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Déclaration liminaire des délégations CFE CGC RC et CGT

Commission Paritaire Régionale Auvergne-Rhône-Alpes - 26 mai 2020

Mesdames et Messieurs les Présidents,


Monsieur le Directeur Général,
Monsieur le Directeur des affaires sociales et juridiques,

En dépit de la situation d’urgence sanitaire que nous subissons depuis plusieurs semaines et au mépris des
consignes de sécurité édictées par l’Inspecteur National Hygiène et Sécurité de CCI France, vous avez fait le
choix de convoquer une fois de plus les membres de cette CPR, arguant d’une autorisation que vous aurait
donnée l’autorité préfectorale dont nous n’avons pas eu communication.
Les délégations CFE CGC et CGT dénoncent une fois encore cette poursuite effrénée vers des suppressions
de postes toujours plus nombreuses, au mépris des directives données par CCI France et parfois du respect
des règles de procédure.
Car outre votre volonté de satisfaire au plus vite les exigences de la CCI de Grenoble, nous nous
interrogeons sur votre empressement à finaliser au plus vite ces licenciements et ce pour de nombreuses
raisons :
1. Tout d’abord parce que vous faites le choix de poursuivre cette procédure de suppressions de
postes, alors même que CCI France en avait instamment demandé la suspension en période
d’urgence sanitaire. Tout cela au nom d'un sacrosaint principe de fédéralisme, dont nous n’avons
eu de cesse de dénoncer les dérives.
2. Ensuite, parce que la CCI de Grenoble et son Président Jean VAYLET sont seuls responsables de la
situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. Voici en effet plus d’un an que la CCI de
Grenoble a entamé ce processus de suppression de postes. Pour ce faire, elle aurait dû recourir à
l’article 35-1 du statut du personnel administratif des CCI, mais au lieu de cela, elle a préféré
entamer un process de Facility Management, espérant ainsi priver les agents d’une partie de leurs
indemnités, fusse de manière illégale dans son EESC en tentant d’appliquer le décret d’août 2019
aux agents mis à la disposition dans une entreprise privée, à laquelle elle avait transféré ses
activités depuis juillet 2016.
Incapable de mener à bien un process dont elle ne maîtrisait visiblement pas la complexité, la CCI
de Grenoble a finalement dû se résoudre, au terme de maintes tergiversations, à supprimer ces
postes dans le cadre de l’article 35-1. Pour autant, les agents qui voient leur poste supprimé
devront-ils encore une fois faire les frais de ce manque de clairvoyance ? doivent-ils pâtir de
l’inconséquence d’une CCI qui, sous prétexte de nécessaires restrictions budgétaires, entend faire
supporter aux agents les plus fragiles ses mauvais choix économiques et stratégiques ?
3. Enfin parce que lors de la CPR du 12 mars dernier, nous avons été dans l’incapacité de formuler un
avis sur ces licenciements du fait d’un manque d'informations, informations que la DRH de
Grenoble s’était pourtant engagée à nous fournir en temps et en heure. Si vous votez aujourd’hui
ces suppressions de postes, vous admettrez que les CCIT peuvent sciemment prendre des
engagements et ne pas les tenir sans que cela n’impacte vos décisions. Vous accepterez que 33
agents perdent leur poste sans que la CCIG n’ait répondu à leurs questions, sans garantie d’un
traitement équitable ni de certitude quant aux formations dont ils pourraient bénéficier.
Autant d’incertitudes qui vous avaient conduits lors de la CPR du 12 mars à refuser de valider ces
suppressions de postes. Dès lors, quelle serait votre légitimité si vous les validiez aujourd’hui, alors
que vous ne disposez toujours pas des informations que vous jugiez alors indispensables pour
arrêter votre choix ?
Vous allez une fois encore, nous le savons, invoquer les contingences financières auxquelles font
face les CCI, ainsi que les efforts budgétaires auxquels chacun de nous se doit de contribuer.
Mais est-il normal de voir aujourd’hui une CCIT procéder à 33 suppressions de postes, alors même
qu’elle maintient en fonction des personnels encadrants au salaire conséquent qui pourraient faire
valoir leurs droits à la retraite ? Est-il admissible qu’un Président maintienne en fonction des
décideurs qui ont délibérément privé des centaines d’agents de leurs cotisations retraites, sans
qu’aucune sanction n’ait été prise à leur encontre ? Le rôle d’une CCI digne de ce nom se limite-t-il
à supprimer le poste des agents généralement les plus modestes alors qu’elle ferme les yeux sur les
agissements perpétrés par les plus nantis ?
Mesdames, Messieurs les Présidents, les délégations CFE CGC et CGT n’ont eu de cesse durant des
années de dénoncer les passe-droits accordés à certains et de vous interpeller sur nombre
d'irrégularités constatées.
En vain. Chaque fois, vous vous êtes retranchés derrière le principe de « souveraineté » des CCIT
pour justifier de votre immobilisme. Chaque fois, vous avez préféré fermer les yeux sur les
stratégies désastreuses mises en œuvre par certaines CCIT, espérant probablement qu’elles feraient
preuve, en cas de besoin, de la même indulgence à votre égard.
Vous n’avez pas hésité par le passé à cautionner le versement d’indemnités de plusieurs centaines
de milliers d’euros au profit d’un Directeur proche de la retraite, tout en validant le licenciement
d’une femme seule, en charge de 2 enfants lourdement handicapés.
Votre mandat de Président vous exonèrerait-il de toute considération éthique et de toute
décence ? Avez-vous le sentiment de remplir dignement vos fonctions, lorsque vous fermez les yeux
sur les avantages accordés aux plus favorisés, alors que vous vous apprêtez aujourd’hui à supprimer
le poste d’agents confrontés à la maladie ou en proie à de graves difficultés économiques ?
Nous refusons de cautionner ces agissements, préjudiciables au bon fonctionnement des CCI et à la
continuité de leurs activités.
Désormais, ni le respect pour nos institutions et le personnel consulaire, ni notre refus de porter
atteinte à l’image des CCI ne nous empêcheront d’agir.
Nous estimons qu’il est aujourd’hui de notre responsabilité de dénoncer haut et fort certaines
dérives et de tenir plus que jamais le personnel, les institutions mais aussi les médias informés des
dysfonctionnements de cette CPR, aujourd’hui dépourvue de tout pouvoir de décision et réduite au
simple rôle de chambre d’enregistrement.
Pour finir, nous vous rappelons qu’à l’heure où les CCI retrouvent une certaine crédibilité grâce aux
efforts et au travail de milliers d’agents qui se mobilisent pour les entreprises et les accompagnent
en cette période difficile, il serait désastreux de communiquer auprès du personnel comme à
l’extérieur du réseau sur une CPR dont l’unique objet est de licencier 33 personnes, envoyant un
signal en totale contradiction avec les directives données par le Président de la République et le
Gouvernement.
Les CCI, en tant qu’établissements publics, se doivent d’être exemplaires dans leur gestion et dans
leur comportement : pourtant, elles n’hésitent pas à faire payer aux contribuables via Pôle Emploi
les conséquences de leur gestion désastreuse, ni à confier le devenir du réseau à des décideurs qui
n’ont jusqu’alors guère brillé par leur sens stratégique, ni par leur capacité à gérer leur personnel.

Les entreprises aujourd’hui en difficultés auront besoin demain de toutes les compétences acquises
par les salariés des CCI.
Ce n’est certainement pas le moment de détruire ce patrimoine humain.
Si vous deviez faire le choix de voter ces suppressions de postes en dépit des vices de procédures
qui les entachent et en l’absence d’informations suffisantes, vous engagerez votre responsabilité et
devrez justifier de votre décision de faire fi aujourd’hui d’informations qui vous avaient paru
indispensables hier.
Enfin, vous devrez admettre que la volonté de la CCI de Grenoble de se débarrasser au plus vite de
33 de ses agents est pour vous une priorité qui prime sur toute autre considération éthique ou
légale et qu’elle prévaut sur les directives données par CCI France, qui a enjoint les CCI à suspendre
toute procédure de suppression de postes en période d’urgence sanitaire.
Si en dépit des irrégularités de procédure signalées et de la situation anxiogène que nous subissons,
vous décidiez malgré tout de valider ces 33 suppressions de postes, les délégations CFE CGC et CGT
saisiront bien évidemment les tribunaux compétents pour en demander l’annulation.

Nous demandons à ce que cette communication soit annexée au compte-rendu de cette CPR et
vous remercions Mesdames et Messieurs, pour votre attention.

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