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HISTOIRE DU CONCILE DE TRENTE, UG P. SRORZA PALLAVICINI, : DE LA COMPAGNIE DE JiSUS, DEPUIS, CARDINAL DE LA SAINTE SCLISE 5 DANS LAQUELLE OW KEFUTE USE MISIOIRE DU NEVE CONCILE, ECMITE SOUS LE NOM DE PIETHO S0AyE FOEANO ou FRA r4oLo; ANEC LES NOTCS LF ECLAIRCISSEMENTS DE F. A. ZACCARIA, PROFESSEUR D'MISTOIE ECCLESIASIIQUE DANS CARCHL-GYMNASE DE LA SAPIENGE, A ROME ; TRADUITE POUN LA PREMIERE FOIS EN YRANGAIS SUK LONIGINAL ITALIEN wéEDrté PAR La PROPAGANDE Ew 1833; nkcénés ov TEXTE AT BU CATECIISYE DUDIE CONCILA., AISSL QUE DE DIVERGES DISSERTATIONS SUN SA RECLETL [EY FRANCE, EY SUR SON ALTONUCE DANS LE MONDE CATHOLIQUE, ETE:5 CNISTES LT VUILOsOPUIQLES 0s 20088; SUIVIE DE LA REFUTATION DE TOUTES LES OWJECTIONS PROLESTANTES, AUAQUELLES ILA ETH EX RUITE EDUS 6A TENCE 3USQt" PUBLIGE PAR M. LADBE MIGYE, EDITEUR DES COURS COMPLETS. TOME SECOND, ‘WANT LES LIVRES VI-XVIL DE HISTOIRE DU CONCILE DE TRENTE, LETTRES DE PALLAVICINI. — LA LISTE DES ERREURS DE SOAVE. MONTROUGE, SUPRIMERIE CATUOLIQUE DE MIGNE, 1846. i AUX LECTEURS DE LA SECONDE PUBLICATION DE LEDITION ROMAINE DE 1604, enemite Cette Histoire qui paratt aujourd'hui si une forme pour ainsi dire nouvelle, est di visée en trois volumes ; le second, celui-c est le plus neuf, parce qu'il contient un plus grand nombre de documents puisés par Yau- tourdans différents manuscrils qui neJui tom- bérent entre les mains qu’apras la premidre ublicalion de son ouvrage. ‘Toujours dans jes histoires, comme dans les discours, ce qui y ade plus curieux, cest ce qui est le moins propre au sujet, c'est-a—ire la digres~ sion : comme aussi dans toute composition soit naturelle, soit artificielle, la partic la moins nécessaire est communément celle qui plait le moins : 1a nature youlant par Ia ré- rtir les différentes sortes de biens entre les iférentes sortes de choses, Cependant cette seconde partie, ob Yauteur s’occupe moins du Sujet principal que dans les deux autres, est plus que les deux autres embellie du récit des événements les plus mémorables et les plus intéressants qui eurent liew en Italie, vers le milien du sidcle passé, cest-A-dire rrécisément depuis ces Lemps qui ont eu pour Fistoriens tes écrivains les plus judicicux et Jes plus éloquents dans notre langue : taudis ue pour Jes événements poslérieurs , les Gerivains qui les rapportent. n'en ont pas Te plus souvent la plus légére teinture, et les ra- content sans ordre. Ontre Ja nonveauté de Ja matidre, 1a nou veauté de la forme frappera encore plus dans ce second volume, que dans le premier qu'on wublia il y a quelques mois. On en prévenait Felecteus, et on Tui en disait Ta raison dans une épitre qui lui ejt adressée en téte de ce volume. Mais comme il pourrait arriver que quelqu’un, venant & comparer entre eux dif— férents passages, se persuadat que dans un trés-grand nombre l'envie immodérée de fai mieux a conduit notre historien a faire pis, ainsi qu’ est arrivé 4 beaucoup d'hommes céldbres, qu’on fasse deux réflexions & ce propos. La promitre, qu'ilenest dela parole comme de la monnaie; que ce m’est pas toujours la plus brillante qui est la plus précieuse, parce qu'elle n'est pas toujours la plus pure, qua— ité dont il n'y a que peu dorfevres qui soient juges compétents. : {[a seconde, que Tintention de V'autenr, en variant, n’a pas été de perfectionner chaque petit membre particulier, mais le corps entier Bont souvent la heauté soulfre de celle de certaines parties. Et assurément, quoique ce soit une question de savoir sil'ostracisme est bon dans tons les Etats, il est hors de doute qu'il est excellent dans tout ce qui n'est pas composé de parties telles que chacune ait droit, par sa nature, & une félicité qui Iuiest propre: on ne blama jamais le peintre daf- faiblir un peu sa teinte dans certaine partie trop lumincuse de son travail, ou le musicien Coxe, pe Treste. I. de toucher une corde un peu sourde au licu une autre plus sonore, afin que l'ensemble du tableau et ensemble du concert flatte da- vantage l’eil ut loreille. C'est Ja surtout lef fet que produit la variété qui fait le principal ornement de toute ceuyre : soit qu'il s'agisse de cette espace de variété par Iaquelle on en ichit tout le corps de Vouvrage d’expres— sions, de formes, de pensées qui different en- treelles; soit qu'il s‘agissedecetteautreespece qui évite Tusage frequent de tels. mols, et méme de telle formes, dont le retour & des intervalles éloignés, est inévitable et par con séquent irréprochable dans un livredetongue haleine : Tune et Vautre de ces deux sortes de variétés ne s‘oblient qu’a force de fatigue et de temps, comme Véprouyera quiconque voudra en faire Fessai. Or il est évident que, pour varier, il faut dans bien des passages Sabstenir de telles expressions et de telles nséesqui, en clles-mémes, rendraient plus Iégamment ce qu'on a en vue. Bkimer done Yauteur d'avoir pour cette raison substitné Ie moins bon au meilleur, ce serait trouver mauyais qu'un maitre @hdtel, aprés avoir commencé par servir force faisaus et force perdrix A ses convives, leur présente ensuile iverses viandes et différents poisons, natu rellement moins agréables au palais gun chet Worehesite, aprés avoir nna jans un cheur les soprano el les harpes, en retranche ensuite, et les remplace, les unes par les tenors, Tes hautes-contre ct les asses, et les autres par les flites, les vio~ Jons et les luths. Cependant l'auteur ne s'est pas passionné pour rornement, et par con— séquent pour la variété qui y contribue, au point de tui sacrifier soit fa clarté, soitla pro- pris sot la force convenables :qualites de fa plus grande importance, surtout dans ces genres d’ouvrages, oi Ton se propose pour principal but non de plaire, mais d’instruire et de persuader. Kt si par le mot de variété, nous entendons celle que nous désignions tout-a-l'heure pour la seconde espace, ils’en est moins occupé qu’ailleurs dans les parties de son ouyrage les plus importantes : cos der idres, sion en croit Ie maitre, ont moins besoin d'ornement, et le comble de l'art con- siste d y cacher art Iui-méme. Quant 4 ce qui est de la variété dans les pensées, on s'est proposé d’y mettre des bornes,de tellemaniére * quedecegrand nombre qu'il y en a, quelques- unes sont parfois reproduiles ; répélition que Ja faiblesse de la mémoire humaine rend, dans cerlains eas, non-seulement utile, mais méme intéressante, S'il n’en était pas ainsi, ilne servirait a rien de relire un livre qu'on aurait déja Iu une fois, et on s'ennuicrait & revoir de nouyeau une maison de campa— goe ou un théitre qu'on aurait yu aupara— vant. En voila assez sur Vauteur qui écrit cet (Une) on nn HISTOIRE DU CONCILE DE TRENTE. ouvrage : maintenant disons un mot de celui qwony réfute. Or a déji dit dans Vautre épi- ‘adiessée au lecteur dans la premiere &di- mment un des onmes les plus dis— tingués qu'il y edt en France, envoya anotre historien une foule de lettres écrites par Sarpi, 4 un homme qui lui ressemblait et q ar conséquent était, digne Wétre son ami, Castrinus, talviniste fameux, contre lequel néanmoins le juge ne procéda pas par 'ex- communication, mais seulement par la sus~ pense ‘:on a rapporlé quelques passages de cette correspondance dans la lettre citée plus haut. Depuis, le méme personnage em- ploya son autori(é et son zéle a se procurer encore d'autres lettres, qu'il communiqua également & Panteur. Etassurément le mérite de ce noble Frangais est tel que les partisans eux-mémes de Sarpi n’oseraient le récuser comme suspect de mensonge, sans déclarer par JA méme au monde quills ont une cause si triste, qu’elle les réduit & calomnier jusqu’a Ia probité la plus incontestable. Rien entendu suv Uauteur passe a Sarpi beaucoup de traits Eine iourmitlent ses sacriléges écrits, afin de ne pas atteindre en méme temps quelque au- tre nom innocent, ou manilestement cou- pable : c'est ainsi que, dans certaines lattes, ‘un des combatlants se sauve en mettant entre Jui ef son humain adversaire, une autre per— sonne dont le corps se trouve 1a, pour Tui secvir de rempart. Néanmoins ces teaits qu'on peut lui renvoyer au visage, sans qu’ils aient Plessé personne, sont tels quils vont bien au dela de ce qui suffirail pour le convaincre non- seulement d'impiété, mais méme dhostitité. Btla seule qualité d’ennemi forme en soi, con- tre les témoins, une prévention si forte, que YEglise wa pas pensé qu'on pitt y déroger, dine en faveur de la foi, puisqu’elle (1) a rrété que dans les canses de ce genre, tout autre témoignage diminue seulement la con~ qu'on peut avoir dans celui d'un en nomi, mais ne la détruit pas entidrement. Par conséquent la raison permet encore beaucoup, moins de s’en rapporter au témoignage d'un ennemi contre la foi. Or voici quelles sont ses paroles : “Hy ala jou sur les mots: Castrinas ut penta, edu tract.) 2 Hare, in $0X40»€0 8. errense, ¢.15, et ‘Narbonense (1.610 fs tor cath Directorio, parte 5, p-67, et 2 « La persistance (1) des Jésuites & voutoir Yétablissement d'une chaire de controverse, est une chose dont on so trouvera bien. La chaleur interne se répand trop, et elle vient A s'affaiblir, si le froid qui environne n’vc~ casionne pas quelque antipéristase. «Ii n’en est (2) plus comme du temps ot yous étiez ici; mais les papistes ont le dessus. La cause principale de ce changement, o’a été le roi de France et ses bons offices ; co prince n’a pas cessé de se tenir étroitement au Pape, et leur concours a servi les pa- pistes et nui aux bons. «Les réformés (3) feront trés—bien de se assembler et de consolider leur état , avant qu'il y ait du troubles car on a bien dela eine fire alors ce qui s'arrange sans dif= jculté dans des temps paisibles. Rien, Amon avis, n’empéchera plus l¢ bien qua la'super- stition de la reine,etd'autant plus,comre yous ledites.ques’y jointlaméchancetédu mariage, Jeuvalllige d'apprendre que le zile dont vous étiex témoin est affaibli, sl n'est pas méme teint : c'est que le Pape ne menace plus, mais quill latte, et que le résultat est Ie méme, c'est-d-dire, la paix. « Les Huguenots, (+) out raison de se tenir sur leurs gardes , el je ne pense pas que leur défiance, quelque grande qu’ele soit, aille ja- mais plus loin que Fattention continuelle des Jésnites a profiter de toutes les occasions de les perdre. Je voudrais voir se réaliser le projet d'assembléo : av manquez pas de me faire connaltre c2 qu'il en sera ; ce point me parail de la plus haute importance et il au- rait des suites. espdre que Dieu interviendra dans une réunion aussi utile, et je prie sa divine majesté d’en bénir le commencement, et den assurer les résultats. « Pobserve (8) les démarches de Condé, et elles me semblent faire croire qu'il suivra es traces de ses ancétres : je ne désespére. pas quill finisse par se faire réformé; j'o- serai dire qu'il y aura sagesse a Ini de le faire. « A Venise (6) tes papistes et les méchants triomphent, et ils font beaucoup de progr?s, ce qui jelte dans une grande ineertitude, » 4) Du 16 février 1640, sons nom, {3 BF ave Toto, sans wom (5) 14 septembre’ 1610, sous te nom de Pierre Juste, {§} le $8 cote 160, soe non. '5) Du 9 noveubre 1610, sans nom. (6) Du 25 novembre 116, sans nom. i LETTRE AU LECTEUR, Qui se trouvait dans la premiére publication de Vouvrage. corde rise UE glise, détruit la foi, trouble Ia paiz? Ges paroles ne se trouvent-elles pas renfermer le panégyrique de Luther, ou plu: iprécation contre cet homme dont Sarpi a fait évidemment le héros de son épo- pée,c’est-a-dire, de son histoire imaginaire? 6. Laissons cela, et arrivons a l'article dont il est maintenant question. Que dit, dans ce passage , S. Cyprien? que T'Rglise ést nn seul évéché, et que chaque évéque solid: rement a une partic dans Je tout. Qui nie cela? ce sont les hérétiques, ennemis de la monarchie spirituelle; ce n'est pas le Pape qui, au contraire, a coutume de signer : Hvdque de VEglise catholique, et qui recon— nait ainsi que V'Eglise est un seul évéehé, Que veut conclure de 1 Sarpi? que dans cet évéché universel, il n'y a pas beaucoup Weveques particuliers? conséquence ridi— cule! parce que l'armée est une et qu'il n'y. a qu'un homme qui en ait le commandement général, et parce que chacun des chefs a solidairement part au bien de tous et qu'il contribue au gain de la hataille; quien a jamais conclu que le général de la cavaleri 2 autorilé sur Tes fantassins, et que le géné- ral d'infanterie a sur les cavaliers, et de méme dn général dartillerie et de celui des gens-'arme. Il n'y a aussi qu’un évéché dans toute VEglise, selon un autre sens, c'est ire du cOlé de ordre qui rend Pévéque ha— bile aux fonctions épiscopales dans tout pays et sur toute personne, supposé qu'il ait recu pour cela juridiction’de lautorité légitime. insi, par exemple, le doctorat pour les lois civiles n'est qu'un , ct quiconque est docteur ale pouvoir denseigner et i'interpréter les lois dans toute chaire, dans toute université; mais non pas cependant de telle manidre qu'il lui soit permis de professer dans toute chaire ou dans toute université, sans en re- cevoir Tautorisation spéciale ; également. parmi les religiewx du Mont-Cassin, la di- gnité dabbé n'est qu'une, et elle donne le pouvoir de présider 4 tout’ monastére de cet ordre, et, en vertu de ce pouvoir, on en gou- verne fantét un et tam{ét un autre; mais non cependant de telle manitre aussi que Tabbé d'un monastére n’ait pas unc juridic— tion distinete de Pabbé d'un autre,“et qu'il puisse s‘ingérer dans Vadministration d'un monastére quelcongue sans avoir reeu de ordre son institution particaigre eet clfet. 7. Saint Cyprien dit encore, dans le méme endroit, que’ tous les apdtres recurent de Jésus-Christ une puissance égale dans la mission qu'il leur donna de précher !'Evan- gile, aprés qu'il fat ressuscité : mais ceci ne se nic pas non plus; au contraire les écri— vains catholiques le soutiennent communé= ment, ct ils Ie requidrent comme une des con- ions essentielles a 'apostolat, en tant qu'il différait de tous les autres degrés inféricurs de la hiérarchie; mais il faut admettre deux observations qui éclairciront ce point : la premidre, cest que cetle puissance anit selle, qui Gait ordinaire et. at charge dans 8. Pierre scul, n' 35 LIVRE SIXIEME, ab naire dans les autres apdtres ni transmissi— ble par héritage a leurs successours , mais seulement déléguée et personnelle 4 eux; 1 car, les apdtres, que Vassistance divine avait confirmés en grice et enrichis des priviléges surnaturels les plus sublimes, n’étaient pas exposés aux périls de la discorde. Mais comme la condition humaine devait y assu- Jétir_ les prélats qui les svivraient, il'ne con- Yenait pas que cette juridiction indéfinie fat ordinaire dans les apétres ct par conséquent, ordinaire dans leurs sucecsseurs. Voici quel- que chose qui appuie cette premitre obser- vation: autre est que dans un ¢tat, durant des circonstances particuliéres et a cause du mérite supérieur (Pun ministre , le prince lui accorde , contre les ragles ordinaires , une autorité trds-grande; autre est que dans cet état, on élablisse & demeure une charge qui perpétue une si grande étendue d’autorité, Crest pourquoi de ee que les évéques ont suc- cédé aux apdtees dans la j ordie naire, il ne s’ensuil pas qu’ cédé dans cette délégation il yerselle , pas plus qu'il ne leur ont succédé dans le droit @écrire les livres canoniques et dans d'autres prérogatives (1). La seconde observation a faire sur ce mot de S. Cy— prien , c'est que tous les apétres n’en étaient pas moins soumis 4 S. Pierre qui, par sa charge ordinaire et transmissible & ses suc— eesseurs, avait les clefs du ciel et la pléni— tude de la juridietion ecclésiastique , quoique a vertu et la sagesse des apdtres fiissent telles, qu’A peine s'il y eut occasion pour 8. Pierre d'exercer celte juridiction sur des hommes si parfaits. Au reste cetle souve- raineté d'un seul sur tous les autres était indispensable, & moins qu’on ne vouldt for- mer dans VBgiise un gouvernement -polyar- chique impossible dans son application , comme on I'a si bien prouyé ailleurs. 8. Il ne sert a rien de répondre que, comme d'aprés arrangement de la Provi dence, Ja concorde était imperturbable parmi les apdtres, 1a monarchie pouvail subsister dans plusicurs personnes , quoiqu’elles fus~ senttoutes libres etindépendantes entre elles, comme un moderne Va imaginé de S. Pierre et de S. Paul (2), Car, cette assurance de (1) + Cette asser pleine de sérité se trouvera dételopyée per mot conte Febronins et cuntrnde tant dans P-Anti-Pébronius italion (, 2, diss. 2, eb. 6, p. 154 et suiv.), que dans CAuti-Febronius cindiwu- tus (p.1, diss. 3, chap. 2, pag. 454 et sniv.). Ta que les évéques (i Fexception du petit nombre de ‘coun qui, aprés les apdtres, accupérent les siéges par= tieuliers’ que ceux-ei ayaivit remplis le plus long- temps); que les évéques, dis-je, ne devraicnt. pas tant sappeter siceeseurn’ que \iairon es apdtres et cest ainsi que pensait Firmil il, XX, A Cypri.}, qi leur-ont suecédé a ttre de vicaires; « qui is ordinatione vicarié succeaserunt. > S. Cyprien tui méine éerivait 4 Florentius au sujet des évéques qui auccident aux aphtres éetitre de vicuires, « qui aposcolis, ‘icarid. ordmatione succedant. » (2) L'abbé de Barens qui, en 1648, publia deux traités pour soutenir Mhérésie des deux eels qui n’en font quiun. Iniocent X., par son décrct du 24 jauvier 1647, eondanna comme hérétique non seulement concorde inaitérable parmi tous lea colli gues, quoiqu’elle sufiil pour détourner les manyais effets que le gouvernement poly- archique produirait naturellement dans FEglise, ne suflirait pas pour faire un gou- vernement monarchique tel que nous savons dapras les Ecritures ct les Pares qu'il a 616 établi par Jésus-Christ, et tel que V'admettait cet auteur moderne, Supposons qu'un séna- teur de Venise sache par révélation quil a Je privilége surnaturel d’'amener a son senti- ment, toujours et en tout, le sénat tout en- tier’ supposons encore ’ que le sénat lui donne le pouvoir de faire au nom de tous ce qui lui plait, sans en délibérer méme avec ses collégues ; tout cela ne le rendra pas monarque, a moins qu'il n’acquiére le droit de gouverner indépendamment de toute ap- probation ou de tout blame de la part de ses colldgues. De méme , pour ce qui est du do~ ie, soit de juridiction, soit de propriété, il ne deviendrait pas monarque et maitre du monde, celui a qui Dicu révélerait que tout ce quil ordonnerait ou disposerait au nom des puissances ou des proprittaires légitimes serait toujours confirmé et approuvé par eux, et la raison en est que l'un et l'autre domaine, tant celni de juridietion que celui de propriété,confére le pouyoir de comman- der aux personnes et 'administrer les biens comme s'ils élaient & soi-méme avee l'impro- bation des autres, 9. Voyons maintenant si ce que nous ye- nons détablir avec évidence s'accorde ou non avec les paroles de $. Cyprien; les voi textuellement : Le Seigneur parle @ Pierre : «Jette dis que tw es Pierre jet sur cette pierre je « bdtirai mon Eglise, et les portes de Uenfer ne « prévaudront pas contre elle; et je te donne~ « rai les clefs du royaume des cieitx; et cc que « tu lieras Sur la terre, sera lié aussi dans le « ciel, et ce que tu délicras sur la terre, sera « délié aussi dans le ciel ; > et it dit encore au méme, aprés su résurrecton : « Pais mes bre~ bis. » Crest sur lui seul qu'il batit son Egtise: crest a dui qu'il confie ses Lredis a paitre. Bt quoigwaprés sa réwurrection il donne d tous Ses apdires une puissance égale et qu'il dise «Comme mon Pére ma envoyé, je vous envoie «aussi de méme; receves le S. Esprit : si vous «remettes dquelqu'un ses péchés, ils lui seront « remnis ; et st vouses retenes d quelywun, ile « lui seront retenus :» Cependant pour rendre Cunité manifeste, il établit une seule chai et il voulut de son autorité propre que l'o gine Mune telle unité commenedt dans un seul, Les autres apétres dtaient aussi ce qu'était S. Pierre; ils purtageaient également avec (ui Thonneur et la puissance; mais eest de Cunité que part le commencement. La primauté est cette proposition, mats encore tous les livres ceux imprimés jusquvators qui fa conte tous les autres qu’on_pomrant éerire Séfendre Ia mérne bevésie, Dupin, dans so ecclésiastique du 17° sigele , reconbait de b €¢ sujet, que le déeret poniifical avait en vue Ja pné~ face d'Amnaud. dans le livre de 1a fréquente conti ‘ion, publi¢. vers 1645, oi on trouve précisément la inéine proposition, 38 HISTOIRE DU CONCILE DE TRENTE. 36 donnée AS. Pierre pour démantrer que UE ‘lise est une, et que la chaire est une et que fous sont pasteurs; mais on voit quil wy a gem troupeau quepaissent unanimement tous les apdtres. Et plus loin : Quicongue ne tient pas cette unité de UE ylise, pense-C-il avoir en- core la foi? Quiconque s‘oppose et résiste a VE gtise; quiconque abanionne ta chaire de Pierre sur laquelle ( Eglise est fondée, peut-it se croire encore dans l'Eglise? Ces paroles laissent-elles douter si, au sentiment de S. Cyprien, Pierre et son Siége jouissent de Ja primauté monarchique dans I'Eglise? si la rupture dayec les Pontifes qui le remplissent entraine fa séparation de la communion de TRglis¢? $i on s'avisait par hasard de dire que tout ce qu’entend S. Cyprien parla, c'est que la primauté de Pierre et 'unité de gou- vernement consistent simplement en ce que S. Pierre a é1é nommé avant les autres, et quill n'y a eu d'abord qu'un seul des gouv nants de nommé, régalité et indépendance Ta plus entidre n’ayant pas cessé de régner ensuite entre eux et entre leurs successeurs, ce serait placcr un langage absurde dans 1a houche si sage de ce saint docteur ; comme s'il suffisait pour former l'unité ct pour em- pécher que le gouvernement ne soit polygar- chique, de nommer les administrateurs su— prémes’ el leurs collégues un aprds Pautee etnon tous d'un seul mot, 10. Enfin la-méme oii asernblé a Sarpi que S. Cyprien affirme ouvertement la méme chose que lui, il est clair que S. Cyprien dit tout Ie contraire. Car, puisque ce saint nous enseigne qu'il n'y a qu'un épiscopat dont chaque évéque gouverne solidairement sa part (4), et qu'il compare plusieurs évéques 4 deancoup de rayons, qui fous se réunis— sent en une seule Inmigre, celle du soleil, et plusicurs rameaux, qui tous tirent la vie du méme tronc; ces exemples sont autant de preuves contre Sarpi. Un rayon va-t-il par hiagard éclairer un Jiew qui recoit déjd la lu miére d’un autre rayon? un rameau nourrit~ il par hasard les feuilles et fes fleurs d'un autre ramean ? Quoi de plus ? Le saint ne s‘explique-t-il pas en tormes précis 2 n’y a qu'un chef, dit-il, il n'y a.quune origine ct qu'une mere. Tele estunité que veutS. Cy- prien daus Eglise ; 'unité d'ordre égale dans chacun, et par laquelle chacun devient pro— ire & exercer les fonctions d’évéque en tout jieu ; l'unité de chef, c'est-d-dire de Pierre et de ses successeurs , sur laquelle Jésus-Christ abiti son Eglise, et & laquelle se tiennent 1) + Plusic é3 prurnas théalo- Ar A ate para SGypres fe sn: Ox peut les voir dans mou Aui-¥ebronius sindicutus(p. 446 ct shiv.) et tous reviennent finale edlin que notre historien adopte ict, Le dau sou trailé de Ia Puissance de FEghse (chap. pag. 10), en propose un qui est peut-Cire plus cou’ let et plis naturel. solidi, dhti las, is Autre égal dans exile partie quion a de Cest pour cela que S. Cyprien w’a pas dit copat si ext gouverné parc fam, sis dont une panto est gowweruge in sadn par chvcun, 6troitement attachées toutes les colonnes de cette basilique, et non des diocéses sans li mites et confondus. Mais poursnivons et voyons si Sarpi est plus véridique dans ses autres suppositions, selon cette ragle d'aprés Taquelle le podte entreméle le vrai de faux, ‘comme on entreméle la mauvaise monnaie dé Donne, afin que une fasse recevoir Pautre, ‘et que tout passe. CHAPITRE IY. Si Sarpi a raison Caffirmer que les empereurs et leurs officiers présiderent les premiers con ciles wecumdniques, et que usage de distin— guer les simples eongrégations des sessions solennelles ne s'est introduit qu'aprés quils ny ont plus présidé : on y traite aussi du scrutin des suffrages par iétcs ou par na= tions. 4. Aprds avoir fait des conciles particuliers que les fidales tenaient dans le temps des per- sécutions , une peinture toute d'imagination , Sarpi entreprend celle des conciles généraux , qui ue commencérent & se réunir qu apres Ja conversion des Césars et la paix de PE— glise. Pour ceux-Ia, il dit qu’ils étaient con— Yoqués par les empereurs ou leurs préfels: et laffaire était conduite par les princes ou par les magistrats qui avaient réunt les Peres; ils intervenaient euz-mémes dans les délibéra— tions, proposant, dirigeant ce qui en faisait la matiére,, et statuant par des sentences intert cutvires eur les différends qui survenaient ; ils tne laissaient au jugement du concile que la d finition de article principal pour lequel ons'é- tait assemblé. Il ose avancer que la preuve de ces assertions se tire deceux de ces conciles dont Jes actes nous restent, comme de celui @Ephase, qui se tint devant le comte Candi- dien, et plus clairement encore de celui de ialeédoine, auquel assistait Marcien lui— méme,, et que les relations des historiens at— testent la méme chose l’égard de ceux de ces conciles dont les actes sont perdus, comme du premier de Nicée. 2 Que les anciens empereurs, sur la de~ mane des souverains Pontifes, aient poussé les prélats aux conciles de toutes les parties de leur empire ; c'est un fail, ctles empereurs modernes et les autres princes temporcls ‘onl pas agi autroment pour le coneile de ‘rente. Etil est vrai aussi que, sous ce ra port, ces premiers empereurs en furent ap~ pelés les convocateurs, selon lacception plus large et moins propre de ce mot. Il est yraide plus qu’ils mirent le bras séculier Ala dispo~ sition des conciles, et quills y assistérent. ow par eux-mémes ou dans la personne de leurs principaux ministres, afind’empécher les dé sordres et de eontenir l'insolence. C'est dans cette méme intention que Clément et Paul de- mandérent avec tant d'instances la présence de Charles-Quint au concile, comme nous Tavons racon'é plusieurs fois.’ Mais que de leur propre aulorilé et sans Yordre du Pape, ils aient convoqué les conciles , et qu’ensuite ils y aient présilé, c'est une fausseté. Com— ment ponvaient-ils le faire, eux qui n’avaient qu'une juridiction temporelle, et qui étaient aT suecesseurs de César et de Tibare et non de Pierre, que Jésus-Christ avait laissé pourson Yieaire ? Ajoutons , relativement 3 la convo- cation, comme ils n’avaient pas sous leurs Jois univers chrétien tout entier , de quel droit pouvaient-ils convoquer tous les évé— ques 7 Cette diffculté existe, surtout depuis que la chrétienté s'est trouvée successive- ment parlagée entre tant détats ditférents dou iLeonvient de dire que c'est par une saze préveyance que le Sauyeur a confié cette mission A une autre puissance , qui est au- dessus de tous les ehrétierts dans les choses de religion. Et celle puissance est la chaire seule de 8, Pierre, par Inquelle Rome, selon Tidée de S. Léon (1), que S. Prosper a accueillie et chantée dans ses vers (2), méme dans ce siécle, élendait plus loin Tes bornes de son empire spiritucl qu'elle n’eat jainais fait sa domination terrestre, 3. Les faitsrépondent a ces principes; nous les trouyons consignés dans fes monuments de Tantiquité. S. Léon, dont nous venons de parler, dans une lettre (3) A Turbins, lui Ecrit: Nous avons envoyé des lettres a’ nos frares et nos collegues dans Vépiscopat de Tarragone, de Carthagéne, de Portugal et de France , ef nous leur avons intimé la tenue dw coneite général; et avant lui, Sixte II, dans une leltre aux orientaux: C'est de notre nuto— rité que Falentinien Auguste a ordonné au con— cile dese rassembler. Adrien YI, dans la lettre A Lempereur Basile, qui fut Iue dans la pre— mire session du huitiéme concile , parle ainsi: Nous voulons que, par les soins de vo~ tre pité, i s'y tienne wn coneile des plus nom- tren. On yoit dans ces paroles de quel nidre les conciles étaient convoqués Pape, et de quelle maniére ils étaient par Yempereur ; l'un intervenait dans cette con— vocation comme cause principale et comme yolonté souveraine, et I'autre comme instr ment ct comme moyen habile d’exécution. Et cette facon de s‘exprimer touchant l'autorité du Pontife romain, (ail usitée méme dans le langage des éveques de ce temps-ld. Théodo- ret rapporte (1) que les Peres, réunis dans te premier concile deConstantinople, écrivirent au Pape Damase dans les termes suivants : Nous étions accourus a Constantinople sur les lettres de Votre Révérence, adressées au trés— pieua: empereur Théodose, aprés le concite d’A- quilée (3). Et parmi les lettres qui ont rap— (A) Dans le sermon 4 des saints Pierre et Paul. (2) Des Ingrats. 5) Letir 4) Au Ti 5) + Labs Boil ine de ta Sainte-Cha- pelic de Paris, dans so: Collogaiuan evtcum de sphat- iis tirorumin reiterarid ilusrinm, roprend Palla Haut Alan cetexte des Peres fe en feria : Conveneranus Con 4e Constantin Mautinopoliad biteras vest Reverentie missas a Theo~ dosio imperaiore post concium Aquileiense : « Nous uous ions rassenblés & Constantinople apres les t letres de sotre Rétérence, eneoyées. par Fempereue « Thiodose apres le concile @ Aqulée.» Mais Pals ini dit les Toutes envoyées a Théodose, non par ‘Theodose, Une telle erreur et beaucoup d'autres pa- LIVRE SIXIEME 38 ort au concile de Caleédoine, il y ena une je certains évéques 4 lempercur Léon chon litces mots: Un grand nombre d'évéques se sont rassemblés dans lavilled? Chalcédoine, par Vordre du souverain Pontife Léon, qui est le véritable chef des évéques. Pour nous qui écri- yons de l'histoire et non de la controverse, it nous suffit d'avoir rabattu par cette courte réfutation la. présomption de Sarpi, qui dit Te contraire avec antant de (émérité que d’as- surance. Le lecteur qui serait curicux den Voir la fausseté démontrée plus au long peut parcourir ce qu’en ont écrit ex-professo plu sieurs auteurs trés-savanls, et surtout deux céldbres cardinaux, Turrecremata (1) et Bel- Jarmin (2). 4. I n'y a pas moins de témérité dans la hardiesse avec Jaquelle il avauce I secondé partie, e'est-a-dire que les anciens empe— rours présidaient aux conciles (3). Crest un mensonge de Phérdtique Brentins (4); Calvin Jul-mene (5) n'a jamais o36 Je soutenir posi fivement. Car, jaloux d’exclure de la prési— dence du concile de Nicée les légats de S. Sil- yestre, et ne sachant a quel autre Passigner, il s‘avisa de supposer qu’on en avait honoré 8. Athanase, quoiqu'll ne fiit encore que dia ere, et qu'il cit 4é amené au concile par Alexandre, son évéque. Dans cette décou- verte qui lui appartient, i employa toutes Tes ressources de son esprit a confondre la wrééminence de doctrine avec la préséanco fe juridiction, comme sion disait qu’an con cile de Rheims, ce fut §. Bernard qui présida, Au fond, la proposition de Brentius et de Sarpi est tellement démentie par les monu- ments de Vantiquilé, que Yempereur Basile convient & Ja fin du huitidme concile que Constantin, 4 Nicée, souscrivit aprés (ous les évéques les mémes'actes qui portent en téte Ia souscriplion des legats de & Silvestre. On sait assez que Constantin youlut, au rapport de Théodoret (6) et d’Eusébe (7). qu’on placat son siége au-dessous de celui de tous les évéques. Ce que raconte Ruflinus (8) con- firme ce fait; selon lui, Vempereur assura qu'il était inférieur aux évéques, et qu'il reilles relevées par Je méme Boileau, dans notre torien,ne sont yas de Pallaviemi, miais de sow tradite leur Latin le pére Gioitii , commie Te remanque sagement Richard Simon , dans sx Bibliotheque ert que, 1.3, pag. 67, (i) Au Lise Ill de la Somme de P'Eglise, chapi- wre 6. (2) Dans le livre Iv du Coueile, chap. 42 et 45. + Quon me permette ¢’ajouter que Febronius ayant Tenouvelé la miéme mauvaise doctsine de Sarpi et des i le Ta eombattre A, ch. 1),avee lout Tai p a (te LV, tn le dévelnppement qui convient. (8) + Ge second monsonge ‘enntre la. présidence des papes et de leurs légats an conciles, se trouvela réfué aussi eontre le meine Febronus, dans le mene livre 4, chop. 3. (4) avs les Prolégoménes, contre Pierre Soto. (3) Dans le hvre 4 des Iustitutions, ch. 7, au cox» mencement. i Dans le livre 4 de Mlistoire, cb. 7. (7) Dans le livre 3de la Vie de Constantin, (8) Liv. 10, ch 2, 2” HISTOIRE DU CONCILE DE TRENTE. convenait qu’en leur présence, a Tattitude d'un justiciable plutét que dua juge. Comment donc Sarpi, sans oxamen Comme sans la moindre preuve, ose-t-il pro- noncer que les Bistoriens de ce temps altri~ buent & Coastantin cette présidence, & peu rs comme il rapporte quiils Jui attribuent ft victoire contre Maxence? mais recourons ces couciles dont les actes nous restent, et dans lesquels se conserse ce que Sarpi ap- pelle Beidence de fait. Je parlerai seulement des deux premiers, afin que la fable de cet, auteur ne m’entraine s une trop lon- gue digression. Voulons-nous savoir par Fapport a cette présidence du comte Candi— dien tant exaltée par Sarpi, si elle eut lieu et juclie elle fut? Les empereurs Théodose et ralentinien écriyent au concile dans ces termes, en y envoyant ce personage : Nous avons crdvnned aller d votresainie assembléed Candidien, trés-illusire, etc., ele... mais d la condition Jormelle et qui sera'pour tui une loi, que dans les questions et les controverses qui tegardent les dogs de la foi, il n'aura rien faire (ilost defend a quicongue nest pas agrégé & Vordre des trés-saints évéques de ler des affaires et des délibérations ec— clésiastiques), mais afin qu'il use de son pou ‘oir pour éloigner de cette ville, wimporte comment, les moines, les séculiers ef tous les ‘autres que la curiosité y a déja attirés ou y at~ tirera encore par fa suite. D’ailleurs , tou~ chant la présidence du pape Célestin a ce eoncile, dans la personne de son légat, il u'y ‘a certainement qu’une voix parmi tous les historiens. Bellarmin rapporte longuement leurs témoignages dans le premier livre (1) des conciles. 5. Passons a celui deChaleédoine dans le~ quel, A en croire Sarpi, sa proposition est plus’ elairement exprimée. Y a-t-il trouvé ‘autre chose, sice n'est que l’empereur Mar- ien s’y assil au-dessus de tous les évéques? fllen edt 16 de méme dans celui de Trente, Charles-Quint y eGt assisté. Au reste, nous voulons nous assurer qui fut président etjuge de toutes les causes ecclésiastiques ; nous Vapprenons tout a la fois du président, Jui-eméme, du concile et de Vimpératrice Pul- chéric. 8. Léon-le-Grand, dans La lettre 0" fadressée au concile lui-méme parle ainsi de Ses legals 1 Que votre fraternité songe que je préside au concile dans la personne de ces [= Tats qui vous sont envoyés par te Siége aposto- Tigae. Bt les légats eux-iémes quion voit toujours les premiers & parler et a souserire, dans la troisi¢me session, raisonnent de la Sorte : Le ird-saint ef tréssheureuse archevé— que do la grande et ancienne Rome, Léon, par Hous et par le présent S. concile, conjointe- tment avec fe Dleneurenss et digne de toute jouange Pierre, apbtre, qui est (a pierre et la finele UBiylise catholic, ele fondement de la vraie foi, a dépouillé Dioscore de la dignité spiscopale et Ya excl de autes les fonctions Heerdotales. On a consigné dans les actes du concile, que le pape et ses légats écrivirent (1) Chap. £9. paniit dans . 40 et parlérent ainsi, sans sonlever aucune ré~ clamation. Le eoncile ensuite dans la lettre écrite Léon lui-méme use de ces termes : Vous présidies comme la téte aux membres, dans ceuc qui oecupaient votre place, donnant 4 chacun par eux des témoignages de bonté : mais les empereurs présidaient pour Véclat du coneile dont leur présence faisait le plus bel ornement. Telle lait done la présidence du Pape, ef telle était celle de l'empereur : 'une intrinsdque et de commandement , comme celte de fa téte sur les membres; Tautre ex~ trinsdque et d'embellissement, comme celle de la couronne sur le front quelle ne fait qu'orner. Mais pour terminer , reportons~ nous a ee que impératrice Pulchérie ell méme écrit a ce sujet. C'est elle qui avait toute Yautorité et qui soutenait tout le poids du gouvernement. On lit une lettre elle (1) 8. Léon tout-A-fait dans ce sens. Lille parle des évéques & envoyer au concile : Et que ld, dit-elle, als se forment en concile, et décident sous vos ordres, selon que la foi et ta pidté chrétiennes le requitrent, et ce qui concerne la doctrine catholique et ce qui regarde ceux des odques qui se sont séparés Cabord-Cenvélait done pas seulement le point principal pour Jequel on avait conyoqué l'assemblée qui se remettait 4 la décision du concile, comme le ‘Yeut Sarpi; on lui laissait aussi la condam— nation desévéques désobéissants set tout cela, e concile devait le faire par Tantorité da Pape. Je ne yeux pas m’élendre davantage sur co sujet; il demanderait 4 étre traité dans une autre sorte de livres. Mais il était nécessaire dayertir les lecleurs moins in- struits du peu de sdreté qu'il y a pour eux de venir se loger avec confiance dans un édifice dont il est évident que les fondements posent sur le faux. 6. Sarpi poursuit etdit que, dans Jes aneiens conciles, on ne faisait pas 1a distinction de congrégations particuligres et de sessions pu- Dliques; qu'il n’y avait aucune réunion dap- Parat; que tout s'enregistrait par les notaires désignés ; que tout ce qui se faisait était con sidéré comme acte du concile et desting a paraitre au jour, et non pas seulement les Géerets, comme il fut réglé Trente. I pou vait, dite pareillement que dans les temps anciens les princes n'avaient pas cette grande variété de seerétaireries, de conseils et d’as— semblées, (ant d’emplois honorifiques, tant de distinctions et de (itres, tant d’ambas dours ordinaires et extraordinaires pour né- gocier ct pour complimenter, et qu'il n'y avait pas non plus d’établis des eourriers pour porter les lettres d'un royaume a Fautre. romme done il y a ew perfe ou au moins changement dans les idées et les sentiments des liommes, ainsi que dans leurs rapports entre eux, ila falla modifier aussi en proportion Ja maniére de traiter les affaires ecclésiastiques : car elles ont pour acteur et pour objet le chrélien qui est présentement (1) Dans une lettre partie du coneiledeChal rove dans Ia promis a LIVRE dans le monde et quia les inclinations et les meurs de son temps, et non pas le chrétien ‘Vrente, lorsque le soulévement de la factio tel qu'il était dans les temps passés. Ce serait her la plus violente, et les vues chan— done une entreprise folle, ridicule etimpos~ geantes de la politique dev puissances ten sible réalisor que de vouloir conserver porclies faisaent naviguer la harque de maintenant la simplicité ancicnnement sui- Pierre dans un détroil resserré ot elle était vie dans les assemblées ecclésiastiques aux ballot{ée pardes vents contraires. Enfin s elles pronnent parties plus grauds princes liberiéa alfranchi les conciles moderne le la terre, et ot se trailent Jes questions de cette crainte rofane, done ce qu’ils ont sla plus grande importance pour le bonheur connu Waulorité el de prééminence dans le de Pétat ce serait absolument comme sion Pape ne leur ful pas extorque par la peur de voulait conserver aujourd'hui, dans la con- 1a vivlence; ils ne firent en cela que se rendre struction des églises, Varehitceture dil y a la sagesse des assemblées, oh chacun av 400 ans, dans les tableaux offerts & notre ¥é- la liberté de son opinion. Alais, comme ces nération sur les autels, la peinture Walors, et congrégations secrétes, au lémoignage da la musique de cette époque dans Vharmonie Sarpi, il a fallu les multiplier 4 Texces dans sacrée de nos cheurs. Je concile de Trente pour éviter dans les ses- 7. Sarpi dit : IJ échappait ‘sans doute de sions publiques T'éclat de disputes scanda- temps en temps a Vinperfection de quelyues- Jeuses ice ne fut done pas un concile servile, uns des paroles ou des choses hors de propos; comme il veul le persuader dans tout son lic mais lacharité, qui pattie les défauts @unfrere, vre, mais le plus libre de tous ceux qui aient les excusait, Soil, mais dans ec sitcle od il ét6 tenus. nait des hommes d'inctination toute contraire, Aux fuusselés précédentes cet auteur comme un Sarpi, lesquels non seulement dé méle quelques yérites qu'il. altare visible~ couvrent les defauts des prélats, mais les dé- ment; nous en donnerons tn échantillon. IL lerrent, les amplifient, les imaginent, it écrit que les Iégats, dans la lettre (1) of ils faut procéier avec plus de précaution’, & sollicitaient du Pape les instructions. dont gement quon 2 prudem- nous avons parlé, demandérent entre autres ‘ment adopté pour les affaires civiles, qui ne choses si on devait compter les suffrages par he se traitent plus de la méme manigre nations ou par téles. Celte parlie de son r qwautrefois. Qu’on ne me réponde pas qu'il estexacto. Ilajoutequ’ils se prononcérent con- HME, a2 rent plus tard dans celles du concile d serait plus digne de la franchise ecelésias~ trece premicrmode de scrutin, parce qu'il de~ tique de peocéder sans ces voiles empruntés vail amener unc coalition entre les éveques de au artifi igele. Gest une assertion chaque nation particuliére, et rendre inutile pleine de sous lombre de la fran— suffrage des Mtatiens, qui formaient la ma chise, elle introduirait la témérité. Rien de jorité et étaient les plus dévoues au sigge lus important que de conserver dans les apostolique. Tout cela est de la broderie Tommes'le sentiment qui les fait rougir de sore des doigts de Sarpi. La lettre ne con— faire le mal en public. Dans la république tient que ees mots : Nous ne savons sion ne chrétienne on gagnerait & acheter une once coudra pas eseayer de compter les suffrages de cette salutaire honte au prix de toutes les par nations. Il conte ausst quil arriva de pourpres précieuses de la Phénicie. Silenee 4 Rome une réponse conforme 4 Payis des le Tignorance ou a la malice. L'univers ehré- gats, et que le Pape la imolivail encore sur la tich mest pas pour cela corrompu et hypo- nouveauté de ce mode de serutin; il crite; il west devenu que meilleur et que plus @6 introduit que par les conciles de Con— retenu, depuis qu’on a pris plus de soin stance et de Bale, et ces assemblées ne de- qu‘auparavant de ne pas s‘éloigner du bean yaient pas éire données comme des modéles et de Thonnéte dans ce qu’on fail publique 4 snivre. Et néanmoins la véril6 est que dans ment; cur c'est une marque qu'on est encore Jes lelires de Rome (2) of on répond a tous maitre de sa passion, que de pouvoir Ini met- Jes autres articles, on ne dit pas un mot de tre un frein lorsqu’on veut. celui-ci, parce que les Iégats en avaient parlé 8. Telle est donc la yraie raison du chan comme’ une chose quils pourraient “bien ‘ment survenu par rapport aux congrégations avoir a proposer, et non qu'ils proposaient particulidres; celle qu'en donne Sarpi est réeliement. Au contraire, ils n’avaient pas le Jausse, jentends T'usurpation de la prési- dessein de le faire jamais, et par conséquent dence par les papes, et exclusion entigre une si prompte décision ‘n'élait pas neces des princes temporels dont Ja crainte conte- gaire. Et si le Pape avait répondu ladessns, nait dans le devoir les évéques au milieu des i] aurail pas écrit que le concile de Con sessions publiques. D'abord ona déjd vu que stance n'élait pas A sutvre. Ces heaux seu cctte autorité des pontifes n'est pas une in- nents, il les aurail laissés & Luther, dont la novation. rage contre ce concile se répandait en de si En second lieu, Nexercice de cette aulorilé furieuses imprécations. Au reste, ce ne [ut fut beaucoup plus fréquent et beaucoup plus pas comme mesure ordinaire quon adopla absolu dans les conciles précédents , surtout dans ce concile le scrutin par nations; il n’é- dans ceux @Occident, of aucune grande ipprouvé par les canons, ni en usage puissance ne disputait au Pape le gouverne- ment absolu des affaires ecclésiastiques. Les (4) Au cardinal Fumése,, le 14 de décembre 1888. princes n’étaient pas non plus inléressés (2) Le denice jour de décembre 1948 et te 25 de dans les décisions des concites, comune ils te janvier 1546. Conc. ve Trinae, U. : (Dewx.) 4 B dans FEglise. On n'y recourut que comme & ‘une mesure exceptionnelle que des circon— stances particulidres rendaient indispensa ble. 10. Voici ce que j'ai lu dang un manuscrit digne de foi : « On conserve & Venise , dans Ja bibliothéque de Saint-Marc, un livre de Ja main du cardinal Bessarion, oit sont con— tenus les actes de ce concile. On y rapporte qu’ ce moment ot l'on s’occupait de faire cesser le schisme qui divisail I'Eglise incer~ taine de quel cd1é était le Pape legitime, on eraignit que multipliés & V'infini par Vintrus Jean XXIL, les évéques italiens quill s’était attachés par des serments, des menaces et des dons, et qui pour la plupart élaient aussi pauvres de courage que de fortune, ne surpassassent en nombre les yoix de tou- tes les autres nations, ct n'asservissent le concile & la yolonté de cet homme. Alors, les nations au nombre de quatre seulement, falienne, Vallemande, la frangaise et I’ glaise (car Espagne ne s’était pas réunie & ) se rassemblérent séparément, et les trois dernieres convinrent qu’on compte ait les sullrages par nations. Les Italiens ne s'opposérent pas & cette résolution. Dans ce Jui de Bale on procéda re; car, on établit quatre commis particalidres (c'est le nom qu’on leur donna), une de la foi, une autre de la paix, la troi- sidine de la réforme, 1a quatriéme du bien commun, Les affaires se traitaient d'abord dans leur commission propre, et de 1a étaient portées a examen de toutes les autres. Mais ‘Oneut soin de faire entrer dans chaque com- mission mm nombre égal de membres de chaque nation, sans quon pat, hors les cas extraordinaires quile requéraient, proposer A Tassemblée générale rien qui met passé d'abord dans sa commission propre ctensuite dans toutes Jes autres, ou au moins dans deux des autres. » Mais ailleurs (1) peut-étre ‘nous retrouyerons l'occasion de revenir sur ce sujet. En attendant, que chacun décide si juger est uneatiaire dhommes oudecontrées, ‘et si quelques individus en pelit nombre doi- Yent, quand il est question dintelligence et de discernement, Yemporter sur tous les au= tres quelques nombreux quils soient, par cela seul que le pays d’oit ils viennent oc— cupe un plus grand espace géographique. CHAPITRE V. Ce qui se passa dans la seconde session. 4, La seconde session sc tint au jour in ug, Ie sept de janvier; ce fut Jean Fonseca, Sréque de Castallamare, qui chauta La messe solennelle. Coriolan Martiran, évéque de Saint-Mare, précha en latin sur la corruption des mieurs el sur Vélat déplorable de ta re~ Tigion. Eusuile aprés les pridres ordinaires , Alige Massarelli, secrétaire du cardinal Cor Yiniet choisi par Vassemblée deux jours au- paravant pour servir provisoirement de se— (4) Spéciatoment lorsque nous rapporterans. gation da cardinal Morone auprés de empereur Fer urand, en Tauuce 1502, HISTOIRE DE CONCILE DE TRENTE. te erétaire au coneite, jusqn’a ce quion eit pourvu définitivement a cette place, Jut, au nom des légats, cette exhortation dont Sarpi place faussement la lecture au jour de lou~ verture. Elle ful composée par le cardinal Polus, si on en croit les Mémoires d’un au~ tear respectable, Seripandit)- qui gssistat alors au concile en qualité de général des Ermites, et que nous verrons figurer dans la suite de notre histoire comme cardinal ct comme président. Toute vette exhortation tendait & persuader la nécessité d'une com- ponction de cceur sincére ef d'une réforme de vie exemplaire : on y disait que ces disposi— tions qui se manifestaient deja dans quel- ques-uns, on pouvail espérer qu'elles étaient ‘uneffet de la descente duSaint-Esprit en eux, et que ce n’était pas un léger gage de la séricorde divine que ce commencement | méme d'un coneile rassemblé pour reméier aux maux de l'Eglise; qu’on devait rappeler Asa mémoire ce que les livres d’Esdras, de Néhémieetde Daniel raconteat des démarehes faites par les conducteurs du peuple de Dicu, pour attirer la bénédiction du Seigneur sur la ville et le temple de Jérusalem dont ils en- treprenaient conragcusement le rétablisse— ment; qu'il fallait les imiter, si_on voul parvenir aussi a relever VEglise de Dicu* on ¥ prévenait les Péres des obstacles terribles jwils rencontreraient; on les faisail souvenir ic la nécessilé de débarrasset me des pas— sions qui faussent et obscureissent Vintelli— ence, Onavertissail ceux qui représentaient les princes au concile de ne pas leur étre dé- youés jusqu’a vouloir Jes excuser de toute espace de lantes; que princes comme sujets etséculiers comme prétres étaient dignes du reproche de corruption; quills défendissent les intéréts des princes avec mesure, c'est-i- dire sans cesser d’ayoir en yue d’abord la cause de Diew et saus oublier quils élaient évéques; qu’ils eussent des pensées de paix et de modération dans une assemblée qui avail pour but principal la fin des discordes qui déchiraient PEglise, 2. Apras cela, Féyéque de Castellamare Tut du haut de !a chaire Jes constitutions du Pape, tant celles qui concernaient le jour de Touyerture que celles qui interdisaient Fexercice du droit de suffrage par procu— reur. Vint ensuite un décret du concile, dans le- quel on presctivait aux Péres et aux autres beaucoup d’wuvres de piété et de pénilence: ony exhortait tont le mionde, et particuligre~ rement les savants 4 réiléchir aux moyens Ies plus elficaces pour extirper Uhérésie et réformer les-maurs. ‘On déclara que 1a forme de siéger ow de donner son sulfrage, quelle qu’elle fat, n’a~ ubrassent depuis Ie eommenco= fevrier 1536; ils so Augustns de §.-Jean de Catlos dui paye ATexandre Vit Panto ner. Bs jouterait ni ne préjudicierait aux droits de personne. 8. Les Peres intorrogés, selon la coutume, si ce décret leur plaisait, Vapprouyéront gi néralement, sauf deux oppositions dont Pune est tue par Sarpi et Pautre dénaturée. La pre~ midre ful celle de Guillaume Dupré, évéque de Clermont : il demanda que, dans le décret oit on ordonnait des pridres pour ['empereur et pour les antres princes en général, on exprima{ nommément le roi de Franee. Cette demandé avait déja &6 présentée par les Francais dans ta congrégation préeédente, et, comme on leur avait répondu que ce serait exciter la jalousie des autres princes qui ne seraient pas également nommés, ou que si ‘on voulait les nommer tous, on tomberait dans les discussions les plus fastidieuses de préséance ils insistérent en alléguant que, puisque leur roi élait le seul avec César dont Je Pape fit mention dans la bulle de convoca— tion du concile, il pouvait bien aussi étre le seul qui fit nommédansledéeret. Néanmoins, la majorité fut davis d'ajourner 1a décision par égard pour Ie roi des Romains. Ce qui contribua le plus A déterminer les Frangais A se désister, ce fut usage (1) vit est com— munément !'Eglise de ne farre, dans la priére du yendredi-saint, mention Waucun autre prince séculier que de Vempereur. Car cha- tun se soumet facitement A la coutume, soit parce qu'elle est comme une autre nature, et que tout cequi nous vient delle, nousle re~ gardons et le supportons comme nons yenant de la nature méme; soit parce qu'il y a troy d’odieux dans le réle de quiconque cherehe saffranchir de la coulume, les autres s'6— Joignent de lui comme d'un perturbateur du repos commun, . La seconde opposition qu’éprouva le décret vint de la part de plusieurs évéques qui se plaignirent de Vomission de ces mots , représentant’E gliseuniverselle.Sarpi.attribue cette opposition aux Francais en général et ‘aux Franeais seuls : ct cependant il y entra plus d'Espagnols et plus d'Italiens que de Frangais. Antoine Filleul, arches équed’Aix, fut le seul de ees dernicrs qui y prit part, tandis qu'il y eul,du cO{6 des Espagnols, Frangois Navarre, évéque de Badajoz , Jean Salazar, évéque de Lanciano, Jean Fonseca, Gréque de Castellamare, et Diego d'Albey éyéque d’Astorga; et du cdté des Italiens, Pierre Tagliavia, archeyéque de Palerme, Braceio Martelli, évéque de Fiésole, Henri Loffredi, évéque de Capaccio , Jacques Jaco— belli, évéque de Belcastro; et de plus, Angel Pascal, évéque de Motola, qui déclara n'ap- prouyer que pour celte fois le titre simple Cel qu‘on le mettait, Quelques-uns veulent aussi que Tévéque d’Astorga, dont nous avons parlé, ail apporté la méme restrietion 4 son opinion. Ensuite on demanda aux Péres s‘ils élaient davis que, pour éviter des loninewrs inatiles, om regardal comme Malte la Necture des autres bulles pontifledles que Vévtque (1) Lettre du cardinal Cervinia Farnése, dv 9 jan- ver 1546. LIVRE SIXIEME, 46 de Castellamare tenait alors & 1a main ; s‘ils voulaient assigner tels emplois a telles per= sonnes; el 14 on nomma celles qui avaient eu les suffrages dans la congrégation précé~ dente : et enfin, s'il leurconvenait de fixer la session prochaine, au quatriéme jour de fevrier. L’assembléc répondit A toutes ces questions par un assentiment unanime, 3. Sarpi tombedans d’autres crreurs moins graves; par exemple, lorsqu’il donne le nombre des genlilshommes qui assistaient, assis au concile, il en compte dix au lieu de dix-sept. De méme dans Pénumération des théologiens quis'y tenaient debout, d Vexeep- tion d'Gleasiro (4) et de T'un de ses collégues déja cilé qui eurent Phonneur de siéger, it wen suppose que_yingt environ, ct il y en avail trente-cing, Mais laissons ces minulies. Voici deux remarques malignes de lui, qui demandent an’éire pas négligées.La premic Cest que tout le concile general se compos: de quarante-trois personnes dont quatre car- inaus, quatre archevéques , yingt—huit éques, quatre généraux d’ordre et trois abbés. Mais, ne svait-il pas, Iui, que durant les premitres sessions, on consuina a dess Te temps dans des choses de pure cérémonic et dapparat, afin que pour les délibérations plus importantes on attendit Jes autres qui s'y rondirent ensuite ct qui ne se mirent enfin et mouvement que lorsque ouverture du con~ cile vint,comme un aimant, remuer leurs pieds de fer? Et ces quarante-trois personnes étaient des hommes d’un mérile distingué, choisis des diverses parties du mondo et ac~ compagnés de Ia rénnion des meilleurs théo- Jogiens de chaque nation. Parmi ces derniers, ‘se sont immortalisés comme éerivains, Soto , Oleastro, Catharin, Castro et Vega ? noms qui suffiraient pour honorer un sidel ° quiils ne peuvent pas faire la gluire d'une assemblée? Il y avait en ontre beaucoup de eanonistes eélébres. D'ailleurs Sarp: id que les géants anssi sont petits sent et que, selon Vensejgne~ nt du philosophe, le principe, quelque petit qu'il sit en volume, vaut plus que la moilié en force et en résulials ? G. La seconde remarque maligne de Sarpi, gest que le Pape, pour augmenter lenombre des voix venducs A ses légats, envoya au concile deux évéques de nom qui n’avaient jamais yu, ni l'un ni Pautre, leurpropretrou- pean. C'tlaient Olaiis Magnus, archevéque dUpsal en Sudde, ct Robert Venanzio (c'est ainsi quill le nomme), Ecossaus, archevéque @Armagh cn Irlande, tous deux entretenus 4 Rome depuis plusieurs années aux frais du souverain Pontife. Lache calomnie! comme s'il ned pas pu (rouver dans ses tals ou a sa cour, pour les envoyer a Trente, deux posal plus dependants de fui andl quit jes choisit réetiement, afin qu'il y eit au concile des évéques de toute nation, quien relevassent ladignité, ct s'y rendissent utiles, personne n’étant plus propre qu'eux a faire {1} sie des gate a cara Farnse, 9 jane vier 1510. a HISTOIRE DU CONCILE DE TRENTE. 8 connaltre l'état etles besoins de chaque con- trée. Le choix du Pape fut encore déterminé | par Jes belles qualité personnelles de ces Rommes que leur constance dans|a foi faisait vivre en exil et dans la pauvreté, et surtout par celles @Olaiis Magnus. Qui’ est assez Glranger A ce qui s'est passé dans ce siécle pour ignorerlageande érudition et les travau Dpostoliques de ce prélat? Quant a Tautre, dont Sarpise moque, qu'il sullise de dire qu'il en avait une si parfaite connaissance qu'ilne savait pas méme comment il s'appelait. Car, il prend Venanzio pour son nom patro- nymique, tandis que d’aprés Sponde (1) ce n’é- lait que leserond des deux prénons qu'il por- tail, son véritable nom et celui de sit famille dtant Vaucop. Maisau fond, Sarpi faitunéloge trds-honorable de Lut :ear Si, au jugement du vh fosophe(2}, un panégyriste bldine beaucoup Te heros qu'il'ne lowe que peu, Tétendue de Taffection qu'il lui porte, ne'servant qu'a faire reparaitre combien peu il y avait de & dire; de méme un ennemi, quand il nous bkime peu, devra paraitee pour la méme raison nous loner beaucoup + et peut-on dire moins de mal de quelqu'un que de ne savoir lui reprocher aulre chose que la fai Blesse de sa yue cl son adresse & courir la poste. Il est bien plus digne du mérite de cet arehevéque l'éoge qu’en fait le méme Spon— dan (3), quand il rappelle Tes honorables Kggations dont il s'acquitta pour Je bien de TEglise auprds de Venpereur et du roi de France, et qu'll fait remarquer que les plai- santeries de Sarpi sortent de la source bour— Deuse de Sieidan. Mais ce serait la marque une vertu commune et trop facile que dene pas provoquer la rage et la morsure de Fimpidté. CHAPITRE VI. Congrégation tenue eprés ta seconde session: ‘ef nouveau débat qui s'y engage touchant le le titre du concile. 4. La congrégation suivante fut renyoyée jusqu’au treize de janvier ; on allendai Te nouveau cardinal de Taen pay assister. Depuis la nouvelle de sa promotion, il s'é abstenu de toute fonction publique, parce quill n’avail pas encore pris les insignes du cardinalat. Sarpi, emporté par 1a manie de rendre compte de ce qu'il ne sait pas, éerit que co rotard provintde ce que celui qui lait chargé Wapporter 1 barretle de Rome s’était fait, attendre. Ce ne fat pas 11a raison, La bar relte avail été envoyée (4) & Pacheco plu- sieurs jours auparavant, et il avail déclaré quill {ait dans intention de ne la prendre que le jour de VEpiphanie, donnaut pour prétevte de ce délat ccessité ot il Clait de faire venir de Venise les ornements qui Jui Glaient nécessaires, Mais la veritable i) pase 2) Favor (pbs . (4) Lettre des lézats au cardinal Farndso, le dernier Jour de décombre 1545. cause (1) de ce premier retard et du reta beaucoup plus long qui le suivit, c'est qu'i youlut recevoir auparavant Pagrément de Charles-Quint. Cet empercur, en dépit de ce quill navail pu lui obtenir la pourpre peu auparavant, avait, ee égard pour Ini, dé~ fendu de Vaccepler & ceux de ses autres su- jets qui en seraient honorés. Ce ménagement de Pacheco pour un prince laique, dans une. question d’insignes ccclésiastiques, ne pavut Pas curenable aux Peres; il eu surtout fimprobation des Frangais, selon la coulume de ces deux nations de se blimer et des" er tout a la fois dans les mémes choses. 2. Une fois done que Vagrément de Char- Jes-Quint fut arrive et que Pacheco se fat revétu des insignes du cardinalat, on reprit Tassemblée générale. Le premier légat s'y plaignit de quelques Pares qui, contrairement ‘au rejet qu'on avait fait dans lassemblée du cing du titre magnifique de concile repr sentant I E ylise universelle, navaient honte dans, lasession solennelle, ser pour cette raison a la rédacti cret : et 1a furent déduites tout de neuyeau Jes raisons nombreuses qu'on avait de s'ab- stenir de ce titre: que Fusage des plus ciens conciles s'y opposait; qu'on ne Vavait pas méme fait A’Constance, si ee n'est dans certains actes plus importants , comme lors qu'on cut a procéder contre un usurpateur du premier siége, ou & condamner de nou- veaux hérésiarques ; que remphase de cette épithdte allait mal une assemblée compo sée de si peu de prélats et si pauvre en bassadeurs ; qu'il ne fallail pas s'exposer aux. bons mots des Luthériens, qui ne manque~ raient pas de rappeler Fancien proverbe , que c'est le propre des hones petits de se dresser sur ta pointe des pieds. L'eveque d’ As- torgaappuya,dinsunlong discours,le méme sentiment. Mais rien ne servit plus a apai ser les opposants qu'une observation du [rere Yérdme Seripandi,général des Augustins. 8. Persuadé que ce qui rend si difficile la conciliation d’gpinions opposées, c'est la ré- pugnance qu'on éprouve a s'avouer v. dans un débat de raisonnement, it it voir quill ne s'agissait pas alors de bannir co titre a jamais, mais de le réserver 4 des lomps meilleurs, lorsque le concile serait dans un état plus florissant, cl pour des questions dont Fimportance répondrait & la majesté de litre insposant placé en téte des décrets. insi_ cachant sous le nom d’ajournement leur désistement réel, ces evéques se reli. rrent honorabl: ment du combat. Ils youlu— rent cependant qu’on ajoutal au décret pré= céilent les épithétes inentionnées ailleurs Pecuménique ct duniversel , puisque le souverain Pontife les appliquait Iui-méme an concile dans ta bulle de convocation, Et de celte nouvelle disposition prise ¢ l’égard. d'un décret fait antérieurement, il résulla qu'il en parut quelques exemplaires oi était celte addition, et quelques autres oX on ne (1) Lettre du cardinal Cervinia Famnése, Yo news vieme jour de janvier 1846, 0 LIVRR. SISEME. : 0 Ia trouvail pas. Le seul evéque de Fiésole s‘était tellement infatué de ce titre brillant, jue dans une aulre assemble générale’ ot il slagissail Warréter ta forme du décret sur Je symbole de la foi, il protesta que sa con- science lui défendait de consentir jamais. & un décret qui manquait de cet ornement in- dispensable, et il rifusa de s'en rapporter, comme le lui conseilla le cartinal Pols, & de la majorité consultée une dernitre fois. Le premier président le reprit de cette sortie; mais la réprimande la plus morti- fiante pour lui, ce fut de se trouver aba donné de tout fe monde dans cette prétention dont on était fatigué. Les Paros furent indi« gnés de voir un de leurs collégues récuser Faulorité unanime de ceux qui étaient ras~ semblés pour donner au monde ehrétien des décisions qui Jui tiendratent lieu de Loi CHAPITRE VII. Débat dans Ia congrégation des 18 et 22 Janvier : on y discute si on (raitera @abord ‘des dogmes, Ou si on connmencera par la re forme: parti quion y prend , ef sentiment dis ‘souverain Pontife d re sujet. 4. Ce que nous avons raconté de Ia con- grégationdn 13de janvier, n'avail 6 qu'une Kéadre esearmouche en comparaison de la hataille plus sérieuse qu'on se livra dans la congrégation qui suivit. Une des difficultés les plus ardues el qui ocenpa Je plus long~ tomps le concile a son début , fut toujours de savoir, comme on T'a yu dans plusieurs endroits, sion devait_commencer par les dogmes et s'en tenir aux décisions qui les concernaient, ou s'il fallait faire précéder les lois de la réforme. Ce second parti était du gout de Vempercur qui le désirait comme un point réclamé plusieurs fois par l'Allemagne. et par les protestants eux-mémes ; commen- cer an contraire par les dogmes, c'était se mettre dans la nécessité de les exaspérer ent condamnant leurs erreurs, au lieu de parve~ nir a les apaiser en faisant droit a leurs réclamations. Mais les Pontifes, comme nous Yavons déjd_remarqué, avaient toujours pensé autrement, et ils ne Vavaient pas ca- ché. 2. Tis y étaient portés par des raisons trés- puissanies et de deux sortes : les anes po- pulaires; il s'agissail de satisfaire la multi~ fade dont le sentiment, quand il est pres- senti, nest pas d dédaigner dans les délibé— rations de celui quia a ménager le respect qu'on lui doit comme Pére commun et comme représentant de Jésus-Christ. L’intelli grossidre de cette multitude est au reste plus touchée des prenves superficielles que de celles qui ont da fond. Les autres raisons 4taient moins apparentes; mais ‘étaient comme des fils de fer, forts, déliés, et propres Aenchatner les intelligences les ‘plus fines. Les raisons de la premiére espéce se rédui- saient a dire que tel ful Fusage des conciTes antérieurs , qu'on doit le premier rang aux matiéres les plus dignes, (elle qu'est a foi comparée aux vertus morales sur lesquelles la réforme devait porter; que la foi est le fondement du salut, et que c'est par le fon- dement et non par le toit qu’on doit com- mencer I'édifice, Entre autres raisons de la seconde espace, on alléguait qu'au moment Oi Inet est environnge dennemis, i con- vient de se défaire des assailants avant de réformer les eitoyens , de peur de porter des Dlessures. ces mémies hras dont on a be~ soin pour combatire. Qu’outre cela, c'est une grande sollise de se faire volontairement ac~ cusé, d'accusalenr qu’onest, et d’ajourner la pnnition des rebelles pour se soumettre en attendant A lenr eritique comme A celle de ses juges. Quel est Je zéle du salut public qui deniande que pour s'oceuper de Ja guérison de moindres maux, on laisse la peste propa~ ger ses ravages irréparables au milieu des opulations? On ajoutait que cette réforme ardemment demandée portait sur les rites et les tribunaux de la cour romaine, et qu'il n'y aurait pas de prudence pour un prince Aabandonner la réforme de sa cour & ses sujets. Qu’il doit chercher & connaitre avis de tous , demander conseil & quelques—uns,, mais ensuite que e’est & lui seul d'étre Ie gislateur dans sa maison; qu'il ne faut pas Accoutumer les sujets a contrdler les nctions de celui quis doivent respecter, et encore moins & douner des régles & celui de qui ils en doivent recevoir; que les hommes res- semblent communément a des chirurgiens qe ‘opérent sans pilié sur la chair d’autrai; ils comprennent peu le mal que fait leur ins- trument, et ils y sont encore moins sensibles. Que les'évéques, les uns par inexpérience des affaires, les’ antres par indiscrétion de zale, ot quelques-uns méme par intérét pri- v6, par complaisanee pour le prince sGenlier de’ qui ils dépendent, par _humeur ou par jalousie contre leur souyerain spirituel, ré- ‘vent les lois les plus sévéres pour la cour romaine; que ces lois , sans la purger des abus, ne feraient que porter atteinte a sa muissince, & sa majesté, & sa confiance, et A tout ce quil y ade plus substantiel dans ce suc avec lequel, comme une vigne mysti- que, elle entretient 'unité et la vigueur dans Jes églises chrétiennes, comme dans autant de ses branches. Que devrait faire le sou- verain Pontife, sion yenait A prendre de telles résolutions 4 Trente? Céder honteuse- ment et souffrie que le concile qu'il avait rassemblé Ini-méme contre Ihérésie portat plus de_préjudice que n'aurait {2il'hérésie elle-méme? Résister et Oler tout crédit 4 celle assemblée qui n’avait pour arme contre les héréliques que la vé~ nération publique? Général, se mettre mal avec son armée au moment d’engager le com- bat , et renouveler les troubles de Bile dont les résultats seraient d'autant plus & crain— dre que la matiére étant encore plus préte a prenire feu qu’alors,, elle s’enflammerait 4 ja moindre de ces étincelles. 8. Que le danger ne s'arrétait pas 14; car, que ces évéques, ainsi que avait sagement remarqné Clément, eraignant qu’on ne don- nat pas de suites A leur décret sur la cour roinaine, ne manqueraient pas d’établir d'a~ ut IISTOIRE DU CONCILE DE. TRENTE. 32. bord le droit quiils auraient de la juger, & Timitation de Tassemblée de Bale; et que pour cela ils voudraient décider la supério- Tité du concile sur le souverain Pontife ; que Je Pape ne pourrait y consentir : que par dignité autant que par conscience, il s'y op~ poserait comme a une doctrine faneste qui non seulement dégraderait le tréne pontifi— cal, mais méme porlerait le désordre dans toute la hiérarchie spirituelle, et qui, sous Je nom spécieux de liber, ferait de Eglise du roi pacifique un camp de’ perpetuelles «tis cordes ; que les evéques qui ne seraient ja mais pleinement satisfails du chef, sachant ailleurs que leur juridiction est au-dessus de la sienne, quand ils paryiendraient & se réunir dans un méme lieu et as'y entendre, seraient chaque jour A s'agiler pour renou— veler une tele union qui. en les rendant plus puissants que lenr chef, les mettraitcon- linvellement en opposition de rolonté avec Jui, et priverait de leurs soins leurs diocdses dont ils se tiendront sans cesse éloignés. Quiils ne seraient pas , comme il arrive aux Sujets d'un prince temporel, détournés dela enue fréquente de ces assemblées pernicien- ses par lafermeté d'un souverain qu’ils sau- raient en eat de faire respecter s:1 défense. Qu’ainsi ils vivraient continuellement en guerre avec le vieaire de Jésus-Christ, et méme entre eux, comme ilest dans la nature de toute grande’ assemble od des hommes inclination, de pays et d'intérdts différents, ne sont contenus dans le devoir par aucun souverain; et qu’au milieu de ces fluct tions (expression mélaphorique qu'emploient Jes Latins en parlant de la multitude réunie), ils agiteraient sans relache I’Eglise, ou ill se ferait un renouvellement perpétnel de ses lois, qui leur dterait & toutes Vantiquité , caractare seul qui les rende vénérables et les fasse durer. Que pour: pper a de si grands dangers, Je concile wavait qu’ commencer a s‘occuper de I'examen de Ja doctrine, et 4 Jaisser pendant ce temps-la le souverain Pontife entreprendre Jui-méme dans sa cour une réforme sage et convenable qui serait mieux regue de sa part; que 1a crainte qu’on avail eue a Rome de la réforme sévére dont Tamenaguit le concile, rendrait facile 1 tation des changements moins durs qu'y or- donnerait le souverain Pontife; qu'on ne 'y soumettrail pas seulement sans opposi tion, qu’on le ferait méme avec reconnai sance. Et que ces changements moins durs seraient aussi les plus salutaires, sclon cette régle si yraie d'Aristote, que pour certains étals, comme pour certains corps, vouloir les purger de toutes leurs humeurs mauvaises, ce mest pas les guérir, c'est les tuer. 4. Cos motifs avaient déterming le souve- rain Pontife donner Vordre que nous avons rapporté plus haul, de commencer les tra~ vaux par enseignement de Ja foi. Mais les Ugais n'ignoraient pas 'éloignement ot la répugnance bien prononeés des Pares pour te mode de proctder les uns, parce quils pensaient que le livre le plus’ convaincant contre les hérétiques serait de leur mon- trer écrite en gros caractéres la loi duChrist dans les uyres des gardiens de Venseigne— iment catholique; autres, parce quils Staiont partisans de Topinion des zélateurs allemands, qui leur semblait plus dans V'in- térét de V'Eglise; car , lorsqu’il est questi de guérir, on doit les premiers soins parlic. blessée : presque tous, parce quits iésiraient qu'on relevat la puissance épis~ copale, quills accusaient les tribunanx et les privildges de Rome d'avoir toute rognée et réduite presqu’d rien. Dis lors, les. légais rosérent plus espérer de pouvoir, sans rom- pre aveceux, amener les Péres a autre chose 1u'a faire marcher en méme temps dans la iscussion Tenseignement et Ia réforme. Crest pourquoi ils consullérent Pighini pour savoirs'l serait raisonnable de s‘opposer aux évéques dans le cas oi ils demanderaient une (elle jonetion; il répondit que non , et, ils notifiérent Je tout au cardinal Farnd se (1). Mais la réponse se fit atlendre quel~ que temps. Sarpi assigne 4 ce ddlai la cause Ja plus insensée : ce fut, dit-il, parce que le Pape tout occupé de ta guerre avec les pro- testanls, se fondait peu sur le concile. Comme du dernier jour de décembre of il avait enyoyé une ample instruction citée par Sar~ pi lui-méme jusqu’a la mi-janvier que du- Tent ére signées les Tettres qni contenaient cette réponse, puisqu‘elles furent remiscs aux légats avant la congrégation du 22 d janvier, il se fit passé quelque chase Was— sez important pour faire changer la résolu- tion da souverain Pontife ; comme si le sou- verain Pontife, lors méime qu'il se ft peu fondé alors sur le coneile , etit voulu per- mettre que, faute de ses instructions, fe con- tile efit mal commencés comme si la pleine solulion de ces doutes ne fat pas arrivée peu de jours apras, signée dds le 2 jan Vier ; ef enfin, comme s'il fallait aller recherche de raisons profondes pour com- prendre comment on n’x répondu que trois semaines aprés & une lettre écrite de Trente et qui renfermait beaucoup de questions dif- filles et qui devaiont. étte. préalablement Soumises 4 Vexamen d'une assemblce de car- dinaux romains. Quiconque écrirait de telles choses et les penserait, n’aurait pasles pre- midres notions de ce qui se passe dans Tes cours. De plus, le Pape vivail sans inquie~ tude sur cette affaire; car, ayant d cet égard donné ses ordres précis & ses légats peu de temps auparavant, il ne sc figura jamais, ‘comme il parut ensuite, que ses Iégats con~ sentissent au contraire, avant quit edt ré- voqué ce qu'il avait ordonné @abord. Mais co qui dérange le plus , est ce qui arrive sans avoir 61 prévuy i en Tut ainsi ators: fallul que les légats consentissent a la dis cussion de ce point dans [a premidre assem- bide générale, puisq ent se décider irrévocablement dang la_ session prochaine el se melire ensuile & exécution. o Frente alten Nemagne qu'il rep f aux in= sentait, (1) Du 6 janvier 1546, 33 exposa, dans un long discours, 1a nécessité quill y avait de commencer par le rétablisse- mentdela discipline. Le contraire ful soutenu par le cardinal de Jaen (tant est manifeste la fausseté de Sarpi qui atiribue Je pren sentiment généralement. aux Impériaux) et arlarchevéque d'Aix. Tous deux également Jaloux de préserver leur propre pays de la contagion des hérésies, avaient le plus grand desir de les yoir au plas (Ol bannis par un Aéerct de V'Bglise universelle : et, quant aux lois de réforme, ils étaient davis qu'on en differat la discussion, pour que, durant l'in- tervalle , se grossit le nombre de leurs com patriotes et qu’ils fussent plus en éat de provoquer des décrets conyenables & leurs nations. Celui de Bilonto se joignit & eux. Mais Thomas Campége, évéque de Feltre, qui jouissait 4 Trente Wune grande auto~ Tilé (1), A cause de son expérience, de sa sagesse et de ses lumidres, fut suivi’ par la majorité; il pensa que les deux matidres devaient se traiter conjointement. On proposa encore d'antres choses qui ne méritent pas d'étre rapportées; et comine la discussion se prolongea longtemps , on renvoya 4 une autre assemblée la decision 4 prendre sur tout ce qu’on ayait traité; en attendant , les légats notifirent (2) au car Ginal Farndse Pétat ot était Vaffaire. G. Dans la congrégation suiyante qui se tint quatre jours aprés, le cardinal del Monte dit quill lui ayait sembié que (3) dans la con~ grégation précédente , om avait penché pour ja discussion simultange des dogmes et de la réforme; qu'il demandait done si on adoptait définitivement ce parti, qu’on en dressat Je décret dans la premidre session. Le ear— dinal de Trente, tant pour défendre opinion quill avait émise auparavant, que pour ré- pondre aux louanges excessives que celte ‘opinion lui avait attirées dela partdes évéques de Capaccio et de Chioggia , lut un discours il ayant mis le plus grand’soin & composer dans ce sens; il Fy appliquait de toules ses forces faire prévaloir cette proposition, que l'unique moyen de conyertir les héré- tiques élait la réforme des ecclésiastiques. Sarpi, qui de tous les actes du concile ma vu que quelques lettres des Iégats au cardinal Farnése , ne sait pas quel fut celui qui pro— nonga ce discours. C'est qu’en effet iln'est pas. nomimé dans ces lettres; il n’y est que désigné sousla qualification d'un grand ct riche prélat. 7. L'eloquence de ce discours et 'autorité dont jouissait celui qui avait prononcé, cho- ses souvent qui contribuent plus que tous les raisonnements 4 persuader la multitude , ayaient gagné la majorité des évéques. Alors ie premier légat (4) (et non Cervini, comme Je dit Sarpi), lisant leur opit (1) Voyex les Mémoires deSeripandi,qu’on actés (2) Letiredes légatsan eardinal Farnése du 49 jar vier 1540, (5) Le tout est mandé dans une autre lettre du 92 janvier, jour de Ia tenue de In congrégatwun, par les Kégats & Farnése. '(4) Letire des légats au cardinal Farnése du 22 jan- vier 1546, ion sur leur fi- LIVRE SIXIEME. ob gure, avant de Vavoir entendu sortir de tour bouche, prit tout-a-coup son parti en homme s'il adopla une résolution qui était A Ja fois ce qu'il y ayait de plus ulile pour sa cause, comme aussi ce qu'il y avait de plus ho- norable pour sa personne-Iditqu'll remer- ciait Dieu d'avoir inspiré au cardinal de Trento la pensée si ecelésiastique de commencer la rédprine dela chrétionte paceaxcmémess quill s‘offrailsur-le-clhamp, commeilétaitle premier endignité, Adanner aussi Ie premier |'exem- ples qu'il se démettrait de son ééché de Pavie, qu'il laisserait tout ce qu'il y avait de Drillant dans son train, et qu’tl réduirait sa cour; que chacun des autres pourrait en faire autant, et que la réforme des Péres se— Tait consommée en peu de jours, ala grande Gdification da monde chrétien ; mais qu'il ne fallail pas pour cela _ajourner les décisions doginaliques, ni souffrir que tant de chrétiens continuasseut, au risque dé se perdro, A vivre au milieu de ténébres qui seraient imputables am coneile chargé de les dissiper ; que la ré— forme du christianisme était une affaire de difficile exéeution et qui demanderait beau— coup de temps; qu'il y avait hesoin de ré— forme ailleurs qua la cour romaine; que si oncriait plus contre elle, ee n’élail pas qu'elle fit 1a plus vicicuse, mais a plus en'evidences que les abus se retrouvant dana tous les ordres, tout habit avait besoin de la brosse, et tout champ du rateau; qu'il ne convenait as daltendre la fin d'un trayail si long pour clairer les fiddtes sur Ja yéritable doctrine du Sauveur, et de laisser, en attendant, s'en~ gloutir dans les abimes du Cocyte (comme parle Ecriture) tant d’dmes qui pensaient trayerser les eaux du Jourdain, 8. Ces paroles du légat furent comme un enchantement qui changea & Vheure méme le visage ef le cwur de chacun. On avait cra jusqu’a ce jour que les prélats romains ne redoutaient rien tant que leur propreréforme, et que la foi ct Jes dogmes étaient que des mots spécieux avee lesquels ils se paraicnt des apparences du 7ale. Mais a cetle bonne volonté des légats pour Vexécution promplo de Ja réforme, chacun des évéques deméura étonnéet satisiait. Le cardinal de Trevite seul fat mortifié; il était, en entrant, & la Wate de tous et pour ainsi dire triompbant ayant de combattre , et il se voyait tout-d-coup seul, abandonné, et, de censeur ardent des autres, devenu l'objet d'une critique indirecte qui le signalait comme ayant besoin lui-méme de rélorme, 4 cause de opulence de ses revenus, ecclésiastiques et de la magnificence dii train, quill menait. Tl protesta done au u de son trouble, qu’on avait mal pris ses paroles, wil n’avait voulu atlaquer personne , qu'il lait persuadé qu'il y avait tel evéque qui administrait. mieux deux évéchés que tel autre un seul; que, qizamt a Lui, al était dis— posed se démetire de celui de Brixedi, quand le conseil le jugerait & propos, 9. Le cardinal Cervint, développant_ la pensée de son colldgue, ajouta que les Pares agissaient sous les yeux d'un juge qu'on ne tromper; que Si, du préudice de ours propres intérdts. ils cherchaicnt ceux de Dieu, ils aequerraient des droits dla vénéra- tion du monde entier ; que'pour étre digne de cette récompense, ce n’était pas 1a paille des paroles quill fallail, mais lor des actions. Ensuite il montra la nécessité de ne pas né— gliger les décisions defoi,l'exemple de ce qui se faisait dans les anciens coneiles, une épo- qque ob pourtant le monde n’était pas pur d’a- bus. Ce méme sentiment fut embrassé par le cardinal Polus. et par Pacheco ; ce dernier jouta quela réformene devait pas sebornera une classede personnes, quelledevaitétreani- verselle. Vint aprés le général des Servites qui opinadansleméme sens;il élablitavecles pro- pres paroles deshérétiquesqu'eux-mémesim= pulaient la démoralisation dans es ecclésias- tiques a la religion quils avaient dénaturée ; que la corruption est la compagne inséparable do Timpiété; que si done on ne décidail pas Wabord les vérités de la religion, quelque grande amélioration qu’on fit dans ce qui concernait Ia discipline, les hérétiques n’ap- prouveraient jamais comme honnéte la vie de ‘eonx dont ils jugeaient la croyance sacrilége Lopinion qu'on ne devait pas préférer les réglements de discipline aux discussions de foi prévalut done tellement que quelques-uns allérent jusqw dire que si une de ces deux matidres devait se dillérer pour eéder Ie pas 4 Fautre, ul serait plus convenable de com— mencer exclusivement par la foi. 10. Mais la raison qui convainquil Ie plus forlement de la nécessilé dembrasser les deux matidres en méme temps, ce fut la con- sidération des derniers mots’ prononeés ‘Worms, & la fin de la diéte préeédente : on y avait dit que dans le cas ot, a Pépoque de Ja didte suivante indiquée pour étre tenue rochainement A Ratisbonne, on n'aurait pas espérance de recevoir de la part du concile un reméde conyenable a l'un ct &Paatre mal, ‘ony pourvoirait au moyen d'une assembléc impériale. Qu’on ne pouvoit done pas négliger Yun ou l'autre , sans s'exposer au danger de voir les latques en prendre soin, augrand ap- plaudissement des hérétiques, ct dla honte do VEglise, dont 1a paix serait troublée. D'autres résolutions moins importantes fu- rent arrétées dans cette congrégation; mais, ayant de les rapporter, il me semble & propos Wachever le recit de ‘ce qui se passa dans cette controverse; car c'est moins Vordre des temps qua celui des sujets que doit satlacher Ihistorien. 14, Les présidents dans a relation quits firent au cardinal Farndse de cet événement, Yappelerent tantét Ie jour du combat, ettantét Jc jour le plus gloricux pourle Siége aposto- qua yet fis mandérent que les instances les plus importunes ayaient €é failes précéde ment auprés des membres pour aequérir des partisans A Vopinion qui réclamait la priorité pour la réforme; si done il est vrai que les legals, de leur c6té, se réunirent pour le tviomphe de l'autre parti, ils ne le firent que pour semetire en défense dans une cause oi «ailleurs ils avaient la justice et le droit pour eux. Parmi Jes défenseurs de l'autre senti- HISTOIRE. DU CONCILE DE TRENTE. 56 ment il n'y eut pas seulement grand désap- pointement, il y eut aussi, comme il arrive dans un échee commun, grande discorde ; ils s‘accusaient les uns les autres du inauyais succés, et le cardinal deTrente se plaignait de Texcitation des uns dont les conseils lavaient imprudemment engagé dans ce combat, et de Vimconstance des autres quil'y avaient liche- mentabandonné. Maisla peinedes vainqueurs nélail pas moins vive que celle des vaineus = ils avaient recu des reproches de la part du souverain Pontife, au lieu des lounges qu’ils en attendaient. 12. Bientdt arriva de Rome (1) la réponse aur Jelires écrites par le président avant la fin dela discussion ; on leur y enjoignail, non- obstant la demande qu’ils asaicnt faite du contraire, de ne pas se départir de leur premiere commission; qu’an ne pouvai pas faire marcher en méme temps deux ma~ tiéres si importantes ; que, lorsque la porte est étroite, on doit dabord y laisser passer le plus digne, celui qui oceupe ta droite , telle quest la foi comparée aux verlus morales 5 que tel avoit été Pusage des anciens conci- Jes, et que Ie penchant des hérétiques pour Jes innovations n'en rendait gue plus obli~ gatoire observance religi tumes de Vantiquité catholique. Que c’était Wautant plus convenable dans cette alfaire qu’on avait plus & craindre des esprits tur- bulents, qui fallait épier leurs démarches ot éventer leurs desseins dans une ou d sessions qu'on consacrerait sitrement eta fruit & des questions purement de doctrine. Que les présidents ayaient donc cu tort d’a~ bandouner aux chances du scrutin préc ment ce quiily devaient mettre a exécution , selon Vordre du Pape. Les plaintes du sou- rain Pontife devinrent plus améres, quand il eut 4té informé de tout ce qui s‘était passé, Aussi, dans un premier mouvement de mau- vaise humeur , plus occupé de mortifier ses ministres que de pourvoir a ce que demandait Fétat présent de Vaffaire, iL leur ordonna de rovenir A leurs premiéres obstant le déeret cont Mais ensuite i des yeux moins prévenus , il comprit qu'elle WGtat nf possible at propos etl eur dice que, puisqu'il n'était plus temps de faire tras Dieu, ils fissent avec adresse ce qu'll y avait de mieux a faire dans les cireonstances, 12, Cette probation du souverain Pon— Life jota Tes légats dans te plus grand trouble ; non seulement ils sc voyaient repris d'une action dont ils avaient cru qu'on leur saurait ré, mais ils sentaient bien qu'on leur com= thandait de revenir sur Icur parole , de dé~ aire cc quills avaient fait, de perdre leur influence et de tenter Fimpossibe, Ce qui les déconcertait encore , c'était Ja défayeur et le diserédit o& on Jeur apprit quiils étaient tombés auprés dela cour de Rome. Cette cour, comine il est ordinaire aux autres cours, seft- gurait que son prince élait taut puissant pare structions, non it 616 porte. (1) Lettre du cardinal Farnéso etde Malfée aux Ié~ gals ct A Cervini, des 21, 26 et 27 janvier 1546, u LVR SINTER, "8 tout; et également excessive dans sa crainte comine dans sa confiance, elle imputait a Yimprudence et a la lacheté des Iégats d'a— voir laissé ce fleuye, qui devail arroser ulile- ment le champ de P'Eglise, prendre un cours qui menagait de tout inonder, et qui obligeait A retoucher chaque instant pour les élever davantage, aux digues qui devaient contenir ses eaux. Le Pape finit par adopter un autre parti (1), et, paraissant satisfait des raisons qu'on Iui avait données. il consentit a laisser une plus ample aulorité & de tels hommes qui ctaient A Teuvre, et, en tout cas, Ane jamais exiger deux une rétractation qui se~ railsniviede troubles seandalewx ; mais il leur défendit sévéremeut de permeltre au concile de porter la main & celte partie dela réforme qui concernail sa cour, assurant que bientét es Péres seraient (émoins de la réfarme qu'il } apporterait par lui-méme. Cependant, peu 4 peu dans la.suite, 1a défianee des Pontifes diminua, et ayant micux compris les intéréts de VBglige, ils renvoy arent au concile méme raglements quiils s‘élaient réservés d’a~ I, et faits par lui. ils m’en furent recus quiavec plus de joie et plus de respect dans TEglise, les uns sous Paul lui-méme, les auires sons ses sticcesseurs qui rappelérent et termina 14, Mais les reproches qu’ils regurent @abord de Rome n'empéchérent pas les légats de justifier avec ardeur leur conduite : ils remontrdrent (2) que proposer sulennellement aux évéques intention bien arréiée oit était Te sonverain Pontife de burner les opérations du concile aux sculs objets de la foi, aural été exposer son antorité a une désobéissance peu honorable, puisque ceux des Pores ax (quels les légats en avaient fait la commin cation dans le particulier, avaient déclaré qwils ne vonlaient pas étre ies dupes, comme antrefois Ie concile de Pise Vavail &é Alexandre Y, et celui de Constance de Martin V; ces pontifes, disaient-ils, aprés avoir réglé les matidres de foi, congédierent Ie concile, et ne s'ocenpdrent pas de la ré- forme. Que Bucer et ses hérétiques publiaient 4ison de trompe que, dans le concile, on ne manquerait pas de condamner leurs erreurs, mais qu'on ne consignerait pas les vices des juges eux-inémes et de toute la ehrétienté : quiec'élait opinion de bien des lavques ct mé- me de beaucoup d’évéques queles retards ap- portés a La tenue du coneile n’avaient 616 que des menées conduites par Jes papes , pour ériler la réforme qu'ils redoutaient. Ne pou- vant done ni ajourner ta proposition de cet article qui devait servir comme de porte entrée pour arriver aux autres, ni altendre du coneile une résolution plus favorable & cot égard, combien n’avait-il pas &é plus ho- norable pour les légats du souverain Pontite (1) Lettre du eardinal Farnése anv légats, du 1 févvier 1546, (2) Letire des légats en commun, au eardinal Fi nése, d Ja date du 27 janvier et des 4, 2 ci 4 fc- vrier £546. Do Cervinid Maffée du 4 février, et des sdgals au méme, & Ia date du méme jour. de parattre eux-mémes provoquer que d'a yoir air de repousser un décret qui était inevitable? quel honneur, que! avantage n’ctait-ce pas d’ayoir donné 4 comprendre que le Pape ne cherchait pas a fortificr Ia foi pour en faire comme un ayant-mur quimitla discipline hors d’atteinte de la part des Pares, mais qu'il youlait restaurer la chrétienté q avait besoin de réforme sous ce double rap- port. Que Pighini leur avait remis devant les yeux que, @un edté, la bulle de convocation 1u Pape assignait au concile ce double objet, et que, de Tautre, il était (rés-incertai si on jonirait longtemps de la paix dans Ia chrétienté; qu’alors on ne voyait aucu prétoxte plaus ble de sopposer ceux qui, pour aller plas vite, demandaient qu’on Joignit une et 'antre matidre : que, dans ce cas, les légats seraient autorisés résister & Pempereur, soit quand il tenteraitde remetire au jugement des didtes ta réforme du clergi puisqu’il n’aurait plus le prétexte de la ne gligence des législateurs compétents a sen Aciuitter, soit lorsqu’il voudrait s'opposer & la décision des dogmes; car il ne pour~ rait plus alléguer que celle décision em— péche de pourvoir & des besoins plus pres— sants. - Qu’en outre, en embrassant si franche- ment ce parti, ils'avaient dissipé Ia défiance ombrageuse de bien des Péres; que ces der niers, soupgonnant dans le souverain Pontife de sinistres intentions, étaient inébrantables dans la résolution de commeneer par se li- vrer tout entiers au travail seul de la réferme, in de mettre en stireté cc quills croyaient en peril; que e’en était au point que oppo: sition des légats a ectte mesure, si elle avait eulien, loin de la détourner, Faurait com— plétement fay orisée. Que la détermination qui venait d'étre prise, neles obligeait pas A wol— tre_présentement en disenssion les articles qui inquiétaient le souverain Pontife; qu’autre: chose élait de me pas ajourncr en général les matidres de la réforme, et autre de traiter de celles-ci ou de celles-I2, et de commencer ar Fane ou par autres qu'on pouvait d’a— bord réformer la partie la plus noble qui est la maison de Dien, c’est-a-dire les eglises, en poursoyant au culte; de 1d passer aux maisons des évéques, des réguliers, et finales ment de tout Ie clergés qu'on pouvait encore, dans chaque session, joindre les points de réforme et de doctrine qui correspondraiont ensemble; et que, dans cette supposition , comme on se proposait examiner pour pre- inier dogme celui qui se rapportait au pechs originel et a la justification ,-les articles de. réforme qui correspondraient & ees points, n‘auraient rien de commun ayee Rone et ses tribunaux, et laisseraient au souyerain Pon- fife tout letemps de faire le premier, dans sa cour tous les changements qui lui paraitraient conyenables; que, quant 4 ce qui concerne= rait Ia personne ou les actions du Pape, les légats ne permettraiont pas que Ie concile allat au-dela des remontrances et des _con- seils ; qu'on desail avoir quelque confiance au jugement hommes qui avaient pour se 9 INSTOIRE, DU CONCILE DE TRENTE. 00 diriger, non seulement Je témoignage de leurs oreilles, mais aussi celui de Jeurs yeux; ‘quills avaient 66 unanimes tous les trois sur cet article ; que Pighiniavait été de leur avis, et quills 6laient stirs que le cardinal Farnése aurait été uni de sentiment avec eux, s'il edt 6té présent sur les lieux. 4€ Que néanmoins (1), aGn de montrer toute leur déférence pour la volonté du Pape, ils avaient déja arrété que le décret de réunion des deux matidres serait renvoyé & une autre session, ou que la méme session serait prolongée, disan{ pour raison aux Pe= res quiils voulaien( avoir Tagrément du Pape auparavant. EL quoiqu’ilseussent recu, dans la suite, du cardinal Farnése, d'autres lettres trds-consolantes (2), dans lesquelles Te Pontife déclarait qu'il ne voulait pas un retrait qui les perdrait d'honneur, ils tinrent toutefois ferme & maintenir l'ajournement du décret, pour avoir Ie temps que le sou~ yerain Pontife donnit son approbation & la forme, assurant les Péres qu'on ne change- rait rien au fond, et qu’on le meltrait & exé- cution, comme si déja il avail é16 promulgué. Hn'y ent que six opposants ; tous les autres consentirent, et les légals écrivirent aussit6t que cétail une preuye de tout co quils avaient gagné d’autorilé et de confiance, de~ puis quils avaient avous franchement qu’ils navatent pas de répugnance pour la réforme Des six contradicteurs, les plus ardents fu- reat 3) d'Astorga et celui de Bada~ jor. Celui-ci s'emporta jusqu’a dire que les Jégats trompaient les Pires. Le cerdinaldel Monte 'en reprit avec douceur’; le cardinal de Trente et Pacheco ne s’en erurent que plus obligés & réprimander séverenent Fauteur de Faffont qui venait détre fait aux prési— dents. Enfin, Pissue de cette affaire démontra jue le meilleur ministre u’est pas celui qui ait Je plus la volonté de son mattre, mais ce- Toi qui sert le mieux ses intéréts. 47. Aussitét que la, détermination prise a Trente int connue de 'empereur, il éerivit au cardinal Pacheco, et il dit au nonce Dan= Gini quil était hon de procéder avec len- teur, et de ne pas soulever la furcur des protestants par des anathemes. Ainsi ce prince fut réduit A solliciter auprés des autres ces délais quill leur avait si longtemps re— prochés, lui qui, si on avail résolu de com- mencer ‘par les ‘seules matidres de la foi, aurait parlé sur un ton plus haut, et en des termes plus durs el peu honorables pour le souverdin Ponhfe, et qui aurait empéché Texécation de ce décret par les intrigues de ses eréatures, sous le prétexte que Jes plaies de Eglise requéraient qu’on portit reméle en premier liew aux meeurs dos ecelésiast ques. On voit, par eet exemple, que la toute- 16 {1 Laue des ats au carnal Barns F ABI6. (3) D150 Janvier, reguey le 2 de ever, et acum s6e5 dans la reponse du 4, (6) Je vit dns ls itr doa tats a earl Farnése di 4 féstier, et plus en détail dans les Actes de Massorell Russance rappartenant aucun homme, C'est un parti foneste, méme pour les grands, de s'obstiner 4 vouloir le plus grand gain. CHAPITRE VIII. Lettres destinées dans Ia méme congrégation. au Pape et aux princes: on y renonce en suite, ef pourquoi. Partage de lassemblée en trois congrégations spéciates adopt ; réso~ lution prise de réciter le Symbole dela fot dans la premitre session. 4. On arréta dans la méme congrégation que le concile remercierail fe Pape de tout ce qu'il avait déja fait pour la réussite de cette sainte entreprise, el le pricrail de conti surtout en consolidant parmi les chrét paix encore mal affermie. Qu'on écrirait également aux princes , en Jes priant d'honorer le concife de la présence de leurs ambassadeurs , et Wengager a y ¥e- nir les &éques de leurs Elats. Mais , dans la congrégation suivante, 4 'examen de ces Jeltres dont Le soin avait été confié pour cetle fois 4 Coriolan Martiran, évéque de Saint Mare, parce qu'il n’y avait pas encore jusque 1a de’secrétaire de nommé, i y eut partage de sentiment, Un membre exci té de quelques Peres; il proposa d'inviler aussi le priuce WEthiopic, appelé vulgairement te prétre Jean , ainsi que les Arabes et les Ar- méniens. Jean Michel Saraceni, archevéque de Matera (qui fut ensuite élevd dla dignité de cardinal par Je premier des (rois légats devenu souverain Pontife ), Ot remarquer & Yassemblée, qui Fapprowva unanimement ; que, dans Ja lettre au Pape, il ne faliait pas se Dorner & le pricr, comme on le faisait dans te projet présenté par Martiran , de faire venir au eoneile les é éques ilaliens , mais plutot Jes évéques de tous les pays du mondes car Yautorité pontificale s’étend sur tous, et la restriction de cette supplique semblerait n’en pas donner cette idée. 2. On n'approuva pas non plus la proposi tion de l'éséque de Castellamare; il voulait que ces letresfussent souscrites par toys les 'véques, ouau moins par quelques-uns (eux. Le cardinal del Monte s'y opposa, en V'aver— tissant qu'il eat & ne pas empidter sur Jes prévogatives altachées a leur change de Ié= gals. ILavait sans doule en vue dans cette réponse lexemple du concile d’Ephése, dont Tes Jeltres ne portent que la signature des présidents seuls, et "exemple du concile de Constance, oi on ne trouve le plus souvent que celles des présidents des nations qui en~ traient dans la division qu'on avail faite de cco concile, et que nous avons rapportée ail~ Teurs. Je ne yeux pas dissimuler non plus que jai lu dans quelque passage de Séripandi, que l’évéque fut repris trop durement par le cardinal, of qu'on wapprouva, pas sa sév6— rité; la proposition de autre n’étant ni assez arrogante, ni assez hors dusage pour méri~ ter, Outre 'improbation, Ja réprimande. 3. Mais ce qui divisa le plus, ce ful la de— mande que faisait chacun, pour les lettres de 6 LIVRE SIXIEME. Cy son prince, de quelque qualification honora- ble qui lui fit particuligre. On disenta aus— si(1} si on deyait nommer d'abord 4 le déerct le roi de France ou celui des Romains, lire dans la session, les premieres, les tet— tres adressées Alun, ow celles adressées & F .utro. Nous avons paccouru quelques Me snvires restés entre les mains de MM. Rachi- et qui leur viennent de l'un de leurs parents, Innocent IX. Lorsque ce Pontife n'é~ fait encore qwévéque de Nicastro , il assista au concile et se procnra des renseignements uthentiques sur les événements antérieurs auxquels il_ne s’étail pas trouvé. Nous ap~ prenons de lui que, dans cette congrégation, on disputa Jongtemps sur ce sujet; les Fran~ pe disaient que leur roi était un roi selon fa force du mot, et qu'il avait le pas sur fous les autres , & exception de Vemperenr, tan— dis que roi des Romains ne signifiait rien autre chose que roi en espérance, el rai sans royaume présent. De leur c6té, les Allemands prétendaient que le roi des Romains avait la méme autorité que Pempereur; qu'il accor dait les investitures et Jes fiefs ; que les prin- ces del'Empire recevaient les Ri a ainsi quiils les appellent), de ses mains comme de celles de Pempereur; quien Pab- sence de ce dernier, il occupait Ie trom périal; qu'il faisail des édits, commandait, conyoquait les dites, promulguait les lois ; qu'il était accueilli et honoré dans tout]'Em- pire, absolument comme l'empereur; et ils ajoulaient, en confirmation de ces prev quel’ambagsadeur de Maximilien alors r Romains, du vivant de Fi ‘ic Hl son pere, siégea dans 1a chapelledu Pape au-ilessus de Tambassadeur de Louis X1, roi de France. Ces débats furent cause (2) qu'on laissa laf faire sans la décider, ef ils mirent les légats. plus & méme d’éloigner sans bruit Pexécution de ces invitations, quand ils eurent appris que le Pape reprochait au concile de prendre un soin qui n’appartenait qu’a lui, comme chef ef comme convocateur de Vassemblée. 4. Dans ces premiers pas, doit dépendait Ja marche droite ou tortueuse de cette armée de prélats, le Pape était trés-attentif; il erai- fait quelle concie, selon usage de assem: ees récemment réunies, dabord animé Worgueil, puis do présomption, ne fi une révolle qu'il appréhendait de ne pas voir peut—étre suffisamment réprimée par les princes, et qu'il était certain de yoir les vrotestants fomenter de tous leurs moyens. je n’hésite pas & conyenir de ce fait, qu jg gach biew que pour quelques esp les, jaurai lair de donner des armes & Sarpi scet auteur exagére partout cette solli- citude du Pape, et if Vaceuse de politique itieuse et de l'amour de l'absolutisme. Mais moi je me persuade que pour tout hom- me A qui la malice de la passion n’aura pas (1) Lettre des légats au cardinal Farnése, du 4 f= rier 1346, (2) Le tout se tire d'une réponse des légats au ear- inal Parnése, dasée du 4 février 4856. 616 usage de Ia raison, il suftira de se rap— peler ce qui a é6 déja bien des fois remar— qué, quil n'y a ni intrigue ni ambition aw ‘ape a youloir conseryer celle souveraineté de puissance dont Dien Va fait déposilaire, et qui est nécessaire au bien de IFglise. Que si une telle conservation doit étre blimée, parce qu’elle est en méme temps agréable au souverain, i faudra blmer aussi quiconque prend de La nourriture pour entreteuir la vie en Jui, puisqu’on ne peut manger non plus, situs quill y ait jouissance des sens. Et, pour Ta méine raison, itn’y aura que les hommes Yues courtes qui, trompés par eet écrivain , bldmeront comme mauvais dans Jes prési~ dents, co qu'on loue ordinairement comme un mérite dans les ministres de tout prince Kegitime, c'est-a-dire la conservation zélée et bien entendue des droits et dela prééminence. de lour maitre. Kt plus ils y travaillerent avec adresse, et plus ils sont dignes d’éloges ; car la prudence, cette reine des yertus mo- rales et la source de toutes lonanges, n'est autre chose que Yart de parvenir a ane fin honnéte, en n’employant que les moyens per- mis. Quiconque ne distingue pas la prudence de I malice, ne mettra pas non plus de dit ference entre le soldat courageux qui combat jour la patrie, et le bandit déterminé qui s‘expose pour le butin. 5. Ce qui leur réussil le mieux, ce fut de séparer adroitement les Péres en trois con— gregations particulidres, qui devatentse tenir jans 1a maison dos trois Iégals. Deux de ces congrégations devaient étre présidées pav ies délégués des cardinans Pacheco et Madrucei. La raison apparente qui faisuit proposer cette mesure par les présidents, et qui engagea los évéques AVaccepter dans la congrégation générale (1), e’est que (2), dans trois Tiews différents, on traiterait plas de matidres en moins de'temps; qu’on disculerait sans lit confusion qu’occasionne toujours dans les deliberations 1a multitude de ceug qui y prennent part, et avec toute la libierté qu'on weut se donner hors le lieu des séances pu- iques, chacun parlant & son choix, en latin ou dans sa propre langue et familiérement, Jes légats au fond de Jour cour se pro- ient trois autres avantages. L’un, c'etait de conduire 1a multitude qu'on affaiblissait, en la divisant en fant de ruisseaux, plus fa cilement que si, par sa réunioni, elle se fit formée en un vaste flouve ; Vantee, c’était do romipre par celte division les factions et Tes igues dans lesquelles les évéques auraient pu se laisser entrainer en eédant & Fautorilé aux arlifices d'un seul; Io troisidine, e'était, deinpécher que quelque esprit remuant, mais véhément ct éloquent, jet tout & coup Va semblée entidre dans quelque résolution si nistre. 6.Ces congrégations particulidres commen- edrent & se réunir Ie deuxidime jour de fo~ yrier. On exposa, dans toutes les trois, que (1) Du 22 janvier 1346. (2) Lettre des Iégats au cardinal Farnése, dud f6- vier 1346, 6 HISTOIRE DU CONCIL elques Peres réclamaient Tajournement Tes questions de dogme et de rélorme, sous Ie prétexte que beaucoup de prélats ot de princes allemands étaient sur le point de ve- nir, cl que déja s'était mis en routs Févéque de Pavie, envoyé comme ambassadeur par le roi Ferdinand} qu’on attendait de France, sous le plus bref délai, Vambassadeur avec douze évéques ct plusieurs théologiens; que huit prélats espagnols y ¢laient appelés par Y ve prince, ala place de Men doza, retenu depuis longtemps par la fidvre quarte, y enyoyail pour son ambassateur Francois de Toléde ; quil allait y arriver de jour en jour beaucoup d'ilaliens, et sur— tout de Ia cour romaine, oi le souyerain Pontife venait de les stimuler, en leur adres santa tous Yordre Je plus sévére de partir: quill paraissail done assez convenable dat tendre, pour trailer des affaires importantes , une réunion si nombreuse qui devait avoir Tieu si prochainement. 7. Quant a la réponse précise que fit cha— que évéque en particulier, nous savons seu- Joment ce qu'on répliqua dans la congr tion qui se tenait devant te cardinal Corvi co qui s'y passa fut soigneusement consigné par son secrétaire Massarelli. La,larcheré~ qued’Aix, qui s'élait montré dabord si chaud artisan de Uajournement, quand il vil qu’on Riven faisaittottre, changea dopinion, pré= fondant qu'il serait honteux Wavoir célébré une session dod il ne serait pas sorli Ie moindre décret. Un Espagnol se rangea aussi de Vavis duFrangais: ce fut Fonseca, évéque de Castellamare. Il paraissait raisonnable aux autres dattendre les absents. Pierre Bertano, de Vordre des précheurs, éréque de Fano, qui, en réeompense de sa science et de ses vertus, regut la pourpre des mains duu premier légat, aussitot que ce dernier eut pris la tiare,” proposa qu’d imitation des anciens conciles , dans la prochaine session, ‘on lat et acceptat publiquement le symbole de Ia foi qui se dit dans I'Eglise la'me: Seripandifut confondu (1) de voir que Cert ini vouliit maintenant suspendre leffet de ce dé— eret que, peu de jours auparavant, il s'é donné tant de mal a faire porter et qu’ oblenu avec (ant de joie; ignorant la cause de ce quill voyait, mais persuadé en géné- ral qu’untel changement, dans un tel homme, ne se faisait pas sans les plas forts motifs, quoiqu'il les edit eachés, il se joignit a la pro- position de Pévéque de Fano et Vappuya dle Fexomple des vénérables conciles de Toldde, of on avait pour régle d'accepter le symbole en question, avant de procéder & aucune autre chose. Quelques—uns ne youlaient pas de cet usage, parce que, disaientils , ce était pas sur les articles da symbole que luthériens différaient des eatholiques. Drantres, néanmoins, le trouyaient bon pour cette méme raison, soutenant que, dans Ven= seignement de la doctrine, il faut commencer pat les principes les plus certains et Jes plus Fecus. Les deux autres congrégalions parti— (1) Mémoires de Seripandi, eités plus haut, DE TRENTE, 6 culidres se réunirent & ce sentiment; on le porta done & lassemblée générale qui se tint Je Jendemain (1), apres que les légats eurent recn da Pape des istractions plus conci Tiantes relativement a Ia résolution prise par le concile, de traiter en méme temps de ta discipline et de la foi. 8. Deux des plus influents parmi les Im- périaux, Je cardinal de Trente et celui de Jaen, contribudrent fortement 4 Vadoption de la_proposition. Das avant Fassembiée leur affabililé insinuante avail gagné une partic des membres, et autre, au moment de-la discussion, vint eéder & Yautorilé de leur nom el a 1a force des raisons quills désclop- pérent. Car avait 616 une grande adresse aux Kigats de laisser d'abord ces deux cardi- naux s'abandonner en pleine liberté A leur talent, ct puis, lorsqu'ils eurent éprouré que, dans ¢o réle, ‘ils restaient parmi la foule ot leur artivait souvent de sortir des con- ‘tions peu honorablement et sans suc~ Teur firent entendre quiil serait plus digne de leur haut rang de communiquer aux présidents leurs desseins avant les réu~ nions , d'arréter ensemble les résolutions ils ‘voudraient faire prévaloir, et de tes porter ensuite , de bon accord, aux congré~ gations dont Papprobation serait presqne toujours certaine. Ce parti que les deux car- dinaux‘acceptérent, comme honorable pour eux, réussil trés-bien aux légats : Madrucer et Pacheco se rendaient promptement a des raisons qu'ctail aisédeleur faire godterdans un salon, et avant qu’ils se fassent prononcés autrement devant les évéques, soit dans des réunions particulidres ou dans les assemblées publiques ; ailleurs , affectionnés au qui les honorait, ils élaient ainsi plus dispo- sts & parler el A agir dans ses intéréts, Ainsi voyons-nous, dans les causes les pius dou- teuses, chaque avocat porté a eroire que son Glient 'a le droit pour lui, Tl résnita de [a qu’on convint, sans beaucoup d'opposition, de tenir la session le jour suivant, d'y réciter et d'y accepter Je symbole, de fixer autre & Ja 5° férie daprds le 4 dimanche du caréme, Cest-Adire au8 avril, pour accorder ce nou- veau délai aux absents, et de ne pas promul- suerle décret sur la réunion des questions de jogme et de discipline, mais de s’y conformer ensuile, dans la session annoncée, comme s'il edt éé solennellement adopte: yaa gagner pour éablir Fharmoi Fintelligence des membres d’une no assemblée, la faire régner dabord dans une autre faculté & laquelle la nature a donné Pintelligence pour guide et que le plus souvent la coutume en rend mattresse, c'est- ad-tire dans la volonté. CHAPITRE IX. Troisidme sresion et éo¢nements de la religion en Ailemagne, vers le méme temps (1546). 1, Conformément a ce qui avait 616 arrété Ie & jour de férrier, on chanta solennelle~ ment la messe; ce fut Pierre ‘Tagliavia, arche (1) Du 5 fevvier, 6 véque de Palerme, qui la célébra : le sermon fut prononcé en latin par le frére (1) Am- broise Polite, de Sienne. Ce dominicain, d'abord professeur de droit civ ns le sid= cle, y avait eu le’premier légat pour diseiple, et puis évéque de Minori, il était ensuite de- yenu archevéque de Couza. Sa dévotion pour Ja Sainte de som pays et de son ordre tai fit prendre le nom de Catharin ; il est resté cé- Tebre dans I'école , oi pourtant on admire plus son génic qu’on ne suit sa doctrin 2. On lut ensuite deux décrets. On dans fe premier, que les Péres conn Ja grandeur de Fentreprise & laquelle ils se disposaient, Vextirpation de l'hérésie et la réforme des moeurs, et sachant que ce ne se~ rail pas contre des ennemis de chair et de sang, mais contre la méchancelé des esprils célestes quis auraient & combaitre, ils ex— hortaient premérement chacun a se fortilier dans le Seigneur ct dans la puissance de sa vertu; quiils enssent tous 4 s'armer du hou- Gier de la foi, 2 se couvrir du casque du sit~ Tut et & prendre cn main le glaive de Vesprit, Cest-a-dire la parole de Dieu. Puis on y ar- rétait qu'on ferait précéder {out aulre acto de la confession de la foi, a Texemple des Pares anciens qui avarent ‘commencé par 1 les plas saints conciles, et qu'ils n’avaient pas eu besoin, quelquelois, de recourir & autre moyen’ pour convertir les paiens , confondre les hérétiques et affermir les flld= i mbole qui Dans autre décret, on fixait la prochaine session au huiliéme jour avril ; ce terme Glait bien reculé; mais on se proposait, par ce délai, de donner plus de force el d’autorilé aux décisions qu’on prendrait, car on savait que plusieurs étaient dejd en route et que autres se préparaient 2 partir pour le con e. On convenait de ne pas interrompre, en at- tendant, examen des points qu’on croirait di+ gnes de devenir le sujet des décisions du concile. 3. Priés de dire leur avis sur le premier décrel, le premier legal et ensuite tous les autres Péres répondirent : Ji nous platt, nous fe croyons ainsi. Il n'y eut que trois évéques qui youlurent qu'on ajoutat quelque chos leur demande fut écrite sur un billet qu’ils remirent a l'assemblée, afin d’éviter le sea dale qu'aurait produit une opposition de vive vorx : Fun était celui de Figsole ; il déctarait, dang con billet, quil ne pouvait approuyer ce décret ni aucun autre, A moins qu’on ne donnat au concile Ie litre auquel il avait droit de représentant UEglise universelte Les deux autres furent les évéques de Ca- paccio of cclui de Badajoz : ils déclaraient qu'ils ne cousentaient Vomission du titre cn question , pour cette fois , qu'd condition que le concile conserverait le droit de 'ajou- ter quand il le jugerait a propos. Les deux mémes évéques, priés de dire (1) Siste de Sienne, son disciple, at livre IV de la Bibliotheque sainte ; su nom Ambrosiue Catharina, LIVIKE SIXIEME. 66 leur avis sur le second décret, remirent un nouveau billet oi ils désapprouvaient le si- Jenee qu'on gardait sur la détermination prise par le concile, de faire marcher en— semble le dogme et la discipline. Mais celui de Fidsole répondit que, pour le second dé- cret, il s'en remettait aussi & la tencur du billet qu'il avait donné, ce qui youlait dire & Ta demande du titre pompeux. ‘Tant certains hommes répugnent A se désister de opinion quills ont une fois adoptée! plutét que d'en venir a cette démarche qu’ils regardent comme un ayeu indirect de leur méprise, ils aiment mieux paraltrenon seulement toujours trompés, mais méme obslings dans l’erreur. 4. Pendant que ces événements se pas- saient & Trente, Métal de la religion n’était Pas rassurant en Allemagae. Au commence- nt de cette année (1), les protestants réu— Franefort, se liguérent pour obtenir, par toutes les yoies possibles, la liberté de conscience, Pentrée libre dans la chambre impériale de Spire et Pimpunilé de dépouil- ler les églises; el en conséquence ils réso— lurent de trayailler 4 la dissolution du con— cile de Trento, & la Tigue de Smalkade contre Fempereur et a ta défense de larchevéque apostat de Cologne, qui avait contre Jui em. pereur et le souverain Pontife. Dans | éme temps, V'électour palatin, qui avait lomps hésité, abandonna toul-a-coup la religion eatholique,ct la bannit de ges terres. 3B. César, quoiquill sil désormais (2) que Je mal s protestants ne tenail pas a Yobs~ nent de leur intelligence, mais ala dépravation de. leur eau, et qu’ainsi céta du feu pour briler et non pour éclairer, qu'il fallait néanmoins, tant pour tenir sa pro- messe, que parce qu'il ne pouvait renoncer 4 lespérance de cet accord pacifique auque il était si fortement porté, par amour de la re- ligion et par politique, filtenir Ratishoune, sur la fn de janvier, la conférence qu'il avait indiquée; il envoya, pour y présider, Mau- rice Hutlen, évéqued’Eichstindl, et Frédéricde Furstenberg, auxquels il ajouta ensuite un (roisime : ce fot Jules Flug, evéqne autre- fois de Naumburg, suspect aux protestants, dont il avait A wire, puisque c'était par eux q 8 de son siége. Les theologiens étaient, pour te. catholiques, Pierre Malvenda, religirus dom-nicain. Eve- rard Billica, religieux earme, Jean Hoftinel ster, augustin, et Jean Cochiée; pour les hi rétiqnes : Martin Bucer, Joan Brentius. Geor ges Maggiore et Erard Schneppio. Les Luthé~ Tiens relardarent longtemps Vouyerture de cette conference, sous divers pretextes ; ils en prolongérentla durée par leurs sophismes. par eux enfin qu’aw coms du Lroisiéme mois elle fut plu Ot rom dissoute, puisqu'ils partirenl de Rauisbonne contre Ia valonté de l'eupereur ct sans avoir méme attendu sa réponse. (1) Beteari, liv. 24, n, 49. (2) Belcari, liv. 24, 0.19; Sponde, & Vannde 1346, n, 48; la Relation de Biilica citée par tui, et Cochié des Actes de Luther, année 1846. 67 CHAPITRE X. Mort de Martin Luther, et jugement qu'on porte de lui. Cette méme époque fut remarquable par la mort de Martin Luther (1), arrivée a Islébe, dans les terres des comles Ue Mansfeld, of il était né. Dillérents écrivains catholiques rap- portent, i cette occasion, divers signes de la Yengeance divine quiils donnent, les uns, comme ayant éé certainement observés par eux, et les autres, comme leur étant venus par la renommée qui, 4 Pexeinple des bons pottes, dit souvent’ moins ce qui arrive que ce qui doit arriver. 11 mourut dans Can née climatéri on voulait faire de Ves— prit, on dirait que les astres voulurent en aiteo avoir quelque part 4 Pheureuse ion dan monstre aussi funeste. I ie fécond, inais qui ne po- 3 aussi ne lil-on pas de] idée qui salisfasse el qui n’annonce plutdt un géant veuu avant Te terme, qu'un enfant né au bout de ses nenf mois accomplis. Son intelligence étai forle, mais pius pour détraire que pour oréer} de 1a Yoyons-nous que | = vint A bannir la religion catholique de plu- sicurs royaumes , ne put élablic sa doctrine que dans une pelite contrée. Mt joignait de Y ‘érudilion 4 beaucoup de mémoire; mais était comme un amas informe de meubles, ou comme un trésor ahondant de enivre, et non comme une garde-rabe fuurnic des plus nobles ameublements, ou comme un tresor plein des plus riches pierreries ; et au mitiew meéme de cette vaste érudition, il se forma. rune espéce de torrent furienx ; ce fut une de ces pluies d'été, dont tout le sol est battu, sans quill y en ait un picd de pénétré; ear aucun de ces points, dont la solution dépend dela connaissance d'un grand nombre 4 toires et de ta lecture de beaucoup de livres n'a élé éclaitci par lui. Il était tout & la foi rateur el écrivain Goquent, mais il tenait plus da yent impétueux qui souléve la pous- sidre dont Feril est fatigné, que du rt paisible 4 i charme la yue par Je cours de ‘ses eaux limpides. Aussi, dans tant d'ouyra- ges que nous avons de lui, n’y a-t-il pas une Seule période qui n’ail quelque chose de né- ligé et de commun. Hardi, mais non coura- geur, celait avee ardeur qu'il entrait dans Ges querelles of il se montrait ensuite moins vif, par la crainte de tomber dans le mépris, ‘ou par celle derendre sa réconcifiation impo: sible. Jamais on ne ful plus audacieux, lors— quill s'agissait de [ouler aux pieds, de loin, anéme les Sceptres,dansses honteuses produc tions qui ressemblaient plutdt & des houffon- neries qu’A des satires; jamais on ne fut plus yeureux, quand le danger était prés, Souvent Ilaissa apercovoir du regret de s'étre avaneé 4 si loin contre fe Pontife; il n'en persista pas { moins a combattre, paree qu'il crut quion » Jul avait coupé le chemin, et le courage qui (1) Le 18 fésvier 1546. Voyer Sponde , a cotte ante, depuis nombre 11 jusqu’au womibie 15, MISTOIRE DU CONCILE DE TRENTE, 8 montra ne fut que le fax courage qu’Ari tote préte aux bétes féroees : elles aussi sont invineibles dans le combat, lorsqu’on leur a Termé le retour a leurs taniéres ou a leurs marais. Plusicurs fois il offrit de se taire, si on imposait fal ment silence a ses adver~ saires: ec qui it voir qu'il était plus sensible a Festime des hommes que zélé pour ta religion. I bouleversa la chrétienté , wa plus pour Ja perle des autres qu’. son profit; les princes le snivirent pour s’enc chit eux-mémes, et non Tui. Aussi gémit-il toujours dans une panvreté, d’autant ph triste, qu'elle répugnail A son orgueil, et que son intempérance 1a lui rendait moins portable; il enleya a T'Eglise plusieurs con— trées; mais i semble que ce retranchement, selon les vues de la Providence, devait servir 4 Pémonder plutot qu'a la détruire ; les bran ‘ches qui restérent altachées au cep de Ia vi- gne n’en devinrent que plus vives dans la foi catholique, et plus fertiles en toute es~ péce do vertus chrétionnes ; il sembla aussi que ce retranchement devait moins entamer Yor que le purifier, afin que son éclat parit micux aupras des matidres étrangéres qu’on en aurait séparées. Cette grande révolution dans Je christianisme fit connaitre la portion fiddle, eclle qui forme réellement la société sainte et qui ne se confond pas avec la foule en révolte, c’est~indire cette portion qui est a plas grande, la plus noble, la plus éclairée, Ia plus morale et la plus sainte. Mest rest immortel dans le souvenir de Ja postérité ; mais ¢'est une immortalité d'infar plutét quo de gloire; car ceux dont il est détesté, comme hérésiarque, sont en beaucoup plus grand nombre et en plus grande estime que ceux qui Fexaltent comme prophete. arpi rapporte qu’ Trente et a Rome, on se réjouil plus de la fin de Ia canférence et dela mort de Luther qu'on ne s’y allligea de l'hérésie du Palatin et du Palatinat; mais que la suite des cvénements qui se sont passés jusqud nos jours @ montré gue Martin ne fut quien moyen, et que Ia revolution quit opéra ext @autres causes plus puissantes et plus cachées. Celle dernidre partie est plus que suffisamment réfulée par ce que nous ayons repondu A un autre sophisme du méme genre hasardé par le méme auteur, & Yocea- sion de la mort de Zuingle. Au reste, il n'est pas douteux que le concile et le Pape virent avec plaisir la conférence se rompre} ils crai- gnaient avec raison qu'il ne s'y fil quelque accord contraire 4 Vintégrité de la foi et A Tautorité de !Eglise. C'edt été une honte pour le concile, a qui ce soin appartenait do droit, et qui n'avait réuni si péniblement Jes prélats que pour cela et sur la demande do Allemagne elle-méme. Ws se rejouis— nt donc de voir UEglise délivrée = il ef si heureusement que (out Todienx re— tombait surlos hérétiques qui avaient rompu Ja conférence, sans que Ies ministres du Papo s’en fussent mélés et pussent par conséquent passer aux yeux de la simplicité allemande pour avoir apporté des obstacies A la paix. ais dire que la mort de Luther renuit au 6 LIVRE SIXIENE. 0 souverain Pontife les plus grandes espéran— ces, c'est un mensonge dont la fausseté se lit dans les Mémoires qui nous restent, et dont Vinyraisemblance saute anx yeux de quic que fait attention aux circonstances, moins qui ne soll question de Ja foule stupid dont ‘arpi devrait avoir honte de donner les sen— timents pour ceux d’un Etat ou de son chef. Ne sait-il pas quil n’y a pas d’Athdnes si docte qui nail sa mullitude ignorante, etque pas meme Platon ne_se figurait qu'il duty avoir de laprudence dans fa multitude de sa républiqué imaginaire. Il est certain que les hommes qui élaient bien au courant des évé- nemenls ¢t qui avaient assez dintelligence par les apprécier, ne purent fonder de so— jides espérances sur la tombe de Luther. 3. Le cardinal Contarini, ainsi qu'il a été remarqué en son liew, avail écrit plusieurs années auparayant au souverain Pontife que lors méme que non seulement Luther , mais encore tous les hérétiques seraient, non pas morls, mais convertis ee changement ne suf- firait pas pour faire revenir les princes et les peuples de 'hérésie; que ce qui les y tenait enchainés,¢’était moins l'erreur de leur doc— trine que amour du pillage et de la licence 5 qu’en en avait eu a preuve A la mort d'au— tres hérésiarques plas anctens; dans les temps modernes, a celle de Jean Hus, et tout ré- cemment i celle Ulric Zuingles et que ce— pendant a la mort de ceux-ci, Jeur hérésie peraeas poussé d’aussi profondes racines que celle de Luther. Les catholiques sages se réjouissaient done de celle mort comme fait une ville assiégée de la ruine de quelque grande machine de guerre qui vient de s'é— crouler du cdté des assiégeants : non pas que celle destruction puisse réparer les hréches deja ouvertes; mais elle met les habitants & Fabri des nouveaux coups dont les menacait cet ouvrage formidable. Maintenant reyenons au concile, CHAPITRE XI. Co qui se passe aprés ta troisiéme session : on propose plusicurs manieres Capprouter lee livres de U'Ecriture : on examine aussi jusqu’a quel temps dura le concile de Flo~ rence. 4. Les kégats furent sensibles & Popposi tion, toute insignifiante qu'elle ful, des trois évéques, dans la session précédente; il leur semblait que le devoir d’un membre dans une assemblée délibérante est de dire en toute li- derlé son avis dans les congrégations parti— culidres, mais qu'il doit, lorsque Vopinion contraire a prévalu aux yeux de la majorité, s'eu montrer le défenseurr , dans les, séances publiques, aussi chaudement que sig’avoit été abordson propresentinents que cette pro— fession ouverte dunanimité donnait de la confiance dans les décisions et du respect pourVassemblée. Aussi, dans la congrésation suivante (1), le cardinal del Monte pria chacun de se contenter du tire assez imposant de— eunénique et de général qu’ayait le concile (1) 8 févvier 1546, r que addition qu'on deman- ait d’y faire ne se trouve pas dans les con— ciles les plus anciens; qu’elle avait été intro— duite par celui deConstance, parce qu’alors il n'y avait pes de Pape dont on fiat sir et qu’on put regarder comme le chef universel de l'E~ glise, et que par conséquent on n‘avait pas dit, lans'ce concile, que tout concile réprésente Viglise universelle, mais nommément celui ‘onstance ; qu’on yoit les deux conciles Ie gilimes qui suivirent, celui de Florence et de Latran renoncer a ce titre(1). Ces raisons en firent revenir quelques unsde l'autre opinion. 2. Le méme Lézat aborda ensuite co qui avait fait le second objet des allaques des op— posants , eest-A-dire Pabandon du_décret qui_prononcait 1a jonetion des matitres de logmes et de celles de discipline. Il dil qu’il ne voyait pas d'inconyénient 4 ne pas par~ Jer dins Irs actes du concile dune chose dont les faits feraient foi; que co décret dans la forme o& on voulait le_publicr lui avait toujours para mesquin et insigni fiant; qu'il était pas digne de figurer au premier rang des décisions sortics d’un tel concile ; qu’on ne disait rien dans ce decret qui nett éé d’abord contenu en substance jans la bulle méime du Pape, ott l'on expose les raisons de la convocation du conc qu'il avait eu la pensée de faire suivre ce dé— cret d'un appel aux absents qui les inviterait Avenir dire leur avis, et d'autres additions qui Iui semblaient nécessaires; mais qu'il y availensuite renoneé d’aprés leconseil d’honi- mes éclairés qui avaient pensé autrement, 8. Diego d’Alaba, évéque d'Astorga , génie Apre et partisan dela liberté, répliqua que ce métaitpas pour disputer, mais pours'instraire quill priait le légat de lui dire de quelle au~ torité il avait pensé , comme il venait d’en faire Vaveu, a changer un décret qui avait eu Vassentiment des Péres; qu'il avait siégé comme juge dans les différents tribunaux Espagne qui Elaient présidés par les con seillers de 'empereur; qu'il n’avait jamais yu qu’aucun de ces présidents se fil arrogé le pouvoir de tien changer aux décrets tout le corps. Le cardinal, usant alors d'une modération qui, dans ces sortes de combats, bless plus profondément que ne ferail la vi lence, reprit qu'il allait se faire un pl de répondre 4 une demande que Pévéque lui adr Boliment qu'il n’avait cru faire a s non seulement & un Jegat, mais méme a chacun des évéques, lors- quit avait proposé, avant la promulgation du lécret, d'y apporter un changement qu'il re- comnaissait a Passemblée le droit dadmettre ou de rejeter; que quant ce qui regardait Yautorité du’ légat dans le concile il ne pou- yait pas Iui répondre aussi suecinetem que celte autorilé était trop étendue pour pouvoir étre exprimée en quelques parole ju'il pouvail seulement dire en général que, fe aveu unanime des canonistes, le pouvoir des légats d latere n'est citconseril que par le droit commun ow par Jes ordres expres du (1) Mémoires de M. Faecbinet, " IISTOIRE DU CONCILE DE TRENTE. n Ponlife. Plus cette réponse était calme, plus tlle attira de respect & son anteur, et plus elle fit reasortir la légéretéde celui qui avait pro- voqtiée. Ce dernier garda le silence , et as~ semblée applandit 4, Ensuite on passa aux mati’res quion dey ail avoir & examiner dans la session pro- chaine, Le méme légat représenta qu'il eroyait 4 propos de commencer par énumérer et re— cevoir les livres eanoniques deTEcriture, afin arréter ave quelles armes on combattrait eontre les héréliques, cl sur quelle base se fonderait Ia croyance des eatholiques , dont ‘quelques-uns vivaient, a cet égard, dans la plus déplorable incertitude ; Je iéme livre tant adoré par les uns comme expression du Saint-Esprit, ef exéeré par les autres comme F'@uyre d'un imposteur ‘On convint de procéder selon les légat ¢ trois questions furent proposées dans les congrégations particulitres (1). . La premiére, de savoir si on approuverait tous les livres saints de 'un et de autre Tes- tament. La seconde, si cette approbation se ferait ayee ou sans tin nouvel exan La truisidme, soulevée par Bertano et par Seripandi, s'il ne conyiendrait pas de diviser les livres’ saints en deux classes : Pane qui ne serait que pour la seule édification des fi- ddles. cl dont les livres ne seraient acceptés ‘comme bons par I'Fglise que sous ce rapport, tels que paraissaient étre les Proverbes et 1a Sagesso, que I'Eglise wavait point encore re- colinus pour cationiques , quoiqurils eussent &é souvent cités par 8. Jérdme, S. Augustin et dautres anciens auleurs ; Yaulre qui ser virait aussi au maintion de la doctrine. Mais cette division, quoique imaginée déja précé— demment par un certain auteur (2), et soute- nue alors par Scripandidans un ouvrage (3) lein Wérudition, quit avait composé pour examen de tous les livres canoniques, n'a— yait au fond rien de solide ; elle ne parut pas méme spécieuse, ear peine trouva-t-elle un approhateur, Aussi nous n’en patlerons pas davantage. '5. Quant & la premidre des trois questions, ‘on Ja résolut aflirmativement apres un léger débat. Lo cardinal Cervini avait parlé en co sens, Wabord dans la congrégation parlicu- lidre, et puis dans la, congrégation génd— 4). H dit qu'il n'y avait’ pas que les hérétiques seuls qui eussent des doutes sur quelques livres de VEeriture, que jusqu’a des catholiques en étaient 14; qu'on nie connais— sait pas la premidre origine de ce doute, mais que Vraisemblablement il était sorti du cloa- que de Uhérésie, qui s’étudie & faire passer pour fausses les preuves authentiques par (Y Let ty 2) Voyex Melchior Canus, aw liv. 2 des Lieux dhdologiies, Ge argument du ebp. 40, et la réponse cet nly chap, 11, oi seprend.sévérement Gaetan avoir, 4 la fin de son commentaire su les livres historiques de ancien Testament, rapporté et approuvé cette distinction d is. 5) Msc trou i (8) Le 13 fey Jesquelles elle se voit elle-méme convaincue de faussclé; que, pour se déterminer A une approbation formelle de ceux de ces livre: u'ils considdreraient comme canoniques, lee ‘ores avaient V'autorilé du dernier canon des apétres;l'exemple duconcileinTrullo ou pour la plupart ils sont relatés ; celui du concile de Laodicée, qui los énumire exactement, et du troisiéme concile de Carthage, qui reconnait la canonicité des livres de Judith, de Tobie et de I'Apocalypse; qu’on avait, outre cela, un pareil catalogue de S. Athanase, de 8. Gri oire de Nazianze, du quatriéme concile de ‘oléde, des souverains pontifes Inaocent et Gélase, et enfin du cancile de Florence. 6. Les légals ne s’accordaient pas sur la denxigme question, et toute Fassembiée se partageat en deux ‘partis & pen prés éganx, Le cardinal del Monte, suivi de Pacheco (cL était, A dire vrai, celui-ci qui, en parlant sur la ‘question précéiente, avait le premicr donné cetle idée}, repoussait tout examen nouveau, quel qu'il fal. Cervini ct Polus, @ac- cord ayec le cardinal de Trente, qui avait aussi, 4 Voccasion de la premiére question , exprimé que tel Glailson avis, pensaient qu'il valail micux se mettre tout de nouveau a exa- miner les objections des adversaices pour en micux assurer la réfutation, Les premiers prétendaient que c’était Tu- sage invariable de VEglise de ne pas revenir sur ce qui avail &6 deja décidé par les con- ciles et par les Pares; ils rappelaient cet axid~ sage des souyerains pontifes Gélase et Léon, que les choses une lois définies n'ont besoin d’étre trailées ; c'etait conformé- La cette rdgle que le tres-religiewx em: pereur Marcien avait porté des éuils pour d fendre de tes remettre en question ; il y avait cu assez de discussions dans les conciles pré- cédents ; les sophismes des hé jues étaient ischer, per Cochlée, par Pighius , par Eckius et par "autres trés-savants auteurs. Pourquoi un nouvel examen? étail-ce pour donner au con- cile un air de donte sur La légitimilé de ces Eeritures qui sont le fondement des résola— tions de I'Eglise contre les hérétiques et les premiers principes de notre croyance? Etai ce pour fairetriompher les Luthériens, qui ne manqueraient pas de se yanter d'ayoir, avec Teurs arguments, rendu suspectes derceur aux catholiques les anciennes décisions des conciles? La discussion est le moyen de trou- ver la vérité, et quiconque use de ce moyen avoue par 14 méme qu'il n‘est point encore en possession de cette yérité. . 7. On soutenait de Vautre cOté que V'exi~ men s¢ ferait, non pour découvrir la vérilé, mais pour laconfirmicr; queles Peres n’étaient pas seulement obligés & nourrir leur intell gence de la sagesse céleste; qu'ils étaient pa teurs, et méme pasteurs des pasteurs, et par conséquent tenus de rendre ces derniers ca~ pables d'exhorter selon la saine doctrine et de reprendre ceux psi contredisent; que le der~ nier coneile de Latran fait un devoir aux ¢ tholiques de résoudre toutes lex difficultes qu'on oppose aus mystdres de notre foi, su % LIVRE SINE posant, avec raison, que toutes ces diffienttéy ne peuvent étre en opposition avee la vérulé sans é{re'des sophismes, et par couséquent solubles; que, selon renseignementde S. Tho» amas, autant il n’appartient pas a la théologie de prouyer les principes de la croyanee chré- tienne, antant est-ce a elle de Ia venger de toutes les objections; que c'est cc que fail ce grand doctear dans son immortelle Somme contre les gentils et qu'il avail cu pour de- vanciers les anciens Péres; que, parmi les points discutés par S. Mthanase contre Arius, par S. Jér6me contre un luciférien, on en trouve qui élaiont recus préeéddemment par les conciles; que ces discussions n'ayaient pas ou licu, qwelles élaient feintes, A la v= Tit, mais que, telles qu'elles élaient, elles ne laissaient pas de faire voir qu’an jngementde ces saints, pleins de sagesse, il n'est ni inn ni hors de propos de défendre la‘doctrine tholique, méme aprds la décision de PEglis ja‘on ena une preuve dans ce concile W’A- ique, oit les Donatistes furent invites par les eatholiques a entrer en discussion avec eux sur des dogmes que Ie concile de Nicée avail, condamnés bien longtemps auparay ant, el ot ee fut 8. Augustin Iui-m argumenta pour les eatholiques; que e’élait par Vordre du pape Benoit que Boniface était entré en discussion avec Macaire, patriarche d’Antio~ che, et que Dominique n’avait pas moins éé aulorisé dle faire avec les Albigeois. tot héré- tiques notoires qu'ils étaient: combien de fois, nayait-on pas,depuis les décrets de Nieto, dis- puté sur le mot ¢ucu-i? que 8. Léon iui-méme, qui défenuit de remettre en question ce qui avail é16 décidé a Nicéeet aChaleédoine parle Saint-Espril, n’avait pas demandé mieux que Wécrire pour cenx qui, aprés avoir recu avec simplicité lo lait des décisions , désiraient se nourrir d'un aliment plus solide, en appre- nant les motifs de ces décisions; que jus— qu‘aux sainls apdtres, les fondateurs de la foi chrétienne, eux qui avaient 616 instrnils de la vérilé par TEsprit-Saint, lorsqu’ils enrent A juger si la loi ancienne dbligeait, ne décide— Fenl pas ce point sans l'avoir discuté; que les décrets du concile inspireraient bien’ plus de confiance, quand on Yiendrait & savoir dans Te monde que les objections des hérétiques avaient 616 examinées et résolues ; qu’antre- ment ce que Jes Peres appelleraient respect pour Pantiquité, serail traité par les autres de paresse pour étude ou dembarras de ré- pondre, 8. Cetle seconde opinion prévalut dans la congrégation particuliére qui se tenait de~ vant Cervinis ce cardinal Vappuyait. Dans fa premiére congregation générale, on ne con elut rien (1), Bans la seconde, (2) il y cutune si grande diversité davis et tant de confusion dans la discussion, qu'il failut charger le promoteur de recucillir par ordre les voix de chacun et de les compter. Ceite forme de serutin une fois adoptée, on convint unanimement de recevoir tous les (I) 42 River. (345 tice “ Conc. ve Trenis, Mb ME 7 Tyres de 1 On nese divisa que lors- u'il fut question de savoir si om anathéma- Aiserait généralement quiconquo les ratte. rait, afin de réprimer Paudace méme de quelques catholiques qui donnatent dans cette erreur; le ce nombre était Cajélan. Le car dinal Pacheco voulait qu'on le fil, ct sow Sentiment élait aussi celul des Kégats tae plus de vingt Pares. Madrueeis'y refusait, et il avait quatorze Pares de son cdté. On passa de!'Ecriture aux traditions apus- toliques, cest-d-direa ceux des enscignements el des commandements du Christ et des apdtres, qui n'ont pas 6 déposés dans les livres eanoniques, mais q de voix par ceux-ci d leurs disciples, se so perpétués daus Ia croyance et la pratique universelles des fidéles, et quvon trouve con- signés dans les livres des Péres et dans les histoires ecclésiastiques. On arréta, dans les congrégations(1)particulidres,qu'ontraiterait en premier lieu de Vacceptation des tradi- tions ;ensuite des abus lant des Ecritures que des traditions, aussi bien ceuy qui s'ét glissés dans 14 transmission des premi que ceux qui avaient alléré Venseignement les unes et des autres. Un asembre you de voir y joindre Jes institut TEglise; d'autres pariérent des conciles et des décrélales des Papes. Il y eut presque tant davis que de tates. Jes congréya~ tions particulidres qui suivirent (2), chacune des trois congrégations désigna deux Pares , dont Tun théologien et Pautre canoniste » jour dresser le déeret de Tapprobation des livres canoniques et des traditions. Ce furent Salvador Alepo, archeyéqne de Sassari, et ies archevéques déja cy do Matera etd'Ar. magh. On voit que ce dernier etait bon & autre chose qu’ courir 4 cheval, seul {alent que lui reconuaisse Sarpi. Ceux-ei étaient en outre assistés des évéques de Badajoz, de Belcastro et de Feltre. On eut aussi les témoignages de 'Ecriture ef des saints docteurs favorables aux trad lions. Claude Je Jay , dela compagnie de Je- sus, chargé de pouvoirs, comme nous I'av ons it, du cardinal d'Augshourg, fit observer (3) avec raison qu'il y a dene sortes de tradi= tions, les unes qui ont rapport Ja foi, les autres aux meours ef aux rils; que les pi midres doivent étre reenes sans exception, mais qu'on ne doil adopter des secondes que celles qui subsistent encore aujourdhui dans VBglise oft elles sont passées en coutune. Cervini confirma eelte obsersation par une citation de S. Basile; cest le passage ot ce } Pore enseigne qu'on ne doit aidmelire que les traditions qui, venues des apéires, se sont maintenues sans interruption jusqwun temps prévent. 9. On soumit tout ce qui venait de se dire Ala congrégation (4) générale, et Ia div (4) 48 fésrion. 5 tier. (3) Dans la. congrégation particuliére, devant te catdinal Gesviny te 19 ftir, ct dais Ws Me uones de Massareli (4) 26 fev (Trois) % y fut grande. Les uns youlaient fidt nommément eclles des traditions qu recevail; les autres, comme larchevéque de Sassari, Youlaient au contraire qu’on les a prouvail en termes si généranx qu’on s‘abstint inéwe de lour donuer 'épithéte d apostoliques, afin de ne pas paraitre rejeter toutes les autres surles rits dont Porigine ne remonte pas aux apdtres. L'évéque de Chioggia répu- gnait a admettre ces derniéres, parce qu’elles etaient infinies pour Je nombre ct trés-oné- reuses dans la pratique. Mais Vévéque de Fiésole et celui d’Astorga, toujours d'accord quand il s'agissait de se mettre en opposition avec les autres, se plaignirent que, malgré Ja résolution prise de traiter en méme temps de la foi el de la discipline, on s'occupa exclusivement de la premidre , au risqui @enconrir le reproche d'inconstance et di imauvais emploi de leur temps. Le domini cain Thomas Caselius, évéque de Bertinoro, indigné de cette interruption, répondit qu'il Ini Semblait étrange de voir un ou deux hommes prétendre s‘oppaser_perpétuelle— ment a tout le concile : est-ce qu'on mavait pas arrété, du plein consentement de tous, quranres es livres eamoniques on traleai des trailitions el ensuite des abus relatifs aux luns et aus autres? Qui done élait le plus en droit de se plaindre? Btait-ce Nassemblée qui nayait contre elle que ces deax membres, ‘ou ces deux membees isolés qui s‘élevaient contre le sentiment de tous? 40. Lecardinal Polus lui-méme, toutmodéré et tout retenu qu'il était, ne pul’se contenir, JL s'éeria en Jancant un regard sévdre sur les deux évéques Lurbulents : « Quiconque parmi es Péres traite ce que nous faisons dincon— stance dans les délibérations on de perte de temps, fail bien voir qu'il n’entend rien aux affaires. (ec tourbillon luthérien qui a boule— sé I Bglise, de quelle eaverne est-il sorti, si ce n'est de cette audace & atlaquer origi nal et la version des livres saints que l'Eglise reconnait pour le fondement de ses doctrines? FL pour ce qui est des abus dans le clergé, Jes plus nombreux et les plus funestes ne se . reduisent-ils pas 4 deux chefs, c’est-2 Ja prédication ct a l'enseignement, ce qui a ‘rapport aux Eeritures;et 4 Ja confession, au cole divin, a Pobservation des rits et des loi: ecelésiastiques , ce qui a rapport aux tradi tions? Ces points bien réglés, le concil arcoury feureusement plus de la m Ge sa route, » Le poids de ces raisons, joint & Ia gravilé de celui qui les exposait, arréta la hardiesse de ces deux prélats et la changea en confusion. 41. Je me plais a rapporter sincérement ces miséres de Phomme, qui éclatérent jusqu’au sein de cette auguste assemblée. Nous voyons que Dieu a voulu en raconter Tui-méme do Beaucoup. plus grandes, échappées & coux quil avail choisis pour dtre les conducteurs de son peuple et les fondatenrs de son Eglise. ‘On n'a pas besoin de eacher unc vérité pour défendre une yérité : deux vérités ne peuvent jamais étre opposées une a autre. Hen est de histoire comme des tableaux ; les meil~ HISTOIRE DU CONCILE DE TRENTE, 16 ‘ont pas les plus beanx, mals ceux oi Toriginal est Ie mieux représenté. Au moins charun pourra conclure de ces sorties hardies et sans modéralion, survenues au sein des Ex dques , combien Sarpiest peu véridique Torsqu'il bannit toute libert&du concile, pour Sarroger, lui ct ses coréligionnaires. celle de ejeter les doctrines qui y furent définies, et de violer les lois qu'on ¥ porta. Ala suite de ees contestations moins im— portantes, FEvéque de Chioggia proposa une diffieulté qui paraissait trés forte, Nous vou Tons, dit-l, approuver aveugiément les tra- ditions, comime nous avons Fait les E el pour eela nous nous fondo bret que nous supposons. porté dans le con- cile de Florence. Or ce décret n’a rien de conmun aver ceconcile. Car ce concile ter mina sa derniére session V'an £439, eton voit que ce décret est daté du 4 février de Yan— née 141. #9, Mais Jes Hégats (4) Drent remarquer, par Forgane du premier dentreeux qui, soi de son propre mouvement , soit sur avis de Cervini, se chargea de répondre, qu'on avait tort d'assigner d tan 1430 la cldtare duc cile de Florence. est vrai que la tradnetion Tatine de Barthélomi, Abraham. le Crétois, s'arréte 1a, parceque les Grees n'y assistérent que jusqu’a cetle époque, c’est-d-dire jusqu’a Ta septidne session, et qu'ils ne dresséreat que les actes de ce’ qui s’élait passé devant eux; doit Ie traducteur en question a tied cette partie qui se trouve dans la collection des conciles. Ce concile dura réellement plus de trois ans a Florence , et de fa il fut trans- féré A Rome, comme en font foi les constitu~ tions qu'on lit non seulement dans les actes oii elles sont rapporiées, mais qu'Auguste Patrice, chanoinedeSienne, a faitentrer da Yabrégé du concile de Bale dont il est teur. On trouve dans cet ouvrage deux décrots du coneile de Florence ; lun porté lan 1440 et qui annule lection de lantipape Félix V ; Fautre, do 96 avril 1482, pour Ja transla tion du concile de Florence & Rome, On ne pent douter que ce décrct dont on parlait ne soit vraiment du concile de Florence, puisque Cervini avait vu de ses propres yeux, aux archives du ehateau de Saint-Ange, parmi les actes de ce concile, original reveiu de lasi~ ature du Pape et des cardinaux, ef muni fu sceau de plomb. I ajoutait qu’'Eugene oyant, audépart des Gress, quelecoucleit- Tegitime ile Bale ne se séparait pas encore, ayaitmaintenu aussi celui de Florence, pour Yopposer 4 Yautre, comine un boulevard qui Je contiendrait; qu’alors, d'aprés Tavis des Pares, ce Pontife avait recu dans le sein de VEglise (2) los hérétiques dits Arméniens, dupes depuis longtemps de la séduction d'un Syrienappelé Jacques, qui les avail pervertis, et d'autres hérétiques égyptions qui, rougis= tours m (1) Preniére partie des Actes sous Pan I ennser vyés au chdteau de S.-Ange lettre dn eardinal Cerviui Farnésn, dv 97 février 4546, et Jou mide Massarch sir ia eougidgation. panticuliére teuwe devant le 15 mars 1546. (2) Yoyes Baromus & Nanuge $85. " LIVRE SIXIEME. 8 gant encore moins du mémefondateur, se faisaient appeler (out simplement de son nom, Jacobites ; que dans l'instruction doctrinale qui fut remise & ces hérétiques pour étre dcceptée par eux dans la cérémonie de, leur réconciliation figure ce catalogue des livres saints ; qu'il fat question dattendre aussi a Florence les ambassadeurs ’Rihiopie, qui, disait-on, altirés par la réputation de’ cette assemblée, s'éaient mis en roule pour s'y rendre, mais que le Pape, vaincu par les in— stances des Romains, transféra Te concile a Rome et assigna le quinzidme jour aprés son retour dans sa eapitale pour Ja tenue d'une session qui devait avoir lieu dans I'Eglise de Latran : que si celte constitution ne com— mence pas par la formule solennelle ct ac- coutumée, le «aint concile epprowvant , cctle omission ne devait pas faire difficulé, car Yexorde de cette constitution n'est qu'un pur préambule particulier a cette circon- stance. Mais aussitét qu'il s‘agit de Ten— seignement doctrinal , on yoit reparaitre ces expressions d’usage. 43. Hten effet, un événement survenu de notre temps nelaisse pas dedoute A cetégard. Quelques actes du concile de Florence vien— neut d’étre publiés par les soins d'Horace Justinien, prétre de la congrégation romaine deTOratoire, et simple gardien de la biblio- théque du Vatican, dont il est devenu bi thécaire en chef depuis son éléyation rilée au cardinalat. Il y a dans ccs actes la preuve de tout cequi est allégué par Ie légat; ils renferment Les constitutions du concile de Florence jusqu’a Yan 1448, avec la récep- tion des ambassadeurs éthiopiens et le retour des syriens, des chaldéens el des maronites A Vohéissance du Saint-Siége. Mais plus la connaussance de ces faits était obscure 2 '6— poque od parlait Ie légat, et plus elle fait honneur a l'étendue de son érudition. De tout cela, aussi bien que de tant d'autres choses rapportées par nous tout-4-heure, et dont les actes font foi, Sarpi ne dit pas un mot: sicest parce qu'il les ignorait, il y a eu pré somption & lui d’entreprendre Thistoire du concile. C'est un peintre, pour me servir de notre premigce comparaison, qui youdrait peindre un homme dont il ne convalteait pa es trails. Sil les a conuus et quill les ai passés & dessein sous silence, afin de dissi muler le savoir des présidents et Vhabiteté qu’on déployait dans Yexamen des matidres soumises au concile pose tours, et dans Tun et autre cas, il est clair qwil est indigne de toute croyance. 14. Ce silence est plus excusable que Te conte plein de mensonges quill fail & propos de Baruch: il prétend que ce livre embar— rassa les Péres, que sachant qu'il n'est mis au nombre des Ecritures ni par le concile de Laodicée, ni par celui de Carthage, ni par Jes pontifes romains, ils Pauraient abundonn mais ce qui les en’ empécha, seloh iui, cest qu'on en atirédes lecons qu'on lit dans Uéglise, Ceite raison parut si puissante qu'elle déter— mina la congrégation a dire que les anciens avaient regardé Baruch comme faisant partie de Jérémie, et te confondatent avec ut, Rien da vrai dans tout cel: ‘oici comment la chose se passa. Le cardinal Cerviniqui savait que Vauthenticité de ce livre était révoquée en doute, méme Barun catholique (1), représenta, ju'on ne devait pas reprocher au concile de orence insertion de Baruch dans son ca~ talogue des Ecritures saintes, quoiqu'll no fiit pas question de ce livre dans la plupart des anciens. Sices derniers ne Favaient cité nommément, ce n’était pas parce q Je rejetaient, mais parce qu’ils le confondaient avec celui de Jérés lont Baruch était se- crélaire @. On en ala preuvedans beaucoup de saints Pares qui placent Baruch au nom bre des livres canoniques et ne le distinguent pas de Jérémie. Tels sont (3) Clément @Ale- xandrie, Ambroise, Basile, Chrysostome , ‘Augustin, et aprés ¢ux, les § fifes Sixte 1, Félix IV’ et Pélage, quoique Sarpi dise posilivement qu'il n'est pas. ren des souverains Pontifes. On pouvail ajouler A ces autorités celle de Saint-Cy prien (4) et de Saint-Cyrille (5), qu’on voit coler ce livre sous Ie noin de Baruch lui~méme, et de plus celle d'autres Péres, qui, sans cn désigner auteur, citent et commentent ce livre comme on fait un livre canonique, Ce n'est done pas seulement lautorilé que donnent a ce livre Jes legons qu'on en tire pour etre récilées A Ja messe du samedi-saint et de la Pentecdt qui porta ces hommes sages a déclarer sa eanonieité de fot; ce fut plutét celle que luk avaient aequise’ un concile ccuménique autéricur, les plus anciens comme les plus saints Péres grecs et jatins et le suffrage des Gvéques de Home. Aprés des faussotés dé montrées aussi clairement, ne suis-je pas bien en droit, moi, de juger qu'il n’y a pas plus de vérité dans les sentiments que son imagination préle plusieurs personnages et surtout 4 Lunelle, général des Franciscains, et a Marinari, général des Carmes? Je ne trouve trace de cela, comme je ledevrais, ni dans les Actes , ni dans les Lettres des légats au cardinal Farndse, ni dans fes Mémoires si nombreux que j'ai entre les mains. 15, Le cardinal Cervini fil (6) ensuite de— mander au cardinal Farnése de lui envoser, des archives du chateau de Saint~Ange, unc copie authentique de cette constitution fai par le concile de Florence. Il luj éerivit qu’ Sa mort le bienheureux Jean deCapistrano avait laissé, dans un convent de Mineurs observantins de l'Abruzze, quelques bulles que Varchevéque actuel de Sorrento, lors- jw'il était évéque de Teramo, avait eny Rome, par ordre du Papo, et que ta Cerviniles avait remises au gardien du chi~ (1) Jean Driedo, dans le livre premier des Eeriteres et des Dognies.etctésiastiques , au deraier argument ‘du dernier chapitre, (2) Jérémie, ch. 50. (5) Voyez dans Bellarmin, i chip. 8 (8) Ai livre 2 contre tes Juifs, chap. 5. (5) Au livre 10 contre Julien. (0) Letire aa cardinal Farnése, du 27 févrice fib 1 do Verbo Dei, ” HISTOIRE DU CONCILE DE TRENTE, 50 tean pour quiil les plicit aver les autres. Farnése ne mit pas de retard ale satisfaire (1). ‘Ainsi arrive-t-il souvent que ce qui parait le plus insurmontable dans certaines difficultés quion suppose aux traditions aneiennes et Aceréditées, n'est qu‘an fantdmeformé par les ombres d'une antiquité couverte deténebres. Parce que nous n'y yoyons pas assez clair pour les dissiper, re mest pas une raison pour n’avoir pas la force de les repousser. I! ¥ aurait de la simplicité ou de Forgueil a Cirvonserire Métrndue dela verité dans lo ecrele de notre savoir, et & déclarer insolu- ble, uniquement pareequ’an n’en voit pas La solution, un argument qui tend chasser de sa longue rt palsible possession une croyance admise partout. CHAPITRE XIL. Des abus de l'Ecriture. 4. Cependantlessix membres quien avaient aS chargés eurent bient6tarrété a redaction du décret surt'acceplation des livres canoni- ques et des (ratilions. Mais & peine fut-elle présentée A Fexamen des Peres qu'elle es- suya toul-d-coup opposition ennuyeuse qui Tovenait 4 chaque déerel. C'élait toujours sur le titre du concile et de la part de Téyé- que de Fiésole, D'un cdté, il réclamait ces expressions représentant!’ Eglise wniverselle, quoiqu’elles fussent inconanes de Pantiqui ef de Paatee il rejetait celles-ci, sous laprési- dence des légats du Siége apostolique, sous prétexte que les anciens ne les employaient as. Mais le légat Cerv’ ‘épondil avec ja plus grande modération et lui démontra de nouveau que, pour les premidres expres sions, le concile de Florence lui-méme le plus souvent ne s’en servait pas, et que ja- mais méme il ne le fil, tant quil y eat un Pape dont la légitimité était universellement reconnue; mais seulement, lorsque I'incerti- Aude of Fon était sure droit des prétendants A la papauté et labsence des Espagnols, qui n’élatent pas au concile, pouvaient faire dou- ter s'il représentait bien lovte PEglise. Quant aux seconiles expressions, V'archevéqued’ Aix commengait a refater Pévéque. Mais le card nal le pria de s'épargner colte peine, et il prouva lui—méme par exemple d généraux les plus anciens dout on eut les actes, que ce litre était inis ent éte, sinon de cha décret, au moins presque de toules Tes sessions. On écouta cette contest admirant également et la patience dulégat et Popinidteeté de ’évéque quine se tint pas pour pattu; il renouvelamille fois la méme chicane, qui ne lui valut jamais que Ie blame de Vais- semblée et la qualification d’obsting qu'il jus— tifla de plus en plus. 2. La rédaction de ce déeret souffrit encore de Topposition ; nous dirons en détail sur quels points, aprés que nous aurons rapporté Ta discussion qui eut d’abord liew sur les (2) Lettre du cardial Farnése aux légats, du 25 mars $316, abus. On avait (1) établi une commission de simple théologiens pour examiner devant les légats les matiéres théologiques. afin qu’elles fussent dé toutes prépartes, lorsqu’on les porterait ensuitedans les congrégations par- ficulidre et générale des Péres, Car parmi Tes Peres ily en avail bien un grand nom. bre de versés dans celle science. Mais le hommes qui la possédaient Je mieux, ce qui a liew également pour les autres connais- sanees, étaient des particuliers que les fonctions publiques n'avaient pas distraits. ‘On peut souvent arquérir b de pru- dence sans Fassiduilé 4 étude ; mais il n'y a quére qu'elle qui conduise 3 la prééminence du savoir. Dans la premiére de ces congré- gations (2), on arréla, conformément al'o= jon manifestée auparavant par les Peres, qu’on recevrait les Ecritures et les traditions, et qu’onen ferait précéder acceplation now une discussion publique qui dit étre cons née dans les actes, mais d'un examen a muis-clos qui aurait pour objet de pouvoir renilre comple de ee qu'on ferait, et non de motive en question si on devait Ie faire. En: suite, pour observer le décret qui prescr yait la réunion des questions de doctrine et de celles dediscipiine, on nomma une commis sion spériale de’ Pares et de conseillers pour soceuper des abus qui concernaient lt sainte Ecriture, et des remédes a y appor Ce leul, archevéque d'Aix, Mat Vergerio, évéque de Sinigagi.a elies ereques 46) nonimés de Cava, do Castellamare , de Fano, de Bilonto et d’Astorga, le général Se- ripandi, les Franciyeains Alphionse de Castre et Richard du Mans, et Je Dowinicain Am- broise Catharin. On régla encore que Ia réut~ nion particuligre des théologiens et des doc~ teurs anrail liew au moins deux fois la se— maine, et que les prélats, autant pour en profiler eux-mémes que pour encour .ger les autres, seraicut invilés & y venir aussi en grand nombre, mais & la condilion express ie gatder le silence, afin. que leur présence fit honneur aux théologiens, sans ‘prendre sur Iour temps ct sur Ieur liberté. 3. Les commissaires firent a la congréga— n suivante (3) leur rapport sur les abus quiils avaient trousés et les remédes qurils y proposaicnt. Ce ful larchevéque d'Aix qui comme le plus digne, les exposa d'aburd en peu de mots, et puis Févéque de Bitonte, qui jail le plus éloquent, les développa plus amplement + ils signalaient surtout quatre abus (ouchant les Ecritures. Lun était cette si grande variété de tions. qui par rendre tout certain le vrai sens du texte sacri ils Lnécessaire pour remédier ace mal ¢ reconnaitre comme bonne une seule de ces traductions, ¢'est-a-dire celle qui avait la plus grande autorité dans I'Kglise ot on a suivait communément et qui, pour cela, était appelée la Vulgate. Qi ier 1546, we '2) Le méime jour. (B) Le 7 mais, Sigg ees eee

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