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Baudelaire Edition établie par Giorgio Agamben, Barbara Chitussi et Clemens-Carl Harle Traduit de Vallemand par Patrick Charbonneau La fabriqui " s de Iéditeur sont traduites de Vitalion Par Bi Introduction —7 I.Protohistoire — 23 I, 1. Baudelaire ou les rues de Paris — 25 T, 2. Qu’est-ce que aura? — 29 HT, 2. Notes sur des poemes de Baudelaire — 39 TL, 3. Questionnaire — 56 IL, 4. Liste de noms — 59 TL, 8. Questionnaire ll — 60 If, 6. Liste des revues dans lesquelles Baudelaire a publié — 61 TI. De la documentation a la construction — 63 ‘Mf, 1. Schémas et projets — 67 IIL, 1, 1 Lettre de Walter Benjamin & Horkheimer, 16 avril 1938 — 67 Ul, 1, 2 Plan de l'@uvre — 68 ML, 1, 3 Schéma 1 —72 ML, 1, 4 Schémas — 73 Ill, 1, 5 Schéma de la troisi¢me partie — 74 ML, 2. Les listes thématiques — 75 Hl, 2, 1 Schéma-code — 78 2 Listes des themes, Premiere partie — 80 —795 2,1 Fragment d'une introduction — 795 2,2 Premiere réaction du fragment uno "¥,2, 4 Lémergence des produits... — 805 __¥,2,5 Variantes de rédaction — 807 __¥, 2,6 Variante de rédaction II — 814 ¥V.2, 7 Sur «A une passante» — 823 ; 10 novembre 1938 — 829 "Mi, 1, 2 Lettre de Walter Benjamin a -W. Adorno, 9 décembre 1938 — 835 ‘VI, 4. Vers la rédaction — 932 Vi, 4. 1 Passages du Ringbuch — 932 2 Sur le noctambulisme — 941 ‘Vi, 4, 3 Comme le nageur — 942 4,4 Lexpérience vécue — 943, VI, 4, 5 Baudelaire en face — 946, ML 4. 6 Noto do régio — 947 949 themes baudelairiens — 951 ‘Autres fragments rédigés— 994 Vi. 6, 1 Le type et la valeur d’échange — 994 V1, 6, 2 Notes pour la rédaction — 1007. VI, 1. Appendices — 1010 Vi, 7, L Notes sur les Tableau parisiens de Baudelaire — 1010 VI, 7, 2 Résumé de Ue — 1019 VII. Au-dela du texte— 1023 ‘Vii, 1. Le progres n'est aucunement... — 1025, ‘VET, 2, Nouvelles thises — 1026 ‘VII, 2. Sur le concept de préhistoire du xix° sidcle — 1029 Pour Vexplication détaillée du contenu des sept sections, voir leparagraphe IV de U'introduction de Giorgio Agamtien, p. 18. 1. En mars 1937, Walter Benjamin, qui vient tout juste de terminer son essai sur Fuchs, fait parvenir trois projets de recherche a Institut fiir Sozialforschung. Le premier porte sur Klages et Jung: il devrait permettre d’éclaircir quelques options méthodologiques a I'wuvre dans les Passages par siens auxquels Benjamin travaille depuis plusieurs anné le deuxiéme est une «comparaison entre exposition de V'his- toriographie bourgeoise et lhistoriographie matérialiste» et devrait permettre & son tour de mieux déterminer la structure conceptuelle du livre: «et enfin», éerit-l, «dans hypothise ot Yous ne vous sentiez pas capable d’approuver réellement ‘ne telle maniére de faire... je pourrais alors vous proposer entrer in medias res et de m'occuper directement du cha- pitre sur Baudelaire » (GB, V, 489-490). Horkheimer rejette le premier projet, qui aurait pu fait naitre au sein de l'Institut tun débat délicat avec Erich Fromm sur la psychanalyse, et le deuxiéme parce qu'il risquerait de recouper des themes déja ‘raités dans essai sur Fuchs. Il s/arréte sur le dernier projet: «cela fait longtemps que la nécessité d'un article matérialiste sur Baudelaire se fait sentir. C'est pourquoi je vous saurais infiniment gré si vous pouviez vraiment vous décider a écrire toutes affaires cessantes ce chapitre de votre livre» (GS. V, 2, p. 1158-1159). Quelques mois plus tard, aprés avoir surmonté les difficul- {és liées & un déménagement, Benjamin se met au travail #¢ moment, le projet apparait & ses yeux et aux yeux de commanditaires comme un chapitre du livre sur Paris, capitale du xx’ siecle («Passagenarbeit» ou plus simplement r Passagen selon la désignation familiére utilisée dans les lettres aux amis). L'exposé les Passagen aux amis Schematisierungs Wall en ces tormeg arjonesauras fondamoniaus s. En revanche, ed qui équivaudrait au wiple, et w Rita qui 6quivaudrait au double (G1 Mfaut souligner e statut particulier Par Benjamin (le «modele en mini, sur Baudelaire. De fait, s B, V1, p. 64-65), Introduction de Teouvre. De nouveau, le 8 juillet, alors quill est au Dane mark avec Brecht, Benjamin présente l'essai dans une lettre fholem comme un «modale trds précis du Passagenarbelt {qui met en mouvement ensemble des pensées et des études de ces derniéres années» (GB. VI, p. 131); et, quelques jours auparavant, il écrit a Pollock que ce travail en cours est comme un « concentré (Extract)» des Pariser Passagen qui permettra «un coup perspective dans les, profondeurs du xix" siéele» (GB, VI, p. 133), ‘Un mois plus tard, Benjam sation des matériaux du liv Pévi se livre a une nouvelle organi ct de sa structure et se rend & nce: le «modile en miniature» est devenu désormais ivre autonome qui finit par englober une partie impor- tante des matériaux et des themes prévus pourles Passagen: ai communiqué a monsieur Horkhelmer que son invi- tation rédiger la partie sur Baudelaire a fini par deve nr, co1 t sans doute pu s'y attendre pour toute réélaboration d'un matériel que j'avais accumulé depuis trop longtemps, une invitation & éerire un livre. J'ai essayé de me confronter aux nécessités qui relevent de Ia chose méme; elles ont porté a ce résultat qui n'avait. as ét6 pris en considération & Vorigine. Ce livre n'est pas I'équivalent des Pariser Passagen; mais il contient ‘non seulement une partie importante des matériaux que Javais rassemblés pour eux, mais aussi une quantité des contenus de caractére philosophique (GB, VI, p. 158-159), Le 3 aodt, dans une lettre oit la structure triadique du livre se trouve une nouvelle fois précisée, Benjamin souligne encore le poids qu'il ne cesse de prendre dans l'économie de son laboratoire critique: 11 était évident qu'il aurait fallu traiter le «Baudelaire» de maniére autonome par rapport au contexte des études ct des réflexions pour les Pariser Passagen (.... Les caté- gories fondamentales des Passagen, qui convergent dans Ja détermination du caractere fétiche de la marchandise, entrent pleinement en ligne de compte dans le «Bau- delaire». Et pourtant, leur développement, quand bien méme on tenterait de le délimiter, dépasse de loin le cadre d'un essai (GB, VI, p. 149). Le quisensuivit vont, deleuvre, ‘etje travaille entraine une dépenda1 ‘on peut bien réserver & ce que Dans aucun M. lune tele certitude du point deh hod Si, a-dela du projet or} originaire, fia ae pate Aor des pssiis optima ea «Baudelaire ». C'est pourgu matériaux essentiels et des éléments conciraeny. o> Passagen so sont ori pe as ientés spor (Gap ean rientés spontanément selon co sujet Mais que le «chapitre» sur Baudelaire ait fini par agir a i ir alor te ao ee ee {jue le chapitre sur Baudelaire des Passagen Sous onaeninta'accompir, je la verrais pluto résorvee deux chapi Passagen :le chapitre sur Grandvil celui sur Haussmann (GB, Vi, p. 163), af Amauvals accueil réservé a essai par l'nstitut fiir Sozial- ‘ainsi que la correspondance serrée avec Adorno ouvrir une nouvelle phase dans I'é Malgré linconfort («!' ince anormale de l'accuei je fais»; GB, VI, p. 217), ine révision du deuxidme Projette tout de suite ur Introduction ‘comme j’en ai maintenant impression) viennent conver- ger toutes mes réllexions alors méme qu’elles naissent de points divergents (GB, VI, p. 308). La nouvelle rédaction partielle (qui correspond au second chapitre de la rédaction précédente et occupe donc la section centrale de la deuxitme partie du livre entier) est achevée fin juillet 1939. Cette fots, elle est accueillie avec enthou- ssiasme par les amis de New York. Que le livre soit désormais aancré solidement au cur du travail théorique de Benjamin ft ce, plus encore que les Passagen, est attosté par le fait ‘qu'il puisse présenter les thoses sur le concopt d’histoire (omposées selon toute vraisemblance pendant les premiers mois de l'année 1940) moins comme un texte autonome que ‘comme une «armature théorique pour le second essai sur Baudelaire» (GB, VI, p. 400); «dans la mesure oi elles ont ‘un caractore d’expérimentation», écrit-il un mois plus tard & Gretel Adorno, «elles fonctionnent et non pas seulement du point de vue méthodologique, comme une préparation a la suite du Baudelaire» (GB, VI, p- 436) De «modéle en miniature» du livre sur Paris, Baudelaire fa fini par devenir le lieu oi le projet d'une «préhistoire du xix’ siclem, qui avait été d’abord confié aux Passagen, a pu Sans doute trouver sa réalisation la plus achevée, celle en tout cas oit tous les motifs de la pensée de Benjamin semblent converger. La derniére mention du travail en cours se trouve dans une lettre du 7 mai 1940 (GB, VL, p. 444), quelques ‘semaines aprés que Benjamin a fui Paris pour Lourdes et Marseille d'abord, avant de tenter de traverser la frontiére franco-espagnole de manidre clandestine et de trouver la mort & Port-Bou le 26 septembre 1940. TE. Les Passagen (ou, plus exactement, l'ensemble des fiches et des matériaux qui en constituaient le fonds documentaire) ‘ont été publiés par R. Tiedemann en 1982.comme cinguieme ‘Volume des ceuvres complétes de Benjamin. Du livre sur Bau- delaire avaient 6 en revanche publiés dans le premier volume ides couvres completes les deux parties qui avaient atteint leur degré de rédaction définitif: c'est-a-dire la premidre rédac tion de la deuxidme des trois parties prévues par Benjamin («Das Paris des second Empire bei Baudelaire/ Le Paris du i hoz Baudelaire») ct la nouvelle rédaction de de cette méme partie (« Uber einige Motive u on changea du tout au tout, en 1981, quand un responsables de la présente édition, travaill lant sur ie Georges Bataille la Bibliothoque nationale eek de tomber sur un vaste ensemble de manuserits ae Benjamin laissés en dépét a la BNF par la veuve de Batali Une des enveloppes (cataloguée comme la cinquiéme) conte. nait un ensemble de fiches et de notes qui renvovaient de plusieurs maniéres au travail sur Baudelaire. Or, ees dos ‘ments (auxquels s’ajoutent quelques manuscrits retrowves peu aprés sur la méme piste) ne ermetient pas seulement Feconstruirola structure dulivre avec une precision releases Introduction ‘une éaltion historico-critique des textes de Benjamin, quand bien méme une telle décision aurait dépassé les limites d'une telle édition» (GS. VI, 2, p.736). Le présent volume est une tentative doffrir sinon une telle Edition historico-eritique (de fait, en traduction, elle nest tout simplement pas pensable), du moins une édition histo- Fico-génétique qui permette, sur la base de l'ensemble de Ia documentation aujourd'hui accessible, de suivre de maniire fexceptionnellement riche et articulée la genise et le dévelop- pement, dans les différentes phases de sa rédaction, du work in progress que constitue en un certain sens la somme du de rier Benjamin. occasion a semblé dautant plus précieuse que Benjamin, & qui il arrive de discuter avec ses amis de maniére souvent minutieuse des présupposés théoriques de ‘Son travail, semble en revanche avoir tenu & maintenir jalou- Sement le secret sur les processus pour ainsi dire matériels de sa production. C'est pourquot, on le sai, ils ont ainsi fini x yeux de ses amis et des critiques une aura ils permettent aussi d’éclairer de maniére inattendue i légendaire sr do maniére inattendue ala fo sie Ja gendse et 'évolution de Veruvre et, de maniére plus gens rale encore, l'ensemble de la méthode de travail du de ce jode de travail du dernier Michel Espagne et Michael Werner, qui furent les premi i b qui premi _Fecherche approfondie sur les manuscrits relatifs au Baude- daire!, ont affirmé sans la moindre rés arisiens permettent une «nouvelle évaluation de | Ipodiacion de Walter Benjamins or heehee mentation et celle do la construction. Espagne et Werner, qui ee aren eae eller Bauder 9] ory’ Sol pa ne enteni cenme oe «avon tor bask ion sur le Passagen-Werk née de I | Sra menaieniicn de jhases de travail», mais comme tion Tiedemann, était injustement tombe dans chronologique entre deux phases de travail», térisme, Or, précisément dans la mesure oit il permet de suivre dans toutes ses phases et de maniere extré- mement articulée le processus de sa gentse et de son déve- Ioppement, le livre sur Baudelaire fait mentir cette légende ct présente au contraire dans son processus méme le modele une écriture matérialiste telle que Benjamin l'appelait de Ses veux: une éeriture dans laquelle non seulement la théo- rie illumine les processus de la eréation, mais oi ces derniers | jettent a leur tour une nouvelle lumiére sur la théorie. Benjamin distingue dans son travail la phase de la docu- serve que les manuscrits bli». Quant ‘Cune distinction systématique entre deux maniéres de tra- -@R. Tiedemann, sans aucun doute le plus ie | F ts 4 i grand connaisseur vailler fondamentalement différentes qui, du point de vue des manuscrits de Benjamin, il a pu écrire, en publiant un te ‘choix des manuscrits parisiens dans le volume ee ns danse volume VII des Cuores nat ‘manuscrits avaient été alors accessibles & il edit alors 616 possible d’offrir au moins le modele Chronologique, avancent de manire parallle*». Et de fait, Benjamin possédait parfaitement la distinction proposte par Marx enire mode de la recherche» (Forschungsweise) et | «mode de exposition» (Darstellungsweise). Ila cite expres- | ‘sément dans la section N des Passagen 2m Sper Water i SDVpm, 58, 1998, 590050 pee LER NE 2 ne 1 Oe eae ‘nd 1M. Espagne, M. Werner, Yor opt, 9. 602 Passagen-Projekt zum «Baudelaire, | as ‘La recherche doit s'approprier des matériaux dans Aa le ot anaes es dierent formes de ay développement (Entwicklungsformen) et en retracer fact ticulation intérieure (inneres Band). Ce n'est qu'une tor, ‘que ce travail a 6t6 mené & bien que le mouvement see ‘peut tre exposé de manire convenable. Sicela marche Sila vie du matériel (das Leben des Stoffs) se présentarng manibre idéalement rélléchie, on peut croire alors quien, ‘a affaire & une construction a priori (GS, V. 1, p. 581), Pour qui entend mener une analyse correcte des processus du travail intellectuel, il convient de bien prendre la mesure 4do.co passage loin d'étro inerte, le matériel que la recherche assemble présente quelque chose de vivant, qui contient dij ‘en soi les formes de son développement ainsi que le principe son articulation. La tiche de la recherche est de moner 4 Ja lumiére ces formes et cette articulation, de maniére que ce soit la vie elle-méme du matériel qui finisse par se préstn. ter comme une construction a priori. Quand Benjamin éerit & Gretel Adorno le 9 octobre 1935 qu'il est arrivé dans les derniers temps «8 un point décisif dans le réseau progres. sif de la construction, qui se trouve pour ainsi dire coupé de celui de la documentation'», il exprime de la manidre la plus imagée qui soit la distinction ainsi que linterpénétra tion de la documentation ot de la construction, du mode de Ia recherche et du mode de l'exposition. Il arrive ici pour le ‘rapport entre documentation et construction quelque chose d'analogue & ce que Benjamin avait décrit pour la rencontre entre passé et présent dans «le maintenant de la connaissa- Dilité> («Jetzt der Erkennbarkeit»: un des concepts les plus seerets de Benjamin, qu'il avoue lui-méme avoir concu de ‘maniére «totalement ésotérique®» et qui devient dans cette perspective parfaitement transparent): La trace historique des images ne dit pas seulement en effet qu'elles appartiennent a une époque déterminée, ‘mais surtout qu’elles n’atteignent leur lisibilité qu'a une époque déterminée. C'est précisément le fait d'atteindre cette «lisibilité» qui détermine un tournant dans leur Introduction développement intérieur. Chaque présent se trouve ddéterminé par ces images qui se déploient dans le méme temps: chaque maintenant («Jetzt») est le maintenant une connaissabilité déterminéo. Dans ce maintenant, la vérité est chargée de temps jusqu'a explosion. Il ne ‘agit pas de soutenir que le passé jete sa lumiére sur le présent ou a inverse le présent sur le passé, mais que image est ce en quot ce qui a ét6 s'unit & la vitesse de [réclair avec le maintenant dans une constellation. En. es termes: l'image est la dialectique dans Vimmo- Jamals come dans c cas anaes concen dpc *Rtlgortesfondanentales de sa theore de Ta eonnalseance tout comme fe moment construct ne simpose pas a paste Mor su le materiel dela recherche documentire mals Se trouve iberé de son mouvement intime qu se déploe dans sis aérentes phases jusq'a a réaction finale, de meme isin tre un moment qu'on ne pourrait situer chronolgi- ttuement qu'h intricur du présen,actualite Uetztzi et dea cosan. Ces ce ero np de psséder le etior un ule rein cs ia ston Notes et matélaus pou le Wee cer Purg) eure que és (ou nts we pare Se coun eure), nous pouios race bun prodie ani ae on, veer te ier pendant q's rans et seatpmine ers i réaction en montrant& ses Hanes 1.GB,ML 2.p.170-171. “ 2.lbid. p17, 1.ct. infra, p. 82, (NTA, 1s matériel ny henner mais se trouve accom, ‘est jssble de décider Ia mesure dans laquelle casa -qui mettent en mouvement le fiehiet verse, Ia vi des matériaux qui sécrate la perte nposante production d’éclats de Ss fou méthodologique (dont Zentralpark are importante, et elle se trouve, le fait y natique, constamment interrompue par des obsest ‘métatextuelles sur I'ordonnancement et la disper tion des textes). La phase que la rhétorique classique situai, | entze invent (nous dirions aujourd hulle documentation _ et Felocutio (qui correspond a l'exposition ou rédactiony, “quielle appelait dispositio et que Cicéron définissait comms “rerum inventarum in ordinem distributio, émerge ainsi au ‘plan dans le processus créatif de Benjamin, dans un ‘saisissant avec le privilége que les modernes ont “yep ajlarédaction, mais avec des caractéristiques ‘particulidres qu’on a pu parler a raison d'une «disposi -dialectico-benjaminienne' ». Scar ela permet en outre de mettre en perspective ce «montage littéraire» que Benjamin a pu identifier comme la méthode Ja plus propre de son travail (GS, V, 1, p. 574). Ine s’agit ‘pas tant, comme a pu le penser Adorno, de «ne laisser appa. raitre les significations qu’a travers un montage choquant (schokhafte Montage) des matériaux», ou d’écrire une cuvre ‘qui ne serait «faite tout entidre que de citations*» : il s'agit, en mettant la dispositio au centre du processus de la com- _ position, de permettre aux formes de développement et au lien interne contenus dans les matériaux philologiques, de -conduire a la rédaction par la seule force de leur construc- tion. De ce point de vue, comme le suggére Tiedemann, le livre sur Baudelaire permet certainement d’imaginer «I'as- ‘aurait pu avoir cette rédaction [des Passagen|, & eeteeerteses ‘n'a pu parvenir» (GS, V, 2, p. 1073). _ De maniére plus générale, toute la discussion méthodo- “ ers ‘4 opposé Benjamin & Adorno dans la corres- _ Pondance qui a suivi la premiére rédaction du Baudelaire taletico- 1689-706, HH. Wismann (6d), 2. Th. Adorno Cer Walter: Paris, Paris, «Passages, 1986 oe Introduction ‘6claire une fois qu’on a bien présente & Vesprit (ee que la présente dition devrait pormetre de faire) Ia méthode de PEmposition de Benjamin ains que le concept de construction GqiTranime. A son amt quill reproche d'avoir omisa média- lon par la théorie et d'étre ainslresté empétré dans une “texposition étonnée dela pure factual", Benjamin objecte fcemement la nécessité de ce qu'il appilo une «precaution tnethodologique» implicit dans Ia construction Je pense que la spéculation no prend son vol, et un vot nnéeessairement audacieux vers une certaine réussite, que Si-au lieu de mettre les ailes de cire de "ésotérique, elle cherche dans la construction seule sa source a’ ‘La construction voulait que la seconde partie du faite essentiellement d'un matériau philologique. Is'agit Tamoins d'une « discipline ascétique» que de dispositions méthodologiques. Au res partie philologique it la seule & pouvoir étre livrée en avance sous forme de texte autonome, ce dont il me fallait tenir compte, Lorsque vous parlez d'une «présentation étonnée de ta factualité», vous caractérisez attitude philologiq ssa verité, I fallait 'insérer dans la construction, non seu- Tement pour les résultats qu'elle donne, mais justement pour ce qu'elle est (...] Lapparence de factualité close Sur elle-méme, qui s’attache a 'étude philologique et qui envoiite le chercheur, disparait dans rexacte mesure ot. Ton construit l'objet dans la perspective historiqi lignes de fuite de cette construction confluent a intérieur de notre propre expérience historique. objet se cons tue ainsi comme monade. Dans la monade, tout ce qui, au terme de Fanalyse du texte, s’établit dans une rigidité mythique, prend vie* La référence au concept leibnizien de monade doit ici étre prise A la lettre. D'une part, le fait que la monade n’alt pas de fenétre «par laquelle quelque chose pourrait entrer ou sortir» ton ces ots transformations «proviennent de son pn= ae ees Ja nature des monades cipe interne». D’autre part, puisque Ppp vernal, Parls, La fbrigue Booz, 362 (ekapres CTA) bid. 379-380 (CA, p. 371-372. Stelle, Momadologe, 8 7 #1 u 4th, Adorno, Benjamin, Drivel 1928-1340, M. Lovitz (Ga), Prancort-surle-Maln. Sohramp, 1994, p. 368. Trad. ‘este >, ehacun entre elles represent - ShecTensemble de univers «le corps quilt a 66 attribug gy a ts pitce philologique de Ia documentation gente dans la construction comme monade, cela si done qu'elle n'a pas besoin. pour tre interprétée, de Vinten, ention médiatrice de la théorie; au contraire, c'est seule $Frontrelacement de Ia documentation et de la construction ‘Gis mon jusqu’a son terme que leuvre peut étre «touchég, “houleversée méme, par l'interprétation®». peru ouve dans la méthode de Benjamin comme une repr, de la doctrine médiévale selon laquelle la matiere contien, deja en elle toutes ses formes et se trouve déJa ploine de formes A I'état «inchoatif» et potentiel: la connaissance seent alors &faire advenir ila lumiére (eductio) ces formes ‘cachées (inditae) dans la matiére. Ce qu’Adorno a pu considé. ‘rer jusqu’a la fin comme une relique a-dialectiquo se trouve fire en réalité une adhésion constructive & cette «forme flottante» («forma fluens» disaient les médiévaux) dans |g matidre elle-méme. Cependant le point de fuite vers lequel ‘converge le devenir constructif de cette forme matidre n'est ‘pas, comme pour les théologiens médiévaux, l'intellect divin, ‘mais «notre propre expérience historique ». Une nouvelle fois, et selon le principe méthodique que les theses sur le concept d'histoire surent extraire du work in progress sur Baudelaire, la pensée, qui, & la maniére d'un buvard, s'est laissé totalement imprégner par lencre théologique, n'en Taisse pas subsister la moindre goutte? 1V. La présente édition essaie de restituer le plus étroitement possible te processus de composition propre au travail de Benjamin en suivant ‘remtes phases de son élaboration: de sa protohistoire, pour ‘ainsi dire, a sa posthistoire. L’ensemble de la base textuelle Introduction 2. De la lecture & la documentation (la phase que Benjamin désigne comme le «dépouillement de la littérature/ Durch- sicht der Literatur», qui correspond & V'hiver 1938), 3. De la documentation @ la construction (la phase que Ben- jamin décrit comme «préparation du matériau» et «schéma- tisation» ~ «Bereitstellung des Materials» et « Schematisie- rung», menée i terme en mars 1938), 4. Vers le texte (comprend des notes métatextuelles, des réflexions critico-philosophiques ~ «Zentralpark» — et une nouvelle organisation du matériau en vue de la rédaction, les Feuillets bleus: chronologiquement cette phase culmine pendant I'6té 1938), 5, Premiere rédaction partielle («Paris du second Empire chez Baudelaire» ainsi que les matériaux qui se rapportent a cette section; rédaction achevée en septembre 1938). 6. Nouvelle rédaction partielle (nouvelle phase de travail, qui retraverse tous les moments de la rédaction préeédente, de la réorganisation du matériau & la composition de «Sur quelques themes baudelairiens» ; cette phase va de 1938-1939 a 'automne 1939). 7. Au-dela du texte (fragments qui se réferent a la gense des ‘Theses sur le concept d'histoire», concues comme «arma~ ture théorique» pour l'achevement de la rédaction du Bau- delaire), Chaque section est précédée d'une notice qui fournit des informations sur la phase de travail correspondante. A 'inté- rieur de chaque section, chaque texte est précédé d'un bref avertissement qui indique la référence a la pagination des GS (quand il s'agit de textes édités) et fournit en plus des données synthétiques sur les manuscrits et sur la date de composition, e information pouvant aider a la lecture. ent a exprimer leur gratitude u qui ont travaillé sur iére; & M. Espagne des manuscrits généreux, et ctrice du Département des manuscrits Tnatonale de Paris, quia facts Iaccds age Giorgio Agamben Légende © insertions des éditeurs des Gesammelte Schriften pour les textes publiés et des éditeurs de la présente édition pour les textes inédits. & mot indéchiffrable. «XX plusieurs mots indé <2 lecture incertaine. (1 mots rayés par Benjamin. iffrables. Sigles et abréviations Walter Benjamin, Gesammelte Schriften (Bucres completes), R. Tiedemann et H. Schweppenhauser éd.. Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 1974-1989, 7 vol Walter Benjamin, Das Passagen-Werk (Le Livre des pas- ). C'est organisation réalisée par R. Tiedemann V, 1-2. Comme pour GS, les tres nombreux frag- ‘ments de PW ont recu chacun une cote alphanumérique me J 32a, 8 -ou bien C7, 1). Ces cotes édition.

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