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JEAN EUSTACH A FRANCHI LA PORTE Lorsque nous avons lu en mai 81 dans les Cahiers ces « fragments d’un scénario aban- donné », surtitrés, comme pour éclairer davantage ce champ de ruines, Peine perdue, et surmontés encore d’une photo de l’auteur nu, couché, le dos tourné, sur un drap blanc, nous n’avons pas su y voir ce qui s’y annoncait ainsi, et qui rétrospectivement nous parait si indubitable. Nous n’avons pas su voir dans ces « fragments » les appréts réels. un tombeau et que le gisant s’y était déja réellement placé Iui-méme, déja le dos tourné Ala vie. Nous n’avons pas su lire le verdict sans appel que Jean Eustache avait sans doute déja prononcé contre Iui-méme, et nous n’avons fait qu’effleurer de I’ceil et de la pensée ces phrases lumineuses, pourtant, atroces dans leur tranquillizé méme, dans cet accent dindifférence qui était sa marque d’auteur, son sceau d’artisie : « J’ai souvent souhaité un nouveau réveil, pour renaitre, tout ressentir 4 nouveau, les Joies, les peines et tout et tout. Je crois aujourd’hui ce réveil trop grand ou trop dange- Feux pour I’homme que je suis. Cette porte vers la félicité qui me visite dans mes réves peut je crois n’étre que celle de la mort. » Cet accent d’indifférence, le faible sourire et le regard pale, non pas éteint mais voilé, de Jean Eustache, cachaient donc a peine une mélancolie sans fond et devenue sans issue. Son dernier vrai film tournait autour d’un trou, d’un trou auquel le monde avait i par se réduire. Je soupconne, dans la mise en scéne longuement marie, j’imagine, de son suicide, dans les diverses répétitions de celui-ci, dans son indifférence toujours plus profonde, dans le délabrement toujours accru de son apparence depuis son accident (il s’était brisé les jambes il y a un an par défenestration), qu'il y avait (comme dans ses ims) un secret et intraitable défi. Il accusait silencieusement les vivants. « Le matin je me réveille, comme tout le monde, mais ca je n’en suis pas sfir (que tout Te monde se réveille). » Et encore : « Et sans me pousser beaucoup, je pourrai dire que je ne sais peut-étre pas non plus ce que c'est de vivre. Vivre tout court. Est-ce la méme chose que vivre seul ? Vivre seul, cela, je crois que je sais ce que c'est et c’est pourquoi je ne ’ai jamais supporté. Saut avant. Mais avant je ne me posais pas la question. Et je ne vivgis pas seul, mais ¢a je ne le savais pas. Je ne I’ai su que plus tard. Mais il était trop tard, et on ne m’avait pas mis en garde. » Iest possible qu’il ait été porté depuis toujours, depuis ses premires Mauvaises fré- quentations (c'est le titre de son premier film), vers ce moment nu oit il apparait qu'il est « trop tard », ot ’on ne peut plus qu’évoquer un « avant » qui ne reviendra plus. Mai Nous, qui nous levons le matin en nous assurant plus ou moins que nous sommes éveil- Iés, nous qui pourtant ne savons pas non plus « ce que c'est de vivre », tant que nous ne croirons pas trop le savoir, nous continuerons de voir et de revoir les films solitaires de Jean Eustache, nous nous reporterons a ce miroir noir ol, entre La Maman et la putain, se crucifie ce garcon, ce Hamlet pale de la Closerie. Pascal Bonitzer Fragment 1 Te wile n'avait peu-tre pa changé, mais tou ait different, Pourtant cela nese vovat pas de Fatropor. Nien haut, quelques ins fanisavant- Pendant $annéss, dans a cham- ‘oe & Pars, avai tout gard inact dans ma Imémoire, Il me sulfisait de fermer les yeu our revoir ce que je vous revoir. J'avais ‘ompost des numéros de telephone de plu Seu quartets, North Hollywood, West ‘wood, Bel-Air, queues autres, Je connassls Tes masons, les endroitso tlt post le ‘hone, entendas Ia sonnere et sans avo & foujoursfermer les yeu, e voyals ls colines Holywood, Wishite Bld, Cuesta:Way, la ‘maison rose. Quand la personne que applas ‘écrochait le Wlephone, je pouvals & peu de ‘choses pris savoir of alle cal assise, ce qu'elle {vat devant les yous. Dire que cela me ast rever de ma chambre, au cinguiéme eage d'un ‘il immeuble sur cour & Pais serait exagie Cela nemo faisat pas ve. Mais savas que tela exalt, qu'il fast sell quand je ne Powis pas dormir a nit, et es paroles que Jestendas me fasaeat penser que je sera Toujours le bievent si Je retournas lbas “Mais es années aaien passé et je n'avais pas fnuetenu damites par correspondance, je ‘ers pas beacoup, je lephone plut tals {Ces cher, On se décourage. Pls 'avals perdu ton caret adresses et de tléphones de L.A, fede fous ls USA. Je ne me souvenals ave es numero que je eonnalsais par cur. Ce ‘était pas beaucoup. A Tacropor personne te nattendat, je avais pas ews inde ‘ure avan de quiter Paris. essays 8 nou ‘ea de Pappler mas sans pus de suet. Le tour a efi, je me souvenais de certains ‘home, de certaines aeses mals je pensais ave ing anes taentderoules, elles atone psa sur ol eal Wavaient alles pas tans Forme les ates. (Qui appeler 7 Prende un taxi? Pour od ? Te pensais me faire déposer dans un motel modes Jusqu'a demain. Je verais bien Voir quoi? Avant de s'endormir, lire, Pout: ‘quod ears que jee Ie fais pas & Paris. Soe ti Aller prendre un verre chez Joe Allen. J'y Aide bons sowenis. Cet idiot. Au bar fy a trop de monde. Je peux mg faire srr un terre et Ie véler mals jen comprends tou- jours pas un mot d'anglas. Nimporte qui peut me dre nimpore quo, je prends mon air fe pls béte pour bafuiler que je ne com pends sen. Iva fallorrenrer au mote Et main’? Lover une voiture, y mete ma walle, et apis. Je ne suis pas venu ih pour {efuze ma vie ily a longtemps qu je nespire pus rin (rien de meus) alleus. Je suis enw cause du souveni,tralner, aller chez Dan Tanas, au café « Le Figaro'», peu de hanes d'y rncontrer des gens qui sont ‘ens vec mol sy venalent sans doute pour Ine faire voit (me fare voir Tendo). Cher her dans ma mémoite quelgu'an & que ‘auras pas pensé. Je n'y arcve pas. Je suls Atandonné dans Vendrot (le seul endroi) ob je voulls venir, en vacanes si Ton peu de, ‘quoique je pense que ce nest pas ema a Ssison qui pourra le aisercroie. Jena pas Aven faire Urop). Parsveral bien joinre ati, je eros qu'elle wit avee un type e son ppariement sera trop petit pour me resvot- Mais sans dpute, poutétre connate des fens des amis qu poutroat me loge. Cea ne foi pas eee impossible. EL apres. Apres que je te soi demand ce que je fous i alors que Je Sis st rangle & Pars rien Toute. Apres fout ees, et en attendant Ta date du retour dans e Paris jstement qui me eprendra dans St névroue pour longtemps encore et peste Sstte fois pour toujours. Combien de temps Taudractalet comment se pssera le fai ave Jean Eustache PEINE PERDUE fragments d'un scénario abandonné ve 40.03.5, Why ‘it ville accept, moi qi vent ydemander ‘quelgué chose que je ne commas pas, et ul n'y Stent pas y donner quelque chose en échange, Jee souviensJe-suations semblables, jfavais 20 ans, 23 ans, 30, je Jouas, toute la vie devant mol. Je erois que ce nest Dis fe cas aujourdhulen tout eas ene eres ens pas pare je quelque chose devant Ino sou cla ne mvinrsse pa tellement Toe regardera len avec attention et en Be ‘estera dans mon esi, i comme memoir, Somme souvenir. ral souvent souhalté un nouveau revel, pour reaitre, tout rssentir nouveau, les ois, les pines fou out. Je ‘ris aujour hu eseell trop grand trop ‘danger pour Phomme que Jesus. Cette porte ves la flcté qui me vite dans mes ves peut je coi re que elle d la mort. Fragment 2 “Quonveile en dse (ou qu'elle en dist) je sa jamais vou avec Sylvie. Nous avons jamis veew ensemble, Pourtant depuls lone temps, plusieurs années peu-re, lle dit su ven ou dist, depuis que je vis aee fo, ca Jfappal cela vivre, ou, depuis que nous vvons fnwamble, car appelle cela vst. Vivre, mo, Jee stvais pas que cat cela, Je penseis que ‘ea autre chose, are chose, quelque chose ‘qe ava conn danse temps, dans Te pase, mais ay elec, ou a y penser est-ce Bien Ht tméme chose, je ne sas plus rs bien sal st (eave vivre aves quclq'un, Et sans me pousser beaucoup, je pourra dire que je ne fais peur-tue pas non plus ce que c'est de vivre Vive tout court. ste la meme chose tue vive sel ? Vive seul, cela je crois que je fis ce que ces e cst pourguol je ne I's jamais soppore. Sau avant. Mas avant je ne ‘me poss pas ln question. Ft je ne vivais pas seul, mais fa jee le saais pas Je ne al ‘que vs tard. Mais ait rp tard, ct on ne ‘avait pas mis en garde. Fragment 3. ‘Depuis un certain jour, mais je ne me sou ‘ins as lque, je ne suis pas sort Jee sus pas sort de mon it, sau pour ale psset- Cela froblige 4 me lever 5012 109 fo! par Jour, Sans ex je ne me lverique’3. 044 ols pour aller chercher dex lacons dans le refrgeateur pour mon whisky. Le matin je me revel, ‘Somme tout le monde, mas ga je nen suis pas ‘Sir (que tout le monde se revel). Je me lve tvs me fare un café ali, Parfos fe a ‘Smplement reste le eae qu reste dela veil, ou de Pavant-veile. De temps en temps ‘eaves pas ol qa fat o fal chauer le ate flag, est quel un gui et 1, qulqu'un fl et venu me voir. Cela arive eneore. Ave Te cae a lait e prends les médicamens du ‘matin, fades que js prenne aust mich flea. Mais cela aviv arement. Le mii et Ie soir sont aificls 4 singuer, car quand Sak ic que je me rvellaisFe matin tae une fagon de paver. Parois il est mi, et mime ti pasé. Apres Te café a lat Je bois un Ihishy que je me srs ou me fais servir quand Aly a quelqu'un.Parfis'e bois devs, «est Aatre que Je repli mon verte & nouveau. Je fe las & personne fe sin de fare cela. Et bent, toujours depuis ce certain jour done rhe me sotien pas, me rendors. Je dors Une parti de Vaprésmid- Bien souvent cesta fonnerie du tephoae gui me revel. Cela rn’enne toujours, quelle que sot la personne ‘go apple. Apes, je me rendors, ou pa. Cela ‘depend n'y a pas de ele Alors ela recom tence comme le matin, café au Tat, médca- tent, whisky, glans. Pendant oe temps en profite pour ler per deux ou tol os, ou Troe ou quatre fos, Toujours quelques gout te, varement pls PROJET DE FILM DE JEAN EUSTACHE ET JEAN-FRANCOIS AJION LA RUE S’ALLUME Ce scénario de court-métrage, ou, pour employer une formule meilleure, de film de métrage court — 30 minutes environ —, La rue s’allume, Jean Eustache voulait le tourner en 35 mm et en couleur. Il avait obtenu récemment une subvention de la Commission d'aide au court-métrage. Deux acteurs étaient pressentis, Jean- Pierre Sentier et Michael Lonsdale, ainsi que deux comédiennes. Jean Eustache ne voulait pas le faire lire, ni ‘aux comédiens ni d ceux qui voulaient en prendre connaissance, mais il souhaitait plutot le leur faire écouter. I! avait enregistré @ cette fin le dialogue de La rue s’allume sur une cassette, avec sa propre voix et celle de son fils Patrick, pensant qu'on pouvait plus approcher ce qu’allait étre ce film en ’écoutant qu’en le lisant. I! disait Tui- ‘méme, amusé, qu'il n’avait aucune imagination et qu’il s’était contenté d’enregistrer ses propres conversations séléphoniques. Ethnographe de lui-méme, de son monde et de ses proches, il projetait de faire revivre, par le jeu des acteurs, la mise en place d’un dispositif cinématographique, ce bout de réel pris sur sa propre vie. Nous le publions dans les Cahiers (avec l'autorisation amicale de ses enfants) aujourd'hui, comme un hommage bien stir, mais surtout comme la trace d’un travail en cours. 1-- Le film commence par une image (c'est volontairement que je n’emploie pas le mot «plan ») qui monire dans sa plus large dimension possible Paris la nuit. Vu de haut, ddu Sacré-Coeur de Montmartre, de la Tour Eiffel, de la Tour Montparnasse, etc..., bref, vyu de haut. Cette image est fixe, ou si néces- saire en mouvement panoramique descriptif (aéerivant quoi 2). C’est Paris, mille détails nen feront pas douter ; la nuit. L’ensemble, tune partie de ensemble qui semble donner Vidée de l'ensemble, comme cela se faisait jadis, peut-dtre dans les années cinquante, ou ‘avant, en tout cas, avant moi ; mais si nous n'avons pas trop régressé, il ne devrait pas tre difficile de retrouver ce méme sentiment. Voila out l'on est. Ceci, "était l'image. Pas- sons au son. Ce que l'on entend, en meme temps que nous voyons cette image, c'est le bruit que quelqu’un entendrait s'il ait a la place dela caméra qui fait la prise de vue. Des Druits, rumeurs, rien & signaler. Et pourtant, on commence insensiblement ou sensiblement, je ne sais pas, & distinguer des Druits qui se mélangent aux bruits de a ville. « MAIS JE NE DIS RIEN DU TOUT - JE PARLE ET JE DIS : A PROPOS... » Cette phrase, énoncée dans le film par l'un des interlocuteurs, en défi- nit le propos : d'savoir que le langage, en dépit des apparences, ne vise pas a communiquer, méme s'il le prétend parfois. Iis sont indistincts, voix humaines, on peut le supposer, bruits électroniques comme des bip-bip de machines. 2+ (Deuxiéme image) ; sans doute fixe. On voit des machines les unes sur les autres, les lunes a e6té des autres, des consoles électroni- ques, des panneaux comportant des voyants lumineux de diverses couleurs, s‘allumant et s'éteignant, puis se réallumant ets'éteignant & nouveau aprés que d'autres, ne différant en rien, sauf peut-etre par leur couleur, aient fait Ja _méme chose - puis recommengant, sans doute, sans jamais s’arréter, mais je m’arréte car cette image n’aura pas une longue durée. TI s'agit d'un central téléphonique. Pendant ‘ce temps, on aura entendu plus dstinctement, plus précisément les bruits confus qui arri- vaient la fin de l'image précédente. Des bruits de machines, des bip-bip, des bruits de voix humaines, enchevétrées, entrelacées ; un ‘mot ou une phrase a pu, éventuellement, nous parvenir, mais ce n'est pas sir. Je ne sais pas sides gens font marcher ces machines, donc je ne sais pas si "on verra des gens dans cette image ; je pense que ces machines marchent toutes seules ; des hommes, nous allons en parler. 3- Dans un intérieur, un homme est assis ppeut-étre sur un lit, on ne voit pas tes bien | ourtant, Vimage, je Tespére, sera bien cadrée, iia le tééphone & lorelle ; il éooute, ‘mais ne parle pas. Il écoute. On entend un peu, assez précisément ce qu'il entend, on peut reconnalire (puisque l'on ne reconnait que ce que l'on connait déja) des lambeaux de phrases indistinctement entendues pendant PPimage précédente et qui sont répétées, redi tes, répétées,redites ; on en retiendra (dans la perception auditive) deux ou trois. Puis cet homme, qui, dorénavant sera désigné dans les dialogues sous le nom de « MOL », raceroche le téléphone, le redécroche aussitot pose un numéro. A l'autre bout, le tl est décroché par quelqu’un qui sera désigné sous le nom de« LUI ». (Les deux voix ditfe- rent sensiblement, « LUT » ayant un timbre clair et « MOL » un ton empaté) Lui : Allo ? Mol : Allo, c'est moi La : Oui, ‘Lui : Non, je n’appelle plus. Mol: Peux-u me donner le numéro de Catherine Crachat jl y a du monde ce soir ; ily a Jean-Marc, Damien, Tendre émulsion, le Ménestrel, enfin tout le monde... Chat Botté, Colombo, I’Archange, Caramel, ‘Ophélie, Katmandou, la Mascotte, Belette, Orphée. Lut : (off) Oui, oui ‘Moi : Tu veux que je continue ? Depuis huit heures du soir, Jean-Marc appelle charmante ct jeune femme, j'ai pensé & Catherine Cra- chat, donner son numéro. Je Pavais, mais je ai perdu. Lui (off) Attends, je te le donne. Silence - « Lui » doit sans doute ére allécon- sulter son carnet dadresses. Fouvre ici une parenthése : je n'ai pas intention de préciser au lecteur de ce projet, ‘qui, de « Moi » ou de « Lui », sera ou non a image. Je transcris leur conversation, je la donne pour ce qu'elle est Lai: Allo? Moi : Oui? Lai : (enchainant) Ecoute, aussi incroyable ‘que cela puisse parattre, je ne ’ai pas. Moi : Non, tu déconnes. ‘Lai: (le coupant, chevauchant a partir du : Non) : Ecoute, je vais te dire ce qui a dit se passer, je 'avais de téte, je n’avals pas jugé bon de le foutre sur mon carnet... Je 'avais de téte et de coeur. Mol : Ca commence par 555... Lui: (Uinterrompant) Attends ! Je vais cher- cher sur mon autre carnet, Je vais chercher silence. Lui : Allo - Eh bien tu vois, sur mon viewx caret, j'ai le numéro de la rue de Tournon. Moi : Non, je ne te crois pas. Lai: Mais écoute, je te jure, pourquoi vveux-tu que je ne te le donne pas... mais je ne Vai pas sur mon carnet, aussi bizarre que cela puisse paraitre, je ne lai pas... Je lavais en te... et je l'al Oublié depuis ie temps. Et je assure, ¢a m’étonne moi-méme, mais. ‘Mol : (la voix empatée) Aprés $55, c'est 72.35 ‘ou 75 32, c"est pas compliqué quand méme, tu dois le retrouver. Lui: Mais tu n'as pas d’annuaire ? Tu as deux téléphones et tu n’as pas d’annuaire ? Moi : Non, je n’ai pas d’annuaire. Et peut- tre n'est-elle pas sur lannuaire Lui : Eh bien c'est trés bizarre, mais je ne 'ai pas... Jai Laurence Pavelec, j'ai la société Banz, j' ‘Moi: Jen ai rien a foutre. Lui : (continuant) Jai les prudhommes de Reims, tu ne veux pas donner le numéro des. prud’hommes de Reims ? ‘Moi : Non, Lui: J'ai des noms que je ne connais pas. Mare Meyer... Qui c’est Mare Meyer ? Je ne sais pas, mais j'ai Marc Meyer - J'ai Marie Cabat... Et j'ai pas Crachat. ‘Moi : Non ca ne m'intéresse pas... heu. ui: J'ai pas Crachat... J'ai pas Crachat... Fai Vinternat Champan, Jocelyne Mol poussant un soupi exctde) Non. ne m’intéresse p Lai: (chevauchant) A Dijon, Photel des ‘voyageurs... Madame Guérin, le docteur Mal bequi, Jeanne Goupil a (chevauchant) Non, non je ne veux pas. Lal : (continuant)... Bob Fleming, Bob Fle- ming ; tu connais ? Moi : (le coupant) Oui. Lui: (continuant) Diane Guillemin, Joseph Trudeau, (plus précis) Antoinette Fouque, tiens, tu veux Antoinette Fougue ? Moi : Te Pai. Lai: 335 26 82 Mol : Je I'ai... Je ai... Je lai Lui: Oui, et j'ai pas Crachat. Moi : (continuant ma phrase). sur la liste rouge. Lui : Claire Chaion, je ne sais méme pas qui est; ah si cest’ma belle-sceur ; Marie- Josée Roche. Moi : Qu’est-ce que tu as fait avec ton a. ‘Lui : (me coupant) J’ai Jean-Frangois Ajion 637 35 9. Moi: Qu’estce que tu as fait avec ton - quoiqu’i soit etrangére ? Lui: Quoi ? Mol : (Plus fort et plus lent) Qu’est-ce que tu as fait avec ton étrangére ? Lui : Comment, qu’est-ce que j'ai fait 7 ‘Moi : (fort)Tu ne m'entends pas ? Lai: (marmonnant) ..Rien de, nouveau. Quoi... Enfin, j'ai rien inventé... J'ai Fedorot et Troussevich... Tu veux pas mettre Fedorof et Troussevich sur le réseau ? Mot : (net) Non. Lui: Ici Fedorof et Troussevich cherchant charmante jeune fille. Moi : Non, je ne peux pas dire ¢a, personne Lul : Oui, eh bien écoute, je suis trés étonné ‘moi-méme, je suis stupéfait de ne pas ®voir son numéro, mais je ne 'ai pas. Done ¢a fait vingt ans qu’elle est effacée de mes carnets. ‘J'ai Domitila, tu veux Domitila ? Moi : (excédé) Non, je veux pas Domitila, je sm’en fous, Tu la mets situ veux sur le réseau. Je te signale que $42 répond & nouveau. Lui : Ah oui ? Ecoute, Je feuillete le carnet & tout hasard pour voir si’ai pas mis Crachat & G ou ailleurs... Je le (fenétre) je le feuillete jfai Anette Cadrisse, tu ne veux pas ? Moi : Qui ? Lut : Je regarde. Je regarde ce que j'ai sous les yeux. J'ai Mick Jagger Moi : Non, Non. Non. Parce qu'avec Mick, a ferait un drame, Lui : J'ai Jacques Boileau. Moi : Connais pas. Lui : Pai Ginette Baty. Hedern, tu veux pas conn: Hedern’? Moi : Non, non. Lui: L’association des Papillons Blancs, Bulle Opier, j'ai le Balzar, tu veux pas mettre Te Balzar sur le réseau ? Moi : Non, je... Lui: Bernard Henri Lévy j'ai. Tu te rends compte, j’ai Benard Henri Lévy et j'ai pas Catherine Crachat. Quand méme, on n’aurait jamais cru. Moi : Effectivement, c'est incroyable. Lai : Tu vois, j'ai jamais de ma vie téléphoné 8 Bernard Henri Lévy. Et Crachat je ai pas, mais je assure, je veux pas te la planquer, hein, tu sais bien... comment je suis. Moi : Peut-tire que tu ne lui as jamais télé- phoné non plus ? Lal: Si, mais jfavais le numéro en téte, et je navais pas jugé bon de le noter sur le carnet la mére de Jean fe la mere Jean LARUE S’ALLUM! et depuis un an et un jour que je ne lui ai pas téléphoné, tu penses bien que’j'ai complete- ‘ment oublié le numéro. Evidemment, tu peux téphoner a Ferreri, il te donnera son numéro. Ferreri, c'est FAL, (effe, A, elle), Sai pas les chiffres, j'ai que les lettres... ‘Mol : Je veux pas téléphoner & Ferrer Lui : (continuant) Effe, A, Elle, 05 38. Moi : (répétant) Je ne veux pas téléphoner & Ferrer. ‘Lal : Et pourquoi tu ne veux pas téléphoner Ferreri ? Moi : Effe, A, Elle, combien ? 05 38? Mais il va savoir... elle va savoir imm ddiatement que... c'est moi qui la branche st Te réseau et je ne veux pas. Lui : Ecoute, je te donne son numéro demai Je te le promets. Je vais faire une petit enquéte, c'est pas urgent, tu vas pas la foutt sur le réseau des cette nuit. Moi : Non, mais la, ee soit, j'éais sur un S branché incroyablement sur tout le monde, les entends comme je t’entends. Lal J'ai ladresse de mon cousin Berns Palaiseau, a ne tintéresse pas, Moi : Non. Non. Lal : Catherine Millot, ca ne t’intéresse elle est tds joie Moi : Connais pas. Lal: Mais ele est trés jolie, Moi : Oui eh bien on va pas la filer au réseau. siclle est tes jolie. Lai : Mais Catherine Crachat aussi est jolie, Moi : Catherine Crachat elle est viele Lai : Evidemment elle commence & prendre de l'age mais elle est jolie quand méme. Moi : Elle est pas mal, mais c'est la fin, je veux dire, c'est la ménop Lui: Non. Non, 10 ans. Mol: 10 an encore avant a ménoy Lai : Mais oui tu sais, maintenant c'est & 46 cae Moi: Ah! Ah ! Lai : Oui. Bon. Bien voila je suis désolé et je suis étonné moi-méme car j’éais absolument certain que je V'avais. Bon. Qu'est-ce que tu 2s fait aujourd'hui, tu ne veux pas me dire ? Moi : (hésitant) Je... J'ai dormi. Mol : J’ai dormi jusqu’a cing heures ot un con est ven me réveiller en tapant a la porte et c'éait mon fils. basen? Iu un peu ton Tehékov cette slir que c'est une fille qui te 'a Moi : Je ne me souviens de rien Lui : ly a écrit Céline sur la page de garde ; je ne pense pas que ce soit Louis Ferdinand ‘mais plut6t le prénom de la jeune fille... Eten plus ily a un truc... J'ai lu une nouvelle qui sS'appelle « Une banale histoire », et il y a un seul passage souligné, un seul. C'est la c suivante : « lest faux de dire que ce sont sages et les philosophies qui sont indifféren Vindifférence c'est la preuve d’une per dame, d'une diminution de désir.. », ete. Crest une fille qui a souligné ca... Hein. Moi : Oui... Oui oui sans doute, je vois crest PROJET DE FILM DE JEAN EUSTACHE ET JEAN-FRANCOIS AJION Lui : Crest Céline. Moi : Oui Lui : Bon. Voila, Son bouguin était chez toi. Et tu n’as méme pas lu «Une banale histoire ». Moi: Je n'avais méme pas lu « Une banale istoire ». Qu’est-ce qu’elle a pensé de toi, dans tes films, ta petite a..., on étrangére ? Moi : Elle'a rien pensé de plus ni de moins. Elle est avee toi Lui : Heu.... Oui Lui : Eh oui. Bon. Que te dire. Tu vas pas & Péplise intégriste demain, Mol : Je dors, je dors, je dors, je dors. Lui: Ily aune fanfare dela légion américaine ‘au square des Blancs Manteaux, tu n'y vas pas. Moi : (net) Je dors. Je vais dormir. Dormir. Dormir. Si je pouvais dormir a jamais je le ferai Lul : Ca Parrivera bient6t, 'inguiéte pas. ‘Mol : Oui, bien, j’attends avec impatience Lui: Bon, que te dire d'autre, qu'ai-je vu de beau, Jai vu lespion ce soir. Moi : Poinsot. Lui. Lul : Oui bien sir. C'est tout. C'est tout ce ‘que j'ai vu. Je n'ai méme pas ville grand beau béte, rien. silence Lui : Allo? Moi : Oui, oui, oui, je suis 18 oui. Tu n’as miéme pas vu le grand beau béte, j'ai entendu. Tuas vu Poinsot. Lui : Oui Viadimir Poinsot. Tu es allé chez Lipp. Lui : Crest ¢a oui. J'y ai mangé. ‘Oh ld Ia. Et ca codte combien ? Lui : Oh ca va, c'est comme... je ne sais pas cava. Moi: Tu es parti trés vite, en fuyant, en ‘oubliant ton sac, hier soir. Lal : J'ai pas fui, jai oublié mon sac, ce n’est pas grave. Tu as besoin dun sac. Mol : Non. Pas spécialement, Lai: Tu le mets en bandouliére, c'est pas un ‘sac magnifique, jaurais pu oublier un plus beau sac, jfavoue, mais li-dedans tu as deja dde quoi mettre, tu as vu, une bouteille de ‘Cutty Sark, quatre avocats, deux paquets de crevettes, un kilo de citrons, une boutelle sans probléme. Moi : Oui, en effet, oui, si c'est le cas, c'est tun sac utile. Lal : Et en plus il m’a été offert par hasard par ta petite amie la... Ia femme de Fleming. Mol : Ma petite amie... Pourquoi ta-til ‘offert par erreur’? Lai: Eh bien parce que c'est & toi qu'elle aurait di. offrir. . Jai télephoné & Cendrine. ‘Oui, alors. + Rien. Alors rien Lai : Quoi ! Qu'est-ce qu'elle t'a dit ? Moi : Rien, Lui: Quoi rien. Quel age elle a Cendrine ? Moi : Je ui ai pas demandé. Je lui ai dit que Son mari s'était comporté de fagon bizarre, demandant une chaise et quand on la lui offrait, tombant par terre. Elle m’a dit : mais iNest comme ga tout le temps. C’est tout quoi, ‘était absolument banal. Aprés, je me suis un. ancé, je Iui ai dit que je connaissais le e secret de Fatima. Tu sais. ‘Oui, oui, je sais Moi : Tu sais que je le sais, ou tu prétends le savoir. Lai: Je sais qu’il y a un troisiéme secret de Fatima, je ne sas pas ce que c'est. Tu ne lui as pas révélé le secret j'espere ? Moi : Eh bien si, en parti... Lai: A mon avis c'est pas & Cendrine qu'il fallat le dire. Moi : Je ne iui ai pas tout dit. Le tr secret de Fatima c'est. Lai: (le coupant) Parce que le secret de Fatima avec Cendrine ce ne sera plus un secret Moi : (contitiuant) ...c’est la date de la fin du ‘monde. Alors, jai un petit peu avaneé la date de la fin du monde. Lai: Oui. Tu 'as mise quand ? En 1978 ? Pour la persuader qu’on y est déja arrivé et qu'on s’en rend pas compte Moi: Non, non, j’ai un petit peu avancé la date de la fin du imonde et je lui ai dit qu’on devrait faire l'amour ensemble avant parce u’aprés ce sera (soupir) je sais pas comment fon pourra faire... Alors elle m'a dit qu'elle lait réfléchir & fa question. J'ai un petit peu avancé la date mais pas beaucoup, d'un mois seulement. .. Paree que je connais la date de ta fin du monde... Enfin je connais la date de la fin du ‘monde Selon le troisiéme secret de Fatima, Lai : Tu connais Fatima ? Moi : Il faut le prendre comme elle le dit. Les ‘deux premiéres dates étant exactes, il n’y a aucune raison que la troisitme soit fausse, ce serait de la plus haute fantaisie. Alors, moi je ‘fois a la date du troisitme secret. Lai: Mais c'est pas deja arrivé ? Moi : Non, non, non, ce n'est pas deja arrivé, est pour dans... un peu plus de deux ans. Lal: Comment, on est pas déja au paradis ? Moi: Oh... Je'ne pense pas que ce soit le Paradis. Lai: Je croyais qu'on y était deja. Moi: Ce n'est pas le Paradis qu'elle a annoneé, ce serait plut6t quelque chose qui le contrarie.. Mais c'est pour dans un peu plus de deux ans et demi, ue je Lai : 83... Heu... Oui ga va. Alors il faut faire vite a ton avis. Moi : Si je veux baiser Cendrine il faut faire vite, il faut que a se fasse avant 83, d’une part avant la fin du monde, dautre part pen- dant qu’elle est encore baisable, il y a deux raisons. Lai : Surtout ¢a, oui, Je suis beaucoup plus sr de la fin de'sa beauté que de la fin du monde. Moi: Tu Fatima, Lui : Ecoute je connais pas la date... i c'est 2050 je m’en fous, Moi : Non, non, non. Moi je a connais. Je te dis : c'est avant fin 83, doutes du troisiéme secret de Lai: Bon, Mais Ia fin de tout le monde, méme de moi Moi : Toi et moi. Lai: Comment ? Moi : Moi je ne sais pas parce que... Mais toi La: Ah bon ! Je suis un pew dégu. 21 Mol : ly a dequoi oui. Mais c'est comme ga. Lui : Alors, & tom avis, il faut pas se casser la tte. Moi : Si. Justement, Lui: Il vaut micux que je dépense mes pices dor tout de suite. Mol : Eh bien en tout cas d'ici 83. Lut: Ce sera béte qu'elle restent aprés la fin du monde, et puis elles sont turques en ‘plus : Moi: Non ; tu devrais en. profiter d'ici novembre 83. C'est un consell d'ami, Li : Mais quoi, Jene sas pas & quoi. Ache- ter du vin plus cher tu pense, IL a des vins de La Coupole qui codtenttrés ts cher que je ne me sus jamais payes. Moi: Je ne sais pas. Tu fais ce que tu veux. Non. Les vins de La Coupole non, {4 peux avoir mieux a faire. Lui: Bon, on ver ‘Mot: Non, tu peux avoir micux a faire. Déconne pas. fete file le tuyau mais tu le gar- des pour tol, «est novembre 83 [Lui ? Mais quite 'a dit ?Je veux des assuran- ces, d'oh tu sors ca ? Moi : Tu n'auras pas d'assurances, tu n’auras Lut Mais cu tes peut-étre fait louer par une Fatima de Pigalle Moi : Ma parole vaut ce qu'elle vaut. Tu le prends comme tu veux fin 83... Novembre. Il Teste deux ans et dem je te di Lui: Mais d'ei tu tens ga, moi tw peux me dire ce que tu veux... N'importe quoi. Mot : Du trosieme secret de Fatima, Lal : Oui mais doi tu ens le troisieme secret de Fatima puisqu'ilestresté secret ? Moi: (affirmati je le sais Lal: Tule sais ou ? Tw as cu une révéation mystique ou tu le sais scientifiquement ? Moi: Je le sais par des documents. Lai: Quels documents ? Nostradamus. Mol : Non, pas Nostradamus, Des caves de Egle St-Piere. Lut: Et comment documents ? Mol: Ecoute, ne me demande pas, ne me demande rien, je suis peutetre sur table Mécoute. Ne me demande pas des choses ‘comme ga. Lui: Mais sila fin du monde est en 83, n'y a ls de secret ene la DST et 0s Ts pete Mol : Eh bien d'ici 1a, je n’aimerais pas au’ arrive des affaires semblables 4 celles Qui arrivent aux membres d’organisations parallels. Lui: Tu resteras pas longtemps en prison si est le cas... organisations paralléles. Mot : Je n'aimerais pas passer mes deux der- nigres années en prison. Lui: Tu veur pas mourir avant la fin du monde. Mol : Non. Lui Tu veux mourir avec tout le monde. Ta tiens & mourir avec quatre milliards d'indivi- dus, tu ne veux pas mourir un peu avant Moi: Oui perce que ce doit ee moins ennuyeux. Mourir en bande, ga doit etre ‘moins ennuyeux que mourir seul. Lut : Oui, On est moins vexé. On pense tous Jes salauds erévent avee mo. Ils ne pourront pas se vanter de me survvre Moi: En Poccurrence, oui. Catherine Cra- chat. Jacques Lacan s'il est encore la et quel. astu eu accés aux Sere 2 Epi ett: Noos aloes mourir ememble, er eighties aoe raion Sal ban ne pron, Je evens ps nos ans une prison, al: Oui oh oui (souprs, tu es un peu chi- ctiteur quand mime Moi Oui. Un petit peu, je Pavoue, mas eel ake ete a es pecicecder Cane dps fu mois, alors due chez tol n'y en a pass Fi porte ies en pido, Tu feast erate osha betciaf cee Bowe depromenace alors que chez oitun's Oui, oui, je sais, mais ga va comme ga joi vous étes partis si vite hier soir > ite, si vite, {Wes ded. C'etait pas si ue ¢a. Mot : Vous étes partis & minuit, ce n'est pas ‘ine heare laquelle 3h Ven va. Vous Wes allés prendre un whisky au Wepler ? Lui: Oui, c'est ga, nous sommes allés au Wepler. Mot : Parce que je ne voulas pas sortir. Lai: Non. Si tu avais voulu venir. Je tai invite trois fois. D'ailleurs je invite au ‘Wepler quand tu veux ; dés que tu as envie aller au Wepler tu me tlephones... Songe & moi, je suis prt 8 aller terejoindre au Wepler nfimporte quand. Mol: Je ne sors pas. Lui : Ecoute, tun’as que deux pices chez toi, tu pourra en faire ta troisieme piése, ce ne serait plus sori a. Mol: Dis-moi, FAN, ENNE... 05 38 FERRERI Lai: FAL. EFFE, A, ELLE, ELLE! Elle ‘comme Lil Moi : FAL. EFFE, A, ELLE, ELLE ! 'avais mal noté ! ni! Alors tu vois maintenant. Mot: Il ext chez Catherine Crachat, tu eros Lui Non, mais je erois qu'il dort et qu’ serait... Je crois qu'il prendrait un air offensé parce que il aime bien prendre des airs offen- és méme en plein soleil et en plein jour. Alors Ta nuit fortiori. Mais demain... Mais enfin si {tu veux son numéro, je te promets que je tele donne demain. Ce n'est pas compliqué parce ‘que moi je sors, je prends, ’attrape, je cher- che, je telephone aux renseignements, je prends Vanauaire, je vais... Je te donne son ‘huméro demain quoiu'l ative, Mol: Oui, mais ce soir, il y a une telle demande sir le réseau, ily a tellement de gens aqui recherchent des jeunes filles ou Lai : Mais ce n'est plus une jeune fil, elle. Mot: (continuant) ...ou des jeunes femmes agréables etcharmaiies. Lui: A oui, c'est une jeune femme, oui. Moi : Agréable et charmante. Elle corres- pond ? Lui: D'accord, ¢a va, oui, mais elle est trop Mol: Mais comme les demandeurs ne préci- sent pas, Lai: Ce sont les employés des P.T.T. les recs du réseau, je sus sOr qu'ls ne sont pas un bon miliew. Moi : Je partage ton opinion... Mais... Je Youblie. Lai: C'est la France fraiche et clandestine, rien & voir avec les nantis comme Catherine. Moi: Oui... Je pense que tu as raison. c'est EFFE, A, Ne lui téléphone pas Mais Lai Catherine ces une veille France osten- tatoire et eux c'est la France fraiche et clandestine. Moi: Tw as raison ! Mais je pense quand meme leur donner le numéro de Catherine. Et surtout, ne dis pas que eest moi qu donné. Lai Mais non, moi je ne dai rien, 1 sais ben que je ne ds plus ren, enfin & Catherine en tout cs. Moi: Quel est le numéro personnel de Lacan ? Ta Lacan, Bon Dieu, Bon Dieu, Lacan ‘An j'ai perdu mon vieux carne, ga y es ‘Attends une seconde. Moi Je'avas sur un morceau de papier ete Pat perdu, oubli. Lui: Tu sais, je crois toujours avoir des rmaméres && et g, sh tons ds sO Sur des vieux morceaux de paper... Et done je les perds. Mot: Moi aussi, Parce que je voudras don- ner le numéro de Lacan sur le réseau, me sur- fommer Jacques... Le fataliste ou Frere Sacaues. Tal (Consultant & nouveau. son carne) ‘Attends, jevaste dire: Caroline Loeb, Geor- ages Lichtenberger, Marie-France Lambotte, Ferrer, Laborde, Bernadette Lafont, Michel Leis, tens je me demande pourquci j'ai le numéro de Michel Lens, ces curieux ca Moi Tiens, donnele-moi. Tai: 8142 ia, Moi: Comment ? : Lal: Ah non ps ui c'est un type s nonleest tin Homonyme, c'est un type de Re Moi: Ah bon d'accord! Lat: (continuant) Elisabeth Léonard, Rosine Lebrun, Héline Laplaine, hev.. Jai pas Lacan, Ecoute. Ecoute, C'est stupéfiant mais je n'ai pas Lacan; j'ai pas Lacan, j'ai pas Erachat tai rien Mol a ton numero personnel sar un morceat de papier que a ete Tt Mais ézoute, ji pas Lacan, tout ce que jedevrais avoir, pas, j'ai pas, a pas ee assure, je tapportral mes earmes, (0 ¥er~ ras, ti veras bien que je n'a pas face, qu'il ny a aucune trace, que le papier est lisse. ‘Vai Gloria Ken, ta veux Gloria Kent ? Moi: Je Pai aussi. Luts Eh bien demande Tui, Pai Lemer ‘Anette, non, chez son mar, ja fe mari de emer Annete, j'ai méme pas le nouveau hnumero de Lemer Annette...’ Jeanie, ui crest Jennie ? Moi : Jennie c'est ma, c'est mon ancienne petite amie. Lui: Ah oui, cest ca oui. Jai Jacques Burloux, Moi : Tu me le donneras a occasion ‘Lui : Oui, un views Jacques Burloux, iln'y est strement plus. J'ai Dominique Isserman rue Poirier Nacier, tu te souviens ? Moi : Oui Lai : J'ai des vieux tickets de métro qui tom- bent au fur et & mesure que je feuillette.. Bien ; j'ai pas Lacan, j'ai pas Crachat, c'est quand méme bizarre ¢a. Moi : C'est douteux, oui ‘Lui : Hermine Karageuz, ticket de métro, ah, tickets de métro, tickets de métro, mais c'est fou, il en tombe de partout... J'ai Tatiana Longan Rakovich Rakovich, LA RUE SALLUME + Je ne sais pas qui c'est. Tai Ginette Baty, tu sais. Lui: Heu.... Sai, ab c'est curieux ca, feutre pour le Sade, entre parenthése, Claudette, il y des choses bizapres, qu’est-ce que ¢a veut dire ga : Feutre pour ie Sade. Moi : Je ne sais pas. Lui: J'ai Mourousi. Ecoute, tu te rends ‘compte que j'ai Mourousi et j'ai ni Lacan, ni Crachat. J°ai Mourousi 236 66 28. ais ca ne m’intéresse pas. J'ai Catherine Faux. "a ne m’intéresse pas non plus. Ajion encore, Edgar Piouf, Elisabeth Pozer, Domitila, Donna Gollay, Danielle Broda, Danielle Broda, j'ai, j'ai Ajion, j'ai le ehlorure de magnésium Delbiaz Catherine Verguaud qui c'est celle, j'ai Bob Calle, tu ‘yeas Bob Calle? Moi : (excédé) NON. Lai: Jai le Chai de "Abbaye. ‘Moi: Non plus. Lui : J'ai Vivrogne, Jean-Paul Faux. ‘Mol : (le chevauchant, le coupant) Non, non, non. Tai Tu veux pas Tivrogne? J'ai Beau Chene, Laurence Bataille, j'ai Baba, j'ai Heléne Barbeau, j'ai la Banque de Saint- Cloud, Bon vol, coute, voila, j'ai rien de ce quill faut, j'ai rien de ce qu’il faut, ce qui ne ‘m’étonne pas énormément. Bon écoute, alors demain je te téléphone le numéro de Catherine, Moi : Okay. La : D’accord, je prends le temps de le pren- dre, je le trouverai, je aurai codte que cote, est simple, ou je cherche dans I'annuaire ou. je le demande & Ferreri ; enfin je te téléphone demain. ‘Moi : Surtout ne dis pas pourquoi. Lui : Mais je ne dis rien du tout. Je parle et je dis: propos tu aurais le... etc... Alors, elle ‘va eroite que c'est pour me réconcilier avec elle; ce qu'il lui dira, mais c'est faux. Mais alors tu ne me méles pas & tout ga, hein tu. Mol : Ben... Je ne m’y méle pas moi-méme.. Alors... Dis done... Je te... Quel est ton nom, ssur le réseau ? Lal : Je téléphone jamais sur le réseau Mol : C'est Jupiter ? C’est quoi ? Lui: Salomon, c’était... Mais tu sais. | Bon... ‘Moi : Tu ne veux pas étre la Reine de Saba. Lai: Non, non, non, ca va... Non, pas la Reine de Saba, non... ‘Moi : Salomon. Lui : Oui, oui. Moi: Bon, de toute fason ga n'a pas importance. Lait (clair et ferme) BIEN. Je te téléphone demain, Je te donnerai le numéro de Catherine Moi : Okay. Mais tu sais je dors toute la jour- née alors laisse des messages. Je dors, je dors, je dors jusau’a, Lui : BIEN, Alors écoute. A demain. Comme ‘on dit, Salut Moi : Salut. Is racerochent le téléphone. Je n’ai pas parlé de ce que faisaient les fem- ‘mes qui étaient auprés deux ; on le verra. Rien @ craindre. Le jour se leve sur Paris qui, comme on dit, stéveille JEAN CVOITAUTICIA FRAINUAT LA FUE Joan Eustache : photo prise d'une band vidéo réaisée en septembre 81 par Joan André Flesch la paluche. (Photo Serge Le Péron Lorsque n donné », surmontés ¢ nous n’avor parait si ind ’un tombed alla vie. No déja pronon ces phrases | @indifféren « Pai sou joies, tes pei eux pour I’ peut je crois Cet accen de Jean Eus issue. Son d fini par se ré son suicide profonde, s'était brisé films) un se « Le mati Ie monde se Et encore « Et sans mi que c'est de cela, je crois avant. Mais le savais pas en garde. » est poss quentations « trop tard » nous, qui no is, nous qui croirons pas Jean Eustacl se crucifie c

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