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Kawasaki Desquamation PDF
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Résumé
ARCHIVES DES MALADIES DU CŒUR ET DES VAISSEAUX, tome 100, n° 5, mai 2007 439
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Eruption S = scarlatiniforme ; éruption M = morbiliforme ; ADP = adénopathie ; Sous-max = sous-maxillaire ; Ax = axillaire ; CP = cervicale postérieure.
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MALADIE DE KAWASAKI DE L’ADULTE
FIG. 1 – Patient n°1 : angiographie coronaire gauche en incidence FIG. 2 – Patient n°1 : angiographie coronaire gauche en incidence
OAD (oblique antérieure droite) caudale en 2003. OAD caudale en 2003 .
Sténoses significatives du segment proximal de l’artère interventri- Bon résultat de l’angioplastie avec implantation d’endoprothèses
culaire antérieure (IVA), encadrant un anévrysme, long anévrysme coronaires de l’artère circonflexe en amont et en aval de l’ané-
de l’IVA moyenne. Sténose ostiale serrée de la première diagonale, vrysme et de la branche latérocirconflexe.
suivie de sténoses et anévrysmes multiples. FIG. 2 – Patient N°1: Left coronary angiography in the RAO caudal
Sténose longue et serrée de la branche latérocirconflexe, sténose incidence in 2003.
très serrée de la circonflexe distale, immédiatement avant un volu- Good result of angioplasty with stenting of the circumflex artery proxi-
mineux anévrysme et une sub-occlusion de l’aval. mal and distal to the aneurysm and of the lateral branch.
FIG. 1 – Patient N°1: Left coronary angiography in the RAO caudal
incidence in 2003.
Significant stenosis of the proximal left anterior descending artery
(LAD) either side of an aneurysm and a long aneurysm of the mid Monsieur C. reste cependant symptomatique, et on
LAD. Severe ostial stenosis of the first diagonal, followed by multiple
stenoses and aneurysms. décide d’une revascularisation chirurgicale : pontage de
Long and severe stenosis of the lateral circumflex artery, very severe l’IVA avec l’artère thoracique interne (ATI) pédiculée, et
stenosis of the distal circumflex artery, immediately before a large de la diagonale par un greffon saphène en août 2003.
aneurysm and sub-occlusion of the distal vessel. Une sténose symptomatique de l’anastomose ATI-IVA
conduit à l’implantation d’un stent coaté au sirolimus,
de 3 mm de diamètre et 18 mm de long en
coronarographie met en évidence des lésions coro- octobre 2003. Depuis, monsieur C. garde un angor d’ef-
naires inhabituelles et sévères : anévrysmes et sté- fort modéré. Sa fraction d’éjection est estimée à 35 %.
noses coronaires multiples, sur les premier et
deuxième segments de l’interventriculaire antérieure L’analyse à posteriori de l’épisode de fièvre prolon-
(IVA), sur la première diagonale, sur la circonflexe gée décrit 9 ans auparavant et l’existence à distance
proximale et le premier segment de la coronaire de lésions coronaires caractéristiques font retenir le
droite. La circonflexe distale circule avec retard, elle diagnostic de maladie de Kawasaki.
est le siège de deux anévrysmes, et de sténoses mul-
tiples, au contact de ces anévrysmes (fig. 1). La coro- Cas clinique n°2
naire droite est occluse après une zone anévrismale.
La circonflexe, que l’on juge responsable de l’infarctus Madame C., 39 ans, est hospitalisée en février 2004
récent est traitée par angioplastie et implantation pour fièvre, asthénie et toux sèche évoluant depuis 6
d’endoprothèses coronaires sur 3 sites, avec un bon jours. Elle a reçu un traitement symptomatique par ibu-
résultat angiographique immédiat (fig. 2). profène. Secondairement, alors que la fièvre persiste,
sont apparues une éruption scarlatiniforme et prurigi-
10 jours après ce geste (sous un traitement asso- neuse et des douleurs thoraciques. L’examen clinique
ciant ß-bloquant, IEC, statine, clopidogrel, aspirine et retrouve une chéilite et une tachycardie à 140 batte-
héparine de bas poids moléculaire en raison des ané- ments par minute. Le bilan biologique montre un syn-
vrysmes coronaires) survient un nouveau syndrome drome inflammatoire, les plaquettes sont à 300 000.
coronaire aigu, par occlusion de la circonflexe dans le
premier stent. L’artère est désobstruée par angioplas- Le bilan infectieux est négatif, en dehors d’une leu-
tie au ballon, sous anti GP IIb/IIIa (Abciximab). cocyturie aseptique (tableau II).
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On suspecte tout d’abord une pyélonéphrite asso- (tableau II). La radiographie pulmonaire montre une
ciée à une toxidermie cutanée à l’ibuprofène, mais pneumopathie des deux bases. L’échographie abdomi-
devant l’absence d’amélioration sous antibiotiques à nale retrouve une hépatomégalie et une adénomégalie
large spectre et anti-histaminiques, on évoque le dia- du hile hépatique. Le bilan infectieux est négatif, et l’on
gnostic de maladie de Kawasaki. L’ECG enregistre une retient le diagnostic de maladie de Kawasaki. L’échocar-
tachycardie sinusale à 130/mn, la troponine s’élève à diographie est normale. Le traitement par immunoglo-
0,2 Ìg/l (n < 0,01). L’échocardiographie montre une bulines et aspirine à doses anti-inflammatoires, mis en
bonne fonction ventriculaire gauche, une lame d’épan- route au 9e jour d’évolution, est rapidement efficace. On
chement péricardique, et un aspect hyperéchogène de constate alors une très discrète desquamation des
la coronaire gauche. paumes. La surveillance échocardiographique ne montre
pas d’atteinte coronaire. On poursuit un traitement par
La patiente reçoit un traitement par immunoglobu- aspirine à dose antiagrégante, jusqu’à la réalisation
lines (sur 5 jours), et de l’aspirine à dose anti-inflam- d’une épreuve d’effort, qui est maximale négative, en
matoire. L’amélioration clinique et biologique est octobre 2005.
rapide. Une thrombocytose à 811 000 apparaît durant
la troisième semaine d’évolution. L’échocardiographie Cas clinique n° 4
se normalise. Une épreuve d’effort et une coronarogra-
phie sont réalisées 3 mois après l’épisode aigu : elles Madame C., 50 ans, est hospitalisée le 20 octobre
sont normales. On conseille la poursuite d’un traite- 2005. 10 jours auparavant étaient apparues une fièvre
ment par aspirine à dose antiagrégante, et un contrôle à 40°c et une toux. Un traitement par macrolide avait
soigneux des facteurs de risques cardiovasculaires. été inefficace. Secondairement, elle s’est plainte d’une
asthénie intense, d’un œdème du cou et du visage,
Cas clinique n°3 d’une chéilite, puis d’une conjonctivite aseptique et
d’une éruption diffuse. L’examen clinique retrouve des
Madame D., 24 ans, est hospitalisée le 27 avril 2005 adénopathies cervicales, une hépatomégalie et un
pour une fièvre évoluant depuis 3 jours, accompagnée énanthème. Le bilan biologique montre un syndrome
d’une conjonctivite bilatérale aseptique douloureuse, inflammatoire avec une CRP à 235 mg/l, une anémie
d’une éruption morbiliforme généralisée, d’une pharyn- inflammatoire, mais une VS à 4 mm, et des leucocytes
gite, d’une chéïlite, d’adénopathies sous-maxillaires, d’un à 4800. Il existe également une hyponatrémie à
ictère, d’une toux sèche, et d’une importante altération 124 mm/l, une cytolyse hépatique, une cholestase
de l’état général. Le bilan biologique retrouve un syn- (tableau II). Les recherches bactériennes et virales sont
drome inflammatoire, une cytolyse et une cholestase négatives. L’ECG est normal, et l’échocardiographie
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retrouve une minime lame d’épanchement péricar- Une desquamation en doigts de gant des mains
dique. Le traitement par immunoglobulines et aspirine (fig. 4) survient à J12, suivie par une desquamation
à doses anti-inflammatoires est rapidement efficace. Il des pieds (fig. 5) à J42. Monsieur M a repris son travail
est relayé par de l’aspirine à doses antiagrégantes pen- de maçon au bout de 3 semaines.
dant 6 semaines. L’épreuve d’effort réalisée au 4e mois
d’évolution et le scanner coronaire sont normaux. Le traitement par aspirine à doses antiagrégantes
est poursuivi 6 semaines. Aucune atteinte cardiaque
Cas clinique n°5 n’est retrouvée sur les échocardiographies de contrôle,
et une épreuve d’effort réalisée au 3e mois d’évolution
Madame B., 29 ans, a pour antécédent un érythème est maximale négative.
polymorphe compliquant un herpès, et traité par thali-
domide pendant un an.
DISCUSSION
10 jours après un état grippal, en février 2006, elle
présente une éruption prurigineuse du visage puis de La maladie de Kawasaki est une vascularite systé-
tout le corps. Le lendemain sont apparus une fièvre à mique des artères musculaires de moyen calibre,
39°c et des ganglions cervicaux postérieurs, et à J4 atteignant le plus souvent l’enfant avant 5 ans.
une conjonctivite non purulente, mais douloureuse.
Elle est hospitalisée à J6 en raison de la persistance de Décrite en 1967 par T. Kawasaki [4], elle est 10 fois
la fièvre, d’une toux, et de douleurs diffuses, après plus fréquente au Japon (112/100 000 enfants de
72 h d’un traitement associant amoxicilline et macro- moins de 5 ans/an) que dans les pays occidentaux, et
lides. L’examen clinique retrouve une pharyngite, la dans ces derniers, plus fréquente chez les sujets d’ori-
radiographie pulmonaire une pneumopathie de la base gine asiatique [5-7].
droite. Le bilan biologique montre un syndrome
inflammatoire, avec une hémoglobine à 11 g/dl, une
cytolyse et une cholestase. Le bilan infectieux est
négatif (tableau II).
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L’étiologie et le mécanisme de déclenchement de la chez l’adulte que chez l’enfant. Au contraire, chéïlite
maladie sont inconnus, même si la recrudescence des (60 versus 90 %), méningite (11 versus 44 %), et
cas en hiver et au printemps, et par foyers géogra- thrombocytose (56 versus 100 %) sont plus rares [3].
phiques laissent suspecter qu’un ou plusieurs agents
infectieux jouent le rôle de « trigger » d’une réaction Il faut noter également une dizaine d’observations
inflammatoire démesurée, chez des patients généti- associées au virus de l’immunodéficience humaine,
quement prédisposés [8]. avec des lymphocytes CD4 + < 200/mm3 [3].
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FIG. 6 – Evaluation d’un patient suspect de maladie de Kawasaki (MK) incomplète [10].
FIG. 6 – Evaluation of a patient with a suspected partial form of Kawasaki disease [10].
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tion non négligeable, va certainement prendre la pre- 3 de nos 6 patients seulement remplissaient les cri-
mière place dans la détection et la surveillance des tères cliniques classiques de maladie de Kawasaki.
atteintes coronaires de la maladie de Kawasaki. L’IRM Chez les 3 autres, c’est l’association de signes cliniques
permet également quant-à-elle une analyse fonction- évocateurs, la persistance de la fièvre, l’importance du
nelle du myocarde [18]. syndrome inflammatoire, l’absence d’autre étiologie,
et l’évolution, avec survenue d’une atteinte coronaire,
50 % des anévrysmes coronaires régressent avec le d’une thrombocytose, et/ou d’une desquamation évo-
temps. Mais la normalisation du diamètre interne de catrice qui ont conduit au diagnostic. On peut souli-
l’artère peut être le fait d’un épaississement pariétal gner la forme « rhumatismale » du premier patient, la
[19], bien visualisé par l’échographie intracoronaire fréquence de l’atteinte hépatique (5 patients sur 6) et
[20], et maintenant le scanner [17]. Il persiste alors le caractère douloureux inhabituel de la conjonctivite
une dysfonction endothéliale diminuant la réserve chez 2 patientes.
coronaire et pouvant faire le lit de l’athérosclérose.
Biologiquement, tous les patients avaient un syn-
De même, en cas de persistance d’une dilatation, les drome inflammatoire sévère, et la moitié une leucocy-
anomalies du flux sanguins peuvent entraîner la forma- turie aseptique.
tion de sténose à l’entrée et à la sortie de l’anévrysme.
Les 5 patients traités l’ont été avant J11, et leurs
Kato et Tsuda ont montré, en répétant les coronaro- symptômes ont régressé rapidement sous Immuno-
graphie chez des patients atteints d’anévrysme coro- globulines. La collaboration entre le service de mala-
naire, que la survenue tardive de sténose ou d’occlu- dies infectieuses et le service de cardiologie incluant
sion coronaire était fonction du degré de dilatation l’unité de cardiologie pédiatrique explique sans doute
initiale, et n’apparaissait que pour des diamètres coro- cette précocité diagnostique.
naires dépassant 4 mm [21-23]
Chez notre premier patient, l’échographie cardiaque
Cette évolution potentiellement sténotique conduit réalisée à J 10 dans le but d’écarter une endocardite
à proposer aux patients aux antécédents de maladie était normale. Plusieurs explications sont possibles : le
de Kawasaki avec atteinte coronaire, une surveillance patient était peu échogène, l’examen n’était pas dirigé
cardiaque régulière fonction de leur niveau de risque, vers la recherche d’une anomalie coronaire, et avait
déterminé par la dilatation coronaire initiale [8]. été réalisé tôt dans l’évolution de la maladie, avant la
deuxième semaine où apparaissent classiquement les
L’apparition de complications cliniques à distance d’une anévrysmes.
maladie de Kawasaki survenue et possiblement non dia-
gnostiquée dans l’enfance est souvent rapportée dans la La possible sévérité de l’atteinte coronaire nous a
littérature [24-26]. Moins fréquentes, sont les complica- conduits à réaliser un bilan angiographique chez notre
tions cardiaques d’une maladie de Kawasaki de l’adulte : deuxième patiente qui était peu échogène. Tous ont
Sève rapporte 3 cas d’anévrysmes coronaires (dont 2 eu un test fonctionnel (épreuve d’effort convention-
avec échocardiographie normale), 2 cas de myocardite, 2 nelle) entre 3 et 6 mois d’évolution, une détection et
cas d’insuffisance tricuspide, un cas d’infarctus splénique une prise en charge de leurs facteurs de risque coro-
et un cas d’anévrysme de l’artère hépatique [3]. naire. En cas de doute sur l’existence d’une atteinte
coronaire, le scanner peut maintenant se substituer à
Les lésions coronaires lorsqu’elles sont responsables l’angiographie coronaire en première intention.
d’une ischémie clinique ou documentée, doivent être
traitées comme les lésions athéromateuses mais l’on
observe certaines particularités : [27-30] CONCLUSION
La fréquence de résistance des lésions à la dilatation La maladie de Kawasaki survient rarement à l’âge
classique conventionnelle conduisant à l’utilisation plus adulte. Elle doit cependant être suspectée à cet âge
fréquence du rotablator, et ce d’autant que l’on est à comme chez l’enfant devant une fièvre prolongée avec
distance de la maladie. éruption cutanée, conjonctivite, adénopathie, stoma-
tite et cette suspicion clinique doit conduire à la réalisa-
La possibilité de survenue de néo anévrysme après tion d’échocardiographies régulières orientées vers la
angioplastie avec des ballons non compliants. [28,30] recherche de complications coronaires. Les critères dia-
gnostiques cliniques, biologiques et d’imagerie réunis
La fréquence des resténoses après dilatation conven- imposent le traitement par immunoglobulines et aspi-
tionnelle, en partie prévenues par l’utilisation de stent, rine, qui réduit drastiquement le risque de complica-
qui ne pose pas chez l’adulte les problèmes de crois- tions coronaires. A distance, les patients doivent avoir
sance et de voie d’abord rencontrés chez l’enfant. un contrôle plus sévère des facteurs de risque cardio-
vasculaire. La difficulté du diagnostic échographique
50 % de nos patients avaient plus de 30 ans (âge des lésions coronaires chez l’adulte doit conduire à
moyen 34,5 ans) lors de leur maladie de Kawasaki, et répéter les tests fonctionnels et à réaliser une imagerie
contrairement aux observations antérieures, 2/3 complémentaire, invasive ou non invasive (IRM, TDM,
étaient des femmes. angiographie) plus facilement que chez l’enfant.
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