oe kais SAiED ALGERIE DOSSIER
Me ND Dg Peutil changer —El-Farrach, Pétrole & gaz
nn la Tunisie? prison VIP
Le 16 octobre 2009,
Cecelia te eel a)
Aiiicesesscoame se 1-10) |ie ls
OE a ade a
pouvoir, dans un contexte
marqué par les interrogations
Ease clae RT
Qua-t-il fait
(eRe eeeCe que je crois
Samedi 19 octobre
Béchir Ben Yahmed
bby@jeuneafrique.com
Pronostic réservé
e peuple a-t-il toujours
raison? Ses choix sont-ils
forcément les bons?
Beaucoup le croient et
yvvoient la justification de
la démocratie; exemple
tunisien, qui se déroule sous
nus yeus, extol V'illusuativn de
ce postulat?
*
Les trois quarts des votants,
dont 90 % des jeunes, ont donné
leur voix, le 13 octobre, & Kais
Saied. Ils ont ainsi fait de cet
homme hors normes, né le
22 février 1958 - deux ans aprés
Yindépendance -, le président de
a République pour les cing ans
qui viennent.
Kais Saied a obtenu deux fois
plus de voix que n’en avait ra
sembié, il y a cing ans, son pré-
décesseur, Béji Caid Essebsi (dit
BCE). adoncété d'une certaine
maniére plébiscité, surtout parla
jeunesse, et Yon ne peut qu’étre
impressionné par cet exploit.
Kais Saied est ce qu’on appelle
un « outsider ». Né la politique
en 2011, il aura bient6t 62 ans,
maisn’aexercé,jusqu‘ici, aueune
fonction publique. Cest un pro-
fesseur de droit constitutionnel
ala retraite: il a un parcours ori-
ginal, est intégre et formule des
idées bien a lui, dont certaines
sont tendance anarchiste, uto-
piste ou néo-kadhafienne.
Sans parti ni députés, il
s'est entouré de jeunes a la
recherche d’un guide ou d’un
chef de file; certains le suivent
inconditionnellement.
Suudiscuuisest uliérent nals
ardu, ce qui a constitué sans
aucun doute l'un de ses atouts.
En un mot comme en mille, le
futur président de cette démo-
cratieen rodage qu'estla Tunisie
est un personage atypique: &
ce jour, nul ne sait comment il
va présider aux destinées de son
pays, ni avec qui il vale faire.
Personne n’a lu de lui ce qui
pourrait s’apparenter a un
programme.
°
Sai été impressionné, bien
sii, par le raz-de-marée électo-
ral en faveur de cet homme au
langage parfois prophétique,
qui plaide pour « plus de révolu-
tion », répéte qu’« une nouvelle
étape de la révolution est néces-
saire » et qu'il est « le garant du
changement ».
‘Mon premier réflexe a été de
me dire que, gravement décus
par le personnel politique qui
a pris en charge leur destin &
partir de 2011 et qui s'est révélé
incapable de sortir la Tunisie de
Yomiere, les électeurs tunisiens
on choisi un homme nouveau,
hoanéte, hors du systéme. C'est
logique, et méme trés bien.
Na position est de lui accorder
unpréjugé favorableet, d'ici asix
midis, dele jugersursesactes, sur
sa taulére drexercer le pouvolr
et sur la qualité des femmes et
de: hommes qu’il aura installés
auzcommandes avec lui.
Sera-t-il transfiguré par le
potvoir comme cela arrive sou-
vert? Que révélera-t-il de lui-
mame qu'il n’a laissé jusqu'ici
traasparaitre?
I ne sera investi qu’a la fin de
ce nois, n’habitera sa fonction
quen décembre, ne prendra ses
marques qu’au début de 2020, si
bien que l'on ne saura quel pré-
sident il sera que vers la fin du
premier semestre de 2020.
Tira-t-on alors de lui que s'il
paise la premiére année il ira
loin?
*
Gn sait fort peu de chose sur
lui sur son entourage et sur ses
idées. Fen conclus pour ma part
qu cet homme est encore « une
éngmeenveloppée de mystére >.
Tonconnaiten revanchel’état
dupays aux destinées duquel
isa présider et la nature de la
Corstitution dont il hérite.Ce que je crois
On aimerait, pour lui, pour la
Tunisie et pour ce qu’elle repré-
sente dans le monde, qu'il réus-
sisse, Pourtant l'analyse la plus
optimiste conduit 4 un pronos-
tictrés réservé. Lexpérience Kais
Saied aune trés faible chance de
fonctionner; elle peut mémesus-
citer des turbulences sociales.
1) Les six derniéres années
du président-dictateur Zine el-
Abidine Ben Ali, de 2005 42010,
ont été médiocres sur le plan
économique: ayant mangé son
pain blanc, le pays a commencé
alors vivre sur ses acquis.
Evil continue a stagner, faute
d'investissements et de pro-
ductivité, Les dépenses de
Etat se sont considérablement
alourdies, "industrialisation a
régressé et 'endettement a plus
que double, approchant la baie
de 100 % du PIB.
Vinflation est galopante et
le pouvoir d’achat du Tunisien
moyen en est grignoté mois
aprés mois.
Au total, sur le plan écono-
mique, la Tunisie a perdu, au
cours des quinze derniéres
années, ’avance et l’aisance
quelle avait pu acquérir durant
les décennies précédentes.
Son prochain gouvernement
prendra donc les rénes d’un
Etat qui n’a plus aucune marge
de manceuvre financiére, au
moment oit s'amorce un net
ralentissement de la croissance
mondiale. Comment fera-t-il
pour redresser le pays, obtenir
qu'il produise plus et mieux?
2) Le systéme politique dont il
hérite et qu'il ne peut modifier a
dja révélé son inefficacité.
Les élections qui viennent de
seteniront montréquelopinion
rejette ce systéme et cherche le
salut en dehors de lui.
Mais il est toujours la, plus
émietté que jamais, aussi parle-
mentaireet bicéphale qu'il 'aété
jusqu’ic
3) Les islamistes tunisiens
et leur parti, Ennahdha, qui
Yont voulu et en profitent au
détriment du pays, demeurent
sa composante parlementaire
centrale.
Ils ont voté au second tour
pour le président élu et s'ef-
forcent, comme ils Vont fait par
le passé avec succes, dese rendre
indispensables au bon fonction-
nement d’un systéme qui leur
convient.
*
4) Dans ce systéme, le champ
d'intervention du président
Kais Saied, élu par prés de 40%
du corps électoral, se réduit a la
diplomatic et Ala défense.
Gérée par un chef du gou-
vernement autonome, la poli-
tique économique et sociale lui
échappe.
Comment pense-t-il en
répondre devant les Tunisiens?
8) Professeur & la retraite,
wayant jamais eu a exercer le
pouvoir, le nouveau président
tunisien est, disons-le, inexpé-
rimenté, Ila tout a apprendre de
sa nouvelle fonction de chef de
Etat. Inévitablement, il décevra,
Ceux qui entourent sont pour
1a plupart tout aussi inexpéri-
mentés. Ils ont pour eux l'atout
de leur jeunesse, laquelle a aussi
seslit Sauront-ilsapprendre
de leurs erreurs? Voudront-ils les
corriger?
+
On dit communément, a rai-
son, que tout est possible en
politique.
En loccurrence, il faudrait un
miracle pour que cela marche;
Verreur est interdite, les taton-
nements sont proscrits.
HUMOUR, SAILLIES
ET SAGESSE
Pour vous faire sourire, grincer
des dents — ou réfléchir-, ic,
chaque semaine, une sélection
subjective, la mienne, de ce qui
a été dit ou écrit au cours des
sicles par des hommes et des
femmes qui avaient des choses
intéressontes ou drdles a nous
dire, BBY.
Situ n’espéres pas, tune
rencontreras pas inespéré.
Dans es temps de révolutions,
con ne trouve d’habileté que dans
lahardiesse, et de grandeur que
dans 'exagération,
Les pauvres ne savent pas la
chance quils ont: sis savaient ce
que cacotte cher d'étre riche!
Lexpérience, ce n'est pas ce qui
arrive 6 quelqu‘un, cest ce que
quelqu’un fait avecce qui lui
arrive
Aforce de chercherla perfection
de la statuette, on fini par li
couper la téte.
Le monde ne sera pas détruit par
ceux qui font le mal, mais par
ceux quiles regardent sons rien
foire.
Albert Einstein
lIn’ya que le travail pour y arriver,
est pour ca quion n'y arrive pos.
MI
Courir aprés les femmes nva
jamais foit de mal personne.
Cest les rattraper qui est
dangereux.
Cre
Blamer ce qu'on ignore est un
traitde novice
MERIEDITORIAL
Marwane Ben Yahmed
Y@marwanesy
Un nouveau Gabon ?
eauicoupaété ditou éerit-et
BSN souvent n'importe quoi!
sur l'état de santé d’Ali
Bongo Ondimba (ABO), victime d'un
accident vasculaire cérébral ilyatout
juste un an, lorsd’un séjour en Arabie
saouidite, et sur les conséquences dle
sa maladie sur le fonctionnement
de I’Etat gabonais. En son absence,
bien des informations difficilement
vérifiables ont circulé. Elles n’étaient
souvent quedes infox savamment dis-
tillées par ceux aui y avaient intérét
soit pour régler d’obscurs comptes,
soit pour se protéger des violentes
luttesde pouvoiren cours. A’époque,
ileétait trés difficile ¢'y voir clair dans
le théatre d’ombres de Libreville.
Passe encore que les makayas se
soient perdus en conjectures et aient
inondé les réseaux sociaux des theses
les plus farfelues. Mais comment jus-
tifierles confidences «desource sire »
susurtées par nombre de chefs ¢’Etat
africains avant detrouver de complai-
sants relais & Paris? Le plus souvent,
on tentait de nous convainere que le
séjour terrestre d’ABO touchait a son
terme. Parfois, on nous annongait
de terribles rechutes. Quand on ne
sait pas, que lon n'est pas trés sir, ou
que Yona facheusement tendance
prendre ses désirs pour des réalit
mieux vaudrait s‘abstenir de tout
commentaire, non?
Voici donc, avec le recul néces-
saire et au terme d’une minutieuse
enquéte, ce que ’on sait de cette
extraordinaire séquence qui a boule-
versé le Gabon de fond en comble. It
est parfaitement exact qu’Ali Bongo
Ondimba a été victime d'un grave
AVC. Si grave qu'on se demande par
quel miracle ily asurvécu. La rapidité
de la prise en charge et la qualité des
soins qui lui ont été prodigués y sont
assurément pour beaticoup. Nul
doute que si faccident avait eu lieu &
Libreville, le cours desévénementsen
efit été changé. I est également vrai
‘quABOs‘en remet plutot bien, quiilse
soumet Aunedure rééducationet un
régime drastique quilui a fait perdre
unetrentainede kilos. Surleplandela
motricité comme de?’élocution, il pro-
gresse vite et beaucoup. En espace
de auelaues mois. ila troauéson fau-
teuil roulant pour une simple cane.
Désormais, n'a plus besoind’aucune
aide pour se déplacer, et il sexprime
normalement. Au prix, sans doute,
dépisodiques efforts de
concentration que seuls
de plus prés, méme s'il semble mala-
drdt de le dire de maniére aussi
abrupte, on peut se demander si son
AVC aura finalement pasété un mal
potrun bien,
Ravageur « reset »
Conment analyserle grand ménage
aucuel il a procédé dans son proche
enburage sinon comme la volonté
de ‘out reprendre de zéro, de tirer
toutes les legons de cette décennie
aucanrs de laquelle tant anra été
pranis et si peu tenu? Certains ont
‘ars nul doute payé leur comporte-
‘ment indélicat quand, aullendemain
deson accident, ils avaient crumort.
Moment de panique
générale au cours duquel
meee elec aman Le rns
Certes, physiquement, momentoil d'un. Et lesa parfois inci-
ASojzeseelamisrhs on|epensit Seeman ip
treindre une rigoureuse ffaibli qu‘Mli a fallu choisir entre plu-
hygiene de vie, se mon- sieurs lieux de convales-
crpricecsccraicage, (TMEBGINE Coca: mata comme
Surleplan psychique,en Ge fermet. —_ le suggérait avec insis-
revanche, ilm’arien perdu.
deses facultés.
Lauteur deses lignes, quile connait
depuis plus de dixanset!'a interviewe
A maintes reprises, s'est entretenu
avec ii récemment, dans son bureau
‘du Palais du bord de mer. Il peutdone
en témoigner: ABO sait pertinem-
‘ment d’oit il revient, etn’arien oublié
du passé, qu'il s'agisse de petites
conversations anecdotiques ou d’évé-
ements marquants de son parcours
depuis dix ans (lire pp. 22-25). Sans
doutelerecul auquel ila étécontraint
lui a-til permis de procéder A une
salutaire introspection. A y regarder
tance Mohammed VI,
ou Londres, un choix
méticalement et familialement plus
judicieux? Le « Patron », comme ils,
Yagpellent, absent, personne n'était
plts en mesure de tempérer les
farouches luttes de clans au sommet.
‘Tovtes les lignes rouges qu'il avait
fixtes ont été allegrement franchies.
Mas le couperet présidentiel a fini
pars‘abattre, La liste des fidéles de
layremiére heure mis au ban donne
Je tburnis. Ravageur « reset » destiné
areprendre la main maintenant que
sa convalescence, sur laquelle il sest
longtemps concentré, est achevée,