You are on page 1of 67
ERNST CASSIRER MARTIN HEIDEGGER Débat sur le Kantisme et la: Philosophie (Davos, mats 1929) ET AUTRES TEXTES DE 1929-1931 PRESENTES PAR PIERRE AUBENQUE ‘TRADUITS DE L'ALLEMAND PARP. AUBENQUE, JM. FATAUD, P. QUILLET Lors des Cours Universitaires de Davos, en 1929, une céldbre iseussion opposa E. Cassier et M, Heidegger. Ce dernier pre- position contre le néo-kantistie, Cassirer préeisait de Kant comme de sa propre philosophic. Kant et celle par M. Heidegger di rythiqne, completent ce texte ca En appendice @4) THEOLOGIE ET PHILOSOPHIE PAR MARTIN HEIDEGGER Le volume cemprend aussi la traduction revue d'études trés importantes de M. Heidegger : dans Phinoménologie et Thi EQ i expose se conception des Tapports entre Reuiciox ex Pr diseute ens neue pense et d'un la hon-objectivants dans le theologie d’aujourd’hul. Timprimé ea France| GRUOTEROS serene castes Dranaens, Bibliothéque des Archives de Philosophie Lintontion réal Fores Glvilsation techslgue et Humanisme — semble que cet événement conserve, aprés plusieurs une actualité singuliére. Ce n'est: pourtant té, em quelque sens que ce soit, « exem- dialogue qu’on va lire n'est pas un'bon dia- logue philosophique, s'il est vrai. que le bon dialogue gst celui ot ies interloeuteurs progressent de fagon incon- testable vers la verité. Mais!’ qui déplorerait I'absence @une telle progression il fandrait rappeler que lun des interlocuteurs, Heidegger, qui n’a jamais: nourri de tendresse pour la dialectique, -n’attend pas du dialogue Ia révélation progressive d'une vérits, | lave destruetion des représentations q \ obseureissqnt notre « ouverture »'a I'étre. Cette violence “de fa destruction n'attend de autre, au moins dans une remitre phase, que la-« résistance » qui "Cire plus radicale, c'est-a-dire de prendre davantage Jes choses par la racine, Une. telle attitude contraste évidemment avec V'effort que fait Cassirer pour:« com- rendre » Ia position de autre et meme, dés lors que + Fopposition parait iréductible, Ie «centre commun » de gette opposition, Etrango dialogue done. Tl-y ade V'irénisme chez T'un, une fureur de néophyte et ‘d'iconoclaste chez Pautre. Dun edté, un personnage qu'un témoin décrit comme ~ ‘olympien #8, hertier d'une culture cosmopolite qu'il ~ doit & ses origines citadines et bourgeoises, habit commerce des hommes, exercé 4 la dialectique ; de Tau- tre, le provincial jeune encore et deja célebre, mais timide, .entété et tendu, que Madame Cassirer, compare acun fils de paysan que Yon aurait poussé de force.a ‘STTee he aglt, cts par-G, Sommasanonn, Nuchloee 2u Heidegger, ope PRESENTATION 6 Vintéricur d’un chateau »'* : on imagine assez. la saynite que les étudiants!? jouerent a la fin du Cours et od ils mettaiewt en scéne les conférenciers. Mais Ia psycho: sociologie des personages ne suffit pas & rendre compte contraste dont tous les participants furent, semble ‘til, frappés, les: uns pour y trouver un aliment a des préventions déjé latentes, les autres pour s'en-attrister ous'en inquiéter, Aux documents que nous traduisons on pourrait ajouter plusieurs autres, qui essaient de-décrire, le plus souvent avec des années de retard, ce que-fut Yatmesphere de la rencontre. Nous ne les publions pas. Ceux quis'y intéressent les trouveront ailleurst® ront. constater que ces témoignages, contradictoires comme le sont, souvent les témoignages, n’ajoutent rien, Ace que nous pouvons savoir de ce qui fut dif Davos. Or cela seul, nous semble-t-il, importe, Pour s’en tenir ace, qui fut dit, il est clair que, par deli le probleme technique. de Vinterpréttion Gain tjsme, deux philosophies s’opposent, dont l'une, qui-n’est, Bas sans rappelereettophilosophie du «progres dela cons cience ».que professait dans le méme temps Léon Brunsch- Viegs se réflame de la tradition européenne dela, philosophic des lumiéres, et dont I'autre, annonciatrice d'un nouveau commencement, n’hésite pas 2 proclamer Ja e destruction de ce quia été jusqu’ict les fondements de Ja métaphysique cecidentale (/Beprit, le" Logos, a Raison) », D’an c6té, une philosophic humaniste, qui $e pense comme la.récollection de la Culture et son orga- nisation autour du Sujet qui en est le centre ; de l'autre, lg radicalisme d'une critique qui.ne voit que « paresse » dans la consommation des « ceuvres de l'esprit » et ose entreprendre de « rejeter l'homme dans la dureté de son 15, Mimo Castausm, ep. lly p- 165, did par Sebmesberger p. 8. vailis, counme nowt Te napposte M. Pal. Scbuhl. OF, 8, p. 307. tamment a) du témoignage de Tum des pasticipante Au "destin ». Si ~ que Cassirer ‘aura été Pun des’ plus’ grands, mé 6 P, AUBENQUE ‘on fait Ja part d’un pathétique sans doute inutile, il se pourrait fort que ce débat fat plus actuel qu'il n'y paratt. 11 témoigne d'abord de la continuité rofonde de la penséé de Heidegger, qui annonce des Yo29 ce qui sera le theme de son Nidtssche, de sa Lettre sur Vhuimanisme et de ses écrits.ultérieurs : la nécessité a’un dépassement de la ceulture et, plus profondément, de la métaphysique qui la sousrtend pour rendre. pos- sible ’éclosion d'une « pensée future», d'une «expérience nouvelle avec Pétre », dont’ seule la’ pensée greeque la archaique pourrait’ dessiner. — et encore, pour si dire, en négatif — la préfiguration. La violence du discours heideggerien de 1929 a pu sembler, apres coup, annoneer Fimminence d'une violence d'un autre ordre!®, II serait vain et malhonndte de vouloir dissi- muler cet aspect. Mais peut-ttre est-l:possible de:cons- tater aujourd'hui, avee Ie recal du te heideggerien de 1929 annoncait plus lointainement—non pour la. suseiter, mais pour: la conjurer ou, “plus exa tenter de s'y substituer — une violence plus insidieuse et plus durable, dont nous mesurons mieux mairitenant les effets : celle qui fait trembler sur ses bases un monde — qu’on appellera, selon son humeur, monde des formes ou de la bourgeoisie ou de la culture —, dont on present, fitt-ce pour le dé des derniers représentants. Pierre AupENque. 1, Tei encore cet Afmo Onssicer qui donne le ton dans ses Mésoiresai- 96, Heo rai, on IDET. TEXTES TRADUITS ‘Texre 1; (Anonyme) « Vortrige von Prot, M. Heidegger aber ies eR Ue nen esa and is Sule dee rundlogung der Metaphyeil (aveo ane photographie de ideggen, in Dassrer ‘Revue -eoue de Davos ¢ (229), pp Lets, Vortage ton Prot pet Casino (ave tine plotagraphle te Gasser), ibid, pp. 108-188: ~~ Tendult par P. Aubenque. ‘Texre Id: Arbeltsgemeinschaft Cassirer-Heldegyer (Davos, ‘Franjahr £929) (Niedersenrift : Dr. 0.¥. Bolluow — Dr. J. Ritter), Le texte allemand sera publié par K. Grinder. Traduit par-P. Aubenque. ‘Texvz TIT: E, CASSIRER, ‘Metaphysik. Bemerkungen Interpretation », Srradult par B. Qui Kant und das Problem ‘der Martin Heldeggers Kant anistidien, 38 (1931), pp. "1-38. Texte IV: M, HEIDEGGER, compte rendu de _E. CASSIRER, Philosophie der symbotisehen Formen, 1: Das isthe’ Denken, in. Deutsche Literaturzettang,” 5, (19% colonnes 1000-1012. — Traduit par J.-M. Fatand. = ensemble parattra, en allemand, chez Péditeur B. Semwanx do Bale. J.-M, FATAUD (1923-1969) La mort de Jean-Marie Fataud, & 46. ans, Ie 25:décembre 1969, a plongé dans Ia consternation tous ceux qui ont eu la le le rencontrer ; cet esprit discret, efficace et péné- naltre en France a philosophie allemande et la pensée francaise en Allemagne par ses articles, ses eonféroncos, ses traductions, ‘contnibutions & de nlultiples congrés ¢t par les cours ‘a Université ge Sarrebruck of fl etait Secrétaire "Institat des Etudes Frangalses, ns, font, particuliérement autorité = ique de Bergson +, dans Nine Essays off, La Haye 1950) et « La pensée du monde comme jeu et la métaphysique s, dans le Bulletin de la Société des Riudes Nietzschéennes, 1963. Mals il. a Ialss6 en particulier la recension du Tome II do La philosophie des formes symboliques, La pensée mythique, de i. Cussirer, publiée en 1028 “dans la Dewdsche Literaturzettung par Yauteur de Sein und Zelt, et traduite dans Ye present voulme par Fataud, ‘Néa Anvers en 1923, d’une famille de commergants frange Jean-Marie Fataud avait fait ses études secondaires au Lycée frangais de Bruxelles, puis au collége de Vienne, De formation pratiguement bilingté, passant dans tout eniratien jemand au trancais avec la plus parfaite alsance, il avait été en 1945 Attaché au Service de Presse du Gouvernement militaire francais & Berlin, Ce n'est qu’en 1947 quil eommenca verita- blement a la Sorbonne ses éludes supérieures d'allemand et de piilosopite. A la Sordonne, également, il rencontra sa future femme, Marie-Odile Kehrig. Leur mariage fat célebré & Saint ‘Mandé’en Janvier 1933, J-M, FATAUD ww UL avalt présenté on 1949 un Diplome a'Ftudes Supérteures, Le problame du statut entique de Peaprit selon Nikolai Hartmann, ot Suivait alors Ies cours de Martial Gueroult et de Georges Davy a la Sorbonn preparalt cette époque un oltvrage sur Kleist, or te2 date Vie" son metalation Breau, detintive & Sarrebruck oft il estd’ahord professeur Ay Oberrealschule dela Sarre, charge un peu plus Lard dune chronique culturelle & de France, En 1959, il est Lecteur A l'Universite de la Sarre et AV Institut d’Interprétariat de Sarrebruck, chargé d'un cours de philosophie 1a Faculté des Lettres, fsa mort, Jean-Marie Fataud était Seerétaire Général de Vinstitut des tudes Francaises prés iterim de Ia direction de T'institut, dans Tat” aie, Mons évidemument qurune fale fas des travatty ded acivtde dt, yonmemea eee a Seanelfare Batata dont it cour a¥atent perté ax deena , Je platonisme, Tomantique & Vienne, la pensée de Jean-Jacques Rousseau, Angolsse et mort chez Heidegger et Sartre et I I, — CONFERENCES DU PROFESSEUR MARTIN HEIDEGGER SUR LA CRITIQUE DE LA RAISON PURE DE KANT ET SUR LA TACHE D'UNE FONDATION DE LA METAPHYSIQUE* Les lecons se proposaient d’établir la these suivante: la Critique de la Raison pure de Kant est une — ou, ‘Ton veut, la premitre entreprise expresse une fondat de la métaphysi (Cela signific négativement tion’ néo-kantienne traditionnell une théorie de la connaissance mathématico-physique.; d'une fagon générale, elle n'est pas une théorie de la connaissance). Liéclaireissement de cette fondation de la métaphy- sique devait montrer en méme temps que la question de essence de l'homme est essentielle dans le cadre d’une «métaphysique de la métaphysique »* — et montrer comment elle est. ‘avoir été reas pag Jan conférenciers euxmimes ou s'ajpuyer sur der * sommmaires»rédigés pac ex (Noe du fraduteyr)— Tas auus-itrt entre ‘rocbets sont du teeducteus. 2. On mit quo cotto expression (Molaphyeie von der Melaphyeit) ext ae Kant lavmdene ‘tans la Tetce A Marous Here dv 11 moai rt (6a, Cassis, TX, ». 198) [ND ] f 22 M. HEIDEGGER Les développements se sont principalement attachés & manifester la cohérence interne de la problématique de la fondation, ses démarches principales et leur nécessité. D’ot la division de Tensemble en trois parties : 1) 1a fondation de la métaphysique envisagée dans son point de départ ; 2) Ja fondation de la métaphysique envisagée dans sa realisation ; 3), la fondation de la métaphysique en'visagée dans son originarité. 1 = [La FonpATION DE LA METAPHYSIQUE DANS SON POINT DE DEPART] Le fait, que Kant prenne son point de départ ct @appui (Ansatz) dans la métaphysique traditionnelle determine 1a forme du probleme, Dans la mesure of la melaphysica specialis, c'est-A-dire la connaissance da suprasensible (univers, Ame [immortalité], Dien) consti- tue la «métaphysique proprement dite » (Kant), la question ‘de sa possibilité en général so pose ainst comment Ia connaissance de l’étant est-elle purement et simplement possible ? Danis la mesure oi Ia possibilité de la connaissance de I’étant ne va pas. sans 1a com- préh préalable de la structure ontologiqué (Seins- ‘verfassung); la question de Ta possibilité de Ia connais- Sance ontique est renvoyée A celle de la possibilité de la comnaissance ontologique ; autrement dit, la fortdation de Ja metaphysica specialis se concentre sur la fondation de Ja metaphysica generalis (ontologie). On montre ensuite comment cette question de la possibilité de I'ontologie prend, en tant que probléme, la forme d’une « critique de Ja raison pure ». 2 — [La voNpamion De LA METAPHYSIQUE DANS SA REALISATION} mn veut comprendre comment cette fondation est réalisée, il est d'une importance décisive de se pénétrer CONFERENCES 23 du fait suivant et de ses modalités : c'est la raison pure humaine, c'est-a-dire finie, ar avanee et & le champ de la:problématique..A cet effet, nécessaire de dégager I’essence de la connaissance général et les caractéres fondamentaux de Comme telle. C'est a partir de 12 seulement qu pénétrer le. concept métaphysique — et non psyciiolo- gique et teinté de sensualisme — de la sensibilité comme jon finie. C’est parce que V’intuition de l'homme est finie qu’elle a besoin de Ja pensée, qui, en tant que méme de part en part finie (L’idée d'une pensée infinie est un non-sens). : La connaissance finie profondes de l’ame » (sensi encore en «deux trones », qui © peut-étro »_ « naissent une racine commune, mais qui nous est cachée »°. ‘Liéclaircissement de la possibilité de Ja connaissance ontologique (comnaissance synthétique @ priori) se mue en Ia question de I'essence d'une synthese « pure » (non empirique) d'intuition pure et de pensée pure. Les stades prine}paux de 1a réalisation de la fondation sont: das lors Jes suivants : 1) dégagement des éléments de Vessence de la connais- sarice pure : a savoir intuition pure (espace, temps) ot ensée pure (esthétique transcendantale et’ analytique des concepts) ; 2) cargotérisation de l'unité essentielle de ces éléments dans la synthese pure (§ 10 de la seconde édition) + 8). éclaircissement de la possibilité immanente de cette unite essentielle, c’est-A-dire de la synthése pure (déduc~ tion transcendantale) ste en «deux sources jté et entendement) ou 4 dévollement, du fondement de Ia, possibilite de essence de la connaissance ontologique ( schématisme). pitre sur Te . M. HEIDEGGER 3 — [La FONDATION: DE LA METAPHYSIQUE, DANS SON ORIGINARITE]4 Résultat de ce qui précdde: le fond la possibi- lite de la connaissance synthétique a priort est l'imagina- mn transcendantale, Au cours de l'entreprise de fonda- tion, Kant -a introduit, contrairement & orientation initiale, une’ troisiéme source fondamentale de I'ame (de Gemiits). Ceile-ci n'est pas centres les deux trones initiaux, mais elle est leur racine. La preuve de ceci est que é pure et l'enten- dement pur sont ramenés 4 imagination, — et non pas seulement eux, mais aussi la raison théorique et la raison pratique dans leur séparation, et dans leur unité, La raison comme point de départ et point.d’appui (als Ansatz) se trouve par la réduite en morceaux’. Par li Kant s'est trouvé conduit par son rac ave d’une position devant laquelle il ne pouvait manquer de reculer. | Cotte position signifie : destruction® de ce quia été jusqu'ici les fondements de la métaphysique occidentale "Esprit, le Logos, la Raison). Cette postion axige un dev cal du fondement de la possibilité de la métaphysique poser la qui . @une manitre antérieure & toute anthropologie philoso phique comme toute philosophie de la culture. 4, Le § parte int por exoeption an titre + Die Grunilegung in der Durch- fain aia qui past bien erroné. Nous avons stable tire impose par HH. — CONFERENCES DU PROFESSEUR ERNST CASSIRER ‘Le professeur Cassirer (Hambourg) a situé sos confé- rences sur l'anthropologie philosophique dans la pers- pective d'une confrontation avee 'ontologie et I'analyse existentiale de Heidegger. En. s'appuyant sur les pro- blémes de Yespace, du langage et dé la mort, jl a montré que le monde humain et par la etre de homme ont sans doute leur point de départ (ferminus a quo), leur fondement originel, dans le monde de laction beso- gneusc, dans la relation & cee qui est’ maniable » ( zuhandenem Zeng»), bref, dans]'existence quotidienne, mais qu’ils ne parviennent @ leur fin (lerminus ad quem) que dans le royatme autonome et libre de l'esprit et due est 18 sexlement quils. peuvent déployer leur sens authentique, Ce royaume de esprit se constitue dans le dépassement de Penvironnement pragmatique, - dans le passage du « prendre » au « comprendre », dans Ja diversité des formes symboliques, ct il se constitue comme le monde de organisation et de la construction formatrices. Le mouvement dans lequel se fonde ce royaume deT'esprit et des formes symboliques, de'expres- sion, de la représentation et de 1a signification, est un mnouyement double, ence que Thomme se décage du monde jon ‘pau trouver precsement dans ce dégagement et ce dStachement le moyen de s’approprier ce monde comme 1a vie elle-méme et de le saisir comme Son monde propre et son objectivité propre. Cassirer marque ensuite Ia distinction de principe entre cette Guergie symbolique, formatricé et spontanée, et une force qui ser iplement. vitale, Avant de devenit espace de la représentation et espace, symbolique, Vespace est champ d'action, mais sou: cette demiére forme il est-en méme temps Porigine ~ 26 E. CASSIRER de cet autre espace qui détermine le monde humain comme tel. En s’appuyant. sur la théorie biologique de Umwelt selon Us i Te pur espace vital et Yespace de "homme qui, déja au niveau du monde mythique, ne représente pas sea- Jement une « sphere », mais une « atmosphere », laquelle, chargée de forces démoniques, exprime les itales les, plus, spécitiques Yon considére qu’au-dessus de cet espace oxpressif se construisent l'espace représentatif de Yart ct finale- » ment espace significatif propre a la mathématigue et 4 la physique, on reconnaft IA cette transcendance sin- gulltte dans laquelle Vhomme, grace a lene olisante qui lui est propre, se comprend dans son monde et comprend le monde en | 2— [Le Lancace] Ze phéneméne du langage fournit une nouvelle cxplt citation de ce qui précéde, C'est le langage qui accomplit ement ce mouvement par lequel. les actiois sont transcendées en représentations, puisque c'est lui qui, d’entrée de jeu, fait sortir Phomme.de son environ nement pragmatique. Les phénoménes d’aphasie mon- front gue Vaphasique est certes capable do, vorienter a Vintérieur d'une situation, mais qu’il se trouve déso- rienté dés qu'il change de situation. Au contraire, Thomme normal trouve dans le nom un moyen d’opéret Ja « synthése de la récognition dans des concepts ». Les noms sont proprement ce « A quoi Pon se tient » (Kant), Crest ici Ie langage qui accomplit le passage du monde de Vaction & 'objectivité ; par oi il apparalt que I« ob- jet» n'est pas un mode déficient du « maniable » (des Zuhandenen) : c'est Iui et lui seulement qui constitue Yetre authentique, & lintéricur duquel le’ monde de Thomme devient ‘symboliquement significatif et par 14 conceptuellement saisissable, Comme le langage, les arts et les sciences sont: des. activités formatrices constituantes du monde, a l'intérieur desquelles celui-ci est: horizon’ de l'existence: humaine, -et cela manitre que, par deld Vespace représentatif de art et finalement jusque dans la mathématique et Ia physique, CONFERENCES 7 Yintuition se trouve sublimée dans un systéme de struc- tures fonctionnelles et relationnelles pures. Par of Yon voit que le monde de homme est certes, dans son origine, monde de l'action et de oeuvre, mais qu authentique elle-méme, a I ‘homme, en se. connaissant Iui-méme, doit iberté, La tache de la 2 s lors qu’a comprendre, lans leur nécessité, cet ensemble de rapports, compré~ hension qui s’opére dans une interprétation dynamique, sans que la philosophie puisse entreprendre pour autant. d'intervenir dans Je processus pour le modifier. Cortes, cette dynamique est une incitation a prendre ses dis- tances par rapport au monde, mais cette distanciation conduit en mémo teraps a une synthése de l’esprit et de la réalité, 3 — [La wont] Pour finir Je professeur Cassirer traite du probléme de Ja mort. Il oppose conception religieuse chré- tienne, selon laquelle Ia vie est, dans la mort, renvoyée a elle-méme et mise en face de’sa solitude et de sa fini- tude (Luther), et, d’autre part, la conception da paga~ nisme antique, pour qui Ia pensée surmonte Ia mort, ‘acte de philosopher n’étant pas autre chose qué «Tapprentissage de la mort» (Platon)’. Ici encore il s'agit de reconnaftre le sens authentiquement spirituel et extramondain de Texistenee humaine, en le dis- tinguant clairement de la chute dans le monde et de-la ion dans le monde. L’homme i (Le texte. résume ensuite plus brigvement une conférence de, Cassirer, sans rapport immédiat avec les précédentes, sur «Esprit et-vie dans la philosophie de Scheler #). 1. Phédon, 07 0 (N.D. Po) IL COLLOQUE CASSIRER — HEIDEGGER @avos, printemps 1929) Rédaction : Dr. 0.F. BOLLNOW — Dr..J, RITTER, CassiRER : Qu'entend Heidegger par néo-kantisme 2 Quel est Vadversaire auquel s'est adressé Heidegger 2 A mon avis, il n'y a pas de concept qui soit aussi peu rconserit que celui de néo-kantisme, Qu’est- ce que Heidegger a dans Pesprit, lorsqu’il substitue: & Ja critique néo-kantienne sa propre critique phénoméno- logique ? Le néo-kantisme est Ye boue émissaire de la Philosophie contemporaine. Mais ce que je ne'vois pas, c'est Je. néo-kantien existant ». J’accueillerais avec reconnaissance des éclaircissements sur Je liew propre de Vopposition. A mon avis, il ne se dégage aucune ‘opposition essenticlle. On ne doit pas déterminer le concept ¢ néo-kantisme » de fagon substantielle, mais fonetionnelle. Il ne s'agit pas de savoir quelle Philosophie on doit professer dogmatiquemer plutét d'une: certaine direction dans la_position problemes, Je dois avouer que j'ai trouvé ick en Heidegger un néo-Kantien que je ne’ supposais. certes pas en lui. Hemeccen : Si je dois d’abord citer des noms, je dirai : Cohen, Windelband, Rickert, Erdmann, Riehl. Ce qu'il ¥.a,de commun ux différentes formes de néoccantisme he peut-étre compris qu'a partir de son origine, La esta chercher dens FetnDarras dea philesophie a laquestion de savoir ce qui Iui reste encore comme do- maine propre a l'intérieur du tout de la connaissance. ‘Vets 1850, Ja situation est“telle que les sciences; aussi COLLOQUE 29 bien celles de lesprit que celles de la nature, ont occupé Ig totalité du champ connaissable, desorte que se pose Ja question : que reste-t-il encore a la philosophic, si 1a.” totalité de Vétant est répartie: entre les différentes * sciences: ? l-ne reste plus que la connaissance de la science, non celle de I'étant, Bt crest de ee point de vue wil faut comprende Je retour & Kant gui so produit rs. Dans cette situation on a vu dans Pentends par néo-kantisme une certaine conception de Ja critique : celle qui explique la partie de la {Cri- tigue de ta} Raison pure qui mene jusqu’a Ia Dialectique transcendantale comme une théorie de la connaissance relative @ la science dela nature. Nl s'agit pour moi de montrer que ce que l'on prétend dégager ici comme épistémologie était pour Kant inessentiel, Kant n’a pas voulu nous donner une théotie de la ‘science de. la! nature, mais il a voulu manifester Ia problématique de la métaphysique, plus exactement de l'ontologie. Le but, que je me propose est d’élaborer ce noyau qui est Ie fondement positif de Ia Critique de la Raison pure, pour > le réintégrer positivement dans l’ontologie. Sur la base de mon interprétation de la dialectique comme ontologie, Je crois pouvoir montrer que Ie probléme de ’apparence™* Gans la Logique transcendantale, qui chez Kant n'est 14. que négativement, du moins A ce qu'il semble aw Pretnier abord, est en réalité un probleme positf, ot que la question qui se pose est celle-ci : 'apparence n'est-elle qu'un fait que nous tout entier de la appartient nevessairement 'apparence ? 2 Cassinen : On. ne comprend Cohen correctemeiit que si age dans une perspective historique, et non 1, Original (0) + aig Problem den Soheins, Abnégé (A) + das Problem, ee Soins: [Note du Tractor] 30 CASSIRER-HEIDEGGER pas seulement comme épistémologue. Je’ n’interpréte }as ma propre évolution ‘comme un éloignement pro- Eressif' de Cohen. Naturellement, au cours de imon tra- ail, beaucoup d'autres thoses me sont apparues. Sur- ‘ai bien reconnn (comme Cohen) la position parti- de Ia science mathématique de la nature, mais tlle ne peut-étre pour moi qu'un paradigme et non étre & elle seule le tout du probléme. On pourrait dire la méme chose de Natorp. Jen viens maintenant aux pro- blémes fondamentaux soulevés par Heidegger. Ty a accord entre nous sur un point; & savoir que Yimagination productrice me semble & moi-aussi avoir our Kant une signification centrale. Je suis conduit Ace résultat par mon, travail sur Ie symbolique. On ne ‘ent résoudre ce dernier probleme sans Je ramener a la faculté de Pimagination productrice. la relation de toute pensée & Vintui ciosa, tel est Ie nom que Kant donne La synthése est le pouvoir fondamental de la pensée pure. Mais Kant ne se préoccupe pas de la synthise en général, mais bien en premier licu de cette synthése qui se sert-de la species, Or, ce probléme de la species. nous _Guine au cseur du concept image’, du concept de sym- ole, Si Fon considére l'ensemble de louvre de Kant, on ‘voit percer de grands problemes."L’un de ces problémes est celui de la liberté, qui a toujours été & mes yeux le probléme central de Kant. Comment la liberté ‘est-elle ible ? Kant dit que nous ne pouvons. coneevoir ‘sous cette forme. Nous.ne concevons que el judrais COLLOQUE aL brusquement ce passage si remarquable & wn autre ordre. Les barriéres qui nous déterminée tombent brusqueme jue tel conduit au-dela du monde des phénoi Ww'il se produise em ce point une sorte de perc Bien 1a fe moment yue décisif~ TL passage au mundus int Cela vattt pou car dans-T’éthique est relatif & Ja finitude de absolu est posé/ Des considérations historiques-n’appor- tent ici aucune fumiére. On peut bien dire : c'est ld un pas que Kant n’anrait pas dO faire. Mais nous ne pouyons tier ce fait que le probleme de la liberté est posé de telle maniére qu'il perce hors de la sphére originelle. Et cela se rattache aux développements de Heidegger. On ne saurait. surestimer lextraordinaire signification du schématisme. C’estici que se sont glissés les plus graves malentendus dans Vinterprétation de Kant, Tl n’en reste pos mpine gue, dan Je domaine éthique, Kant interdit je schématisme. Car il dit : nos concepts de liberté, ete, ne sont pas des connaissances,-mais des « perspectives (Einsichten), qui ne se laissent plus schématiser. Il y un schématisme de 12 connaissance théorique, mais il n'y en a ase Ja raison pratique, I ¥ tout au plus quelque, chose dautre, c=. que Kant appelle la typique e la raison pure, Et entre fe schématisme et la typiqne ii fait une différence, Il est nécessaire de. comprendre e peut aller plus avant si ’on n'abandonne pas at pour Péthique, un point qui n'est plus. stre connaissant, mais ol un fn tant que supetmo inteliganse. ‘nme d'un unpteutf, parce qa'on pea & la verte supposer en umn tel Gtx Ge tant qu’ébe vaisonnable tae yolon'6 pure, mals nou une volonts Seite » Limpésuaf exprime To fat. que te rapport de Pete, ralsonnable GEfins a lol ovale eat tn rapport de ASpentanes » cestdedire ds ob 32 CASSIRER-HEIDEGGER cite schématisme: Pour Kant aussi le schématisme est Ie terminus a.quo, non Je: terminus ad quem. Dans la Critique deta Raison pure surgssent de nouveau pro- bltmes, et ce point de départ du schématisime est cortes toujours maintenu par Kant, mais il se trouve: aussi Glargi. Kant est parti du probleme de Heidegger: Mais ce'cercle s'est, élargi pour lui. i En résumé, cet élargissement était rendu nécessaire par un probléme. central. Heidegger a mis en ‘relief ie notre capacité de connaitre est finie, Elle est rela- ive et elle est située (gebunden), mmestion : comment un tel étre une fagon, générale, a Ia connaissance, & la raison, verité 2 s ‘en viens maintenant aux questions de fond. Hei- degger pose le probléme de Ia vérité et Y avojr-en général de vérités en soi ou di helles, mais les vérités, pour autant qu’ sont relatives au Dasein. Tl en résulte qu'un étre fink ne:peut absolument pas étre en possession de vérités éternefles, II n'y a pas pour les hommes de vérités éter- nelles et nécessaires. C'est ici qu’éclate & nouveaul‘en- semble du probléme. Pour Kant le probléme était tement le suivant : comment peut-il y avoir, en dépi de cette finitude que: Kant lui-méme a montrée,, des vérités nécessaires et universelles ? Comment des juge- ments synthétiques a priori sont-ils possibles, c'est-a- dire ‘des’ jugements. qui, dans leur contenu, ne as uniquement finis, mais universellement nécessaires ? Erest pour resoudre ce probleme que Kant prend Fexeme ple des mathématiques : la connaissance finie se place dans un rapport a la verité q . veau un pur « seulement », Heidegger a dit que Kant n'a apporté aucune preuve de la. pos matiques. En fait, A mon avis, ia question est bien posée dans les Prolégoménes, mais cela. n'est ‘as ot ne peut Pas etre la seule question, Mais il faut d’abord éclaicir +, aussi cette question purement théorique : comment 4.0; Dis enlicha Rekenntnis sot ash in ols Varela as nicht wiodar em « Nur * anavioelt, + muppeime le + nic ire, semble-ril, que Ta mathémstigue — comm COLLOQUE 33. cot étre fini en vient-il & la détermination-d’objets qui, © en tant que tels, ne sont pas liés a-la finitude ? Ma question est alors : Heidegger veut-il renoncer , a toute cette objectivitt, a cette forme d’absoluité, que Kant a affitmées: dans le domaine éthique, dans Je domaine théorique et dans la Critique du Jugement ? Veutil se retirer entigrement sur la cléture de T'étre - , sinon, ou est pour lui la percée vers cette sphére bjectivité ? Je pose la question, parce que je ne connais vraiment pas encore Ia réponse. Car. chez’ Hei. degger on ne trouve que la fixation du point de passage, Mais je ne crois pas que Heidegger puisse ef veuillc en rester 18. I] doit bien une bonne fois poser Ini-méme ces. questions. Et alors, me semblo-t-il, surgissent. des problemes tout 4 fait nouveaux, nature, mais l’étant de la nature est Pétant au sens de ce qui est donné (vorhanden). Ce que Kant vou proprement donner dans 1a doctrine des principes Ja raison pure) n'était pas une détermination catégoriale de la structure de Vobjet de la science mathématique de la nature. Ce qu'il voulait, c’était une théorie de Tetant en général. (Heidegger ete ici des textes Pappu de cette affirmation), Kant cherche une théorie de l'étee en général, sans supposer des objets qui seraient donnés, sans supposer une région déterminée de étant (que ce soit celle du psychique ou du physique). Tl cherehe une ontologie générale, antérieure aussi bien & une ontologie de la nature comme objet de-la science de ta nati a une ontologie-de la nature comme objet de la psycho logic. Ce que je veux montrer, c'est que !Analytique. . mest pas seulement une ontologie de la nature comme objet de la science de la nature, ms i tale, une metaphysica generatis ci Kant dit luiméme que ta problématique qu'il illustre dans les Prolégomenes en demandant comment. la la nature est possible, etc., n'est pas le motif central ; le motif central, c'est ia question de la possi- 3 CASSIRER-HEIDEGGER bilité de la metaphysica generalis, ou encore la réalisation de celle-ci. ; ‘Voyons maintenant l'autre probléme, celui de l'ima- {Gination. Cassirer veut done. montrer que la finitude ionne lieu, dans’ les éerits éthiques, & un mouvement "de transcendance’, —- Dans limpératif catégorique, aurait quelque chose qui dépasse T'étre fi ‘S ment le concept dimpératif comme relation intrinseque A un étre finit..Méme le passage térieur de Ta fini- ous conduit & des étres finis, A quelque anges). Cette transeendance elle-méme a Vintérieur du monde créé-et de la finitude, Gette relation intrinséque qui réside dans Timpératit Ini-méme, ainsi que la finitude de I’éthique, ressortent ““clairement dans un passage ol, Kant parle de la raison de'Thomme comme d'une instance autonome, c'est-i- dire d'une raison ‘qui repose purement. et .simplement sur ellemméme et ne peut s'evader ‘dans un terme, un absolu, qui ne peut du reste non plus s’évader dans Je monde des choses. Cet entre-deux est lessen raison pratique, prétation de léthique kantienne, si I blée a Ja direction vers laquelle s’oriente et si l'on néglige la fonction interne de pour le Dasein. On ne peut élucider le pro finitude de T'étre moral, si T’on ne pose pas que signitie ici « loi » et comment la | ~ est-elle un élément constitutif du Dasein et de la person- nalité? Cortes, on ne peut nier q it quelque chose dans la Joi qui-va au-dela de la sensil ais la vraie question est : comment se présente Ia structure interne lu Dasein lui-méme ? Est-elle finie ou-infinie ? 2. TL y a dans cette question du. dépassc Ainitude un probleme tout. fait central. J'ai dit que la “question de la possibilité de la finitude en général est vune question tout a fait particuliére. Car, d'un point Iranosonter tied Ia den etbinchon Behiflene (Ne D. Pd SR Oh note 8 et doarus. [N-D. 1.) COLLOQUE 35 de ue, formel, on pourrait. angumenter,simplement i je dis quelque chose sur le fini et que je earings te fit déja, avoir ' veux déterminer le fini comme fini, je doi une idée de l'infinité]Au premier abord, grand chose. Assez cependant pour qu'il y : probleme central. Que ce caractére d’infinité apparaisse matériellement dans cela méme qu'on présente comme Te lieu constitutif de la finitude, je voudrais Vexpliciter jon du schématisme rité certes, ‘mais, cette originarité est: w une exhibition de la présentation, du libre «se-donngr.», lequel recéle la relation nécessaire & un « recevoir J Cette originarité est done bien J& en quelque facta comme pouvoir créateur ; homme, étre fini, posséde une. certainc Infinité dans Tordre ontologique. Mais Thomme n’est~ jamais infini et absolu dans la création de T'étant luis, méme, ij est infini au sens de la compréhension de l'étre. Mais, dans la mesure oh — comme le dit Kant —. compréhension ontologique de I'étre n’est pos: dans Pexpérience interne de T'étant, cette i | Yontologique est lige de fagon essentielie & l'expérience ontique, de sorte que l'on doit, inverse : cette / infinité qui éclate dans imagination est précisément | argument Ie plus fort en faveur de la finitude, Car) "oniologie est un index de la finitude, Dieu ne la posséde | ia la preuve I ’ontologie. a : Crest alors que surgit l'instance soulevée par Cassirer contre moi au sujet du concept de vérité. Chez Kant, Ja connaissance ontologique est celle qui est universel- ise (notig), qui.anticipe toutes les expériences i irer Pattention sur le fait que: ‘en plusieurs passages : ce qui rend I'expérience’. c'est-i-dire Ia possibilité interne de la connais~ ingent. — La vérité elle-méme.- de Tétant, ee que is méme plus loin et dis Car seul un étre fini a esol a 36. CASSIRER-HEIDEGGER de Vetre-dans-la-vérité de homme, ily aen méme temps dans Fhomme un étre-dans-la-non-vérite. La non-vérite appartient au noyau le plus intime de la structure du Dasein, Et c'est ici seulement que je erois avoir trouvé Ja racine ot I’« apparence » métaphysique de Kant se trouve métaphysiquement fondée. Jen viens maintenant a Tintérrogation de Cassirer sur les vérités éternelles. universellement valables, Quand je dis : Ja vérité est relative au Dasein, cela n'est Pas un énoncé ontique, comme si je disa i que ce que pense homme individuel. Me tion est ma proposi- ne peut y avoirvde vérité en de sens ques'ilya 'y a pas de vérité, jument. C'est seulement avec!'exis~ quelque chose comme le Dasein que la vérité advient au Dasein Iui-méme. Mais alors se pose la ques- ton :qu’en esti de la validite de la verite comme verite éternelle ? Pour répondre @ cette question, on tourne généralement ses regards vers le probleme de la validite, Vers la proposition exprimée, et e’est seulement a partir de la qu'on fait retour vers ce qui-vaut. Et c'est alors qu’on trouve les valeurs ou quelque chose de ce geure... ¢ qu’on doit développer antrement le probleme, té est relative au Das 'y aurait aucune possibilité de rendre l'étant, est, manifeste pour tous. Mais je dirais que co caractére Suprasubjectif de Ta vénité, cette émnergence de la vérité au-dela de chaque fois concernée, un contenu de vérité qui, en tant que contenu, dit quelque chose sur I'étant. Mais cette re qui lui est accordée, on ten face du flux du véeu il y a quelque chose de permanent, qui est léternel, le sens et le concept. Car je pose 4'mon tour la question : que signifie dene ici « cternel » ? D'oit vient notre savoir de vette éternite ? Cotte éternité n'est-elle pas tout simplement la perma- nence au sens de Pasi du temps ? Cette éternité n'est-elle pas simplenient ce gui-est possible sur la base dune COLLOQUE 37 scent i i-méme? 2. Toute ance interne du. temps Iui-méme? 2. Tou uments nar dee, pt meétaphysique, qui est de poser 1a question suivante : Tous ces titres de la métaphysique transcendantale, i cdola sont-ils contingents et, sinon, is ? Lorsqu'ls parlent de terme. com: faut-il les comprendre ? Ces titres ne sont com Hnusbles ot méme tout siplement possibies que parce quil y a dans Yessence du temps une transcendance interne, que le temps est cette transcendance, et non pas seulement ce que la transcendance rend possible, que:le” méme un caractore horizonté jours en méme temps un horizon de prései me (Kiinftigkeit) et fe passeite (Gewesenh P qu'iel done enfin se rencontre une détermination trans. cendantale-ontologique du temps qui est Ie seul cadre posse oi puise se constituer quelque chose comm: janence de la substance. we Pit cous eet angle quron doit scomprendie toute mon interprétation de Ja temporalité.: Pour dégager cette structure interne de la temporalité et pour montrer que le temps n'est pas seulement un cadre dans lequel se dérouleraiont Tes « véous », pour rendre manifeste dans le Dasein lui-méme ce caractére le plus intime de ta our montrer tout cela il ne, fallait pas fait.que le probleme de Petre d jours été, en um sens tout fait n é et que le temps a toujours aeslecetbue au sujet, Ba sonsderation du len de cette “ en considération de le issait d'abord de ia temporalité du ‘on aurait recours & Dasein, non pas dans Je sens oit iow du muelque théorie, mais en ce sens que la question vel jumain est posce dans une problématique tout avfait déterminée. as snooh it aa Grand ener Sst ae ane mbglich auf Grud Dt) 38. CASSIRER-HEIDEGGER sur toute cette problémati in ul trate du Dasein en Pomme, stony voyait une anthropologie philosophique, soup trop trite pour cela, beaucoup inop provisos fe, erois qu'il y a fei une problématique. que, jusqir’ présent, on n’avait pas déyeloppée comme ‘lic et qui Get setermincs parla question suivante : a posibilté comprehension de Vetre doit etre donne et avec fe a, Possible —— ans Tstoie universal de a ment formatear (das gestal. tende Verhatten) & gard de Petaut du devene Met gue, si d’autre part cette demniére possibilite est fonces Sur lune compréhension de I'étre, ot que cette comprehen, sion ontologique soit orientée, en quelque sens que ce soit, sur la temporalité, alors Ia tache cousistora katt: en Evidence la temporslité du Dasein dans la perspective le In possiblité de la compréhension de Wet, Cont ar rapport & cette che que sorientent tous ls pro Dlémes partels. Ainsi analyse de la mort a-telle pour onction de digager dans une certaine direction Ia Fad ale futurité (Zuklinitigkelt) du Dasein, et now de Fag fnise métaphysique definitive ‘essence de la mort, De méme, Vanalyse de 1 pour unique fonction, non de rendre manor gal . Phénoméne central en! homme, mais de prépater Ia Féponse & Ja question : sur la base de quel sens mctaphye sique du Dascin est-il possible que homme en eeners Plsse étre placé devant quelque chose comme le uéant 2] ‘analyse de Vangoisse se régle sur le fait que mene i ossibilité de penser comme idée quelque those de tc que-le néant: est co-fondée dans cette détermination te Ja disposition affective (Befindlichkeit) du Dascin je comprends le néant ou Pang at poura le etre, du néant et du pourquoi, ce sont la | les plus élémentaires et les plus concrets. Cet par rap fort a ces problames qu’est. orientée Tanalytique du Pasein. Cette anticipation suffit, je crois, a faire voir rare COLLOQUE wo jue la présupposition qui a été celle des critiques de sein und Zeit a manqué Je noyau proprement dit de Pintention de Fouvrage ; d’un autre cété, je suis tout prét 4 reconnattre que, si Yon isole en quelque sorte cette analytique du i, qu’on voit une recherche sur homme et qu'on demande alors : «Comment peut-on fonder sur cette compréhension de Phomme la eompréhension d’une constitution (Gestal- ‘tung) de la culture et des dornaines culturels ? », si done Yon pose ainsi la question, je suis préta reconnaitre qu'il est impossible, & partir de ce qu’on trouve dans ce livre, de donner une réponse. Toutes ces questions sont inadé- quates par rapport 4 mon probléme central. Jo pose en meme! temps, une autre question méthodologique Comment doit-on concevoir le point de.départ d'une telle métaphysique du Dasein, s'it est vrai que son motif déterminant est de chercher un leu ot résoudre le probléme de la possibilité de la métaphysique ? Est-ce quelle ne repose pas sur une certaine conception du monde ? Je me comprendrais mal moi-méme si je disais je propose une philosophie libre detout point de vue. (ei Se pose le probleme du rapport entre philosophie et conception du monde, La philosophie n'a pas pour ‘ache de fournir une conception du monde, mais c'est bien plutét la conception du monde qui est [a condition de l'acte de philosopher. Et la conception du monde que propose le philosophe n'en est pas directement une au sens d'une doctrine, ni méme d’une influence, mais repose sur le fait que, dans l'acte de philosopher, on réussit & radicaliser la transcendance du Dasein lui-méme, c'est-a- dire la possibilité interne pour cet étre fini d'etre en rapport avec !'étant dans sa ‘totalité. Exprimons cela ' Cassirer dit us ne concevons de la liberté. La question « Comment pas de sens, If n’en résulte pas qu’on doive en rester ici en quelque maniére 2 un-irrationnel, Bien plutét, parce que la: lberté n’est pas Toblet-dlune saise théorique, mais st un objet de Yacte de philosopher, cela-ne peut signifier autre chose que ceci: la liberté n'est et ne peut éfre que dans L'acte de libération. Le seul rapport adéquat & la liberté en homme est que la liberté se libre elle-mémeen "homme, 0 CASSIRER-HEIDEGGER Pénétrer. dans cette ‘dimension du philosopher n'est as affaire-de discussion érudite ; c'est plutot une chose dont le philosophe individuel ne sait ‘rien, une tache devant laquelle le philosophe doit s'incliner ; cette libération du Dasein en Vho i unique et centrale i sopher peut accomplir, En ce sens, je suis porte a broire quily @ chez Cassirer nn tout autre terminus ad quem au ses d'une philosophic de la culture ; Je erois pour ma part que cette question de la philosophie de la. culture ‘quiert:sa fonction métaphysique dans le devenir ‘de histoire humaine que si elle ne demeure pas et n'est pas une pure présentation des différents domnaines, mais S¢ voit en méme temps si fortement enraciner dans sa dynamique interne qu'elle ‘devient manifeste express ‘ment et d’emblée, et non pas.aprés coup, dans la méta. physique du Dasein lui-méme comme événement his. tonal ats Grundgeschehen), Qursrons 4 Cassiner (posées par Métudiant en philoso- Phie S.) : to Fae quelle vole vers Vinfinité Phomme dispose- “Ph,2 Et quelle est la fagon dont Phomme peut partiviper a Pinfinite ? ico, Sy infinite est-elle & conquérir comme détermina- tion privative de ta finitude, ow bien linfinité est-elle un domaine propre ? Beam as quelle mesure la philosophic a-telle pour Hehe de délivrer de Vangoisse ? ow bien a-telle pour tache, tout au contraire, de livrer Phomme re a Tangoisse ? Cassmmee : Ad 1) In’existe pas d’autre voie que la médiation:de Ja forme, Car‘telle est-la fonetion dela forme : em trans, formant en forme son existonce, c’est-Audite en trenspo- sant nécessairement tout ce qui est en lui de Pordre da Xécw en une forme objective, quelle qu'elle soit, dans laquelle i s'objective Iui‘méme, homme: ne se’ ibsre COLLOQUE 4 de de son point de sans doute pas en cola de la fi i ae), tout ceei est encore lié & sa propre " tras en emergeant de la finitude il enlene c le 8a dépasser- dans quelque chose-de nouveau. C'est cela qui : a nente. L’homme ne peut faire le saut, oa as spavents {home nat ie earl A peut et doit accomplir la metabasis qui, de ete do gon existence, le conduit dans la i it sb mn de la forme pure. Son infinité, il ne la post Seems ea ee le jag’ bl Tufinité#, Lo rayne des esprit .étaphysiqui im est. précisément Te monde. spirituel cree. par ‘méme. Quill ait pu eréer un tel monde, z aut de son infinite, ieiaee 7 "had Geen pas seulement une detonation po vative, mais un domaine indépendant, non un domaine it conquis par une relation simplement négativ té, cen’est passeulement un principe hide qui se trouve constitué, mais de Paceomplis- st enon certain sens la tot ¢ ment de ta fnitude lle meme Cet, accomplissement a pr ui constitueFinfini- énétrer dans l'infini, contente-toi ¢ parcourir le fini en tout sens » (Goethe), En s'accomrlis- finitudes a-dire en allant dans tous les sens, la finituc " itraire et passe infinit6, C'est 1A tout le contr Ue a privalon, la realisation’ parfaite de la tnitade EM une gun to lt 8 laquelle cn, ne peut répondre que par une sorte de profession de foi. La philosop! faire en ‘SOT te ae Vhomme devienne aussi ie mut le devenir. b “Ett tn etn en ps i Pe cha, inmeactement cite, Le texte exact est ‘orate aecma ina ee Se Sa ee moe eet atin at Rae ee eal aaa So eee, ASS om » pol 2 CASSIRER-HEIDEGGER i bien com- pris ses développements de ce matin, la libert Ue progress 0 6 al, la ther ne put piasressive, qui est certainement pour iui aussi un proces infini. Je crois qu'il peut approuver cette coned encore que je vole en ce point le probleme le plus dift evoudrais que Jesens, le but, fot en fa a la parole : « Rejetez loin de vous langoisse de 1 terre». Telle est In post Fidéalisme que} Toujoury prevgeg't Position de Ticéalisme que j’at Bos: Je voudrais faire une remarque philologi Chacun des interlocuteurs parle une langue toot a fay (ifferente. Pour nous, il s'agit de dégager dans ces deut Tgngues quolque chose de commun, Cassirer a deja fait un ort de faaguetion & Vintérieur de son « champ d'ac- », Nous devons demand: cette traduction, La possibiits de fants emt it quelque chose apparait qui ne se Erp atc e2Pert Gul nt it ag [element caractéristiqne de ehacune des deux langues ai essayé de rassembler dans les deux langues quelques. Uns de ces termes dont je doute qu’ils se laissent tnaduine fams Ta Tangue de Vautre. Je cite les expressions. ie Heidegger : le Dasein, Vontique. Voici a Hinverse es expressions: de Cassirer :'le « fonctiomnel » dana Pon, Bue et Ja transformation d'un champ dans un a fajke frowvait qu'il n'y a de part et @autre aucune Jenciugcion pour ces termes, on aurait 1 les termes dans Odo Hesdegete™® "esprit des philosophies de Casirer Heweccer : Cassirer a employé dé ie D : ians la pr conference ls eae, melo¥s danse pene quem. On pourrait dire que le ferminus ad quem eet ches lui le tout d'une philosophie de la culture au sens dia @lucidation de la totalité des figures de la conscience 10, Bemuizn Dat Fl nd dns Zt 8 sep Wert de ag dos hdl son bast) COLLOQUE 8 formatrice. En revanche, le terminus a quo reste chez Cassirer tout & fait obscur. Ma position est inverse : le ierminus a quo est la problématique centrale que je développe, Te ferminus af quem est aussi cla cho moi ? En tout cas, il ne réside pas pour moi dans le tout d'une philosophie de la culture mais dans la question : ‘Tird Sy ? ou encore : que signifie « étre » ? Conquérir & rartir de cette question un sol ferme pour le probleme Jondamental de la métaphysique c'ek de la qurest nce pour, moi la problématique dime métaphysique du asein. Ou, pour revenir encore une fois au coeur de Yinterprétation de Kant, mon intention n’était pas, en face d'une interprétation « épistémologique », d’apporter le nouveau et de fare honneur & Fimagi- "agissait pour moi de manifester que problématique centrale de I jue de la Raison pure, & savoir a question de la ilité de Pontologie, nous contraint en retour a faire du sol proprement dit un abime. Lorsque Kant nous dit! que les trois questions fondamentales se laissent ramener a la quatriéme , « Qu’est-ce que homme ? », eette derniére question en question dans son caractére méme de essayé de montrer qu'il n’allait pas du de partir d'un concept du Logos, mais que la qnestion de la possibilité de la métaphysique exige une métaphysique du Dasein comme possibilité du fonde ment d'une question de la métaphysique, de sorte que la question « Qu’est-ce que homme "» n'appelle pas telle- ment une réponse au sens d’un systéme anthropologique, mais ne devra étre éclaircie véritablement qu’au regard de la perspective dans laquelle elle veut étre poste. ‘Je reviens maintenant aux concepts de ferminus @ quo et-de lerminus ad quem. N’est-ce la qu'une facon, heuris- tique de poser Ia question ou bien tient-il & l'essence dela philosophic elle-méme qu’elle ait un terminus a quo, qui doit étre problématisé, et qu'elle ait un terminus ad quem qui doit étre dans une certaine corrélation avec le termninus.a quo? Cette problématique ne me semble pas avoir été claireinent. dégagée, du moins jusqu’a mainte- 11, ogtque, Tutsod.; 4d. Cussiver, VIE, pp. 848-44. Cf, Tsweaou, Kani et ls proftine dela mélaphgoipe, § 20: ND. 2.) 6 CASSIRER-HEIDEGGER maniére qu'il devienne clair partir de la’problématique des deux positions (celle de Cassirer et la mienne) que 1a question de "homme n'est essentielle pour le philosophe ue si celuel fat, purement of shuplement abstraction je lu-méme. La question ne doit done pas étre posée'en termes anthropocentriques, mais on doit montrer ceci : du fait que ’homme est létre transcendant, c'est-i-dire ouvert & la fois & Y'étant dans sa totalité et & soi-meme, Vhomme, du fait de ce caractare excentrique, est projeté en méme temps dans le tout de Iétant en général. LEt c'est seulement ainsi qu’ont un sens la question. et jVidée d'une anthropologie philosophique. Non pas au sens o& Yon étudie homme empiriquement comme un objet déja lA, non pas dans le sens oi: je projetterais de faire une anthfopologie de l'homme. Mais la question de Yessence de Phomme n'a de sens et de justification que si elle est motivée a partir de a problématique centrale de la philosophie elle-meme, qui a pour tache: de faire jomme de Iui-méme et de le reconduire dans le tant pour Iii rendre manifeste, en dépit de toute sa liberté, le néant de son Dasein. Ce néant ne doit pas étre-occasion de pessimisme ct,de mélancolie, mais doit nous-amener 4 comprendre quill n'y a d’eifectivité (Wirken) veritable que 18 oit il y a résistance et-que la losbphie a pour tache d’arracher homme @ la paresse ‘vie qui se bornerait & utiliser les ceuvres de T'esprit, sde I'arracher 4 cette vie pour le rejeter en quelque sorte dans la dureté de son destin. Cassimer : Moi aussi je suis contre le nivellement. Ce que nous voulons et devons viser et que nous pouvons aussi atteindre, c’est que chacun, tout en restant sur sa.posi- tion, ne voie pas seulement Iui-méme, mais aussi l'autre. Que’ cela doive étre possible me parait. ins Fidée dela connaissance philosophique, unc Heidegger aussi acceptera. Je: ne veux. pas tenter de . détacher Heidegger je sa position, le contraindre 2 COLLOQUE a porter son regard dans une autre direction, seulement me rendre sa position comprehensible. il est appara déji plus clairement en quoi opposition. Mais il n'est pas fécond de souligner toujours de nouveau cette opposition. Nous somties &.un point ov ily a peu & attendre d'arguments purement logiques. On ne peut contraindre personne & adopter cette position, et aucune contrainte purement logique de eet ordre.ne saurait obliger quelqu'un a partir de Ia position qui me parait A moi lessentielle, Ainsi~ serions-nous condamnés. ici A une certaine relativité: « Ce que Ton eheisit comme philosophie dépend de ee | qua,'on est conime forme »1*, Mais nous n’avons pas le 7 / iroit d’en rester 4 eotte relativité qui mettrait au centre Thomme empirique. Trés important était a cet égard ce « que Heidegger a dit en dernier lieu. Pas plus que Ja mienne sa position ne peut étre anthropocentrique .et,. si elle ne veut pas 1'étre, demande : oii done réside le centre commun dans. opposition ? Qu ne soit pas & chereher dans I'empirique, c'est évident. C'est justement au sein de lopposition que nous devons rechercher le centre commun. Bt je condition qu’un pont soit ici jeté d’in Crest ce qui napparatt toujours plus clsirement quand je considére le phénoméne fondamental du langage. Chacun parle son langoge, et il et impensable qu ie Jangage de l'un soit transposé dans le langage de l'autre. Et pourtant nous nous comprenons par 'intermédi du langage. TI y a quelque chose comme Et quelque chose comme une wnité par-del& I différentes facons de parler. C’est IA que réside pour moile int déeisif. Et A we CASSIRER-HEIDEGGER ons d’abord comme yng nous ne pouvons estce que faimerais uu Dasein se fun tel monde sur un sol commun. Nous l'affi postulat. Et malgré toutes le nous tromper dans cette exiger nommer le monde de Fesprit, objectif par Pintermédiaire ‘de nouveau 2 penie qu'il 1 que celui qui passe par ce monde des formes". Thy a ce: ! ait. Sans lui je ne sais pas comment il pourrait y avoir tal qui guelque chose ‘come, une comprehension mutuelle. a connaissance elle-méme n’est qu'un cas. fondamen- ire cette affirmation : Ja connaissance, c'est-a- *) ldire le fait qu’une assertion objective puisse étre formulée sur une chose et qu’elle ait le caracttre de la nécessité, “quirne tient plus compte de la subjectivite de Vindividu qui I’a énoneée. +” Heidegger a dit avec raison que la question fonda- ‘Vobjet... Mais que mentale ‘de sa métaphysique est celle-la méme quia dominé la-pensée de Platon et d’Aristote : Qu’est-ce que Yetant? Etil.a dit ensuite que Kant a renoué avec cette question fondamentale de toute métaphysique. Mais il me semble qu'il y a ici une différence essentielle: & savoir ce que Kant a appelé la révolution copernicienne, Certes’ a question de létre ne me. parait pas da tout élininée par cette révolution, Mais 1a question de létre ‘acquiert par ce renversement une forme beaucoup plus différenciée quelle ne Pavait eue dans V’Antiquité. En quoi consiste ce renversement ? « Jusqu’a présent on admettait que Ja connaissance devait se régler sur. essaie une fois de poser la question inverse. Qu’en serait-il sive n’étaient pas nos connais- sanees qui. devaient se régler. sur Tobjet, mais: bien « Vobjet sur la connaissance’ 2» Cela signifie que la \ question de savoir comment les objets sont déterminés est.@ésormais précédée par la question deta constitution ‘ontologique d’une objectivité en général ; et que tout ce qui vaut de-cette objectivité en général ir aussi de tout objet engagé dans cette structure ontologique. Ce » ge8il y a-de nouveau dans ce renversement: me parait Tie Os Wat dee Wornen. A + Wels dee Porm, [. Ds 7.) 15, Citation appresiinalive do Rant, Critique de Ya Raicon pure, Peé- face dela 8 Stan, B 166. (8. D- Te] te COLLOQUE 0 résider dans le fait que cette structure ontologique n'est plus désormais unique, mais que nous avous notre disposition des structures ontologiques trés diversifiées. Toute structure ontologique nouvelle suppose de nou- velles conditions @ priori. Kant montre qu échapper aux conditions de possibilité de I’ UW montre comment chaque espéce de forme nouvelle concern désormais & chaque fois un monde n dobjectivité ‘objet esthétique n'est-il ps ‘objet-empirique, ila ses propres eatégories a pri Yart constitue un monde, dont les lois sont autres que celles du monde physique. Pa troduit une dive nouvelle dans le probleme de l'objet en génér: Gest par 1a que la vieille métaphysique dogmatique devient précisément la nouvelle métaphysique kantienne, Lietre de ia vieille métaphysique était la substance, Ie substrat @ chaque fois unique. L’tire de la nouvelle métaphysique n'est’ plus, pour parler mon langage, ‘éize d'une substance, mais T'étre qui procede d'une de déterminations et de significations. fonction nelles. C'est ici que me paraft résider le point essentiel oi ma position se distingue de celle de Heidegger. J’en reste @ la position kantienne de la question du ‘transcendantal, roger sur la pos fait cette defi est-il possible, comment est-il pensable qu sions ‘nous comprendre de Dasein & Dasein medium du langage ? Comment est-il possible que nous puissions voir un objet d'art en général comme quelque chose d’objectivement. détermine, comme un étant objec tif, comme eet objet signifiant dans sa totalité? Cette qitestion doit étre résolue. Peut-étre ne peut-on_. pas résoudre a partir de Ia-toutes les questions de la philosophie. Peut-etre est-il-de vastes territoires, que Ton ne peut atteindre & partir de li, Mais il est nécessaire de poser d'abord cette question. Et je erois que c'est 50 CASSIRER-HEIDEGGER seulement lorsque l'on a posé cette question que l’on peut svouvrir l'accés a la problématique de Heidegger. Hrpeccrr : La demitre question de Cassirer relative la confrontation de Kant avec I’Antiquité me donne encore une fois l'occasion de caractériser l'ensemble de | s‘agit. Je dis qu'il faut répéter la question platonicienne. Cela ne petit vouloir dire que nous devons ont donnée les Gres. IL apparatt que Vetre Iui-meme est dispersé dans une multiplicité et que c'est un probléme central que de S'assurer une base ferme pour comprendre 4 partir de Vidée d'etre la multiplicité immanente des modes d’étre. Ce qui m'importe, c'est d'atteindre ce sens de 'etre comme étant le centre, Et Peffort unique de toutes mes Techerches vise & conquérir Uhorizon a Vintérieur duquel pourra se déployer Ia question de l’étre, de sa structure et de sa diversits, La simple médiation (a8 blosse Vermitteln) ne nous fera jamais avancer de fagon productive. Il appartien Vessenee de la philosophic comme préoccupation fi de homme que, plus encore que toute autre activité créatrice de Fhomme, elle trouve sa limitation dans la finitude de Yhomme. Si e’est dans la philosophic que se manifeste d'une maniére particulitrement radicale la finitude de Thomme, c'est parce que la philosophie se porte vers le tout de Yhomme et ce qu'il y'en lui de plus aut, porte le plus, c'est que vous retiriez. de ion une legon unique : c'est qu’il ne faut pas Sorienter d’aprés la diversité des positions des hommes philosophants, que Vessentiel n'est pas de s’occuper de T ou de Heidegger, mais que vous en soyez arrivés au point de pressentir que nous sommes sur la voie de prendre de nouveau au sérieux Ia question centrale de Ja métaphysique, Je voudrais attirer enfin votre attention sur ceci : ee que vous voyer. ici en petit, je veux dire 1a différence qui sépare Jes hommes philosophant. dans Punité d'une méme problématique, s'exprime tout a fait autrement dans un cadre plus vaste, je veux dire dans Vhistoite de la philosophie ; ce qu'il y a précisément dessentiel dans la confrontation avec Vhistoire de la Philosophie, le premier pas & faire dans l'histoire de la COLLOQUE él Philosophie, c'est de se libérer de la chied) des positions et des points de comment c'est justement la différenc cheidung) des points de vue qui est la ra philosophique. ‘Traduit de l’allemand par Pierre AUBENQUE. It L — KANT ETLE PROBLEME DE LA METAPHYSIQUE ‘REMARQUES SUR L'INTERPRETATION DE Kant proposke PAR M. Hisipeccen? par le Prof. Dr. Ernst CASSIRER, Hamburg. ‘Travuerion P. QuuLer En février (773) Kant rapports dans une lettre a ‘Markus Herz, quees investigations relatives. & Ja forme et aux, prineipes du, monde sensible et intelligible, ont pris un’ tournant décisif, un tournant grace auquel il eroit étre désormais, aprés de longues et tétonnantes recherches, en possession « de i au mystére entier de la métaphysique jusque la demeurée. cachée 4 elle-méme.». Ce qu'il vient de découvrir, c'est le probleme de. objet transcendantal » comme noyau de rétaphysique. La question: «quel et Ie fondement=~ sur lequel repose la relatian de ce.que nous nommons en nous(@opresenta fatioma Vobjebs? » devient le pivot autour) Guquel tourte Ta-phisophie, cest-t-dire qu'elle cr#ey ion nouvelle dot, va nate et grande le proiel critique de la raison pure». Cette, orientation’ nouvelle. constitue le contenu et le. sens ltime, de; la - « Révolution, copernicicnne » accompli, par- Kant. Une S'agit plus maintenant d’ajouter up systéme auux syste de métaphysique existants,. de trouver une. nouvelle 1. Kant ‘nd dan Probiem ‘der Métapysth, Bonn 1000 ot Wisi Main 1081 — Vitor lonermaon ‘ '@autres plus jeunes sont deja J Srientée d'une fagon toute diffe "\ métaphysique ou bien 'a-t-il éveil og E, CASSIRER réponse & des questions posées depuis longtemps. La transformation va plus avant : elle ne coneerne plus les réponses de la métaphysique mais son propre concept at son probléme fondamental/La vote quelle empruntera devra etre autre parce que le but qu'elle poursuit s'est déplacé — parce que l'objet qu’elle se propose de con- naitre et en fonction duquel elle « s‘oriente » s'est décalé. Mais ce décalage signifie quelque chose d'autre et quelque chose de plus radical que si l'objet avait en quelque sorte simplement changé de liew dans un champ intellectuel resté par ailleurs identique ; il affecte au contraire la ‘constitution et Ja structure de ce champ en tant que tel ; SL enveloppe une vue nouvelle non seulement du conna et du-connaissable mais encore de la nature et de la tiche, de la fonction fondamentale de la connaissance. Bien que nous ne soyons qu’au seuil de la-Critique dela raison pure la querelle des interprétations éclate aus- sitdt, Rien n'est. plus problématique, rien n'est. pl litigieux que la déeision que Kant-a prise & ce niveau, Dés son époque, s'affrontent brutalement les interpréta- tions de sa doctrine. Elle apparait a I'ancienne généra- tion comme la destruction et Ia démolition dela méta- physique : Mendelssohn exprime un sentiment fort répandu lorsquil se plaint de ne trouver en Kant qu'un eontrepreneur général de démolition». [2] Mais suvre qui ne veulent voir dans In « Critique de Ia raison pure » qu'un prélude et une « propédeutique » —qui-saluent en cette couvre avec enthousiasme Taurore d'une métaphysique venir. Depuis lors le jugement sur 'attitude propre de Kant a régard de la'métaphysique n'a cessé‘d'osciller. Par nature et en vertu de. ses" objectifs intellectuals véritables, Kant est-il le critique de la raison, Te philo- sophe qui s'est occupé de la logique et de Ia méthode de Ia contaissance ? Ou bien la erfique ne forme-belle pour tui que le point de départ d'une, problématique te ? A-tal eriterté Ia ‘une vie nouvelle ? Les exprits eles epoques se séparent dans Ja réponse is donnent & cette question. Quicongus abordait at lébut du sitcle I'étude de la philosophic kantienne pouvait avoir impression que la cause était entendue, qu'une conviction communément admise et présentant REMARQUES ee un’ caraetére scientifique et définitif s'était imposée, quent au caractre logiouo, et méthodologique ssinon fa conlenu de la doctrine kantienne du moins de sa ‘forme >. Tous les représentants marquants du « néo- Kontisme » étaient en effet au moins d'accord sur un joint, a savoir que le centre de gravite du systeme de Kant’ devait étre-cherché dans la théorie de la connais- sance, que le « fait.de Ja science, » ol Sea passa > iissaient. -~ahoutissants..de_la. bi i our eux le caractére et la Supériorite scientifiques de la doctrine kantienne tenait an fait, et exolusivement au fait, qu'll avait posé Ie pro- bléme en ces termes. Cette conception s'exprime avee le ‘vigneur d'un programme par exemple dans igurale prononeée par Aloys Riel i uct intitulée « Philosophie scientifique ‘non-scientifique » (1883). Riehd-part de Yidée que la tiche d'une philosophie qui prétend au itre de science rigoureuse ne saurait consister en rien d’autre que dans Ia justification d'une doctri générale des principes. Elle ne trouve un champ qui Ini soit propre et un emploi correspondant & son essence que sur-ce terrain. (Seule la science de la connaissance Tui confére une véritable certitude intérieure ; elle seule pent, alranchir 1a philosophic, du, tatonnement arm les simples « opinions » et Ini donner une assise ferme, un fondement durabléRichl ne se dissimule pas que par IA un grand nombfé de questions que l'on a habi- fude de considérer traditionnellement comme. relevant de la philosophie se trouvent exclues de son domaine mais if volt dans cette exclusion un sacrifice nécessaire auguel on doit consentir si Yon tient & Taltérer son caractére scientifique. Que Ta. philoso- whe passe et deive etre plus que simple science, qu'elle joive envelopper en méme temps une vision du monde et, quelle doive la développer sous une. forme tématidite, cola lui apparatt comme V'erreur que la Philosophie moderne a empruntée a la spéculation reeque, « Séules les relations que présentent, [3] les conceptions scientifiques de caractere général avec Vhomme, leur rapport -en particulier aux exigences de son dime (Gemiit) transforment ces conceptions en vision du monde ». Cette mise en relation avec l'homme, cette 56 E. CASSIRER eetteraison hors dela sphére de la philosophic. «Les isions du monde ne sont pas objet du seul entendement: Elles Svadressent "homme tout entier, & tous les-aspects de son étre, L’ame et non 'entendement en est Pauteur. Aussi sont-elles pour la plus grande part sibjeetives et ne ressortissent-elles pas a la science, Les visions du monde nappartienent pas ata science sais la eroyance:., Pour autant que existence d’an systéme de Ja connaissance est justifiée, elle est réalisée; et cettes-tie fagon ‘seulement approximative, par la science. Pour autant que la vision du monde doit étre fondée de fagon objective, il revient également 2la science Weffectuer cette Fondation. Mais sa partie siibjective sort du cadre de ia seule science. C'est pourquoi la philosophie en-tant que systime et en: tant gue vision du monde. n’'est.;pas une science? », C'est intentionnellement que'je place ces propositions de Riehl an seuil de cette étude car elles -détinissent avec une vigueur et une clarté qui ne sauraient guére etre surpassées l'opposition qui existe entrela conception que se fait Heidegger de la tache centrale de Ja méta- physique et le mode: de pensée, 1a mentalité philoso phique du « eriticisme » d’ tion positiviste. TT nest rien que Heidegger combate avec autant d'insis- tance et de passion que'ce mode de pensée — la suppo- sition d’aprés laquelle V'objectif essentiel de Kant aurait ique sur la «thébrie de la aurait voulu livrer dans.la ieseulement, une interprétation de intention ide’ law Critique 2. A. ROBE, Ueber wissenschafilishe urid nichiwiaienschafiche, Phi: lapphte (Phibosophiaehe Sradiea, Lelpeig 1020, yp. 289! 3B. es chien ( ) donne’ is batze fadieation renvotent de lk site du texte bln pagination de Vouvmage. Ge Haldagger: (Lee effec: ‘piso (,]ladiguent, REMARQUES a de la raison pure » reste selon Iui méconnue dans. son principe lorsqu’on interpréte cet ouvrage comme unes- « théorie de l'expérience » ou méme comme une théorie “ des sciences positives (p. 16) suivant. cette voie dégagér Ie pr ; Car le sens de ce probléme n’est pas accessible & partir de Ja seule logique et il ne peut étre déployé dans le cadre d'une «Logique de la connaissance pure». La méta- physique est en vertu de son essence doctrine de l’étre, ‘lle yeut &tre: ontologie — mais toute question portant sur Fétre renvoie en fin de compte 2 une question por- tant sur homme . Ainsi le probléme de la métaphysique se transforme-t-il [4] en cette unique question radicale. Toute question relative & T'etre doit étre précédée de facon générale par la question portant sur Ptre humain. Elle forme Pobjet dela veritable ontologie, de Tontologic fondamentale. « Nous appelons ontologie fondamentale _Tanalytique de lessence finie de homme en tant qu’elle ? fe fondément Tate métaphysique conforme & la nature de homme. L’ontologie fond autre chose que la métaphysique du Das ‘elle “est ‘nécessaire pour rendre possible. métaphysique ‘demeure fonciérement éloignée de toute anthropologie, méme philosophique. Explieiter Tidée d'une ontologie fondamentale veut dire : montrer que Vanalytique:ontologique du Dasein telle qu'elle a été caractérisée repond & tne nécessité absolue, et, par 1a, préciser selon quelle perspective et de queile maniére, ites et en fonction de quels présupposés jon concrete : qu'est-ce que URomme:? » Selon Heidegger, c'est cette question ot a-provoqué et soutenu la-réflexion de Kant et quia déterminé orientation de toutes ses investigations 'métapliysiques, S'il approfondit Ta lyse des cfacultés humaines de la connaissance ne se perd-cependant jamais dans cette analyse. Elle .— nest pas pour lui une fin en soi mais seulement un moyen : examen de la forme dea connaissance humaine doit: permettre de pénétrer essence de l'homme, la nature et le sens de son Dasein. « La métaphysique du Dasein reprend la question : qu’est-ce que homme, juestion nécessaire & la fondation de la métaphysique » apport spéeifique de Kant, sion Vinterpréte correcte- dans quelles 1 elle 58 Ey CASSIRER ment, réside dans le dé |, flenx problemes — de la "pe de la synthése ontologique et le dévoilement de {a finitude en Vhomme, c'est-ivdire de Vexigence d'une éflexion portant sur la question de savoir comment une métaphysique du-Dasein doit se réaliser concrétement ». (221) [209 /287) Il serait stérile et vain de discuter le point de départ que Heidegger a choisi pour son probléme ou de dispu- ter avec ui de ce choix. S'il veut que sous une forme ou sous une autre un « débat » philosophique soit possible et s'il entend "n un sens ou un autre il soit fécond le critique doit se décider a se placer sur le derrain choisi par Heidegger. Qu’il puisse s'y maintenir est une question & laquelle seule Ja discussion elle-méme appor- tera une réponse, mais il doit s'y rendre, dans la mesure ott i] veut éviter que la critique ne dégénere en simple lémique et en un continnel dislogue-de sourds, Une liscussion polémique de ce genre, je tiens a-y insister d’entrée de jen, n’est absolument pas dans mes intentions et’ je ne m'y- sens pas enclin quoique Heidegger n'ait manifestemént pas rendu justice au mérite historique du « néo-kantisme:x, en particulier & interpret: mnda- fen in,{5] Cohen a donnée dans ses livres “eoriswerés ‘Kant. Mais je tie voudrais pas disputer avec Ini de ce point-ld car il ne s’agit pas de justice historique mais simplement d’exactitude objective et systématique. Et si Heid: er croit pouvoir nous inviter & une nouvelle « xévision » fondamentale de nos vues relatives Kant, ilest certain qu'un « kantien » en particulier seratrés mal placé pour se dérober ou s’opposer 4 cette invitation: «Je ne partage pas opinion d’un homme éminent,-a écrit une fois. Kant luiméme, qui recommande de-ne plus jamais mettre.en doute par Ia suite ce dont on s'est une fois convaineu., Dans l’ordre de la philosophie pure, cela ne convient pas. On: doit (..) examiner les propositions en toutes sortes d’applications (...) tenter d'admettre.le lorsqu’il s'agit dela Philosophie kanticnne, personne n’a le droit de'se bercer 4. Reftucionon Kante niy'.ts.T, 08, Benno Betmann, n° 5. REMARQUES 59 dans Ta certitude dogmatique de la posséder et chacun doit saisir toutes les oceasions de se la réapproprier. Dans le livre de Heidegger, ona affaire & unc tentative de réappropriation de ce genre dela position fondamentale de Kant et c'est de cette tentative et exclusivement delle jw'il sera question dans les considérations suivantes. Gertes, Te simple affrontement du « de vue » ne des formes préférées du débat philosophique m m’est toujours apparue comme l'une des-plus doit dans I'appréciation des éerits d’autrui choisir la méthode de la participation 4 la cause générale de la raison humaine, dans la tentative, rechercher ce qui a rapport au tout ; si l'on estime que cela mérite examen, ilfaut tendre a I'autenr, ou plutét, an bien commun, une main secourable et traiter les fatites comme des choses est. & cette maxime que j’entends Ja discussion suivante : je ne voudrais pas que celle-ci fat comprise comme défense ou contes- tation d’un point de-vue philosophique quelconque ct je / ie le lecteur de la considérer ci esprit «de la méthode de partic générale de la raison humaine ». la juger selos ion 4 Ja caus 1 — La rinrrupe Dy LA CONNAISSANCE HUMAINE ET LE PROBLEME, DE L'¢ IMAGINATION TRANSCENDANTALE > systémes « précritiques » dogmatiques. Kant -ne com- mence pas par une théorie sur I'essence universelle des choses ; il-commence au contraire par la. question i Kahts Reflosionan, ue 49. y 60 E, CASSIRER telative A essence de Phomnie et il trouve une réponse & cette question en mettant en lumiére la spécifique de Phomme : « La fondation de la mélap] stenracine dans la question relative & la finitade de Thomme et ceci de fagon telle que cette finitude ‘peut a présent seulement deyenir elleméme un probleme. La fondation de la métaphysique est une dissociation (analytique) de notre. connaissance, c’est-&-dire de connaissance finie en ses. élé La tache fondamentale d demeurer non pas tant en tant que tel, le 8v # Sv , que Tien essentiel entre V'étre'et la (212) [200/278]: Crest le caractére et loriginalité spéci- fique dela raison i que son intéret Te plus , Jes « choses en sol » mais la finftude elle-méme. Tl ne Tui importe pas d’effacer en quelque maniére a finitude mais au contraire d’en aoquérir la certitude i Mais que sig finitude et comment s’exprime-t-elle dans les. modalités et Ia structure de la connaissance ? Sur ce point égale- ment Kant a donné tne réponse claire et-nette. Elle est signifiée par Ie fait que toute connaissance humaine est assujettie 4 Vintuition sensible et que toute intuition est « réeeptive », qu‘elle consiste orjginairement en une «réceplion ». Lientendement bumain connaissant des objets » et les placant devant Iui n’est pas le créateur de ces objets. I] ne les fait pas surgir dans leur étre “eontente de les représenter et de les apprésenter. ~est-I_non pas intellect « archétype » mais .« co | << intellectus ectypus, non: inteltectus afchetypus. Kant me attacke partout la plus gratide importance a -eette opposition. II ne parvient & mettre.en evidence de -fagon claire et nette lessence de la connaissance humaine finie qu'en cidant par contraste avec Vidée'de la _ connaissai ‘ine infitte- La commiatssance divine ést Thltius originartas’>; aie n'a “aucun objet’ comme simple « ob-jct »,"comme un objective c’est-a-dire comme quelque. chose--situé. « devant elle » et «hors dele » Elle doit au contraire, étre congue comme source de Yétre : comme ce qui promeut tout étre a ’étre, comme ce qui l'aide & naftre (origo ). En revanche, [connaissance qui ‘semble s’accomplir lorsqu’on s'élev | de la sensibilite & l'entendement et de lentendement REMARQUES 61 ivé », n’engendre ni ne suscite ‘% porte ses regards sur un étre, qui est deja présent, qui lui est d'une facon oud’une autre « donné », L'instrument ‘tion — donner un objet comme I'explique Kant, ne Sigaifie que 7 le rapporter& une intuition réclle ou tout att moins possible. C'est ici en méme temps. que réside la dépendanee. originaire et essentielle de toute con- naissance dérivée. « L’intuition finie ne peut, recevoi sans que ce qui doit étre recu ne s'annonce. finie doit, conformément A son essence, étre touchée, affectée par ee qui peut: étre intuitionné en elle. » (21, 35) (02/8 on. nt fermement A ce point de départ de ta doctrine de Kant, on doit, selon Heidegger, également y rapporter toutes ies parties de Ja doctrine qui suivent et les interpréter a partir de la. Certés, on ne peut mécon- récoptivité que Kant n’en reste pas 4 la'simple ttition » mais place 4 cdté de la « sponta- sntendement », bien plus, qu’au cours de sa déduetion 31 en dégage de_plus en plus nettement tes contours eteb souligne de plus en plus la portée ; cette insistance cependant ne doit pas ¢tre comprise ow infléchie dans-un sens tel-qu’elle contredise le point de départ du probléme’de Kant. Il faut toujours entendre qu'elle caractérise Ja fivitude de ta connaissance et non qu’ la nie ou Tabolit. De mee, cette «ascension » de 1 ison ne peut et auctitr eassignifier que nous éehap- a é finitude ni gue nows | jen origaize-avee Yntuition ne_pent jamais.” re Tonipy, la dépendance qWientraine ne peut janiaisg anti Ow ne be es Ta chain le a Toute pensée en tant que telle, tout usage meme « pure? ment logique » de 'entendement porte déja empreinte de la finitude ;- bien plus, la-finitude en est le sceait caractéristique. Car toute pensée, en tant que « pensée discursive 2, a besoin d'un détour, prise en consi- Aération d'un universel par Ja ‘més uquel et & partir duquel la multiplieité des choses singuliéres devient ‘onceptuellement reptésentable. « Lav nécessité de ce & Gomer. Stheonue cassie Drannene 62 E: CASSIRER détour.(discursivité) essenticlle & Yentendement est le signe le plus accuse de sa flaitude » 26) [4/90], Et va pas autrement, en fin de compte, de la raison, de la «connaissance des idées », La raison humaine est finie non seulement de facon extrinseque mais en quelque sorte de facon intrinseque : la finitude nel'enferme pas comme une-limite qui aurait été imposée de facon fortuite A son activité et a laquelle celle-cl se heurterait, mais elle est précisément inhérente & cette. activité elle-méme. Toutes ses recherches et toutes ses questions s'enracinen elle : «elle pose ces questions parce ‘et mene finie de telle sorte que dans sa de cette méme finitude qu'il. s'agite_— (p. 207 et sq.) [196/273]. Si haut que la raison puisse lever au-dessus de I’expérience, elle ne peut cependant \ jamais la survoler & proprement parler. Carla transcen- dance en tant que telle est [8] également a priori sensible et la raison humaine pure est nécessairementt aie raison sensibte pure (p. 164) [157 /228]. De toutes ces remarques il ressort en’ méme temps que toute cette analyse a laquelle Kant procéde, que-cette ‘tripartition de la connaissance en sensibilité, entende- ment ef raison ne présente qu'un caractére provisoire. Elle ne conduit pas au centre de la position kaatienne du / probléme mais elle n'est qu'un moyen d'exposition. En -vérité, pour Kant, il n'y a pas trois « facultés » diffé- rentes de la connaissance nettement distinctes ‘les unes des autres, elles, sont toutes originairement unies. dans | une «faculté radicale » .o \ Heidegger tente demontrer que a dantale_» est cette (Bt Ia source dot jallssent de_liaison_et, de_médiation_surajouté.mais vraiment OY Ae gentre& patti dnguel se gonstitue toute a «Grit YC. dea Raisor pure ee deste teresa pure et 1 de son « schématisme » forme dans la sa kan- tienne de la métaphysique l’étape décisive + le. tre, duischématisme seul'emene de fagon abeolomaaete Tre, au is ématique de la Critique dela Raison AY) pure. » (p.107) [108 170], ‘L'intuition pure ‘comine le penséepure, sion veut les comprendre dans leur fone: tion propre, doivent étre rapportées l'une et-lautre A REMARQUES os Timagination transcendantale, d irées 2 partir dea (p. 130) [127 /196]. ‘L’esthétique transcendan- tale etter Togique transcendantale prises en elles-mémes sont incompréhensibles : une et Yautre n'ont qu'un earactére préparatoire et elles ne peuvent étre lues que dans la perspective, du_schématisme transeendantal (cl.,p. 187) [188/208]. L'établissement de ce rapport londamental constitue la tache principale et le noyau de l'analyse de Heidegger. Or, il faut immédiatement souligner.et reconnaitre qu'il a exécuté cette partie de sa tiche avec une vigueur extraordinaire et avec la plus grande acuité et la plus nde clarté. J'ai toujours vu le signe le plus curieux ‘une complete méconnaissance de liutention maftresse de Kant dans le fait que l'on ne cesse de rencontrer dans Ja bibliographie relative a Kant l'idée que celui-ci aurait «invents » la doctrine du schématisme commen artifice, comme s'il avait introduit la faculté de I’« imagination transcendantale » pour des raisons extérigures de « sy- meétrie » ct _d’e architectonique ». Peut-etre finira-t-on ar saisit 'absurdité de ce reproche si l'on approfondit exposition détaillée, dégageant tous les traits particu- iets, que Heidegger apporte-du chapitre du schématisme, Moi-méme, je ne puis sur/ce/point qu'insister sur le fait ue adhere pet aque fe sul ever ful quant au principe ear locum de I's imagination productrice » [9] appara également, bien qu’a des points de vue systématiques entiérement différents conime un motif d'une fécon ingpuisable de la doctrine kantienne philosophie critique dans son ensemble’, Il reste un point, & vrai dire, qu'il faut. se garder x \ ) i A \ @oublier pour saisir et interpréter dans l'esprit méme-de -" Kant la doctrine de la « finitude de a connaissance »: Cette doctrine aussi doit étre envisagée sous le double «point de vue » que Kant impose a toutes les investiga- tions dans le champ dela philosophie transcendantale et dont jamais il ne se départit. 11 nous faut toujours, dans de telles investigations, fixer notre regard sur deux , Voir sur ce point Za PMlosophie doe Formes symbotiquas U* Yoke ‘4B. [i paral prochatbement wn funteis ax Ba. do Mimsy, ‘ , 64 Ev OASSIRER objectifs. différents, distinguer monde «sensible » et monde « intelligible », « expérience » et « idée », « phéno- ménes » et « nouménes >, en nous gardant soigneusement de confondre. les deux domainés} L'intention de: Kant caractérisant la connaissance par sa «finitude » o'aequiert a son. tour son plein sens que dans cette double perspec- tive. Heidegger voit le moment essentiel de cette finitude dans le fait que Ientendement ne crée pas ses, objets mais les accueille — qu’il ne. les produit pas-dans leur étre mais doit se-contenter d'esquisser une «image » de cet étre ot de la poser devant sot par anticipation. Or, la philosophic. transcendantale comme telle n'a voir avee cette situation, elle n'a rien A voir. avec l'exis- tence absolue des objets ni avec le fondement absolu de leur étre. Elle ne porte pas diréetement sur les objets et leur origine mais sur le mode de connaissance des. objets 1éral-dans la mesure out celui-ci est a priori possib pour déterminer ce mode de connai: pour le distinguer et le délimiter dans sa_spé utiliser la représentation d’un centendement intuitus originarius »; toutefois, cette représen- tation ne désigne pas alors un « objet intelligible » parti- r, un tel entendement est « Iui-méme un. probléme, une représentation dont l'objet. n'est pas & connaltre discursivement & travers des catégories mais celle d'un objet dont nous ne pouvons nous faire la moindre représentation de la possibilité » (Critique de la raison pure, B 31J). Un tel. « probleme » n'est, pas — en somine-une limite réolle a laquelle se heurterait:notre connaissance, mais-un concept-limite qu'elle pose-d’elle- méme, qu'elle s'impose:.& eme pour; limiter: les prétentions de’ la sonsibilité... L'idée -d’entendement divin créateur qui produirait’en méme.temps les: objets qu'il connait, n’existe pas sans raisonen ce.sens.inais ne eu d’autre part ptre transposée au-dela de-son « usage [t0} négatif» ibid’. Co quiimplique que la connaissance, pour autant. qu'elle ne déborde pas sur I’« inaccessible », mais se meut dans le champ qui lui est approprié et ame- suré, ne peut absolument pas y étre dite simplement finie », et simplement réceptive. Elle posséde li, dans le Slomaine de 'expérience et de ses phénomenes, wn earac- ‘tere intégralement créateur. Autant il lui est impossible REMARQUES 65 de se forger une existence absolite ou de la « concoeter » a partir de ses concepts, autant elle est. bel et bien Ie fondement de tout cet ordre et cotte Iégalité des phéno- ménes dont nous parions sous.le nom de «nature» au sens de nature empirique. En ce sens, 'entendement reste toujours:« auteur de la natare », non de fa nature, comme «chose en soi, mais de existence des choses en elle est _déterminée par des lois universelles: imitation de lentendement manifeste-t-elle ment, et par excellence, son iméductible sponta- sa créativité auther et non simplement déri- Yentendement pour- fait pas dépendant delle Jement son subordonné. Crest cetie méme relation au contraire qui comporte ia puissance’. jositive informer et de déterminer toute intuition. 1 entendement qui seule confére a la tion, Jui permettant. ainsi de se rapporter A un «objet ». L'e objectivité » que. nous attribuons a Ja connaissance est done toujours. Vesuvre vité. ‘Toute’ pensée, serait « purement et n>, Quelle que soit la mn et pensée, Pintui- selon. Kant, Heidegger simplement au service de lintuit réciprocité du rapport entre int tion constituerait done toujours Fessence authentique do la connaissance ct en porterait le poids spécifique. Toutefois, meme en accordant. Tider d'une pensee simplement «au service »: de ion, il resterait encore une distinction a faire, Kant, un jour,'a prop de ce mot bien connu de la philosophie « servante de théologie », a dit qu'on avait beau accorder, & la rigueur, Ja formule, encore fallait-il poser la question de savoir était Ja servante qui porte la traine de sa maitresse ou celle qui la précéde portant le flambeau, Or, c'est en ce dernier sens, absolument, qu'il a va les relations del’intui- tion et de la pensée. L office rem service de Vintuiti a aurtonomie, tuition 5 elle-en. est-le but, sans qu'il s'y assujettisse ni se mette A ses ordres. Tant et si bien’ que Vétre: de Vintuition comme intuition déterminée —.et que serait, un éfre privé de toute détermination ? — dépend de'l fonction de l'entendement. Cela vant pour le temps-qui, I 66 E. CASSIRER selon Heidegger, est la condition absolument [11] originaire de Tétre, aussi bien que pour l’espace. La simple représontation du temps exige « que nous lirions une ligne droite (qui doit étre la représentation externe figurée du temps) en observant Vacte de -synthése du divers par lequel nous déterminons successivement le sens interne: et en observant, par la méme en lui la succession de cette détermination, C'est meme. le mouvement comme action du sujet (non comme déter- mination de Vobjet), donc la synthése du divers dans Yespace, si nous faisons abstraction de ce dernier et Wobservons que Vaction par Inquello nous déterminons le sens interne sclon sa forme, qui produit d’abord le concept de succession. L’entendement ne trouve done jas d'avance dans Je sens interne une telle liaison du vers mais il la produit en affectant ce méme sens interne ». (Crit. de la r. pure, B 154 sq.) Cette formula- tion appartient d la 2¢ édition de la Critique, mais Ia 17° a déja, en introduisant pous la premiére fois le concept de synths, exprimé sans ambiguité que nous ne potr~ tions sans elle avoir a priori ni la représentation de Yespace ni celle du temps, « car celle-ci ne peut etre opérée que par la synthese du divers offert par la Sensibilité dans aa réceptivitéoriginare.» (A 99) D'une maniére analogue, les Prolégoménes démontrent que, si Vintuition pure de l'espace, assurément, est lefondement ct le « substratum » de toute connaissance géometrique, autre part, tout énoneé portant sur un objet géomé- trique déterming renvoie a Ja pure fonction de la pensée ; «ce qui détermine l'espace comme cercle, comme figure cOnique ou sphérique, est 'entendement, car il contient le fondement de unité de la construction » (Proteg. §. 38). ‘Toute construction, justement, enveloppe nécessairement un élément de « spontanéité » ; ee qui s’« annonce 3 dans Jaconstruction, ce n'est pas un objet comme execevable » nous ne sommes pas simplement Lthypothése de Heidegger ne serait-elle pas au fond une sarme de. guerre ; peutétre sommes-nous d¢jé, non plus sur le terrain d'une analyse de la pensée kantienne, mais en plein sur celui de la polémique contre cette yensée ? Schopenhauer a adressé & Kant, comme on sait, le reproche davoir, dans la seconde édition de la Cri- fique, dissimulé et obscurei_ ses propres convictions, davoir par «respect humain »-mutilé son cuvre. Heidegger. s'est soigneusement gardé d'un tel vice @interprétation, d'un psychologisme si extravagant et groasier. Cependant, il n’ roduit pas moins lui aussi une explication’ « subjective » et _psychologi 14 of on serait en droit d’en attendre et den. exiger une objective et systématique. Et une telle explication a bel et bien été donnée assez nettement par, Kant en personne, Ce qui le poussait au renianicment de la premitre édition de la Critique, c’était expérience:de la recension Garve-Feder j Veffort d'opérer_ une séparation nette et expresse entre son idéalisme:« trans- wi Pa e. fait \ 4 REMARQUES 9 cendantal » et Vidéalisme. « psychologique », Ce souci le contraignit & déplacer le gghtre de gravité de Yana- Iptique transeendantale, plus ncore que précederment fu coté. de la déduction stbjective vers celui de 1a « déduction objective »; le contraignit & montrer que’ la question prineipale de la Critique de la raison étail de savoir comment et sous quelles conditions l'objet de Pexpérience est possible, et non comment la « faculté de penser » elle-méme est possible. Mais n’était-ce pas justement Ia thése que Kant soutenait deja avec une Si pressante insistance dans la Préface de Ia premiere édition de la Critique 2.(A XI). Et d’autre part n’a-teil pas; dans la seconde édition, conseryé sans changement Ie noyan de sa:doctrine de|'imagination transcendantale, Je chapitre du. schématisme, en lui gardant sa position contrale, systématique, décisive ? Je n’apergois. pas dans tout cela le moindre « recul » devant Jes positions conquises par lui-méme. De fait, il y avait longtemps que Vabandon d'une métaphysique de I'e absolu » ne cachait plus chez Kant la moindre frayeur. [22] Ce, est pas dans la Critique de ta raison pure » qu! abandonnée pour la premiere fois, mais des 1788, dans les Réveries d'un visionnaire, Nl ne chereha plus des lors a rivaliser avec les « batisseurs de nudes des. mond intelligibles » ; et loin que cet abandon signifiat pour une douloureuse renoneiation, il Tenvisagea en toute quiétude et sérénité d'esprit, pleinement conscient de Ja puissance de la pensée. ‘Au lien de s‘élever jus- qu’aux nuages, jusqu’aux « myst2res de I'autre monde » sur les fréles « ailes de papillons de la métaphysique », il mit, sa confiance en la « puissance astringente de la a Ta sagesse, Socrate au, milieu des denrées d'un marché : que de choses il existe, dont je n’ai nu] besoin ! v##, A ce climat TB: Brame sinse Gsiaterecshors, GW. (Cosseet) TI 835 sq. (oorootion Ye Ws wéférence erronéo indiquée duce 1 ‘Fond. . Courtes 11). 50 By CASSIRER de pensée, Kant est resté fidéle jusque Critique de la raison pure..La finitude comme telle, le fait que nos regards vers « lachaut » se heurtent & limpénétrable, ne lui apporte ni étonnement ni Si, quand on se plaint de ne pas apercevoir ir-des choses, on vent seulement faire entendre que nous ne saisissons | point par entendement pur ce que les choses qui nows ent peuvent. étre en intes sont enti’- justes et déraisonnables ; car on voudrait | pouvoir sans Je secours des sens reconnaltre les choses ite, les intuitionner, et par conséquent on un pouvoir de connaissance tout & fait de homme, non seulement quant au | degré, mais méme quant a Vintuition et quant ala nature ; on ne voudrait plus étre des hommes, mais des étres dont nous ne pouvons méme pas dire s‘ils sont jamais possibles, et encore moins ce qu’ils sont en eux-meémes (B 333). Le probléme théorique de cette sorte de «finitude» était done dés le principe trés famiier & Kent ct, méme du point de vue pratique, i ne se sentait pas non plus 4 Pétroit dans cette pers- ns Son éthique, en effet, il y-a bien’aussi un ée, unabsolu Pexigence, mais dont la prise ience et de possession ne nécessit plus de plonger son regard dans un « au-deld » au sens de la métaphysique dogmatique. « Le ceur de "homme, interrogesient deja les Réveries d'un visionnaire, ne contient-il pas immé- diatement des préceptes moraux, et faut-il absolument, our le moavoir ¢& ct 1A selon sa détermination, mettre les machines A ‘la remorque d'un autre monde ? » (S.W. Cassirer IT, 389) [Ak TI 372, Tr. 117}. L’cautre mondo », celui dont Kant a besoin et auquel if n'a jamais eregne des [23], mais agissant librement. Or, celle exigence, trouve-ts parfaitement compatible avec les conclusions de la = critique de la raison et en particulier’ avec Ja doctrine \/ de Vimagination transcendantale. Car ce «régne des {\ fins » ne pent plus étre soumis aux lois de cette imagina- !\ tion ; il ne peut plus étre « schématisé » sans perdre dans Yexpérience méme du schématisme son caractére authen- REMARQUES 81 tique; son essonce de pur « intelligible 3*°.La «loi morale» se distingue de la loi physique en ce sens qu’elle ne part pas du Lien que Phomme occupe dans le monde sensible extérieur mais de son « moi invisible », de sa personna- | lité, et qu'elle Te situe dans un monde qui posséde | ‘a vraie infinité, celle qui n‘est. décelable que par lenten- dement » Critique or V 174) [A 289. Tr. Picavet 173, Conclusion]. Je-ne vois pas que Kant ait jamais hésité ou pereu-un conflit enire ces déterminations : Ia limitation de l'usage expé" rimental des catégories aux schémes de Yimagination, | et son alfirmation du « suprasensible » dans cette autre perspective qu’est. le pratique, Pas de cassure, \ our Ju, pas d's abimes dans lequel il ne se serait pas — Tisqué. 4 plonger son regard ; la. correspondance est parfaite, la corrélalion integrate. L’« ablme » ne s'ouvre que si 'on prend pour départ et pour mesure le concept Hreideggerion “de « finitude » tout. autremnt coneu. ot iversinent fondé. Se figurer un Kant « angoissé », reculant de frayeur devant les ultimes conséquences de sa propre pensée me semble donc, en cet endroit également, tout compte fait, ne répondre a rien et n’étre confirmé par rien ; {1 me semble au contraire que l'une des caractéristiques cssonticlles et spéeifiques de Ia pensée kantienne est justement de ne s’arréter devant aucune conséquence des raisons « subjectives », de laisser en tous points Ia parole a la chose méme et 25a propre nécessité Mais 4 vrai dire, au point. o& nous en sommes, la simple « discussion » logique et la simple analyse concep- iuelle ne suffisent plus pour trancher ; esprit { Gesamis fimmung) qui anime et infléchit toute prend maintenant une importance essenticlle, sur Ta conception du souci comme «étre du Dasein», apercevant dans le «sentiment fondamental de ’angoisse » tne, « ouverture :privilégiée du Dasein », Tontalogie fondamentale de Heidegger ne pouvait dés le départ que transposer les concepts Kantiens —si tant est quelle prétendait rendre justice a leur sens purement logique — ans une atmosphere intellectuelle modifiée, Jes dégui- Ja raison pratique SW; Ci ‘Of mur ce point mon Kane Leben und Lote, 8° ed, pp. 373 sa. ee E, CASSIRER ser pour ainsi dire. Kant est [24] une fois pour toutes un enseur de I’ Aufkldrang au sens le plus élevé ot le plus Sefforce vers la lumiére et Ta clarté 1a meme ot ite Tes « fondements » les plus profonds et les plus cachés de.Vétre. Goethe disait un jour 2 , lorsqu'il lisait une page de Kant, es physique est la théorie des « fondements premiers de la connalstance humaine » at on prendre fendement en un X sous simple et pour ainsi dire innocent : la métaphysique doit démontrer et faire comprendre Jes. « principes » ultimes de cette connaissance. Pour Heidegger, en revanche, c'est la transcendance qui est au fond le «champ ‘de la question de l'essence du fondement Le fondement: correspond a la « liberté finie » » inais 1a Uberté, en tant qu'elle est ce fondement, est abtme (Ab-grund) du Dasein, « Loin que la conduite indivi- luelle libre soit sans fondement, la liberté, dans son essence de transcendance, pose Je Dasein comme. pou- yoir-étre dans des possibilités qui sont béantes devant son choix fini, c'est-a-dire dans soy destin ». «L'irruption delabime dans la transcendance fSndatrice est...le mou- vement originaire que la liberté accomplit en-nouis »!4, e telles. formules, par Jesquelles, selon Heidegger, idée de la « logique » se dissout « dans le tourbillon d'un guestionnement,criginaire , se comprennent & parti tu monde de Kierkegaard ; dans l'univers:de la pensée Kantienne, elles n'ont aucune place. Car: pour Kant, ce était pas V'angoisse qui. « manifestait le néant », qui. par 14 lui ouvrait le domaine de la métaphysique _et 'y engageait™, 11 avait découvert une forme d’« idéa- lisme » qui, d'un o6té renvoie, 'homme aux fausse et mauvai celle qui-ne nous porterait pas a celte sorte dob) et ne hous y obligerait pas. C'est en ce sens, que raisque soient considérees ot jugées les présentes remar- jues. Je crois que nous devons savoir gré a Heidegger \. je nous avoir clairement remis sous les yeux le veritable «événement » philosophique qui s'accomplit. dans Ia fondation kantienne de la philosophic et d'avoir rendu cet événement visible dans toute sa force et dans tout son poids intériewrs. Mais il n’a pas, me semble-t-il, parcouru le champ de la problématique de I'« idéalisme transcendantal ». Il n’a montré et situé dans toute son importance qu'une seule phase du mouvement d’ensem- ble, il n'a pas vu ce mouvement comme un tout et il ne l'a pas dévoilé dans sa légalité interne. Mesuré & Tensemble de univers kantien, ce que Heidegger dégage et développe sous nos yeux ne représente donc finalement qu'un aspect particl, Tl est un point sur Jequel je ne pense pas, en vérité, contredire Heidegger : cette sorte de limitation et de finitude est sans doute de toute: espéce dé pensée philosophique et de toute interpretation. en histoire. de. la. philosophic; et [26] nul d’entre nous ne peut se flatter d’échapper ce destin. La-c méditation chaque f ela tude » n’est peut-étre pas, comme Ie noyau authentique de la’ métaphysique : tout cas inéluctable et nécessaire comme maxime de et de recherche en philosophie. On n’en arrive pas ct &< d’habiles échanges et compensations de points me reste done qu'a développer la problé: le 5 t nous nous y attaquons a la lumigre de la problématique fondamentale de la métaphysique comprise originellement, par une voie Callers qui ne saurat jamais prétendze ete Ta possible » (Heidegger, p. 227) [213-292]. Dans mes entre~ Hens aver Heidegger a Davos, j'ai bien prévisé que je ne caresse ni le voeu ni l'espoir de le convertir et de Vattirer 4 mon « point de vue 2. Mais ce qui, dans toute iscussion philosophique devrait étre tenlé et doit étre en quelque sens accessible, c’est que les opposés appren- nent a se considérer avec justesse et cherchent & se com- prendre dans cette opposition. meme. que lle-ci nous Vv RECENSION DE ERNST CASSIRER: «DAS MYTHISCHE DENKEN>* par Martin HEIDEGGER Trapuction J.M. Faraup [1000] Ernst Cassirer (ord. Prof, £. Philos. an 4, Univ. Hamburg), Philosophie der symbolischen Formen. 2. Tei Das. mythische Denken. Beilin, Bruno Cassirer, 19: XVI u..320 S. 8°. M. 10, —3 geb. M. 13, — Le second volume de 'important ouvrage de Cassirer est dedié 4 la mémoire de Paul Natorp. Le titre «La porisée mythique » pourrait induire le lecteur A chercher Wetheme dominant de eette étude dans une mise en évidence de Poriginalité des opérations de la pensée mythique. par rapport a celles de la pensée purement Togique. Au lieu de ecla, c'est précisément la dépendance ) de la pensée mythique en tant quractivite de Tentende- ment. que l'auteur aire ressortiz en établis-( sant. la fois quelle repose. sur une «forme de vie »| spécifique et comporte une « forme d'intuition » qui en Televe. « Penser > ici ne. signifie pas autre chose que ‘ songer et aspirer », (Sinnen und Trachlen)! ce qui toute- fois, posséde une structure propre (modalité d'interpréta- = Brust Casemun, Philovoghie dor symbotlichen Forman, 2 Pas Dao mpihisehe Denton. Raconaion pas Martin intozaces, im + Deut ‘Titerahurseiting, 2. Hale 1938. Colona, 1000-1012, — Lae chilies ent Tenvolent ate closes. = 1 ftee peasdes an won lange Te Asie st Jor ebvee:] 88 M, HEIDEGGER ne de déternsination), Le dessein de l’enquéte est done de dev ler le « mythe » comme une possibilité de pooaned umaine, & laquelle revient une vérité propre. posant ainsi le probleme, Cassirer adopte explicite- 1 les a pénétrantes de Sch: , cent adire ily aiew de tout comprendre en el ds mythologie) gel le 1 xpeime ef mom comme si quelque chose ue chose d’autz * f fjon ata Philosophia de fa mpihalogie, SW. 7 ete e mythe, «Je destin d'un peuple » (Schelling), est un mme demeure soumis, mythe non pas « une inferorite ae Pesbuit ne shape apparence, nas une spulssane structurante spec fate. it nen congoit pas meins Ja tache d'une philosophie da rythe touf autrement que Schelling dans sa métephy- sigue speeulative [2001], Sans doute une explication du aythe du type de celle dela psychologie empire ne Pilon ‘dus Casdfor tone en tasntenset pilos en mi Be oben > du mythe et en récusant Tincerpretaton , une « phénoménologie de la mythique ». Celle-ci se donne pour sion de 1a problematique transeendantale au sens ncoken fair non Seulement Punte de fa natre mate Fa ¢ la «culture » comme renvoyant aux loi Lic objectivite » du mytho Tide dans ae subjects ion comprise; il est un « principe speeifique de Fordre esprit assurant organisation du monde » (p. 19) icnlormément & ce point de départ ainsi défini, des Tintroduction (p. 1A 36), Gassier propose une interpré- on du mythe comme « forme, de pensée » Section 1 pes 1), comme «forme de I'intuition » (Section II, pps 8 ), comme « forme de vie » (Section III, pp. 191- 283), of termine ensemble par une description de la silatigue de a conscience mythique » (Section 1V, analyse de la forme de SUR «DAS MYTHISCHE DENKEN» 87 selon la conception de Tinterprétation de Kant par Cohen : organisation active en. « cosmos » d'un « chaos » impressions passivement donné, sert de fil conducteur 4 cette caractérisation. Un trait fondamental_ de, Gonseience mythique d’ objet réside dans le fait qu'il n'y @ pas de frontiere tranchée entre ce qui est révé et ee dont, Pexpérience a lieu & Tétat de veille, entre ce qui est’ simplement imaginé et ce qui est percu, entre Vimage et [a copie, entre Ie mot (signification) et Ia chose, entre ces aqui est désiré et effeetivement possédé, entre ce gut ost Givant et ce qui est mort. Tout demeure sur le seu! plan ontologique tniforme de ce qui est immédiatement present par quot Yexistence mythique (das_mythische masein) est comme frappée. de saisissemént, Cette cons cience dobjet a, en matiere d’e explication» et de réhension », des exigences qui lui sont propres ct i suffisent. La co-présence (Mifanuesenheit) de Melque chose avec quelque chose d’autre, « donne » Hexplication : Mhirondelle fait V'été. Cette action par Taquelle une chose entraine aver elle une autre chose a Te caractére dune efficacité magique (cf. plus bas). Ce qui ‘git ainsi n'est pas absolument gratuit mais est déterminé Spartir du contexte fondamental de V'expérience ma- gique. Si arbitraires que ces « réseaux de relations de la fealité » magique puissent paraitre, du point de vue de la Considération théorétique par exemple, ils ont cependant. eur verité propre. La pensée mythique ne connalt pas) Ja dissociation analytique du réel en séries causales. T.a ‘conception que se fait fa magie du rapport de tobt et de Sartié met, distinctement en relief Ie fait qu'elle appré- Jende fe réel comme un tissu: de relations enchevétrées. [1002] La partie «est » le tout, Inkméme, c'est-A-dire Hwelie posséde intégralement Veffieacité magique de Rtai-ei. "Toute « chose » dans le tout des forces magiques. porte en soi son appartenance a d'autres. « La lot de la Ronerescence ou de coincidence des membres de. la felation » (p. 83) vaut pour la pensée mythique. ‘Dans la 2° Section, Cassirer montre l'actiop, qu’exerce cette forme de pensée sur la compréhension de Vespace, Gu temps et da nombre. Cette doctrine des formes du mmythe est précédée d'un chapitre « L’opposition fonda Tmeniale » (pp. 95-106). La caractérisation de la cons: Gience @obje’ mythique a déja fait ressortir comment 88 M. HEIDEGGER Yexistence mythique est touchée, frappée de saisissement et subjuguée par ce qui est présent. Présence signifie précisément excts de pu'ssance. Et c'est ici que réside le caractére de extraordinaire, de_T plus, il-posséde. son caractire d’étre, ‘de ‘chanal », dans Thorizon dune exceptionnelle’ puissance: excessive. Cette « dichoto rrimitive » du sacré et du profane ost, quel que soit Petant “quanta sa: teneur intrinseque, articulation maitresse du réel avec lequel Texistence mythique est en rapport ». Ce trait ontologique du «monde» my- thique et de Pexistence mythique la notion de mana qui, pendant les derniéres décennies, ‘est apparue de plus en plus nettement, dans la recherche sur les mythes, comme: une, voire comme la.catégorie fondamentale de la pensée emythique ». Le mana ne désigne pas une sphere déterminge d’obj pas non plus le rapporter a certains fore mana est le caractére ontologique «modalité »: (das « Wie») sous laqui toute existence: humaine. Les expressions. « mana», «wakanda », « orenda », « maniton », sont des interjec- tions lancées immeédiatement sous le coup des assauts de Pétant. (pp. 98 sq., 195 sq., 228) (ef. également E. Casst- gen, Langage, myle, “Etudes dela Bibliotheque ‘Warburg, 1925, pp. 52. sq. ol est proposée prétation encore plus transperente de la notion de mana dans ses rapports avec le probleme du langage). ‘Dans le Saisissement originaire dont la frappe Ie réel imprégné de mana, i i Yarticulation des dim se meut déja en tant que telle «-détermination » de espace, du La modalisation spécifi caractérisée constamment. par Yauteur en contraste avec l'interprétation conceptuelle dont ces phénomenes. font l'objet dans’ la “physique mathématique moderne. ‘Le « sentiment fondamental du sacré » et la-« dichoto- mie primitive » qu’ll enveloppe distinguent aussi bien la conception générale de l'espace que [1003] le genre des différentes délimitations qui y. sont introduites. L’arti- SUR sDAS.MYTHISGHE DENKENs — 89 culation originaire ‘de: espace, articulation d’oi pro- céde sa découverte méme, distingue deux « domaines » : un domaine «sacré », distinct, défendu et protégé en conséquence, ‘et une région «commune», accessible 4 chacun. L’espace n’est toutefois jamais donné « ensoi préalablement, pour étre ensuite « interprété » de face mythique. L’existence mythique, au contraire, découvre en tout premier. lieu l'espace selon la modalité qui a été dite. En outre, Vorientation mythique dans l'espace est pour les relations de Pexistence les plus diverses ( €x. les classifications compliquées de l'aire totémique). L’existence mythique se procure ainsi les moyens géné- raux d’une orientation uniforme, facile & dominer. Plus encore que l’espace, le femps est dynamiquement constitutif-pour l'existeneo mythique. Dans Ia caracté~ Tisation des relations qu'il comporte, Cassirer se fonde sur le concept vulgaire de temps et comprend par earactire « temporal » du mythe I’« étre-dans-lo-temps », par ex, des dieux. Le « caractére sacré » du réel mythique est déterminé par son origine. Le passé en tant que tel stayére étre le pourquoi authentique et ultime de tout étant. La puissance du temps satteste dans Ia périodicité des saisons, dans les rythmes des phases de la vie et des degrés de age/Les ifférents intervalles sont des « temps ~ sacrés », le comportement a leur égard, loin d’étre un simple calc! réglé par certains cultes et rites (par rites d'initiation). L’ordre temporel est, en tant ‘dre du destin, une puissance cosmique et révele 28 lois avec un caractére obligatoire qui pénetre ctivité de Vhomme. Les échéances du calen inflexions-qui correspondent chaque fois aux différenees dans le sentiment du temps et les conceptions du temps 590 M. HEIDEGGER qui sont prescrites fondent «une des plus profondes différences » dans Ie caractére des diverses religions. Cassirer. esquisse a grands traits Timage du temps caractéristique des Hébreux, des Perses, des Hindous, dans les religions chinolse ‘et égyptienne et dans la philosophie grecque (p. 150 sq.» Les nombres ct les rapports numériques sont égale- ment. compris dans existence mythique partir du caractére (1004] fondamental de tout ce qui est en que facon, @ partir de la puissance dominatrice. yhaque nombre a sa « physiognomie individuelle », sa force magique propre. Lridentite numérique se donne — méme lorsqu'il s'agit de choses trés différentes — pour une identité dans ’étre, conformément au principe de Ia concrescenee : « toute magie est pour une grande part magie numérique » (p. 178). La_détermination numérique signifie non pas ‘ordre & V'intérieur d’une série mais l'appartenance 4 un domaine déterminé du prodigieux. Le nombre est le médiateur qui unit le tout, de la réalité mythique dans V'unité d'un ordre & la puissance dominatrice\ St diversement que puissent Storganiser Ies doctrinés mythiques des nombres, si variés que puissent étre les privileges accordés’ par le nythe i certains nombres (le trois, le sept par exemple), on peut montrer que Vespace et te temps livrent dans chaque cas Ie modéle originaire a partir duquel certains nombres sont sacralisés : les points cardinaux, par exemple, pour la saeralisation du nombre quatre. Quant & la Sacralisation du nombre sept, elle renvoie a la puissance dominatrice du temps manifestée dans les phases de la Iune grice 4 une quadripartition du mois de ‘vingt-huit jours offerte en quelque sorte 4 Vintuition, Par contre, dans le privilege que le mythe accorde au nombre trois apparait encore le rapport originaire des personnes'du pére, de la mére et de l'enfant, de méme que, dans le langage, le duel et le triel renvoient aux relations entre je, tu et il — relations originairement puissantes dont le caractére numérique Tui-méme reste encore entiérement prisonnier du caractére de lefficacité magique. De analyse du monde mythique de I’ de sa découverte ef de. sa déterminatis +t, du mode la méme SUR «DAS MYTHISCHE DENKEN» — 91 problématique passe & la « réalité subjective » et & son dévoilement dans le mythe. Cassirer commence ces discussions par une critique radieale et pertinente de Peanimisme » qui domine toujours sous les formes les verses, la problématique de 'ethnologie. Le monde de Vexistence mythique ne peut étre simplement inter- prété 4 partir des représentations chaque fois dominantes Ge Pame car’ tout d’abord le «sujet » en tant que tel demenre précisément voile. Par ailleurs, pour autant que Texistence mythique se connatt elle-méme purement ot simplement, elle no s'interpréte pas non plus uniquement a partir d'un monde congu seulement comme un monde de choses. L’existence mythique comprend l'objet et le sujet, ainsi que le rapport de de cé qui, de facon, genér , caractére du réel, c'est-t-dire 4 partir du mana. Ce quill convient précisément de montrer, c'est comment Yexistence mythique qui, dans son « sentiment indéter- roiné de la vie », demeure asservie a tous les étants, et le monde, une confronta- 9 dans Fagir contribue & manifester cela en éclairant, en retour, de fagon remarquable, l'agir lui-méme dans ses différents « pouvoirs », Dans I'hori tré de puissance magique, Pagir magique. «La premiére force avec laquelle fait face aux choses en tant qu'étre distinct et,indépen- dant est la force du soukait » (p. 194). « La profusion de divinités qu'il se crée ne le conduit pas seulement & travers le cercle de I’étre objectif et des événements mais surtout & travers le cercle de son propre vouloir et de ses accomplissements et lui découvre & Iui-méme ce cerele de Vintérieur » (p, 251). Le processus ultérieur du dévoilement de la « subjectivité » et de ses ‘comporte- ments s’accomplit dans le passage des mythes de la nature aux mythes de la culture, jusqu’a ce qu’enfin, dans le maniement plus ou moins exempt de magie de Youtil, le contexte ontologique des choses so manifeste de son propre mouvement comme indépendant tandis que Phomme lui-méme s’affranchit de T'asservissement Magique aux choses et que, en prenant du recul par 2 M, HEIDEGGER laisse /précisément celui-ei survenir « objective » , de-méme que le sujet ne se trouve pas & partir de simples choses devant lesquelies il se tiendrait — ou en remontant a elles —, ainsi une relation articulée sociale quelconque ne sont pas tives pour devolle la subjectvité. isme, considéré 4 tort comme phénomene fondamental de existence mythique, ne peut s'expliquer sociologiquement. Au contraire, toute articulation so- ciale et articulation indi accompagne, ainsi que le totémisme lui-méme, ont besoin d'etre «fondées » sur Je mode d’étre originaire de existence mythique et de la représentation di mana q Le probleme spécifique du totémisme ré que, de fagon générale, non seulement I’ imal, voire Ja plante sont enlacés dans certaines connexions, mals que chacun des groupes particuliers posstde son totem particulier. Le laboureur, le pasteur et Je chasseur dépendent, chacun 4 sa maniére, des plantes et des animaux, ce qui se manifeste immédiatement comme parenté magique mais permet en retour aux spheres de la vie humaine dont il s'agit de s’exprimer en tant que telles. Le totémisme n’est pas causé par des espéces déterminées de plantes et d’animaux mais il vient de rapports existentiels élémentaires de homme avec son univers. Cen’est qu’en se fondant surla représentation du mana qu’on peut aussi comprendre comment la conscience de soi individuelle se constitue et comment le « concept » d’ame sarticuld, Ce qui sera distingué par la suite conceptuelle- ment comme corps et ame, comme vie et mort, cola [1006] est certes deja réel ‘pour Pexistence mythique, mais sur Ie mode de la puissance magique selon laquelle Je mort, lui aussi, est et selon laquelle une force psychique se manifeste méme lorsque "homme a qui elle appartient est pas corp. ent présent\ C'est précisément dans de Vefficacité magique que les différentes forces ques, ou les différentes ¢ ames », peuvent: appa- séparément et cohabiter. De facon analogue, le développement de existence individuelle est réparti sur différents sujets entre lesquels certaines transitions sreffectuent.. L’existence niythique, & Tintérieur du SUR «DAS MYTHISCHE DENKEN» 98. champ des forces magiques qui pésent sur face de sa « propre » ame comme en face d'une puissance « étrangére »f Méme 1 o& I représentation. d'esprits protecteurs s’éveille, le Soi propre est en quelque sorte tune puissance-qui se charge du moi . Le démon magique ne devient daimonion et génie qu’d des degrés supérieurs, si bien que c'est seulement a la fin que Yexistence est déterminée 4 partir non plus dune puissance qui lut reste étrangére mais de ce qu'il: peut faire Jibrement, de son chef, en tant que sujet moral. comportement fondamental en face-de la réalité ne peut jamais etre simplement contemplation mais. doit etre pareillement action; action qui se développe comme cutte et rite, Tout récit mythique n'est jamais qu'un rapport postérieur aux actions sacrées. En elles, par contre, Texistence mythique se manifeste de fagon immédiate, Plus le culte se développe tot, plus le sacrifice ¥ tient une place centrale, Le sacrifice est certes renonco- ment, mais en méme temps il est une action que l'on soi-méme oit s’éhauche un certain détache- ment: par rapport & la puissance exclusive des forees mythiques. La libre puissance de V'existence s'y dévoile et en méme temps le fossé s'élargit entre 'homme et Dieu, ce qui, a un stade supérieur, exigera un nouveau dépassement. Pe mythe’ se révele ainsi une force d’organisation uniforme, obéissant a des lois originales. L’orgenisation mythique atteste une dialectique interne ott les formes antérieures continuent & se former et se transforment, mais oit elles ne peuvent étre simplement rejetées. Le « processus » mythique s'accomplit dans réflexion. Lorsqu'll a parcoura la série de ses possibilités, il-va au-dela de son propre dépassement. Cassirer cherche & montrer cette dialectique dans les différentes positions que le mythe adopte 2 I'égard de son propre univers images (pp. 200.sq.). : Le compte rendu succinct qui préctde a da renoneer méme a esquisser I'ample documentation empruntée & Fethnologie et 4 V’histoire des religions sur laquelle Cassirer a établi son interprétation dit mythe et qu'il a intégrée aux différentes analyses avec le don d’exposition 4 ‘M. HEIDEGGER Glaire et habile qui Ini est propre, [1007] La Warburg de Hambourg, grace ‘aus: nombreux et rares qu’en particulier par toute leur disposition Iui a apporté une aide exceptionnelle dans son entreprise (cf. Avant-propos, pp. xin sq. Jes analyses des phénomenes du mythe, il y particulier de citar celle de la fonction do Y'outil dans le dévoilement du monde de l'objet (pp. 261 sq.) et: la fonction du sacrifice (pp. 273 sq.) Aprés avoir précisé les caractares de cette philosophie du mythe, il nous faut prendre position de trois points de vue successifs. D'abord il faut nous demander : qwapporte cette interprétation pour le fondement at Ja méthode des sciences positives concernant Pexis- tence mythique (Ethnologie et Histoire des Religions) ? Puis il faut examiner les fondements et les principes méthodologiques sur lesquels repose pour sa part sophique de Vessence du mythe. Fina- se Ia question fondamentale de la fonction du mythe dans existence humaine et dans le tout de I’étant en général. Dans la ligne de la premidre question, Youvrage de Cassirer se révéle une entreprise de valeur. Il porte a un niveau fondamentalement supérieur la_probléma- tique des recherches positives en mythologie en prou- vant de multiple maniére que le mythe n'est jamais i par un recours & telle ou telle sphére intérieur du monde mythique. Cette eritique des tentatives d'explication naturalistes, totémistes, animistes et sociologiques frappe juste en’ tous points. Elle se fonde pour sa part sur uné détermination préa- lable du mythe comme fonetion autonome de l’esprit. Cette conception du mythe, si elle pénétre les recherches empiriques, fournira un fil condueteur trés sir pour reunir et analyser des faits nouveatrx comme pour élabo- rer a fond des données déja acquises, Pour juger maintenant de cette importante inter- prétation du mythe non seulement du point de vue de sa fonction de fil conduetour dans les sciences positives mais aussi selon sa teneur philosop faut aborder les questions suivantes préalable du mythe comme fonction de la conscience constituante est-elle pour sa part suffisamment fondée, SUR «DAS MYTHISCHE DENKEN+ 95 it sont les bases d'une telle fondation coup sar inéluc- table ? ces bases elles-mémes sont-elles suffisamment assurées et élaborées ? En fondant sa détermination préalable, qui le guide, du mythe eomme puissance constituante de esprit (« forme symbolique »), Cassirer se réclame essentiellement de la «révolution cope nieienne » de Kant, selon laquelle toute « réalité » tre tenue pour Je produit d'une forme conférée par la conscience constituante. ‘ont q'abord, Vexplication, proposée par Cessirer et, en_ général, par V'explication’ néokantionne de la con 1068] de'ce que Kant entend par révolu- tion cops me », atteint-elle au cceur de la problé- matique transcendantale comme problématique onto- 2 elles ? Iya de mis a part — est-l possible d’c élargir > purement et simplement Ja critique de la raison pure en « critique de la culture » ? Est-il done si sir, on n'est-il pas plutot hautement contes- table, que les fondements de T'interprétation transcen- dantale kanticnne de la «nature » sont expressément dégagés et fondés ? Qu’en estril de Pabsolument indis- penisable élaboration ontologique de la constitution et du mode d’étre de ce qui, aveo assez pen de précision, est appelé tant6t «conscience », tantot «vie», tantot », tantdt « raison » ? Avant de se demander si on peut s'appuyer sur Kant en « élargissant » son probleme, il convient tout d’abord de ticer au clair les exigences mndamentales mémes du probléme qui se pose lorsque Yon considére te mythe comme une forme fonetionnelle 'c esprit ». C'est alors seulement qu'il pourra étre ju’ quel point il est intrinsequement ié de roprondre Jes problématiques ou ant. Liinterprétation essentielle du mythe comme possi bilité de Vexistence humaine reste aléatoire et errante tant qu’elle ne peut se fonder sur une ontologie radicale de V’existence, a la Iumiére du probléme de V’étre en géné- tal. Ce n’ekt pas ici le lien d’expliquer les problémes fon- damentaux qui surgissent A ce propos. Il suffira de mettre en évidence, grice A une critique immanente de interprétation du’ mythe par Cassirer, quelques pro- Hémes capitaux irrécusables, pour accuser et tirer au

You might also like