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Travaux et communications pciaAhacri ihe Quel revenu minimum garanti pour quel Etat social? Considérations sur la relation entre modéles de bien-étre et modéles de revenu minimum garanti Sandro Cattacin du Département de science politique Université de Geneve 102, boulevard Carl-Vogt - CH-121] Gentve 4 - Suisse Tél. ((022) 705 83 62 - Fax (022) 7814100 UNIVERSITE DE GENEVE FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET SOCIALES, DEPARTEMENT DE SCIENCE POLITIQUE ce-malt cltacn itmaige ch Quel revenu minimum garanti pour quel Etat social? Considérations sur la relation entre modéles de bien-étre et modéles de revenu minimum garanti par Sandro Cattacin Abstract ‘We argue in this paper that the different schemes of basic income should not be considered in a competitive manner, but rather in their relationships to pre-existing models of welfare. More precisely, we will try to relate three welfare models — the societal, the conservative-corporatist and the universalistic model — which can be found in industrialised democracies to specific schemes of basic income. Thus we will discuss the advantages and the disadvantages of the introduction of the different existing or proposed schemes of basic income in relation to these three ideal models of welfare. Our assumption is that forms of basic income based on the right of the same allocation for all citizens are more compatible with the universalistic model of welfare (as it exists for example in Sweden), meanwhile schemes based on fiscal instruments of redistribution (as negative taxes for instance) fit better the societal models of welfare (as we find in the Netherlands or in Switzerland); finally we think that the conservative-corporatist ‘model of welfare (as it exists in Italy) requires forms of basic income which are combined with reinsertion strategies. This assumption, when confirmed, leads to a relativisation of the discussion about a unique form of basic income for all historically and culturally differentiated ‘models of welfare and claims for solutions to be seen in the light of the subsidiarity principle. Genéve, le 20 janvier 1995, draft |ADRESSE: 102, BOULEVARD CARL.VOGT, 1211 GENEVE 4, SUISSE - TEL, (41-22) 70589 60-FAX (641-22) 781 4100, ADRESSE: 102, BOULEVARD CARL.VOGT, 1211 GENEVE 4, SUSSE TEL. (+41-2) 705 88 60- FAX (+ 4-22) 78141 00 Dans une recherche récente sur les transformations de la politique sociale allemande, Frank Nulimeier et Friedbert W. Riib concluent qu'une réforme du syst?me du bien-étre allemand, pour avoir du succes, doit s’allier avec la tradition de I" Etat social existante. Ceci dans le but 's possibilités d'acceptation d’une réforme en I"insérant dans un discours de 33). Nous pensons que cet ité pour une discussion sur la d’augmenter continuité mobilisant du consensus (Nullmeier/Riib, 199: argument est fondamentalement juste et qu’il doit étre explic faisabilité des schémes de revenu minimum garanti, C’est selon nous méme une des conditions inévitables dans un discours de type stratégique concernant ces schémes. Une deuxiéme condition se situe beaucoup plus au niveau de la situation actuelle de double crise de I’Etat providence: une crise de ses instruments d’une part et une crise du contexte dans lequel il intervient d’autre part. Ces crises se reflétent en premier lieu dans des problémes de Iégitimité de introduction de nouveaux instruments de politique sociale. Dans ce cadre on doit surtout se demander quelles sont les forces nécessaires pour transformer I’Etat social, Plus spécifiquement, on doit analyser l'intégration dans la coalition politique de réforme des intéréts de la classe moyenne. En effet, comme I’a analysé empiriquement Peter Baldwin (1990) et comme I’a postulé récemment Klaus Eder (1993), cette classe constitue la force jons de changement touchant 4 des questions de charnigre pour toutes les propo: redistribution. En deuxime lieu, ces crises créent des problémes d’adaptation de nouveaux instruments & l’égard de l’environnement changeant. C’est en effet un environnement caractérisé par une croissance des problémes sociaux qu’on pensait avoir résolus. C’est le cas du chémage mais aussi de tous les phénoménes qui se résument dans les mots-clé de la nouvelle pauvreté, En d’autres termes, I’Etat providence agit dans une situation hautement nouvelle et de ce fait non plus maitrisable avec ses instruments traditionnels. Comme mesures pour sortir de cette impasse, le discours scientifique et politique a thématisé les schémes de revenu minimum garanti, Ceux-ci sont présentés en tant que solution a la double crise de |"Etat providence. Dans ce texte nous chercherons d’argumenter que cette équation est trop simple. Nous ferons ceci de la maniére suivante. Tout d’abord nous analyserons et différencierons les traditions d’Etat providence dans lesquelles se doit insérer, et ceci de maniére stratégiquement adaptée, une discussion de réforme (I). Cette analyse nous permettra de distinguer deux types @’Etat providence, ainsi que des variantes mixtes de ces deux types. Nous discuterons et approfondirons ce contexte actuel de double crise de I’Etat providence pour pouvoir en déduire les éléments auxquels une réforme doit répondre (II). Ensuite, dans la partie centrale, nous discuterons différentes propositions de revenu minimum garanti a la lumiére des réflexions précédentes (III), Dans cette partie, nous soulignerons comment, 8 notre avis, il n'existe aucune réponse technique, tel que les schémes de revenu minimum garanti actuellement discutés, capable de résoudre les problémes d’intégration sociale qui se trouvent en aval des phénomenes de marginalisation et d’exclusion sociale, Nous conclurons avec un bref commentaire sur les stratégies qui doivent étre prises en considération si l'on désire réaliser une réforme complexe tel que celle proposée par les schémes de revenu mi Nullmeier et Rib proposent, aprés le constat de la nécessité de s’allier 3 la tradition allemande de welfare, l'introduction d’une assurance de citoyenneté A savoir une assurance obligatoire pour tous les citoyens garantissant un revenu minimum en cas de manque de revenu. Cette proposition s’explique par la tradition allemande, fondée par Bismarck, d’obliger une catégorie aprés autre de s’assurer — au moins pour un montant minimal — contre des risques qui lui incombent. L’exemple classique est donné par l’introduction dans la réforme bismarckienne d’une assurance vieillesse d’abord dans les industries en 1889, aprés dans l’agriculture et enfin chez les employés. Ce syst#me n’est d’ailleurs pas orienté vers des catégories considérées en tant que sommes d’individus isolés de leur contexte social. En effet, ceux-ci sont congus comme insérés dans un noyau familial auquel ils appartiennent ou envers lequel ils ont une responsabilité de soutien. Cette tradition est bien différente de celle concernant par exemple les pays scandinaves ou I’Angleterre. Ces pays connaissent des systémes de sécurité sociale qui sont opposés aux deux critéres de base du systéme allemand. Premigrement, I’assurance intervient seulement subsidiairement et, deuxigmement, c’est I’Etat qui organise la redistribution selon un systéme garantissant 8 tout le monde l'accés aux prestations sociales (sans catégorisation discriminant) et caractérisé par l’universalisation de V'individu en tant qu’unique unité de référence. Normalement, ’exemple 2 citer dans ce cas est l’Angleterre qui a introduit en 1908 une loi donnant le droit & une pension pour tous les habitants du Royaume. Ainsi , du point de vue du systéme de prise en charge de certains risques individuels, il est possible de différencier au moins deux systmes. Ceux-ci sont appelés par Maurizio Ferrara (1993), systéme occupationnel et systéme universaliste, Ferrara distingue en effet deux itinéraires de {'Etat providence fondamentalement différents. Une voie décrit ces pays ot les corporations et les acteurs caritatifs ont mis en place les premiers services de welfare. L’autre voie indique des pays qui connaissent trés tt ces mécanismes de défense sociale minimale que constituaient les lois sur les pauvres. Cette premiere différence, imputable & la variété des contextes religieux, culturels et institutionnels, a des effets sur la conception des premieres lois de couverture de risques tels que la maladie et la vieillesse. La grande différenciation en deux modéles a lieu, toujours selon Ferrara, entre 1880 et 1920, La voie occupationnellle essayera de faire face aux risques qui touchent certaines catégories d’employés en créant des situations de solidarité et de redistribution & l’intérieur de ces catégories. Par contre, Ia voie de couverture universelle de tous les citoyens nait au moment oi, afin de remplacer les lois sur les pauvres, l’on décide de créer des assurances nationales financées par les impéts et couvrant les risques de tous les citoyens (voir aussi Alber, 1982 et Schulte, 1990). -4- ‘A partir de 1945, les pays pris en considération par Ferrara empruntent des chemins différents et restent seulement partiellement fideles aux choix dérivés du premier écartement fondamental. Emergent ainsi quatre trajectoires différentes, appelées dans la figure 1 occupationnelle pure ou mixte et universaliste pure ou mixte, Les cas mixtes se eréent quand des éléments de l'autre modéle de base sont repris. Figure 1: généalogie des welfare states sidcle 17éme — 188me cartative-corporatiste toi sur les pauvres: | 1880— 1920 === = a a Be ae. = Pn = (source Ferrara, 1993: 101) Les deux variantes impures sont expliquées par Ferrara par le biais de circonstances politiques spéci variables liées au processus politique qui ont fait changer Vitinéraire aux pays connaissant des systémes sociaux mixtes. De ce fait, Ferrara introduit une nouvelle dimension de l’analyse expliquant la déviation du systéme. Toutefois, aussi la stabilité devrait étre prise en considération et ceci est fait explicitement par Esping-Andersen (1990) quand il parle de régimes de régulation. Chez cet auteur c’est cette dimension qui est au centre de la typologisation quand il propose de différencier trois régimes. Ces trois régimes sont appelés par Esping-Andersen, de fagon suggestive, The Three Worlds of Welfare Capitalism —les trois mondes du capitalisme du bien-étre. Il s’agit du monde libéral, du monde conservateur-corporatiste et, enfin, de celui social-démocrate. jues survenues aprés la deuxiéme guerre mondiale, En d’autres termes, ce sont des Dans le premier monde, celui libéral, I’hégémonie sociale de la bourgeoisie des entrepreneurs et la dominance de valeurs libérales fondées sur I"initiative individuelle et Méthique du i, vail, ont empéché le réformisme social et encouragé des solutions de marché aussi au niveau des besoins de protection. L’Etat social s’adresse de cette maniére surtout aux personnes qui passent le test effectué afin de vérifier les moyens a disposition — le means- test, C’est un Etat social avec une base minimal de programme & occupationnelle. Le coeur de ce monde est constitué par les Etats-Unis, le Canada et I’ Australie; ‘mais aussi la Nouvelle Zélande et la Grande Bretagne partagent les caractéristiques centrales de ractére universaliste ou ce modele, Dans le regroupement conservateur-corporatiste I’hégémonie bourgeoise se confond avec une tradition étatiste, une doctrine sociale de Léglise et une articulation par catégorie du corps social. Ceci a favorisé ’expansion de programmes sociaux généreux, mais qui cherchait quand méme 8 maintenir les différences sociales existantes. Ces différences étaient liées aux différentes positions dans le monde du travail. Ce sont en outre des programmes qui ont des effets marginaux de redistribution. Dans ce modéle le secteur privé joue un réle subordonné et secondaire. Néanmoins, l’importance de la religion a fait en sorte que la famille joue un role important étant celle-ci vu comme la meilleure instance de résolution de problémes sociaux dans une société. Ce monde conservateur-corporatiste regroupe typiquement les pays de "Europe continentale. Dans le troisiéme régime, prédominant dans les pays scandinaves, on est confronté a une hégémonie de la social-démocratie. Celle-ci a produit un welfare state. Il s’agit d’un systéme du bien-étre basé sur l’intervention étatique qui substitue le marché et la famille. C'est un systéme qui veut promouvoir une égalité au niveau le plus haut possible en garantissant toute la population un aces a tous les services de haute qualité, Alors que la classe moyenne reste en dehors du systme du bien-étre dans le premier modéle, dans le deuxitme elle en profite davantage au travers d’une prise en charge différenciée, Dans le troisiéme modele la classe moyenne, comme toutes les classes sociales, est intégrée dans le welfare state par le biais des services et des programmes universalistes. Ceci engendre du soutien envers I’Etat social fortement redistributif, provenant de toute la population mais en particulier provenant des classes les plus nombreuses. Selon Esping-Andersen, ces trois mondes trouvent leur place sur un continuum établi cn fonction de ce que cet auteur appelle la capacité de “démarchandisation*, Ce terme désigne tune mesure indiquant jusqu’d quel point les différents mondes soustraient le citoyen de la dépendance du marché (voir tableau 1 pour ce qui concerne les résultats de la transformation ‘empirique de cet indicateur effectuée par Esping-Andersen, 1990: 50). Cette mesure demeure faible dans les welfare states libéraux. Dans le cas d’un besoin (par exemple une maladie ou le homage), le soutien de I’Etat est trés bas et ceci encourage entrée dans le marché et/ou le recours & des moyens propres. Dans le monde conservateur-corporatiste, par contre, les citoyens ont un certain niveau de soutien public non dépendant de leur situation de travail. Enfin, la liaison entre marché et citoyenneté est complétement absente dans le modele social- démocrate. En effet, a ce niveau tout le monde a accés aux mémes services, indépendamment De ce fait, la du statut $0 démarchandisation du citoyen est la plus importante. et de la place que l'on occupe dans le monde du travail ‘Tableau 2: Rang des welfare states sur la base de indice de démarchandisation* Pays Points Australie 13.0 Etats-Unis Bs Nouvelle Zélande a7A Canada 20 Inlande 23 Grande Bretagne Ba Italie 24.4 Japon 24 France 275 Allemagne 277 Finlande 29.2 Suisse 298 Autriche 3a Belgique 324 Pays-Bas 324 ‘Danemark 38.1 Norvége 383 ‘Subde 39.1 Moyen 272 ‘Standard Deviation WW *Cet indicateur monte le niveau monétaire de garanties existantes en cas de maladie, chOmage et vieillesse. Il est construit a travers une attribution de points selon les champs des risques liés au chomage, a la maladie (participation du malade aux dépenses) et & la vieillesse (systéme des pensions). (source: Esping-Andersen, 1990: 52) Cette dimension de la démarchandisation lige au régime peut étre combinée avec la recherche que Ferrara (1993) a menée afin d’identifier les trajectoires que I’Etat providence a tracé en partant de la question “qui inclure?". Nous obtenons ainsi comme résultats une image qui s‘articule autour de deux axes. Le premier indique le degré de démarchandisation, alors que le b) L’idée de l'impot négatif, lancé par Milton Friedman (19629), opére une différence entre revenu, impOt positif, impét négatif et revenu disponible. Le revenu est la base sur laquelle se calculent les impéts. Un seuil définit quand le contribuable doit verser des impdts a la fiscalité (impéts positifs) ou quand e’est I’Etat qui doit faire un transfére (impots négatifS). Avec un revenu nul, c’est le total de limpot négatif qui est transféré, c’est-2-dire un revenu minimal, Cette mesure s’insére dans une logique d’Etat social caractérisée par des éléments universalistes, mais qui connatt aussi une orientation vers le revenu individuel (c’est-a-dire vers un gain issu d’une occupation). De ce fait, elle pourrait se légitimer institutionellement dans des 4Ceci reste une hypothése pour des nouvelles intiatives. En ce qui conemne I"Etat social et ses acquis, par conte, il connait encore dans les pays scandinave une haute Iégitimité (Kihnle, 1989: 34). Nous n’entrons ici pas dans des critiques de faisabilité ou dans des justifications le but étant d’apprécier Vallocation universelle & la lumiére des traditions de politique sociale et des rapports de forces dans les sociétés modemes, Par ailleurs, ces idées on les retrouve déja chez George J. Stigler, -13- pays 8 tradition universaliste mais aussi a tradition mixte tels que I’Italie, les Pays-Bas ou encore la Suisse. Dans ces pays, les payements de transfert, ainsi que de l'assistance sociale sont déterminés grice A la déclaration d’impots. L’impot négatif pourr argumente par exemple Antonin Wagner (1991: 100ss), étre considéré comme l’aboutissement dune tendance a I’assistance sociale par catégories qui permet de généraliser la situation d'aide. Un avantage fonctionnel est done celui, 3 c6té de son effet ordonnant, de la simplicité de introduction de cette mesure dans des pays qui connaissent un systéme de payement des impéts différencié et largement utilisé pour la détermination d’aides catégoriels. A cela s‘ajoute un possible avantage lié A l’effet d’individualiser le montant du transfert — et de ce fait, ainsi, comme donnant la possibilité de prendre en considération une situation personnelle de manigre complexe. Néanmoins nous pensons que Iintroduction de cette mesure pose un certain nombre de problémes importants. Par exemple, en séparant revenu et travail de cette facon, il est possible de créer un nouveau lien indirect et pervers entre ces deux termes. En effet, puisque ce revenu pourrait étre utilisé comme subventionnement d’un travail mal payé, il pourrait aussi de ce fait servir une logique de maintien des structures d’entreprises précaires (ceci est par exemple irresponsable du point de vue écologique). Ce subventionnement de travail mal payé rétablit en autres termes un lien entre travail et revenu qui ne peut pas étre désiré et qui est dans I'idée de base de I’impét négatif but primaire de dissolution (voir sur ce point par exemple Heinze et al., 1988: 81). Le systéme de I'impot négatif peut également aller A l’encontre de la nécessité de détacher la survie individuelle de ’intervention étatique et politique. En effet, ce syst#me, méme sil permet de différencier selon la hauteur des imp6ts payés, demeure facilement réglable par des interventions administratives qui pourraient, selon la conjoncture politique, ajuster les taux "imposition vers le haut (avant des élections par exemple) ou vers le bas (pour améliorer les finances publiques). Ceci est certainement. plus difficile quand I'allocation universelle est distribuée étant celle-ci plus directement visible et plus directement déterminable. ‘Au contraire, les transferts calculés par le biais des impdts sont plus flexibles. Toutefbis, cette flexibilité ne peut pas étre envisagée pour les personnes les plus défavorisées. Un troisi#me probléme est lié a la structuration du transfert par les impéts. Celles-ci représentent un systéme assez complexe pour une partie des personnes exclues aujourd'hui des bénéfices de Ia société. II serait absolument nécessaire, afin d’ intégrer ce systéme, de rejoindre par un travail de type outreach Ia marginalité qui n’est pas capable ou préte 2 entrer en contact avec une administration au travers du systéme des impéts, (voir Weber, 1991: 75). Dans des pays avec une tradition de transferts universaliste ou mixte, cet instrument peut certainement étre politiquement plus facilement accepté que allocation universelle. Toutefois, nous pensons que ses effets sont tous A évaluer et qu’une transformation d’un systéme du bien-étre dans cette direction nécessite des expérimentations et des évaluations coneretes. -14- ©) L'idée d’allocations d’insertion ou de principe de seuil cherche 3 garantir un revenu minimal & travers augmentation de tous les payements de transfert & un seuil minimal. Contrairement & allocation universelle ou & I’impot négatif qui donnent le droit & un revenu ‘minimum indépendamment d’une situation personnelle, I’idée de seuil reste orientée vers une (é individuelle. Des champs importants de la sécurité sociale tels que les rentes liges a la on rencontre I’expérience du revenu le, sont harmonisés (augmenté dans les cas i on élimine les inégalités de traitement et néces retraite, les garanties de revenu en cas de chdmage minimum d’insertion frangais) et l'assistance soci de transfres trop bas) sur un seuil minimal. De ce les cas de lacunes de couverture. Cette proposition s'insére dans la continuité de I’Etat providence de type occupationnel en assurant son “completement* et non pas son “rechange* (comme le formule Markmann, 1987: 5 pour I'Allemagne). Du point de vue politique, cette mesure pourrait facilement étre acceptée en tant que Ie dans des pays & caractére universaliste et en tant que systéme intégratif des assurances catégorielles dans des pays de tradition occupationnelle. Chez ces demniers, cette allocation d’insertion est certainement mieux acceptée du fait de sa normalité a Vintérieur d’un systéme ances obligatoire. Par contre, le jumelage entre assistance sociale et allocation d’insertion, tel qu’il serait proposé dans des pays a tradition universaliste, aménerait des problémes majeurs d’acceptation liés au stigmate de marginalité des personnes rationalisation de l'assistance 80% utilisant l'assistance sociale, Les problémes de ce s; -me sont liés tout d’abord a la relation persistante entre travail cet revenu dans le sens que la situation sans revenu est pergue comme exceptionnelle. De plus, le means test nécessaire pour la détermination du subside afin d’arriver au seuil minimal dexistence, semble une mesure pré moderne dans une société qui demande des espaces daulogestion. Néanmoins, dans la mesure od il faciliterait la détermination du montant d’aide en simpl discriminations de tout type, il est & considérer comme un pas important dans "introduction fant les procédures aujourd’hui souvent trés complexes et contenant des un droit & un revenu minimum garanti . d) Vu ces différents instruments et leurs chances d’application, ainsi que leurs possibles, effets, nous pensons qu’il n’existe pas une voie royale au revenu minimum garanti. Tous ces, instruments nécessitent d’étre expérimentés dans les différents contextes oi ils sont proposés. Toutefois, selon nous ce qui est important c’est de surmonter une faiblesse intrinséque a toutes ces propositions: elles proposent en effet une solution technique & un probléme social. La marginalité et exclusion peuvent certainement étre atténuées si on donne a tout le monde, d'une manire ou d’une autre, une chance & la survie sous une forme matérielle. Mais nous pouvons nous imaginer, et les intervenants dans le social en sont conscients, que les situations dexclusion ne sont pas uniquement issues d’un manque de ressources, L’endettement, la dépendance a différentes drogues, les problémes psychiques et les autres problémes entrainant des spirales de l’exclusion, ne peuvent pas étre pris en charge par une contribution minimale de survie. Ces exclusions demandent beaucoup plus d’ interventions complexes et la mise en place activités de face-B-face, c’est-A-dire d’une interaction directe visant l'aide différencié (sur le -15- principe de l'individualisation voir Ferroni, 1992). Ces situations demandent aussi une responsabilisation de la société civile par rapport a T’aide aux personnes en détresse. Si les stratégies de garantie d’un revenu minimum 3 travers un droit @ un revenu minimal aideront une partie des exclus (notamment des groupes a risques tel que les familles monoparentales, les chomeurs de longue durée ou encore les personnes divoreées avec devoir de contribution — cestai-dire de catégories visibles —), nous sommes également confrontés avec une autre partie de la population qui ne serait pas aidée par ces formes de revenu. Nous pensons de ce fait que chaque réforme doit étre accompagnée de mesures de résocialisation du social et de enforcement de I'intégration sociale. Nous pouvons done affirmer que, en citant Frangois ‘Hopflinger et Kurt Wyss “Neben der Erneuerung des systemintegrativen Sicherungsprinzips, das in erster Linie 2 einer Erhohung der dkonomischen Integration der Erwerbstosen fubren soll, bedarf es der sozialintegrativen Prinzipien. Wird nimlich das Paradigma der Acbeitsgesellschaft insofern verlassen, als ein ohnunabhingiges Sicherungssytem. geschatfen wird, dann missten auch Arbeitsformen entwickelt werden, die jenseits vom Axbeitsmarkt funktionieren und in deren Rahmen Nichterwerbstitige bzw. Nichtlohn- ingige sozial integriert werden (HOpflinger/Wyss, 1994: 197). ‘A quel type interventions pourrait-on penser si on désire renforcer l’intégration sociale? On touche ici le terrain de toutes les stratégies de réforme qui visent a redonner de la valeur aux activités issue de lauto-organisation de la société, tel que V’aide entre voisins, le bénévolat etc. Dans ce contexte, on a souvent recours & la métaphore de Ja nouvelle subsidiarité (voir Heinze 1986). Nous n’avons pas l'intention d’entrer dans cette discussion, mais nous aimerions néanmoins donner quelques indications sur la direction qu’une stratégie de ce genre devrait suivre: — Auniveau de Ia qualité de vie, cette stratégie doit viser ’amélioration les conditions de vie. Ceci en particulier dans ces endroits qui souffrent de dégradation tel que certaines périphéries de villes. Par exemple, ceci peut étre fait par la mise en place d'une planification urbanistique respectant I’homme (voir par exemple Cattacin, 1994: 1835s), par une amélioration et une large diffusion des services sociaux et des loisirs en général, etc. (sur ce probléme voir Hépflinger/Wyss, 1994). — _ De plus, elle devrait revaloriser le travail non professionnel et le bénévolat dans la production du bien-étre collectif. Ce sont beaucoup de prestations intensives en temps (et de ce fait potentiellement chéres) que I’Etat providence ne peut (en de devrait) plus garantir. C'est l'activité bénévole qui est appelée a intervenir ou, au moins & contribuer, quand apparaissent des situations d’intervention intense, mais non pas spécialisée, telles que par exemple une partie des soins a domicile ou l’accompagnement des personnes malades. Ceci peut étre fait de différentes manitres. Pensons par exemple aux bons délivrés pour le travail bénévole utilisable pour l’intégration de la pension, etc (voir & cet égard les propositions de Heinze et al., 1988: 221ss).. -16- — Acette politique doit s‘ajouter une stratégie de renforcement des organisations dites intermédiaire entre Etat et société civile qui sont actives dans les champs de la production du bien-éire (ceci peut étre fait par exemple avec des contrats de coopération entre Vacteur public et celui privé et des subventionnements; voir Evers, 1990). Toujours au niveau organisationnel, il serait absolument important de repenser certains modéles de coopération existants dans le systtme du bien-étre en se réorientant vers une rationalisation du fonctionnement et vers une harmonisation des différents sous champs d’un domaine du social. nous pensons qu’il serait primordial afin de garantir le succés de schémes de revenu minimum garanti, d’ajouter 4 une politique visant une amélioration de Ia situation matérielle des personnes marginalisées et en détresse, des éléments renforgant Vintégration sociale dans une société . Iv La réflexion autour du revenu minimum garanti s’est transformé d’un débat ayant lieu dans des cercles restreints au début des années quatre-vingt en un discours politique réel, présent dans tout débat sur la réforme de I’Etat providence. Mais il n'est actuellement pas politiquement réalisable A cause, en premier lieu, des effets non prévisibles de son introduction indépendamment de la forme sous laquelle il est présenté (comme note aussi Gaspare Nevola, 1991). De ce fait, il existe les conditions de la transformation du discours sur le revenu minimum garanti en un discours sur lintroduction expérimentale de différentes formes de ce seul de survie matérielle, Etant l'expérimentation (et I’6valuation) un instrument important de la définition d’une régulation politique dans des conditions d’effets incontrdlables (et de plus en plus diffusé dans des Etats modernes), nous pensons avoir suffisamment d’éléments pour promouvoir I'introduction de formes de revenu minimum garanti dans des réalités différentes. Test d’ailleurs prévisible que ce type d’expérimentation soit réversible et qu’elle soit, de ce fait, justifiable aussi d’un point de vue strictement formel. Certainement, ce sont les Etats fédéralistes qui sont avantagés dans la promotion des cexpérimentations sur le revenu minimum garanti, En effet, celles-ci peuvent étre appliquées sur un territoire limité connaissant des autonomies de gestion du social (pensons ici aux Lander allemands ou aux cantons suisses”). Néanmoins nous pensons que les impulsions doivent venir des gouvernements et des parlements au niveau de l’Etat nation. Ceux-ci doivent pouvoir garantir pour les risques pris, inciter 4 l’expérimentation, subventionner et apprécier les résultats de ces expérimentations. Engin, ils doivent agir selon les résultats pour promouvoir des solutions convenables aux réalités représentées dans I'univers des Btat sociaux. Les structures supranationales tel que I’Union européenne sont certainement aussi interpellées dans cette promotion d’expérimentation et dans la diffusion des résultats, TL'Btat social suisse s'est d’ailleurs effectivement dévoloppé dans des importantes parties du territoire en ccopiant des expériences cantonales (Bitschi/Cattacin, 1993: 3648). -17- Un role important incombe 4 revenu minimum garanti en tant que seuil nécessaire pour améliorer la individus. Ici la promotion de législations contenant le droit @ un revenu mini essentielle. Néanmoins, nous pensons avoir suffisamment illustré le fait que ces instances se devraient abstenir de promouvoir une forme de réalisation spécifique — n'existant celle-ci probablement pas — et devraient s‘activer dans le respect du principe de subsidiari (renouveler certainement, mais quand méme fixant l'autonomie des Etats dans le développement de réponses différencié leurs A ces instances dans la promot {uation matérielle des jum garanti est -18- Bibliographie Alber, Jens, 1982, Vom Armenhaus zum Woblfabrtsstaat. Analysen zur Entwicklung der ‘Sozialversicherung in Westeuropa, Francfort M./N.Y.: Campus. Baldwin, Peter, 1990, The Politics of Social Solidarity, Class bases of the European Welfare Stite 1875-1975, Cambridge: University Press. Beck, Ulrich, 1986, Risikogesellschaft. Auf dem Weg in eine andere Moderne, Frankfurt M.: Suhrkamp. Biitschi, Danielle et Sandro Cattacit conflictuelle entre Etat et soci ditions Réalités sociales. 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