La fldte au CONSERVATOIRE DE PARIS ao Régimbald flate Claude Webster pianoLa fldte au Conservatoire de Paris Fondé en 1795, le Conservatoire de Paris est Institution @'enseignement musical la plus importante en France, et son rayonnement est vite devenu international. Fidéle aux principes révolutionnaires, lenseignement y fut toujours gratuit et les instruments & vent y tiennent une place importante. Chaque année le Conservatoire tient ses concours, Les instrumentistes, au terme de leur scolarité, interprétent en public un morceau imposé pour la circonstance et se voient décerner en cas de réussite un second ou un premier prix. Le répertoire étant plus limité pour les vents que pour le piano ou les cordes, ces moreeaux étaient écrits par le professeur de la classe concernée. Les pidces servaient surtout & mettre en valeur la technique des candidats et r/avaient qu'un faible intérét musical en comparaison ‘aux grandes ceuvres pianistiques ou violonistiques. A la fin du XIX¢ siécle, Théodore Dubois, alors directeur, ut 'idée de commander le morceau & un nouveau compositeur chaque année. En collaboration avec Paul Taffanel, le professeur de flate de cette époque, qui révolutionna le jeu de notre instrument et fonda l'école moderne de flate francaise qui slimposa comme la meilleure au monde, Dubois imposa un style de morceaux reflétant certes la technique fabuleuse et Varticulation fulgurante de cette école, mais donnant la premiére place a l’élégance du phrasé, a la souplesse de la sonorité, et a la sensibilité des jeunes musiciens. C’en était fini des « voins turltutus et des effets de mauvais godt » (Taffanel. Cette tradition perdura jusqu’a nos jours et on lui dott un tras grand nombre de pices intéressantes. La période qui nous intéresse ici est celle des années 1940- 1960, plus précisément ds fa nomination en 1941 de Claude Delvincourt & la téte de la célébre institution. Compositeur et héros de la lere guerre, Delvincourt, nommé en pleine Occupation, apporta un air nouveau au Conservatoire et introduisit des réformes qui ouvrirent l'institution sur Vextérieur. Administrateur efficace, il est proche des élaves et crée "Orchestre des Cadets et son choeur qui éviteront la déportation en camps de travail en Allemagne & de nombreux étudiants. Il ouvre de nouvelles disciplines (par exemple la section d'études pédagogiques) et participe au renouveau de la musique ancienne en créant une classe de clavecin. Il organise des échanges avec les écoles d'autres pays et conte une classe & Olivier Messiaen, classe qui verra défiler les futures gloires du XX¢ sidcle: Boulez, Stockhausen, Xenakis. Quant aux morceaux de concours, Delvincourt poursuivi un double but : obliger les jeunes compositeurs & approfondir les possibilités des instruments et faire travailler aux étudiants tune musique contemporaine de qualité qui contribuerait par des exigences toujours plus grandes 8 faire progresser 'école de fldte francaise. « Soyez féroces, accumulez les difficultés » recommandait-il aux jeunes auteurs. Les pices de cette période présentent donc un ambitus étendu, une virtuosité exigeante tant pour la technique de doigts que de langue (double et triple coups de langue, fatterzunge), mais elles sont aussi des ceuvres musicales 4 part entire, de petits chefs- dceuvre devenus des classiques de la flte, ‘Avant de présenter ces pices en détal, on ne peut passer sous silence le travail de Gaston Crunelle qui fut nommé professeur de flite également en 1941. II collabora avec les compositeurs en éclaircissant certains points précis (comme les respirations nécessaires) et joua méme certains de ces morceaux en concert avec leur auteur au piano, Au long de ses 28 années de professorat, Gaston Crunelle put s'enorgueilir de 135 prix obtenus par ses élaves aux concours du Conservatoire. Eugéne Bozza, né 4 Nice en 1905 et mort a Valenciennes cen 1991, fit des études de violon, de direction dorchestre et de composition au Conservatoire de Paris. Il fut chef dorchestre a l'Opéra-Comique de 1939 4 1948, puis directeur du Conservatoire de Valenciennes. Bien quill ait lassé plusieurs opéras, des ballets, et de grandes ceuvres symphoniques et chorales, il est surtout connu aujourd'hui pour ses nombreuses piéces destinées aux instruments a vent. Citons pour la fldte un Concertino da camera, un quatuor Jour d’été @ la montagne, et plusieurs piéces avec piano ou en so\o. Son style démontre & un hhaut niveau les qualités qui caractérisent la musique francaise de cette époque : facilité mélodique, harmonie raffinge, élégance de la forme, connaissance parfaite des instruments, Premier morceau de concours de la période Delvincourt, Agrestide, dédié « & mon ami Gaston Crunelle », est d'une grande dificulté rompant radicalement avec les morceaux des années précédentes. Du latin agrestis, rustique, champétre, la piéce est en trois parties. Un modéré, dans le style d'une pastorale, od la flite tisse des arabesques mélancoliques et sans rigueur d'une luxuriance toute ravélienne (on pensera au solo de Daphnis et Chlog), culmine sur une importante cadence. Un andantino, souple et sans rigueur, sert dintermade. Les sextolets du piano,comme une plainte lointaine, lissent flotter la sonorité calme et pénétrante de Ia fldte. La troisi¢me partie, animé, est introduite au piano par un grand arpage descendant, tout droit sorti du Tzigane de Maurice Ravel. Le théme principal, un 5/8 marqué léger et gai, est quant a lui inspiré de la Sonatine « Jewe » pour fllte et piano que Jacques Ibert écrivit en 1923. Hommages cachés, clins des, ou urgence de la commande... Né en 1916, Pierre Sancan fit de brillantes études au Conservatoire de Paris, couronnées par cing premiers prix. Lauréat du Prix de Rome en 1943, il aise un peu sa carriére de compositeur de cété pour se consacrer & celle tout aussi brillante de pianiste concertiste. Pédagogue recherché, il fut nommé en 1956 professeur de piano au célébre Conservatoire. I trouva quand méme le temps d’écrire un ‘opéra, trois ballets, et un concerto pour piano. Sa Sonatine, composée pour le concours de 1946, est en trois parties enchainées. Un moderato dont la courbe musicale s'apparente 4 la Sonatine pour piano de Ravel. Un andante espressivo suivi d'une brillante cadence, concours oblige. Un final en si mineur, animé, mouvement perpétuel de triolets ot la flote utilise le latterzunge avec humour. L'ceuvre se termine en citant le théme du premier mouvement, comme le faisait Claude Debussy dans sa Sonate pour fldte, alto et harpe. Né également en 1916, Henri Dutilleux est devenu un des compositeurs importants de notre époque par son style personnel indépendant de toutes les écoles d'avant-garde. Comme Messizen, il travaille sur le temps musical, et a instar de Jolivet, il croit au caractare sacré et mystique de la musique. Grand orchestrateur et incomparable créateur datmosphares, on lui doit de grandes fresques orchestrales : ‘Métaboles, Timbres espace mouvement, deux Symphonies, des concertos pour violoncelle « Tout un monde lointain... », et pour violon « Larbre des songes », ainsi que de la musique vocale et des pices pour piano, dont une importante Sonate, Etant jeune, il écrivit quelques morceaux de concours pour le Conservatoire (pour flate, hautbois, basson et trombone), morceaux ayant un certain esprit de divertissement dont il s'est vite éloigné. Concours de 1943, la Sonatine utilise le méme découpage que celle de Sancan, mais elle est beaucoup plus dramatique et révéle déja le grand talent de son jeune auteur, en dépit diinfluences encore fortement perceptibles (Debussy, Ravel, Roussel). Un allegretto en 7/8 imprégné de mystére modal dont l'écriture pianistique et le langage harmonique rappellent méme Prokofiev. Un andante espressivo et sostenuto précéde un final animé débutant au piano par une menacante intro- duction, cédant la place un théme en fa majeur marqué gaiement et & Vallure presque enfantine. A la cadence et ses grands arpéges sur toute la tessiture de la fldte, s‘enchaine une coda oli accelerando et crescendo progressifs aménent l'oeu- vre & une conclusion impressionnante, tras efficace pour le concours. Raymond Gallois-Montbrun est né a Saigon, alors Indochine frangaise, en 1918. De retour en métropole il entre au Conservatoire de Paris, oi il étudie le violon, écriture et la composition, Brillant violoniste, il entreprend aprés la guerre tune carriére qui le méne partout en Europe, en Afrique et au Japon. Son partenaire au plano est nul autre que Pierre Sancan. En 1957 il devient directeur du Conservatoire de Versailles, puis en 1962 du Conservatoire de Paris oi il restera en fonctions pendant 2! ans poursuivant l'ceuvre de Claude Delvincourt. Son catalogue comprend des sonates, des concertos, des po8mes symphoniques et un opéra de chambre dont inspiration rappelle souvent son Orient natal Pigce sans prétention, le Divertissement est plus court et moins exigeant techniquement que les trois ceuvres précé dentes. Dédié & Gaston Crunelle « en témoignage de ma vive sympathie », il débute par un andante oi le piano expose une sobre mélodie en la mineur, que la fldte répate inlassablement sur une harmonie aux dissonances surprenantes. Le théme principal du final, en ré majeur, joue habilement d'un chroma- tisme retourné (un motif s‘enroule autour de lambiguité do- dof), il alterne avec une valse en fa mineur d'une élégance raffinge, d'un charme typiquement francais. Né a Toulouse en 1925, Charles Chaynes étudia la com- position au Conservatoire de Paris avec Jean Rivier et Darius Milhaud, Il fut récipiendaire du Grand Prix de Rome, du Grand Prix Musical de la Ville de Paris et du Prix de la Tribune inter- nationale des compositeurs de 'UNESCO. Son catalogue comprend environ 75 ceuvres de Instrument solo a la sym- phonie, dont deux opéras « Erzsebet » en 1983 et « Noces de sang » en 1988. Charles Chaynes fit également une carriére de plus de trente ans a la radio, réalisation et production & TORTE puis & Radio-France, Le tanka est une forme poétique japonaise, un bref po me de 31 syllabes composé de 5 vers de 5,7,5,7 et 7 pieds chacun, CChaynes s'est inspiré du tanka « Ciel étolé » écrit par le poate Hitomaro au IX siécle :Dans l'océan du cie! Sur les vagues des nuages Le vaisseau de la lune Semble voguer Parmi une forét d'étoiles. Le piano expose seul le « théme » sur une série dodéca- phonique en suivant strictement la métrique du poéme. Suivent ensuite cing variations od Chaynes, abandonnant tout systéme strict, laisse libre cours & ses émotions pour arriver & Une « illustration » musicale du po&me. Il aura recours & rs procédés tels des notes privilégiées (lab, sol, fal), des ostinati dans Vaccompagnement de piano, ou des quintes vide suggérant le c6té oriental ; les variations étant tour & tour lyriques et méditatives ou rythmiques et scandées. Olivier Messiaen s'est tout au long de son ceuvre imposé comme une figure de proue de la création musicale au XX¢ siécle. Brillant théoricien, il se lance dans de patientes recherches sur les rythmes hindous et sur les chants oiseaux, quil prend patiemment en dictée en pleine nature 4 toute heure du jour ou de la nuit. « Les oiseaux sont les plus grands musiciens qui existent sur notre planéte » disait-il. Profondément religieux et fervent catholique, contempler la nature est pour lui une manigre de s'approcher du Divin, Grand organiste et pédagogue révolutionnaire, je parais plus haut de sa classe au Conservatoire de Paris, Messiaen laisse relativement peu d'opus, une soixantaine, mais qui sont tous personnels et significatifs. Son grand opéra Saint Francois Assis, créé & Paris en 1983, est la synthase de toute son ceuvre, Couvert d'honneurs, ila livré sa pensée dans plu- sieurs écrits, dont surtout le Traté de rythme, de couleur et dornithologie. Lorsqu'il accepte la requéte de son viell ami Claude Delvincourt d’écrire le morceau de concours pour flize en 1952, cest bien stir un chant d'oiseau quill songea. «Un olseau que tout le monde connait, fe Merle noir, le fameux oiseau noir 4 bec jaune, qu’on rencontre non seulement dons les campagnes mais aussi aujourd'hui dans les jardns de nos vies. Le Merle noir a une esthétique caractérstique avec des formules retournées vers loigu ; son chant, d la fois solennel et narquois, est basé sinon sur un mode hypermajeur, du moins sur emplot de la tierce majeure, de la quarte et site majeure et de la quarte augmentée. Chaque Merle invente @ chaque printemps un certain nombre de thémes quil retient et qu'il gjoute aux thémes précédents ; plus il est dgé, plus son répertoire de motifs imélodiques est vaste et ces motif sont propres @ chaque individu. » conflat-il 4 Claude Samuel. Sur un paysage mystérieux, une gamme chromatique dans Vextréme grave du piano, la fide se lance dans une cadence od elle recrée le chant de l'oiseau grace & des traits véloces, des détachés rapides, des attaques variées, du flatterzunge. Dans la seconde partie, presque lent, tendre, ambiance se fait plus sereine. Une douce mélodie, comme une plainte, est chantée alternativement, strophe par strophe, par le piano puis la fldte. Il faut souligner que Messiaen cite dans cette mélodie un fragment de la 4* incantation « Pour une commu- nion sereine de I'étre avec le monde », ceuvre clef d’André Jolivet. Quel plus bel hommage a son ami qui aimait tant la flote. Culminant sur ces fameux « accords-couleurs » propres 4 Messiaen, la seconde partie est suivie d'une courte transi- tion aux trilles incisifs. Puis, on recommence sur le méme modele. Paysage identique, nouvelle cadence, presque lent, tendre (cette fois en canon aux entrées de plus en plus rap- prochées), « accords-couleurs » et transition une quarte plus haut. Le bref final est d'une écriture extrémement complexe, reflétant les recherches rythmiques et sérielles auxquelles se livrait Messiaen dans les années ‘50, La flite adopte le style oiseau, de nombreuses petites notes ornent une ligne staccato sur des sons choisis (la, sol, solf) chacun ayant un registre déterminé. Quant au piano, un contrepoint complexe résulte de la superposition de deux lignes sur une série dodécaphonique. La main droite en forme originale, la main gauche en forme de miroir rétrogradé. Transposées trois fois, ces séries utiisent toutes les combinaisons possibles du rythme double croche, croche, croche pointée, noire, et ceci d'une maniére sérielle. Ensuite Messiaen reprend le tout en contrepoint renversé (&change des deux mains). Pour conclure, de grands accords chutent vers le grave tandis que le Merle s'envole victorieux et triomphant. De trois ans son ainé, André Jolivet s'était lié d’amitié avec Olivier Messiaen dés 1936 alors quills fondaient (avec Lesur et Baudrier) le groupe musical Joune France, & partir de principes humanistes et en opposition a la musique abstraite ou frivole. En effet, bien que non-pratiquant, Jolivet partage avec Messiaen une profonde spiritualité et veut composer «une musique qui rctrouve son sens originel antique lorsqu’clle était expression magique et incantatoire de la religiosité des groupements humains ». Jolivet ne fréquenta pas le Conser- vatoire, mais sintéressa aux arts dés son plus jeune age : peinture, théétre, musique, Devenu instituteur, il s‘nitie & la composition avec Paul Le Flem, puis devient l'unique éleve d'Edgard Vardse, Son ceuyre malheureusement encore peudiffusée de nos jours comprend tous les genres du solo au grand orchestre, Mais la fldte est son instrument de prédi- lection. « ai choisi la flte, qui est par excellence, PInstrument de a Musique ; cela parce que animée par le souffle, émanation profonde de thomme, la flte charge les sons de ce qui est en nous dla fois viscéral et cosmique. » disait-il. Quinze ceuvres écrites entre 1936 et 1972, dont certaines sont parmi les plus significatives de notre instrument. ‘Apparut assez tard dans la mythologie grecque, l'origine de Linos est assez obscure, Certains le donne comme un podte fils d'Apolion et d'une Muse, ou comme le professeur d'Hercule et rival d’Apollon. Selon d'autres, il serait Finventeur du rythme et de la mélodie et aurait trouvé la mort dans un combat musical avec Hercule. Le Chant de Linas, quant & lui, est apparut pour la premiére fois dans Tlliade d'Homere, et Jolivet le définit comme étant « dans antiquité grecque, une variété de thréne : une lamentation funébre, une complainte entrecoupée de cris et de danses ». Concours de 1944, dont le lauréat fut nul autre que Jean- Pierre Rampal, le Chant de Linos est composé d'un assez grand nombre de petites sections contrastées : les com- plaintes (mesures a 5 temps) sont calmes et douloureuses, les cris (mesures a 3 temps) agités et frénétiques, les danses (mesures 7 temps) sont construites sur un rythme grec, lepitrite (14), d'une vitalité peu commune. Jolivet utilise aussi des modes grecs originaux (final en pur mode de ré) ou inventés en superposant divers tétracordes, Il en résulte une ‘ceuvre envostante, d'une tonnante force incantatoire, qui est certes le morceau de concours le plus exigeant mais au: Fun des plus accomplis du répertoire flatistique. Claude Régimbald The Flute at the Conservatoire de Paris Founded in 1795, the Conservatoire de Paris, the most important institution for the teaching of music in France, soon acquired international influence. In obedience to the principles of the Revolution, teaching there has always been free of charge and wind instruments have had an important place. The Conservatoire holds competitions every year, On ‘completing their studies, the instrumentalists play a com- pulsory piece and, if successful, win a second or first prize, The repertoire for wind instruments being more limited than that for piano or strings, the pieces for the former were written by the teacher of the class concerned, They served above all to highlight the candidates’ technical ability and were of little musical interest compared to the great works for the piano or the violin. ‘At the end of the nineteenth century the then director ‘Théodore Dubois had the idea of commissioning the piece from a new composer each year. He worked with Paul Taffanel, the flute teacher of that period, who revolutionized the playing of our instrument and founded the modern school of French flute playing which came to be considered the best in the world, In collaboration with Taffanel, Dubois imposed a style on the pieces which, while it certainly reflected the fabulous technique and lightning tonguing characteristic of that school, nevertheless gave priority to elegant phrasing, versatility of tone and the sensitivity of the young musicians, He put an end to “vain warblings and cheap flourishes in poor taste” (Taffanel). The tradition has been maintained to our day and we owe it a great number of interesting pieces. The petiod which concerns us here runs from 1940 to 1960, cr, more precisely, from the time of the appointment in 1941 of Claude Delvincourt to head the famous Conservatoire, Delvincourt, a composer and a World War | hero, was appointed during the Occupation, He brought a breath of fresh air into the Conservatoire, introducing reforms which opened the institution to the outside world. While an effective administrator, he was also close to his pupils and formed the Cadets’ Orchestra and choir which saved many students from deportation to labour camps in Germany. He created new disciplines (for example, the teacher training section) and took part in the revival of ancient music by starting a harpsichord class. He organized exchanges with schools in other countries and he put Olivier Messiaen in charge of a class from which were to graduate such shining lights of the twentieth century as Boulez, Stockhausen and Xenakis, Where the examination pieces were concerned Delvin- court had a twofold aim: to compel young composers to study the instruments more thoroughly and to give thestudents contemporary music of quality on which to work, the ever greater demands of which would ensure that the French school of flute would progress. “Have no pity, pile on the dificulties” was his recommendation to the young composers. The pieces of that period, thus, are broad in range and of demanding virtuosity where both fingering and tongue technique are concerned (double and triple tonguing and flutter-tonguing); yet they are also full-fledged musical works, litle masterpieces that have become classics for the flute. Before we speak of these pieces in detail we cannot fall to mention the work of Gaston Crunelle, who was appointed professor of flute, also in 1941. He worked with the composers to shed light on certain specific features, such as the required breaths, and even played some of the pieces in concert with the composer at the plano. Over the twenty- eight years of his teaching career Gaston Crunelle could boast of 135 prizes won by his pupils in the Conservatoire Eugene Bozza was born in Nice in 1905 and died in Valenciennes in 1991, He studied the violin, conducting and composition at the Conservatoire de Paris. He was conductor of the Opéra Comique from 1939 to 1948 and later director of the Valenciennes Conservatoire. Although he left us several operas, ballets and major symphonies and choral works, he is chiefly known today for his many pieces for wind instruments, For the flute there is a Concertino da camera, a quartet entitled Summer’s Day in the Mountains and several Pieces for solo flute or flute with piano accompaniment. His style shows to a high degree the qualities of French music of the period: tunefulness, refined harmony, formal elegance and 2 perfect knowledge of the instrumen Agrestide, the first comp from Delvincourt’s time, is dedicated "to my friend Gaston Crunelle”. It is very dificult and represents a radical break with the pieces of the preceding years, The title derives from the Latin agrestis, rustic or rural, and the piece is in three parts: a moderato in the style of a pastorale, in which the flute weaves loose, melancholy arabesques as luxuriant as those of Ravel (it is reminiscent of the sala fram Naphnis and Chloe), culminates in a lengthy cadenza. A loose, flowing andantino serves as an interlude, The sextuplets on the piano, like a distant lament, allow the calm penetrating sound of the flute to float over them. The third part, an animato, is introduced by a great descending arpeggio on the piano, right out of Maurice Ravel's Tzigane. As for the main theme, in 5/8 time, marked “light and lively", itis inspired by the Sonatina “Games” for flute and piano written by Jacques Ibert in 1923. Are these disguised tributes, witty allusions or do they betray the pressure of an urgent commission? Pierre Sancan, born in 1916, was a brilliant student at the Paris Conservatoire, who carried off five first prizes. After winning the Prix de Rome in 1943, he somewhat neglected his career asa composer to devote himself to an equally brilliant cone as a concert pianist. A much sought-after teacher, in 1956 he was appointed professor of piano at the famous Conservatoire. He nevertheless found the time to write an opera, three ballets and a concerto for piano. is Sonatina, composed for the 1946 competition, is in three linked sections: 2 moderato whose musical curve resembles Ravel's Sonatina for piano; an andante espressivo, followed by a brillant cadenza, as the competition required; and an anmated finale in B minor, a moto perpetuo of triplets in which the flute uses flutter-tonguing to humorous effect. The piece concludes by echoing the theme of the first movement, as Claude Debussy does in his Sonata for flute, viola and arp. Henri Dutilleux, also born in 1916, has become one of the important composers of our time, thanks to a personal style that sets him apart from al the avant-garde schools Like Messiaen, he worked on music and time and, like Jolivet, he believed in the sacred and mystical nature of music. A great orchestrator of incomparable skill in suggesting atmosphere, he is responsible for some great orchestral frescoes: ‘Metaboles, Timbres Space Movement, two symphonies, a cello concerte entitled “A Whole Far-off World” and a violin concerto called “The Tree of Dreams”, as well as vocal music and piano pieces, among them an important Sonata. In his youth he wrote some competition pieces for the Conser- vatoire (for flute, oboe, bassoon and trombone) with a playful side to them that he soon abandoned. The Scnatina, competition piece for 1943, is divided in the same way as Sancan’s, but itis far more dramatic and already reveals the great talent of its young composer, despite the still clearly perceptible influence of Debussy, Ravel and Roussel. An allegretto in 7/8 time, rendered mysterious by its choice of mode, reminds us even of Prokofiev in the pianistic writing and harmonic language. An andante espressivo sostenuto precedes a lively finale that begins with a threaten-ing introduction on the piano and then yields to an F major theme marked to be played gaily and in an almost childlike manner. The cadenza, with its great arpeggios using the flute's entire range, is followed by a coda in which a progressive accelerando and crescendo bring the work to an imposing conclusion of great effect for the purposes of the competition. Raymond Gallois-Montbrun was born in Saigon, then part of French Indo-China, in 1918, On arriving in France, he entered the Paris Conservatoire where he studied the violin, theory and composition. He was a brilliant violinist, who after the War embarked on a career that took him all over Europe, Africa and Japan. His accompanist on the piano was none other than Pierre Sancan. In 1957 he became Director of the Conservatoire de Versailles and then, in 1962 Director of the Paris Conservatoire where he remained for twenty- ‘one years, continuing the work of Claude Delvincourt. The catalogue of his works includes sonatas, concertos, sym- phonic poems and an opera da camera that in inspiration is often reminiscent of his native Orient. The Divertssement is an unpretentious plece, shorter and less technically demanding than the three preceding works. Dedicated to Gaston Crunelle “as a testimony of my great friendship”, it begins with an andante in which the piano gives usa sober melody in A minor that the flute repeats over and over in a harmony with surprising dissonances. The principal theme of the finale in D major plays skilfully with inverted chromatics (one motif turns on the ambiguity of C/C#); it alternates with an elegant, refined waltz in A minor of typically French charm. Born in Toulouse in 1925, Charles Chaynes studied composition at the Paris Conservatoire with Jean Rivier and Darius Miltaud, He won the Grand Prix de Rome, the Grand Prix Musical of the City of Paris and the Prize of the UNESCO-sponsored International Rostrum of Composers. His catalogue comprises about seventy-five works ranging from pieces for solo instrument to symphonies, among them two operas, “Erzsebet” from 1983 and “Blood Wedding” from 1988. Charles Chaynes also enjoyed a more than thirty-year career in radio, directing and producing first for the ORF and then for Radio-France. ‘The Japanese “tanka” is a short poem of 31 syllables. It has five lines with 5,7,5,7 and 7 feet each. Chaynes drew his inspiration from the tanka “Starry Sky” written by the poet Hitomaro in the eleventh century. In the ocean of the sky (On the waves of the clouds The vessel of the moon Seems to be sailing Through a forest of stars The piano presents the theme alone in a twelve-tone series closely following the metre of the poem. Then come five variations in which Chaynes, abandoning any strict system, gives free rein to his emotions and creates a musical illustration of the poem, He resorts to various techniques, such as favoured notes (Ab, G, Ff), ostinati in the piano accompaniment or open fifths to give an oriental flavour. The variations are alternately lyrical and pensive or emphatically rhythmic, Throughout his career, Olivier Messiaen clearly revealed himself as a leading light of twentieth-century music. He was a brilliant theoretician who embarked on patient research into Hindu rhythms and into birdsong, which he would note down carefully out in the fields at any time of day or night. "Birds are the greatest musicians in the world”, he maintained. Being deeply religious and a fervent Catholic he felt that the contemplation of nature was a way of drawing nearer to God. While Messiaen was a great organist and a revolutionary teacher ~ | mentioned earlier his class at the Paris Conservatoire — he left relatively few works, about sixty in all; each, however, is a personal and significant composition. His great opera St. Francis of Assisi, first performed in Paris in 1983, sums up his entire work. Honours ‘were showered upon him. He has given us an account of his ideas in several of his writings, in particular in the Treatise on Rhythm, Colour and Ornithology. When he agreed to his old friend Claude Delvincourt’s request that he write the competition piece for the flute in 1952, it was of course the song ofa bird that came to his mind “A bird everyone knows, the famous Blackbird, with its yellow bill that can be met with not only in the countryside but also nowadays in our town gardens. The characteristic beauty of the Blackbird’s song is one of inverted phrases ‘ending on a rise, Its song, at once solemn and mocking, is based, if not on a super-major mode, at any rate on the use of the major third, the fourth and the major sbcth and the augmented fourth. Every spring each Blackbird invents a number of themes which it adopts and adds to its earlier tunes; the older the bird the richer its repertoire of melodiesand the tunes are peculiar to each individual bird.” he told Claude Samuel. ‘Against a background of mystery, suggested by a chromatic scale in the extreme lower register of the piano, the flute enters with a cadenza which recalls the bird's song made up of swift strokes, rapid détachés, different forms of at:ack and flutter-tonguing, In the second part, which is almost slow, and tender, the atmosphere becomes calmer. A sweet melody, like a lament, is sung in alternating verses first by the piano, then by the flute. We must point out that in this melody Messiaen quotes a passage from the fourth Incantation “For serene communion between the soul and the creation” a key work of André Jolivet’s. What better tribute could he pay tis friend who loved the flute so much? The second part culminates in those famous “colour chords” of Messiaen’s and is folowed by a short transitional passage of incisive trills. Then the same pattern resumes: the identical background, a new cadenza, almost slow, tender (this time in canon, each instrument entering at shorter and shorter intervals), “colour chords” and a transition a fourth higher. The brief finale is an extremely complex piece of writing, reflecting the research on rhythm and serial techniques that Messiaen did in the 1950s. The flute adopts the style of a bird and many grace notes ornament a staccato line of selected sounds (A,G,GH) each in 2 specific register. In the piano part a complex counterpoint is the result Cf superimposing two lines of a twelve-tone series. The right, hand plays the initial form, the left hand the retrograde inversion, These series are transposed three times and use every possible combination of the semiquaver, quaver, dotted quaver, crotchet rhythm and, what is more, in serial fashion. Then Messiaen repeats ital in inverted counterpoint (the two hands change over). By way of conclusion, great chords sink towards the deep register, while the Blackbird flies away victorious and triumphant. ‘André Jolivet, who was three years older than Messiaen, became his friend in 1936 when, with Lesur and Baucrier, they formed the music group Jeune France. This group was founded con principles of humanism and in opposition to abstract or frivolous music. Although he did not practise any religion, Jolivet shared with Messiaen a deep spirituality and sought to compose “music that has recovered its ancient, original meaning from the time when it was the magic and incantatory expression of the religious sentiments of human societies” Jolivet did not attend the Conservatoire, but was from a very early age drawn to the arts of painting, the theatre and music, After becoming a primary-school teacher, he began to learn composition with Paul Le Flem and then became the sole pupil of Edgard Varése. His work, unfortunately still not well known today, comprises all genres from solo pieces to works for large orchestra. But the flute was his favourite instrument. “I chose the flute which is par excellence The Instrument of Music; that is because the flute is animated by a breath, an emanation from the depths of the human being and it imbues its notes with what in us is at once visceral and cosmic", he said, He wrote fifteen pieces between 1936 and 1972, some of them among the most significant written for our instrument. The origins of Linus, who appeared quite late in Greek mythology, are obscure. According to some, he was the son of Apollo and one of the Muses; to others, Hercules’ tutor and the rival of Apollo. Others again maintained that he was the inventor of rhythm and melody and met his death in a musical contest with Hercules. The Song of Linus appears for the first time in Homer's liad. Jolivet defines it as “a type of threnody in Greek antiquity: a funeral lament, a song of sadness, interrupted by cries and dances”. The Song of Linus was the piece for the [944 competition, the winner of which was none ‘other than Jean-Pierre Rampal. It is composed of several short contrasting parts, The laments (5 beats to the bar) are calm, but full of pain; the cries (3 beats to the bar) agitated and frenzied; the dances (7 beats) are built around a Greek rhythm : the epitritos ()JJ), which is unusually lively. Jolivet also uses original Greek modes (a finale in the authentic mode on D) or invents them, superimposing various tetrachords. The result is a spellbinding work, of amazing and bewitching power. It is certainly the most demanding competition piece, but also one of the most accomplished in the flute repertoire. Text : Claude Régimbald English Translation : jane Brooks«Régimbold est effectivement un vituose, mais aussi un musicien capable de subtité » La Presse, Montréal .. un solsteconfrmé; il fit preuve d'une soroité magnifique et d'un trés beau phrase.» La Traversiére, Paris «Bravissimo »_JeanePierre Rampal Crest ainsi que fut décrt le jeu du fldste québécois Claude Régimbald, lauréat en 1992 du Ille Frix au 22* Concours International de Belgrade, Yougoslavie, Il fit ses études au Conservatoire de Musique de Montréal, ob:enant & lunanimité des Premiers Prix de flite et d'analyse musical. Boursier du Conseil des Arts et des Lettres du Québec, il peursuivit ses études en Europe et obtint un Premier Prix de Virtuosité au Conservatoire de Musique de Genave, od il fut I'élave de Maxence Larrieu. Lauréat des Concours de Musique du Québec et du Canada, du Tremplin international, du Festival National de Musique du Canada, du Concours de I'Orchestre Symphonique de Québec et des Journées de la Musique Francaise de Montréal ; il a donné de nombreux récitals a Montréal, Québec, Ottawa, Genéve, Lausanne, Paris et Londres. Il fut soliste avec ‘Orchestre Philharmonique de Belgrade & la télévision nationale yougoslave ; et on put également Vrentendre a plusieurs reprises sur les ordes de Radio-Canada, Radio Suisse-Romande et Radio-France. Cest dabord titre de pianiste soliste que Claude Webster s'est distingué au début de sa carriére. Il est auréat de nombreux concours canadiens et américains dont le Cancours de l'Orchestre Symphonique de Montréal, le Concours National de Radio-Canada, le « Leschetizky Competition » et le ¢ Artist International Competition of New York », Ila été soliste avec, entre autres, Orchestre Symphonique de Montréal, Orchestre’ Metropolitan, Orchestre du Centre National des Arts a Ottawa, Depuis plusieurs années, Claude Webster est un collaborateur recherché par les artistes Iyriques. Pianste de Atelier lyrique de ‘Opéra de Montréal depuis 1994, ila prit part & plusieurs productions de "Opéra de Montréal, mentionnons, entres autres, Faust, Turandot, Rigoleto, Tosca, Die Zauberflte, Fedora, La Vie Porienne. Durant la saison 1994-1995, ila donné une quarantaine de représentations de Topéra La Traviata de Verdi a travers le Québec, Ontario et le Nouveau-Brunswick avec les chanteurs de I'Atelier lyrique ; ‘tournée organisée en collaboration avec les Jeunesses Musicales du ‘Canada, Une tournée similaire s'est tenue en 1995-1996 avec Lo Bohéme de Puccini, en 1996-1997 avec Il Barbiere di Siviglia de Rossini et en 1997-1998 avec Lo Cenerentola de Rossini. Il a enregistré pour la Société Nouvelle d'enregistrement, Les disques SRC et pour Analekta. Claude Régimbald et Claude Webster collaborent depuis 1992; ceci est leur deuxiéme disque. “Regimbald is indeed a virtuoso, but aso a musician capable of subtlety” LaPresse, Montreal “.. an established solist, he produces « magnificent sound and very fine phrasing" La Traversiére, Paris “Bravissimo” Jean-Pierre Rampal These are descriptions of the performance of Claude Régimbald, a flautist from Quebec who in 192 won the Third Prize at the 22nd International Competition in Belgrade, former Yugoslavia. He studied at the Conservatoire de Musique in Montreal, where he was unanimously awarded First Prize for Flute and First Prize for Musical Analysis. A scholarship from the Quebec Council of Arts and Letters allowed him to pursue his studies in Europe, at the Geneva Conservatoire, where he won a First Prize in the Virtuoso class of Maxence Larrieu. He has also won prizes in the Quebec and Canadian Music Competitions, the International Stepping-Stone, the Canadian National Festival of Music, the Quebec Symphony Orchestra Competition and the Montreal Journées de la Musique Francaise. He has given many recitals in Montreal, Quebec City, Ottawa, Geneva, Lausanne, Paris and London. He appeared as a soloist with the Belgrade Philharmonic Orchestra on Yugoslavian national television and has been heard on several occasions on CBC, Radio Suisse-Romande and Radio France. Ie was asa solo pianist that Claude Webster first distinguished himself at the beginning of his career. He has won many Canadian and American competitions, among them the Montreal Symphony Orchestra Competition, the CBC National Competition, the Leschetizky Competition and the Artist International Competition of New York. He has appeared as a soloist with, among others, the Montreal Symphony Orchestra, the Orchestre Métropolitain and the National Arts Centre Orchestra in Ottawa. For several years now Claude Webster has been in great demand as an accompanist- coach for singers, Since 1994 he has been the pianist of the Lyrical Workshop of the Montreal Opera and has made several tours, under the sponsorship of that organization and the Jeunesses Musicales of Canada, in Quebec, Ontario and New Brunswick, He has recorded for the Société Nouvelle d’Enregistrement, CBC Records and Analekta. Claude Régimbald and Claude Webster have worked together since 1992 and ths is their second compact dise,St-Augustin de Photos d’artistes : Robert Laliiyerté Graphisme! cull. Imprimatec, Montréal [4] Divertissement (1956) Remerciements particuliers a Olivier sangigui lay harles @hafnes (1é eh, born 1925) “tial a ] fariations sur un Tai 1962) été possible. - livier Messia (1908-1992) Photos : Place de la Fontaine aux [Le Merle noir (1952) : 6:41 lions, Conservatoire de Paris EEE. Ei. ; a hk Variations paras “ f ] t fa | L. | F ; WE Chant de Pos (1944) 12:06 =< << SF 5152, a Esplanade 4 ae 1 | 22056 2