit donc au verset 26 du chapitre mt, il ne el, si jose dire, ni ne séléve de Ja terre = il est Je rePeyane rencontre dramatique entie le ciel et la ttre, rencoare dans laquelle le terme dramatique doit @tre pris dans son sens le plus literal, cat ‘Dieu et [homme y jovent un jeu dont Tenjew est la liberté. ‘Loriginalité structurale du Livre d'EFzéchiel est dans oe eMoable du ilence © il foumni aw Livze son armanore, mais 18 See cee armature n’est pas en dehors du Livre; ole pete St Goit se découvrir ds les premiéres pages du Livre. On pourrait gr ‘résumant, que, dans le Livre d'Ezéchiel, le silence dent le see role du prologue et de Tacteus principal d'un drame, Lp SILENCE DANS VIABSENCE : RUTH EY ESTHER Dans le Livre d'Ezéchiel, la mise en branle du silence es réalisée par Vhomme : Dieu se tait parce que, Vhomme Ventraine dans son erence I rren ext pas de méme dans de nombreux ex célebres récits Fibliques, o& Cest Diew qui prend Tntiative souversine du silence. Ta physionomie structurale de ces réits est particulitsement dense a Boda releverons trois qui nous peraissent résumer les sutres en seracrares dominantes. Lar ivies d'Esther et de Ruth fournissent Vexemple dun pis. mice type straccural, Je plus simple mais peutétre aust) le plus Timbiga, parce que le silence y est traté sur le chime de Vabsence + seme? faiea aucun moment la moindre place & la Parole de Dien: Lect, dun boue & Vautre, monologal, car seuls parlent les hommes loss gue lear partenaire divin est enttrement en dehors de jen de {a parole. Dans le Livre de Ruth, V'sbsence ne concerte serictement que la Parole de Dien, car il est question de Diet, & de nombreuses TEprises, et méme presque constamment, rout au long du récit, 26 SYNTAXE : LES STRUCTURES Mais si tous les personnages du Li ofrni Bow: wre — Noémi, Ru = parent de Dieu, Dieu lubméme nintervient & la rimatds Fradon, seu, out A ln fin, pout la grosesse de Ruth (4, 13) anais encore cette intervention estelle silencieuse. Pa ele Li n i ¢ . Par contze, I ATishec posse conte partculareésurprenante dans la Bible oe comport me pas ue fot Téronton dx Nom divin, Non sw Iemene Dio wltervent pe, pa ln parole oo ps ua ate gue cum, dens le sick, ma Habeas de Dies y eit compl, bon dit gue ‘a tradition rabbinique voit un rapport étroit entre Tétymologie du nom Esher e: le theme du Dien czché, puis ape Esher sige poéciément: In achée —— “Je dias que ce spe src de rc els simple, mals guste plas aig, pie efi x dite de sv, =o iateacon du reste biblque ext Griemment de news inoduite ete oe ie cre sen ar ree le ne dune prisenc wop inandevente pour Ere expres siment ero, 00 i at conta, elle doit suggter Vidi fence dun Diss qu sousite que Tes hommes se tren date {UB SILENCE DANS L'EPREUVE : 1'AQuEDA Quoi qu’il en soit d'Esther ou de Ruth, qu’ : , qu’avec elles é tts dans te Sune des Sins biliqu on ne peor pla gue myst e reat vil, ou ques eles nous nous enggions ee a a Jes routes de Vunivers profane ot l'homme marche Soriace aa ee bien, l'ambiguité est levée dés que nous gatos odin ope sald ct Blige, cl de prewe, curve son expeson Ia plus casique dans Téprewe tren oa TA atin, au 22° chapitre de la Genése, La technique ie i ae lramatique au possible. Jusqu’a la derni¢re seconde, oe ie a eee ne sait si, finalement, Abraham immo- oo ‘immoleta point. Mais quelque chose est hors de es cet le race mime de Ia suspension ds Discus divin, Bi secompegne en sourdine Je suspense du lecteur. Car, entre le fare ot Dieu samét de pale, 2 fin du verse 2, ee Vins. ot Tl zeprend In parole au vence 11, le sence ex animé a’ entielle, qui est celle d’étre passager seulement. Selon 27 PRELUDE AU SULENCE BIBLIQUE la belle expression de Martin Buber, il ne peut sagir ici que d'une dalitse de Dien, et non pas d'une absence. La Parole seest sue mais tlle nese pas morte et connaitra nécessairement une parousie. Ce qui est essentel, done, dans la structure de 'Aguéda, cest que Véclipse de Dien y ext mathématique, je veux dire quelle est sou: mise. comme Péclipse astronomigue, 2 un mécanisme précis qui re peut pas étre pris en défaut, Dés Vextinction de la Parole, cont est réglé pour quelle resargisse, puisqu‘en définitive, Cest en vue de cette resurrection, aprés une période déterminée de silence, que Ia Parole a été prononcée i Diew mit Abraham é Véprenve. It dit +. (jw 1) Ce dite initial, nous en sommes prévenus, n'a de sens &t de fonction quiau-dedans de Tépreave. Le lecteur assiste, Gis lors, comme Dieu Iuiméme, & une sorte de spectacle qui Se Aéroule devane ses yeux suivant un schéma préétabli, La tension peychologique est, cerees, grande, mais elle ne dépasse pas les Tinltes de celles d'un spectateur qui sait que le rideau qui vient de se lever rerormbera fatalement, Ici, cest plutdt de V'inverse qu'il Sagit. Le rideau qui vient de s'abaisser sur 1a parole, fatalement te relevera, Il suéfit de suivre la sctne avec émotion mais avec patience. ‘Encore faut-il que dans 'épreave, la patience ne soit pas elle méme soumise a Pépreave! Il ferait bean voir qu'un incident imprévu bloquat le mécanisme, que, par exemple, en route, Abraham se cobrit, Isaac se dégagett, ou encore, que le rideau se relevat d'une ‘Scconde trop tard, et qua la parole de l'Ange : Ne souche pas a Ponfant | Nbraham opposit use parole de ce genre : c'est trop tard, Ponfant est mort, je viens de Vimmoler. Cest pour ces, raisons, fe afin que soient écartés ces risques impondérables, qu’a la préci- Son mathématique de l’épreave doit se surajouter un élément de Trisvesé + Vépreuve, jamais, ne peut étre trop longue ; elle doit se plier A Ja regle classique de T'unité de temps, parfaitement préciste, Cailleurs, dans ’Aquéda, puisque, nous di le verset 4, Véclipse de le parole na duré que trois jours. Chiffre sucunement fortit, puis fu'en suivant le prophéte Osée aux versets 6, 2 de son Livre, Tintervalle de trois jours semble posséder, dans Ia symbolique biblique, le pouvoir de maintenir intacte, dans ses limites, la vie du cemps. Que ce temps soit traversé pat 1a maladie ou par la mort, tn trois jouss, il ne s'épuisera point : 1a guérison ow Ia résurrec- 28 SYNTAXE : LES STRUCTURES tion attendent au bout, dens Ja certitude. Audela, cest le tis inprérisbl de Veccident fatal, Er cest ica — aaah ake Tedipe ¢ de: Dien e, elle aussi, portée et veillée, en quckind tock fans J'intervalle de trois jours. Si elle avait duré pl maps, tien ne la garantissar plus contre Timpondérable eee LE SILENCE DE LA PROVIDENCE : JosnPHt Bic ret Petco ns impondécables qui nous assaillent dans ibme type sructurel de récit biblique, d ‘ment, le rble du silence se confond ore Fedipss 5 i oceans ernie Gounceerstiques de la régularité mathématique et de Bie owt porelle qui nous sont apparues comme essentielles Cest a histoire de Joseph, dans la Gentse, i 7 ja Genise, et & cell ee ee eke pre oe oe Ngee Voili des hommes dont le commerce Paro ieu était intime et quotidien. Soudais parole sarréte, — pour Jacob et - cre a > — pour Joseph, du 1" verset du cha- a ae jusqu’au 2° verset du chapitre xtvi de la Geese our Job, de début du chapine mt jusgut le. fin ach i : i (ae se lie. Mais la parole reprend, pour les nce comme autre, La ruy 1 éeait i PuLDE on ven reper nat don qvione iterapon itis © 50 fmppe abort, cans cet dews rice gales dis tinge foremene du rie de TAgnéde, Ces: que la durée de Teven- ey el enehime Jongue. Le cadre des trois jours, avec olique, y est complétement pulvérisé, et cest le dé nt interminable d'une durée sans fy ceidenstane Fe sans queue ni téte, trente-de ar Bout Jacob et Jour (voy les calcul. de Rashi, quaranteciog ant Boar Job (wyer le estimations dx mites), en out eas, une bonne inche de vie humaine, toufue et vulnéable. soenciambicn de capes, en effet, de tells tranches de vie ne Bis pasts? Avant que ne réapparaisse In parole, que dacci- pou jattesibles ne peuvent se produite? Le récit les suggire Pout Job, qui ure, parfos, dans son dire: AL, je »'en peux plas poses i mais Ne pede, de mane plus dicate e wwante, A propos de Joseph. Son premier cri 29 PRELUDE AU SILENCE BIBLIQUE Jorsqu’il retrouve ses fréres : Je suis Joseph, mon pre vit-il encore? (45, 3) trahit sa lancinante incertitude quant au sort de son pére Jhoob. Déja, lors du retour des fréres, mais alors qu'il n'est encore pour eux que le gouverneur de Egypte, il essaie de voir clair : Votre viewx pére, dont vous avez parlé, se porte-il bien, vit-it excore ? (43, 27). Est-ce que vous ne me cachez pas la vérité pir un mensonge de politesse? Votre vieux pére, qui est le mien aussi, ce que vous ne pouvez savoir, vitil eraiment encore? Car, sil ne vivaic plus, & quoi rimeraic toute cette comédie que je joue devant vous, & quoi répondrait toute cette tragédie que Dieu joue avec nous, & quoi bon jouer le jeu comique ou cragique de la ve? Cest mon vieux plre que je veux retrouver, et non pas ‘yous, ni méme moi-méme. Cest pour le retrouver Ini, que j'ai souf- fert, duré et joué. Et au moment oi je léve mon masque (45, 3) révélant & tous que Je suis Joseph, il est une seule chose dont je ‘yeux savoir, maintenant, si elle est vraie ou fausse, une seule chose, pour laquelle il vaut la peine que je vive ce maintenant : Mon ere vitil encore ? Car, n'est-ce pas, durant ces trentedeux ans de séparation et déclipse, combien de fois le vieux pére Jacob aurait-il eu le temps de mouric, de mourir comme cela, méme pas de doulear, mais cur simplement d'une mauvaise gripe, ou, plus simplement encore, de vieillesse, routes choses qui nattivent gure, qui n’arri- vent pas, en. trois jours! Ainsi Uhyperctophie de la durée introduitelle dans ces récits un ément dangoisse, beaucoup moins sensible dans I'Aquéda que cans laventure de Joseph et dans celle de Job. Dans I'Aquéda, pourtait-on dire, I'élipse de Diea provoque une angoisse artficielle, alors que du cdsé de Joseph et de Job, cette angoisse est réelle. ‘Méme séalité de V'angoisse dés lors que I'on ne considére plus le durée de V'aventure, mais son mécanisme interne, C'est une aven- ture, avons-nous dit, sans queve ni tte, et nous venons de voir, en effet, combien la queue risque de nous échapper dangereusement. Mais quen estil de la tee? Dans l'Aquéda, cette tee est bien asa place : Diew met Abraham a Vépreuve, Il lui dit.. Nous sommes prévenus qu'un mécanisme s'est mis en marche. Sauf acci- dent grave, I'éclipse se déroulera selon les calculs prééeablis. 30 SYNTANE : LES STRUCTURES Rien de semblable dans le récie de Joseph, ob le lecteur est de plain-pied dans le silence, a partir du chapitre xxxvir de la Gentse, sans avoir été préveru de quoi que ce soit concernant la ature de ce silence, son équilibre interne, son mécanisme, Une anxiété double saisit dés lors le lecteur. Celle, d'abord, quil pparrage avec les héros du récie, Joseph et Jacob, sur T'intolérable agression d'une aventure qui risque de mal’ tourner, et celle, sup- plémentaire, sur l'incertitude du plan général de Taventure. Le dectewr ne ‘ait pas si Dien sat, et, & chaque éape du drame, il se demande avec inquiétude si son devoir de lecteur ne consisterait pas A se tourner vers Dieu, et vers son Silence, pour le rappeler & Ses responsabilités : Mais enfin, Dieu, de deux choses l'une, ou bien ‘Tu sais, alors interviens! Ou bien Tu ne sais pas, alors, raison de plus pour que Tu enquétes, et que sur la base de Venquéte, Tu saches et interviennes ! On le voit : si dans Esther et Ruth, le silence de Dieu est celui de absence, si, dans I'Aguéde, il est le silence de T'éclipse, dans Je récit de Joseph, le silence de Dieu comporte un élément décourderie divine, & la fois grave et anodin, Grave, puisque, nous avons dit, cette éourderie divine expose V'aventure a de gros ris- ques. Anodine, puisqu’une fois 'aventure achevée, celle-ci peut étre interprétée par les hommes sur le plan providentiel de... la provi- dence. Et c'est bien ainsi que Joseph 'interpréte (Gn. 50, 20). Pour- noi le lecteur ne ferait-l pas confiance au héros du récit? Aprés four, cest lui qui a vécu T'histoire du dedans, et peucétre, en effer, le récie de Joseph comporte-til pour nous cette lecon qu'il ne nous ae Pas perdre de vue au cours de notre analyse, & Savoir que, dans la Bible, le silen: ie ont ie Broslamce I ice de Dieu se confond parfois avec Mais, sans doute, le Livre de Job figurevil dans la Bible, afin Que nous ne nous arrérions pas trop A ces séductions simplificatrices, Tout conduit, dans ce Livre, vers la clé de la providence, sauf la Providence elle-méme, qui s'y déclare forfait, S'y déclarent forfait, ailleurs, avec une égale conviction, les autres hypothéses que nous Heecralene jusquici les structures types du silence de Diew dans la oan lbscace et V'éclipse. Certes, il y a tout cela dans le Livre » de Vabsence, de Méclipse et de la providence, mais ces mes vont 4 ce Livre, comme des oripeaux A un géent, tant il 31 SYNTAX | LES STRUCTURES PRELUDE AU SILENCE BIBLIQUE Or, sly a bien, contrairement au sécit de Jose chose le téte du Livre de Job, ce quelque chose eee —o dans l'Aquéda, un avertissement : le mot éprenve alest ni ‘prononcé, whi suggéré. Ce quelque chose est donc autre chose qu'une épreuve, et le lecteur a, en effet, impression que c'est quelque chose ob la tc providence > et ses minauderies rassurantes n'ont plus leur place. Gest un complot ourdi contre un innocent qui n'est méme pas ‘convoqué 2 la barre. Cest un proces, mené contre un accusé, non ps3 us clos cr sombrews sont les témoins et les asians Goss avec cette circonstance scandaleuse que le monde entier est ee ae oe aap ine ex qui ne sat tien de ce qui est en train de se tamer et iets pe eh Toe = pase ee fol, comme, pour Spectateur, arrivé & temps ou en retard, pew imporce, mais qui ‘eonsiate soudain qu'il s'est trompé de salle gu! Pasi paca fou i Ia pice pour laquelle il avait loué sa place, et qui ‘Nous pourrions donc admettre, comme Joseph Je fait pour son j ree a de son erreur, se voit encore interdire Ia ce propre cas, que Job a été, durant l’éclipse, soutenu, lui aussi, par ro es es voudrait se précipiter. Ia providence, s'il n'y avait pas, dans le Livre de Job, trois occur. ae tivains que ce prologue du Livre de Job a inspirés, romes de silence oui différencicnt radicalement ce Livre et du type de rent Kafka quien a tiré la plus spécifique des subs- TAguéda et de celui du réit de Joseph, en Tui assorant une structure s. Ce que le récit biblique met délibérément dans ce début si generis, que nous voudrions décrire rapidement, sans entrer dans eS fee Sinden erreur, cet indice qui empoisonne Vatmos- des dérails quill n'est pas possible de fournir sans courir Je risque aes du Chéteau. Non, il n'est pas possible que ce de faire de notre érude sur le Silence dans 1a Bible une mono: WB pag pes element diabolique de Dien et de Satan, non, il nvest graphic consacrée au seul Livre de Job. fie awe coe mise 4 Je core dun homme que Ton spble coecmiires occurrences de silence concement, derechel MME te exact yee ye at Diea a Job, ce ce ce Pappas wont ) Theate, 2 propos de Joseph, a te et It fas d'une explication, si infime soicelle, refus dautant plus révol- queue de Vaventure, fant qu’au Satan — et au lecteur — tout est expliqué, a ts ne ‘A In téte de Vaventure de Joseph, nous avons va quil n'y es osiole que tour cela se déroule devant as Fey and ape rien Le lecteur entre de plainpied dans Péclipse : tout se passe ne concluions erreur, A Abraham, au mors, Dieu dit | Gomme pour un spectateur arrivé trop tard, et qui, entrant dans IP ge lads ton jis & marche! Bs si Dew ne Git cen 3 Jaco, du soins Tn salle, est déja au coeur du drame. A la téte de YAgnéda, novs gue Holl tien non plus & personne d'autre. Mais ce Diew du prolo. Tavons va aussi, il y a Tavertissement : attention, ce que vous ele Job, qui puri en souversin avec le monde enter oes aller lire est une épreuve, Tout se passe comme pour le spectateu Ment, n'a pas un mot pes Tauradne d'un seul moe plus Gerivé bien & Theure, et qui, ayant le temps de lire le programme: ce Diew qui parle ct se tcit ii onibicdaneila detent pro ‘ 4 la fois, mais dans la disceé dis le début est prét, psychologiquement et moralement, 2 atcendt® WB foye 3 ‘Sed flagrante, distribuant tout aux uns, e fa ae Je aénouement. autre, ce Dieu esell enaiment le vrai Die? 33 est Evident que, parmi tous les récis bibliques, le récit de Job est, fur excellence, le récit du silence de Diew, ramassant sur Ini toutes Fe suances de ce théme pout les amalgamer toutefois en quelque chose daucre et de beaucoup plus complexe que nous n’avons Pas rencontré encore. 1B SILENCE DU COMPLOT : JOB devx chapitres du Livre de Job sont construits sar Je theme de léclipse. Dieu parle dens les deux pre- fiers chapitres et dans les cing derniers, Encre les chapitres 11 et Exxvit, cest la suspension, Le schéma est celui de I Aguéda, & cect pres que nous avons déji relevé & propos du récit de Joseph, {ue Lineervalle de la suspension est intolérablement long, er ave Je fecteur peat se félicter dapprendre au chapitre xxxvim que Job, le Eros visé par Véclipse, svest pas more de maladie, de courments ou de vieillesse en cours de route. A premitre vue, les quarante- 32

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