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Chapitre 9

Les guides d’onde

Lorsqu’un signal doit être transmis sur une courte distance entre deux points fixes,
il est possible d’optimiser la transmission en ”guidant” les ondes depuis l’émetteur
jusqu’au récepteur. Comme les ondes sont (quasi) parfaitement réfléchies par les
surfaces métalliques, une idée simple pour effectuer le guidage est d’installer un
tuyau métallique depuis l’émetteur jusqu’au récepteur. Les ondes émises restent alors
confinées à l’intérieur du tuyau. De tels tuyaux sont appelés des guides d’onde.
Une application typique des guides d’onde est la transmission de signaux de forte
puissance vers une antenne.

Toutes les ondes ne peuvent pas se propager dans un guide d’onde. En effet, sur
les parois du guide (supposées parfaitement conductrices), la composante tangentielle
du champ électrique doit s’annuler, et seules les solutions des équations de Maxwell
satisfaisant ces conditions limites peuvent s’y propager. Nous allons voir qu’il existe
un nombre infini mais discret de ces solutions. Chacune d’entre elles est appelée un
mode. Les champs transmis dans un guide d’onde sont formés dans le cas général
d’une superposition (combinaison linéaire) de ces solutions admissibles, c-à-d d’une
superposition de modes. Pour un guide d’onde de section donnée, il s’agit donc de
déterminer quels sont les modes qui peuvent s’y propager.

9.1 Résultat numérique

139
140 Les guides d’onde

y
z

Figure 9.1 – Amplitude du champ électrique au cours du temps dans un guide bloquant.

Considérons une antenne de type dipôle située à


l’intérieur d’un guide de section rectangulaire dans
le plan xy comme représenté ci-contre. L’antenne se z
trouve à l’extrémité gauche du guide et décentrée.
x
La Figure 9.1 représente au cours du temps la pro-
pagation du champ électrique dans le guide lorsque
la fréquence de la source est de 1 GHz. On constate y
en fait que le champ électrique ne se propage pas
dans le guide : il est atténué rapidement. L’objectif
visé de guider le signal n’est pas atteint !

La Figure 9.2 reprend le même dispositif, la fréquence de la source étant fixée à


10 GHz. On observe que le champ électrique se propage bien cette fois le long du
guide. Un mode se propage le long du guide. Nous pouvons déduire des résultats des
Figures 9.1 et 9.2 qu’il doit exister une fréquence minimale (de la source) à partir
de laquelle un mode peut se propager. Cette fréquence est appelée la fréquence de
coupure (cut-off frequency) du mode. Le mode possède une périodicité le long du
guide. La période est appelée la longueur d’onde λg du mode dans le guide. A priori,
cette longueur d’onde ne doit pas avoir la même valeur que la longueur d’onde d’une
onde plane de même fréquence se propageant en espace libre, et cette appellation
9.2 Propagation entre deux plaques conductrices 141

y
z

Figure 9.2 – Amplitude du champ électrique au cours du temps dans un guide passant.

peut être trompeuse.

9.2 Propagation entre deux plaques conductrices

Avant de passer à l’étude des guides d’onde pro-


prement dits, cherchons les modes qui peuvent se
propager entre deux plaques infinies parallèles sup- x

posées parfaitement conductrices et séparées d’une z


distance b selon y. Le milieu entre les plaques est as-
similable au vide. Nous cherchons donc les différentes
solutions admissibles pour transmettre un signal le
long de l’axe z entre les plaques sachant que la com-
b
posante tangentielle de E ~ doit être nulle au niveau y
des plaques :

E x (y = 0) = E x (y = b) = 0
(9.1)
E z (y = 0) = E z (y = b) = 0
142 Les guides d’onde

r
B2
q r
E1 r r
r E2 b2
b1 r
B1

Figure 9.3 – Mode TE se propageant entre deux plaques parfaitement conductrices.

Considérons uniquement les ondes se propageant dans le plan yz. L’idée la plus simple
pour transmettre le signal est d’émettre une onde plane se propageant en ligne droite
entre les plaques. Cette onde doit être polarisée selon y pour satisfaire les conditions
limites (9.1) :
~ = E0 e−jβz ~1y
E
(9.2)
~ = − E0 e−jβz ~1x
B
c
Ces champs satisfont les équations de Maxwell (comme toute onde plane) et les
conditions limites. Ils peuvent donc se propager entre les plaques à n’importe quelle
fréquence. Les champs électrique et magnétique sont tous deux transverses à la di-
rection de propagation le long des plaques z. Cette solution est appelée mode TEM
pour Transverse Electro-Magnétique. Nous avons déjà rencontré ce mode dans notre
étude des lignes de transmission, ce qui n’est pas étonnant puisque les deux plaques
peuvent être vues comme les deux conducteurs d’une ligne. Pour les guides d’onde,
ce mode n’existera plus.

D’autres solutions sont facilement envisageables pour transmettre un signal entre


les plaques : émettre une onde plane qui atteindra le récepteur par réflexions suc-
cessives sur les plaques comme indiqué à la Figure 9.3. Nous savons que toute onde
plane peut être exprimée comme la superposition de deux ondes planes de polari-
sations linéaires orthogonales et nous pouvons nous contenter d’étudier séparément
les deux situations où l’onde émise possède un champ électrique soit parallèle aux
plaques (c-à-d selon x), soit dans le plan yz.
Dans le premier cas E ~ est transverse à la direction de propagation le long des plaques
9.2 Propagation entre deux plaques conductrices 143

r
B2 r
q E2
r
r b1
r r
B1 b2
E1

Figure 9.4 – Mode TM se propageant entre deux plaques parfaitement conductrices.

z, et les solutions correspondantes sont appelées modes Transverses-Electriques ou


modes TE.
Dans le second cas c’est le champ magnétique qui est transverse et les solutions sont
appelées modes Transverses-Magnétiques, ou modes TM (voir Figure 9.4).

Cherchons les modes TE. D’après la Figure 9.3, le champ électrique de la première
onde plane s’écrit :
E~ 1 = E0 e−j β~1 ·~r ~1x (9.3)
où
β~1 = β(− cos θ ~1y + sin θ ~1z ) (9.4)
avec β = ω/c pour une onde de pulsation ω.
Lorsque cette onde est incidente sur la plaque y = 0, elle est totalement réfléchie
(coefficient de réflexion=-1) pour donner la deuxième onde plane de champ électrique
~ 2 = −E0 e−j β~2 ·~r ~1x
E (9.5)

où
β~2 = β(cos θ ~1y + sin θ ~1z ) (9.6)
~ 1 et E
Le champ électrique résultant entre les plaques est la somme de E ~2 :

~ = E0 (ejβy cos θ − e−jβy cos θ ) e−jβz sin θ ~1x


E
(9.7)
= 2jE0 sin (βy cos θ) e−jβz sin θ ~1x
Nous avons construit cette solution en considérant la réflexion sur la plaque y = 0
et la condition limite (9.1) y est automatiquement satisfaite. Reste encore à imposer
144 Les guides d’onde

f
modes passants modes bloqués
0
fcn
TEM TE1 TE2 TE3
TM1 TM2 TM3

Figure 9.5 – Exemple de modes passants et bloqués.

cette condition limite sur la plaque y = b. La composante tangentielle du champ


électrique y sera nulle si
βb cos θ = nπ (9.8)
Nous obtenons donc un nombre infini mais discret de modes TE pouvant se propager
entre les plaques, chacun étant caractérisé par un angle d’incidence

θn = acos (9.9)
βb

Pour que le mode TEn existe, il faut bien entendu que l’argument de l’arccosinus soit
inférieur à l’unité ou encore

≤ 1 (9.10)
βb
c-à-d
nc
f ≥ (9.11)
2b
La fréquence de la source émettant le signal doit avoir une valeur minimale pour
qu’un mode puisse se propager, ce qui confirme notre interprétation des résultats
numériques. Cette fréquence minimale, ou fréquence de coupure du mode TEn vaut :
nc
fcn = (9.12)
2b
Nous pourrions de même déterminer les fréquences de coupure des modes TMn . Elles
ont en fait les mêmes valeurs que celles des modes TEn . Il est ainsi possible de repérer
sur l’axe des fréquences la position des fréquences de coupure pour chaque mode TEn
et TMn comme représenté à la Figure 9.5. Nous pouvons placer sur ce même axe la
fréquence de la source émettant le signal (qui est une donnée du système étudié). Seuls
les modes ayant une fréquence de coupure inférieure à la fréquence de la source se
propageront dans le guide. En particulier, si la source possède une fréquence inférieure
à la fréquence de coupure la plus basse (modes TE1 et TM1 ), aucun mode TE ou
TM ne pourra se propager : les plaques bloquent tous les modes (excepté le mode
TEM comme nous l’avons vu). Dans le cas général, le signal dans le guide sera une
9.2 Propagation entre deux plaques conductrices 145

r
b1

y
z r
b2

r
b gn

lgn

Figure 9.6 – Composante x du champ électrique en un instant donné entre les plaques, pour
l’onde plane β~1 , l’onde plane β~2 et pour la superposition de ces ondes.

combinaison linéaire des modes (c-à-d des ondes planes) pouvant se propager. Les
coefficients de cette combinaison linéaire dépendent de la source.

Revenons à l’expression du champ électrique (9.7). Il y apparaı̂t deux termes aux


interprétations bien distinctes. Le sinus d’une part fixe le profil du champ électrique
dans toute section xy entre les plaques. L’exponentielle complexe d’autre part indique
comme d’habitude une propagation le long de l’axe z. Le nombre d’onde associé à
cette propagation vaut βgn = β sin θn et la longueur d’onde du mode entre les plaques
a pour valeur

λgn = (9.13)
β sin θn

Elle est donc plus grande que la longueur d’onde d’une onde de même fréquence se
propageant dans le vide 2π/β. Mais nous avons vu à la Section 9.1 qu’il n’y avait
pas là d’incohérence puisque λgn fixe uniquement la périodicité du motif du mode se
propageant dans le guide et n’a donc pas d’interprétation physique. Ceci est illustré à
la Figure 9.6 où la composante x du champ électrique est représentée dans la section
yz en un instant donné pour les deux ondes planes formant un mode TE et pour la
superposition des ces ondes.
146 Les guides d’onde

Exprimons βgn en fonction de l’indice du mode :


s µ ¶2

βgn = β 1 −
βb
s µ ¶2 (9.14)
fcn
= β 1−
f

Remarquons que lorsque la fréquence de travail est inférieure à la fréquence de coupure


du mode, βgn est imaginaire et l’exponentielle complexe de (9.7) prend la forme e−αz
où α est une constante réelle positive1 : le mode ne se propage plus mais est atténué
exponentiellement. On dit que le mode est évanescent. Cette atténuation n’est pas due
à des pertes Joule dans les parois puisque nous avons supposé les plaques parfaitement
conductrices, mais bien à une impossibilité de satisfaire les conditions limites sur les
parois.

La vitesse de déplacement du motif, c-à-d la vitesse de phase associée à la propa-


gation du mode vaut
ω c
vϕn = = r ³ ´2 (9.15)
βgn fcn
1− f

qui est plus grande que la vitesse de la lumière (mais à nouveau sans interprétation
physique). La vitesse de groupe associée au mode n est inférieure ou égale à c comme
il se doit. Il est possible de la calculer à partir de la définition générale
1
vgn = (9.16)
dβgn /dω

où la dérivée peut être calculée grâce à (9.14). Mais il est ici plus aisé de faire un
raisonnement physique : les ondes planes formant un mode se déplacent à la vitesse
c. La vitesse de propagation d’un signal le long des plaques, c-à-d selon z, est égale à
la projection de cette vitesse le long de l’axe z ou encore c sin θn :
s µ ¶2
fcn
vgn = c 1 − ≤ c (9.17)
f

Cette vitesse dépend du mode. Si plusieurs modes sont excités, leur temps de parcours
jusqu’au récepteur sera différent. Il s’agit à nouveau d’un phénomène de dispersion.
Cette dispersion des signaux doit bien entendu être évitée. La seule possibilité est de
1
il faut choisir dans l’équation précédente la racine carrée de valeur négative pour éviter la
solution non physique d’un mode croissant exponentiellement avec z
9.3 Les guides d’onde à section rectangulaire 147

x z

a
y
b

Figure 9.7 – Guide d’onde à section rectangulaire

n’exciter qu’un seul mode, c-à-d de choisir une fréquence de travail supérieure à la
fréquence de coupure la plus basse, mais inférieure à toutes les autres. Ce choix permet
en outre de connaı̂tre avec précision les champs entre les plaques sans devoir calculer
la combinaison des modes excités par la source. Dans le cas des deux plaques, et en
fait pour toute ligne de transmission, le mode le plus bas est le mode TEM puisque
celui-ci peut se propager à n’importe quelle fréquence. Pour éviter la dispersion, une
ligne ne peut donc être utilisée que jusqu’à la fréquence de coupure du mode TE1
(égale à celle du mode TM1 ).

9.3 Les guides d’onde à section rectangulaire

Venons-en à présent aux guides d’onde proprement dit, c-à-d un tuyau métallique
de section constante. Considérons un guide de section rectangulaire de côtés a et b
comme représenté à la Figure 9.7, avec conventionnellement a ≥ b. Les conclusions
du paragraphe précédent peuvent être généralisées à ce cas :
1. Il existe un nombre infini mais discret de modes pouvant se propager dans le
guide.
2. Les modes peuvent être classés en modes TE (Ez = 0) et modes TM (Bz = 0).
3. Chaque mode ne peut se propager que si la fréquence de travail est supérieure
à une fréquence minimale appelée fréquence de coupure du mode.
4. Chaque mode peut être interprété comme une superposition d’ondes planes
réfléchies sur les parois.
5. La propagation de chaque mode le long du guide (soit z) est traduite mathémati-
quement par un terme e−jβg z où βg est le nombre d’onde caractéristique du
mode.
148 Les guides d’onde

Par contre, on peut montrer que le mode TEM n’existe pas dans un guide d’onde.

Pour calculer les modes, il serait possible d’utiliser la méthode du paragraphe


précédent, à savoir la décomposition en onde planes. Cette tâche est cependant
délicate ici puisqu’il faudrait imaginer toutes les combinaisons possibles de réflexions
sur les parois permettant la propagation. En outre, cette technique n’est pas générali-
sable dans le cas de sections non rectangulaires.
Un autre approche plus mathématique mais plus systématique est obtenue en re-
marquant que tout mode est une solution des équations de Maxwell (et donc des
équations d’onde) satisfaisant les conditions limites sur les parois. Calculer les modes
revient donc à résoudre un système d’équations différentielles soumis aux conditions
limites en x = 0, x = a, y = 0 et y = b.

9.3.1 Les modes TE

A l’intérieur du guide, le champ électrique satisfait l’équation d’onde (7.28)

4E ~ = 0
~ + β2 E (9.18)
soumise aux conditions limites
Ex = 0 en y = 0 et y = b
(9.19)
Ey = 0 en x = 0 et x = a
Il doit en outre satisfaire l’équation de Maxwell
∂E y
~ = ∂E x +
div E = 0 (9.20)
∂x ∂y
Et comme la seule dépendance en z est du type e−jβg z :
∂ 2E x
2
= −βg2 E x (9.21)
∂z
et de même pour E y .

L’équation (9.18) peut être décomposée selon ses composantes x et y :


4E x + β 2 E x = 0
(9.22)
4E y + β 2 E y = 0
Rappelons que β = ω/c est une donnée du problème, tandis que βg est une constante
dont la valeur est pour l’instant inconnue.
9.3 Les guides d’onde à section rectangulaire 149

Explicitons l’équation pour E x :

∂ 2E x ∂2E x
2
+ 2
− βg2 E x + β 2 E x = 0 (9.23)
∂x ∂y

Nous allons résoudre cette équation grâce à la méthode des variables séparées. Posons

E x = F (x)G(y) e−jβg z (9.24)

On obtient alors
1 d2 F 1 d2 G
2
+ 2
+ (β 2 − βg2 ) = 0 (9.25)
F dx G dy
| {z } | {z }
≡−λ2x ≡−µ2x

Les deux premiers termes de cette équations doivent être des constantes que nous
avons appelées −λ2x et −µ2x . Pour la fonction F (x) :

d2 F
= −λ2x F (x) (9.26)
dx2
et
F (x) = A cos λx x + B sin λx x (9.27)
De même
G(y) = C cos µx y + D sin µx y (9.28)


Les conditions limites imposent C = 0 et µx = b
où n = 0, 1, ... La solution pour la
composante E x est donc du type

E x = Ex0 sin y (A cos λx x + B sin λx x) e−jβg z
b
³ nπ ´2
βg2 = β 2 − λ2x − (9.29)
b
n = 0, 1, ..

Un raisonnement similaire permet de trouver E y :


E y = Ey0 sin x (C cos λy y + D sin λy y) e−jβg z
a
³ mπ ´2
βg2 = β 2 − λ2y − (9.30)
a
m = 0, 1, ..
150 Les guides d’onde

Pour que ces deux solutions soient compatibles entre elles, il faut λx = mπ/a et
λy = nπ/b. En outre, (9.20) impose

B = D = 0
mπ nπ (9.31)
Ex0 A = −Ey0 C
| {z } a b

≡E0 b

Il existe donc une double infinité de modes numérotés par les indices m et n. Pour le
modes TEmn :

nπ nπ mπ −jβgmn z
E xmn = E0 sin y cos xe
b b a
mπ mπ nπ −jβgmn z
E ymn = −E0 sin x cos ye m, n = 0, 1, ..
a a b (9.32)
E zmn = 0
r ³ mπ ´2 ³ nπ ´2
βgmn = β 2 − −
a b

Remarquons que le mode TE00 n’existe pas puisqu’il correspond à un champ


électrique nul. Pour qu’un mode TEmn se propage, il faut que βgmn soit réel c-à-d

ω2 ³ mπ ´2 ³ nπ ´2
β2 = ≥ + (9.33)
c2 a b

La fréquence de coupure du mode TEmn vaut donc



c mπ ´2 ³ nπ ´2
fcmn = + (9.34)
2π a b

Le mode TE le plus bas est le TE10 puisque par hypothèse a ≥ b.

9.3.2 Les modes TM

Un calcul similaire donne pour les modes TM (Bz = 0) :


9.3 Les guides d’onde à section rectangulaire 151

mπ nπ mπ −jβgmn z
E xmn = ξ E0 sin y cos xe
a b a
nπ mπ nπ −jβgmn z
E ymn = ξ E0 sin x cos ye m, n = 1, 2, ..
b a b
mπ nπ −jβgmn z (9.35)
E zmn = E0 sin x sin ye
r a b
³ mπ ´2 ³ nπ ´2
βgmn = β 2 − −
a b

où ξ = −jβgmn / [(mπ/a)2 + (nπ/b)2 ].

Les fréquences de coupures ont une expression semblable à celle des modes TE :


c mπ ´2 ³ nπ ´2
fcmn = + (9.36)
2π a b

Il est important de noter que les indices m ou n ne peuvent avoir une valeur nulle
pour les modes TM, puisque cela impliquerait un champ électrique nul d’après (9.35).
Le mode le plus bas est donc le mode TM11 qui a obligatoirement une fréquence de
coupure supérieure à celle des modes TE01 et TE10 .

9.3.3 Le mode TE10

En pratique, comme nous l’avons vu, les guides sont utilisés en monomode.

Le mode TE10 est le mode dont la fréquence de coupure est la plus basse, ou
mode dominant, d’un guide d’onde rectangulaire. Il est possible d’utiliser le guide en
monomode si la fréquence de travail est inférieure à la fréquence de coupure du mode
suivant (le TE01 ou TE20 selon le rapport a/b). Malgré la diversité des solutions TE
et TM, seule le mode TE10 doit finalement être étudié en détails.

Pour le mode TE10 :


152 Les guides d’onde

E x10 = 0
π
E y10 = Ey10 sin x e−jβg10 z
a
E z10 = 0 (9.37)
r ³ π ´2
βg10 = β 2 −
a

Le champ électrique est polarisé selon y (le côté le plus court), il est indépendant de
y et est maximal en x = a/2. La fréquence de coupure vaut
c
fc10 = (9.38)
2a

Notons que le champ électrique possède la forme (9.7), et il peut être interprété
comme la propagation dans le plan xz d’une onde plane se réfléchissant sur les parois
x = 0 et x = a avec un angle d’incidence
π fc10
θ10 = acos = acos (9.39)
βa f
On peut en déduire sans calcul que la vitesse de groupe de ce mode sera égale à la
projection sur l’axe z de la vitesse c de l’onde plane :
s µ ¶2
fc10
vg10 = c 1 − (9.40)
f

Le champ magnétique associé au mode s’obtient par exemple à partir de l’équation


de Maxwell
~ = −jω B
rot E ~ (9.41)
Après calcul
~ 10 = − βg10 Ey10 sin πx e−jβg10 z ~1x + jπ Ey10 cos πx e−jβg10 z ~1z
B (9.42)
ω a ωa a

Le rôle d’un guide d’onde est toujours in fine de transmettre une certaine énergie
de son entrée à sa sortie. La densité de puissance véhiculée par le guide est donnée
par le vecteur de Poynting (4.48) :
³ ´
~ r ) = 1 Re E
S(~ ~ 10 × B ~ ∗10
2µ0
(9.43)
|Ey10 |2 βg10 2 πx ~
= sin 1z
2µ0 ω a
9.3 Les guides d’onde à section rectangulaire 153

Le vecteur de Poynting est bien dirigé selon z ce qui indique que l’énergie est transférée
selon l’axe du guide comme il se doit. La puissance totale véhiculée s’obtient en
intégrant S~ sur la section transverse :
Z aZ b
|Ey10 |2 βg10 ab
Pr = S~ · ~1z dx dy = (9.44)
0 0 2µ0 ω 2

Nous avons supposé jusqu’à présent que les parois du guide étaient parfaitement
conductrices. En pratique elles possèdent une conductivité finie. Comme nous l’avons
vu au Chapitre 7, lorsque des ondes sont réfléchies par une plaque conductrice, un
courant y est induit. Ce courant dissipe une puissance par effet Joule. En appliquant
le principe de conservation de l’énergie, la puissance véhiculée par le guide doit donc
diminuer progressivement au cours de la propagation du mode. Soit 2α l’atténuation
en puissance par unité de longueur dans le guide. Etablissons un bilan de puissance
sur un tronçon de longueur infinitésimale dz :
Pr (z + dz) = Pr (z) − 2α dz Pr (z) (9.45)
ou encore
dPr
= −2α Pr (z) (9.46)
dz
et
Pr (z) = P0 e−2αz (9.47)
Or la perte de puissance par unité de longueur dPr /dz (grandeur négative) doit être
égale et opposée à la perte Joule par unité de longueur PJ et donc
1 PJ
α = (9.48)
2 Pr
Il faut bien remarquer que dans cette expression PJ et Pr doivent être calculés pour
un guide dont les parois sont de conductivité finie. Or jusqu’à présent nous n’avons
considéré que les guides à parois parfaitement conductrices. En particulier, l’expres-
sion des champs que nous avons obtenue n’est valable que dans ce cas. La valeur de α
ne peut donc pas être rigoureusement déduite de nos calculs précédents. Il est cepen-
dant possible d’en obtenir une bonne approximation en faisant un calcul approché :
nous supposerons que les champs et la densité superficielle de courant sur les parois
ont la même expression dans le cas des parois de conductivité finie et parfaitement
conductrices. Nous avons vu au Chapitre précédent que l’atténuation d’une onde lors
de la réflexion sur une plaque de cuivre était très faible et cette approximation est
justifiée.

La calcul de α ne présente pas de difficulté particulière au niveau mathématique


mais est assez fastidieux. Nous nous contenterons ici d’en exposer les étapes et le
résultat final :
154 Les guides d’onde

0,16

a[dB/m] 0,12

0,08

0,04

fc10 fc20

0 2 4 6 8 10 12
f [GHz]

Figure 9.8 – Coefficient d’atténuation α du mode TE10 pour un guide WR-159.

1. Les champs dans le guide pour le mode TE10 sont supposé être égaux à (9.37)
et (9.42).
2. La densité superficielle de courant circulant sur les parois du guide peut être
obtenu en utilisant la condition limite pour le champ magnétique :

µ0 J~S = ~n × B
~ (9.49)

où ~n est le vecteur unitaire normal à la paroi et dirigé vers l’intérieur du guide.
3. La puissance dissipée par effet Joule par unité de longueur est obtenue en
intégrant |J~S |2 /2σ sur le contour C délimitant la section du guide :
I
1 ~ 2 dl
PJ = |~n × B| (9.50)
2µ0 σ C

4. La puissance véhiculée Pr est donnée par (9.44)


5. En déduire α pour obtenir finalement
³ ´2
2b fc10
1 1+ a f
α = r ³ ´2 (9.51)
σδ Z0
b 1 − fc10
f

où δ est la profondeur de peau des parois (qui dépend de la fréquence, voir
(7.45)) et Z0 l’impédance du vide.
9.3 Les guides d’onde à section rectangulaire 155

Le coefficient d’atténuation α est généralement exprimé en dB/m comme pour les


lignes de transmissions (voir (2.89)) :

α[dB/m] = 8, 686 α (9.52)

Ce coefficient est représenté à la Figure 9.8 dans le cas d’un guide WR-159. On y voit
que pour que le signal ne soit pas atténué trop rapidement il convient de travailler à
une fréquence plus élevée que la fréquence de coupure du mode TE10 . Le minimum
d’atténuation n’est malheureusement pas localisé avant fc20 .

9.3.4 Dimensionnement

Nous pouvons déduire des résultats précédents les grandes lignes directrices pour
le dimensionnement d’un guide d’onde devant transporter un signal de fréquence
donnée f . Il faut tout d’abord que le guide fonctionne en monomode c-à-d que f soit
supérieure à la fréquence de coupure du mode TE10 mais inférieure à la fréquence de
coupure du mode suivant. La première condition implique
c
a > (9.53)
2f
Le mode suivant est potentiellement le TE01 . Afin d’avoir la bande de fréquence la
plus large possible en fonctionnement monomode, nous pouvons choisir b ≤ a/2 pour
que la fréquence de coupure du mode TE01 soit rejetée au-delà de celle du mode
TE20 . Mais pour avoir la puissance transmise maximale il faut d’après (9.44) prendre
b aussi grand que possible. Il convient donc de choisir b = a/2. Pour que la fréquence
de travail f soit inférieure à la deuxième fréquence de coupure dans ce cas :
c
a < (9.54)
f
Dans l’intervalle de valeurs admissibles pour a, il convient de choisir ce paramètre de
telle sorte à travailler dans une zone d’atténuation faible sans se rapprocher trop de
la fréquence de coupure suivante, par exemple 1, 25 fc10 ≤ f ≤ 0, 95 fc20 .
156 Les guides d’onde

Exemple 9.1

Dans le domaine micro-ondes les bandes de fréquences sont dénommées par des lettres.
Des guides d’onde standards sont définis pour chaque bande. Le tableau ci-dessous
reprend quelques exemples de guides, la fréquence de coupure du mode TE10 , les
fréquences minimales et maximales conseillées.

Bande Guide Dimensions (cm) fc10 (GHz) fmin (GHz) fmax (GHz)

C WR-159 4,038 x 2,019 3,71 4,64 7,05


Ka WR-28 0,711 x 0,356 21,1 26,5 40
W WR-10 0,254 x 0,127 59,06 75 110

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