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Épreuve de spécialité histoire-géographie, géopolitique et sciences

politiques terminale
Sujet B

Structure
L'épreuve est composée de deux exercices notés chacun sur 10 points :
● une dissertation ;
● une étude critique d'un (ou deux) document(s).

EXERCICE 1 - Dissertation
Sujet : le cyberespace, terrain de conflits ou de coopération ?

EXERCICE 2 - Étude critique de documents


Sujet : en vous appuyant sur les documents, montrez quelle est la place de la Chine dans les
rivalités pour l’exploitation et le partage des mers et océans ?

Document 1.

Les limites des nouveaux espaces de souveraineté étatique, schéma réalisé d’après « Le
nouveau droit de la mer », rédigé à Montego-Bay en 1982, et provenant du site
http://www.petrole-et-gaz.fr.
Document 2.

La puissance chinoise dans les mers et océans bordiers au début du XXIe siècle, d’après les
travaux d’Emmanuel Véron, géographe à l’université Panthéon-Sorbonne.
Correction

EXERCICE 1 - Dissertation
Sujet : le cyberespace, terrain de conflits ou de coopération ?
La dissertation est le traitement d'un sujet donné, avec une introduction, un développement
en plusieurs parties et une conclusion.
Le candidat doit montrer :
● qu'il maîtrise des connaissances et sait les sélectionner ;
● qu'il sait organiser les connaissances de manière à traiter le sujet ;
● qu'il a acquis des capacités d'analyse et de réflexion.
Pour traiter le sujet, le candidat :
● analyse le sujet et élabore une problématique ;
● rédige un texte pertinent comportant une introduction (dégageant les enjeux du
sujet et un fil conducteur en énonçant une problématique), plusieurs parties
structurées et une conclusion (qui répond à la problématique).
La réalisation d'une illustration en appui du propos (croquis, schéma, etc.) amènera une
valorisation de la note.

Exemple de dissertation :
Introduction
Les attaques cybernétiques font désormais partie intégrante des relations internationales.
Visant la « désorganisation massive » (E. Mongin), elles font figure de substitut à la guerre.
Pour les États, elles relèvent d’un sharp power de plus en plus efficace mais sont aussi
utilisées par de nombreux petits acteurs non-étatiques. Nouveau terrain de guerre, le
cyberespace nécessite aussi, et de ce fait, des coopérations poussées.
Laquelle des deux logiques, de coopération ou de conflit, peut l’emporter au XXI e siècle, alors
que l’intelligence artificielle (IA) multiplie jour après jour les possibilités d’action et de
destruction ?

I. Le cyberespace est devenu un terrain majeur de conflits au XXIe siècle.

1. Le cas des cyberattaques.


Les cyberattaques y sont très fréquentes, relevant de la cyberpiraterie frauduleuse
(dont la finalité est l’extorsion d’argent), de la cyberpiraterie de renseignement
(intrusion dans des systèmes d’information et de communication d’organisations,
entreprises ou administrations à des fins de vol et revente, espionnage, acte
politique), ou de la cyberpiraterie stratégique (dite aussi cyberguerre), dont l’objectif
est d’altérer ou de détruire les réseaux de l’adversaires.

2. Différentes armes pour une même finalité.


Ces différents actes de cyberpiraterie utilisent des armes redoutables et variées :
logiciels malveillants (malwares), rançongiciels (chiffrage des données contre rançon
en crypto-monnaie, tel le bitcoin), « chevaux de Troie » permettant de prendre le
contrôle d’un ordinateur pour espionner, pirater, modifier les données informatiques
à l’insu de son propriétaire, mise en réseaux d’ordinateurs piratés (botnets ou
machines zombies) qui servent à lancer des attaques à grande échelle.

3. Une remise en question des enjeux de pouvoir.


Le cyberespace a un pouvoir égalisateur dans la géopolitique : des hackers, agissant
individuellement ou en groupe, peuvent déstabiliser de grandes entreprises, des
États, des organisations internationales (action des Yes Men contre l’OMC, des
Anonymous). Des réseaux terroristes comme Al-Qaïda ou Daech y diffusent leur
propagande et y recrutent des combattants du djihad. Les ressources du darkweb et
des darknets sont à cet égard illimitées (et mal connues).

II. Dans ce nouveau contexte technologique, la cyber-guerre est appelée à devenir au cours
des décennies à venir la nouvelle frontière géo-stratégique par excellence.

1. Une perte de repères.


Le cyberespace est un milieu dans lequel les paradigmes stratégiques classiques
comme la dissuasion, la riposte, l’anticipation ou encore le contrôle des armes sont
inefficients. Les cyberattaques sont très difficiles à anticiper, mais aussi à détecter,
attribuer et, enfin, contrer. Il s’agit donc d’une rupture stratégique majeure.

2. Une cyberguerre dissimulée...


Ainsi, la cyberguerre est une guerre à bas bruit, permanente et furtive, souvent
préventive. Elle a été spectaculairement illustrée par la gigantesque attaque Stuxnet
(2009), très sophistiquée, perpétrée par les États-Unis et Israël contre l’Iran afin de
ralentir son programme nucléaire. Substitut d’une campagne de frappes aériennes,
elle est la plus grande cyber-attaque prouvée à ce jour. En retour, l’Iran a tenté de
frapper les États-Unis et l’Arabie saoudite par le même biais.

3. …dont il est difficile d’identifier les auteurs.


Il est souvent difficile d’attribuer les attaques à telle ou telle puissance, du fait de la
pratique de la fausse bannière (false flag) : en 2016, on attribue au roumain Guccifer
2.0 une attaque contre le parti Démocrate américain qui cache en réalité une action
de l’État russe. Celui-ci excelle en la matière, déstabilisant l’Estonie, la Géorgie ou
l’Ukraine pour des raisons politiques ou économiques.

III. C’est pourquoi la coopération internationale est plus que jamais nécessaire dans le
cyberespace.

1. Vers de nouvelles formes de démocratie ?


Une cyberdiplomatie commence à se développer entre grandes puissances. En effet,
toute décision de représailles étant risquée et la mise en œuvre du droit à la légitime
défense difficile, les différents États appellent à la prudence et à la retenue. Dès
1998, Moscou soumet à l’ONU un projet de traité de désarmement dans le
cyberespace, refusé par les États-Unis qui craignent ainsi de perdre leur
prééminence.

2. Des actions disparates.


Les initiatives sont pour l’heure assez dispersées et incomplètes à l’échelle mondiale :
la décision est prise à l’ONU, en 2013, que le droit international, notamment la
Charte de l’ONU, s’appliquera au cyberespace. En 2015, un rapport sur la
gouvernance internationale du Net est signé par 20 des plus grandes cyber-
puissances mondiales. En 2018, le forum économique de Davos envisage, quant à lui,
la création d’un Centre mondial de cybersécurité.

3. Mais des initiatives se créent.


À l’échelle européenne, il existe depuis 2011, dans le cadre du Conseil de l’Europe,
une Convention dite de Budapest porte sur le sujet de la cybercriminalité.

Conclusion

Tous ces efforts de coopération ne sont qu’un début, ils montrent pour conclure un besoin
urgent de gouvernance internationale devant la montée inexorable des cyber-conflits qui
prennent une place importante dans la géopolitique actuelle. Ceux-ci brouillent la distinction
entre acteurs étatiques et non-étatiques, guerre et paix, sécurités intérieure et extérieure.
Terrain de conflit jusqu’à présent, le cyberespace doit devenir un terrain de coopération.
EXERCICE 2 - Étude critique de documents
Sujet : en vous appuyant sur les documents, montrez quelle est la place de la Chine dans les
rivalités pour l’exploitation et le partage des mers et océans.
Il s'agit d'une étude critique d'un ou deux documents de nature différente. Le candidat doit
montrer :
● qu'il est capable de construire une problématique à partir du sujet indiqué par le titre
et abordé par le (ou les) document(s) ;
● qu'il comprend le sens général du (ou des deux) document(s) ;
● qu'il est capable de sélectionner les informations, de les hiérarchiser et de les
expliciter ;
● qu'il sait prendre un recul critique en réponse à sa problématique, en s'appuyant
d'une part sur le contenu du document et, d'autre part, sur ses connaissances
personnelles.
Pour traiter le sujet, le candidat :
● analyse de manière critique les documents en prenant appui sur la consigne et
élabore une problématique ;
● rédige une introduction comportant une problématique ;
● organise son propos en plusieurs paragraphes ;
● rédige une conclusion qui comporte une réponse à la problématique.

Exemple d’étude critique de documents :


Introduction
Les mers et océans sont devenus de nouveaux espaces de conquête pour les États, depuis la
convention de l’ONU sur le droit de la mer signée à Montego Bay en 1982 et entrée en
vigueur en 1994. Celle-ci offre de nouvelles perspectives de domination aux grandes
puissances, à l’image de la Chine.
● Le document 1 est un schéma, tiré d’un site web français spécialisé dans les énergies,
qui présente les limites des nouveaux espaces de souveraineté étatique.
● Le document 2 est une carte réalisée d’après celles produites par le géographe
universitaire Emmanuel Véron montrant les rivalités entre grandes puissances dans la
zone Indo-Pacifique.
La question qui se pose relativement à la Chine est de savoir en quoi sa stratégie de contrôle
des mers et océans révèle ses ambitions expansionnistes et hégémoniques ?

I. Le nouveau droit de la mer, rédigé à Montego Bay (1982), favorise la revendication


de nouveaux territoires maritimes par la Chine.

1. Le document 1 précise quels sont les nouveaux espaces de souveraineté


maritimes, et leurs limites :
● Au-delà des eaux territoriales et contigües, la création de la zone
économique exclusive (ZEE), jusqu’à 200 milles nautiques.
● L’extension de la ZEE jusqu’aux limites du plateau continental, jusqu’à
350 milles nautiques, si des preuves géologiques peuvent être
apportées par l’État demandeur. C’est ce qu’essaie de faire Pékin.
● Dans ces zones, l’exploitation des ressources naturelles est réservée à
l’État souverain, mais celui-ci ne peut empêcher le passage des navires
étrangers.

2. Il en résulte une « course à la mer » généralisée.


● Les ZEE couvrent environ 102 millions de km2, soit près de la moitié
des mers et océans du globe. Quelque 200 accords de délimitation
frontalière ont été signés jusqu’ici.
● Toutefois, il demeure plusieurs dizaines de litiges. C’est dans les mers
de Chine que les processus de délimitation frontalière sont les moins
aboutis, du fait des revendications de Pékin (voir document 2).
● Plus largement, on assiste à une militarisation croissante des espaces
maritimes au profit de quelques superpuissances navales : 15 États
contrôlent à eux seuls 80% des flottes de guerre dans le monde. En
mer de Chine du Sud, les marines chinoises et américaines sont face à
face.

II. Dans ce cadre, la Chine cherche à étendre sa souveraineté en mer de Chine du Sud,
comme l’illustre le document 2.

1. Pékin cherche à étendre sa souveraineté sur la mer de Chine méridionale, au


nom de l’extension de leur zone économique spéciale.
● Pékin a besoin de contrôler cette zone car elle y développe sa marine
de guerre, et en particulier une flotte de sous-marins nucléaires
(SNLE), depuis la base de Longpo (Hainan), destinée à plonger à
grande profondeur.
● Les revendications chinoises sont guidées par le tracé de « dix traits »
incluant tous les archipels et îles de mer de Chine méridionale
(Paracels, Spratleys, Pratas, Scarborough), y compris désormais
Taiwan.
● La Chine se dote de la plus grande escadre de garde-côtes de toute
l’Asie. À partir de 2014, la Chine construit sept îlots artificiels dans les
Paracels pour construire des pistes d’atterrissages, ports, bases
militaires et garnisons…

2. La mer de Chine du Sud est donc devenue un lieu de tensions géopolitiques


majeures.
● Plusieurs États de la zone ont des revendications territoriales, comme
le montre le document 2 : Philippines, Vietnam (auquel la Chine a pris
les Paracels en 1974), Malaisie et Brunei.
● Les Philippines ont fait condamner la Chine par l’ONU sur le principe,
mais celle-ci a refusé d’obtempérer. Le Vietnam et la Malaisie eux-
mêmes ont déposé devant l’ONU une revendication sur prolongement
de leur plateau continental et non plus les ZEE.
● Depuis 2015, la marine américaine y patrouille depuis la base de Guam
(VIIe Flotte) pour faire respecter la liberté des mers.

3. Le contrôle de la mer de Chine permettrait à la Chine de devenir la première


puissance du monde.
● Longtemps tournée vers l’intérieur, la Chine a effectué un « pivot
maritime » depuis les années 2000-2010. Elle veut détenir le sea
power (Mahan) à l’égal des États-Unis pour projeter ses forces
militaires sur les mers et océans du monde et ainsi sécuriser ses
investissements et son commerce. Les États-Unis s’inquiètent de ces
ambitions et renforcent leur présence dans la zone (document 2).
● Avec trois porte-avions, elle est devenue récemment la deuxième
marine de guerre au monde et dispose de nombreux points d’appuis
portuaires pour projeter ses forces sur les océans et mers du monde :
ce sont les ports du « collier de perles » dans l’océan Indien comme le
montre le document 2 (Chittagong, Hambantota, Gwadar). Une base
chinoise a ouvert en 2017 à Djibouti, elle est capable d’accueillir 10
000 soldats et des sous-marins.
● L’Union indienne s’inquiète d’un encerclement possible, et cherche
elle-même à étendre son influence dans la zone : bases militaires,
accords de défense, zones de coopérations économiques (SAARC,
IORA).

Conclusion

Ainsi, la Chine s’appuie sur les possibilités offertes par le nouveau droit international de la
mer pour étendre ses possessions maritimes et revendiquer un leadership mondial d’ici
quelques décennies. Mais elle se confronte à des puissances régionales (Inde) et mondiales
(États-Unis) bien décidées à limiter cet expansionnisme.

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