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Rapport technique

Préambule
Dans le cadre d’une action en recours menée contre un permis de construire dont les pièces ont été dressées par
Atelier MG Architecte 34000 Montpellier, je me suis rendu sur le site rue enclos des Brosses à Montpellier le 2
décembre 2019.

J'ai rencontré les représentants des riverains de la rue et les représentants de l’association « Non au
béton » qui s’opposent à la réalisation de l’opération de promotion immobilière sur la parcelle KT 56 sur
une surface estimée à 960m².

Une étude critique des documents du permis en comparaison avec l’état réel du patrimoine végétal visible sur le
terrain à partir du voisinage m’a été confiée.

Critique des documents présentés


Les pièces complémentaires à la demande de permis de construire n’ont été remises par Me Eric VALETTE, avocat
en charge du dossier ; Le document de base du permis de construire est très succinct quant à l’analyse du végétal sur
la parcelle.

 Un inventaire des végétaux inexistant


Il n’existe aucune pièce écrite, tableau ou document d’étude du patrimoine arboré de la parcelle qui
permettrait de connaitre, par essence et par classe de diamètre, le nombre et l’état des arbres aujourd’hui.
Cette carence parait inacceptable, dans la mesure où le terrain est assez largement boisé.

Un plan PC 2.1 fait figurer certains végétaux présents sur la parcelle. Une rapide analyse de l’état des lieux
permet de constater que de très nombreux arbres ne sont pas inventoriés :
- sur le talus à l’arrière de la parcelle (coté impasse des jujubiers), le talus est entièrement boisé
(troènes, mais aussi frêne, orme et cyprès)
- auprès du cyprès représenté dans cette partie Est du terrain, un autre arbre de la même espèce au
moins aussi gros, est présent et n’est pas signalé.
- Coté rue enclos des Brosses, outre les deux arbres représentés sur le plan, il y a au moins 3 cyprès
qui ne sont pas représentés
- Vers le sud de la parcelle, dans la zone délimitée comme « bosquet » sur le plan, il existe au moins
un murier de dimension significative

Nous reviendrons dans la conclusion du présent rapport sur les conséquences d’une telle sous-
estimation de l’effectif des arbres.
Consultez notre site www.aval-foret.fr et aimez notre page facebook AVAL
Alain Valette - Expert forestier / Expert en arboriculture ornementale / Expert Judiciaire
12 rue du Carignan - 34090 MONTPELLIER – mail avalainvalette@aol.com Tel : 06 14 18 75 35
Code APE 7490B - N° Siret – 385 150 537 00046 –
 Une absence totale d’explication sur les moyens mis en œuvre pour
préserver les végétaux
Le plan PC 2.3 est le projet d’urbanisme. Il propose la conservation de 4 arbres :
- Deux cyprès (dont un est par ailleurs en assez mauvais état aujourd’hui),
- Un pin pignon, qui est l’arbre le plus visible de l’extérieur
- Un cyprès à l’angle au fond de la parcelle, coté impasse des jujubiers

Concernant les cyprès, qui encadrent le portail actuel de la parcelle, on comprend d’emblée que leur
conservation sera problématique pour l’accès et la circulation des engins de chantier (démolition, grues,
etc.) ; d’autant plus que la faible largeur de la rue rendra difficile la circulation et la manœuvre des dis
engins.

En ce qui concerne le pin pignon, dont le diamètre est de 70 cm, on ne nous explique pas comment le
creusement d’un niveau R-1 (4 m de profondeur) à 3 m de l’arbre permettra le respect de son système
racinaire.

En effet, il faudrait au minimum, pour garantir le respect de cet arbre, un espace de protection absolue de
3,2 m.

Puisque la distance entre l’arbre et le bâti est de 3 m sur plan, et que le creusement du sous-sol impose de
creuser à une profondeur de 4m environ, les terrassements empièteront largement cette zone de protection
et l’arbre sera fatalement impacté.

Avec des terrassements très proches du collet, des impacts sur la stabilité de l’arbre et sur sa vitalité sont
à attendre. Il y a de forte chance qu’en cours de chantier, la décision soit prise de finalement le couper
pour assurer la faisabilité du projet.

Dans le même esprit, le cyprès de Florence situé coté impasse de Jujubiers, doit être conservé. C’est bien,
mais à l’analyse il apparait que le mur de soutènement situé sur le parking du bâtiment voisin est fissuré
sur toute sa longueur et déformé par le poids du talus. Aucune mention n’est faite à cet état des lieux :
- Est-il prévu de refaire ou de renforcer ce mur de soutènement :
o si oui, comment préserver les végétaux qui le surplombent
o si non, comment justifier vis-à-vis des riverains coté impasse des jujubiers l’état de cette
structure.

 Des propositions de plantation peu précises


Sur le plan du projet apparaissent 4 arbres nouvellement plantés :
- 2 micocouliers
- 2 oliviers
- 1 frêne à fleur
- 1 érable de Montpellier

Quels critères ont présidé à ce choix ?

Quelle dimension d’arbre, quelle provenance et quelle technique de plantation ?

Compte tenu de la situation, de l’ombre portée par le bâtiment, l’olivier, essence de pleine lumière, est-il à
sa place ici ?

Compte tenu de l’étroitesse de l’espace, le micocoulier, espèce de large développement, est-il à sa place ?

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Conclusions
Le document de demande de permis de construire en objet a trop rapidement qualifié l’état arboré des
parcelles concernées. Il s’agit d’une parcelle de jardin ancien, présentant quelques arbres, cépées et
arbustes dont l’inventaire réel mériterait d’être fait avec rigueur et sans a priori. Sans avoir réalisé un
inventaire complet, il nous est apparu qu’au contraire, quelques éléments végétaux pourraient être
conservés et valoriseraient le projet.

Des erreurs grossières, des oublis (volontaires ou non) sont visibles dans ce document. En diminuant
l’effectif réel des arbres qui seront abattus, le promoteur diminue le nombre d’arbres ou la valeur des
aménagements qu’il doit s’engager à réaliser pour la végétalisation de son projet.

Si on plante 2 arbres pour un arbre abattu, chaque arbre « oublié » sur le plan PC 2.1 permet de se
soustraire à la plantation de 2 arbres.

Déclarant l’abattage de 13 arbres, le promoteur devrait donc proposer la plantation de 26, ce qui semble
techniquement impossible dans les 290 m² non bâtis qui restent, compte tenu d’un coefficient d’occupation
du sol poussé à sa limite.

Dans la réalité, c’est au moins une vingtaine d’arbres qui seront abattus. Le paradoxe est donc encore plus
important.

Avec une occupation des sols au maximum admissible, il est par ailleurs fort probable que l’espace
nécessaire à la plantation des arbres auxquels le promoteur devrait s’engager ne soit plus disponible sur le
terrain, et que son projet de végétalisation fort rapidement étudié ne soit pas durable au-delà de sa remise.

Il nous semble donc indispensable d’alerter les services compétents, et de demander de toute urgence un
complément d’étude, voire une modification du projet de promotion de façon à ce que soient fournis et
puissent être analysées.
A. un inventaire réel des arbres (avec une définition précise des essences prises en compte et du diamètre
de précomptage retenu), avec un état pour chaque végétal, de son devenir dans le cadre du projet
(abattage, remplacement, conservation…)
B. des prescriptions précises pour assurer la préservation des végétaux conservés
C. des propositions concrètes, motivées et chiffrées d’aménagement compensatoire (à mettre en relation
avec le point A et en cohérence avec l’environnement et non sorties d’un catalogue de végétaux).

En l’état, le document de demande de permis de construire présente de graves carences sur le chapitre qui me
concerne

Fait à Montpellier, le 02/12/19

Alain VALETTE
Expert forestier
Expert en arboriculture ornementale
Expert près la Cour d'Appel de Montpellier
et près la Cour Administrative d'Appel de Marseille

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