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LAMBERT ET DOROTHÉE, THÉRÈSE ET MARIE LOUISE, ENFANTS

PERDUS, ENFANTS TROUVÉS. CONTRIBUTION À L’HISTOIRE SOCIALE


(BRUXELLES ET ENVIRONS, 1780-1914)

Willy Steurs
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Musées et Archives de la Ville de Bruxelles | « Cahiers Bruxellois – Brusselse
Cahiers »

2015/1 XLVII | pages 330 à 376


ISSN 1784-5157
ISBN 9782874880162
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-cahiers-bruxellois-2015-1-page-330.htm
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Lambert et Dorothée, Thérèse et Marie Louise,
enfants perdus, enfants trouvés.
Contribution à l’histoire sociale
(Bruxelles et environs, 1780-1914)
Willy STEURS
(Docteur en histoire)

Introduction

L’abandon d’enfants était jadis une réalité de tous les jours et a progressé de
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façon spectaculaire, surtout en ville, à partir du XVIIe siècle jusqu’à la relative
amélioration du niveau de vie des classes populaires à la Belle Époque1.
À Bruxelles, le nombre d’enfants trouvés va crescendo entre 1612 et 1702.
Cette situation nouvelle entraîne de profonds changements dans l’esprit des
autorités urbaines et de profondes réformes dans l’administration des enfants
trouvés. Au XVIIe siècle, le Magistrat avait le souci d’instruire, de préparer à un
métier et de reclasser socialement les enfants confiés à l’assistance publique. Au

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XVIIIe, débordé par leur nombre croissant, il préfère s’en débarrasser en les
envoyant à la campagne. Loin de voir en eux, comme au XVIIe siècle, une source
de main-d’oeuvre, le XVIIIe les considère uniquement comme une charge d’autant
plus lourde que l’on compte parmi eux une proportion assez grande de tarés tant
physiques que mentaux (aveugles, simples d’esprit, rachitiques, boiteux ou mal
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conformés) et qui restaient parfois à charge de l’administration des Enfants


trouvés jusque 40 ans et plus2. Désormais, tous, indistinctement, sont placés en

Nous emploierons dans les notes les abréviations suivantes : AC = Almanachs du commerce
et de l’industrie, Bruxelles, 1820-1969 ; ACPAS = Archives du Centre public d’action
sociale ; AE = Archives de l’État ; AVB = Archives de la Ville de Bruxelles ; PMB = Le
Patrimoine monumental de la Belgique.
1
Orientation bibliographique dans BONENFANT-FEYTMANS A.M., Le problème des
enfants trouvés à Bruxelles au XVIIe siècle. À propos d’un tableau de Pierre Meert, dans
Bulletin de la Société royale d’archéologie de Bruxelles, 1950, p. 1-20 ; DESTRAY A.,
Noms d’enfants trouvés à Namur et dans l’Entre-Sambre-et-Meuse (XVIe-XVIIIe s.), dans
L’Antiquaire (Yves-Gomezée), 7e année, 1966, p. 57-65 ; GÉLIS J., LAGET M. et MOREL
M.F., Entrer dans la vie. Naissances et enfances dans la France traditionnelle, Coll.
Archives n°72, Paris, 1978 ; UYTTEBROUCK A., L’entretien des enfants trouvés à
Jauchelette (Brabant wallon) au XIIIe et au XVIIe siècle, dans La Belgique rurale du moyen
âge à nos jours, Bruxelles, 1985, p. 229-240 ; LOTH J., Paupérisme et bienfaisance à
Namur au XIXe siècle, 1815-1914, Bruxelles, 1978 ; HAESENNE-PEREMANS N., Le sort
des enfants trouvés et abandonnés dans la région liégeoise au début du XIXe siècle, dans
Bulletin de l’Institut archéologique liégeois, t. XC, 1978. La distinction qui est faite entre
les enfants trouvés (vondelingen) et les enfants abandonnés est expliquée ci-après.
2
BONENFANT-FEYTMANS A.M., loc. cit., p. 20.

330
nourrice à la campagne chez des cultivateurs ou des artisans en échange d’une
rétribution.
D’autre part, une littérature sociale a décrit des enfants mal soignés et
entassés dans des villages mouroirs. Rares auraient été les survivants et leur sort
n’était guère enviable. Ils étaient frappés d’opprobre et avaient peu de chances de
sortir de leur condition misérable. Certains avaient peut-être été aimés, mais dans
la dureté et la rigueur. Ce tableau fort sombre est idéologiquement marqué et daté3.
La réalité est autrement complexe et subtile. Nous allons le montrer dans les pages
qui suivent en retraçant le destin de trois « enfants de la patrie » et d’une orpheline,
tous nés à Bruxelles et placés dans des villages de la périphérie. Pourquoi Lambert
et Dorothée, Thérèse et Marie Louise ont-ils été choisis de préférence à tant
d’autres ? Leurs propres enfants se sont « trouvés » et se sont fondus dans une
même lignée familiale4.
Le récit de leur vie n’est pas pour autant une histoire de famille. Il est une
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contribution à l’histoire des classes populaires. Il devrait aussi nourrir les débats
actuels sur la politique migratoire, urbaine et sociale5.
Bruxelles au XVIIIe siècle connaît un renouveau économique et démogra-
phique6. De nouvelles formes d’industrie s’installent en ville dans la seconde
moitié du siècle. Entre 1755 et 1784, le nombre des habitants passe de 60.000 à
75.000 environ et la fracture sociale est évidente. La population ouvrière s’entasse
dans les quartiers denses et actifs du bas de la ville. Elle vit séparée des quartiers

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aristocratiques du haut de la ville, siège de la cour et du gouvernement central. Elle
est chassée des nouveaux quartiers résidentiels du centre construits autour de la rue
Neuve et de l’église du Finistère pour les élites urbaines. Dans les classes
laborieuses, crises et guerres gonflent le nombre des expositions et des abandons
d’enfants7. Le lecteur sait que l’on appelle « enfants trouvés » les enfants à peine
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3
Textes de Villermé, de George Sand et d’autres dans CHEVALIER L., Classes
laborieuses et Classes dangereuses, éd. Pluriel, Paris, 1978, p.525-528 ; et dans GÉLIS J.,
LAGET M. et MOREL M.F., op. cit., p. 172-184.
4
Voir Annexe VIII. J’ai conçu cette étude dans l’esprit de la nouvelle historiographie
portée notamment par WINOCK M., Jeanne et les siens. Récit, Paris, le Seuil, 2003 et
FERRO M., Les individus face aux crises du XXe siècle. L’histoire anonyme, Paris, Odile
Jacob, 2005.
5
Sur la désignation et la délimitation des différentes classes sociales, voir CERUTTI S., La
construction des catégories sociales, dans BOUTIER J. et JULIA D. dir., Passés
recomposés. Champs et chantiers de l’Histoire, Paris, Éditions Autrement, Série Mutations
n°150/151, 1995, p. 224-234 ; Dictionnaire des Questions Politiques, HAUDEGAND N. et
LEFÉBURE P. dir., Coll. Points d’appui, Paris, 2000, p. 31- 35. ; GUILLUY Chr., NOYE
Chr., Atlas des nouvelles fractures sociales en France. Les classes moyennes oubliées et
précarisées, Coll. Autrement, Paris, 2004.
6
THIELEMANS M.R., Le démarrage industriel dans l’agglomération bruxelloise avant
1830, dans Bull. du Crédit communal, n°149, 1984, p. 151-183. BILLEN C., Espace et
société, dans Bruxelles, BILLEN C., DUVOSQUEL J.M. dir., Anvers, 2000, p. 94-99.
7
Sur le contexte politique des années 1780-1830, voir les deux chapitres de MABILLE X.,
Nouvelle histoire politique de la Belgique, Bruxelles, 2011 : La fin de l’Ancien Régime, p.
15-48 et La transition de l’Ancien Régime à l’État constitutionnel indépendant, p. 49-86 ;

331
nés ou plus ou moins âgés exposés ou abandonnés dans un lieu public8 et « enfants
abandonnés » ceux que leurs parents ont cédés à l’assistance publique en
renonçant à tout droit sur eux9. Trouvés et abandonnés pouvaient être les enfants
légitimes de couples mariés ou le fruit d’unions libres, peu importe. Bien plus que
l’illégitimité c’est la pauvreté, aggravée par la disette, le chômage ou les grands
froids, qui contraignait les parents à se séparer de leurs enfants10. La plupart des
trouvés et des abandonnés provenaient des classes ouvrières urbaines ; les autres
étaient issus de la domesticité et de femmes étrangères à la ville qui venaient y
accoucher dans l’anonymat.
L’encadrement de la pauvreté à Bruxelles sous l’Ancien Régime a été décrit
par Paul Bonenfant11. Mme Coumans a retracé le fonctionnement de l’assistance
publique de la période française à nos jours12. Voici un bref aperçu de leurs
conclusions.
Dès le milieu du XVIe siècle, les autorités urbaines avaient créé un service
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administratif de la bienfaisance et les principales institutions de secours à
Bruxelles étaient communales et laïques. Sous le régime français, deux nouveaux
rouages de l’assistance publique furent mis en place dans le cadre communal, le
bureau de Bienfaisance et le bureau des Hospices civils. Le bureau de Bienfaisance

BILLEN C., loc. cit., p. 100-102. Aperçu général et bibliographie dans VAN UYTVEN R.
dir., Histoire du Brabant du duché à nos jours, Zwolle, 2004, notamment les chapitres Le

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Brabant autrichien 1715-1795, p. 457-513 ; L’État français et le royaume des Pays-Bas
1796-1830, p. 553-581.
8
Exemples d’un petit garçon et de sa sœur, âgés l’un de deux ans et l’autre de deux mois
environ, jetés à la rue et baptisés à Saint-Géry le 19 juillet 1790 : Sub conditione, Petrus
Vandenbrock exposititius aetatis circiter duorum annorum, inventus hodie in het
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Stoofstraetje aen de deure van Lucas-broeders, quem attulit et suscepit Margarita De


Meert… ; Sub conditione, Clara Vandenbrock exposititia aetatis circiter duorum mensium,
inventa ut praecedens, quem attulit et suscepit Chritina Booms ... La Stoefstraetken ou allée
de l’Etuve se trouvait près du Béguinage, cf. HENNE A., WAUTERS A., Histoire de la
Ville de Bruxelles, nouvelle édition du texte de 1845 augmentée de nombreuses
reproductions de documents choisis par Mina Martens, t. 4, Bruxelles, 1975, p. 160-161.
9
Voir l’exemple d’Adolphine Muller à l’Annexe I, G, n°2 de 1870, où la procédure
d’abandon est décrite. Cf. aussi le tableau d’Edouard Gelhay, « Aux Enfants-Assistés :
l’abandon » (Musée d’Art et d’Archéologie de Senlis), montré dans l’exposition « Marolles
terre d’accueil », Porte de Hal, 25.11.2010-30.04.2011.
10
Ce serait une erreur de croire que les enfants trouvés sont presque tous illégitimes ; ils
n’en sont que la plus petite portion… Il serait imprudent de conclure du grand nombre de
ces enfants que les moeurs sont plus que jamais corrompues. En réalité, la cause la plus
générale et la plus exacte de cette progression, c’est la misère, qui pendant de longues
années s’est appesantie sur le petit peuple… », témoignage d’un curé parisien du XVIIIe
siècle, Desbois De Rochefort, cité dans GÉLIS J., LAGET M. et MOREL M.F., op. cit., p.
176.
11
BONENFANT P., La création à Bruxelles de la Suprême Charité, réimprimé dans
Annales de la Société belge d’histoire des hôpitaux, III, 1965, p. 149-168 ; IDEM, La
Suprême Charité, Ibidem, p. 169-177.
12
COUMANS V., Archives de l’Assistance publique et des affaires sociales de Bruxelles,
AVB, Inventaires, 11, Bruxelles, 2005, p. 5-10.

332
avait pour mission de soulager l’indigence en distribuant des secours à domicile,
en nature ou en argent. Le bureau des Hospices civils gérait les hospices, hôpitaux
ou maisons de charité de la commune. Sa mission consistait notamment à pourvoir
à l’assistance des enfants trouvés ou abandonnés et des orphelins dans les
hospices. Les deux bureaux étaient administrés par des commissions
rigoureusement séparées et placées sous la surveillance des autorités communales.
Ils possédaient chacun leur patrimoine propre et leur comptabilité.
Au XIXe siècle, une seule et même commission dotée de la personnalité
civile, le Conseil général pour l’administration des Hospices et Secours, gère le
service des Hospices civils et celui de la Bienfaisance, sous la surveillance de
l’autorité communale et, depuis 1852, du service de l’Assistance publique. Si les
ressources de cette institution étaient insuffisantes, la commune, ou en dernier
ressort la province, devait y suppléer.
En 1925, le Conseil général a été supprimé avec la fusion des bureaux de
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Bienfaisance et des Hospices civils en un organisme unique, la Commission
d’assistance publique (CAP). Une loi de 1976 a transformé le CAP en Centre
public d’aide sociale (CPAS), dénommé depuis 2005 Centre public d’action
sociale.
Pour satisfaire à la loi, le Conseil général des Hospices et secours rendait
chaque année un « Compte moral » de l’hospice des enfants trouvés, dont les
dépenses étaient supportées par l’Etat, la Province et la Ville. Ce rapport ouvrait

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véritablement une fenêtre sur la vie quotidienne de l’établissement.
Chaque année, le compte moral présentait au travers de plusieurs tableaux
les mouvements de population tant à l’hospice qu’à la campagne, apportant un
témoignage sur la condition matérielle des classes populaires. Un chapitre
décrivait l’état sanitaire des enfants, un autre l’effort consenti non seulement pour
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les instruire, mais aussi pour leur donner une éducation religieuse. Le rapport
soulignait aussi le soin mis au choix des nourriciers et l’importance des contrôles
effectués auprès d’eux par les inspecteurs de l’hospice chargés de la visite des
enfants. Enfin, le compte livrait des renseignements sur la conduite des enfants de
14 ans et plus placés sans pension chez des maîtres, par exemple dans les environs
de Charleroi en 1860, pour y travailler dans les charbonnages13.
Revenons-en à Dorothée, Lambert, Thérèse et Marie Louise. Leur histoire
et celle de leurs nourriciers nous apportera de nouvelles lumières moins sur les
rouages de l’institution que sur l’assistance publique en action.
Recueillis dans un lieu public, Dorothée, Lambert et Thérèse ont été
déposés dans ce que l’on appelle aujourd’hui une antenne sociale, où ils ont été
pris en charge dans un premier temps par une personne de contact qui leur a donné
un nom, les a fait baptiser et s’est occupée d’eux jusqu’à ce que l’hospice les
confie à un nourricier. Christine Booms (1734-1804) est un bon exemple de ces
« assistantes sociales » avant la lettre. Pendant plus de vingt ans, elle porte des
nouveaux-nés à Saint-Géry et leur tient lieu de marraine. Elle intervient aussi à la

13
Compte moral de l’hospice des enfants trouvés et abandonnés. Exercice 1860, dans
Bulletin communal, 1861, II, p. 147-157.

333
Chapelle et au Finistère14. Elle œuvre notamment pour Lambert Knapper, Thérèse
Danens et leur petit camarade Félix Verjaeght, que l’on retrouvera ci-après15.
Parmi les nombreuses « collègues » de Christine Booms, on se contentera de citer
Marguerite De Meert, née en 1768, également très active à Saint-Géry16 et qui
travaille encore en 1812 à l’hospice des Enfants trouvés17. « Officiellement », les
deux femmes exercent la profession de « servante » et elles ont en commun d’être
elles-mêmes des enfants trouvés ; accessoirement, si j’ose dire, elles sont toutes
deux illettrées.
D’autre part, avant qu’une loi napoléonienne ne l’interdise, il n’était pas
exceptionnel de donner aux trouvés des noms qui insultaient au bon sens et à la
dignité humaine. Les enfants dont il sera question ici n’ont pas eu à subir pareille
avanie, même si l’on peut se poser des questions pour Dorothée Spogel. Quoi qu’il
en soit, nous avons essayé d’éclairer chaque nom, quand la réponse n’allait pas de
soi.
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1. Dorothée Spogel (1793-1862)

Le 26 octobre 1793, Dorothée Spogel âgée de trois jours est trouvée à 7


heures et demie du soir sur le grand escalier de Sainte-Gudule18. Elle est baptisée
le lendemain dans la collégiale, confiée à l’assistance publique et mise en nourrice
chez Simon Duhoux à Wauthier-Braine19.

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14
Christina Booms baptisata est, filia exposititia. Suscepit Francisca Beijltens. Baptisée à
Saint-Géry le 08.07.1734, elle décède le 20.04.1804, à l’âge de 69 ans, au Grand hospice,
c’est-à-dire à l’hôpital Saint-Pierre. On lit dans son acte de décès : Servante, enfant de la
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patrie (An XII, n° 1788).


15
Saint-Géry, 13.05.1786 : Sub conditione Lambertus Knapper exposititius inventus heri in
het Ververshoek aen de herberg Den Haen. Attulit et suscepit Christina Booms. Signum +
C. Booms…. Notre-Dame du Finistère, 22.09.1786 : Teresia Danens, filia juventilia inventa
est via vulgo de Broeckstraete et baptizata est 22 septembris 1786. Suscepit Christina
Booms quae scribere non potest... La Chapelle, 05.10.1786 : Felix Verjaeght filius
exposititius inventus hodie op de Vlasse Meerckt. Suscepit et attulit Christina Booms. +
Signum matrinae…
16
Exemple du 4 février 1789 : Sub conditione Maria Versiet exposititia hodie inventa bij
‘t Mannenken Pis. Attulit et suscepit Margarita De Meert. Signum + matrinae… Voir
également ci-dessus la note 8.
17
Margareta De Meert, filia exposititia. Attulit et suscepit Maria Magdalena Cattalan :
Saint-Géry, le 2 mars 1768. Elle figure en ces termes dans le recensement de 1812 :
Marguerite Demeert. Âgée de 45 ans. Servante. Domiciliée Son 5. Marché-aux-Poulets
1217. Née à Bruxelles. Elle travaille à l’hospice des enfants trouvés. Cf. MASSIN A.,
Bruxelles. Qui est qui en 1812 d’après les registres du recensement de la population de la
Mairie de Bruxelles, Bruxelles, 1997, p. 257.
18
L’escalier monumental que l’on connaît aujourd’hui a été construit par l’architecte F.
Coppens en 1860-1861. Description de l’ancien parvis, accompagnée d’une gravure de
Putaneus (1648), dans PMB, vol. 1, Bruxelles Pentagone, t. C, p. 339-340.
19
Voir Annexe I, E. « Spogel » n’est pas un nom qui figure dans DE BRABANDERE F.,
Verklarend woordenboek van de familienamen in België en Noord-Frankrijk, 2 vol.,

334
Tableau 1 Famille Duhoux-Scolas

- 27.01.1760, naissance de Simon Duhoux à Wauthier-Braine, où se passe toute sa vie.


- 30.09.1788, mariage de Simon avec Marie Anne Scolas née à Braine-l’Alleud le
26.08.1763. Les conjoints sont illettrés.
- 1793, Simon prend en nourrice Dorothée Spogel.
- 1796 (Recensement de l’an IV). Dorothée Spogel est recensée avec la famille de Simon,
« moissonneur d’août ».
- 03.02.1827, décès de Simon Duhoux.
- 10.07.1835, décès de Marie Anne Scolas.

Enfants de Simon Naissance Mariage Décès


Duhoux et de
Marie Anne Scolas
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Bernardine 08.09.1790 02.12.1809, mariage avec Jean Joseph 22.08.1841
Josèphe André, journalier et scieur de long, fils
de Philippe André, maçon. Le marié
signe son nom. La mariée est illettrée.
Marie Françoise 16.09.1792 21.06.1821, mariage avec Pierre 10.07.1851
François Scournaux. Profession des
époux : journaliers. Ils sont tous deux
illettrés.

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Village et paroisse du duché de Brabant, au quartier de Bruxelles, sous
l’Ancien Régime, Wauthier-Braine s’inscrit à la fin du XVIIIe siècle dans les
grands terroirs céréaliers du plateau brabançon. Avant la révolution industrielle,
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les labours en occupaient plus de 85% et étaient associés à d’imposantes censes


ou fermes en carré, qui dominaient les modestes noyaux villageois. Ces grandes
exploitations disposaient d’un vaste réservoir de journaliers vivant de leur courtil
et des travaux à la ferme. Les versants sablonneux étaient recouverts de forêts :
grande propriété privée (le bois de Lembeek) ou forêt domaniale (le bois de Hal)20.
D’autre part, la région de Wauthier-Braine offrait cette particularité d’être
située historiquement à la limite du duché de Brabant et du comté de Hainaut, et
d’être établie sur la frontière entre langue flamande et langue romane. Dorothée
Spogel n’a jamais quitté ces confins où dialectes wallon et flamand se rencontrent.

Bruxelles, 1993. Procède-t-il du néerlandais « Spog » (crachat, salive) ? C’est possible, mais
le pire n’est jamais sûr…
20
OUDIETTE C., Description géographique et topographique du département de la Dyle
en forme de dictionnaire (an VII-an VIII), Bruxelles, 1804, p. 177-178 ; EVERAERTS
G.H., DENONVILLE I., e.a., Itinéraire du sable. 36 km dans l’ouest du Brabant wallon et
ses confins hennuyers depuis le Bois de la Houssière jusqu’à Braine-l’Alleud, Coll.
Hommes et Paysages, n°15, Bruxelles, 1991, p. 45 ; Architecture rurale de Wallonie, Pays
de Soignies et de Nivelles, GENICOT L.F. dir., Liège, 1992, p. 39, 53, 60-61 ; Braine-le-
Château – Clabecq. Le rebord du plateau brabançon, dans La Belgique en cartes.
L’évolution du paysage à travers trois siècles de cartographie, BEYAERT M., e.a. dir.,
Bruxelles, Gand, 2006, p. 79-80.

335
Elle a passé son enfance à Wauthier- Braine, s’est mariée à Lembeek et est morte à
Essenbeek (Hal).
Elle vit avec les Duhoux au moins jusqu’à son émancipation en 180521. En
1823, elle est servante à Lembeek et elle se marie avec Jean Joseph Borremans,
journalier, qui vit dans le même village, chez ses parents. Le Conseil général des
hospices, qui exerce la tutelle des trouvés, a consenti au mariage et le futur
conjoint a satisfait à ses obligations de milice22.

Tableau 2 Famille Borremans-Spogel23

- Hal, 03.02.1796, naissance de Jean Joseph, fils légitime d’Henri Borremans et de Christine
Deneyer.
- 1817, Jean Joseph satisfait aux lois sur la milice. Il tire au sort le n° 32 et n’est pas obligé
au service. Signalement : taille 1 aune 7 palmes 4 pouces (environ 1, 75 m)24, visage ovale,
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front ridé, yeux bruns, nez gros, bouche moyenne, menton rond, cheveux et sourcils bruns,
pas de marques distinctives.
- Lembeek, 10.02.1823, mariage avec Dorothée Spogel, servante. Les époux sont illettrés.
- Hal, 20.01.1862, décès de Dorothée Spogel à Essenbeek.
- Décès de Jean Joseph Borremans après 1879.
Enfants Naissance Décès Observations
Marie Malheide Tourneppe, - Hal, 05.05.1852, mariage avec Jacques
Catherine (Lembeek), 16.01.1901 Tastenoe, cordonnier. Les époux sont

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23.02.1824 illettrés25.
- 1883, Catherine, cabaretière à
Tourneppe26.
Marie Essenbeek Hal, 22.03.1860, mariage avec Jean
Françoise (Hal), Hernie, cultivateur. Les époux sont
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21.03.1836 illettrés. Contrat de mariage chez le


notaire Walravens, à Oetingen
(Brabant)27

21
L’enfant émancipé acquiert une capacité limitée par la loi, tant qu’il est mineur. Pour
autant qu’il y soit apte, il peut notamment gérer lui-même le fruit de son travail, GODDING
Ph., Le droit privé dans les Pays-Bas méridionaux du 12e au 18e siècle, Bruxelles, 1987, n°
56. Le code Napoléon ne dit pas autre chose.
22
AE Louvain, Annexes au mariage n° 4 du 10.02.1823.
23
AE Louvain. Hal, Registres de population 1857-1879, Livre 6, f° 179.
24
Cf. le Nederlands Metrisch Stelsel, dans VERHOEFF J.M., De oude nederlandse maten
en gewichten, Amsterdam, 1982, p. 103 et 118 (duim, el, palm).
25
Jacques sait, néanmoins, écrire son nom : voir l’Annexe VI, où figure également sa
situation de milice.
26
Herbergierster, dans l’acte de mariage de sa fille Dorothée, Tourneppe, n° 13 du
16.07.1883 ; et dans AE Louvain, Tourneppe, Registre de population 1890, f° 30. Elle a
vraisemblablement acquis son débit de boissons entre 1881 et 1883 : l’acte de mariage de sa
fille Philippine (Tourneppe, 1881, n° 19) se borne à dire qu’elle tient son ménage
(huishoudster).
27
Pierre Joseph Walravens officie à Oetingen de 1850 à 1863, AE Louvain, Notariat, Inv.
882/647. Oetingen, sous Gooik, arr. Hal-Vilvorde.

336
Les époux travaillent à Malheide, sous Lembeek, avant de s’installer
comme cultivateurs à Essenbeek, dans la campagne de Hal28. On leur connaît deux
filles : Catherine et Françoise. On ne s’attachera qu’à la première.
En 1852, Catherine Borremans, servante à Hal, épouse Jacques Tastenoe,
issu d’une famille de « vendeurs de bières », de cordonniers et de tailleurs29. Le
couple s’installe brièvement à Huizingen puis à Tourneppe (Dworp)30, où il a
bientôt pignon sur rue. Jacques fabrique et vend des chaussures ; Catherine tient un
cabaret. Ils ont plusieurs enfants31. Leurs filles Dorothée et Philippine reçoivent
une instruction. Philippine, la cadette, épouse Pierre, fils du sabotier Bartholomé
Van Roy. Pierre est menuisier et Philippine couturière, plus précisément elle
confectionne des bonnets (kappenmaakster)32. Les époux achètent un bien
immobilier au centre de Tourneppe33. Pierre monte sa propre entreprise de
menuiserie et exploite un cabaret, il est à la fois schrijnwerkersbaas et herbergier ;
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Philippine (winkelierster) tient une boutique, adjacente à la salle du café34. Les
affaires marchent pour les Van Roy-Tastenoe et deux de leurs descendants
contribuent plus particulièrement à la renommée de la famille, un prêtre dans les
années 1930, et après-guerre un homme politique. Leur petit-fils Omer Van Roy
devient bourgmestre de Huizingen dans les années 1960, puis de Beersel, de 1977
à 1983, après les fusions de communes.
Dorothée, la fille aînée de Jacques et de Catherine, a hérité du prénom de

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sa grand-mère Spogel. Elle entre dans la vie comme ouvrière d’usine, épouse
Sébastien Van Malder puis Antoine Felis. Comme sa mère et sa sœur, elle a voulu
acheter un cabaret. Après beaucoup d’aléas, elle en fait une affaire prospère.

Tableau 3 Famille Van Malder-Tastenoe35


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- Rhode-Saint-Genèse, 1855, naissance de Sébastien, fils de Jean François Van Malder,


cultivateur, et de Marie Anne Winderickx.

28
Sur l’histoire des campagnes (économie et société) aux XVIIIe et XIXe siècles, voir
VERHULST A., Précis d’histoire rurale de la Belgique, Bruxelles, 1990, p. 151-185 ;
VERHULST A., BUBLOT G. dir., L’Agriculture en Belgique hier et aujourd’hui,
Bruxelles, 1980, p. 29-53 ; COPPEJANS-DESMET H., Population et emploi en mutation
dans les campagnes flamandes (fin du XVIIIe-milieu du XIXe siècle), dans Bulletin du Crédit
communal, n° 190 (1994), p. 15-34.
29
AE à Louvain, « Tableau des habitans de la Ville de Hal », 1809-1818, n°2308-2313 et
2710-2716.
30
Huizingen et Dworp, arr. Hal-Vilvorde.
31
AE Louvain, Tourneppe, Registres de population : 1866, f°12 et 677 ; 1890, f°30.
32
AE Louvain, Tourneppe, Mariage n°19 du 16 juillet 1881. Contrat de mariage passé
devant le notaire Emile Possoz, à Hal le 11.07.1881 (AE Louvain, Notariat, Inv. 882).
33
AE Louvain, Notariat. 17 décembre 1885, acte du Notaire François Joseph Claes à Hal,
Répertoire, n°12753.
34
AE Louvain, Tourneppe, Registres de population : 1866, f°1228 ; 1890, f°32 ; 1901-1910,
f° 12. Le cabaret et le magasin se trouvaient au centre du village, n°13.
35
AE Louvain, Tourneppe, Registres de population : 1866, f°1313 ; 1890, f°31.

337
- 1878-1882, Sébastien accomplit son service militaire. Signalement : taille 1,66 m, visage
ovale, front haut, yeux gris, nez ordinaire, bouche petite, menton rond, cheveux et sourcils
blonds. Pas de signes particuliers.
- Tourneppe, 16.07.1883, mariage de Sébastien et de Dorothée. Les époux savent lire et
écrire.
- Tourneppe, 10.02.1899, décès de Sébastien Van Malder.
- Tourneppe, 04.05.1901, remariage de Dorothée Tastenoe avec Antoine Felis (1869-1918).
- Buizingen, 30.11.1949, décès de Dorothée.

Enfants de Sébastien et de Dorothée, tous nés Date de la naissance Date du décès


à Tourneppe
Marie Catherine 28.04.1885 05.05.1885
Marie Elisabeth 17.05.1886 21.10.1978
Jean Baptiste l’Aîné 07.07.1888 16.10.1966
Jean Baptiste le Jeune 12.07.1891 16.06.1957
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Jeanne Marie36 15.04.1896 09.03.1899
Pierre Joseph 15.05.1898 27.05.1898

Sébastien Van Malder, le premier mari de Dorothée est maçon. Comme tous
les ouvriers du bâtiment, il travaille aussi en usine pendant l’hiver. De 1878 à
1882, il a servi dans le Régiment des carabiniers37. En mai 1882, il est mis en
congé « illimité », ce qui ne veut pas dire « définitif ». Après son mariage, il est
rappelé à diverses reprises pour s’entraîner au maniement du nouveau fusil Lebel38

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et participer au maintien de l’ordre lors des émeutes révolutionnaires qui secouent
la Wallonie en 188639.
En 1885, Dorothée et Sébastien achètent en vente publique la maison et le
cabaret Van Nerom au centre de Tourneppe, le tout pour 4.500 francs, augmenté
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des frais40. Les actes notariaux livrent une image réaliste de la salle du cabaret

36
La fillette est décédée d’une méningite, cf. AE Louvain, Tourneppe, Registre de
population, 1890, f°31.
37
En mai 1882, il part en congé illimité avec cette attestation d’un médecin militaire, datée
de Beverlo : Je déclare avoir visité le permissionnaire dénommé ci-dessus et ne lui avoir
trouvé aucun germe apparent d’une affection ophtalmique (archives privées). Sébastien
s’en est mieux sorti que le héros d’Henri Conscience (De Loteling, Anvers, 1850).
38
Témoignage de Dorothée et de ses enfants. Sur le fusil Lebel, fabriqué à partir de 1886,
voir la notice qui lui est consacrée dans l’encyclopédie en ligne Wikipedia.
39
Cf. note précédente. Sur les événements de 1886, voir MABILLE X., Nouvelle histoire
politique…, p. 158-161 et surtout LIEBMAN M., Les socialistes belges 1885-1914,
Bruxelles, 1979, p. 54-61. Une des descriptions les plus féroces et les plus méprisantes qui
aient été faites de la révolte hennuyère est due à deux des principales figures du Parti
Ouvrier Belge, Emile Vandervelde et Jules Destrée. Il faut la lire Ibidem, p. 65-66.
40
AE Louvain, Notariat. 17 décembre 1885, acte du Notaire François Joseph Claes à Hal,
Répertoire, n°12753. Le cabaret se trouvait au centre du village, n°12, cf. AE Louvain,
Tourneppe, Registre de population 1901-1910, f°11.

338
avec son grand miroir ; le buffet et l’étagère vitrée ; les verres à bière, à liqueur et
à vin ; six tables, quatre bancs, huit chaises ; le poêle et sa charbonnière41.
Pour payer son achat, le couple contracte deux emprunts hypothécaires
auprès du fabricant de papier Pierre Joseph Peetroons. Le premier, de 3.000 francs,
est conclu chez le notaire François Joseph Claes, à Hal, en 1886, au lendemain de
la vente publique42, et le second, de 1.200 francs, chez le notaire Jules (Julius)
Heremans, à Bruxelles, en 189243.
La mort de Sébastien en 1899, à l’âge de 44 ans, laisse à Dorothée de
lourdes dettes. En 1901, elle se remarie avec Antoine Felis, cultivateur et boucher
(slachter en landbouwer) à Tourneppe44. Leur alliance asseoit la fortune du cabaret
à la Belle Epoque et assure l’avenir des enfants Van Malder45.
Marie, la fille aînée de Sébastien et de Dorothée, a fait de bonnes études.
Elle a de l’instruction et elle aime lire. Elle parle parfaitement le français et elle a
fière allure46. La Maison Waucquez l’engage dans son magasin de tissus de la rue
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des Sables, construit par Victor Horta en 1905 et dédié à une clientèle
bourgeoise47. Marie travaillera chez Waucquez jusqu’à l’âge de la retraite, mais
gardera une certaine amertume d’avoir été écartée des postes de responsabilité au
profit de francophones pur jus48.
Jean Baptiste l’Aîné a appris le métier de maçon des Van Malder et son
beau-père Felis lui a appris celui de boucher (varkenslager). A la bonne saison, il
travaille dans le bâtiment, l’hiver il est ouvrier d’usine. Il va aussi tuer et saler le

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cochon chez les particuliers. Le dimanche, il sert à boire au cabaret. Il a les

41
AE Louvain, Notariat. 11 avril 1901, contrat de mariage conclu entre Antoine Felis et
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Dorothée Tastenoe par devant le Notaire Guillaume François Van Isterdael, à Pepingen,
Répertoire, n° 1498.
42
AE Louvain, Notariat. 16 février 1886, Notaire François Joseph Claes à Hal, Répertoire,
n°12816.
43
AE Anderlecht, Notariat. 30 décembre 1892, Notaire Julius Heremans à Bruxelles,
Répertoire, n°440.
44
AE Louvain, Tourneppe, Mariage n° 19 du 4 mai 1901 ; Registre de population 1901-
1910, f°11.
45
Les photographies du mariage de Marie Elisabeth en 1911 renvoient l’image d’un âge
d’or pour Dorothée et les siens à la veille de la Grande Guerre (archives privées). Voir aussi
la note suivante.
46
Grâce à l’évolution rapide des techniques photographiques, les studios fleurissent dès la
fin du XIXe siècle et le portrait n’est plus l’apanage des classes fortunées. Cf. l’exposition
Norbert Ghisoland (1878-1939) présentée au Botanique à Bruxelles en 2011 et son
catalogue.
47
Sur le quartier résidentiel du Marais et les anciens Magasins Wauquez, actuellement
Centre belge de la Bande Dessinée, rue des Sables, PMB, vol. 1, Bruxelles Pentagone, t. B,
p. 385-390 et t. C, p. 268-271.
48
Esquisse historique des entreprises Waucquez, du « palais commercial » de la rue des
Sables et des bâtiments de la rue des Tanneurs occupés aujourd’hui par le Service des
Archives de la Ville de Bruxelles, dans SYMONS Th., Jules Waucquez & Compagnie,
Archivum Bruxellae, 2001.

339
moyens de s’acheter un vélo et un costume de cycliste49. Il se fait photographier en
sportif avec sa machine50. En 1912, il épouse Anna Deknopper que l’on va
retrouver dans les chapitres suivants. Dans les années 1930, il participe à la
restauration du château de Beersel51. Maçon de première force, sa connaissance
insuffisante du français l’a toujours empêché d’être promu chef de chantier.
Quant à Jean Baptiste le Jeune (1891-1957), son histoire m’est inconnue.
Déposée sur les marches d’une église de Bruxelles, Dorothée Spogel se
retrouve à la campagne et se coule dans le monde rural. Le commerce et
l’artisanat, les progrès de l’instruction et les nouveaux emplois féminins ont offert
des perspectives d’avenir à ses descendants. Avant le XXe siècle et les « Trente
Glorieuses », la plupart d’entre eux restent toutefois enfermés dans le monde des
ouvriers et des employés. A la « Belle Epoque », l’emploi salarié permet de
subvenir aux besoins du ménage, mais ce sont les heures supplémentaires
consacrées au travail qui assurent des revenus décents et l’épargne pour les vieux
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jours52.

2. Lambert Knapper (1786-1859)

Trouvé le 12 mai 1786 à 9 heures et demie du soir au Coin des Teinturiers


sur le seuil de l’auberge Den Haen, Lambert Knapper53 est baptisé le lendemain à
l’église Saint-Géry et placé par l’assistance publique chez Pierre Hauwaert à

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Tourneppe puis chez Henri Petroons54.

Tableau 4 Famille Hauwaert-Vandenbosch


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49
A titre de comparaison, voir OZOUF J., Nous les maîtres d’école, Coll. Archives, n°27,
Paris, 1967, p. 113-124. Le chapitre « Gagner sa vie » décrit les conditions matérielles
d’existence dans la France rurale des années 1890-1910 et le prix d’une bicyclette pour un
instituteur (loc. cit., p. 122).
50
Voir ci-dessus la note 46.
51
Voir Beersel, dans Bouwen door de eeuwen heen in Vlaanderen, vol. 2n, Vlaaams
Brabant, p. 29.
52
COPPEJANS-DESMET H., Population et emploi en mutation dans les campagnes
flamandes (fin du XVIIIe-milieu du XIXe siècle), p. 32, relève la même volonté des classes
laborieuses de travailler plus pour gagner plus.
53
« Knapper » (Knapkoek) désigne un petit gâteau sec et croquant (en français, une
croquignole) ou une dent (op zijn cnappers bijten) dans le langage populaire. Cf.
Callewaert’s Groot Woordenboek, éd. revue et augmentée par DUFLOU G., Bruxelles,
s.d. ; Van Dale Groot woordenboek der Nederlandse taal, 13e éd., Utrecht-Anvers, 1999.
Sur le mot français « croquignole », d’où est dérivé l’adjectif « croquignolet » et le nom
propre comique « Croquignol » rendu célèbre par Les Pieds Nickelés de Louis Forton
(1908), v. notamment le Dictionnaire historique de la langue française, REY A. dir., Paris,
1992.
54
Voir Annexe I, C.

340
La vie des époux Hauwaert-Vandenbosch se déroule à Solheide (Tourneppe), où ils
travaillent comme journaliers et cultivateurs55.
- 30.12.1759, naissance de Pierre Hauwaert.
- 25.03.1761, naissance de Catherine Vandenbosch.
- 05.05.1782, mariage de Pierre Hauwaert et de Catherine Vandenbosch. Les époux sont
illettrés.
- Mai 1786-septembre 1787, Lambert Knapper est chez Pierre Hauwaert à Solheide.
- 03.11.1818, décès de Pierre Hauwaert à Uccle.
- 28.02.1841, décès de Catherine Vandenbosch.
Enfants Date de Observations
naissance
Marie 01.04.1783
Dominique 18.02.1786
Marie 17.02.1788 - 19.02.1811, Marie Barbe épouse Jean Baptiste Denain, né à
Barbe Bruxelles, trouvé56. Les époux reconnaissent pour enfant
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légitime leur fille, née Catherine Hauwaert le 08.09.1808.
Jean 16.12.1789 - 30.06.1813, Jean Baptiste Hauwaert, journalier, épouse
Baptiste Catherine Bedroeft, née à Bruxelles, trouvée57.
- 01.10.1848 Jeanne Hauwaert, fille de Jean Baptiste
Hauwaert et de Catherine Bedroeft, épouse Louis Dirckx,
trouvé58.
Jeanne 29.01.1792
Henri 20.03.1794 Témoin au mariage de son frère Jean Baptiste avec Catherine

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Bedroeft.
Marie 29.07.1796
Anne
Elisabeth et 19.09.1798
Pétronille
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À la fin du XVIIIe siècle, le village de Tourneppe présente une société très


hiérarchisée. On y dénombre à côté d’une élite de fabricants de papier59, de

55
Répertoire des hameaux et lieux-dits de Tourneppe dans THEYS C., Geschiedenis van
Dworp, Lijst van Plaatsnamen (avec J. Lindemans), s.l., 1948, p. 30-84.
56
Saint-Géry, 22.09.1785 et ACPAS, ETA, série a, reg. n 7, f°134 v°, n° 423.
57
Baptisée dans la paroisse Saint-Nicolas le 25.11.1792 ; décédée à Tourneppe le
01.04.1853. Voir aussi ACPAS, ETA, série a, n°8, f°309 v°, n°69. Jean Baptiste, son mari,
est mort en 1848.
58
Bruxelles, Naissance n°2155 du 30 juillet 1825. L’enfant avait été déposé la veille dans le
tour de l’hospice des Enfants trouvés. Il portait une marque avec la demande instante qu’on
l’appelle Dirckx, du nom de sa mère : Dit kind moet Lowie Dirckx genaemt worden.
Liesabeth Dierckx dat is den naem van de moeder. Voir aussi ACPAS, ETA, série a, reg.
n°30, p. 234.
59
L’industrie du papier et du carton se manifeste dans toute la région dès le XVIIe siècle et
atteint son point culminant dans le courant du XIXe siècle soutenue par la demande du
marché bruxellois. Cf. Architecture rurale de Wallonie, Pays de Soignies et de Nivelles, p.
61. DELIGNE C., Bruxelles sortie des eaux. Les relations entre la ville et ses cours d’eau
du Moyen Age à nos jours, Bruxelles, 2005, p. 46.

341
brasseurs et de grands fermiers, des commerçants et des « aubergistes », des
artisans parfois dans la gêne, des paysans plus ou moins fortunés et surtout une
masse de manouvriers qui subsistaient pauvrement sur un lopin de terre. Le village
disposait aussi d’un chirurgien et d’un maître d’école en la personne du
sacristain60.
Pierre Hauwaert et Henri Petroons appartiennent à la classe de ces petits
cultivateurs et ouvriers agricoles qui prennent en pension des enfants trouvés ou
abandonnés pour gagner un revenu d’appoint61.
Au bout d’un an, Hauwaert renonce à garder Knapper. Peut-être parce que
sa pension est rabotée ou pour toute autre raison, mais il était courant que les
enfants passent d’un nourricier à l’autre62.
D’autre part, dans la famille d’Henri Petroons prendre des enfants en
nourrice est devenu un métier. Ses deux frères en gardent. Lui-même et sa femme
Marie Meerts n’ont pas d’héritier. Dans les années 1780-1790, il accueille chez lui
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plusieurs pupilles de l’assistance publique et il noue avec eux des liens durables.
Avec Knapper, il s’est trouvé un fils et Knapper le considère comme son père63.
En 1815, Knapper épouse Jeanne Debelder, qui appartient au même milieu
social que lui. Le mariage est conclu avec le consentement du Conseil général des
hospices. Knapper entre dans une famille qui n’a pas peur des « étrangers au
village ». François Stoffels, le parrain de Jeanne, a été trouvé à Bruxelles en 1759
devant la porte du jardin des Arquebusiers et saint Christophe, patron de la guilde,

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lui a donné son nom64. En 1781, il a épousé Marie Anne Leemans, la tante de
Jeanne. Il est journalier, elle est fileuse à domicile (spinster) et leur fils Nicolas,
scieur de long.
Le tableau ci-dessous résume la vie familiale de Lambert et de Jeanne.
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Tableau n° 5 Famille Knapper-Debelder65

- Tourneppe, 27.10.1792, naissance de Jeanne, fille de Jérôme Debelder, journalier, et


d’Anne Marie Leemans.
- 16.01.1815, mariage à Tourneppe de Lambert Knapper et de Jeanne Debelder, journaliers,
tous deux illettrés. L’acte de mariage est silencieux sur les obligations de milice de
Lambert.
- 11.02.1859, décès de Lambert à Grootheide.
- 04.06.1875, Décès de Jeanne à Grootheide.

60
AE Anderlecht, Office fiscal du Conseil de Brabant, Registres, n°379, f°105-125.
61
Voir l’Annexe II. Montant des pensions allouées aux nourriciers pour l’entretien des
enfants trouvés et abandonnés.
62
Voir l’Annexe III. Trois familles de nourriciers et leurs pupilles à Tourneppe : Hauwaert,
Janssens, Petroons.
63
AE Louvain. Hal, Etat civil, Décès, acte du 24.01.1816, p. 4.
64
« Stoffels » est le diminutif de « Christophe », cf. DE BRABANDERE F., Verklarend
woordenboek van de familienamen in België…, p. 1333.
65
AE Louvain. Tourneppe, Registres de population : 1846, n°1, f°141 ; 1866, f°86
(Grootheide).

342
Enfants Naissance Décès Observations
Anne Marie 22.03.1815 Après 1879 10.09.1842, mariage avec Gilles
Knapper à Tourneppe Hanssens, journalier. Gilles signe son
acte de mariage. Anne Marie est
illettrée.
Simon Essenbeek (Hal), Grootheide 04.05.1850, mariage avec Marie
Knapper 07.05.1818 16.10.1890 Janssens, fille de Gilles et de Thérèse
Danens. Les époux sont illettrés.
Jérôme Tourneppe, Grootheide Célibataire.
Decnapper 07.09.1821 26.02.1886
Barbe Grootheide Grootheide Célibataire.
Deknopper (Tourneppe), 27.03.1892
22.08.1829
Julie Bruxelles, Après le 07.09.1859, mariage à Tourneppe
Gneman, 27.01.1831 15.05.1901 avec Egide Debusscher, cultivateur.
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trouvée.

Le couple a quatre enfants portés à terme et gardés en vie. Anne Marie est
née deux mois après le mariage de ses parents, les démographes parlent dans ce
cas de conception prénuptiale66. Un intervalle régulier de trois ans et quelques
mois sépare les trois premiers accouchements ; un espace de temps considérable
s’écoule entre les deux derniers, signe d’une ou plusieurs fausses couches ; l’âge

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de la mère à la dernière naissance est de 36 ans et dix mois, bien en dessous des 40
ans avancés par les historiens démographes pour cette époque.
D’autre part, Lambert et Jeanne ont pris en nourrice une enfant trouvée,
Julie Gneman née à Bruxelles le 27 janvier 1831 et déposée dans le tour de
l’hôpital Saint-Pierre67. En 1846, Julie est encore recensée dans le cercle de famille
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et elle travaille avec les Knapper comme journalière. Elle s’est mariée en 1859
avec Egide Debusscher, cultivateur à Hal. Elle a eu des enfants et elle est décédée
à Leeuw Saint-Pierre après 190168.
Autre enseignement du tableau, entre 1820 et 1830, le patronyme Knapper
s’est transformé en Decnapper, Deknop69 et finalement Deknopper. Lambert avait
fréquenté l’école du village, mais il y avait sans doute mieux appris le catéchisme
que la lecture et l’écriture70. Son illettrisme l’a empêché de s’opposer à la

66
VANDER PLAETSE K. et VERBEURGT G., Comportement sexuel prémarital à Gand
de 1700 à 1850, dans Bulletin du Crédit communal, t. 44, n°172, 1990/2, p. 111-117.
67
Voir Annexe I, F. L’usage du tour a été imposé et s’est généralisé à l’époque
napoléonienne.
68
Est-elle la marraine d’une fille de Simon Knapper, Julie, née en 1866 ? On n’a pas pu le
vérifier, faute des registres paroissiaux tenus à Tourneppe au XIXe siècle.
69
Cf. le procès-verbal d’admission de Julie Gneman à l’hospice, Annexe I, F, n°1.
70
ACPAS, ETA, Geldboeken, 1793, reg. 371, f°103. Si Knapper a oublié ce qu’il avait
appris à l’école, son petit camarade Jacques Loubers en a, quant à lui, retenu quelque
chose : il signe son acte de mariage, cf. Tourneppe, n°14 du 10.09.1817. Voir aussi Annexe
III : Trois familles de nourriciers et leurs pupilles… Près d’un siècle plus tard, en 1883, il
restait énormément à faire pour élever le niveau d’instruction des enfants, et Léon

343
confusion qui s’est faite à l’état civil entre son nom de famille initial et des
patronymes plus communs dans le Brabant flamand71. Le cafouillage est à son
comble dans l’acte de naissance de Barbe, où Lambert est appelé « Nopper »72. Le
changement de nom est définitivement acté sous Egide Deknopper (1851-1939) et
c’est sous ce patronyme que Barbe est enterrée en 189273.
Nous reviendrons au chapitre suivant sur le mariage de Simon Knapper
avec Marie Janssens.

3. Thérèse Danens (1786-1856)

Le 22 septembre 1786 à 5 heures du matin, une petite fille âgée d’un jour
est trouvée sur le seuil du baron de Willebroeck74 dans le quartier aristocratique de
la rue du Marais75. Baptisée le jour même à l’église du Finistère, elle est inscrite
dans les registres paroissiaux sous le nom de Danens, forme affectueuse de
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Daniel76, et elle reçoit le prénom de Thérèse. Dans les jours qui suivent, elle est
placée en nourrice chez Pierre Janssens à Tourneppe77.
Comme Pierre Hauwaert et Henri Petroons, Pierre Janssens appartient au
milieu des petits exploitants agricoles qui exercent plusieurs activités pour
compléter leurs revenus. Pierre cultive son lopin et travaille comme scieur de long
pour des entreprises de menuiserie. Il débite des bois de charpente. Le récit de sa
vie tient dans le tableau suivant.

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Vanderkindere en appelait à la Ligue de l’Enseignement pour mener ce combat à bien, cf.
Annexe VII.
71
Voir notamment l’acte de naissance de Jeanne Marie De Knop (sans lien aucun de
parenté avec Knapper) : Tourneppe, n°45 du 9 août 1829 ; et DE BRABANDERE F., op.
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cit., p. 791, 793.


72
Tourneppe, acte n°50 du 23 août 1829.
73
Tourneppe, acte de décès n°44 du 28 mars 1892.
74
Philippe Louis Joseph Helman, baron de Willebroeck, 1749-1807. En 1795, trois de ses
frères, tous avocats, habitaient au n°60 rue du Marais avec un domestique et une cuisinière,
âgée de 60 ans : AVB, Recensement de 1795, section 5, n°26267-26271, p.5. En 1812, l’un
des trois frères résidait encore à la même adresse : Helman de Willebroeck. Âgé de ?
Propriétaire. Domicilié Son 5. Rue du Marais 60. Né à ** lieu inconnu, MASSIN A.,
Bruxelles. Qui est qui en 1812…, p. 457. En résumé, il semblerait que le baron Philippe ait
résidé avec ses frères rue du Marais avant son mariage à Bruxelles avec Marie Caroline de
Partz, le 30 novembre 1786. Son père Jean Baptiste, baron de Willebroeck, de Ruysbroeck,
etc., (1713-1781), avait quant à lui un hôtel particulier rue aux Laines, cf. VAN
WIJNENDAELE J., DE SAN A., La rue aux Laines et ses demeures historiques, Coll.
Bruxelles, Ville d’Art et d’Histoire, 2004, p. 33. Identification des différents Helman dans
GOETHALS F.V., Dictionnaire généalogique et héraldique des familles nobles du royaume
de Belgique, t. II, Bruxelles, 1849, p. 738-739. Nous n’avons pas pu consulter HUYGHE J.,
DE DECKER K., Willebroek en het geslacht Helman, [Willebroek], 2005.
75
Sur le quartier résidentiel du Marais, PMB, vol. 1, Bruxelles Pentagone, t. B, p. 385-390.
76
DE BRABANDERE F., Verklarend woordenboek van de familienamen in België…, p.
331-332. Dans les registres de l’état civil, Thérèse est appelée tantôt « Danens » tantôt
« Daniël ».
77
Voir Annexe I, D.

344
Tableau 6 Pierre Janssens et les siens

- Tourneppe, 03.10.1755, baptême de Pierre, fils d’Antoine Janssens et de Cécile Hanssens.


- Hal, 04.04.1785, mariage de Pierre avec Marie Anne Lauriers (Loriers).
- Tourneppe, 28.12.1791, décès de Marie Anne à l’âge de 32 ans.
- 17.04.1792, remariage de Pierre Janssens avec Emerentienne Asselbergh, journalière.
- Domicile : Grootheide (1786, 1795). Manouvrier à l’Elderingen hof78.
- 21.09.1814, décès d’Emerentienne à Distelheide.
- 19.09.1832, décès de Pierre à Distelheide.
Enfants nés du mariage de Guillaume, né le - 14.01.1818, Guillaume, scieur de
Pierre et de Marie Anne 06.04.1786 long, épouse Marie Wauters.
Lauriers - 11.03.1858, décès de Marie Wauters
te Wauweringen.
- 03.06.1859, décès de Guillaume
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Janssens op den Hanenbosch79.

Françoise, née - 28.01.1818, Françoise épouse Louis


le 27.11.1787 Doller, trouvé, ouvrier agricole.
- 02.06.1841, décès de Françoise,
journalière, à son domicile op de
Distelheyde.

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- 31.12.1853, décès de Louis Doller,
cultivateur, à Distelheide.

Enfant né du mariage de Gilles, né le - 01.04.1818, Gilles, scieur de long,


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Pierre et d’Emerentienne 24.10.1796 épouse Thérèse Danens, trouvée,


Asselbergh servante.
- 15.11.1818, Thérèse Danens, mar-
raine du premier enfant de Guillaume
et de Marie Wauters.
- 16.12.1856, décès de Thérèse Danens
à Distelheide.
- 05.04.1866, décès de Gilles Janssens
à Solheide.

Comme tant d’autres cultivateurs et artisans de son village, Pierre Janssens


prend en pension plusieurs enfants de l’assistance publique au cours des années
1780-1790. Parmi eux Thérèse Danens, qui reste dans la famille après son
émancipation. En 1818, elle épouse Gilles Janssens, de dix ans son cadet, et elle

78
ACPAS, ETA, Geldboeken, reg. 373, f°125 ; reg. 374, f°105. Elderingen hof, près de
Grootheide : ferme avec un moulin sur le ruisseau de Sept-Fontaines (Zevenborrebeek),
aujourd’hui disparue. Elle figure sur la carte de Ferraris. Voir aussi THEYS C., o.c., Lijst
van plaatsnamen …, n°180, p. 47.
79
Contrairement à ce qui est écrit dans l’acte de décès, la mère de Guillaume Janssens était
Marie Anne Lauriers et non point Emerentienne Asselbergh.

345
devient marraine du premier enfant de son demi-frère Guillaume. Thérèse souffre
d’une infirmité, elle est torse (scheef) comme nous l’apprennent sans autre
fioriture les comptes de l’assistance publique80. Ce défaut physique ne l’empêche
pas de travailler dur. Elle est à la fois mère de famille, cultivatrice et journalière.

Tableau 7 Enfants de Gilles Janssens et de Thérèse Danens81

- 16.01.1815, mariage à Tourneppe de Gilles et de Thérèse, journaliers, tous deux illettrés.


L’acte de mariage est silencieux sur les obligations de milice de Gilles.
- 1856, décès de Thérèse Danens.
- 1866, décès de Gilles Janssens.
Nom des Naissance Décès Observations
enfants
Marie 08.01.1819 27.09.1839 Célibataire, servante. Décède chez ses parents à
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Anne Distelheide, à l’âge de 20 ans.
Marie 29.04.1821 17.08.1893 - 04.05.1850, mariage de Marie avec Simon
Knapper, fils de Lambert. Les époux sont
illettrés.
- En 1866, le couple habite Grootheide, n° 48.
Barbe 11.03.1824 Après 1866 - 22.04.1846, mariage de Barbe avec Guil-
laume Van Cranem, cultivateur.
- En 1866, les époux sont cultivateurs à

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Solheide, n° 8.
Pierre 11.11.1827 Après 1866 - 13.10.1852, mariage de Pierre, ouvrier scieur,
avec Marie Anne Matton, cultivatrice.
- En 1866, le couple habite Distelheide, n° 55.
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À l’exception de sa fille aînée qui meurt célibataire à l’âge de vingt ans, les
autres enfants se marient dans leur condition et restent au village. Ils sont illettrés
comme leurs parents et restent attachés à la terre. Pour des raisons évidentes au
lecteur attentif, un des trois mariages ci-dessus retiendra notre attention, celui de
Marie Janssens et de Simon Knapper. Les conjoints sont fils et filles de trouvés.
Six enfants naissent de leur union.

Tableau 8 Enfants de Simon Knapper et de Marie Janssens82

- Tourneppe, 04.05.1850, mariage de Simon et de Marie, journaliers. Les époux


sont illettrés. Le marié a satisfait à ses obligations de milice. Appelé en 1837, il a
tiré au sort le n° 34 et le Conseil de milice l’a exempté du service pour un an pour

80
Son infirmité lui vaut une pension de 30 florins au lieu des 24 attribués aux enfants de son
âge, cf. ACPAS, ETA, Geldboeken, 1793, reg. 371, f°104. Aveugle, Norbertine Paquet a
droit à 36 florins (Ibidem). Jusqu’à l’âge de 12 ans, elle reste chez son nourricier Jean
Baptiste Borremans et est ensuite placée à l’hospice des aveugles (ETA, reg. 246, f°191).
Sur cet établissement, BONENFANT P., La Suprême Charité, loc. cit., p. 174-175.
81
AE Louvain, Tourneppe, Registre de population de 1846, n°2, f°45 (Distelheyde).
82
AE Louvain. Tourneppe, Registre de population de 1866, f°100 (Grootheide).

346
petite taille et ne l’a plus convoqué depuis lors.

Nom des Date de Date du Observations


enfants naissance décès
Egide 26.06.1851 14.07.1939 - 16.06.1882, mariage d’Egide Deknopper,
Knapper fagotier, avec Marie Louise Rousseau. Les
époux signent leur acte de mariage. Le
changement de nom (Knapper/Deknopper) est
expliqué au chapitre précédent.
- Contrat de mariage établi par le notaire Jules
(Julius) Heremans à Hal le 15 juin 1882.
Thérèse 28.06.1854 Hal, - 11.07.1879, mariage avec André Stryck-
Deknopper 16.04.1899 mans, fils illégitime d’Angélique Stryckmans.
Les époux sont illettrés.
Marie 02.06.1857 15.06.1857 Enfant mort.
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Deknopper
Jérôme 31.01.1859 31.12.1861 Emporté par la rougeole à l’âge de 3 ans.
Deknopper
Pierre 28.03.1863 27.03.1904 - 19.10.1889, mariage de Pierre, cultivateur,
Deknopper avec Elisabeth Debusscher, fille illégitime de
Catherine Debusscher. Les époux signent leur
acte de mariage.
- En 1901, les époux habitent Grootheide, n°

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220.
Julie 22.12.1866 Après 1893 - 12.06.1893, mariage de Julie avec Guil-
Deknopper laume Deprins. Les époux signent leur acte de
mariage.
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Que révèle le tableau ? Deux enfants sur six sont morts en bas âge, un
nouveau-né et un garçonnet de trois ans environ emporté par la rougeole. Pour les
survivants qui arrivent sur le marché matrimonial, l’endogamie reste la règle. Ils se
marient dans leur village et dans leur milieu social. Ils ne craignent pas d’épouser
une pupille de l’assistance publique, Marie Louise Rousseau. Ils ne soucient pas
que leur conjoint ou leur épouse soit de naissance illégitime. André Strijckmans et
Thérèse Debusscher sont nés hors mariage et ont été élevés par leur mère
célibataire. D’autre part, à l’exception de Thérèse Deknopper et d’André
Strijckmans, les couples ont signé leur acte de mariage. Egide Deknopper et Marie
Louise Rousseau ont même conclu un contrat de mariage. Dans l’acte rédigé par le
notaire Jules Heremans, on peut lire que Marie Louise est née à Bruxelles de
parents inconnus83. Il n’en est rien. Le notaire s’en est tenu aux déclarations de la
future mariée84, la loi ne l’obligeant pas à établir la filiation de sa cliente85. Nous
l’avons fait.

83
Ludovica Rousseau, zonder beroep, woonende te Dworp, zonder bekende ouders…, AE
Louvain, Notariat. Hal, 15 juin 1882, Notaire Jules Heremans, Répertoire, n° 3.
84
Oubli ou ressentiment de l’orpheline ? Elle n’en a pas dit plus à ses enfants qu’au
notaire…

347
4. Marie Louise Rousseau (1859-1951)

Fille légitime de Pierre Rousseau et d’Anne Catherine Dedobbeleer, Marie


Louise est Bruxelloise de souche. Elle est née en 1859 au cœur de Bruxelles dans
ce qui est aujourd’hui le quartier Fontainas. Sa famille est établie depuis le XVIIIe
siècle dans les quartiers populaires de la ville basse86. Pierre Rousseau, son père,
est né rue du Châssis et a vécu plusieurs années rue du Cornet avec ses parents87.
Fils d’un épinglier et d’une journalière, il est teinturier. Seul garçon au milieu de
trois filles, il échappe au service militaire (uit hoofde van eenigen zoon)88. En
1825, il épouse Marie De Brekel, fille d’un imprimeur de coton, et il s’installe
avec elle au n° 1 de la rue de la Barbe89. Il y restera avec sa seconde épouse Anne
Catherine Dedobbeleer jusqu’à la destruction de la rue lors des travaux
d’assainissement de la Senne et le tracé des grands boulevards au milieu des
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années 186090. En 1866, on le retrouve Impasse du Donjon, dans la rue des
Chats91, et il meurt deux ans plus tard rue du Vieux Marché aux Grains92.

85
Sur ce sujet et sur d’autres questions techniques, nous avons bénéficié de l’expérience de
M. Francis Loth, licencié en droit. Nous lui adressons nos vifs remerciements.
86
Voir notamment AVB, Recensement de 1795, section 2, n°6825-6827, p.5. Pierre est né
le 15 mars 1797 (acte n°1736 du 17 courant ou 27 Ventôse an 5). Il est le fils du François

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Rousseau (Rosseau), épinglier, cité dans le recensement sous le n°6827. Ses parrain et
marraine sont Pierre Rousseau, épinglier (Ibidem, n°6828), et Elisabeth De Backer,
blanchisseuse (Ibidem, n°6826). Sur le logement ouvrier, voir L. GAIARDO, Impasses de
Bruxelles, Coll. Bruxelles, Ville d’Art et d’Histoire, n°27, 2000, 38 p.
87
MASSIN A., Bruxelles. Qui est qui en 1812, p. 762, 763. Rue du Châssis, devenue Van
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Helmont, entre Terre Neuve et la Senne ; rue du Cornet, près des Bogards, même quartier,
cf. HENNE, WAUTERS, op. cit., nouvelle édition, t. 4, p. 98, 100.
88
Voir Annexe VI. Milice nationale.
89
Mariage n°392, du 20 juillet 1825 et ses « Annexes ». La rue de la Barbe donnait dans la
rue d’Anderlecht. Elle avoisinait le pont et le moulin de la Barbe, la rue des Teinturiers et la
ruelle du Coin des Teinturiers (aujourd’hui rue de Bon Secours), cf. HENNE, WAUTERS,
op. cit., nouvelle édition, t. 4, p. 102 ; PMB, vol. 1, Bruxelles Pentagone, t. A, p. 39 et 166 ;
Ibidem, t. C, 396.
90
Sur le voûtement de la Senne, DEMEY Th., Bruxelles. Chronique d’une capitale en
chantier, t. 1, Bruxelles, 1990, p. 39-93. L’assainissement du bas de la ville, de ses impasses
et ruelles insalubres, a entraîné la démolition de l’habitat existant et l’expulsion de la
population ouvrière largement majoritaire dans le quartier, Ibidem, p. 70.
91
AVB, Registre de population de 1866, vol. O, f°540. Impasse du Donjon, section 3, rue
des Chats, 14. La rue des Chats commence rue d’Anderlecht et finit au Vieux-Marché, cf.
AC, 1866, Rues, p. 48.
92
Liste des enfants nés des deux mariages de Pierre Rousseau dans AVB, Registres de
population : 1846, vol. C n°3, f°14 ; 1856, vol. L, n°2, f°492. Le registre de 1856 attribue à
Pierre le métier de « tisserand ». Ses fils en âge de travailler sont chapelier, sellier, cigarier
et tisserand. Une fille est repasseuse. Le même registre rapporte dans la colonne
« Observations » que le nommé Jean Baptiste, né le 30 août 1854, se trouvait en 1866 « à
St. Hubert dans une maison de correction ». De retour à Bruxelles, il travaille comme
ouvrier maçon puis comme débardeur, cf. Registre de population de 1866, vol. O, f°540.

348
De son mariage avec Anne Catherine sont nés les deux enfants dont il sera
question ici, Marie Louise et son frère aîné Jean Baptiste93. Anne Catherine est une
fille de la campagne venue travailler en ville comme servante. Son père Jean
Baptiste est maréchal ferrant ; il œuvre notamment à Anderlecht94, où son frère
Egide est garde champêtre95. Dans la famille d’Anne Catherine seule sa grand-
mère Suzanne Dehaen est née à Bruxelles. Elle y a été trouvée en 1731 au Coin
des Teinturiers sur le seuil de l’auberge De Gulden Haen, qui lui donna son nom96.
Le lecteur se souvient que Lambert Knapper fut recueilli sur le même pas de porte
en 1786 et que son petit-fils Egide a épousé Marie Louise Rousseau à Tourneppe.
En juillet 1866, Anne Catherine meurt à l’hôpital Saint-Jean et Pierre
Rousseau se retrouve seul avec deux enfants de six et huit ans sur les bras. Âgé et
sans autres ressources que son salaire d’ouvrier, il demande l’aide de l’assistance
publique. Sa requête suit son cours : Comité de charité de la paroisse de Bon
Secours97, dans laquelle Pierre réside, bureau de la Bienfaisance, Conseil général
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des Hospices et Secours. En janvier 1867, le Conseil général, suivant l’avis
favorable de l’administration, admet Jean Baptiste et Marie Louise au nombre des
enfants entretenus à charge de la Bienfaisance.
Le frère et la sœur sont aussitôt séparés. La fillette quitte Bruxelles sans
retour. Elle est placée chez Bartholomé Van Roy, cultivateur et sabotier à
Tourneppe. Sa famille, que l’on a déjà croisée, a également recueilli une autre
pupille de l’assistance publique, Adolphine Elisabeth Muller, une enfant

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abandonnée par sa mère98. Marie Louise restera chez les Van Roy à Grootheide
jusqu’à son mariage avec Egide Deknopper en 1883. Pierre Van Roy, qui a été
élevé avec elle, sera son témoin.

Tableau 9 Famille Van Roy-Tierens99


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Bartholomé Van Roy (Buizingen, 1825- Domiciliés à Grootheide n°1.


Evere, 1885) et son épouse Anne Mariés depuis le 27 mai 1848.
Catherine Tierens (Tourneppe, 1825-
1891).
Plusieurs enfants, la plupart cultivateurs, Tourneppe, 16.07.1881, mariage de Pierre Van
sauf Adrien, tailleur (acte de 1891), et Roy et de Philippine Tastenoe. Contrat passé
Pierre, ouvrier menuisier. devant le notaire Emile Possoz à Hal le
11.07.1881.
Domicile : au centre du village.

Actuellement, le Centre fermé pour jeunes de Saint-Hubert héberge des mineurs qui ont
commis un fait qualifié « d’infraction », cf. Guide de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
93
Jean Baptiste, né à Bruxelles le 5 novembre 1857, à ne pas confondre avec son frère
enfermé à Saint-Hubert.
94
Voir l’acte de naissance d’Anne Catherine : Anderlecht, n°11, du 9 février 1819.
95
Anderlecht, Mariage n°17, du 27 juin 1810.
96
Voir Annexe I, A.
97
On parle aujourd’hui « d’antenne sociale ».
98
Voir Annexe I, G.
99
AE Louvain. Tourneppe, Registre de population de 1866, f°75 et 713 (Grootheide).

349
Marie Louise Rousseau, née à Bruxelles Mariée à Egide Deknopper le 16.06.1882.
le 10.09.1859. Domicile : Grootheide.
Adolphine Elisabeth Muller, née à Elle est partie fin novembre 1889 à Saint-Josse-
Bruxelles le 04.02.1869. Ten-Noode, rue Saint François n° 32, où le
bottier J.B. Deroover tenait boutique100.

Jean Baptiste connaît des débuts plus mouvementés dans la vie, pour des
raisons de circonstance ou de caractère. D’abord confié à Egide Wets, ouvrier de
fabrique à Linkebeek, il passe deux ans plus tard chez Josse Duyck, laboureur à
Lennick Saint-Quentin. Au début des années 1870, il est de retour à Bruxelles où il
apprend le métier de vitrier chez Jean Baptiste Gooskens, qui officie aussi comme
barbier au n° 30 de la rue Saint-Géry. Le jeune Jean Baptiste va d’un logement à
l’autre et fait peut-être même un saut jusqu’à Jumet pour travailler chez un certain
Biernaux, négociant de son état, avant d’être rappelé à Bruxelles pour remplir ses
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obligations de milice. On peut suivre les pérégrinations de Jean Baptiste en ville
dans les registres de population. Ils racontent une histoire plus mouvementée que
ne le laissent entrevoir les archives de l’Assistance publique101. En mai 1878, le
jeune homme épouse Marie Thérèse Dermonde, lingère, domiciliée chez ses
parents rue de la Senne n°90, et dans leur acte de mariage les conjoints
reconnaissent comme leur enfant légitime Denis Dermonde né à Bruxelles le 10
juin 1875102. Le Conseil général des Hospices et Secours a donné son
consentement au mariage103 et Jean Baptiste a satisfait aux lois sur la milice.

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Inscrit sous la commune de Bruxelles pour la levée de 1877, il a tiré un bon
numéro et a été exempté définitivement du service. La suite de son histoire se lit
aux Archives de la Ville de Bruxelles dans le Registre de population de 1876 (tenu
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100
AC, 1889, Rues, p. 136.
101
Voir Annexe V. Tribulations de Jean Baptiste Rousseau.
102
Acte de mariage n°458 du 6 mai 1878. Acte de naissance n°2898 du 12 juin 1875.
103
Devant Maître Martha, notaire à Bruxelles, a comparu Monsieur Gustave Washer,
propriétaire demeurant en cette ville, rue de Terre-Neuve, numéro 1, spécialement chargé
par le Conseil général d’administration des hospices et secours de la Ville de Bruxelles
pour exercer en vertu des lois des quinze – vingt-cinq Pluviôse An treize, la fonction de
tuteur des enfants admis dans ses établissements, lequel à ce dûment autorisé par ledit
Conseil a déclaré consentir au mariage de Jean Baptiste Rousseau, né à Bruxelles le cinq
novembre dix huit cent cinquante-sept, admis à l’hospice des enfants assistés le six avril dix
huit cent septante sept, avec Marie Thérèse Dermonde, demeurant à Bruxelles, dont acte en
brevet, fait et passé à Bruxelles, le dix-sept avril dix huit cent septante huit. L’acte appelle
quelques explications, et d’abord sur l’identité des personnes : E. Martha, notaire, rue
Royale 98, cf. AC, Liste des habitants, p. 437 ; Gustave Washer (firme Ve F. Washer), fab.
tulles et apprêts, Terre Neuve 1 (Ibidem, p. 568). Ensuite sur la technique de l’acte en
brevet : l’original de l’acte en brevet est remis par le notaire à celui ou celle qui est concerné
par l’acte. Le notaire en garde uniquement copie et mentionne l’existence de l’acte dans son
répertoire. Dans le cas présent, le consentement au mariage établi en brevet est annexé à
l’acte de mariage.

350
à jour jusqu’en mars 1890) : la naissance de Prosper Pierre Rousseau en juin 1878,
la liste des autres enfants et le voyage du couple à Amsterdam en 1883-1884104.
Mais, revenons-en à sa sœur.
La vie de Marie Louise et d’Egide Deknopper se déroule à Grootheide puis
au Dries, où le couple a acheté vers 1890 une petite exploitation agricole, d’un
hectare environ, à l’orée du bois de Hal.

Tableau 10 Enfants du couple Deknopper-Rousseau105

- Hal, 15.06.1882, contrat de mariage établi par le notaire Jules (Julius) Heremans.
- Tourneppe, 16.06.1882, mariage d’Egide Deknopper, cultivateur et fagotier, avec Marie
Louise Rousseau. Les époux ont signé l’acte notarial et l’acte de mariage.
- Le marié a satisfait complètement à ses obligations de milice. Inscrit dans la commune de
Tourneppe pour la levée de 1871, il a obtenu au tirage au sort le n° 50, et a été exempté
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définitivement du service (art. 26.2 de la loi sur la milice). Pas de signalement.

Nom des enfants Date de naissance Date de décès État civil


Elisabeth 26.08.1883 16.12.1883 Décédée à l’âge de trois mois
et 20 jours
Joseph 03.08.1885 01.05.1965 Marié
Anna 15.06.1887 04.07.1979 Mariée
Charles Louis 29.09.1889 22.07.1973 Marié

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Julie 17.04.1892 22.02.1926 Célibataire
Elisabeth 09.07.1894 16.02.1939 Mariée
Marie 07.01.1897 21.09.1982 Célibataire
Louise 11.06.1899 12.04.1945 Célibataire
François 04.07.1902 12.08.1988 Marié
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L’intervalle entre les accouchements est d’environ deux à trois ans106. L’âge
de la mère à la dernière naissance est de 42 ans et 10 mois. La présence d’un
obstétricien (vroedmeester Doktor Kuyl) est attestée à la naissance de Marie, en
1897, par l’acte de l’état civil. On n’observe, d’autre part, qu’un seul cas de
mortalité infantile, signe des progrès de l’hygiène, de la médecine et de
l’alimentation. Le constat reste toutefois à nuancer. Julie est décédée en 1926, à
l’âge de 33 ans, d’une péritonite. Quoi qu’il en soit, à l’exception d’Elisabeth et de
Louise décédées à l’âge de 45 ans d’une « faiblesse cardiaque », cinq enfants du
couple sont morts octogénaires.
Au Dries, la famille cultivait du blé et des pommes de terre. Le blé était
battu au fléau dans la grange et moulu au village. L’hiver, les ouvriers du bâtiment,
en chômage forcé, aidaient à battre le blé. Le grain était descendu en brouette

104
AVB, Registre de population de 1876 (tenu à jour jusqu’en mars 1890), vol. P, f°779.
105
Egide Deknopper a fait réaliser des portraits photographiques à la gloire de sa famille. Il
a aussi veillé à l’avenir de ses fils et de ses filles en les envoyant à l’école (archives
privées).
106
Les quatre premiers enfants sont nés à Grootheide (Tourneppe), les suivants au Dries
(Hal).

351
jusqu’au moulin à eau, dans le bas du village. Le retour à la ferme était
particulièrement pénible, car il fallait tirer dans la pente la brouette chargée des
sacs de farine. Cette tâche ingrate revenait aux filles restées à la maison avec leurs
parents, mais parfois elles recevaient l’aide de leurs neveux et nièces qui venaient
en visite pendant les vacances scolaires. Les Deknopper avaient aussi une basse-
cour et tenaient des vaches, mais ils élevaient surtout des moutons et des porcs.
Leur voisin Jean Baptiste Van Malder, qui avait appris le métier de boucher, venait
à heure et à temps tuer et saler le cochon107.
Égide, le chef de famille, cultivait son lopin et livrait des fagots aux
artisans, comme les boulangers, et aux particuliers qui en réclamaient pour leurs
fours. Muni d’un crayon à l’aniline, il tenait ses comptes, notant soigneusement le
nombre de fagots et les salaires des ouvriers qui les liaient. Egide n’a jamais
travaillé en usine, mais il partait chaque année en France pour faire les moissons et
il revenait très amaigri de ces expéditions108.
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Ses filles étaient astreintes non seulement aux travaux de la ferme, mais
aussi à la couture, qu’elles avaient apprise à l’école. Elles oeuvraient pour la
famille et peut-être aussi pour des particuliers qui leur passaient commande. La
tâche était suffisante pour justifier l’achat d’une de ces machines à coudre Singer,
dont le poète Paul Van Ostaijen (1896-1928) chanta les louanges, à sa manière109.
Certaines des soeurs Deknopper préférèrent aller travailler loin de la ferme.
Elisabeth, qui avait appris le français, se plaça comme servante au château Van

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Ham, à Hal, au Meiboom110, puis à l’ancien château de Croÿ, à Chièvres111, où elle
épousa un commerçant du cru.
Avant de se marier avec Jean Baptiste Van Malder, sa sœur aînée Anna se
fit engager à l’usine textile Allard-Minne à Braine-l’Alleud, qui utilisait une
abondante main-d’œuvre féminine112. Chaque jour au petit matin, les ouvrières du
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Dries et des hameaux voisins se rassemblaient pour rejoindre l’usine en cortège à

107
La vie quotidienne au Dries nous a été racontée par M. Joseph Deknopper, architecte, fils
de François. Qu’il trouve ici notre amical souvenir.
108
DELHAYE J.P., Contribution à l’histoire des ouvriers saisonniers du Hainaut occi-
dental au XIXe siècle (1830-1914), dans CAUCHIES J.M., DUVOSQUEL J.M. dir., Recueil
d’études d’histoire hainuyère offertes à Maurice A. Arnould, Mons, 1983, t. I, p. 783-794.
VERHULST A., BUBLOT G. dir., L’Agriculture en Belgique hier et aujourd’hui,
Bruxelles, 1980, p. 44.
109
Huldegedicht aan Singer, dans Verzamelde gedichten, Amsterdam, 1981, p. 420-422.
Sur l’auteur, voir Paul Van Ostaijen, poète expressionniste et dadaïste flamand, numéro
spécial de la revue Espace. Documents XXe siècle, Bruxelles, t. 3-4, 1974, 80 p.
110
Sur le quartier du Meiboom, voir Halle, dans Bouwen door de eeuwen heen in
Vlaanderen, vol. 2, Vlaams Brabant, p. 221.
111
Voir Chièvres, dans PMB, vol. 13, Province de Hainaut, Arrondissement d’Ath, t. 2, p.
593-594.
112
Sur l’usine Allard, voir D. ISTAZ et G.H. EVERAERTS, Itinéraire d’une commune
résidentielle du Brabant wallon. 24 km à travers Braine-l’Alleud, de l’ancien bourg à
l’habitat périurbain, Coll. Hommes et Paysages, n°13, Bruxelles, 1989, p. 29-30.

352
travers bois. Elles ont été photographiées en 1908 devant la fabrique113. Le
bâtiment abrite aujourd’hui les services de la population et de l’urbanisme de la
commune de Braine-l’Alleud114.
Les fils Deknopper ont mené des vies professionnelles très contrastées.
Joseph, l’aîné, travailla dans la sidérurgie aux Laminoirs de Hal puis aux Forges de
Clabecq115. Son cadet Charles Louis devint agent forestier au domaine de Sept-
Fontaines116. François (Frans), le benjamin, poursuivit des études au collège.
Parfait bilingue, il est entré après son service militaire dans une société
d’assurances bruxelloise, au milieu des années 1920. C’est l’époque où le
néerlandais s’impose à Bruxelles à côté du français dans le commerce et
l’industrie. La législation sur l’emploi des langues crée alors dans la capitale une
situation particulièrement favorable pour les employés (et les fonctionnaires) qui
connaissaient le français tout en ayant le flamand pour langue maternelle117.
Si les fils et les filles qui se sont mariées ont gagné décemment leur vie et
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ont laissé du bien à leurs enfants, leurs soeurs restées à la ferme avec leurs parents
ont été perdantes. Elles ont travaillé pour leur famille plutôt que pour leur
épanouissement personnel et la mort de Julie laisse un goût amer.
Il est temps de conclure.
Les enfants de l’assistance publique et leurs nourriciers étaient de chair et
de sang. Ils ne se résument pas en quelques chiffres. Point donc ici de statistiques
incertaines sur le nombre d’enfants morts ou vivants, bien ou mal traités. Nous

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avons essayé de reconstituer quatre vies dans le siècle à l’aide de sources diverses
et variées. Certes les documents ont leurs failles et leurs limites. Ils peuvent prêter
à confusion et ils ne disent pas tout ; il faut les confronter et tout vérifier. Des
zones d’ombres et des ambiguïtés subsistent, mais à trop vouloir expliquer on ne
ferait qu’appauvrir des réalités complexes et subtiles. De toute manière, pour la
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période postérieure à 1914, une certaine réserve s’imposait au nom du respect de la


vie privée des familles.
Lambert et Dorothée, Thérèse et Marie Louise sont restés étrangers à la
société bourgeoise, mais ils se sont parfaitement intégrés dans les villages
nourriciers qui les ont adoptés et auxquels ils ont apporté du sang neuf. Ils ont
trouvé une famille dans les classes populaires et ils ont fait souche. Leurs enfants
se sont croisés dans le microcosme villageois, ils se sont mariés et se sont
multipliés. Les transformations de l’économie et les progrès de l’instruction leur

113
La photo de 1908 est dans Zenne et Zoniën, t. 9, n°5, décembre 1981, p 6-7. Anna
Deknopper et la plupart des autres ouvrières sont bien identifiées sur ce document, qui
provient de la famille Deknopper.
114
ISTAZ D., EVERAERTS G.H., Itinéraire d’une commune résidentielle… Braine-
l’Alleud, de l’ancien bourg à l’habitat périurbain, p. 29-30.
115
La Belgique en cartes, op.cit., p. 80.
116
ISTAZ D., G.H. EVERAERTS G.H., Itinéraire des fermes et de l’espace rural à Braine-
l’Alleud. 50 km à la découverte des paysages ruraux du plateau brabançon…, Coll.
Hommes et Paysages, n° 21, Bruxelles, 1992, p. 49-52.
117
CARPINELLI G., Le fractionnement de l’unité belge, dans Contradictions, n° 23-24,
1980, p. 48.

353
ont ouvert des perspectives de promotion sociale. Les mieux préparés au
changement ont accédé aux nouvelles formes de l’emploi dans le commerce,
l’industrie et les services. Ils ont amélioré leurs revenus et leur niveau de vie.
Après la Seconde guerre mondiale leurs héritiers sont devenus employés ou
techniciens, fonctionnaires ou enseignants. Quelques-uns sont entrés dans les
classes moyennes. Un petit nombre ont accédé aux professions libérales ou sont
devenus des notables dans leur commune. Tous ont contribué au bien commun.
Leur histoire apporte un démenti cinglant aux politiques de repli sur soi à l’œuvre
dans nos sociétés contemporaines, où la peur de l’étranger l’emporte trop souvent
sur la simple humanité.

Annexes

Table des annexes


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I. Entrer dans la vie.
II. Montant des pensions allouées aux nourriciers pour l’entretien des enfants
trouvés et abandonnés, 1793-1861.
III. Trois familles de nourriciers et leurs pupilles à Tourneppe : Hauwaert,
Janssens, Petroons.
IV. Trois résolutions du Conseil général des Hospices et Secours.

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V. Tribulations de Jean Baptiste Rousseau.
VI. Milice nationale.
VII. Le combat de la Ligue de l’Enseignement contre l’illettrisme.
VIII. Arbres d’ascendance.
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Annexe I.
Entrer dans la vie

Procès-verbaux de découverte118 et actes de baptême de Thérèse Danens, Lambert


Knapper et Dorothée Spogel, ainsi que de trois autres enfants associés à leur histoire :
Suzanne Dehaen, Julie Gneman et François Stoffels. Acte de naissance et procès-verbal
d’admission à l’hospice d’Adolphine Muller, qui croise la vie de Marie Louise Rousseau.

A. Suzanne De Haen
N° 1
Suzanne De Haen trouvée le 26 octobre 1731.
ACPAS, Fonds « Enfants Trouvés et Abandonnés ». Registres des Procès-verbaux,
Série a, reg. n° 3, f° 111, [n° 107].
Susanna De Haen oudt 1 dag 26 october 1731 is ghevonden t’savens ten acht huren
in het Ververs Hoeck op den trap van de herberghe genoempt Den Haen119. Hadde aen een

118
Appelés aussi « Procès-verbaux d’admission à l’hospice des Enfants trouvés », cf. les
extraits délivrés à l’appui de nombreux mariages par le Conseil général des hospices.
119
A l’enseigne « De Gulden Haen », Son 16, Coin des Teinturiers n°44 (devenu rue de Bon
Secours), cf. MEHAUDEN A., VANWELKENHUYZEN M., La ville de Bruxelles. Ses
habitants, leurs métiers et leurs adresses en 1767, 2e éd., Bruxelles, 2008, p. 105. À cette

354
bogijn, een bruijn jaspee, en een groen sijde muts, een bleeck blauw ghebreijt slaeplijfken
met een geil linth gheboort slecht met een stuckxen swert linth aen de arme ghebonden in
slechte voddene gewonden. Is Sint Niclaes kerste ghedaen den 27 ditto. Woont bij Hendrick
Spinnoe120 tot Dilbeeck.
Suzanne De Haen, âgée d’un jour, a été trouvée le 26 octobre 1731 à huit heures du
soir au Coin des Teinturiers sur le seuil de l’auberge appelée « Den Haen ». Elle portait un
béguin d’un brun jaspé et un bonnet de soie verte, une petite chemise de nuit en tricot bleu
pâle bordée d’un ruban jaune, mal attachée aux bras avec un petit bout de ruban noir. [Elle
était] mal emballée dans de mauvais chiffons. Baptisée [en l’église] Saint-Nicolas le 27
courant et placée chez Henri Spinoy à Dilbeek.
N° 2
Bruxelles, Saint-Nicolas, 27 octobre 1731.
Acte de baptême de Suzanne De Haen.
Baptizati sunt Henricus De Herdt et Susanna De Haen exposititii. Priorem suscepit
Francisca Beijltiens, posteriorem Elijsabeth Alberechts121.
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B. François Stoffels
N° 1
François Stoffels trouvé le 3 avril 1759.
ACPAS, Fonds « Enfants Trouvés et Abandonnés ». Registres des Procès verbaux,
Série a, reg. n° 4, PV n° 20 ; Série c, reg. n° 15.
En marge : 3 Februarij 1781 sijne keersten brieff gegeven om tot Dworp te trouwen.
Franciscus Stoffels oudt 8 dagen 3 april 1759 is ghevonden saevens ten 9 1/2 aen de

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poort van Caloveniers hoff ; hadde aen een witte muts met een bogijn, een hemde met een
wulle slaeplijff, 2 witte doecken en eenen wullen lap, alles seer slecht. Is op den 4 ditto te
Sinte Cathelijne kersten gedaen. Woont bij Peeter Weemaels tot Kesterbeeck.
François Stoffels, âgé de huit jours, trouvé à neuf heures et demie du soir à la porte
du Jardin des Arquebusiers122. Il portait un bonnet blanc et un béguin, une chemise et une
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chemise de nuit en laine, deux draps blancs et un chiffon en laine, le tout en très mauvais
état. Baptisé le 4 courant en l’église Sainte-Catherine. Placé chez Pierre Weemals à
Kesterbeeck123.
N° 2
Bruxelles, Sainte-Catherine, 4 avril 1759.
Acte de baptême de François Stoffels.

date, l’aubergiste est Guillaume CLOESTENS CLOETENS, doyen des Escrimeurs, âgé de
50 ans, et il a pour voisin, au n°50, « Monsieur ’T Kint », Secrétaire de la Ville (Ibidem).
120
Henri Spinoy, né à Dilbeek le 08.10.1698 ; époux de Catherine Laurysens : mariage à
Dilbeek le 02.05.1728.
121
Françoise Beijltiens (Beijltens), qui est ici la marraine d’Henri De Herdt, a fait baptiser
Christine Booms à Saint-Géry en 1734. Voir ci-dessus note 14. Le petit Henri, trouvé
Marché au Bois in den ganck van den clijnen Herdt, n’a pas survécu, cf. ACPAS, ETA, PV,
série a, n° 3, f°110 v°. Sur l’auberge appelée plus tard De Gulden Hert, voir La ville de
Bruxelles. Ses habitants, leurs métiers et leurs adresses en 1767, section 30, n°194, p. 213.
122
Jardin des Arquebusiers ou de Saint-Christophe. Jadis entre le Vieux Marché aux Grains
et la rue des Teinturiers. PMB, vol. 1, Bruxelles Pentagone, t. C, p. 284-285 et 396.
123
Pierre Weemaels, époux de Marie Anne Landuyt, décédé à Tourneppe le 1er octobre
1790 à l’âge de 62 ans.

355
4 Aprilis 1759 baptizatus est sub conditione Fransciscus (a) Stoffels inventitius.
Suscepit Maria Magdalena Catelijn124.
(a) Sic.

C. Lambert Knapper
N° 1
Lambert Knapper trouvé le 12 mai 1786.
ACPAS, Fonds « Enfants Trouvés et Abandonnés ». Registres des Procès verbaux,
Série a, reg. n° 7, PV n° 196, p. 174 v° ; Série b, reg. n° 11, PV n° 196, p. 189 v°.

Lambertus Knapper oudt 1 dag 12 Mey (a) 1786 is gevonden saevoents (b) ten 9 ½
in het Ververs Hoeck aen de herberghe genaemt (c) Den Haen125 ; hadde aen een bruijn
cattoene meijskens (d) muts, een bogijn met een cantien, een hemde, een wit wulle
slaeplijff, een witte vodde, eenen grauwen voorschoet (e). Is op den 13 ditto (f) te Sint
Guericx (g) kersten gedaen. Woont bij Peeter Auwaert tot Dworp op Solla (1).
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Hendrick Potroens (h) van den 6 september [1787] (i).
(1) Woont bij Peeter Auwaert tot Dworp op Solla barré et remplacé par Hendrick
Potroens van den 6 september.
Variantes dans Série b, n° 11 : (a) May ; (b) tsavonts ; (c) genoemt ; (d) mijskens ;
(e) voorschoot ; (f) d° ; (g) Guerix ; (h) Peetroons ; (i) la date « 1787 » figure uniquement
dans Série b, n° 11.
Lambert Knapper, âgé d’un jour, trouvé le 12 mai 1786, à 9 heures et demie du soir,
au Coin des Teinturiers, devant l’auberge appelée « Den Haen ». Il était vêtu d’un bonnet de

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petite fille en coton brun, d’un béguin avec une petite dentelle, d’une chemise, d’une
chemise de nuit en laine blanche, d’un morceau de tissu blanc et d’une bavette grise.
Baptisé le 13 courant en l’église Saint-Géry. Placé chez Pierre Hauwaert à Solheide sous
Tourneppe puis chez Henri Petroons le 6 septembre 1787.
N° 2
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Bruxelles, Saint-Géry, 13 mai 1786.


Acte de baptême de Lambert Knapper.
Sub conditione Lambertus Knapper exposititius inventus heri in het Ververshoek aen
de herberg Den Haen. Attulit et suscepit Christina Booms. Signum + C.Booms. M.B.
Arnaerts presbyter.

D. Thérèse Danens
N° 1
Thérèse Danens trouvée le 22 septembre 1786.
ACPAS, Fonds « Enfants Trouvés et Abandonnés ». Registres des Procès verbaux,
Série a, reg. n° 7, PV n° 371, p. 195 v° ; Série b, reg. n° 11, PV n° 371, p. 212 v°.
Theresia Danens oudt 1 dag 22 september 1786 gevonden smorgens ten 5 uren aen
den Meyboom (a) aen de poorte van den Heer Baron Willebroeck (b). Hadde aen een zeijde
muts, een bogijn met een cantien, een hemde, drij witte voddenen, een stuck van een witte
sargie. Is op den selve ditto (c) te Finis Terrae kersten gedaen (d). Woont bij Peeter Janssens
tot Dworp op de Groete Heyde (e).
Variantes dans Série b, n° 11 : (a) Mayboom ; (b) van Willebroeck ; (c) op den
selven d° ; (d) gedaan ; (e) Groote Yde.

124
La même Marie Madeleine Catelijn (Cattalan) a fait baptiser Marguerite De Meert à
Saint-Géry en 1768, voir ci-dessus note 17.
125
Voir note 119.

356
Thérèse Danens, âgée d’un jour, trouvée le 22 septembre 1786 à cinq heures du
matin au Meyboom, sur le seuil de Monsieur le Baron de Willebroeck. Vêtue d’un bonnet
de soie, d’un béguin avec une petite dentelle, d’une chemise, de trois morceaux de tissu
blanc, d’une pièce de serge blanche. Baptisée le jour même en l’église du Finistère. Placée
chez Pierre Janssens, à Grootheide sous Dworp.
N° 2
Bruxelles, Notre-Dame du Finistère, 22 septembre 1786.
Acte de baptême de Thérèse Danens.
Teresia Danens, filia juventilia inventa est via vulgo de Broeckstraete et baptizata
est 22 septembris 1786. Suscepit Christina Boons (a) quae scribere non potest. Quod
attestor B. Janssens vicepastor.
(a) Sic. La marraine est Christine Booms.

E. Dorothée Spogel
N° 1
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Dorothée Spogel trouvée le 26 octobre 1793.
ACPAS, Fonds « Enfants Trouvés et Abandonnés ». Registres des Procès verbaux,
Série b, reg. n° 13, PV n° 620, p. 53 v° ; Série d, reg. n° 16, PV n° 620.
Dorothea Spogel oud 3 dagen 26 october 1793 is gevonden savonds ten 7 ½ uren op
de lange trappen van Sinte Gudula, aenhebbende een witte cattoene jongers muts, een
mutsken met een cantie, een hemde, een wit baije126 slaeplijf, twee cattoene lappen, eenen
rooden wullen lap. Is op 27 dito te Sinte Gudula kersten gedaen. Woont bij Simon Duho tot
Rode. Wautier Braine.

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Dorothée Spogel, âgée de trois jours, trouvée le 26 octobre 1793, à 7 heures et demie
du soir, sur le grand escalier de l’église Sainte-Gudule, vêtue d’un bonnet de garçon en
coton blanc, d’un bonnet avec une petite dentelle, d’une chemise, d’une robe de nuit en
serge blanche, de deux pièces de tissu en coton et d’une pièce de tissu en laine de couleur
rouge. Baptisée le 27 courant en l’église Sainte-Gudule. Placée chez Simon Duhoux à
Rhode-Saint-Genèse. Wauthier-Braine127.
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N° 2
Bruxelles, Saints-Michel-et-Gudule, 27 octobre 1793.
Acte de baptême de Dorothée Spogel.
Dorothea Spogel filia exposita heri in gradibus hujus ecclesiae. Suscepit Anna Maria
Machils. Quod attestor P. Stoefs, canonicus et vice plebanus Bruxellis.

F. Julie Gneman
N° 1
Julie Gneman trouvée le 27 janvier 1831.
ACPAS, ETA, série a, reg. 33, p. 234, A° 1831, PV n° 40.

126
« Baije » : Beige. Il s’agit ici du substantif féminin qui désigne une serge ayant conservé
la couleur naturelle de la laine. Voir Calewaert’s Groot Woordenboek ; Le Grand Robert de
la Langue française, REY A. dir., vol. 1, Paris, 1966, p. 447 ; et Le Dictionnaire historique
de la Langue française, REY A., dir., vol. 1, Paris, 1992, p. 203.
127
Apparemment Simon Duhoux aurait séjourné un temps à Rhode-Saint-Genèse pour y
travailler comme ouvrier agricole, par exemple sur le domaine de Sept-Fontaines, décrit
dans ISTAZ D., EVERAERTS G.H., Itinéraire des fermes et de l’espace rural à Braine-
l’Alleud…, Coll. Hommes et Paysages, n°21, Bruxelles, 1992, p. 49-52. Voir aussi le
chapitre « Rousseau ». De même, quand Pierre Janssens loue ses services à l’Elderingen
hof, les Geldboeken le mentionnent, v. ci-dessus note 78.

357
Julie Gneman, née le vingt sept janvier 1800 trente un a été trouvée sous la même
date à huit [heures] et demie du matin dans le tour de l’hospice. Elle était vêtue de deux
bonnets, une chemise, une camisole de basin128, un mouchoir de mouseline (a) et un maillot
de laine ; et pour marque caractéristique, un billet contenant : 27 janvie (b), niet gedoept.
Baptisée à l’hospice le 27 janvier 1831. Du 1er février 1831 chez Lambert Deknop (c) à
Tourneppe.
(a) Sic, au lieu de « mousseline ». (b) Sic. (c) Sic. Lambert Deknop = Lambert
Knapper.
N° 2
Bruxelles, 27 janvier 1831.
Acte de naissance de Julie Gneman.
N° 335 Du vingt-septième jour du mois de janvier l’an mil huit cent trente-un, à
douze heures. Acte de naissance de Julie Gneman, trouvée le même jour à huit heures et
demie du matin dans le tour de l’hospice des Enfants trouvés ; nouvellement née elle était
couverte de deux bonnets, une chemise, une camisole de basin, un mouchoir de mouseline
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(a) et un maillot de laine, et avait pour marque caractéristique un billet contenant : 27
janvie, niet gedoept.
Sur la déclaration à Nous faite par Gabriel Baesen, directeur129. 1er témoin Jacques
Houtevelde, ouvrier âgé de soixante ans. 2e témoin Bartholomé Dewaer, ouvrier âgé de
quarante ans, tous deux demeurant en cette ville.
Constaté suivant la Loi par Nous Echevin, Officier de l’Etat civil, soussigné, duquel
acte il a été donné lecture. Les témoins ont déclaré ne savoir écrire.
Signatures du directeur de l’hospice et de l’échevin F. Demunck.

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(a) Sic.

G. Adolphine Elisabeth Muller


N° 1
Bruxelles, 5 février 1869.
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Acte de naissance d’Adolphine Elisabeth Muller.


N° 608 – Le cinq février mil huit cent soixante-neuf, à l’heure de midi, a été dressé,
après constatation, par Nous, Henri Vandermeeren, Officier de l’Etat Civil de la Ville de
Bruxelles, l’acte de naissance de Adolphine Elisabeth Muller, née le quatre de ce mois, à
midi, place de la Monnaie n° 5, 4e division, fille de Marie Elisabeth Muller, couturière, née
à Maestricht (Pays-Bas), y domiciliée, résidant même maison.
Sur la déclaration de la mère, âgée de trente-trois ans, et Elisabeth Michiels,
accoucheuse, âgée de trente-sept ans, domiciliée rue Pacheco n° 59, 4e division130.
En présence de Adolphe Jacqmin, employé, âgé de cinquante-deux ans, et de Henri
Fieremans, employé, âgé de trente-huit ans, domiciliés en cette ville. Duquel acte il leur a
été donné lecture.
Signatures de la mère, de l’accoucheuse, des témoins et de l’officier de l’état civil.

128
Etoffe croisée dont la chaîne est de fil et la trame de coton, Le Grand Robert de la
Langue française, REY A. dir., vol. 1, Paris, 1966, p. 422.
129
Gabriel Baesen, propriétaire, est dans le recensement de 1812, MASSIN A., Bruxelles.
Qui est qui…, p. 20. Il est directeur de l’hospice depuis au moins 1818.
130
L’année précédente, Elisabeth Michiels avait été nommée « accoucheuse des indigents à
domicile » par le Conseil des hospices, nomination approuvée par le Conseil communal,
voir Bulletin communal, 1868, II, p. 273, à la date du 26 octobre. Elle habitait en face de
l’hôpital Saint-Jean, situé rue Pacheco, n°52 à 58, cf. AC, 1868, Rues, p. 86.

358
N° 2
1er mars 1870.
Procès-verbal d’admission d’Adolphine Elisabeth Muller à l’hospice.
ACPAS, ETA, Registres aux procès-verbaux des enfants abandonnés, Série a, reg.
n° 99, p. 54.
N° 17. Adolphine Elisabeth Muller, née à Bruxelles le 4 février 1869, fille reconnue
de Marie Elisabeth Muller. Cette enfant a été admise à l’hospice le 1 mars 1870, en vertu
d’un procès- verbal d’abandon dressé par le sieur Minet adjoint au commissaire de police de
la 4e Division et dûment homologué par le Bourgmestre.
Baptisé (a) à l’église de Finisterra (b).
(a) et (b) Sic.

Annexe II.
Montant des pensions allouées aux nourriciers pour l’entretien
des enfants trouvés et abandonnés, 1793-1861
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Tranches d’âge 1793-1794 1795-1805 1809-1861

De 1 jour à un an 30 florins l’an 54 francs l’an 104 francs l’an


De 1 à 2 ans 24 [46] 76
De 2 à 7 ans 24 46 56
De 7 à 12 ans 24 36 46

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Sources : Archives CPAS.
1793-1805, ETA, Geldboeken ou comptes individuels des enfants : reg. n° 371, f° 103
(Knapper et autres) ; reg. n° 247, f° 531; reg. n° 260, f° 55 ; reg. n° 372, f° 297 (Spogel).
1861, Administration générale, vol. 20, p. 717-719. Voir Annexe IV, n° 1.
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Commentaire
L’allocation décroît avec l’âge des enfants, en raison des services qu’ils peuvent
rendre et de l’argent qu’ils peuvent gagner par leur travail. Elle cesse lorsque les enfants
atteignent l’âge de douze ans, mais des suppléments et des prolongations sont accordés pour
ceux d’entre eux qui seraient infirmes, maladifs, ou qui pour des motifs quelconques ne
pourraient dédommager leurs nourriciers des frais qu’ils occasionnent.
Le montant des pensions était censé être en rapport avec le prix des denrées
alimentaires, mais on ignore la part que cette rétribution représentait dans le budget des
nourriciers.
D’autre part, à la fin de l’Ancien Régime, les nourriciers percevaient un montant
spécial de 14 sous pour l’instruction des enfants en âge scolaire. C’est le schoolgeld
mentionné dans les Geldboeken. Instruire les pupilles de l’Assistance publique était donc
resté un souci des autorités urbaines, malgré l’envoi des enfants à la campagne131.
Quant aux monnaies en usage, il fallait 20 sous pour faire un florin et le florin
équivalait à 1,81 franc comme on peut le voir ici et le vérifier notamment dans une série

131
Mme Bonenfant était par trop pessimiste quand elle écrivait en 1950 qu’on ne trouvait
plus mention d’apprentissage ni d’instruction dans les comptes des Enfants trouvés au
XVIIIe siècle, loc. cit., p. 20.

359
d’actes notariaux passés en Brabant wallon de 1784 à 1809132. Les sommes en francs de la
troisième colonne ont été arrondies.

Annexe III.
Trois familles de nourriciers et leurs pupilles à Tourneppe :
Hauwaert, Janssens, Petroons

Le tableau présente un modeste échantillonnage des enfants trouvés et des


liens qu’ils ont noués à l’intérieur du village133. La société rurale se révèle plus
ouverte qu’on ne pourrait le croire et se renouvelle par un apport important de sang
neuf. Les enfants de l’assistance publique sont reçus dans les vieilles familles
souches et, d’autre part, ils entretiennent entre eux des liens de camaraderie,
formant une sorte de fraternité. L’histoire de la petite fugueuse Marie Elisabeth
Vial, aliénée ou révoltée, révèle toutefois une autre réalité, plus cruelle.
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Nom, Domicile Nom et Lieu et Observations
prénom et prénom du date du
date de trouvé baptême
naissance du
nourricier
Pierre Solheide Lambert Saint-Géry Lambert est chez Pierre
Hauwaert Knapper 12.05.1786 Hauwaert de mai 1786 à

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1759 1786-1859 septembre 1787 puis chez
Henri Petroons.
Sébastien Marie Chapelle Fille légitime de François
Hauwaert134 Elisabeth 24.09.1782 Vial et de Catherine Van
1768 Vial Hamme, née à leur
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domicile, rue des Minimes.


Abandonnée par ses parents
en 1790, elle va d’un
nourricier à l’autre et elle
séjourne notamment chez
Sébastien Hauwaert, à
Tourneppe, du 15.10.1794
au 15.01.1795. Qualifiée
d’imbécile, elle est placée le
17 décembre 1796 à l’hospi-
ce, d’où elle s’échappe le
même jour135.

132
DELATTRE J.L., La vente en deux temps d’un bien national : la ferme du chapitre de
Sainte-Gertrude de Nivelles à Baulers, La Belgique rurale…, Bruxelles, 1985, p. 311-313.
133
Sauf indication contraire, les actes cités ci-dessous ont été passés à Tourneppe. Liste des
hameaux et lieux-dits dans THEYS C., Geschiedenis van Dworp, p. 30-84.
134
Frère du précédent.
135
AVB, Chapelle, Naissances, 24.09.1782. ACPAS, ETA, PV, série a, reg. 8, f°158,
n°265 ; Ibidem, ETA, Comptes individuels, reg. n°246, p. 219. François Vial,
« manœuvre », et son épouse Catherine Van Hamme se retrouvent dans le recensement de

360
Également abandonné, son
cousin germain Michel Vial
semble s’être, quant à lui,
résigné à son sort136.

Guillaume Grootheide, Louis Saint-Géry - 28.01.1818, Louis épouse


Janssens137 Destelheide Doller 21.03.1786 Françoise, fille de Pierre
(1741) (1795) 1786-1853 Janssens. Témoin, Guillau-
me Petroons.
- 21.01.1818, Louis est
témoin au mariage de F.X.
Papier138 avec Lucie
Demaerat. Les époux sont
deux trouvés.
Pierre Grootheide Thérèse Finistère - 01.04.1818, Thérèse épou-
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Janssens (1786, 1795) Danens 21.09.1786 se Gilles, fils de Pierre
(1755) 1786-1856 Janssens.
- 15.11.1818, Thérèse est
marraine de la fille aînée de
Guillaume, fils de Pierre
Janssens et demi frère de
Gilles.
Félix Chapelle L’enfant a été déposé au

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Verjaeght 05.10.1786 Marché au lin et il a été pris
en charge par la même
marraine que Knapper et
Danens, Christine
Booms139. Celle-ci apparaît
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encore dans d’autres


dossiers et joue
manifestement le rôle de
« personne de contact »
dans une « antenne socia-
le »140.

1812, éd. citée, p. 965 et 1035. Sur l’administration des aliénés par la Ville de Bruxelles,
voir BONENFANT P., L’ancienne maison des insensés, réimprimé dans Annales de la
Société belge d’histoire des hôpitaux, t. III, 1965, p. 183-194.
136
AVB, Chapelle, Naissances, 14.09.1783. L’enfant a été placé chez Demol, à Tourneppe,
il ne paraît pas soulever de problème et fréquente l’école du village : son nourricier perçoit
un schoolgeld, cf. Geldboeken, reg. 371, f°109.
137
Oncle de Pierre Janssens.
138
« Papier » dans son acte de mariage ; « Pépier » dans le procès-verbal d’admission à
l’hospice, ACPAS, ETA, série b, reg. n° 12, f°269, n°364.
139
[5 Octobri 1786], Felix Verjaeght filius exposititius inventus hodie op de Vlasse
Meerckt. Suscepit et attulit Christina Booms. + Signum matrinae. C. J. Grauwels vice
pastor.
140
Voir notes 14 et 15.

361
Dorothée Saint-Géry Trouvée devant le Poids de
Marcksaem 06.02.1794 la Ville141, la fillette portait
une marque exprimant le
souhait qu’elle soit baptisée
sous le nom de « Coletta
Brussel »142.
Guillaume Solheide Barbe St-Nicolas Barbe est placée chez
Petroons Tennelop 16.03.1784 Guillaume Petroons puis
(1746) 1784-1853 chez son frère Henri.
Henri Grootheide, Barbe Idem - 1793-1796, Barbe est chez
Petroons 1786. Tennelop Henri Petroons.
(1750) Essenbeek143, - Hal, 08.10.1805, Barbe
1805-1816 épouse Michel, fils de
Chrétien Devillé, décédé, et
d’Anne Catherine Petroons,
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journalière. Les époux sont
illettrés144. Témoin Henri
Petroons.
- Tourneppe, 19.02.1853,
décès de Barbe Tennelop.
- Tourneppe, 15.04.1853,
décès de Michel Devillé.
Lambert Saint-Géry - 16.01.1815, Lambert

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Knapper 12.05.1786 épouse Jeanne Debelder.
- 22.03.1815, naissance
d’Anne Marie Knapper, fille
de Lambert et de Jeanne
Debelder. Témoin Henri
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Petroons.
- Hal, 23.01.1816, décès
d’Henri Petroons.
Déclarant, Lambert
Knapper, « beau-fils » du
défunt.
- 01.02.1831, Lambert
Knapper prend en nourrice
Julie Gneman déposée au
tour de l’hôpital Saint-Pier-
re, à Bruxelles.
Jacques Chapelle - 10.09.1817, Jacques
Loubers 29.08.1792 Loubers, journalier, épouse
1792-1871 Anne Marie Denayer, fille

141
Rue des Pierres, La ville de Bruxelles…en 1767, section 17, n°10, p. 111 ; HENNE,
WAUTERS, Histoire de la Ville de Bruxelles, nouvelle édition…, Bruxelles, t. 3, 1975, p.
106-108.
142
ACPAS, ETA, PV, série b, reg. n°13, f°78 v°, n°210.
143
Sous Hal.
144
Comme Knapper, elle a fréquenté l’école du village, mais a beaucoup oublié…, cf.
ACPAS, ETA, Geldboeken, 1793, reg. 371, f°103.

362
de Petrus Denayer et de
Barbe Hauwaert (cousine de
Pierre). Jacques signe son
acte de mariage. Les époux
cultivent leur lopin et ont
plusieurs enfants.
- 16.06.1869, décès d’Anne
Marie Denayer.
- 29.07.1871, décès de
Jacques Loubers.
Pierre Francis Saint-Géry L’enfant avait été déposé la
Petroons145 Coudeveldt 08.11.1786 veille devant la boulangerie
(1753) Saint-Sébastien, un lieu
public par excellence,
chaussée (aujourd’hui rue)
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d’Anderlecht146.

Annexe IV.
Trois résolutions du Conseil général des Hospices et Secours

N° 1
Bruxelles, 11 octobre 1861.
Le Conseil général des hospices décide d’uniformiser et d’adapter au coût de la

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vie les pensions accordées aux nourriciers des enfants entretenus aux frais de
l’assistance publique.
ACPAS, Administration générale, vol. 20, p. 717-719.
Séance du 11 octobre 1861 (a)
Le Conseil,
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Considérant qu’actuellement le montant des pensions allouées aux nourriciers pour


l’entretien des différentes catégories d’enfants placés par les soins ou aux frais de
l’Administration est fixé ainsi qu’il suit, indépendamment des vêtements délivrés en nature :
1° Enfants trouvés et abandonnés :
De 1 jour à un an frs 104 l’an
De 1 à 2 ans…… ″ 76 l’an
De 2 à 7 ans……..″ 56 l’an
De 7 à 12 ans……″ 46 l’an
2° Enfants entretenus à charge de la Bienfaisance :
De 1 jour à un an frs 66 l’an
De 1 à 2 ans…… ″ 56 do
De 2 à 7 ans……..″ 46 do
De 7 à 12 ans……″ 36 do

145
Frère de Guillaume et d’Henri.
146
La boulangerie Saint-Sébastien se trouvait au n°304 de la chaussée d’Anderlecht, qui en
comptait une demi douzaine d’autres : La ville de Bruxelles. Ses habitants, leurs métiers et
leurs adresses en 1767, section 15, n°66, 101, 118-119, 199, 282, p. 97-104. Pour l’histoire
industrielle de la ville, on notera qu’une chocolaterie existait dans la même rue, même
section, au n°24, Ibidem, p. 96, et qu’un garçon fabricant de chocolat habitait section 11,
rue du Châssis, n°58, Ibidem, p. 67.

363
3° Orphelins :
D’un jour à 14 ans frs 80 l’an.
Considérant que ces distinctions dans les chiffres des pensions mettent obstacle au
placement, principalement des Enfants entretenus à charge de la Bienfaisance ; en effet le
cultivateur, l’artisan, etc, qui s’adresse à l’Administration pour qu’on lui confie un enfant à
élever, ne s’inquiète nullement si celui-ci est trouvé ou abandonné, entretenu à charge de la
Bienfaisance ou Orphelin, mais bien du montant de la pension qui lui sera payée.
Considérant que pour obvier aux nombreuses difficultés que l’Administration
éprouve journellement dans le placement des Enfants, il y a lieu de fixer à un taux uniforme
le montant des pensions à allouer à leurs nourriciers, comme aussi de déterminer un âge
uniforme auquel ces pensions viendront à cesser ;
Considérant au surplus que le chiffre des pensions, payées actuellement pour les
Enfants entretenus à charge de la Bienfaisance, a été fixé il y a plus d’un demi siècle (1809)
et qu’aujourd’hui il n’est plus en rapport avec le prix des denrées alimentaires ;
Entendu Mr Thiefry et sur sa proposition
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A résolu :
D’établir un taux uniforme dans les pensions des Enfants entretenus à charge de
l’Administration et de fixer la pension des Orphelins des deux sexes et des Enfants
entretenus à charge de la Bienfaisance aux mêmes sommes que celles arrêtées pour les
Enfants Trouvés et Abandonnés, savoir :
1° Cent quatre francs par an pour les enfants âgés de un jour à un an.
2° Soixante seize francs par an pour ceux âgés de un à deux ans
3° Cinquante six francs par an pour ceux âgés de deux à sept ans

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4° Quarante six francs par an pour ceux âgés de sept à douze ans.
La pension des Orphelins et des Enfants entretenus à charge de la Bienfaisance
viendra à cesser lorsque ces enfants auront atteint l’âge de douze ans, sauf à accorder des
prolongations de pension, pour ceux d’entr’eux qui seraient infirmes, maladifs, ou qui par
des motifs quelconques ne pourraient dédommager leurs nourriciers des frais qu’ils
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occasionnent ; le tout ainsi que cela se pratique pour les Enfants trouvés et abandonnés.
La mesure qui précède n’aura pas d’effet rétroactif ; elle ne sera appliquée qu’aux
enfants à admettre, à partir du 1er janvier 1862, au nombre des Orphelins ou à charge de la
Bienfaisance, ainsi qu’à ceux de ces enfants entretenus actuellement par l’administration,
mais qui seraient changés de nourriciers.
Expédition de la présente résolution sera annexée au Budget de la Bienfaisance pour
l’Exercice 1862.
Le Secrétaire Général, J.F. Vander Rest, [et les membres du Conseil, le comte] J.J.
Du Monceau, Henry Schuster, Louis Maskens, Charles Thiefry, François De Bonne, Jean
Müller, Josse Vandermeeren147.
(a) L’orthographe du texte est respectée.

N° 2
Bruxelles, 22 janvier 1867.
Le Conseil des hospices admet Jean Baptiste et Marie Louise Rousseau au
nombre des enfants entretenus à charge de la Bienfaisance.
Bienfaisance, vol. 40, p. 43.
Séance du 22 janvier 1867 (a)
Le Conseil,

147
Voir ci-dessous « Qui est qui dans le Conseil général des Hospices et Secours ».

364
Vu la lettre du Comité de Charité148 de la paroisse de Bon-Secours par laquelle il
sollicite l’admission à charge de la Bienfaisance de Jean Baptiste et Marie Louise Rousseau,
nés à Bruxelles, respectivement, les 5 novembre 1857 et 10 septembre 1859, issus de Pierre
et d’Anne Catherine Dedobbeleer ;
Vu le rapport de M. le Chef du bureau de la Bienfaisance en date du 16 de ce mois ;
Considérant que les enfants dont il s’agit ont droit aux secours publics à Bruxelles ;
Sur la proposition de M. Maskens ;
A Résolu :
D’admettre Jean Baptiste et Marie Louise Rousseau au nombre des Enfants
entretenus à charge de la Bienfaisance, aux conditions de la résolution du 11 octobre 1861,
n° 10.404.
Le Secrétaire Général, F.A. Bralion, [et les membres du Conseil, le comte] J.J. Du
Monceau, Charles Thiefry, Jean De Bruyn, Louis Maskens, Henry Schuster, Guillaume De
Longé.
(a) L’orthographe du texte est respectée.
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N° 3
6 avril 1877.
Le Conseil général décide que Jean Baptiste et Marie Louise Rousseau ne
seront plus comptés au nombre des enfants à charge de la Bienfaisance, mais des
orphelins placés en pension.
ACPAS, Administration générale, vol. 38, p. 313-314.
Séance du 6 avril 1877 (a)

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Le Conseil,
Vu ses résolutions des 7 janvier 1859, 5 juin 1863, 22 janvier 1867 et 3 août 1875
admettant à charge de la Bienfaisance :
1° François Parys, né à Bruxelles le 29 octobre 1858, fils reconnu de Marie Parys,
décédée149 ;
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2° Félicie Heylaers, née à Bruxelles le 1 juin 1862, fille de Jean Népomucène Benoit
et de Jeanne Serkeyn150, conjoints décédés ;
3° Jean Baptiste et Marie Louise Rousseau, nés à Bruxelles les 5 novembre 1857 et
10 septembre 1859, enfans de Pierre et d’Anne Catherine Dedobbeleer, conjoints décédés ;
4° Hortense Lesaege, née à Bruges, le 31 novembre 1862, fille de Liévin et
d’Amélie Coyman151, conjoints décédés.
Vu les lettres de M. le Directeur de l’hospice des enfans assistés, en date du 31 de ce
mois, demandant l’inscription des enfans prénommés au nombre des Orphelins placés en
pension ;
Vu les actes de naissance de ces enfans ainsi que ceux de décès de leurs parents ;
Sur la proposition de M. De Longé
A résolu :

148
Les Comités de Charité ont été remplacés aujourd’hui par des Antennes sociales.
149
Acte de naissance de François Parys, n°4531 du 30 octobre 1858. L’enfant est né à
l’hôpital Saint-Jean. Sa mère, dentellière, âgée de 22 ans, domiciliée chez ses parents
impasse des Abeilles, Son 3, n 3, est décédée à l’hôpital quelques jours plus tard : acte
n°4753 du 9 novembre. Impasse des Abeilles, rue des Potiers, 8 ; la rue des Potiers
commence rue d’Anderlecht, finit rue de la Verdure, cf. AC, 1859-1860, Rues, p. 1 et 99.
150
Acte de naissance n° 2443 du 2 juin 1862. Son père Jean Heylaers était menuisier.
151
Sic. Amélie « Capman », épouse de « Livin » Lesaege, journalier, dans son acte de décès
donné à Bruxelles, n°3806 du 23 juillet 1866.

365
1° De rapporter ses résolutions précitées des sept janvier 1859, cinq juin 1863, vingt
deux janvier 1867 et trois août 1873 admettant au nombre des enfants entretenus à charge
de la Bienfaisance les nommés François Parys, Félicie Heylaers, Jean Baptiste Rousseau,
Marie Louise Rousseau et Hortense Lesaege ;
2° d’admettre les cinq mineurs prénommés au nombre des orphelins placés en
pension.
Expédition de la présente.
Le Secrétaire [Général], F.A. Bralion, [et les membres du Conseil,] Louis Maskens,
Charles Thiefry, H. Doucet, Guillaume De Longé, Léon Jacobs, Emile Van Derton.
(a) L’orthographe du texte est respectée.

Qui est qui dans le Conseil général des Hospices et Secours

Sources
Almanachs du commerce…, Bruxelles, 1820-1969 ; Almanach royal de Belgique,
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Bruxelles, 1840-1939 ; Bulletins communaux, Bruxelles ; G. KURGAN-VAN
HENTENRYK et S. JAUMAIN dir., Dictionnaire des patrons en Belgique. Les hommes,
les entreprises, les réseaux, Bruxelles, 1996 ; G. de HEMPTINNE et O. COOMANS de
BRACHENE, Etat présent de la noblesse du royaume de Belgique, t. XIII, Bruxelles,
1966 ; J.L. DE PAEPE et Chr. RAINDORF-GERARD dir., Le Parlement belge 1831-1894,
Bruxelles, 1996 ; R. VAN MALDERGHEM, Le Refuge des Vieillards aux Ursulines à
Bruxelles 1805-1905, Bruxelles, 1909.

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Administrateurs
BRALION, F. A. Secrétaire général des Hospices et Secours depuis 1862. Rue du Marais,
75. AC, 1866, Habitants, p. 199.
DE BONNE, François, Julien (1789-1879). Avocat à la cour d’appel de Bruxelles. Petite
rue de l’Ecuyer, 19. AC, 1860-1861, Habitants, p. 34. Le Parlement belge, p. 104-105.
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DE BRUYN, Jean. Propriétaire, docteur en droit. Rue des Arts, 54. AC, 1868, Habitants, p.
230.
DE LONGE, Guillaume. Président de la Cour de Cassation. Président du Conseil général
des Hospices et Secours. Rue d’Arlon, 71. AC, 1878, Habitants, p. 323. Le refuge des
Vieillards aux Ursulines, p. 117-118.
DOUCET, H. Rentier. Rue de la Loi, 152. AC, 1875, Habitants, p. 332. Administrateur des
Hospices pour un nouveau terme de cinq ans, Bulletin communal, 1877, I, p. 197.
DU MONCEAU, voir MONCEAU (comte Du).
JACOBS, Léon. Administrateur du Mont-de-Piété, Bulletin communal, 1868, II, p. 273. Rue
du Marais, 57. Nouvelle Banque de l’Union. AC, 1878, Habitants, p. 400. La Nouvelle
Banque de l’Union de Bruxelles S.A. (1873) a succédé à la Banque de l’Union constituée à
l’initiative des dirigeants du Congrès de Malines de 1863, Dictionnaire des patrons, p. 19 et
361.
MASKENS, Louis. Avocat à la Cour d’appel de Bruxelles. Boulevard de Waterloo, 15. AC,
1860-1861, Habitants, p. 109. Administrateur du Mont-de-Piété, Bulletin communal, 1868,
II, p. 273. Administrateur des Hospices pour un nouveau terme de cinq ans, Ibidem, 1877, I,
p. 197.
MONCEAU (comte Du), Jean, Jacques, Jean Baptiste. Rue Royale, 1. AC, 1860-1861,
Habitants, p. 63. Almanach royal, 1861, p. 40. Etat présent de la noblesse, p. 44.
MULLER, Jean. Notaire. Place des Martyrs, 22. AC, 1860-1861, Habitants, p. 117.
SCHUSTER, Henri. Propriétaire. Rue Marnix, 12. AC, 1868, Habitants, p. 366.
Administrateur des Hospices pour un nouveau terme de cinq ans, Bulletin communal, 1868,
I, p. 69.

366
THIEFRY, Charles, Joseph (1796-1878). Avocat. Rue Brederode, 35. AC, 1868, Habitants,
p. 380. Le Parlement belge, p. 533-534.
VAN DER MEEREN, Josse, Jacques, Joseph. Rentier. Rue de l’Etuve, 58. AC, 1860-1861,
Habitants, p. 161. Administrateur des Hospices pour un nouveau terme de cinq ans, Bulletin
communal, 1868, I, p. 69. Administrateur du Refuge des Ursulines, Le refuge des Vieillards
aux Ursulines, p. 245.
VANDER REST, Jean-François. Administrateur (1825-1862). Secrétaire général des
Hospices et Secours dès l’année 1855. Rue du Marais 75. AC, 1860-1861, Habitants, p.
162. Il a publié en 1860 un Aperçu historique sur les établissements de bienfaisance de la
Ville de Bruxelles. Biographie nationale, XIX, 163 (Henry Heymans). P. BONENFANT,
L’ancienne maison des insensés, loc.cit., 1965, p. 188.
VAN DERTON, Emile. Rentier. Rue de la Loi, 70. AC, 1878, Habitants, p. 535.

Annexe V.
Tribulations de Jean Baptiste Rousseau
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Tableau n° 1
1867-1877. Parcours de Jean Baptiste d’après les comptes des enfants à charge
de la Bienfaisance.
05.11.1857 : Naissance de Jean Baptiste.
28.07.1866 : Jean Baptiste perd sa mère. Son père sollicite l’aide de l’assistance
publique.
23.01.1867 : Jean Baptiste est admis à charge de la Bienfaisance. Il a 9 ans. Il est

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placé chez plusieurs nourriciers successifs.
28.11.1868 : Décès de Pierre Rousseau, père de Jean Baptiste.
05.11.1876 : Jean Baptiste a 19 ans accomplis. Il est tenu de s’inscrire à la commune
de Bruxelles pour remplir ses obligations de milice152. En regard de Biernaux à Jumet, la
fiche de la Bienfaisance fait état d’une « Lettre de M. Lenaerts Ct en chef du 39e 1876
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Milice ». Elle mentionne aussi des « Frais de milice », 6 francs à charge de la Bienfaisance,
payés le 24.03.1877.
06.04.1877 : Jean Baptiste cesse d’être à charge de la Bienfaisance.

ETA, Reg. 487, Bienfaisance 3, n° 84. Observations


Date du Nom Domicile Rentré le Une pension de 46 francs est allouée
placement au nourricier pour un enfant âgé de 7
à 12 ans entretenu à charge de la
Bienfaisance153.

152
Tout Belge, habitant la Belgique ou à l’étranger, est tenu, dans l’année où il a 19 ans
accomplis, de se faire inscrire à l’effet de concourir au tirage au sort pour la levée du
contingent de l’année suivante (…) L’inscription se fait dans la commune de la résidence
réelle du père de l’inscrit ; de la mère à défaut du père ; du tuteur à défaut de la mère ; de
l’inscrit lui-même si le père, la mère et le tuteur sont décédés… ». Extrait des
Recommandations essentielles concernant le service militaire inscrites dans un Carnet de
mariage délivré à Bruxelles en 1894 (archives privées).
153
Depuis 1862, une pension de 46 francs est allouée aux nourriciers pour les enfants âgés
de sept à douze ans entretenus à charge de la Bienfaisance. À douze ans, elle vient à cesser,
mais des prolongations de pension sont possibles pour les enfants qui seraient infirmes,
maladifs, ou qui par des motifs quelconques ne pourraient dédommager leurs nourriciers

367
04.02.1867 Egide Linkebeek 28.04.1869 Egide Wets perd sa 1ère épouse le 27
Wets février 1869, se remarie le 27 avril
suivant et se sépare aussitôt de Jean
Baptiste
30.04.1869 Josse Lennick 11.02.1870 La pension de Jean Baptiste est venue
Duik Saint-Quentin à cesser le 05.11.1869, lorsqu’il a
atteint l’âge de 12 ans.
26.02.1870 J.B. Bruxelles Rentré Jean Baptiste apprend le métier de
Gooskens rue Saint-Géry, malade le vitrier.
30 05.02.1872
08.02.1872 Idem Idem J.B. Gooskens officie rue Saint-Géry
au moins jusqu’en 1878154
04.11.1876 Biernaux Jumet, hameau Gohysseaux ou Gohyssart (6e
négociant de Gohysseaux section). Le nourricier serait Nicolas
Louis Biernaux, maître de brasserie.
Voir ci-dessous.
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Notes sur les nourriciers

E. Wets, ouvrier de fabrique, né à Linkebeek en 1823, marié, père de famille.


Inscription de Jean Baptiste dans la commune le 25.03.1867 ; déclaration de sortie
le 20.05.1869 ; radiation le 30 courant ; résidence subséquente : Lennick Saint-
Quentin, cf. AE Louvain, Registre de population de Linkebeek, 1870-1880, f°53.
Josse Duyck (au lieu de Duik), cultivateur, né à Lennick Saint-Quentin en 1836.

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En 1856, il travaille à la ferme de ses parents, vol. 1, section B, n°28, cf. AE
Louvain, Registre de population de 1856, f°239. Notre homme se marie dans son
village le 01.05.1867 et devrait figurer dans le registre de 1860-1890 au f° 254,
d’après l’index, malheureusement les folios 200 et suivants sont perdus.
J.B. Gooskens, né à Malines en 1815, marié, père de famille. Il est électeur. AVB,
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Registres de population, 1866, vol. M, f°229 et vol. Q, f°282 ; 1876, vol. P, f°197.
AC, 1878, Habitants, p.379.
Nicolas Louis Biernaux, maître de brasserie, né à Jumet en 1836, marié, père de
famille. AE Mons, Registres de population de Jumet, 1857-1866, vol. 4, f°121 ;
1866-1880, vol. 20, f°45.

des frais qu’ils occasionnent… Résolution du Conseil général des Hospices en date du
11.10.1861. Voir Annexe IV, n°1.
154
AC 1878, Habitants, p. 379 ; Ibidem, Rues, p. 106.

368
Tableau n° 2
1876-1878. Parcours de Jean Baptiste d’après les Registres des
orphelins placés en pension.

06.04.1877 : Jean Baptiste passe du statut d’enfant assisté à celui d’orphelin


placé en pension.
Il a appris le métier de vitrier et il en tire des moyens d’existence. On peut
supposer que les Hospices ont envoyé le jeune homme chez Biernaux et chez Mast
pour qu’il exerce ses talents à l’entretien de verrières dans les ateliers ou les
entrepôts d’un maître brasseur et d’un liquoriste.

ETA, Reg. 507, f° 563. Registres des Observations


Orphelins placés, Orphelins n° 2, 1867-
1880
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Date du Nom Domicile Bruxelles
placement
04.11.1876 Biernaux, Jumet, hameau Le Commissaire de police de la 3e Division
Négociant de Gohysseaux s’appuie sur les registres de la population de
1876 pour certifier que Jean Baptiste a demeuré
de manière continue rue des Six-Jetons, n°33
puis place Fontainas, n°11 (certificat d’habitation
daté du 10.04.1878)155.
20.12.1877 Jacques Mast, Bruxelles J. Mast, Liquoriste, dans l’Almanach du com-

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camionneur. Place merce et de l’industrie, 1878, Habitants, p. 58.
Maison de Fontainas, 11
liqueurs
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155
Pièce déposée à l’appui du mariage de Jean Baptiste avec Marie Thérèse Dermonde,
Bruxelles, n°458 du 06.05.1878.

369
Tableau n° 3
1870-1878. Jean Baptiste dans les Registres de population de la Ville de
Bruxelles.

Les registres de population permettent de suivre littéralement Jean Baptiste


à la trace. Le tableau ci-dessous présente ici un résumé de son parcours. Le jeune
homme a son domicile légal à l’Hospice des Enfants trouvés, rue du Marais, n°
67156. Il travaille comme vitrier et encadreur d’abord avec J.B. Gooskens, rue
Saint-Géry157, puis avec G. Hainaut, rue Camusel. Il a vraisemblablement été
envoyé par les Hospices chez Biernaux et chez Mast pour y exercer son métier,
mais il ne semble pas s’être attardé à Jumet, pour autant qu’il y soit allé. Il avait de
puissants motifs pour ne pas s’écarter de Bruxelles.
06.05.1878 : Mariage de Jean Baptiste avec Marie Thérèse Dermonde. Les
époux ont déclaré vouloir reconnaître et légitimer leur enfant Denis Dermonde, né
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à Bruxelles le 10.06.1875.

Inscriptions
Domicile Entrée Sortie Registres et Observations
Rue Saint- 30.07.1870 21.08.1874 1866, vol. M, f°229, sous la rubrique Habitants
Géry, 30 successifs. Le vol. O, f°540 précise que Jean Baptiste est
revenu de Lennick Saint-Quentin le 30.07.1870 et qu’il a
été inscrit à cette date rue du Marais, n°67, à l’Hospice

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des Enfants trouvés.
Entre 1870 et 1875, Jean Baptiste a habité rue Saint-
Géry, mais il est aussi passé par la rue des Sœurs Noires
et par Molenbeek, où résidaient certains de ses frères et
soeurs, cf. les inscriptions portées dans les registres de
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1866, vol. O, f°540 et vol. R, f°107.


Rue Camusel, 21.08.1874 29.09.1874 1866, vol. O, f°174, sous la rubrique Habitants
46 successifs.
Jean Baptiste loge chez G. Hainaut, peintre et vitrier
(AC, 1875, Rues, p. 39). C’est à cette époque qu’il fait la
connaissance de Marie Thérèse Dermonde, qui vit chez
ses parents rue de la Senne.
Impasse de la 29.09.1874 13.05.1875 1866, vol. N, f°126, sous la rubrique Habitants
Tête de Porc, successifs.
1
Rue des Six 13.05.1875 06.03.1877 1866, vol. P, f°220, sous la rubrique Habitants
Jetons, 33 (radié) successifs ; 1866, vol. R, f°107 ; 1876, vol. P, f°888,
n°25.
En avril 1878, le Commissaire de police de la 3e Divi-
sion s’appuie sur les registres de la population pour
certifier que depuis le recensement de 1876 Jean
Baptiste a demeuré de manière continue rue des Six-
Jetons, n°33 puis place Fontainas, n°11 (certificat
d’habitation daté du 10.04.1878).
Place 12.01.1878 1876, vol. P, f° 888, sous le n°25.

156
AC, 1866, Rues, p. 72.
157
J.B. Gooskens garde son commerce rue Saint-Géry au moins jusqu’en 1878, cf. AC,
Habitants, p. 379. Il ne figure plus dans l’Almanach en 1885.

370
Fontainas, 11 Le même registre précise : « Domicile légal à l’hospi-
ce ».
Rue de la 14.05.1878 1876, vol. P, f°779.
Senne, 90 Jean Baptiste va habiter chez Marie-Thérèse Dermonde
et sa mère, veuve158, garde couches de son petit-fils
Denis.

Table des rues citées dans les tableaux ci-dessus (source : AVB, Almanach
du commerce et de l’industrie, 1875) :
Camusel (rue), section 3 ; commence rue d’Anderlecht, 117, finit rue de la Senne,
16.
Marais (rue du), Sons 5 et 6 ; commence Montagne aux Herbes Potagères, 62-73 ;
finit boulevard Botanique, 34-39.
Pierres (rue des), Son 3 ; commence place Saint-Géry, 22, finit rue Marché-au-
Charbon, 1.
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Saint-Géry (rue), Son 3 ; commence place Saint-Géry, 1 ; finit rue Middeleer.
Senne (rue de la), Son 3 ; commence rue N.-D. du Sommeil, 57 ; finit boulevard de
l’Abattoir, 48.
Six-Jetons (rue des), Son 3 ; commence rue des Sœurs-Noires, 23 ; finit rue des
Fabriques, 2.
Tête de Porc (impasse de la), Son 3 : rue des Pierres, 9-11.
Sœurs-Noires (rue des), Son 3, commence rue Grande-Ile, 15 ; finit rue

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d’Anderlecht.

Annexe VI.
Milice nationale
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Sources : Annexes aux mariages et Livret militaire de Sébastien Van Malder.

Nom et prénom Nom de Levée à laquelle Niveau Observations


du milicien l’épouse le milicien culturel
appartient du milicien
Henri Borremans Dorothée Lembeek, 1817 Illettré Henri tire au sort le n°32
Spogel et n’est pas obligé au
service. Signalement :
taille 1 aune 7 palmes 4
pouces (environ 1,75 m),
visage ovale, front ridé,
yeux bruns, nez gros,
bouche moyenne, menton
rond, cheveux et sourcils
bruns, pas de marques
distinctives.
Gilles Janssens Thérèse Danens [1816] Illettré L’acte de mariage est

158
Henri Louis Dermonde, père de Marie Thérèse, cocher de son état, est décédé le 29 mai
1877 à son domicile rue de la Senne, n°90. Acte n°2450 du 30.05.1877. La famille habite
au-dessus du cabaret de Van Dionant, qui portait précédemment le n°64, cf. AC, 1875,
Rues, p. 111.

371
silencieux sur les obliga-
tions de milice de Gilles.
Pas de certificat de milice
conservé dans les an-
nexes aux mariages.
Lambert Jeanne Debelder [1806] Illettré L’acte de mariage est
Knapper silencieux sur les
obligations de milice de
Lambert. Pas de certificat
de milice conservé dans
les annexes aux mariages.
Simon Knapper Marie Janssens Tourneppe, Illettré Simon tire au sort le n°34
1837 et est exempté du service
pour un an pour petite
taille. Par la suite, il n’a
plus été convoqué par le
Conseil de milice.
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Egide Knapper Marie Louise Tourneppe, Il sait lire Le tirage au sort lui ayant
(Deknopper) Rousseau 1871 et écrire attribué le n°50, Egide a
été exempté définitive-
ment du service (art. 26.2
de la loi sur la milice).
Pas de signalement.
Pierre Rousseau Anne Catherine Bruxelles, 1816 Il sait lire Pierre a tiré au sort le
Dedobeleer et écrire159 n°50 et a été exempté du
service au titre de fils

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unique (uit hoofde van
eenigen zoon). Signale-
ment : taille 1 m 75,
visage ovale, front rond,
yeux bleus, nez large,
menton rond, cheveux et
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sourcils blonds, pas de


signes distinctifs.
Jean Baptiste Marie Thérèse Bruxelles, 1877 Il sait lire Le tirage au sort lui ayant
Rousseau Dermonde et écrire attribué le n°1053, Jean
Baptiste a été exempté
définitivement du service
(art. 26.2 de la loi sur la
milice). Pas de signale-
ment.
Jacques Tastenoe Marie Leeuw Saint- Il signe son Jacques a tiré au sort le
Borremans Pierre 1845 nom160 n°36 et a été exempté du

159
Pierre Rousseau s’est abstenu de signer plusieurs actes de l’état civil dans lesquels il
intervient, mais dans d’autres il a écrit son nom d’une écriture fluide, notamment dans son
acte de mariage avec Anne Catherine, en 1842. La formule classique Na voorlezing dezer
hebben de komparanten verklaerd niet te kunnen schrijven noch teekenen zijnde
ongeleerde est parfois écrite sans discernement, comme on le voit dans l’acte de décès
d’Anne Marie Denayer, épouse de Jacques Loubers (Tourneppe, n°87 du 16.06.1869). Dans
ce cas précis, le premier témoin était un officier communal (un garde champêtre) et le
second un employé aux écritures ou un fonctionnaire (schrijver). Ils ont exigé que la
formule incriminée soit barrée et la correction actée en marge.
160
Hal, 17.12.1885, Archives de l’Etat à Louvain, Notaire F.J. Claes, Répertoire, n°12753.

372
service définitivement
pour infirmité.
Sébastien Van Dorothée Rhode- Saint- Il sait lire Sébastien a tiré au sort le
Malder Tastenoe Genèse, 1875 et écrire n°5 et il a été exempté du
service en 1875, 1876 et
1877 (art. 27. 4° de la loi
sur la milice). Appelé en
1878, il sert jusqu’en
1882 au Régiment des
Carabiniers, 4e Bataillon,
3e Compagnie161. En mai
1882, il est placé en
congé illimité, mais pas
définitif. Signalement :
taille 1,66 m, visage
ovale, front haut, yeux
gris, nez ordinaire,
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bouche petite, menton
rond, cheveux et sourcils
blonds. Pas de signes
particuliers.
Jean Baptiste Anna Tourneppe, Il sait lire Le tirage au sort lui ayant
Van Malder Deknopper 1908 et écrire attribué un bon numéro,
Jean Baptiste a été exem-
pté définitivement du
service.

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Annexe VII.
Le combat de la Ligue de l’Enseignement contre l’illettrisme162

Discours prononcé le 29 juin 1883 par Léon Vanderkindere devant une


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assemblée générale de la Ligue de l’Enseignement réunie dans la salle


académique de l’Université libre de Bruxelles.

Cité dans R. ROBBRECHT, 1878-1884, les libéraux appliquent les idées


pédagogiques de la Ligue, dans Eduquer, n° 76, Octobre 2010, p. 42.
(…) L’enquête récente sur le degré d’instruction des miliciens a établi d’une
façon aussi navrante qu’irréfutable que l’enfant sort de l’école primaire sans y
avoir acquis aucune de ces connaissances qui seules ont une valeur pratique,
efficace dans la bataille de la vie.
Il est à espérer que les réformes édictées en 1879 élèveront l’éducation des
enfants du peuple et que nous n’aurons plus à faire cette triste constatation que des
jeunes gens de 20 ans, après avoir passé 4 ans à l’école, sont souvent incapables de
répondre à des questions élémentaires (…) : parmi les illettrés absolus, les trois

161
Sébastien a été caserné successivement à Malines, Nivelles, Bruxelles et Beverlo.
162
La question du bagage pour la vie que tous les enfants devraient maîtriser reste brûlante.
En France, Benoît Hamon, alors ministre de l’éducation, a reçu un rapport accablant du
Conseil supérieur des programmes : l’école laisse un jeune sur cinq quasi illettré après dix
années de scolarité obligatoire et plus de 8000 heures de cours (Le Monde, 13 mai 2014).

373
quarts (…) avaient fréquenté l’école, quelques-uns pendant plus de trois ans ; ils
n’y avaient même pas appris à signer leur nom.
(…) Notre tâche future est clairement devant nous. Maintenant que la loi
sur l’instruction obligatoire est annoncée, maintenant que l’immense majorité des
enfants de notre peuple va prendre place dans nos écoles, il est d’un impérieux
devoir …[de leur donner] une instruction à la fois saine et pratique (…) faisant
appel à leur intelligence plutôt qu’à leur mémoire.
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374
Annexe VIII.
Arbres d’ascendance

Arbre d’ascendance de Jean Baptiste Van Malder (1888-1966)

Pierre Marie Anne Pierre Pétronille Jean Anne Marie Jean Joseph Dorothée
VAN MALDER BOSMANS WINDERICKX VANDER Baptiste MIGNEAU BORREMANS SPOGEL
cultivateur journalière, domestique ELST TASTENOE DIT DUFLEAU cultivateur, Trouvée
ménagère cultivatrice, cordonnier servante, journalier cultivatrice
ménagère ménagère servante

° Bruxelles, ° Hal,
° Leeuw S. Leeuw S. °Huizingen, °Huizingen, ° Hal, 28.12.1794 03.02.1796 ° Brux.,
P., P., 25.01.1767 31.12.1772 10.01.1797 † Leeuw † après 26.10.1793
17.05.1766 ° 7.05.1785 † 27.8.1836 † † Leeuw S. S.P., 1879 † Hal,
† †6.10.1823 13.11.1834 P., 30.12.1869 20.1.1862
[Alsemberg], 02.01. 1859
après
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08.02.1837

x Leeuw S.P., 19.11.1806 x Huizingen, 18.04.1806 x Hal, 27.11.1822 x Lembeek, 10.02.1823

Jean François VAN MALDER Marie Anne WINDERICKX Jacques TASTENOE Marie Catherine
cultivateur ménagère, servante cordonnier BORREMANS
servante, ménagère,
° Leeuw St-Pierre, ° Huizingen, 26.08.1813 ° Leeuw St-Pierre, cabaretière
02.11.1806 † Rhode-St-Genèse, 31.03.1826

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† Rhode-St-Genèse, 08.04.1878 † Tourneppe, 10.07.1894 ° Lembeek, 20.02.1824
30.03.1872 † Tourneppe, 16.01.1901

x Huizingen, 08.02.1837 x Hal, 05.05.1852


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Sébastien VAN MALDER Marie Dorothée TASTENOE


maçon, ouvrier cabaretière, ménagère, ouvrière d’usine
° Rhode-Saint-Genèse, 13.01.1855 ° Huizingen, 29.06.1853
† Dworp, 10.02.1899 † Buizingen, 30.11.1949

x Dworp, 16.07.1883

Jean Baptiste VAN MALDER


maçon, boucher, ouvrier ° Tourneppe, 07.07.1888 - † Buizingen, 16.10.1966
x Anna DEKNOPPER, à Tourneppe le 10.02.1912
ouvrière, ménagère ° Tourneppe, 15.06.1887 - † Hal, 04.07.1979

375
Arbre d’ascendance d’Anna Deknopper (1887-1979)

Lambert Jeanne Gilles Thérèse François Marie Jean Catherine


KNAPPER DE BELDER JANSSENS DANENS ROUSSEAU Josèphe Baptiste W AUTERS
Trouvé. cultivatrice Scieur de Trouvée. épinglier Fr.ançoise DEDOBBELEE ménagère,
cultivateur long, cultivatrice, DUPONT R journalière
cultivateur ouvrière ouvrière maréchal
ferrant
° Bruxelles, °Tourneppe, °Tourneppe, ° Bruxelles, °Bruxelles, °Bruxelles, ° Dilbeek, ° Vlezenbeek,
13.05.1786 27.10.1792 24.10.1796 22.09.1786 12.03.1747 29.01.1764 21.08.1770 03.03.1783
† Tourneppe, † 04.06.1875 † 05.04.1866 † † † † † Anderlecht,
11.02.1859 Tourneppe, 26.11.1817 04.05.1825 Anderlecht, 26.10.1855
16.12.1856 11.09.1832

x Tourneppe, 16.01.1815 x Tourneppe, 01.04.1818 x Bruxelles, 07.10.1812 x Vlezenbeek, 11.01.1811

Simon KNAPPER Marie JANSSENS Pierre ROUSSEAU Anne Catherine


cultivateur cultivatrice ouvrier teinturier DEDOBBELEER
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° Hal, 07.05.1818 ° Tourneppe, 03.02.1821 ° Bruxelles, 15.03.1797 servante, ménagère
† Tourneppe, 15.10.1890 † Tourneppe, 17.08.1893 † Bruxelles, 28.11.1868 ° Anderlecht, 09.02.1819
† Bruxelles, 28.07.1866

x Tourneppe, 04.05.1850 x Bruxelles, 02.07.1842

Egide DEKNOPPER Marie Louise ROUSSEAU


cultivateur, fagotier, moissonneur d’août cultivatrice
° Tourneppe, 20.06.1851 ° Bruxelles, 12.09.1859

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† Hal, 14.07.1939 † Hal, 22.01.1951
x Tourneppe, 16.06.1882

Anna DEKNOPPER
° Tourneppe,
15.06.1887 - † Hal, 04.07.1979
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ouvrière, ménagère
x Jean Baptiste VAN MALDER, à Tourneppe, le 10.02.1912
maçon, boucher, ouvrier
° Tourneppe, 07.07.1888 - † Buizingen, 16.10.1966

376

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