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CPR du 3 juillet 2020 : tension et… avis défavorables !

La CPR s’est ouverte dans un climat de tension, la direction générale exprimant une colère
difficilement contenue à propos de la communication de l’intersyndicale UNSA-CGC-CGT sur le vote
des députés annulant la baisse de la TFC pour 2020.

Le directeur général a d’abord souligné que ce vote n’était qu’une étape dans le processus législatif,
et que même si la loi était adoptée, « l’argent n’était pas encore dans nos comptes». Il a rappelé que
« la CCIR était toujours dans le rouge » et qu’il n’y avait pas de « ruissellement monétaire » : seules la
poursuite de la transformation de la Chambre et l’adoption d’un « nouveau modèle
économique » permettront de rétablir la situation financière. Il a, enfin, indiqué que CCI France avait
évalué les pertes de ressources du réseau consulaire en raison de la crise sanitaire à 220 millions
d’euros, soit bien plus que les 100 millions de baisse de la TFC.

Nos observations :
La CFE-CGC s’étonne de cette colère : il est en effet dans le rôle des syndicats d’informer sur de
possibles évolutions législatives, qui intéressent l’ensemble du personnel. Aucune colère, réelle ou
feinte, n’empêchera, en tout cas, la CFE-CGC de continuer à jouer son rôle.

Sur le fond, « Circulez, il n’y a rien à voir » résume la tonalité de cette intervention sur le vote des
députés. De manière surréaliste et saisissante, on pourrait presque croire que ce vote est, en réalité,
une mauvaise nouvelle pour la CCIR de Paris Ile de France: parce qu’il remet en cause le principal
motif des réorganisations et des suppressions d’emplois ?

On notera à cet égard l’intervention de Mme Stella Dupont, auteur en 2018 avec Mme Oppelt du
rapport de la mission d’information de l’Assemblée nationale sur les CCI. Elle a souligné, dans les
débats, que « ces baisses de recettes conduisent évidemment à des suppressions d’emplois et,
contrairement à ce que nous expliquent le rapporteur général et le secrétaire d’État, il y a une forme
d’urgence (…) plusieurs milliers d’emplois devraient encore être supprimés cette année si
d’aventure la baisse de 100 millions d’euros se concrétisait »

Et elle ajoute : « Ce qui est nouveau, chers collègues, c’est que le Mouvement des entreprises de
France – MEDEF – et la Confédération des petites et moyennes entreprises – CPME – nous
alertent désormais sur le risque de casser un acteur essentiel de l’accompagnement des
entreprises et des territoires. Ces organisations patronales nous indiquent que l’effort ne peut être
poursuivi, qu’elles souhaitent continuer à payer cet impôt de production car elles ont besoin du
service sur le territoire. »

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La CPR a ensuite examiné les différents points de l’ordre du jour. Sur les trois points essentiels –
mesures individuelles de licenciement, réorganisation de la DGAERF et suppression des
fonctions support dans les écoles, transfert d’activités au GIE - la CPR a émis un avis
défavorable : la délégation employeur –élus présents ou représentés- était en effet en
nombre inférieur à la délégation des représentants du personnel, qui, sur ces trois points, a
émis un avis défavorable : l’avis des représentants du personnel est donc devenu, une fois
n’est pas coutume, l’avis de la CPR.

I) Mise en œuvre des suppressions de postes


La CPR a donc formulé un avis défavorable au licenciement de 94 collaborateurs, dont 80 rattachés
à l’Assemblée générale du 13 février 2020.

Sur ces 94 collaborateurs, 66 n’ont présenté aucune candidature ; 28 ont au contraire fait acte de
candidature mais n’ont pas été retenus. On note plusieurs cas de désistement de la personne
retenue parce que sa demande de revalorisation salariale a été refusée par la DGARH.

En réponse à nos observations sur la gestion chaotique du calendrier, avec des informations
fluctuantes et contradictoires sur la période des congés payés, la dispense ou non de préavis et
même la date de fin de fonction, la DGARH a estimé que le Statut faisait obstacle à ce que le préavis,
effectué ou non, soit réduit à un mois.

Elle a également précisé que la réforme de l’assurance chômage prévue au 1er septembre ne
concernerait pas les agents de la CCIR du fait de la date d’engagement de la procédure de
licenciement.

Nos observations :
La CFE-CGC a rappelé ses réserves sur la procédure de reclassement mise en œuvre (mise en
concurrence des collaborateurs à reclasser).

Nous avons également dénoncé le procédé consistant, soit à supprimer un poste pour en recréer un
presque identique, soit au contraire à en modifier substantiellement les attributions sans pour autant
le supprimer. Dans le premier cas, la CCIR peut facilement évincer un collaborateur dont elle ne veut
plus, dans le second, elle le contraint au contraire à accepter un poste différent du sien sur lequel il
n’aurait pas fait nécessairement acte de candidature si son poste avait été supprimé.

II/ Réorganisations et suppressions de postes dans la formation.


Le directeur de l’apprentissage a présenté les réorganisations et annoncé 28 nouvelles
suppressions de postes :
- 17 dans les filières, où les fonctions support qui demeurent dans les écoles sont mutualisées ;
la filière BEMP (10 suppressions) est la plus durement touchée.
- 11 à la DGAERF : désormais appelée « DGA Education », elle est organisée en cinq pôles
opérationnels et d’expertise : apprentissage, enseignement supérieur et services aux écoles

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(Direction de l’administration des concours), attractivité internationale (la DRIE), innovation
et performance pédagogique et politique éducative.

La CPR a émis un avis défavorable à ces réorganisations et 28 suppressions de postes.

Nos observations :
Concernant les fonctions support des filières, la DGARH a précisé que le sort des Responsables
Ressources humaines (RRH) des écoles n’était pas tranché : transfert au GIE ou maintien dans l’EESC.

La DGARH, qui veut garder la main sur ce qui reste du « dialogue social », anticipe probablement la
création d’une Unité économique et sociale – qui n’est pas acquise à ce jour, loin s’en faut –.

Concernant la DGAERF, le Directeur de l’apprentissage a refusé d’indiquer où étaient situées les 11


suppressions de postes.

Le schéma présenté montre à tout le moins la disparition du département RH (3 postes hors


coordination médico-sociale) et de la direction des fonctions support (2 postes). Et compte tenu des
nominations récentes (filière BEMP, DRIE), aucun directeur de la DGAERF n’est manifestement
concerné par les suppressions de postes.

III/ Transfert des fonctions support dans le GIE


1) Concernant d’abord le modèle économique du GIE, son directeur a précisé que « les
clients du GIE connaîtront les tarifs de l’offre de services le 15 septembre » (sic).

De fait, le dossier communiqué aux membres de la CPR indique que « la base d’engagement de
services en termes de tarification, de facturation, de niveau de services et d’évolution » reste « à
finaliser »et que « ces différents éléments seront présentés à chacun des membres du GIE dans le
cadre d’une convention de services au plus tard début 2021 »

Nos observations :

La situation est désormais clarifiée : la CCIR fixe les tarifs et les conditions de l’offre de services
unilatéralement. Les clients du GIE n’auront plus qu’à apposer leur signature quand on leur
présentera « la convention de services » le moment venu, peut-être même après le début de
l’exécution du « contrat ».

On pourrait ironiser sur ce « nouveau modèle » de contrat léonin, à l’opposé des principes juridiques
d’une relation contractuelle équilibrée et des objectifs prétendus du GIE, comme « créer la confiance
entre le GIE et chacun de ses membres, notamment par une meilleure fluidité des échanges ».

Mais on doute que les clients du GIE, mis devant le fait accompli de tarifs imposés et placés devant la
nécessité de dégager les ressources suffisantes pour les payer, aient suffisamment d’humour pour
apprécier la situation à sa juste valeur.

2) Concernant ensuite les statuts du GIE, adoptés par l’assemblée générale du 28 mai, le
directeur du GIE, que nous avions vainement interrogé il y a un mois, a fini par indiquer qu’il ne

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pouvait les communiquer avant validation par la tutelle - argument déjà utilisé par la DGARH pour les
statuts des EESC après l’AG de février- .

Il a également réaffirmé que le retrait d’un membre supposait l’accord du conseil d’administration du
GIE.

Pour sa part, la CFE-CGC, qui a eu connaissance d’une version des statuts, s’inscrit en faux contre
cette affirmation : aucune clause des statuts ne subordonne le retrait d’un membre du GIE à l’accord
des autres membres. Il n’y a aucune condition autre qu’un préavis de 6 mois, une date d’effet du
retrait en fin d’exercice, et bien évidemment le membre qui se retire du GIE reste tenu des dettes et
engagements du groupement jusqu’à la publication de son retrait au registre du commerce et des
sociétés.

3) Concernant le dimensionnement du GIE, le directeur général délégué a souligné


que l’absence de suppressions de postes en amont du transfert n’était pas un postulat, mais
le résultat du travail des consultants qui ont accompagné la CCIR depuis plusieurs mois.

La DGARH a reconnu que plusieurs directions support, notamment la DPSI, étaient actuellement en
sous-effectifs, parce que les recrutements dans ces directions avaient été volontairement limités
cette année, avant le passage au GIE. Ce qui a d’ailleurs conduit le directeur du GIE à annoncer de
probables recrutements, une fois le transfert effectué….

Nos observations :

Les représentants du personnel ne disposent d’aucun des éléments organisationnels ou financiers,


qui ont servi à la construction de l’équilibre financier et au dimensionnement du GIE (ou des autres
entités filialisées), en dépit de la promesse faite à la CPR de février par la direction générale.

Si le GIE recrute après le transfert - pour combler les sous effectifs ou remplacer tous ceux qui auront
refusé le transfert -, ces recrutements auront un coût moindre, compte tenu des conditions d’emploi
des futurs salariés du GIE. Mais ces recrutements seront financés par les seuls clients, puisque le GIE
n’a d’autres ressources que le prix des services rendus.

4) Concernant les conditions d’emploi des agents transférés, la CPR n’a apporté
aucun élément nouveau.

Les éléments de rémunération liés à l’ancienneté disparaissent, les indemnités statutaires de


licenciement sont perdues et seul un accord collectif permettra aux agents de retrouver des
dispositifs comme l’épargne salariale ou la retraite supplémentaire.

5) Concernant le calendrier de mise en œuvre, les agents concernés recevront une


proposition de contrat du GIE « dans le courant du mois de septembre ».

La DGARH s’est engagée à informer les agents concernés avant que ce courrier ne leur soit adressé.

La CFE-CGC a émis un avis défavorable à ce projet de transfert des fonctions support dans le GIE.
Cet avis défavorable s’explique par trois raisons : le projet repose sur un décret, selon nous irrégulier
(il est contesté en justice) ; il est brutal (il prive les agents de leur qualité d’agent statutaire sans

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compensation) et injuste, tant au regard de la situation des autres agents de la CCIR que de celle des
fonctionnaires.1 Enfin, il aboutit à une dégradation des conditions d’emploi dans une structure, dont
rien ni personne ne peut garantir la pérennité.

IV) Informations diverses :


- Un point a été fait sur les conditions d’emploi des agents de l’ESIEE, qui seront
transférés à l’Université Gustave Eiffel : contrairement aux agents des fonctions support, ils
conserveront les éléments de rémunération liés à l’ancienneté. Ils perdent, en revanche,
définitivement, l’épargne salariale ou le régime de retraite supplémentaire, qui ne concernent
que les entités juridiques de droit privé (et la CCIR d’Ile de France en contrepartie de la
suppression du régime de retraite de la CCI de Paris en 2005).
-
- Promotions au choix 2021 : l’employeur a fixé l’enveloppe à 0,2% de la masse salariale
(nouveau modèle, vieilles habitudes…)
-
- Deux collaborateurs mis à la disposition d’HEC ont été réintégrés à la CCIR, à la demande
d’HEC : ils vont être licenciés pour suppression d’emploi.
-
- La CCIT de L’Essonne retire son projet de licencier trois personnes, dans l’activité de gestion des
pépinières d’entreprises, une convention de financement ayant pu être conclue.
-
- Malakoff-Humanis, qui gère la prévoyance dans les CCI (capital décès, invalidité, complément
de rémunération en cas de maladie), a résilié, avec effet au 1er janvier 2021, le contrat conclus
avec CCI France et en vigueur depuis le 1er janvier 2018. La décision est prise en raison de
comptes « fortement dégradés » et peut déboucher soit sur un accord avec des augmentations
de cotisations – éventuellement couplées à des baisses de garanties- soit sur un nouvel appel
d’offres.Lors du comité de suivi du marché, fin 2019, Malakoff avait pointé la baisse régulière des
effectifs dans les CCI- qui dégradent mécaniquement l’équilibre du contrat- et la forte
augmentation des arrêts de travail, en durée et en nombre. Cette augmentation est, hélas, en
grande partie imputable aux réorganisations et aux transformations du réseau, qui ont des
conséquences de plus en plus lourdes sur la santé des agents.
-
- La CFE-CGC a fait observer à la DGARH qu’il y avait un mois de retard dans le versement des
titre-restaurants, aucun versement n’ayant été effectué en avril au titre du mois de mars.

Vos représentants élus : Dominique Toujas (DGAERF) et Dominique Richez (DGAF)


Rejoignez- nous ! Ensemble, nous serons plus forts !

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Décret 2020-714 du 11 juin 2020 : dans la même situation de transfert d’une activité à une personne morale
de droit privé, les fonctionnaires conservent le statut de fonctionnaire (ils sont détachés d’office) et peuvent
décider de quitter la fonction publique, moyennant une indemnité plafonnée à…24 mois !

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