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Tar dts de tute, de npeion daa wis PE fier voter eor ees ieee ness Bee Geb ei ee sent om oe INTRODUCTION Bien que le terme ne comporte pas d’ambiguité la solitude & copendant été ressontio et jugée de fagons opposées « eure Jbumain qui vit seul, de faon durable ou momentanée, est’ ‘un réprouvé? ou un élu? Cette opposition est présente dans la Bible méme: el west pas bon que homme soit seul , dit la Genése, il lui faut gune aide quilui soit assortie», 211 Roclésiaste :« Malheur celui qui est seul et qui tombe, sans avoir un second pour le relever! De méme, si deux couchent ensemble, ils auront chaud; mais celui qui est soul, comment aura-til chaud? » ‘Aux lointaines époques des origines, quelles terreurs devaient naitre de la solitude! Le «chaleur du lity est d'abord une nécessité vitale : i] faut maintenir et perpétuer la vie, fra alle et menacée. Ele est aussi, métaphoriquement, l'expres- sion d'un besoin affectif; rassuré par la présence do autre, Yetre humain éprouve los vertus de Téchange et de la soli darité : «S'ils tombont, Yun reléve son compagnon ». Ainsi, de la grande peur primitive naissent lentraide et la frater. té, Vamitié et Tamour. Vee soli! donc, malédiction sur ceux qui, pour nlavoir pas obéi a Tinstinet de vie, sont condaranés & la solitude, Pourtant, Moise est seul: c'est au miliou d'une épaisse ‘uée, an sommet dv Sinai, isolé du peuple dont il a guide Yexode, que Yélu de Diow écoute la voix de TEternel. Et toute une tradition vient renforcer cette deuxiéme image de la solitude, non plus inalédiction, mals signe d'élection et de grandeur. La tradition religiouse d’abord : Jésus se retire au désort, et dans histoire de lglise chrétienne, combien, de saints ermites, pour qui la solitude est condition essen- tielle de lascése! Le chevalier du Moyen Age est seul pen- dant la veillée d’armes; les rois, les grands de ce monde, sont seuls, comme les grands fauves : car la symbolique s'étend ‘au régne animal ot végétal. Le lion est le roi des animaux, redoutable et vanéré; le chéne solitaire, roi des arbres. Signe de force, d'essentielle originalits [celui qui est a 'écart de la foule est au-dessus de la foule, du troupeau, dont «V'instinct grégaire », «T'esprit moutonnier » symbolisent Tirrémédiable falblesse), la solitude est sainte: sans elle, point de grandeur, Si, cessant denvisager Ta solitude comme un destin, nous la voyons comme une situation humaine, de nouvelles ambi. valences vont apparaitre. «Description de Vhomme : dépen- dance, désir d'indépendance, besoin s, écrit Pascal’, La solitude pose en effet le probléme fondamental de la relation entre moi et auirui. Sur le plan de Iaction, mon existence est limitée par celle des autres; mais sans los autres, je existe pas. Et ce qui est vrai de V'action lest aussi des autres facultés humaines, méme de la pensée: apras des mois de vie solitaire, le Robinson de Michel Tournier? reconnait & peine Yimage que Ini renvoie un miroir, et ne sait plus sourire; c'est son chien qui le lui réapprendra Bt le chien lui souriait, la téte inclinée, et son sonrire de chien se refétait do jour en jour plus distinctement. sur le visage.humain de son maitre.» Le thime du double, si frequent dans la littérature, répond & co besoin d'inventer, faute q'avoir pu le découvrir dans la réalite, un autro soi méme, qui rende possible une relation d'échange, rétablisse le lien vital du dialogue, et sauve Fhomme du désespoir et de la folie. jesoin de solitude, car les autres me font éprouver ma dépendance; mais besoin de relation, car les autres me confirment dans mon existence : Téquilibre est fragile entre ces deux aspirations contradictoires. Dans la sociéth ot selon la terminologie modernes, Vincapacits de trouver cet Gquilibre ou sa rupture donnent naissance & une «névrose »; dans les siécles passés, on parlait de «misanthropie » 1 soe, Paneer, Soon tT, 126 Bruns) 2 trams roma Vondredl Eas Limber di PosSgue, Colima 6d INTRODUCTION Larsque JJ. Rousseau analyse le personage do Molis 41 dint ainsi: un homme qui, eprectoemene pant ta aime ses somblabie, balt ea tux ts mae que oe ‘eiproquemont et ls vices dont ces maux sont Tosmsagee Gest que Rousseau sent en Alcesto un Irére:camane time tne certaine image de Thome, ot tee de na {atales entre lutmeme et so: semblables;feute de pone faire concider le rove ot ln rol i hott tn colons 1a: peuple sires esclon son carur», Dales image om ten était forge & travers es lectures jeunesse Set Sincires, esimables, vértahles omnes do Bn Assi fe relations authealgues, ni Alcona Jean Jacque Beuvent accopter Tos compromis Ge a wo eu socet me Hs ne peuvent non plus, Mi Tun st autre, 0 sole en renent a eutmimes: Alesto svat de ccauver» Chimie Ot do vivre avec ale un amour part; etal cinq Reverie du Promeneur solitaire troqe tes moments fics of «on se sult &solméme, comme Dion Roses fy défnit encore comune cum infortnt qu'on @ onaaeh ola soit humane Rien n'est sans doute plos afteux en eer que d'ét ‘ondamaé a une totale sltuae, on, 4 inverse, deo ame Podvoir fie seul; et Thistoire contemporain. Gonae fs deux situations extremes’ des ilustrations teopanes dans la promiscute free des campo de conconcats es guiune entrepriseeystematique de déshumantsation tel f'ramene le Gs 6 Taninalé le pir gepaly,Youth Survie cat ater & chaque instant pout sanvegarer foi mémo Tindividuaite, oc Gans fe cachot ob ea Toca enfermée, Evguenia. Guinshourg. dant hawt ‘voi de oimes, pour ne pas pordre Thsage de la parla, fac Su signe note appertaiance Venice numding a solitude a travers les ages \{Des situations propres a faire naftre un sentiment de solitude ont existé de tout temps : enfance, vivillesse, laideur douil, exil ou prison, ont isolé des étres, tandis que autres oétes ou penseurs, rechorchaient la retraite par goit | au nom dune discipline de vie personnelle. Mais, selon le: poques, ces situations ont été vécues trés differemment 1 s.mbese, Latre & d'Alembert su es spectacles 2 mame cinaim, Le Verge, Bd te Seal, de vie aliénantes, qu’aggravent souvent des régimes poli tiques violents et’ oppresseurs, pris dans un réseau de rela- tions impersonnelles, auquel il ne peut se soustraire, «classé, @tiqueté, fourbu », comment Thomme se donneraitil a lui. ‘méme quand il se voit embarqué dans un monde dont le ‘sens lui échappe, pour une navigation que tout contibue & rendre angoissante? Conflagrations mondiales, génocides, ‘mystiques folles comme lo nazisme; villes tontaculaires, fovles hurlantos, foulos muottos : rien n‘est plus a la mesure do homme — et «Dieu est morts. Notre époque a Ie triste privilége d'une redécouverte de la solitude; il lui resto & assumer en tant qu’ élément tragique de lacondition humaine. Solitude et bonheur d'exister Par rapport aux contraintes et aux tensions de ta vie en société, la solitude apparait ¢’abord comme une détente de tout Yétre, une récréation au sens étymologique du terme. Tibéré de la présence de ses semblables, Yamouroue de la solitude va pouvoir sre lui-méme,et’appartenit «(| quand ‘une fois Favais pu doubler un certain coin, avee quel batt ‘ment de‘cerur, avec quel patillement de joe je commengais respirer, on me sentant sauvé, en me disant : eMe voila maitre de moi pour To resto du jour!» Aussi Joraqu’elle a été vécue comme un moment privilgié, le solitude a--elle presque toujours eu pour cadre d'élection la nature, Bien avant que Ja Sensibilité romantique en ait fait le décor par excellence des «élans du coeur, les élégiaques latins, les podtes de la Pléiade — ainsi du Beliay menant la ronde des Muses dessus Je vert tapis d'un rivage écarté » ~ ot, & Fepoque des jardins ala frangaise, La Fontaine révant de «gotter lombre et le frais» dos for6ts d'Tio-do-France, ont associé le sentiment d'un épanouissoment de leur étre a des paysages natarels >harmoniows. A la source de cet accord profond so trouve d'sbord Je sentiment du bion-étre physique : foréte, ruisseaux, vallées so prétent & la promenade autant qu’a la contemplation, Gans la joie d'une respiration plus ample et plas Ubre; 1a natare sauvage, ob rien ne vient rappeler la dure lai du travail humain, déploie aux regards «une magnificence wu jours nouvelle, et apparalt comme’ un den retrouvé, Ce bien-éte prélude 4 Te néverie; Timagination se donne libre 1 .s.nvestay, Trotitme Late d Me de Malesherbes, | INTRODUCTION cours; Ie jeu subtil de la mémoire fait naire d'autres rythmes internes, un autre sentiment de la durée: toutes les faculié morales, exaltées, aspivent a esélancer dans Tinfni». Ta nature devient Tinspiratrico de ces élans vers la beaut Ja vérité, Ie bonheur, qui sont los thémes majeure dt iyrisme personnel «Biontét, do la surface do la terre, jélevais mes Sdées a tous los étres de la mature, an systéme universe Ges choses, & VEtre incompréhensiblo qui embrasse tout!» Rousseau ajoute: «Je me lives avee ravissemeat &la conf sion de ces grandes idées ». Le sentiment dune merveillous hharmonie est parfois si complet quun panthéisme dif vient le parachever : «Dans cette débordante plenitude, ze sentais presque dovenir Dieu, et les formes adstirable de Funivers infin’ se mouvaient dans mon aime porteus Solitude et connaissance ‘Mais la solitude n'est pas riche de ces geules effusions lyriques : pour le penseur et le philosophe, elle est la condi tion essentielle du travail de la pensée, Reprenant le précepte des stoiciens, pour lesquels la vole vers la sagesse est une conquéte de la sérénité, Montaigne racommande la retraite, et se félicite de pouvoir lire et réfiéchir dans sa « ibrairie», 4 Yécart de la «presse 2. Descartes s'enferme dans son « posle »; et Pascal, méditant sur cette agitation désordonnée des ‘hommes qui les « divortit» d’tme recherehe essentielle, pense ‘que «tout leur malhour vient d'une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos, dans une chambre’ y. Quelque vverité que recherche le philosophe, la solitude lui est une discipline nécessaire, et tradult de sa part un choix raisonné. ‘Au poéte, la solitude apparait comme une voie vers la connaissance, mais il s‘agit alors d’une connaissance intui tive. Cette valeur ne fut sans doute jamais aussi évidente qu'au xx sidcle, of tant d’écrivains ont été — ou so sont voulis — penseurs autant que podtes. C'est dans la colitude 4qu'apparait au poéte ela majestd des souffrances humaines »; quo se révélent 4 lui los secrets de I'univers, le grand mys- tere du monde, cette xténébreuse ot profonde unité » que voile, dans les circonstances ordinaires de la vie, la multipli- des formes. Et c'est dans la solitude que, par la création 1 me ae = 2 Geers, Lan Souffancer di Jeune Werther 5 tatu, Pons, Socton il, 150, 88 Brunei. Gar comme toutes les expérioncos humaines, celle de la solitude est lige aux structures sociales, économiques, poli tiques, dans lesquelles individu se trouve impliqué; et du point de vue historique, on peut, trés schématiquement et fen limitant Yanalyse | 'héritage des civilisations gréco- latine et chrétienne, distinguer quatre grandes périodes. ‘Dans V'Antiquité ot au Moyen Age, Ie lien d'appartenance a la Cité, a un groupe social, a un univers moral ordonné, était trop fortement ressenti pour que la solitude apparaisse autrement que comme un phénoméne isolé. Défin! par Aris. tote comme un ¢ animal politique», Vindividu est d'abord un citoyen; la Cité platonicienne idéale, le régime de Sparte, celui de la République romaine, prénent les vertus civiques ‘Les sociétés antiques reposent sur le distinction fondamen. tale entre hommes libres et esclaves, et sur une hiérarchie des classes que reprend la sociéts médiévale, en la renforgant par wn systéme comme celui des ccrporations : l'indiviau est fortement encadré, ses droits et ses devoirs sont définis par son appartenance & un groupe, et, au Moyen Age, par tun code d'honneur qui lie étroitement ‘vassal et suzerain. Ajoutons que les formes mémes de la vie sociale ot familiale (la gens latine, que le paterfamitias domine de sa toute puissance, et dont la tradition se perpétue au Moyen Age) sont collectives; Thabitat groupé, pour des raisons écono- miques ou de sécurité, ne permet pas l'intimité: si maitres et esclaves, seigneurs et domestiques, ont des domaines séparés dans la villa dos riches propritiaires romains comme dans le chéteau-fort médiéval, Tristan, comme tous les hétes de marque, n’en dort pas moins dans la chambre du roi Mare et de la reine Iseut, Enfin et surtout, Tapper tenance & la chrétienté — d’abord persécutée, puis trom. phante — achéve de resserrer des liens qui rascurent autant quills contraignent. 1 faut attondre le sen siécle pour que la notion modeme individu se dégage peu & peu et naisse A la conscience, Lapparition de techniques nouvelles modifie profondément les rapports entre homme et le monde : ainsi, Pimprimerie permet a des étres isolés d’établir une relation personnelle avec la culture. Le systéme des corporations médiévalos va pou & peu disparaltre: la libre entreprise, en instaurant un régime de concurrence économique, favorise Taudace ct les franches aillures. L'Etat se centralise, et la monarchie absolue accepte volontiers le concours « technique »d’ hommes dont la valeur personnelle s‘impose, malgré lous origines InTRODUCTION roturiéres. Cerves, 1 ne s'agit que de cas exceptioninel Yordre ancien nen parait guére ébranié; mais avant qu les conditions fussent réunies d'un houleversement politiqui ot social, des crises avaient secoué l'édifice: I'Bglise er avait éprouvé la violence, Et un des aspects du protestan ‘tisme qu'il nous faut rotonir ici est cette revendication d'un relation personnelle entre le Créateur et sa créature, gan: autre intermédiaire que les textes sacrés, Non que I'iglis protestante, minoritaire et longtemps perséoutée, n’ait pa coréé des liens de groupe extrémement puissants; mais liberté de la conscience individuelle y était valeur sacrée Lorsqu‘enfin sara reconnue — avec le principe de Vhabea corpus ~ la notion juridique individu, la personne humain aura conquis son éxistence autonome. ‘Néo a la conscience ollo va naitre aussi & la littérature, Dans ce xv sidele ot les relations sociales prennent ‘ae fonae séplument modeme, ol le pilosophe ideal qv écrit Tncyclopédie «sait se partager ontre la retraite e le commerce des hommes », Jean-Jacques Rousseau reven: igue avec force la radicale difference de son inividualit ‘ e Sefforce patiemment 'approcher, jusqu’a ce qu'elle en ai forcé la porte) fait a la fois le prix et le drame de toute expé rience humaine, Notre époque ne croit plus guére aux vertu Ge Texemple, non plus qu’a la possibilité de modifier notr tre profond; tout au plus pouvons-nous apprendre & mai {riser nos démons intériours et & mioux adapter nos conduites ‘Ressentie comme singuliére,expérience humaines'éprowv’ en méme temps comme incommunicable, Le proces du lan age, qu’illustrent de fagon si tragique les pseudo: dialogue Grun diéétre que Von @ appelé ed’avant-garde » avant der reconnaitre le réalisme, met en cause cé qui, depuis toujours avait été considéré comme la pierre de touche do la sups rorité humaine, L’ «intarissable murmure» qui bruit dan les ceuvres de Beckett peut bien étre un langage articulé, il ‘perdu son objet et n'exprime plus que Yaspiration au silence "Tandis que la conscience semble devenir de plus en plu insaisissable, 90 «néantisers, les choses ont acquis un présence et une épaissour qui lour donne une inquiétant autonomie; elles ne laissent pas do fasciner, mais semblen douées d’on ne sait quel monstrucux pouvoir de contami nation; pour Requentin, dans La Nausée, les minéraux son ‘les moins effrayants des existants? », mais tout ce qui part cipe au « bourgeonnement universel» est & la fois répugnan et incompréhensible. Cherchant, le plus souvént dans Yangoisse, une répons aux interrogations sur le sons de la vie, la conscienc 1 sumenn aonna La Reuate, Galimard 6, eo, Pai modeme s‘eflraie da silynceYe la divinité, ot conclut parfois de cette grande Absencelyue, loin de révéler un «Dieu cache », elle ne recouvre que le Plus de grace & attendre, plus Wintercesseurs; "homme n'a de recours qu'en lui-meme, et tout lui montre sa fragilté, A cet égard, il n'est point dexpé- rience plus capitale que celle de la mort, point de «mystere plus incompréhensible», Mais si la solitude est inscrite dans lo destin des hommes, le goit de la solitude estil pulsion de mort, ou appel vers Ja grandeur? «i faut étre seul pour étre grand, Mais il faut déja étre grand pour étre seul», écrivait René-Guy Cadou, Vamour dun étre privilégié, Yamour de tous les étres = qu’on le nomme charité ou sens de le freternité humaine — Je dévouement a un idéal, permettentils de transcender Ja solitude, ou ne sontls, contre elle, que des recours illu- soires? Sans prétendre donner une réponse a ces questions cessentielles, nous emprunterons Michel Tournier la sérénité de ces quelques lignes ‘Je sais maintenant que chaque homme porte en Iui ~ et comme au-dessus de Ini — un fragile et complexe échafau- age dhabitudes, réponses, réflexes, mécanismes, préoccu- ations, réves et ‘implications qui s'est formé et continue & se transformer par los attouchements perpétuels de ses semblables. Privée de cotto séve, cette délicate efflorescence s'étiole et se désagrége. Autrui, pidce meitresse de mon univers.» 1 sam orm, Vondredi ou le Limber du Panlque, Gallia 6 CHAPITRE T quelques solitaires, d'Ovide a4 Daniel Defoe 11 est Bion sr un peu artifice! de porter un jugament d’ensemble sur une période si étendue, Copendant aa cours de ces sidcles, les structures économiques, sociales et poli tiques, si variées qu’elles aient ét6 selon les cités, les pays et les époques, ne favorisent guére le goit de la solitude. Plus qu’a Iu-méme, homme appartient alors & une famille, une classe sociale, une cité : le groupe prime individu. Aussi Yexclusion estelle cruellement ressentie, méme lorsqw elle fast apparomment un choix: e'est avec chagrin que le Misan- thrope fuit les hommes, 11 arrive pourtant que les valeurs mémes d'un groupe, en fexaltant le dépassement de soi, jettont sur les chemins de Taventure, solitaire des Gtros épris de grandeur. Dans la pprouesse, Jo chovalier orrant charcho, par-dela Yamour do la ame, Ia connaissance de soi dans Y'action et les plus hautes révélutions : le destin de Perceval, c'est la quéte du Graal. ‘La solitude peut ainsi étre embrassée en pleine conscience, ‘comme un moyen ; le philosophe fuit «la presse» dans sa retraite champétre, villa de Sénéque ou brairie de Mon- taigne, pour so consacrer 4 étude de Yunivers, de homme, et chercher la sérénité que donne la sagessa, Lermite au désart, le maine dans sa cellule se dépouillent de toute affection humaine, s’anéantissent dans J attente de la commu- nion mystique. Pour d'autres, poétes, amoureux, la solitude est dja pleine «d'une douceur seoréte » (La Fontaine). Aux chateaux, aux fetes de la cour et de la ville, ils préférent les charmes frais de la campagne, ot ils puiseront inspiration, oy fuumeine, Collect semble consituée en vue de Faction, tan par de ueHt aue pour détendre; elle cst pulssamment apnea Peta, andes espérances et une ambition commune, Mat ie Sas olte fermeté dame a dd parfoisHéchir et que vou dene alors éprouver un sentiment trés pénible? scenes Fal éprouve cette sensation, mals heureusement fai Pens Wai apporté des lives avec moi et le temps pane ann dana a ans le monde; ce sont elles qui menteneroce ‘quand je mourrai et a gui je laisserai mes livres OVALS, Heinrich von Ofterdingen, 1798-1800, ‘1 Romantiquesallemands,T., La Piélade, Gallimard eo 12 et je suis libre! is un charpatior du Jura, inteliget,énergigue et orgeioux, jplea Sore le jeuno ros’ de Stendhal sek jet Berea. Fortune 14 midiocrts de’ ses origins i conde soci fade dela Restauratin, & renancer fsa Tan de ant e Vhypocrise, sl cateaze 4 ao siemplrament de feu». evieneprécepour, Ma coma a ee cl ne snag noe eal chag ‘édatn, ia Enfin i ateignit te sommet de la grande montagne, prés duquel i fallait passer pour arviver, par cette route de ‘we verse, a la vallée solitaire qu‘habitait Fouqué, le jeune man cchand de bois, son ami, Julien n‘était 1 remarqua enfin que le soleil se couchait dertiére les mon: tagnes éloignées du Beaujolais, Pourquoi ne passeraisje pas la nuit sci? se ditil, fat du pain, et je suis bre? Au son de ce grand mot son ame sexal son hypoctisie faisait qu‘ n'était pas libre méme chez Fouqué La téte appuyée sur les dewx mains, Jullen resia dans cette sgrotte plus heureux qu'il ne Vavait été de la vie, agité par ses reveries et par son bonheur de liberté. Sans y songer il vit Séteindre, Yun apres Yautre, cous les rayons du erépuscule. Au miliew de cette obscurité immense, son ame ségarait dans la contemplation de ce quill simaginait rencoatrer un jour & Paris. C'était d'abord une femme bier: plus belle et d'un génie bien plus élevé que tout ce qu'il avait pu voir en province. IL aimait avec passion, il était aimé. $'l se_séparait delle pour quelques instants, Cait pour aller se couvrir de gloite et rériter den étre encore plus aimné. ‘Méme en lui supposant imagination de Julien, un jeune homme élevé au milien des aistes vérités de la société de Paris ent éé réveillé 4 ce point de son roman par la froide ironie; les-grandes actions auraient disparu avec Fespoir d'y atteindre, pour faire place & la maxime si connie : Quitte-ton sa maitresse, on risque, hélas! d’ére trompé deux ou trols fois ppar jour. Le jeune paysan ne yoyait rien entre lui et les actions Tes plus héroiques, que le manque d'oceasion, Mais une nult profonde avait remplacé le jour, et il avait ‘encore deux licues a faire pour descendre au hameau habité ar Fouqué. Avant de quitter la petite grotte, Julien alluma di feu et brila avec soin rout ce qu'il avait écrit STENDHAL, Le Rouge et fe Noi, 1831, Le Livre de Poche classique. questions 1 hudier dans ce passage ce que Proust appellra ales exaltantes vertat de la slitade 2 Les réves de Julien portent la marque de son adolescence, de ‘es crigines.provinciales, des goUts de la géaération romantique, ‘Montrer comment Stendbel a fondu ces divers éléments, et ce quil vaajous. 13 ami, je suis la solitude Siow epprentnsage " Be Ta" passion, trouble dune me scartelGo exto. le ott du plaisir et Fappiration a la purti, tle sont los themes ses, Pos Fouvetes qui rassemblent les grands poemes de Muse. Vangoiste du" dedoublement qui Tobsédatt setait traduite dans tes Caprices de Marianne (1830) & tevers les igures oppasées Pr Caio et Octave Te Mberin, Dens La Null de Décembre, ele rend la forme tres romantique du. specs, inséparele compa: {enon da pobte (ous oe instants dela ve Partout od, sous ces vastes cieux, as Fai lassé mon cecur et mes yeux, Saignant d'une éternelle pli Partout oi Ie boiteux Ennui, Trainant ma fatigue apr’s li Ma promené sur une claie: 90 Partout 0%, sans cesse altéré De la soif d'un monde ignoré, Jai sulvi Tombre de mes songes: Partout of, sans avoir vécu, Jai revu ce que javais vu, 98 1a face humaine et ses mensonges;

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