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Dominique Maingueneau - Précis de Grammaire Pour Les Concours - Jericho
Dominique Maingueneau - Précis de Grammaire Pour Les Concours - Jericho
2007.
Le Discours littéraire. Paratopie et scène d’énonciation, Paris,
Armand Colin, 2004.
Les phrases sans texte, Armand Colin, 2012.
Discours et analyse du discours, Armand Colin, 2012.
Regarde la fusée !
La Marie est malade, etc.
Le cas (a) est voisin de celui des corpus artificiels, à la seule différence
que les exemples y sont rapportés à des énonciations particulières. Dans
le cas (b), il est difficile d’atteindre à l’exhaustivité pour certains types de
phénomènes. Par exemple, il y a peu de chances que, sur une page de
roman, l’on rencontre tous les types d’emplois du subjonctif.
Il peut arriver que le corpus à étudier, qu’il soit attesté ou artificiel, se
limite à un seul énoncé. Il s’agit alors d’un énoncé singulier, aux deux
sens du terme. En effet, l’exiguïté des données est ici compensée par leur
aptitude à susciter une réflexion linguistique intéressante : soit parce que
la structure de cet énoncé est d’une grande complexité, soit parce qu’elle
apparaît marginale par rapport à l’usage courant. C’est souvent ce qui
arrive pour les énoncés qui relèvent d’états de langue plus anciens (par
exemple « Je vas vous dire » ou « Je vous le veux dire » dans la langue
du XVIIe siècle) ou d’usages dits « populaires » (cf. « Moi, ton père, sa
voiture, je peux pas m’y faire »).
Les épreuves proposées aux concours, que ce soit à l’écrit ou à l’oral,
se présentent sous deux formes :
1. L’EXPOSÉ SYNTHÉTIQUE
Nous avons caractérisé l’exposé synthétique comme une combinaison
d’exposé théorique et d’analyse de corpus attesté. C’est donc une épreuve
qui suppose un jeu d’équilibre entre deux exigences parfois divergentes :
montrer que l’on dispose d’un certain bagage de savoir grammatical,
montrer que l’on est capable d’analyser des énoncés particuliers. En
d’autres termes, il faut savoir faire le chemin dans les deux sens : de la
généralité aux faits, des faits aux généralités. Idéalement, la classification
grammaticale doit être illustrée par le corpus. En réalité, on se heurte ici à
deux difficultés :
(1) L’adjectif est la tête d’un groupe syntaxique qui dépend d’un nom.
Quand il est épithète, c’est-à-dire qu’il figure à l’intérieur du
groupe nominal, il peut se trouver en principe à deux places :
immédiatement devant ou derrière le nom.
(2) Mais l’assignation de cette place n’est pas libre. Elle est liée à des
facteurs de divers ordres : des contraintes sémantiques, selon le
type d’adjectif concerné, mais aussi des contraintes de mise en
relief, de prosodie ou de syntaxe.
(3) Il s’agit donc d’un phénomène complexe qui nous permet de voir
interagir les divers plans de l’activité énonciative.
(1) circonscrit la question ; (2) indique les grandes lignes du plan qui
sera suivi ; (3) souligne l’intérêt du sujet. Chacun de ces trois éléments
sera évidemment étoffé selon les goûts et les besoins.
L’analyse classificatoire doit à la fois présenter des distinctions
simples et rigoureuses et analyser finement les faits de langue. Il ne faut
donc jamais donner l’impression que l’on « ressort » une classification
toute faite, sans se soucier du corpus à étudier.
Le plan s’appuie sur des distinctions qui peuvent être articulées de
diverses manières. L’ordre de présentation choisi n’est pas indifférent.
Supposons que le sujet à traiter soit : « Les démonstratifs ». On peut
adopter un mode de présentation qui commence par distinguer
déterminants et pronoms ; on peut aussi opposer emplois
déictiques/emplois anaphoriques et définir des sous-parties en utilisant
l’opposition pronom/déterminant. En organisant l’exposé autour de la
distinction déictique/anaphorique, on privilégie la dimension énonciative.
Selon l’option choisie, la distinction reléguée à l’arrière-plan devient une
sous-classe : ainsi dans la catégorie déterminants pourra-t-on séparer
anaphoriques et déictiques. Mais il faudra aussi placer où il convient des
oppositions entre formes variables et formes invariables ou entre formes
en -ci et formes en -là… En règle générale, il vaut mieux privilégier la
classification qui éclaire le mieux le fonctionnement de la langue : dans
notre exemple, l’opposition entre formes variables et invariables est d’un
moins grand intérêt que celle entre pronom et déterminant.
Le point délicat, c’est l’articulation entre la grille a priori dont dispose
le candidat et l’analyse des occurrences du texte. Il faut en effet qu’il
fasse sentir aux examinateurs qu’il « se bat » avec les structures
linguistiques, en particulier quand l’analyse des données n’est pas
immédiate. Par exemple, il ne suffit pas de dire : « Les adjectifs non
classifiants peuvent se trouver devant le nom, comme on le voit dans tel
et tel énoncé aux lignes tant et tant » ; on attend aussi du candidat qu’il
montre sur un des énoncés qu’il cite en quoi il s’agit bien d’un élément
qui a les propriétés d’un adjectif « non classifiant ». Si l’on se contente
de proposer une classification et d’indiquer qu’elle est illustrée par tels
énoncés, sans davantage de commentaire, l’exposé sera achevé au bout
de deux ou trois minutes à l’oral et en quelques lignes à l’écrit. On ne
doit pas se contenter de décliner un catalogue, il faut également mettre en
évidence les propriétés des éléments concernés.
Les examinateurs ont tendance à fortement pénaliser les relevés qui
oublient certaines occurrences, surtout quand cet « oubli » porte sur des
énoncés qui posent problème. Ils ont l’impression que le candidat a
cherché à esquiver la difficulté. C’est donc là une stratégie fortement
déconseillée. Le mieux, nous y insistons, est d’affronter le problème en
essayant de montrer, par diverses manipulations, pourquoi il résiste à la
classification usuelle. Peu importe alors le résultat, l’essentiel est de faire
preuve de son sens de la langue. Cela implique que le candidat soit sûr
qu’il n’a pas négligé une distinction essentielle et qu’il ne prend pas pour
une bizarrerie ce qui constitue en réalité un fonctionnement linguistique
tout à fait normal. De là, la nécessité de disposer d’une base de
connaissances grammaticales minimale.
l’objet est en tête parce qu’on place en premier ce sur quoi porte la
question, c’est substituer une explication immédiate et rassurante à un
phénomène qui obéit à une économie qui lui est propre. On sait en effet
qu’il existe des interrogatives sans mot interrogatif en tête (« Paul veut
quoi ? »). On remarquera aussi que les phrases interrogatives et les
phrases relatives exploitent les mêmes morphèmes (qui, que, où…), et les
font figurer dans les mêmes positions, en tête de phrase (« Qui
vient ?/L’homme qui vient… ») sans qu’a priori le bon sens perçoive
d’affinité évidente entre relatives et interrogatives.
Le bon sens ne pourrait pas non plus expliquer pourquoi le pronom
interrogatif passe de que à quoi dans certaines positions (comparer : « Tu
fais quoi ? » et « Que fais-tu ? ») ou pourquoi il y a inversion du pronom
sujet (« Que veut-il ? »). Ce n’est pas que les structures linguistiques
soient inintelligibles mais seulement qu’elles s’interprètent grâce au
système linguistique et non par référence à des principes qui relèvent
d’une expérience immédiate du monde.
▶ Savoir se démarquer de toute subordination naïve de la
« forme » au « sens »
Pour la plupart des locuteurs, toute attention à la « forme » est suspecte
dès qu’il leur semble qu’elle dépasse certaines limites : à quoi bon couper
les cheveux en quatre ? On accepte en effet difficilement de replier sur
lui-même l’ordre de la langue, de ne pas y voir le miroir direct de ce que
« veut dire » le sujet.
Prenons un exemple. Le morphème si en français se retrouve dans des
structures variées :
Il est si content !
Si c’est pas triste !
Si on partait ?
Je me demande s’il viendra.
Si j’étais riche, j’aurais un palais.
S’il est bête, en tout cas ça ne se voit pas.
Il n’est pas venu – Si !
■ Langage/langues
Le langage est l’objet de la linguistique, mais cette dernière ne peut
l’appréhender qu’à travers la diversité des langues. On parle de langage
quand on réfère à la faculté de parole et de langue pour désigner tel ou tel
système linguistique, actuellement en usage ou dont on a conservé la
trace. Aussi parlera-t-on de l’« origine du langage » ou des « fonctions du
langage » plutôt que de l’« origine des langues » ou des « fonctions de la
langue » ; réciproquement, le français, le chinois ou l’allemand ne seront
en aucun cas des « langages ».
■ Discours/langue
Dans les travaux de linguistique, on rencontre constamment le terme
discours. Son emploi obéit à la volonté de mettre l’accent sur l’usage de
la langue en contexte. On parle de discours lorsqu’on considère les
énoncés à travers leur dynamique textuelle, en les rapportant à des
situations d’énonciation particulières. Les linguistes font ainsi jouer
constamment une opposition entre ce qui est censé relever de la
« langue », c’est-à-dire du système hors emploi, et ce qui relève du
« discours », de l’usage qui est fait de ce système par des sujets inscrits
dans des contextes singuliers.
On ne confondra pas cet emploi de discours avec l’opposition établie
par Benveniste entre discours et histoire, ce dernier terme désignant un
mode d’énonciation sans embrayage.
■ Énoncé/phrase
L’usage d’énoncé se distribue essentiellement sur trois registres :
Ouf !
Le chat est parti
L’idiot !
Malheur à vous !
■ Énoncé/énonciation
On distingue l’énoncé et l’énonciation comme le produit et l’acte de
production. L’énoncé constitue donc le résultat de l’énonciation, c’est-à-
dire de l’acte individuel d’utilisation du système de la langue. On
pourrait penser que l’étude de l’énonciation, en tant qu’événement
unique, ne relève pas de la linguistique, mais plutôt de disciplines d’ordre
psychologique ou sociologique. En fait, le linguiste la prend en compte
parce qu’elle laisse des traces dans l’énoncé, que la structure même des
langues naturelles ne peut être correctement décrite et expliquée si on ne
prend pas en compte cette dimension. Les verbes, par exemple, portent
des marques temporelles et modales ; or ces marques sont liées à
l’énonciation : le mode indique quelle relation l’énonciateur entretient
avec son énoncé, le temps est relatif au moment de l’énonciation (ce
qu’on appelle le présent n’est que la coïncidence entre moment de
l’énoncé et moment de l’énonciation).
■ Synchronie/diachronie
C’est certainement le couple de concepts saussuriens le mieux connu.
Rappelons qu’il s’agit de points de vue différents mais complémentaires
sur la langue. Il n’est pas question d’exclure le diachronique au profit du
synchronique : la compréhension des phénomènes linguistiques s’éclaire
bien souvent quand on considère les évolutions qui les portent. Saussure
compare une synchronie à un état d’un jeu d’échecs pendant une partie et
affirme qu’il n’est pas besoin de considérer autre chose que les relations
des pièces à ce moment-là pour comprendre la partie. En fait, ce n’est
que partiellement vrai ; comme une partie est quelque chose de
dynamique, comprendre un état du jeu, c’est aussi le rapporter aux
stratégies qui ont été mises en œuvre pour qu’on en arrive là.
La distinction synchronique/diachronique n’a rien d’absolu. Dans ce
qu’on appelle un « état de langue » coexistent avec des statuts différents
les traces d’états antérieurs et l’esquisse d’états postérieurs. Le discours
littéraire ou le discours juridique, par exemple, exploitent des structures
linguistiques tombées en désuétude dans la langue courante. Inversement,
bien des usages jugés « populaires » préfigurent l’usage standard à venir.
Dans ces conditions, ce n’est pas parce que l’imparfait du subjonctif, par
exemple, est encore en usage chez certains locuteurs qu’une grammaire
du français actuel doit le mettre sur le même plan que le présent du
subjonctif.
sont impossibles (ce que l’on indique en les faisant précéder d’un
astérisque). Dire, comme le font les grammaires, que la passivation ne
fonctionne qu’avec un verbe transitif direct, c’est en fait donner sous
forme de règle le résultat du test qu’illustre l’exemple (1), où l’on a placé
comme sujet du passif un complément d’objet indirect. Une telle règle
prédit qu’un objet indirect ne pourra jamais être sujet d’une passive. Pour
démontrer que cette règle est fausse, ou du moins souffre des exceptions,
il suffit de fabriquer une phrase qui soit jugée bonne mais comporte un
objet indirect en position de sujet. Tel est le cas avec :
■ Correct/incorrect
La notion de « correction » fait intervenir la norme. Dans toute langue,
il existe des prescriptions, tacites ou non, qui enjoignent aux locuteurs de
ne pas produire certains types d’énoncés. À vrai dire, les prescriptions
portent essentiellement sur des « fautes » régulières, non sur de purs et
simples ratés de la communication (télescopages de phrases,
bredouillages, etc.). Aucune grammaire normative ne se donne la peine
de préciser que :
■ Grammatical/agrammatical
L’« agrammaticalité » est le type d’impossibilité qui intéresse le plus
les linguistes. Ainsi :
Leur liste est par définition infinie ; car s’il doit être possible de
déterminer quelles sont les structures grammaticales, c’est-à-dire de faire
la grammaire d’une langue, l’énumération des phrases agrammaticales ne
peut même pas commencer. Elles ne servent que dans des argumentations
déterminées, pour étudier un sous-ensemble bien défini de phénomènes.
Elles ont plus d’intérêt pour la réflexion linguistique quand elles sont
inattendues, et donc riches en information. Un énoncé grammatical
comme :
n’a aucun intérêt dès lors que l’on sait que, dans le lexique, bol est
marqué comme masculin. En revanche, on ne voit pas sur quelle base on
pourrait prévoir que :
* J’espère ne partir pas
* Je lui le donne
le sont.
Même les énoncés condamnés par la norme sont pris dans le réseau de
la grammaticalité. Les puristes condamnent par exemple : « Je vais au
coiffeur » ; mais cet énoncé est soumis à des contraintes très précises.
Ainsi ne peut-on pas dire : « *Je vais à la voisine » ou « *Je marche au
coiffeur ».
■ Interprétable/ininterprétable
Cela peut sembler curieux, mais une phrase agrammaticale peut fort
bien être parfaitement interprétable, c’est-à-dire se voir assigner une
interprétation, alors qu’une phrase grammaticale peut s’avérer
ininterprétable. Par exemple :
■ Pertinent/non pertinent
Un énoncé peut être correct, grammatical, interprétable mais apparaître
déplacé dans un contexte déterminé. Ici interviennent de multiples
facteurs, à la fois linguistiques et psychosociologiques, dont l’articulation
n’est pas aisée. Par exemple après la question :
Quand venez-vous ?
une réponse comme « Sur la table » sera perçue comme non pertinente
(ou inappropriée) dans une conversation ordinaire, mais non dans une
pièce de Ionesco. On rencontre ici le délicat problème des « lois du
discours » qui régissent la pertinence des énonciations. Avec ce type de
considération, on aborde le domaine du discours, c’est-à-dire de l’usage
effectif de la langue.
Quelques notions
de syntaxe*
Les phrases (1) et (2) ont à peu près le même sens mais nul ne
songerait à dire qu’elles ont la même structure syntaxique. En revanche,
bien que les phrases (1) et (3) aient des sens très différents on n’hésiterait
pas à dire que d’un certain point de vue, celui de la syntaxe précisément,
il s’agit de la même structure de phrase. En effet, de l’une à l’autre il y a
quelque chose d’invariant : non pas les mots mais les catégories et les
relations entre ces catégories. La syntaxe est donc relativement autonome
par rapport à la signification.
Catégories et relations peuvent ainsi rester stables dans la mesure où ce
n’est pas la simple succession des unités lexicales qui fait une phrase. Par
exemple, redoute ne peut être mis ici en tête de phrase parce que ce n’est
pas un groupe nominal et que dans une phrase de ce type il doit y avoir
un groupe nominal sujet en tête ; cela veut dire que les unités lexicales,
indépendamment de leur présence dans telle ou telle phrase, sont
étiquetées en diverses catégories (nom, verbe, préposition, etc.), qui
contraignent la place qu’elles peuvent occuper.
Le phénomène de l’ambiguïté syntaxique nous montre bien que les
relations syntaxiques existent indépendamment de la simple juxtaposition
des unités lexicales, fussent-elles réparties en diverses catégories. Une
même séquence d’unités lexicales peut en effet correspondre à différentes
interprétations s’il existe diverses manières de distribuer les relations
syntaxiques. Ainsi :
pour lesquels on a l’intuition que ce sont les relations qui ont changé,
et pas seulement les places, autrement dit que ce n’est plus, à ce niveau,
la « même » phrase qu’avec les énoncés (4), (5) et (6) : ici c’est Marie
qui se plaint de Paul, et non l’inverse. Force est donc de distinguer entre
places et positions. Les « positions », c’est ce qui reste constant à travers
la variation superficielle des « places », ce qui est commun aux énoncés
(4), (5) et (6). Dans ces trois phrases, les termes sont dans les mêmes
positions, mais pas aux mêmes places (Marie, par exemple, demeure
complément de se plaindre), alors que dans la phrase (7), Marie n’occupe
plus la même position. Les classiques « fonctions syntaxiques »
correspondent aux relations entre positions.
La divergence entre places et positions ne saurait cependant dépasser
certaines limites, surtout dans une langue comme le français où il
n’existe pas de déclinaisons permettant de restituer les relations. Même
si, en principe, bien des variations de places sont possibles, celles qui
éloignent trop la disposition des places de celle des positions apparaissent
peu naturelles : qu’on se souvienne des variations que le maître de
philosophie fait subir à la phrase de Monsieur Jourdain : « Belle
marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour. » Celle-ci, par
exemple :
2. SYNTAXE/LEXIQUE
La syntaxe, on vient de le voir, intervient de manière décisive dans la
signification d’une phrase : « Mon frère aime ta sœur » n’a pas le même
sens que : « Ta sœur aime mon frère », et les ambiguïtés syntaxiques
nous ont montré que, selon les dépendances qui s’établissent, on aboutit à
des interprétations très différentes. Mais une part considérable du sens
échappe à la syntaxe, en particulier le sens lexical, par exemple celui de
frère ou de sœur, qui est indépendant de la position qu’ils peuvent
occuper dans la phrase : qu’il soit sujet ou objet, frère garde le même
sens.
Une unité lexicale constitue un individu, un être singulier qui est défini
par des propriétés de divers ordres : il a une catégorie, une forme
phonologique, un signifié, des propriétés relationnelles.
(1) Je bois
(2) Je cède mon livre
Dans l’énoncé (1), l’unique complément appelé par le verbe n’est pas
présent ; dans l’énoncé (2), n’est réalisé qu’un seul des compléments
puisqu’il n’y a pas de complément indirect en à (cf. « Je cède mon livre à
Jules »). En outre, le même verbe peut entrer dans plusieurs systèmes de
complémentation. Par exemple pleurer sans complément ou pleurer un
ami cher ; ou encore souhaiter quelque chose et souhaiter quelque chose
à quelqu’un. Ce sont là des problèmes délicats, qui touchent à la fois à la
question de la polysémie du verbe (s’agit-il du même verbe ou de verbes
distincts ?) et à la distinction entre compléments « essentiels » et « non
essentiels ». Quand on oppose des phrases comme : « Paul vit heureux à
la campagne » et « Paul va à la campagne », on n’a pas de mal à
percevoir que le syntagme, à la campagne est complément essentiel dans
le second exemple et non dans le premier. En revanche, cette distinction
est moins évidente pour vers l’ennemi dans : « L’armée s’avance vers
l’ennemi » ; est-ce un complément essentiel ?
Il apparaît ainsi qu’un groupe peut être inclus dans un autre. Le GA est
inclus dans un GN ou un GV, le GN dans un GP, etc. Seul le GV n’est
jamais inclus en tant que tel dans un autre groupe ; dans « Paul est triste
que tu partes », c’est que tu partes, la phrase, qui est complément et non
le GV partes.
Une autre particularité remarquable est celle de l’auto-enchâssement :
une phrase peut contenir une autre phrase, qui peut elle-même en
contenir une autre, etc. Ainsi, une relative une autre relative (« L’homme
qui aime la femme qui aime Luc est malade »), une complétive une autre
complétive (« Je crois que Paul croit que Louis sera absent »)…
5. LA PHRASE
Jusqu’ici nous avons traité la syntaxe dans le seul cadre de la phrase.
Ce qui peut sembler réducteur. La phrase verbale, rappelons-le, n’est en
effet qu’un des types de phrases. Mais c’est, de loin le plus important.
S’il n’existait que des phrases comme : « Zut ! », « Imbécile ! »,
« Malheur à toi ! » etc., tout l’appareil conceptuel de la syntaxe se
réduirait à très peu de choses. En fait, si l’on peut faire une analyse
syntaxique fine de ces phrases non verbales, c’est en s’appuyant sur les
concepts qui ont été élaborés pour étudier la phrase verbale.
La phrase ne se situe pas sur le même plan que les autres catégories
majeures. Il s’agit en effet de la catégorie maximale, celle dans laquelle
sont incluses les autres. Quand on remonte la hiérarchie des constituants
à partir de l’unité lexicale, on aboutit inévitablement à la catégorie
« phrase ». Certes, il existe des phrases subordonnées, par exemple : qu’il
vient inclus dans le GV de « Paul sait qu’il vient », mais ce GV lui-même
est inclus dans une phrase. À la différence des autres catégories majeures,
la phrase en tant que telle n’a pas de fonction, elle est le cadre à
l’intérieur duquel se définissent les fonctions. Si une complétive peut
avoir la fonction de sujet ou d’objet, c’est parce qu’elle occupe une
position que peut occuper un GN et non parce qu’elle est une phrase.
La phrase possède une structure spécifique mais qui ne se lit pas à ciel
ouvert. Depuis que la grammaire existe, il en a toujours été ainsi. Par
exemple, on a constamment considéré qu’un énoncé comme : « Prenez le
train ! » était une phrase au même titre que « Paul prend le train ».
Pourtant, cet énoncé à l’impératif n’a pas de sujet et son verbe ne se
conjugue qu’à la deuxième personne. De même, on considère souvent
que dans « Paul est plus malin que Luc », la séquence que Luc est une
phrase abrégée à groupe verbal sous-entendu. En revanche, les avis sont
beaucoup plus partagés sur les infinitifs et les participes présents : phrase
ou verbe ? Quoi qu’il en soit des thèses de chaque grammairien en la
matière, on postule toujours que la notion de phrase est construite, qu’elle
ne résulte pas d’un simple relevé des enchaînements de mots offerts à
l’intuition immédiate.
On distingue des phrases qui en incluent d’autres et des phrases qui
sont incluses dans d’autres, les subordonnées, mais fondamentalement
elles ont toutes la même structure, combinant un GN sujet et un GV, et
facultativement un ou des GP circonstanciel(s). À cela s’ajoute la
position de complémenteur.
C’est précisément ici que se pose un délicat problème de délimitation
de la phrase : faut-il y inclure cette position initiale de COMP ou doit-on
considérer que c’est une position extérieure à la phrase proprement dite ?
Le problème peut sembler oiseux pour un exemple comme :
Paul !
Qu’il vienne !
Ralentir au tournant !
Tous au rassemblement !
8. UN PRINCIPE D’UNICITÉ
Nous voudrions conclure par quelques considérations d’ordre général
sur le caractère très contraint de la syntaxe.
Une des choses les plus remarquables, c’est le rôle essentiel qu’y joue
l’unicité. Il n’y a par exemple qu’un seul groupe nominal sujet, un seul
groupe objet direct, un seul groupe verbal par phrase. Un énoncé à deux
sujets est agrammatical, à moins qu’on ne recoure à la coordination ou
qu’il y ait apposition :
– pour étudier les données qui sont proposées ; si l’on a un doute sur
la nature d’une catégorie, si l’on veut prendre la mesure d’un
phénomène que l’on cerne mal, le plus sûr est d’étudier son
comportement en lui faisant subir diverses manipulations, ou tests ;
– au cours de l’exposé, pour justifier le classement que l’on donne.
▶ La substitution
Elle consiste à remplacer une unité par une autre. Par exemple, ces
deux phrases :
comportent toutes deux un verbe suivi d’un infinitif qui semble leur
complément. Ces deux infinitifs sont pronominalisables par le pronom
invariable le : « Dormir, Paul le peut/veut ». Mais si à l’infinitif je
substitue une complétive objet, j’obtiens pour (2) une phrase
agrammaticale : « * Paul peut que Jean dorme », à côté de « Paul veut
que Jean dorme ». La substitution d’un GN révèle une autre divergence :
veut accepte un GN objet (« Paul veut un livre »), mais pas peut (« * Paul
peut un travail/* un livre… »).
▶ Le déplacement
Il transporte un élément d’une place à une autre de la phrase. On sait
que c’est là un des critères traditionnels de distinction entre compléments
du verbe et compléments circonstanciels (« À midi je dors/Je dors à
midi » opposé à « * À Lyon je me rends/Je me rends à Lyon »). Mais la
même opération révèle des difficultés pour certains types de
compléments habituellement considérés comme circonstanciels : par la
route est très difficilement déplaçable en tête dans : « Martine a voyagé
par la route ».
▶ L’effacement
Il consiste à éliminer une ou plusieurs unités, ce qui revient à
substituer une séquence vide à une séquence « pleine ». Ainsi dans ces
deux phrases, de constructions apparemment identiques :
▶ L’insertion
Elle introduit un élément nouveau dans une phrase. On ne peut pas dire
par exemple : « * Il a battu chiens ». Mais il suffit d’insérer un autre nom
sans article précédé de et pour que la phrase devienne grammaticale : « Il
a battu chiens et chats ». On doit alors se demander pourquoi cette
coordination permet de se dispenser d’article.
* Pour une bonne part, ce chapitre s’inspire, très librement, des travaux de J.-C. Milner.
Nous avons simplifié outrageusement sa démarche et sommes seuls responsables des
déformations, volontaires ou non, que nous lui avons fait subir.
Quelques conseils
à l’usage des
candidats
▶ Voyelles
API Exemples API Exemples
i lit y lu
e dé ø deux
ε dais œ peur
a ta ə de
α pâte dent
c sort don
o sot brin
u loup brun
p pont s saisir
b bon z zèbre
m mon champ
ʒ Jean
t temps f fer
d dent v verre
n neige r rond
l long
k clair j ciel
g gant h lui
agneau w Louis
1. Adjectif
1. MORPHOLOGIE DE L’ADJECTIF
L’accord de l’adjectif en genre et nombre, avec le nom dont il dépend,
peut provoquer une modification phonétique (beau/belle, trivial/triviaux)
ou non (rouge/rouge(s)). On se reportera aux grammaires de référence en
ce qui concerne les marques de l’écrit. À l’oral, les deux-tiers des
adjectifs n’indiquent pas le genre. Ceux qui l’indiquent font appel à des
▶
ressources variées [ GENRE (MARQUES DU-) – fiche 29]. Pour le nombre,
le fait majeur, c’est le pluriel -aux des adjectifs en -al, avec les
inévitables exceptions (banal, fatal…), de plus en plus nombreuses dans
l’usage courant.
2. LE GROUPE ADJECTIVAL
À la différence de ceux du GN, les spécifieurs du GA marquent le
degré dans la possession d’une certaine qualité, c’est-à-dire une
quantification sur une échelle continue : très beau, peu gentil, le plus
▶
jeune… [ DEGRÉ DE L’ADJECTIF – fiche 18].
n’a pas une structure de complétive, mais de GP, dont l’analyse pose
▶
des problèmes [ CE. 3 – fiche 11].
Ici, de partir n’est pas régi par idiot mais la phrase signifie plutôt « de
la part de Paul, qu’il parte est idiot ».
et :
4. FONCTIONS DE L’ADJECTIF
Le GA peut occuper trois positions dans la phrase : épithéte, inclus
▶
dans le GN, attribut d’un GN sujet ou objet [ ATTRIBUT – fiche 9], mis
en apposition au GN. Mais l’apposition ne peut être mise sur le même
▶
plan que les deux autres fonctions [ APPOSITION – fiche 5].
Un adjectif épithète ne peut dépendre d’un pronom (« *il/lui rouge »)
alors que c’est possible avec un GA attribut (« Il est rouge »). La place de
l’épithète devant ou derrière le nom obéit à des règles assez complexes
▶
[ PLACE DE L’ADJECTIF ÉPITHÈTE – fiche 47].
5. RESTRICTIF/NON RESTRICTIF
Pour l’adjectif épithète ou apposé, il faut faire une distinction entre
interprétation restrictive (ou déterminative) et interprétation non
restrictive (ou appositive), distinction qui vaut également pour les
propositions relatives. Il y a interprétation « restrictive » quand le GA
permet de restreindre le référent dénoté par le nom et son spécifieur ;
dans « J’ai cueilli les pommes rouges » ce ne sont pas toutes les pommes
qui ont été cueillies, mais seulement celles qui sont rouges. En revanche,
dans « les pommes, rouges depuis longtemps, ont été cueillies »,
l’interprétation est non restrictive puisque le GA ne limite pas le référent
du GN.
L’adjectif en apposition n’est jamais restrictif puisqu’il n’est pas inclus
dans le GN. En revanche, surtout au singulier et précédé d’un
déterminant défini, le même GA épithète peut selon les contextes être
interprété comme restrictif ou non restrictif :
Enfin, ils ne sont pas spécifiables en degré : *un parc très zoologique.
Toutefois, il est toujours possible de faire fonctionner un adjectif
relationnel comme un qualificatif : « Luc a une démarche très
présidentielle » (emploi qualificatif) signifie « une démarche
caractéristique d’un président ».
Dans ces trois types d’emploi, beaucoup d’adverbes ont une valeur
d’intensif.
C’est ici que l’on trouve l’immense classe des adverbes de manière en
-ment. Rappelons que la présence du suffixe -ment ne suffit pas à assurer
qu’il s’agit d’un adverbe de manière : dans « Vraisemblablement, il est
là » ou « Il est complètement idiot », il s’agit d’autres types d’adverbes.
Si le verbe est nominalisé, l’adverbe devient adjectif : un départ
volontaire, une course prudente.
La plupart des adverbes de manière sont « orientés vers le sujet »,
c’est-à-dire qu’ils permettent de qualifier la façon dont procède l’agent :
dire « Paul travaille calmement », c’est dire que Paul est calme quand il
travaille. D’autres adverbes portent sur le GV seul, n’impliquent pas le
sujet :
■ Adverbes circonstanciels
Ces adverbes jouent le même rôle que des groupes prépositionnels
circonstanciels ; d’ailleurs, un certain nombre de locutions adverbiales
sont en fait des GP figés : sur-le-champ, sur le tard… Il s’agit pour
l’essentiel d’adverbes à valeur locative ou temporelle, ou, plus largement,
qui indiquent dans quel cadre s’inscrit le procès exprimé par la phrase :
Il dort ici
Il nous visite souvent
Habituellement il arrive seul
Actuellement il se repose
Il est finalement arrivé
mais non :
■ Adverbes de phrase
Ces adverbes se situent nettement dans une position extérieure au
noyau de la phrase ; ils permettent à l’énonciateur de porter un jugement
sur l’ensemble de ce qu’il dit. D’un point de vue syntaxique ils ont un
comportement différent des adverbes qui sont intégrés dans la phrase. Ils
se placent dans des positions détachées, ne supportent pas une
focalisation par c’est… que, peuvent figurer en tête d’énoncés négatifs :
Dans l’exemple (1), c’est Paul qui agit avec stupidité ; dans l’exemple
(2), l’énonciateur considère que le fait pour Paul de faire le malin était
stupide.
On donne également une grande importance aux adverbes
d’énonciation, qui portent sur l’acte d’énonciation même qui rend la
phrase possible, alors que les adverbes modaux portent sur l’énoncé ;
cette différence se perçoit dans le contraste :
Franchement, vient-il ?
* Heureusement/vraisemblablement, vient-il ?
5. PLACE DE L’ADVERBE
Le type de dépendance qu’entretient l’adverbe avec l’élément sur
lequel il porte a une incidence directe sur les places qu’il est susceptible
d’occuper dans la phrase :
Diachronie
Il existe au XVIIe siècle quelques « faux amis », dont le sens a changé. En
particulier des adverbes de temps ; d’abord (= « tout de suite »), déjà (=
« encore »), incessamment (= « sans cesse »), or (= « maintenant »), premièrement
(= « auparavant »), tantôt (= « bientôt »), tôt (= « vite »), tout à l’heure (= « tout
de suite »). Autres faux amis, les deux adverbes de phrase : sans doute (= « sans
aucun doute »), en effet (= « effectivement »). Les adverbes de quantité : tant
(= « si ») et autant (= « aussi ») pouvaient porter sur un adjectif : « Voilà une
malade qui n’est pas tant dégoûtante » (Molière). Quant à très, il pouvait porter
sur un verbe, avec le sens de « beaucoup » ; inversement, beaucoup associé à un
adjectif signifiait « très ». Trop combiné avec un adjectif avait le même sens :
« Vous vivrez trop contente avec un tel mari » (Molière). Un certain nombre
d’adverbes de manière ont disparu. Par exemple confidemment (= « avec
confiance »), vitement, courtement… D’autres ont changé de sens : constamment
(= « avec constance »), vulgairement (= « ordinairement, communément »)…
3. Anaphore nominale
Pour lever cette équivoque, plutôt que d’« anaphore au sens large », on
parle parfois d’endophore, notion qui recouvre anaphore et cataphore.
Dans cette fiche, on entendra « anaphore » au sens strict.
Un anaphorisant peut reprendre un anaphorisé de trois points de vue
différents :
2. L’ANAPHORE PRONOMINALE
L’anaphore pronominale s’oppose à l’anaphore lexicale, dans laquelle
le terme anaphorisant est un GN dont la tête est une unité lexicale
pourvue d’un signifié (ce livre, l’homme…).
S’il y a pronominalisation, l’anaphore nominale est grammaticalisée :
les anaphorisants appartiennent à une liste fermée, ils n’ont pas de
signifié propre et le plus souvent s’accordent en genre et nombre avec
leur antécédent. Le plus utilisé, il/elle, tire ainsi son signifié et son
référent de l’anaphorisé et en reçoit ses marques de genre et de nombre
(avec néanmoins des cas délicats : après l’estafette ou la sentinelle, par
exemple, on hésite entre il et elle, selon qu’on privilégie genre
▶
grammatical ou sexe du référent). [ PRONOM – fiche 51]
– la relation entre les deux termes est fondée sur le signifié : ainsi pour
la reprise « Le pommier… l’arbre… » tout lecteur qui connaît le
français est capable d’établir le lien puisque dans le lexique arbre
constitue un hyperonyme de pommier ;
– la relation est établie grâce à notre connaissance du monde, notre
savoir « encyclopédique ». Seul un familier de la littérature pourrait
associer « George Sand » et « cette romancière ». En fait, un lecteur
qui l’ignore pourrait l’inférer en présumant que le texte est
cohérent.
4. LA REPRISE IMMÉDIATE
Un des points les plus controversés dans l’étude de l’anaphore
nominale est la reprise immédiate, c’est-à-dire la possibilité de
reprendre un GN indéfini immédiatement antérieur :
Cette question classique exige que l’on sélectionne les termes dont le
rôle syntaxique est déterminé par la terminaison -ant. Cela exclut par
exemple auparavant ou un débutant, pour lesquels ce n’est plus qu’un
fait étymologique. Sont donc concernés les adjectifs verbaux,
participes présents, participales, gérondifs. En fait, seuls les trois
derniers intéressent vraiment la syntaxe ; ils s’inscrivent, comme
l’infinitif, dans la problématique des « modes non personnels du
verbe ».
1. ADJECTIFS VERBAUX
Cette catégorie n’a pas grand-chose à voir avec la catégorie
homonyme de la grammaire latine. Il s’agit seulement d’une classe
lexicale, celle des adjectifs dérivés de la forme participe présent du
verbe : « Un homme plaisant, captivant, fuyant ». L’orthographe les
distingue parfois des participes correspondants : fatigant (A)/fatiguant
(V), convergent (A)/convergeant (V)… N’étant plus des verbes, ils n’ont
pas les compléments requis par le verbe ; ainsi dans :
2. LE PARTICIPE PRÉSENT
À la différence des adjectifs verbaux, les participes présents sont
invariables et ne connaissent pas le degré. Quand ils sont épithètes, ils
sont toujours postposés au nom dont ils dépendent et paraphrasables par
une relative : « Les enfants souhaitant partir… » = « Les enfants qui
souhaitent partir… ». Quand ils sont apposés, ils sont paraphrasables par
une relative appositive (« Les enfants, souhaitant partir, se sont
tus » = « Les enfants, qui souhaitaient partir, se sont tus ».) Quand ils
sont attributs, ils sont attributs de l’objet :
3. LA PARTICIPIALE
On réserve traditionnellement le nom de participiale à des phrases à
participe et à sujet exprimé qui jouent un rôle de subordonnée
circonstancielle, mais sans subordonnant. Mobiles dans la phrase
principale, elles en sont détachées :
4. LE GÉRONDIF
Comme la participiale, le gérondif est un circonstanciel. Il est
invariable, il a un sujet nul dont l’antécédent est en principe le sujet de la
principale et peut avoir des compléments d’objet. Sa singularité tient à la
présence d’un morphème prépositionnel en qui ne peut être séparé du
▶
verbe que par un élément clitique [ PRONOM CLITIQUE. 1 – fiche 52] :
En me le donnant, il sourit
* En demain venant, tu le verras
Diachronie
Au XVIe siècle, comme en ancien français, les participes présents ont tendance à
varier en genre et en nombre. Aujourd’hui on distingue nettement participe et
adjectif mais au XVIIe siècle encore le partage n’était pas si net. De là bien des
difficultés pour savoir s’il fallait ou non accorder. Vaugelas et Malherbe refusent
les accords au féminin. En 1679, l’Académie tranche pour l’invariabilité, mais
beaucoup d’auteurs continuent à les faire varier en nombre (« Les morts se
ranimans à la voix d’Elisée » (Racine)), voire en genre (« La veuve d’Hector
pleurante à vos genoux » (Racine)). Mais la grammaire se heurte ici aux
exigences du style : pleurant est un verbe, pleurante tend à devenir un adjectif,
avec les différences aspectuelles que cela implique. Au masculin pluriel, on
trouvait les graphies -ans et -ants. En ancien français, l’actuel gérondif n’était pas
nécessairement précédé de en ; il en reste des expressions comme « chemin
faisant ». C’est au XVIIIe que ce en se généralise. Mais au XVIIe, le en est souvent
absent : « Tu trouveras la paix quittant la convoitise » (Corneille). Mais sans en, il
est souvent impossible de faire une distinction entre gérondif et participe apposé :
« Quand l’amoureux Titus, devenant son époux, Lui prépare un éclat qui rejaillit
sur vous » (Racine).
L’identité entre le sujet du gérondif ou du participe apposé et celui de la principale
n’était pas obligatoire au XVIIe ; de là bien des obscurités :
I. « Ils avaient toujours été l’objet de ses railleries et de son mépris, les appelant
tantôt grossiers et rustiques… » (Vaugelas).
II. « Vous m’êtes, en dormant, un peu triste apparu » (La Fontaine).
Le sujet du gérondif dans l’exemple est le pronom de la troisième personne du
singulier impliqué par ses ; dans l’exemple II, c’est me et non vous.
5. Apposition
1. LE PROBLÈME
Soit la phrase :
Mon frère serait considéré comme apposé à Paul par tous les
grammairiens. Le GN mon frère n’est pas « apposé » seulement parce
qu’il est placé à côté de Paul mais aussi parce qu’il y a :
Alors que les exemples (1), (2), (3) et (4) juxtaposent les GN, les
autres exemples les relient par de. Les GN des exemples (7) et (8) nous
présentent des noms de qualité, liés à un jugement de valeur de
l’énonciateur, tandis que (1), (2), (3) et (4) impliquent des classifications
objectives (par la parenté, la profession…).
À chaque fois, on peut restituer des relations de coréférence plus ou
moins strictes entre les deux GN. Mais les tests qu’on peut leur faire
subir révèlent des comportements divergents. Par exemple :
* Léopold le prince
* Bruges de la ville
* Bruges la ville
ou encore :
Toutes ces données sont compliquées et fort discutées. Une chose est
sûre toutefois : il s’agit de constructions marquées, qui sont réservées à
des ensembles très limités de noms. En outre, ces deux GN ne se situent
pas sur le même registre, l’un d’eux est dominant, ce qui atténue leur
identité ; ainsi dans « le roi Albert » associe-t-on un nom propre et un
titre. Il peut d’ailleurs en être difficilement autrement dès que l’on touche
à un principe linguistique aussi essentiel que la nécessité de différencier
les éléments qui appartiennent à un même domaine.
Certains parlent d’apposition pour divers types de composition
nominale : une usine modèle, l’État providence, la ville satellite… Ici le
GN tend à jouer un rôle adjectival, il n’y a plus coréférence. Certains
linguistes parlent dans ce cas de noms épithètes.
3. L’APPOSITION DÉTACHÉE
Au sens strict, l’apposition détachée ne concerne que les GN (« Paul,
médecin, a reçu une médaille ») et les catégories qui jouent un rôle de
GN : les complétives (« Ce projet, que Marie le remplace, lui déplaît ») et
les infinitifs (« Mon rêve, partir en Malaisie, ne s’est pas réalisé »). Dans
ce cas, les GA détachés (« Paul, content, sortit ») ne sont pas dits
« apposés » mais épithètes détachés.
Au sens large, l’apposition détachée met en relation un GN
« antécédent » avec un constituant qui :
est agrammaticale parce que la veste n’est pas considérée comme une
partie inaliénable de la personne de Paul.
4. LA RUPTURE ÉNONCIATIVE
Si les appositions détachées permettent de placer dans la même phrase
deux GN qui ont le même référent, c’est que ces deux GN ne se trouvent
pas réellement sur le même plan. Ce qui n’est pas sans poser un problème
de fond : comment se fait-il qu’une phrase puisse contenir des éléments
qui ont une relative autonomie par rapport à elle ? Ainsi une phrase
apposée peut-elle demeurer assertive alors même que l’énoncé est
interrogatif :
1. « ARTICLE » ET « DÉTERMINANT »
Il est difficile d’effacer d’un trait de plume des habitudes bien ancrées,
mais il faut être conscient des limites de la terminologie traditionnelle.
Par exemple, on voit mal pourquoi le démonstratif ou le possessif n’ont
pas eux aussi été dénommés « articles » puisqu’ils commutent avec le, un
ou du : « *ce le livre », « *le ce livre », « *mon le livre », etc. À la
différence de la grammaire traditionnelle qui réserve l’étiquette
« article » à le et un, les problématiques linguistiques nomment
« déterminant » tous les termes qui peuvent s’ajouter à un nom commun
pour former un GN : un, le, mon, ce, du, certains, tout, etc. Un certain
nombre de ces déterminants peuvent se combiner (tout le, mes
quelques…), d’autres non.
2. QUELQUES PROBLÈMES
Il suffit de jeter un œil sur le tableau des articles pour saisir à la source
bon nombre de débats.
4. LE PARTITIF
Il prélève une partie d’un substantif dense ou, moins souvent, d’un
compact. Alors qu’un quantifieur de mesure (un peu/beaucoup/un verre
de…) prélève une quantité déterminée, le partitif ne précise pas l’ampleur
du prélèvement.
Dans le partitif, l’article le désigne une substance de manière
générique (l’eau, la fumée…). On ne le confondra pas avec des emplois
où le a une valeur spécifique. Un énoncé comme « Tu veux de la tarte »
est donc ambigu, comme le montrent les deux énoncés négatifs, où le
partitif peut faire disparaître le :
5 L’INDÉFINI
On distinguera un emploi canonique, avec les substantifs discrets, et
un emploi marqué, avec les substantifs non discrets.
* Un sable
Un sable bleuté
* Une blancheur
Une blancheur de neige
* Une lune
Une lune pâle
Petit lapin !
■ Les coordinations
Elles peuvent correspondre à deux phénomènes distincts :
– une coordination en et ou ni qui combine des GN complémentaires
formant un tout : « Chiens et chats s’amusaient ». Suivis du pronom tout,
les séries de GN peuvent se passer de déterminant : « Voitures,
téléphones, radios, tout est cassé » ;
– une coordination dans laquelle le second terme doit avoir le même
référent que le premier : un voisin et ami (deux catégorisations du même
individu), l’ophtalmologiste ou médecin des yeux (reformulation par un
synonyme).
■ Les autonymies
C’est-à-dire les emplois où l’on réfère au signe linguistique :
■ Les proverbes
L’exemple (1) laisse penser que le procès a été mené à son terme, alors
que l’exemple (1’) n’implique rien de tel ; l’exemple (2) est un procès
singulier tandis que l’exemple (2’) est itératif.
De manière lacunaire il existe dans le lexique certaines marques de
mode de procès : mener/amener, porter/apporter… De leur côté, les
verbes conclusifs tendent à privilégier l’auxiliaire être et les non
conclusifs avoir : être arrivé vs avoir écrit. Mais c’est là un domaine très
complexe : quelle différence aspectuelle, par exemple, doit-on définir
entre j’ai passé et je suis passé ?
L’aspect grammatical vient également interférer avec le mode de
procès. Ainsi ouvrir a beau être conclusif, à l’imparfait il peut être
intégré dans un procès imperfectif : « Jean ouvrait la porte quand je l’ai
vu. » Inversement, un verbe lexicalement duratif figure sans difficulté
dans un énoncé perfectif : « César habita ce palais de marbre. » L’aspect
grammatical se situe donc sur un registre distinct de celui des modes de
procès.
3. VERBES ASPECTUELS
Certaines grammaires parlent de « verbes aspectuels » pour des verbes
semi-auxiliaires qui servent à situer le déroulement du procès par rapport
à un repère. Il s’agit essentiellement de aller/venir de, se mettre à,
commencer à (aspect inchoatif), être en train de, finir de (aspect
terminatif). Il apparaît qu’ici de est réservé aux procès qui s’achèvent et à
pour ceux qui commencent. Dans cet emploi, certains verbes connaissent
des limitations : par exemple, aller n’est utilisé qu’au présent et à
l’imparfait, être en train de exclut le passé simple et le passé composé.
On ne confondra pas cet aller aspectuel avec celui du futur périphrastique
▶
[ FUTUR – fiche 28] ; la différence est perceptible dans ce contraste :
Quand il va (= est sur le point de) pleuvoir, ma jambe me fait
mal (aspectuel)
Quand il va pleuvoir, je rentrerai (futur)
Diachronie
Au XVIIe siècle, la périphrase être à permettait d’exprimer la même chose que
l’actuel être en train de (cf. « Éliante là-bas est à l’entretenir »). En revanche, être
en train de pouvait signifier « être dans une disposition à ». Au début du siècle
tombent en désuétude les périphrases avec – ant. C’est ainsi que disparaissent les
périphrases avec être (cf. « Ils furent jouissant… »). Celles avec aller ont
beaucoup mieux survécu, mais elles ont perdu peu à peu la valeur aspectuelle de
développement du procès (aspect « progressif ») qu’elles avaient en ancien
français, pour devenir une périphrase élégante de la forme simple du verbe.
Vaugelas les juge vieillies et veut les réserver aux véritables mouvements ; il
accepte donc : « Elle va chantant » et refuse : « Ces arbres vont croissant. » C’est
le signe que la valeur aspectuelle de la périphrase n’est plus comprise.
9. Attribut
1. L’ATTRIBUT COMPOSANT DU GV
■ Attribut du sujet et complément d’objet direct
En tant que composant du GV, l’attribut partage certaines propriétés
avec le complément d’objet direct. Comme ce dernier :
Il arrive que l’attribut du sujet soit placé en tête de phrase, mais dans
des constructions particulières : « Sombre était son visage » ; « Si
courageux qu’il soit, il sera surpris » ; « Généreuse comme elle est, elle
comprendra »…
2. PROPRIÉTÉS SÉMANTIQUES
Dans la position d’attribut du sujet, le GA entretient la même relation
de sens avec le nom dont il dépend que lorsqu’il est épithète ou
apposition. Mais les GN ont ici un statut singulier puisqu’ils se trouvent
avoir le même référent que le GN sujet ; c’est précisément en cela que
réside la spécificité de l’attribut. Alors que dans :
3. L’ATTRIBUT DE L’OBJET
Ce qu’on appelle « attribut de l’objet » est une relation entre deux
compléments du même verbe :
1. PROPRIÉTÉS DE L’AUXILIAIRE
Un verbe auxiliaire V1 précède un verbe V2, lequel est au participe ou
à l’infinitif, c’est-à-dire à une forme non fléchie (on dit aussi « non
finie »). Cela permet de ne pas transgresser les principes fondamentaux
de la syntaxe : d’un point de vue lexical, il y a deux verbes dans la même
phrase, mais pour la syntaxe il n’y en a qu’un.
L’auxiliaire est « transparent », ce n’est pas lui qui contraint les
compléments du GV. Ainsi dans :
2. ÊTRE ET AVOIR
[▶ ÊTRE/AVOIR – fiche 26].
3. LES SEMI-AUXILIAIRES
On parle de semi-auxiliaires pour certains verbes qui, dans des
combinaisons V1-V2, avec V2 à l’infinitif, ont perdu une part de leur
autonomie syntaxique au profit de V2. Il s’agit essentiellement de deux
groupes : les verbes aspectuels et les verbes modaux. À la différence des
auxiliaires, ces semi-auxiliaires ne font pas véritablement partie de la
conjugaison du verbe.
Les verbes aspectuels [ ▶
ASPECT. 3 – fiche 8] connaissent en
particulier des restrictions en matière de temps (cf. « * J’irai partir ») et
ne peuvent intervenir dans la sélection des compléments : dans « Je viens
de voir Paul », le complément de voir est indifférent à viens et de voir
Paul n’a pas les propriétés d’un complément d’objet.
Les verbes modaux tels pouvoir ou devoir connaissent des limitations
▶
comparables [ POUVOIR/DEVOIR – fiche 49].
11. Ce
1. CE DÉTERMINANT
Ce peut être le masculin singulier du déterminant démonstratif : « Ce
▶
chien est malade » [ démonstratif – fiche 19].
2. CE PRONOM
Si l’on excepte quelques tours figés (sur ce, pour ce faire…), ce
pronom se trouve dans une position de clitique sujet neutre [ ▶ PRONOM
CLITIQUE – fiche 52], le plus souvent sous sa forme élidée c’, associé au
verbe être.
■ Valeur anaphorique
etc.
■ Valeur cataphorique
■ Autres emplois
Les locuteurs hésitent continuellement sur l’accord en nombre du
verbe quand le GN occupe ainsi la position d’attribut : « C’est des amis »
ou « Ce sont des amis » ? Hésitation compréhensible puisque ce est le
sujet syntaxique mais c’est le GN qui donne l’interprétation.
Dans les interrogatives, c’est joue un rôle important. Soit inversé en
tête de phrase (Est-ce que/Est-ce Paul qui… ?), soit après les pronoms
(Qui c’est que/Qui c’est qui… ?). On ne confondra pas les interrogatives
partielles, qui focalisent un élément (« Est-ce Paul (= et non Luc,
Maurice) que tu as vu ? »), et les interrogatives totales (« Est-ce que tu as
vu Jeannette ? »).
Avec les structures dites clivées, identiques aux précédentes, mais sans
inversion du clitique sujet, on peut focaliser un constituant en l’extrayant
de sa position pour le placer en tête :
Dans une phrase clivée, la partie qui suit le relatif est présupposée ;
ainsi, dans « C’est Paul que je vois », le présupposé « Je vois quelqu’un »
est soustrait au doute.
À côté de cette structure clivée, on en trouve une autre, pseudoclivée,
d’un type très différent :
■ Les complétives
Bien des complétives, outre le classique subordonnant que, utilisent un
à/de ce que :
Diachronie
En ancien français, ce pouvait s’employer comme les formes accentuées actuelles
ça, ceci, comme sujet de venir (« ce vient ») et comme objet direct dans les incises
(« ce dit-on ») du discours cité. On le trouvait aussi avec faire (« ce faisant »,
« pour ce faire »), et après
quelques prépositions (« de ce », « à ce », etc., et surtout « pour ce »,
jugé par la suite désuet par Vaugelas).
Là où la construction moderne exige ce qui… c’est (« Ce qui m’ennuie, c’est… »),
la langue du XVIIe ne l’exigeait pas, en particulier quand le sujet de la seconde
phrase était au pluriel : « Ce qui me plaît sont tes idées. » Les grammairiens ont
beaucoup débattu pour savoir s’il fallait ici une anaphore pronominale en ce.
Vaugelas préférait l’anaphore mais elle ne lui semblait pas obligatoire.
On rencontrait souvent cela à la place de ce s’il y avait un adjectif attribut suivi
d’une complétive ou d’un infinitif : « Cela est vrai, que… », « Cela est étrange,
que vous partiez/de partir… ».
12. Circonstanciel
(Complément -)
1. DIVERSES CATÉGORIES
Le circonstanciel définit une fonction dans la phrase, fonction qui peut
être occupée par des éléments de diverses catégories. Il s’agit
essentiellement :
2. LA PLACE DU CIRCONSTANCIEL
Fonction extérieure au noyau que forment le GN sujet et le GV, le
complément circonstanciel n’a pas de place fixe. Cette mobilité est liée
au fait que les éléments en position de circonstanciel d’une phrase ne
dépendent pas de la tête d’un groupe. Mais la place du circonstanciel a
une incidence importante sur la progression thématique, c’est-à-dire la
manière dont le texte hiérarchise et répartit les informations qu’il pose
comme données et celles qu’il pose comme nouvelles. Les places les plus
fréquemment occupées se trouvent au début et surtout à la fin de la
phrase, à sa périphérie donc. Mais ici interviennent de multiples facteurs :
en particulier la longueur et la signification du circonstanciel, la nature
du GN sujet et du GV, etc. Ainsi :
3. COMPLÉMENTS CIRCONSTANCIELS ET
COMPLÉMENTS DU VERBE
■ Infinitif circonstanciel
La préposition peut régir un infinitif :
Il et parti avant de le revoir
Après avoir tout lu, il fit un rapport
– les subordonnées à l’indicatif : dès que, alors que, étant donné que,
de même que… ;
– les subordonnées au subjonctif : avant que, bien que, pour que… ;
– les subordonnées qui sont à l’indicatif ou au subjonctif : de façon
que, de sorte que… Mais on peut douter qu’à l’indicatif il s’agisse
réellement de subordonnées (cf. infra).
■ Circonstancielles intégrées au GV
Certaines sont intégrées au GV. Ainsi dans ces exemples :
Diachronie
La locution pour que se répand au début du XVIIe ; bien que Vaugelas et Thomas
Corneille en aient condamné l’usage, elle s’est imposée au XVIIIe. Certaines
locutions ont aujourd’hui disparu : même que (= « au cas où »), mais que (=
« pourvu que »), désormais que, auparavant que, paravant que, cependant que,
soudain que, durant que, d’abord que, devant que, parfois que (= « à certains
moments où »), premier que, moyennant que, à cause que, pour ce que, à ce
que = « pour que »), hors que (= « sauf si »), sans ce que (= « si ce n’est que »),
combien que (= « bien que »), nonobstant que.
Certaines pouvaient avoir un sens différent : tant que (= « jusqu’à ce que »),
depuis que (= « dès que »), tandis que (= « tant que »). Il y avait également des
divergences quant au mode appelé par les conjonctions. Sans que pouvait appeler
l’indicatif ; au début du XVIIe, quoique, bien que et encore que étaient souvent
suivis de l’indicatif. Comme, par imitation du latin, permettait le subjonctif. Quant
à la combinaison de d’ après que et du subjonctif, aujourd’hui dénoncée par les
puristes, elle était déjà vivante à cette époque.
Au XVIIe, le -s- de puisque et de lorsque ne se prononçait pas. On pouvait en outre
dissocier puis et que, de même que par et ce dans parce que.
14. Comparaison
1. LE SUPERLATIF RELATIF
Dans un ensemble donné, un élément est distingué comme le plus ou le
moins pour la détention d’une certaine propriété. Par exemple, dans les
phrases :
Dans les exemples (1) et (2), un seul groupe (GN ou GA) figure après
le que. Mais ce peut aussi être une phrase complète :
■ Comparaison de qualités
Ce type de comparaison met en relation deux phrases pour poser une
équivalence entre elles, prises globalement, ou bien pour rapprocher deux
GN qui ont des propriétés communes, explicitées ou non. Ces
comparaisons sont introduites par des subordonnants tels comme, de
même que, ainsi que, tel que :
■ Comparaison de quantités
Les constructions qui comparent d’un point de vue quantitatif peuvent
faire appel soit à des adverbes autres que plus, moins, aussi, en particulier
les adverbes davantage, autant, soit à des déterminants de quantité suivis
par de (davantage de, autant de, plus de, moins de). Tous ces éléments
sont corrélés avec que :
Diachronie
Au XVIIe siècle il existait des marqueurs de comparaison qui ont aujourd’hui
disparu, en particulier avec comme :
– autant… comme :
« Tout chevalier est obligé autant à l’honneur des dames comme au sien propre »
(H. d’Urfé).
– ainsi comme :
« L’ennui qui vous emporte ainsi comme un torrent » (Montchrestien).
– si/aussi… comme :
« Il n’est rien de si beau comme Caliste est belle » (Malherbe).
– tant/autant… comme :
« Il ne sert de changer sa peinture en tant de façons comme Glycera faisait ses
bouquets » (François de Sales).
– autant… que (= « aussi que ») :
« Croire la vie et la mort autant dissemblables que les uns et les autres nous le
figurent » (Bossuet).
15. Complétive
1. PROBLÈMES DE DÉFINITION
En règle générale on définit la complétive comme une phrase :
– subordonnée ;
– qui occupe une position de GN ;
– qui est introduite par un que sémantiquement vide (ni interrogatif ni
relatif).
Je le saurais, je le dirais
Si tu le pensais, tu le cacherais
3. LA NON-PRISE EN CHARGE
Le locuteur en usant du conditionnel marque qu’il ne prend pas à son
compte ce qu’il dit. À cette valeur correspondent divers emplois.
■ L’information rapportée
C’est le cas du conditionnel journalistique (« Le général X aurait pris
le pouvoir ») qui rapporte les propos d’une source distincte de
l’énonciateur (« l’AFP », « les milieux bien informés »…). Plus
largement, on recourt au conditionnel pour énoncer une opinion ou un
propos que l’on se refuse à assumer :
■ La reprise
Le locuteur reprend le propos de son interlocuteur ou une proposition
impliquée par le propos de ce dernier, mais sans en assumer la
responsabilité. Selon les contextes, on aura divers effets de sens :
A : Tu veux m’aider ?
B : Moi, je t’aiderais ? Pourquoi je t’aiderais ?
5. AUTRES EMPLOIS
Certains emplois font l’objet d’analyses diverses, qui les rapprochent
tantôt du conditionnel hypothétique, tantôt du conditionnel de non-prise
en charge qui impliquent tous deux une non-coïncidence de l’énonciateur
avec son assertion. C’est le cas en particulier des énoncés ludiques (« Tu
serais le roi et je t’aurais délivré… ») ou oniriques (« Nous aurions des
journées merveilleuses… »).
Le conditionnel permet également d’atténuer les énonciations qui
risquent d’être perçues comme agressives (« Je voudrais vous
demander… », « Seriez-vous disposé à l’aider ? ») ou les assertions trop
péremptoires (« On jurerait un bateau », « On dirait qu’il attend… »). Ici,
le recours à on permet d’affaiblir la frontière entre l’énonciateur et
d’autres sources d’énonciation, et ainsi de jouer entre ce qui est assumé et
▶
ce qui n’est pas assumé [ ON. 2 – fiche 43].
Diachronie
Un GN est dit défini quand il est déterminé par le. Mais la diversité
des emplois de cet article est très grande, selon le type de noms
auxquels il est associé et le type d’énoncé dans lequel il s’insère. Il est
susceptible d’emplois où le référent du GN peut être identifié
indépendamment du contexte (valeur « générique ») et d’emplois
comme « désignateur », pour isoler un objet particulier dans un
contexte. En dépit de zones de recoupement, il a un fonctionnement
très différent des articles indéfinis et démonstratifs.
L’article indéfini lui aussi peut avoir ces deux valeurs, mais il ne
construit pas la référence générique de la même manière : alors que le
défini désigne directement l’espèce « livre », l’indéfini n’atteint l’espèce
qu’à travers l’individuel (« Un livre est un produit culturel »).
Un test qui permet de distinguer interprétations générique et
spécifique, c’est la dislocation du GN et sa reprise par ça :
Diachronie
À l’époque classique, dans certains cas, on n’employait pas l’article défini là où il
est à présent requis :
– avec des êtres uniques : Christ, ciel, enfer, terre, diable… ;
– avec des noms abstraits, personnifiés ou non : amour, nature, hasard… ;
– devant même antéposé à un nom : « Ils ne faisaient pas même jugement que lui »
(Vaugelas) ;
– dans certaines locutions verbales : avoir assurance, dire vérité, envoyer ordre,
couper chemin… Inversement, on mettait l’article défini là où aujourd’hui on ne le
met plus : faire la justice, lâcher le pied, faire la retraite… ;
– dans les superlatifs relatifs : les personnes plus élégantes (= les plus élégantes) ;
– devant des noms de pays, de fleuves ou de montagnes, mais c’est déjà archaïque
à cette époque : Égypte, Bretagne, Loire, Etna, Parnasse… Cet emploi était
essentiellement réservé aux GP : au bord de Loire, partir pour Égypte, etc.
Inversement, on trouvait le roi de la France ;
– dans les coordinations de parasynonymes : la vertu et bonté… Ce tour était très
prisé des écrivains du XVIe et du début du XVIIe. Vaugelas l’accepte encore.
Néanmoins, la tendance des grammairiens classiques est d’exiger partout la
présence de l’article.
18. Degré de l’adjectif
1. DEGRÉ ET NORMES
L’évaluation en degré suppose une norme tacite, relative à des
représentations socioculturelles. Dire de quelqu’un qu’« il est très bête »,
c’est dire qu’il possède un degré élevé de bêtise eu égard à la norme
d’intelligence de l’objet considéré. En effet, selon que « il » désigne un
chien ou un humain, la norme de référence change d’autant. De là parfois
le besoin de préciser cette norme : « Il est peu intelligent pour un berger
allemand. »
Si le degré affecté à un terme est inférieur, supérieur ou conforme à
une certaine attente, on fait intervenir des adverbes comme trop/trop peu,
pas assez, insuffisamment/assez, suffisamment… Dans ce cas c’est
l’adéquation à ce degré attendu qui est évaluée et nullement la propriété
en elle-même. Si l’on dit de quelqu’un qu’il est « très intelligent » on
affirme qu’il est intelligent ; en revanche, si l’on dit qu’il est « trop
intelligent pour ce poste », on parle seulement de l’intelligence requise
pour ce poste.
3. LA COMPARAISON
Quand il y a comparaison, le contexte fournit un point de repère ; le
plus souvent il s’agit d’un autre terme affecté de la même propriété ou de
deux propriétés distinctes affectées au même individu (comparatifs de
supériorité, d’infériorité, d’égalité) :
▶
[ COMPARAISON – fiche 14]
C’est ici que se rencontrent les exceptions morphologiques
bon/meilleur, petit/moindre, mauvais/pire héritées de l’ancien français ;
mais seule la première paire est vivante. Moindre relève de l’usage
soutenu et l’on entend « plus/moins pire », indice que pire tend à être
remplacé par plus mauvais.
4. LE SUPERLATIF
Le degré peut également se marquer en plaçant le terme sur la limite
supérieure ou la limite inférieure d’un ensemble de référence. Dire de
Paul qu’il est « l’élève le plus/le moins intelligent de la classe », c’est
prendre un ensemble d’éléments affectés d’une propriété (l’intelligence)
et isoler celui ou ceux qui se trouvent au minimum et au maximum.
Comme pour la comparaison, il s’agit d’une évaluation relative ; « le plus
intelligent » d’un groupe peut fort bien ne pas être intelligent, « le moins
intelligent » être quand même intelligent : tout dépend de l’ensemble de
référence. Le caractère superlatif est à son tour renforçable en degré :
Diachronie
Au XVIIe, l’interprétation superlative s’appliquait à des structures qui aujourd’hui
sont comparatives : « les personnes plus galantes » pouvait ainsi signifier « les
personnes les plus galantes ». C’était l’absence d’une comparative qui orientait
vers l’interprétation superlative. Ce tour était possible même lorsque le superlatif
était suivi d’une relative :
« C’est une des grandes erreurs [= une des plus grandes erreurs] qui soient parmi
les hommes » (Molière).
À cette époque, dans ce type de relatives, on employait beaucoup moins le
subjonctif que l’indicatif (en y incluant le conditionnel). Tout au long des XVIe et
e
XVII siècles, les grammairiens ont réclamé l’insertion d’un article défini, lequel
s’est imposé définitivement à la fin du XVIIe.
Le superlatif en -issime a été emprunté à l’italien au XVIe siècle, mais sauf
exceptions (rarissime, richissime) ou volonté de calquer le latin, son emploi a le
plus souvent témoigné d’une intention plus ou moins ludique.
19. Démonstratifs
(déterminants
et pronoms)
■ Déterminants
Masculin Féminin
Forme simple Singulier ce (t) cette
Pluriel ces
■ Pronoms
2. SÉMANTIQUE DU DÉMONSTRATIF
En employant le démonstratif déictique le locuteur réfère à un objet
qui est présupposé exister et se trouver dans l’environnement immédiat
de l’occurrence de ce démonstratif. Comme pour tout embrayeur, il faut
donc prendre en compte le moment et le lieu de l’énonciation. Mais le
démonstratif est beaucoup moins précis que des embrayeurs comme je ou
demain, lesquels fixent un référent bien identifié : hors d’une énonciation
singulière, ce + Nom et ça visent un référent indéterminé. Bien souvent le
démonstratif désigne un référent que l’on ne peut pas isoler et montrer
effectivement : cette nuit, cette vie…
On ne peut pas disjoindre les emplois anaphoriques et déictiques.
Dans :
Regarde ce livre/ça
3. L’OPPOSITION « -CI/-LÀ »
On a coutume d’interpréter en termes naïvement spatiaux l’opposition
entre les formes en -ci et celles en -là : à l’un le proche, à l’autre le
lointain. En fait, la plupart du temps, la forme en -là neutralise
l’opposition, si bien que l’on est obligé de recourir à des formes
renforcées (celui-là là, celui là-bas…) pour désigner un référent non
proche.
Ceci se distingue de cela moins en termes de proche ou de lointain
qu’en ce que ceci réfère à quelque chose de bien délimité alors que cela
n’est pas contraint. On comprend, dès lors, que ceci ne puisse
anaphoriser un générique, qui par définition ne vise pas un objet
particulier : « La paresse, ça/cela (*ceci) ne mène à rien. »
Le morphème -là peut être exploité à des fins d’évaluation : cet
homme-là peut prendre soit une valeur péjorative, soit une valeur
laudative, la distance pouvant être interprétée dans les deux sens. Quant à
la notion même de « non proche », elle est également ambiguë : il peut
s’agir de ce qui est distant des interlocuteurs mais dans le même espace,
ou de ce qui appartient à un espace tout autre :
Diachronie
Alors qu’en ancien français des éléments comme cist ou cil étaient à la fois
pronoms et déterminants, au XVIIe siècle il se produit comme pour les possessifs
une dissociation entre les formes des deux catégories.
Le déterminant actuel ce(t) est issu de cist et non du pronom neutre ce. On
l’employait dans certains contextes d’où il a disparu, en particulier pour les dates :
« Paris, ce huit mai. » Sa forme renforcée en -ci était en concurrence avec ce N ici.
On a discuté pour savoir s’il fallait préférer « cet homme-ci » ou « cet homme
ici ». Vaugelas préférait ici pour la conversation. À la fin du siècle ici est jugé
archaïque mais -ci passe encore pour légèrement familier. Quant à celui/celle
déterminants, ils sont alors perçus comme franchement désuets, sauf dans
quelques tours (cf. « à celle fin que… »).
Par calque du latin, on employait parfois le déterminant démonstratif avec une
valeur de possessif de 1re ou 2e personne : ce dans « les maux de ce cœur abattu »
(Corneille) réfère au cœur de l’énonciateur.
Les pronoms renforcés ceci/cela sont des créations du moyen français, à partir de
ce. Quant à ça, c’est une forme abrégée de cela. Au XVIIe, ça est perçu comme
marqué, tantôt vulgaire, tantôt élégant.
Il subsiste quelques archaïsmes dans la première moitié du XVIIe. Ainsi le pronom
icelui ou cestui/cettui déterminants et pronoms (plutôt cettui comme déterminant
et cettui-ci/cette-ci comme pronoms). Ils sont remplacés par celui/celle-ci.
Là où le français moderne emploie celui/celle devant un relatif ou un GP, le début
du XVIIe utilisait parfois l’archaïque cil ou celui-là : « Un mari de ceux-là qu’on
perd sans pleurer » (La Fontaine). Il existait par ailleurs un emploi de celui-là
comme pronom neutre : « Celui-là se pourrait faire » (Molière).
On notera un tour fréquent : ceux de pour « les gens de ». Ainsi ceux
d’aujourd’hui, ceux de Paris, etc. L’expression « Il n’y a celui qui », vivante au
début du XVIIe, signifiait : « Il n’y a personne qui ».
20. Dérivation
1. PROBLÈMES DE DÉFINITION
La dérivation est une procédure de construction d’unités lexicales par
adjonction d’un affixe (préfixe ou suffixe). En principe, le sens de la
nouvelle unité « dérive » de celui de la première de manière plus ou
moins prédictible. La suffixation diffère de la flexion, qui ajoute elle
aussi des affixes mais pour constituer des paradigmes morphologiques
fermés et au sens totalement prédictible (conjugaisons d’un verbe,
déclinaisons d’un nom…). On oppose la dérivation à la composition qui
combine des unités susceptibles par ailleurs d’un usage autonome : porte-
clés sera donc un mot « composé » puisque clé et porte s’emploient dans
d’autres contextes en tant qu’unités autonomes. En revanche,
recommencement sera un dérivé puisque ni re- ni -ment ne peuvent
fonctionner indépendamment du terme auxquels ils sont adjoints. Mais il
n’est pas toujours facile de trancher entre composition et dérivation :
avant-coureur ou notion clé, par exemple, peuvent poser problème.
Les préfixes sont adjoints devant le « terme de base », les suffixes
après lui. Mais cette différence est associée à une autre, décisive : les
préfixes, en général, ne modifient pas la catégorie du terme de base alors
que les suffixes le font (à l’exception des suffixes péjoratifs (noir →
noirâtre) ou diminutifs (maison → maisonnette). On notera néanmoins
que le préfixe anti- tend à convertir les noms en adjectifs : femme
(nom)/antifemme (adjectif). Alors qu’un certain nombre de préfixes
jouent par ailleurs un rôle de prépositions ou d’adverbes (sur ou contre
par exemple), les suffixes n’ont jamais d’emploi autonome. En outre, les
mêmes préfixes peuvent s’ajouter à des termes de catégories variées (pré-
dire (verbe), prédiction (nom), pré-électoral (adjectif)), tandis que les
suffixes sont spécialisés : -tion pour les noms, -al pour les adjectifs, etc.
On parle de parasynthétique quand un terme reçoit à la fois un
préfixe et un suffixe : désinsectiser ou aguerrir, par exemple, car il
n’existe pas de verbe *insectiser ou *guerrir.
2. LA DÉRIVATION IMPROPRE
Alors que dans la dérivation canonique c’est seulement l’adjonction
d’un suffixe qui peut déclencher le passage à une nouvelle catégorie
(passer (verbe) → passeur (nom)), dans la dérivation impropre le
changement de catégorie n’implique aucune suffixation : passant (verbe)
→ un passant (Nom).
La dérivation impropre concerne surtout les noms, qui jouent un rôle
d’adjectif (une ambiance banlieue), ou les adjectifs, qui jouent un rôle
d’adverbe (taper fort).
Mais cette notion de « dérivation impropre » recouvre des phénomènes
hétérogènes. Par exemple le fait que la préposition sauf provienne de
l’adjectif sauf, ou l’interjection Diable ! du nom diable n’a pas grand-
chose à voir avec le fait que l’on puisse utiliser un nom comme adjectif
(« Il a l’air très député de droite ») ou comme adverbe (« Pensez
France »). Dans le premier cas, il s’agit de phénomènes diachroniques
lexicalisés, dans le second, de processus réguliers, liés à la créativité
lexicale.
3. PRODUCTIVITÉ ET IMPRODUCTIVITÉ
En matière de dérivation on ne confondra pas le point de vue
synchronique et le point de vue diachronique. Nombre d’affixes en
effet ne sont perceptibles que si l’on fait intervenir l’étymologie : ainsi
re- dans remuer ou très- dans tressaillir, ou -age dans rivage. La
commutation le montre bien : muer n’est plus aujourd’hui à remuer ce
que faire est à refaire. En principe, pour qu’il y ait dérivation, il faut
qu’en synchronie le mot puisse s’analyser en ses divers composants à
l’intérieur de paradigmes. Malheureusement, la perception de ces
composants varie selon les individus, en particulier selon leur degré
d’instruction.
Le français, comme les autres langues romanes, présente un système
dérivationnel complexe, qui fonctionne tantôt à partir des étymons latins
(dérivation dite savante), tantôt à partir de mots français (dérivation dite
populaire). On a même quelquefois des processus parallèles : loyal
adjectif dérivé du français loi fait ainsi face à légal dérivé du latin legem,
l’étymon de loi. Alors que l’on s’attendrait à trouver des suffixations
comme concevoir → concevage/conceveur on utilise
conception/concepteur, fabriqués à partir du supin latin conceptum. Cette
situation oblige les lexicologues à postuler des formes qui n’existent que
pour l’analyse lexicologique : ainsi, pour décevoir, une forme décept-
permet de rendre compte de termes comme déception ou déceptif.
Ce qui importe, c’est la productivité des affixes, c’est-à-dire leur
aptitude à permettre la création de mots nouveaux, puisqu’un affixe qui
n’est plus productif tend à se désémantiser. À la différence des affixes
flexionnels (par exemple les désinences des conjugaisons), les affixes
dérivationnels sont en prise directe sur l’évolution culturelle. Certains
préfixes savants sont très productifs (archi-, extra…) alors que d’autres,
populaires, sont devenus stériles (mes-, très-). De même, il y a des
suffixes pratiquement tombés en désuétude (-ard, -oir) alors que d’autres
sont très vivants (lav-euse, centrifug-euse…) ; pour les noms de lieux
d’activité, la palme revient sans conteste à -erie (jardinerie, solderie…).
1. DISCOURS DIRECT
Le discours direct n’est pas la reproduction fidèle du discours cité
mais un mode de présentation de celui-ci dans lequel le rapporteur met en
quelque sorte en scène la parole de l’énonciateur cité, qu’elle soit réelle
ou imaginaire (« Il pourrait me dire : “Viens !” »). Le discours direct
dissocie les deux situations d’énonciation, citante et citée, il conserve à
chacune son JE, son TU, ses repérages spatiaux et temporels, ses traces
▶
de subjectivité énonciative [ EMBRAYEURS – fiche 23]. À l’écrit, ce sont
les guillemets qui matérialisent la frontière entre ces deux domaines
énonciatifs :
2. DISCOURS INDIRECT
Le discours indirect, au contraire, ne dissocie pas les deux situations
d’énonciation : celle du discours citant ôte toute autonomie à celle du
discours cité. D’un point de vue syntaxique, le discours indirect est une
complétive objet du verbe ou une interrogative indirecte que rien ne
distingue des autres complétives ou interrogatives. Seul le sens du verbe
introducteur indique que l’on a affaire à du discours rapporté dans
l’exemple suivant :
Paul a dit que j’avais tort
Pour être interprété comme tel, le discours rapporté doit être signalé.
L’écart entre discours citant et cité n’est pas marqué de la même manière
dans les deux stratégies.
■ Discours direct
Au discours direct les moyens sont variés : un verbe de communication
en tête (il a dit : « … ») ou en incise (dit-il), ou simplement une rupture
syntaxique (il s’est assis : « … »). À l’écrit, on dispose de signes
typographiques (tiret, guillemets, deux points) ; à l’oral on peut changer
d’intonation, d’accent, etc., pour manifester le changement d’instance
d’énonciation.
■ Discours indirect
Son identification est liée à la présence d’un verbe approprié dans la
phrase principale : dire, répondre, murmurer… Ce verbe, à l’exception de
dire, oriente l’interprétation du discours cité. Si l’on dit : « Paul a avoué
qu’il avait vu Marie », cela présuppose que le fait de voir Marie constitue
une faute. Dire : « il a rétorqué » donne une tournure plus agressive
qu’« il a répondu », etc.
Discours Récit
1. L’EMBRAYAGE ÉNONCIATIF
Une caractéristique très remarquable des langues naturelles, c’est que
les énoncés sont repérés par rapport à l’acte d’énonciation même qui les
rend possibles. Ils ne peuvent référer au monde que s’ils réfèrent aussi à
eux-mêmes. Un fait simple le montre : les énoncés ont une marque de
personne et de temps dès qu’ils sont assertifs, dès qu’ils disent quelque
chose de vrai ou de faux. Or la catégorie de la personne comme celle du
temps impliquent un repérage par rapport à la situation d’énonciation :
la 1re personne, par exemple, indique que le sujet de l’énoncé coïncide
avec l’énonciateur, le présent indique que l’état des choses évoqué par
l’énoncé est valide au moment où il est énoncé.
La notion d’embrayage, introduite par R. Jakobson, insiste sur le fait
que pour parler il faut convertir le système de la langue en discours. Il
existe dans la langue des unités qui permettent cette conversion en tirant
leur référence de la situation d’énonciation particulière dans laquelle elles
sont produites. C’est le cas des personnes, JE et TU, des déictiques, qui
donnent les coordonnées spatio-temporelles (ici, là-bas, demain,
aujourd’hui…). On ne peut savoir qui est je ou quel moment désigne
aujourd’hui si on ne prend pas en compte ce point de repère ultime qu’est
l’environnement spatio-temporel de leur occurrence : en dehors de telle
énonciation singulière, il n’existe pas de segment de réalité auquel on
puisse référer en disant « je » ou « aujourd’hui ».
2. LES PERSONNES
À la suite des travaux d’É. Benveniste, on a pris l’habitude d’opposer
les personnes, je et tu, qui sont des embrayeurs, à la non-personne,
caractérisée morphologiquement comme la « 3e personne », qui n’est pas
un embrayeur.
Je indique que le sujet de l’énoncé est identique à l’énonciateur ; il est
inséparable de tu, qui est constitué comme tel par l’énonciateur. La
« non-personne », en revanche, permet de référer à des êtres qui
n’appartiennent pas à la sphère de la personne linguistique, qui n’entrent
pas dans l’échange.
Cette différence entre personnes et non-personne se manifeste de
diverses façons :
En (2), Paul est repris par il, son oncle par le, le disque par lui. La
dislocation droite n’est pas exactement symétrique de la dislocation
gauche. Comme on le voit en (1), puisque Paul devient à Paul quand il y
a dislocation à droite. Mais cette contrainte n’est pas toujours respectée.
L’ambiguïté suscitée par le fait que les trois GN sont au masculin
singulier est levée par l’ordre des éléments détachés, qui correspond
habituellement à l’ordre des clitiques. Mais parfois l’ambiguïté n’est
résolue que par le contexte extralinguistique ; c’est le cas pour cette
phrase :
La phrase est ainsi divisée en deux membres séparés par une pause. Le
premier membre est en règle générale une relative en ce que, le second
est introduit par c’est, qui précède un GN (cf. (1)), un infinitif (cf. (2)) ou
une complétive (cf. (3)) qui ont une relation de complément ou de sujet
par rapport au verbe de la relative. Par exemple, en (2) « apprendre par
cœur » s’interprète comme le sujet de « est efficace » ; en (1) ou en (3) le
GN et la complétive sont objets directs de « veux » et « sait ».
Ces constructions ont pour effet de conférer au premier membre un
statut de présupposé. Ainsi en (1) il est présupposé Je veux quelque
chose, ou en (3) On sait quelque chose.
25. En/Y
1. DEUX CLITIQUES
En et y se distinguent des autres pronoms clitiques [ ▶ PRONOMS
CLITIQUES – fiche 52] en ce qu’ils sont invariables en genre et en nombre.
Cette invariabilité s’explique par le fait qu’ils pronominalisent des GP et
non des GN. Or dans un GP, c’est la préposition, invariable, qui joue le
rôle de la tête. Dans les combinaisons de clitiques, la place de en et y est
la même, la dernière :
4. EMPLOIS SPÉCIFIQUES DE EN
À la différence du clitique y, le morphème en est susceptible d’emplois
non pronominaux, comme introducteur du gérondif ou comme
préposition.
■ En et le gérondif
Ce qu’on appelle le gérondif [ ▶ -ANT (FORMES EN -). 4 – fiche 4]
correspond en français à une phrase circonstancielle à sujet nul dont le
verbe au participe présent est précédé par en :
■ En préposition
À la différence d’une préposition locative comme dans ou sur, la
préposition en n’est pas employée librement. Sa présence est liée soit à
son appartenance à certaines locutions, soit à des ensembles lexicaux
particuliers :
1. MORPHOLOGIE
Ces deux verbes ont une morphologie particulièrement riche,
« irrégulière », surtout au présent de l’indicatif, irrégularité liée au fait
que ce sont les verbes les plus fréquents.
Être est le verbe du français qui possède le plus grand nombre de
bases : suis, est, sommes, sont, ét-(é/ais…), êt-(es) se-(rai/rions…), soit,
soy-(ons/ez…), fu-(mes/ssent…).
Avoir comporte aussi plusieurs bases : ai, a(s), av-(ons/ait…), ont, au-
(rai/rions…), ay-(ons/ez…), eu-(mes/ssions…).
2. VERBES AUXILIAIRES
Le verbe avoir permet de construire les formes composées et
surcomposées de la grande majorité des verbes, pour les modes
personnels (a/avait/aura/eut/aurait/aie mangé) comme pour les modes
non personnels (avoir/ayant mangé). Mais il est exclu de toute forme
pronominale : « Il a lavé/*il s’a lavé ». Exception d’autant plus
intéressante que l’on a : « Il l’a lavé » ; c’est donc la présence de se qui
empêche avoir d’apparaître, et non la présence d’un clitique complément.
▶
Le verbe être est utilisé pour la passivation [ PASSIF – fiche 46] des
verbes transitifs (« Paul est menacé par Jules »), ou pour les formes
composées des verbes pronominaux et d’un grand nombre de verbes
intransitifs (« Il est arrivé ») [ ▶ INTRANSITIFS (VERBES -) -fiche 38].
Néanmoins, certains verbes admettent être comme avoir. Ce choix influe
sur l’interprétation quand il y a polysémie :
Le choix entre être et avoir est souvent lié à une opposition aspectuelle
entre procès (avoir) et état résultant (être) dans le cas de certains verbes
intransitifs : « Il a changé/Il est changé ». Mais la différence de sens n’est
pas toujours claire :
Avoir n’est pas passivable (« *Ce livre est eu par Jean ») et son
complément est obligatoire (« *Jean a »). Ces restrictions ne sont pas
surprenantes : avec avoir, le sujet n’est pas un agent et la phrase
s’interprète comme une relation (« X appartient à Y »), non comme un
procès.
Associé à un GN défini désignant une partie du corps, avoir entre
dans des constructions à attribut de l’objet :
■ Être
La singularité syntaxique du verbe être est encore plus grande. Il a
bien des compléments pronominalisables (« Paul est gentil » → « Paul
l’est », « Paul est un marin » → « Paul en est un », « Paul est le mari de
Julie » → « Paul l’est », etc.) mais à la différence des autres verbes, il ne
contraint ni le sens ni la catégorie de ses compléments. C’est ainsi
qu’être peut être suivi d’une phrase (« Le problème est qu’il est là »),
d’un GN (« Paul est mon frère »), d’un GA (« Paul est gentil »), d’un GP
(« Paul est sur la table »), sans la moindre contrainte sémantique (comme
ce serait le cas avec un verbe ordinaire).
Les GN qui figurent à droite ne sont pas considérés comme des
compléments d’objet mais comme des attributs [ ▶ ATTRIBUT -fiche 9].
Alors qu’un attribut suppose l’identité du GN complément du verbe et du
GN sujet, un GN objet direct, lui, possède nécessairement un référent
distinct de celui du sujet (dans « Paul voit le maire de la ville » il s’agit
de deux individus distincts). Ce principe n’est violé que lorsque le
complément d’objet est réfléchi (« Pierrette se lave »).
Être est susceptible de trois interprétations principales :
Il est midi
Il est temps de partir
■ La fonction sujet
Toute phrase dont le verbe est à l’indicatif a un sujet, qui en général est
un GN.
■ Les dislocations
Elles ont des propriétés différentes selon qu’elles se situent à gauche
ou à droite de la phrase (certains accepteraient peut-être l’exemple (2)
comme grammatical mais il est nettement plus difficile à accepter que
l’exemple (1)) :
▶
Catégorie du « discours » [ DISCOURS/RÉCIT – fiche 22], le futur est
source de difficultés. D’abord parce que beaucoup confondent le futur
comme « temps » de la conjugaison et les divers moyens d’exprimer
l’avenir. En second lieu parce qu’il existe une concurrence entre deux
« temps » du futur : le futur simple et le futur périphrastique. Enfin
parce que le futur a une charge modale très forte, aux dépens de sa
valeur temporelle.
1. L’EXPRESSION DU FUTUR
Beaucoup de langues ne possèdent pas de paradigme de futur dans leur
morphologie verbale ; elles recourent plutôt à des verbes modaux ou
simplement à des présents combinés avec des circonstants temporels.
Même en français le futur ne s’exprime pas nécessairement à travers un
paradigme flexionnel spécialisé. Les phrases suivantes :
et
Dans tous ces cas, le contexte joue un rôle décisif pour permettre à
l’allocutaire de déterminer la valeur pertinente : le moindre changement
peut modifier l’interprétation. Par exemple, « Je partirai un jour ou
l’autre » est moins perçu comme une promesse que « Je partirai quand je
le voudrai ». L’imprécision d’un jour ou l’autre ôte en effet de sa valeur
agentive à l’action du sujet.
4. LE FUTUR ANTÉRIEUR
En tant que forme composée du futur simple, le futur antérieur peut
être employé comme :
1. FONCTIONS DU GENRE
Le genre possède une fonction sémantique et une fonction
syntaxique.
■ Fonction sémantique
Le genre indique le sexe quand le nom s’y prête (chat/chatte) (voir
infra 2), mais aussi contribue à structurer le lexique. Comme la grande
majorité des noms sont dérivés par suffixation et que chaque suffixe a un
signifié et un genre (-ment suffixe nominal est masculin, -tion est
féminin, etc.), cela contribue à renforcer la cohésion des classes lexicales.
Le genre permet également de distinguer des homonymes : un/une livre,
un/une page…
Pour un certain nombre de noms, les locuteurs hésitent dans
l’affectation du genre. C’est en particulier le fait des noms commençant
par une voyelle : entracte, esclandre, orbite, épithète… L’élision de
l’article défini (l’) ainsi que la proximité phonétique entre un et une ne
facilitent pas la discrimination.
■ Fonction syntaxique
L’accord en genre contribue à renforcer le lien entre ces deux piliers de
la phrase que sont le GN sujet et le GV, même si dans le GV ne sont
concernés que les GA attributs et les participes passés. Il renforce aussi la
cohésion à l’intérieur des GN puisque les adjectifs et beaucoup de
déterminants prennent le genre du nom tête. Mais là il faut distinguer
entre l’écrit et l’oral, entre le singulier et le pluriel, entre les types
d’adjectifs et de participes passés. Par exemple les filles intelligentes à
l’oral n’indique pas le genre du déterminant mais celui de l’adjectif ; en
revanche, la fille ridicule indique le genre du déterminant mais pas celui
de l’adjectif.
■ À l’oral
La plupart des termes ne marquent pas l’opposition de genre. On
trouve diverses possibilités pour ceux qui la marquent :
1. L’HYPOTHÈSE
Considérons tout d’abord un système hypothétique canonique :
2. LES SYSTÈMES EN SI
Avec si, les systèmes hypothétiques sont assez complexes et ambigus :
■ Potentiel
■ Irréel du passé
Si + Plus-que-parfait (A), Conditionnel composé (B).
Le si est fréquemment associé à des morphèmes qui en infléchissent
notablement la valeur modale : si seulement, si jamais, si par malheur, si
encore, si même…
Il existe par ailleurs quelques subordonnants spécialisés dans
l’expression de l’hypothèse : au cas où/à (la) condition que/à moins que/
à supposer que/supposé que… Ils imposent des contraintes spécifiques à
la phrase qu’ils introduisent : tel appelle le conditionnel, tel autre le
subjonctif, etc.
On notera que le subordonnant si peut avoir d’autres valeurs
qu’hypothétiques. En particulier temporelle, pour exprimer une répétition
(« Si (= chaque fois que) Paul était malade, Marie le soignait ») et
concessive (« S’il est intelligent (= en admettant que), il le cache bien »).
Mais on ne peut pas parler de si homonymes ; la valeur hypothétique
n’est qu’une des valeurs possibles de si, dont le sens se calcule en
fonction du contexte où il apparaît.
■ L’impératif
Ce tour est rejeté par les puristes mais très vivant à l’oral. Il exploite la
▶
capacité du conditionnel à poser du fictif [ CONDITIONNEL. 5 -fiche 16].
Diachronie
Au XVIIe siècle, on trouve encore, à l’état d’archaïsme, le système d’ancien
français :
Le type actuel (« Si j’avais eu raison, je serais parti ») s’est diffusé au XVIe siècle.
C’est avec les auxiliaires et les verbes modaux [dussiez, eussiez…) que l’imparfait
du subjonctif s’était le mieux maintenu, dans cet emploi comme dans les systèmes
à inversion de clitique :
2. LE PROBLÈME DE L’IMPARFAIT
Nous venons de rappeler la définition traditionnelle de l’imparfait,
celle d’un « temps » imperfectif du passé, symétrique du présent.
Mais depuis longtemps il existe un débat à ce sujet, certains linguistes
refusant de voir dans l’imparfait un temps du passé, ou même une forme
imperfective. Pour eux l’imparfait dans certains contextes peut référer à
un procès passé, mais ce n’est pas sa valeur fondamentale. De fait,
nombre d’emplois de l’imparfait ne réfèrent pas à des procès passés et/ou
n’ont pas de valeur imperfective. Ainsi dans ces exemples il est difficile
de parler de « passé » :
(1) Samedi prochain, il y avait une fête, mais j’irai pas
(2) Un mot de plus, et je tirais (= j’aurais tiré)
(3) Je venais vous demander un service
(4) Qu’il était gentil le chienchien !, etc.
Les énoncés sont répartis sur les deux plans : ceux qui sont à
l’imparfait (ou au plus-que-parfait) s’appuient sur les énoncés de premier
plan au passé simple : (2), (3), (4), sur (1) et l’énoncé (6) sur (5). Ainsi se
dégagent des unités intermédiaires entre les phrases et des séquences
textuelles plus vastes.
■ L’imparfait de narration
L’imparfait est utilisé ici comme une forme de premier-plan. Procédé
très fréquent dans les reportages sportifs :
On pourrait ici remplacer les imparfaits par des passés simples. Dans
la mesure où par nature l’imparfait n’inscrit pas dans le temps, il
provoque ici un effet d’accélération, il met en évidence l’enchaînement
d’événements étroitement liés. Mais ce type d’emploi est toujours
encadré par des présents, des passés simples ou composés qui mettent en
place le cadre du récit.
4. EMPLOIS MODAUX
■ Dans l’interlocution
L’imparfait permet aussi de résoudre des difficultés qui surgissent dans
l’interlocution. Il « désactualise » le propos de l’énonciateur, le
« décroche » de la situation d’énonciation :
1. MORPHOLOGIE DE L’IMPÉRATIF
L’impératif se caractérise par l’absence de sujet phonétiquement
réalisé et des lacunes dans sa conjugaison. Il emprunte en effet ses
formes au présent non accompli (« Dormez ! ») ou accompli (« Ayez fini
dans une heure ! »), mais ne recourt qu’à la seconde personne (singulier
et pluriel) ainsi qu’à la première du pluriel (« Partons ! »). En fait même
dans ce dernier cas, il inclut une seconde personne : « Partons ! »
s’interprète comme un JE + TU.
À l’écrit l’impératif ne comporte pas nécessairement le -s de la 2e
personne du singulier : « Tu pleures/pleure » (à côté de « Tu
viens/viens »). Mais le phonème que marque le -s réapparaît dans un
contexte approprié, avec les clitiques en et y, pour se prononcer comme
▶
un z dit de « liaison » (pleure-z-y). Ainsi, comme les adjectifs [ GENRE
(MARQUES DE -). 3 – fiche 29], les verbes se manifestent tantôt sous leur
« forme longue », tantôt sous leur « forme brève ». On le constate
également avec le -t- de la 3e personne (« Pleure-t-il »).
2. IMPÉRATIF ET PRESCRIPTION
Du point de vue « pragmatique » (= de ce qu’on fait avec la parole)
l’impératif permet d’exprimer un ensemble d’actes de discours
prescriptifs : ordre, bien sûr, mais aussi requête, conseil, etc. L’impératif
présente l’état de choses à accomplir en mettant sa réalisation à la charge
de l’allocutaire. Il ne dit pas explicitement qu’il est une prescription mais
il le montre à travers son dire. Toute prescription implique un écart
essentiel entre l’énonciateur et un allocutaire sur qui il entend agir ; il
modifie ainsi les relations entre les interlocuteurs, enfermant l’allocutaire
dans une alternative : obéir/ne pas obéir.
Mais cette valeur pragmatique peut être portée par d’autres structures
en particulier l’infinitif (« Ne pas ouvrir ! », « Ralentir ! ») et
l’association de « que » et du subjonctif (« Qu’il vienne ! », « Que je
parte enfin ! »). Il est compréhensible que ce soit l’infinitif et le
subjonctif qui soient ici mobilisés : l’un et l’autre n’ont pas d’inscription
temporelle et ne peuvent être assertifs [ ▶ SUBJONCTIF. 2 – fiche 57 et
INFINITIF. 1 – fiche 35].
3. LE PROBLÈME DU SUJET
L’infinitif et l’impératif n’ont pas de sujet exprimé, leur position sujet
est phonétiquement nulle. À l’infinitif, le sujet nul s’interprète comme un
▶
agent quelconque ou est spécifié grâce à son antécédent [ INFINITIF. 4 –
fiche 35]. À l’impératif, c’est la situation d’énonciation qui permet de
spécifier le sujet comme étant l’individu ou les individus à qui s’adresse
l’énoncé de seconde personne. Il y a donc circularité, renvoi de la
syntaxe de l’énoncé à l’acte d’énonciation particulier qui le rend possible.
Cela n’exclut pas que ce sujet s’interprète comme quelconque ; il suffit
pour cela que l’allocutaire soit générique (cf. dans les proverbes ou
maximes : « Travaillez, prenez de la peine, c’est le fonds qui manque le
moins »).
4. LES CLITIQUES
Une des singularités de l’impératif, c’est que les clitiques compléments
sont placés à droite du verbe, et non à gauche, et liés à lui dans le code
graphique par un trait d’union : mange-le, donne-le-lui, prends-m’en, etc.
Il y a là un phénomène remarquable qui a suscité chez les linguistes des
explications très « techniques » qu’il est impossible d’exposer ici ; a
priori on ne peut pas savoir s’il s’agit ici d’une « inversion du clitique »
ou si c’est le verbe qui passe devant le clitique. En dernière position, à la
1re et à la 2e personne le clitique postposé passe à la forme tonique :
« Regarde-moi/Parle-moi ».
Mais s’il y a négation, on retrouve l’antéposition des clitiques : « Ne
me le fais pas », « Ne lui en parle pas », etc. L’usage familier recourt
souvent à une construction stigmatisée par les puristes (« Vois-le pas »),
qui postpose les clitiques compléments.
Diachronie
Au XVIIe siècle et encore au XVIIIe, si deux impératifs étaient liés par une
conjonction de coordination (surtout et, mais, ou), le clitique objet du second se
plaçait avant le verbe : « Prends ton pic et me romps ce caillou » (La Fontaine).
On rencontrait encore à l’écrit quelques impératifs sans -s, héritage de l’ancien
français (pren, fay…). Les poètes en usaient pour les besoins de la rime :
« Fais donner le signal, cours, ordonne et revien
Me délivrer bientôt d’un fâcheux entretien »
(Racine).
33. Impersonnelles
(Constructions -)
1. LE « IL » IMPERSONNEL
Les constructions impersonnelles ont en position de sujet un il qui
présente des propriétés remarquables :
Il faut dormir
Il y a un problème
*Il y a
*Il faut
3. CONSTRUCTIONS IMPERSONNELLES
Les verbes utilisés dans les constructions impersonnelles proprement
dites sont susceptibles de figurer également dans des structures non
impersonnelles où le constituant postverbal peut se substituer à il :
Certains verbes transitifs peuvent figurer dans cette structure s’ils sont
dépourvus d’objet et associés à des circonstants spatio-temporels :
Ce sont des passives d’un type particulier puisque l’objet direct n’est
pas ici en position de sujet. Mais comme les autres passives, le sujet
appelé par le verbe a été éliminé de la position sujet et le verbe est être +
participe passé.
Dans cette construction, le verbe peut être suivi de compléments
indirects :
■ Les impersonnelles en se
D’un point de vue aspectuel, ces deux structures sont fort différentes :
l’impersonnelle s’interprète comme un événement, qui appelle des
circonstants, tandis que la structure moyenne s’interprète souvent comme
une propriété ou comme un procès générique. Mais dans les deux cas,
l’agent du procès reste indéterminé ; en particulier, on ne peut pas
introduire un complément d’agent : « * Quelques fleurs se vendent par
mes amis »/« *Il se vend des fleurs par mes amis ».
■ Phrase catégorique
Dans une phrase catégorique, on attribue un prédicat à un argument
(GN ou phrase) dont on présuppose l’existence :
ont des structures très différentes. On peut en (2), mais pas en (1),
substituer à l’infinitif un GA (« Paul semble très heureux »/« *Paul veut
très heureux ») et (2) se paraphrase par une impersonnelle (« Il semble
que Paul dorme »).
Pour rendre compte de ce comportement surprenant, certains linguistes
font l’hypothèse que sembler est toujours impersonnel mais qu’à la
différence d’un verbe comme falloir, il entrerait dans deux constructions
différentes, illustrées par (3) et (4), cette dernière étant en fait réalisée
sous la forme de (5) :
Diachronie
L’ancien français recourait beaucoup aux verbes impersonnels, employés sans il.
C’est au XVIe siècle que ce il s’impose définitivement. Au XVIIe siècle, certains
verbes psychologiques entraient dans des constructions impersonnelles, des
latinismes, aujourd’hui marginales (il me déplaît…) ou impossibles (il me fâche
de…) Leur valeur se comprend à la lumière de l’opposition encore vivante dans
l’usage soutenu entre il me souvient et je me souviens (Vaugelas trouvait bons ces
deux tours).
On trouvait quelques archaïsmes : il conste (= « Il est établi ») ou il chaut (= « Il
importe ») ; parfois le verbe était utilisé sans il : semble que, faut, y a…
Là où aujourd’hui on fait usage de on, le XVIIe recourait souvent au passif
impersonnel, comme l’ancien français : « Au dieu d’amour il fut sacrifié » (La
Fontaine).
34. Indéfinis
1. UN ENSEMBLE PROBLÉMATIQUE
La tradition a légué cette notion d’indéfini, qui repose sur des propriétés
syntaxiques et sémantiques :
■ Quantifieurs
On distingue :
1. ceux qui peuvent commuter avec les articles (aucun/plusieurs ami(s)) ;
2. ceux qui peuvent être postposés à l’article.
Dans ces deux groupes, quelques termes permettent au GN de référer à un
ensemble vide (nul), d’autres à un objet singulier (quelque), d’autres à des
pluralités restreintes (divers), non restreintes (maint) ou à une totalité
distributive (chaque) ;
3. tout antéposé à l’article circonscrit une totalité saisie de manière
globale (tout le/un…) ou distributivement s’il est placé directement devant
▶
le nom (tout homme) [ TOUT. 2 – fiche 60].
2 certain quelques
divers
différents
3 tout
Dans ce tableau sont notés les déterminants qui s’emploient avec des
noms comptables (ou discrets). D’autres déterminants, qui comportent de,
s’emploient aussi bien pour des noms comptables que non-comptables :
beaucoup de, un peu de, peu de, moins/plus/autant de… Le de permet de
marquer l’opération de prélèvement d’une partie :
■ Non quantifieurs
Sont concernés le couple même/autre et tel, qui s’emploient avec un
article ou seuls devant le nom (telle personne, même aventure, une telle
personne, la même histoire…).
3. PRONOMS
■ Quantifieurs
La notion de « pronom » est ici équivoque. Il faut en effet mettre à part les
vrais pro-noms, ceux qui ont un antécédent nominal : « j’ai trois chats ;
aucun n’est affectueux. » Ces pronoms sont susceptibles de deux emplois :
en anaphore, après leur antécédent (cf. l’exemple ci-dessus), en cataphore
[▶ ANAPHORE NOMINALE. 1 – fiche 3], devant leur antécédent (« Quelques-
uns de nos amis… »).
Ceux qui ne sont pas de véritables pro-noms réfèrent directement c’est-à-
dire sans passer par un antécédent. On les appelle parfois pronoms
autonomes. Dire par exemple « Personne n’est venu », c’est dire qu’il
n’existe pas d’individu auquel on puisse associer le prédicat « – est venu ».
Bien entendu, l’ensemble à partir duquel on dira que « personne n’est
venu » varie selon les contextes (aucun client, aucun élève, etc.) mais ce ne
sont pas pour autant des pronoms, des substituts de noms.
Les grammaires incluent parfois le clitique sujet on parmi les pronoms
▶
indéfinis [ ON – fiche 43].
Identité Non-identité
4. COMMENTAIRES
Certains de ces indéfinis sont réservés à la langue soutenue (maint,
quelque (singulier), tel…).
Dans nos tableaux, la caractérisation sémantique est élémentaire. Ainsi le
déterminant certain ne fait pas que marquer l’unicité du référent, il indique
aussi la singularité de l’individu. N’importe quel implique une sélection
délibérément aléatoire, tandis que quelque se contente d’extraire un élément
d’un ensemble. Divers et différents, à la différence de quelques, insistent sur
la variété des éléments considérés.
Tous présente des propriétés remarquables [ ▶
TOUT. 2 – fiche 60]. Ce
n’est pas la moindre que d’être un quantifïeur « flottant », c’est-à-dire de
pouvoir occuper diverses places dans la phrase :
Diachronie
Même avait au XVIIe un comportement assez différent de celui qu’il a aujourd’hui.
Ainsi le même + Nom pouvait signifier « le N même ». c’était le contexte qui
décidait :
Autrui est en ancien français le cas-régime de autre ; Vaugelas préfère encore d’autrui,
qu’il juge supérieur à des autres, mais signale que certains considèrent autrui comme
vieilli. On notera que, dans la continuité de son étymologie, ce terme continue
aujourd’hui à ne s’employer que comme complément, sauf dans le discours
philosophique.
Maint était déjà déclaré désuet par Vaugelas ; La Bruyère regrettait son recul. Il a
néanmoins survécu dans la langue soutenue.
Chacun en ancien français était pronom et déterminant. Comme déterminant c’est un
archaïsme au XVIIe : chacun an, par chacun jour qu’emploie Malherbe sont condamnés
par Vaugelas. Chaque, qui s’est massivement diffusé au XVIe, a permis d’enlever à
chacun tout statut de déterminant (cf. le couple analogue quelque/quelqu’un).
Aucun pouvait encore être utilisé comme pronom avec sa valeur positive
étymologique (= aliquis unus) :
– inclus dans une phrase dont le verbe possède des marques de temps
et de personne (« Je veux dormir ») ;
– non subordonné, mais non assertif :
3. LE PROBLÈME DU SUJET
Si beaucoup de grammairiens hésitent à considérer l’infinitif comme
une phrase, c’est parce qu’il n’a pas de sujet, du moins de sujet
phonétique. En revanche, s’il y a un sujet non nul, ils parlent sans
difficulté de phrase ou de proposition infinitive ; c’est le cas après laisser
ou faire, après les verbes de perception, après certains verbes de
mouvement (emmener, conduire, envoyer) et plus marginalement dans les
« infinitifs de narration » :
Je souhaite [( ) partir]
– Soit parce qu’il s’agit de n’importe qui ; ainsi le sujet de fumer dans
l’énoncé « Ne pas fumer ! » est tout individu susceptible de fumer
qui lira ou entendra cette consigne.
Faire l’hypothèse que les infinitifs ont un sujet nul, c’est poser qu’en
français il existerait (sauf pour les quelques exceptions que sont laisser,
voir, etc.) deux types de phrases :
Diachronie
L’infinitif de narration, qui combine un sujet non nul et un infinitif dans un
énoncé assertif, a été rendu célèbre par La Fontaine. On le trouve dès l’ancien
français, et au XVIe siècle il caractérise le style dit « marotique ».
Au XVIe siècle, en suivant le modèle du latin, on a fabriqué des propositions
infinitives avec sujet exprimé après des verbes d’opinion ou de dire. Cela se
prolonge au XVIIe, mais dans une bien moindre mesure : « Je crois les orateurs
avoir raison », « Vous reconnaissez ce défaut être une source de discorde »
(Bossuet). C’est typiquement le fait d’auteurs bilingues (latin/français). On ne
confondra pas cet emploi avec les infinitives qui suivent des verbes de perception.
Au XVIIe, l’obligation pour le sujet de l’infinitif d’être le même que celui de la
principale dans une circonstancielle n’est pas encore bien établie, surtout avec
pour ou sans : « Rends-le moi sans te fouiller [= sans que je te fouille] »
(Molière), « L’homme a besoin d’éléments pour le composer » (Pascal). Mais cet
usage a été blâmé par les grammairiens.
On pouvait associer l’infinitif avec les prépositions par ou depuis : « depuis vous
avoir connu »… Certaines prépositions n’exigeaient pas de : « avant partir »…
Là où l’on emploie aujourd’hui que de ou surtout de, on pouvait trouver que : « à
moins que venir », « avant que répondre ». Ce point a été discuté ; Vaugelas et
l’Académie ont refusé avant que ou avant de au profit de avant que de.
Après faire, le sujet de l’infinitif, comme en ancien français, pouvait être mis à
l’accusatif et non au datif comme c’est le cas à présent :
1. DÉTERMINANTS
C’est quel qui joue le rôle de déterminant interrogatif : « Tu as vu quel
soldat ? », « Quel soldat as-tu vu ? ». À l’oral il est invariable en genre et
marqué en nombre s’il y a liaison : quels enfants ([kεlzf])̃ .
Dans la langue familière, on trouve également lequel à la place de quel
(« Lequel livre tu veux ? »). Dans ce cas, l’article défini le- permet une
variation en genre et en nombre. Mais lequel ne peut pas toujours
remplacer quel, car il permet seulement de choisir un élément dans un
ensemble restreint d’objets de même type.
Certains emplois de quel posent problème. Ainsi, dans un énoncé
comme :
Quel est ton pays ?
2. PRONOMS ET ADVERBES
On trouve pour les pronoms interrogatifs le même matériel
morphologique que pour les pronoms relatifs, fondé sur la forme de base
qu-. Mais la répartition des emplois est différente :
Qui est-elle ?
– La sœur de Luc
3. QUE ET QUOI
L’alternance entre que et quoi est intéressante. Dans les phrases à
verbe à temps fini, que est toujours contigu au verbe, alors que le pronom
quoi occupe les autres positions. Cette distribution complémentaire de
leurs emplois s’explique si l’on admet que le pronom que, mais pas quoi,
est un clitique [ ▶ PRONOM CLITIQUE – fiche 52]. En tant que clitique, il
doit en effet être placé contre le verbe ou n’être séparé de lui que par un
autre clitique :
Diachronie
Au XVIIe siècle, qui en fonction d’attribut pouvait se rapporter à un non-humain :
« Qui sont ces choses ? ». Parfois il était employé dans une interrogative
indirecte : « Vous savez qui[= ce qui] m’amène ici » ; mais le risque de confusion
avec le qui humain était très grand.
Lequel pouvait être neutre :
Dans certains emplois déjà archaïques, quel attribut avait un statut adjectival :
e
Ce comme interrogatif ne survit à la fin du XVII que dans les interrogatives
indirectes.
De quoi ? pouvait signifier « à cause de quoi ? » et à quoi ? correspondre à
« pourquoi ».
37. Interrogation
1. INTERROGER
Interroger quelqu’un, c’est accomplir un acte de discours qui place
l’interlocuteur dans l’alternative répondre/ne pas répondre et, s’il répond,
qui l’oblige à le faire à l’intérieur du cadre imposé par la question. Ainsi
à la question : « Quand arrives-tu ? » on n’est pas censé répondre « avec
Marie » mais par exemple « demain ».
On ne doit pas confondre « interrogation » et « demande
d’information ». Un grand nombre d’énoncés interrogatifs sont des
assertions détournées, des questions rhétoriques : certaines sont codées
(« Qu’y puis-je ? », « Que voulez-vous que ça me fasse ? »…), mais la
plupart s’interprètent comme telles grâce au contexte. D’autres
interrogations sont des demandes de confirmation, en particulier à la
forme négative (« J’ai pas raison ? », « N’es-tu pas heureuse ici ? ») qui
appellent une réponse en si, des requêtes indirectes (« Veux-tu ouvrir la
porte ? »), des rappels à l’ordre indirects (« Sais-tu que tu commences à
m’ennuyer ? »), etc. Il faut donc bien distinguer deux niveaux : la
structure interrogative et l’interprétation de l’énoncé en contexte.
Qui et à qui se trouvent dans le COMP d’une phrase dans laquelle ils
n’ont pas de fonction, puisque dans l’exemple (1) qui est objet de a vu et
dans l’exemple (2), à qui objet indirect de parle. Ceci n’est possible que
parce que les COMP inférieurs (encadrés dans les exemples) ne sont pas
occupés. Certes, on y trouve un que mais il s’agit d’un subordonnant
dépourvu de tout contenu. Il suffit que ce COMP soit occupé par une
unité lexicale « pleine » pour que la relation entre l’interrogatif en tête de
phrase et la position qui lui donne sa fonction soit bloquée :
L’exemple (3) est agrammatical parce que si n’est pas vide de sens.
5. L’INTERROGATION INDIRECTE
Les interrogatives indirectes sont des subordonnées compléments
d’un verbe et non des actes d’interrogation. Comme ce sont des
subordonnées, elles n’impliquent pas d’intonation montante ou
d’inversion du sujet, c’est-à-dire de marques de suspension de la valeur
assertive. Quand l’interrogation est totale, elle est introduite par un si
(« Paul m’a demandé si j’étais malade ») ; lorsqu’elle est partielle, elle
recourt à un mot interrogatif, placé dans la position COMP (« On sait qui
j’ai vu »). Il peut y avoir une interrogation indirecte incluse dans une
interrogation directe : « Sais-tu si Marie est venue ? »
Certains verbes introducteurs ont un sens interrogatif (demander, se
demander, s’enquérir), d’autres non (savoir, chercher, regarder,…). Dans
une phrase comme : « Je sais s’il est là », c’est donc la présence de si qui
permet de savoir que l’on a affaire à une interrogative et non à une
complétive.
L’interrogation indirecte partielle est lacunaire [ ▶ INTERROGATIFS (MOTS
-). 4 – fiche 36] :
ou, cas plus fréquent, qu’un verbe censé transitif soit employé
intransitivement :
Luc suit
Dans les exemples (1) et (3), les verbes sont transitifs, et intransitifs
dans les exemples (2) et (4). Ce phénomène, à la différence de la
structure « moyenne », ne concerne qu’un ensemble limité de verbes. En
tout cas, il serait déraisonnable de distinguer deux verbes caraméliser ou
deux verbes ouvrir.
L’intransitivité « pure » est bien représentée par les verbes sans se.
Mais là encore il faut être sensible à leur diversité. On utilise aujourd’hui
une distinction, inconnue de la grammaire traditionnelle, entre les verbes
inergatifs et les verbes inaccusatifs.
Entre le roi
Survient un événement qui…
Diachronie
La transitivité ou l’intransitivité des verbes sont des propriétés lexicales sujettes à
variation dans le temps. Entre la langue classique et la langue contemporaine, bien
des divergences apparaissent donc
[ ▶ OBJET (COMPLÉMENT D’-) – fiche 42].
39. Inversion du sujet
1. DÉLIMITATION DU PROBLÈME
Relèvent pleinement de l’inversion du sujet des énoncés comme : « Je
ne sais où va Paul » ou : « Vient-il ? ». Sont en principe exclus du champ
de la question des phénomènes comme l’« extraposition » (« Il vient
quelqu’un ») ou l’« inversion complexe » (« Paul vient-il ? »). Dans
l’extraposition il existe en effet un sujet, il, qui occupe la position
normale du sujet, devant le verbe. Dans l’inversion complexe, le GN
sujet n’a pas subi d’inversion et constitue l’antécédent du clitique.
On n’assimilera pas automatiquement inversion du sujet et
postposition du sujet. Rien, en effet, ne permet d’affirmer a priori que le
sujet s’est déplacé à droite : on peut tout aussi bien concevoir, pour
certaines constructions, que ce soit le verbe qui soit passé devant le sujet.
En effet, il n’est pas certain que tous les verbes exigent que le GN soit
placé avant eux. On ne peut pas exclure certaines distorsions, en
particulier avec les intransitifs inaccusatifs [ ▶ INTRANSITIFS (VERBES -). 2 –
fiche 38].
4. INTERPRÉTATION DE CE FONCTIONNEMENT
De prime abord, ces inversions de clitiques et de GN peuvent sembler
disparates. Pourtant des lignes de cohérence apparaissent.
Ainsi pour le clitique il semble que l’inversion soit liée au caractère
non assertif de la phrase. C’est évident pour l’interrogative,
l’exclamative, l’hypothétique et pour l’incise aussi, à cause de sa position
en retrait de l’assertion principale. Quant aux connecteurs et aux
adverbes qui déclenchent l’inversion, ils ont pour fonction d’affaiblir la
force assertive de l’énoncé qu’ils introduisent ou de présenter sur une
ligne en quelque sorte décalée certaines conséquences d’une assertion
antérieure.
L’inversion des GN est possible dans les subordonnées (infïnitives ou
à temps fini) là où précisément celle des clitiques est impossible. Le
caractère non assertif de la phrase à inversion se manifeste ici à nouveau
puisque, par nature, une phrase subordonnée ne porte pas la charge de
l’assertion, qui est associée au verbe de la principale. Cette explication
vaut également pour les interrogatives partielles. Les interrogatives
totales n’admettent pas l’inversion du GN (« *Vient Paul ? ») ; en fait, il
existe bien une inversion mais complexe (« Paul vient-il ? »), c’est-à-dire
sans inversion du GN sujet. On peut enfin invoquer cette non-assertivité
pour l’incise comme pour les énoncés de souhait au subjonctif.
Mais il reste le problème posé par les énoncés du type :
Chasse-t-elle le lion ?
Diachronie
Au XVIIe, surtout en poésie, on plaçait souvent les GN sujets entre le verbe à temps
fini et le verbe à temps non fini, à la condition toutefois que le verbe à temps fini
ne soit pas au début de la phrase et que les deux verbes aient une relation très
étroite. Cela correspond essentiellement à deux cas :
– les formes composées des verbes :
Certains éléments (or, seulement, bien, voire et ou mais) qui ne provoquent pas
aujourd’hui d’inversion du clitique sujet le pouvaient à cette époque :
« Autant avait-il été dans les plaisirs, autant lui rend-on de tourments »
(Massillon).
« Plus elle a d’étendue, et plus ai-je à remercier la bonté de celui qui me
l’a donnée » (Descartes).
40. Négation
1. LE SYSTÈME DE LA NÉGATION
En français, la négation repose sur la combinaison obligatoire d’un
élément ne, un clitique [ ▶ PRONOMS CLITIQUES – fiche 52] qui précède
tous les pronoms compléments : je ne le lui ai pas donné/*je le ne lui… et
d’un élément (nom, déterminant, adverbe) que les grammairiens
Damourette et Pichon ont appelé un forclusif : pas, aucun, rien… Ce
forclusif peut précéder ne ou le suivre :
– jamais, pas, plus, rien sont placés après le verbe à la forme simple et
après le verbe auxiliaire à la forme composée :
2. NE EMPLOYÉ SEUL
Il arrive que le ne soit employé seul, dans des contextes variés :
4. PROBLÈMES DE QUANTIFICATION
La combinaison de la négation et de la quantification est source de
bien des difficultés car elle engendre des ambiguïtés. Ainsi :
Tous les lions ne sont pas ici
5. NÉGATION ET DISCOURS
On peut en effet distinguer trois usages essentiels de la négation que
seul le contexte permet d’identifier. Considérons les énoncés :
Il est in-intelligent
Il devient a-typique
Mais cela devient possible avec des noms issus d’éléments à statut
d’adjectifs, pour désigner le complémentaire d’un ensemble (les non-
spécialistes, les non-combattants…).
Non connaît d’autres emplois, liés également à la négation :
– pour former à lui seul un énoncé de contestation ou
d’acquiescement :
D’autres séquences peuvent jouer le même rôle, mais avec des effets
pragmatiques différents : pas du tout, nullement, jamais de la vie, penses-
tu ! etc. ;
– comme substitut d’une phrase négative régie par un verbe de dire ou
d’opinion : « Il a dit/cru que non » ;
– pour opposer deux éléments d’une phrase : « J’ai vu Léa, (et) non
Carole. » Dans cet emploi, il peut être remplacé par pas ou non pas.
Diachronie
Survivance de l’ancien français, au XVIIe on utilise encore non comme négation de
phrase. C’est essentiellement au futur et avec faire ou être pour marquer une prise
en charge forte : « Non ferai-je », « Non sera ». Subsistent aussi quelques
forclusifs médiévaux : ne… goutte/mie.
C’est au XVIIe que ne… pas/point s’impose définitivement aux dépens du seul ne.
En dehors de contextes particuliers comme certaines constructions impersonnelles
avec relative (« Il n’y a roi qui… », « Il ne se passe jour que… ») ou avec
quelques verbes [pouvoir, savoir, oser, avoir garde de…), surtout à la 1re personne
du présent, l’emploi de ne seul est archaïsant. Vaugelas fait des recommandations
qui coïncident à peu près avec l’usage actuel.
Dans les interrogations directes, il est de règle d’utiliser pas/point sans ne : « Vous
ai-je pas dit que… ? ». Mais même là l’Académie va exiger la présence du ne. Les
forclusifs rien, personne, aucun pouvaient encore être combinés avec un
pas/point :
« Ne faites pas semblant de rien »
« On ne veut pas rien faire ici »
2. DIVERSITÉ DES GP
Tous les groupes qui se présentent comme une combinaison
Préposition + Groupe nominal ne font pas le même usage de la
préposition. Il faut une préposition entre le nom et son complément, mais
celle-ci peut avoir un sens plein et régir le GN qui la suit ou être
dépourvue de sens, servir essentiellement à marquer la dépendance. On
peut ainsi opposer : le livre sur la table et la réduction de la dette ; dans
le premier exemple, sur est une préposition pleine qui contraint ses
compléments ; dans le second, il est impossible d’attribuer la moindre
interprétation à de, la relation s’établissant directement entre le nom tête
et le GN complément. Malheureusement, il n’est pas toujours facile de
déterminer quand on a affaire à un GP régi par une véritable préposition
et quand on a affaire à un GP combiné avec une préposition de liaison :
ce n’est pas parce qu’il y a de que l’on peut affirmer qu’il ne s’agit pas
d’un vrai GP (par exemple, avec un pot de terre cuite, on peut penser que
de n’est pas désémantisé, qu’il indique l’origine). Il faut donc prêter
attention aux fonctionnements syntaxiques.
3. LES GP « ÉPITHÈTES »
Nous avons considéré jusqu’ici le cas des GP qui résultent de la libre
combinaison d’une préposition et d’un GN pourvu d’un déterminant.
Mais un grand nombre de GP compléments du nom tendent vers un statut
de GA épithète quand ils sont dépourvus de déterminant [ ▶ ARTICLE
(ABSENCE D’-) – fiche 7]. Il peut s’agir de GP dont l’interprétation est :
▶
– proche de celle d’adjectifs relationnels [ ADJECTIFS. 3 – fiche 1] :
Un moulin à vapeur
Un pot de terre
Un voyage de nuit (= « nocturne »)
Un homme de valeur
Un roman sans intérêt (= « inintéressant »)
■ Les GN épithètes
Un certain nombre de GN sans déterminant ont un statut d’épithète, ils
s’interprètent comme des adjectifs qualificatifs ou relationnels :
Un mari fantôme
Une température record
2. LA TRANSITIVITÉ
Tout verbe exige des compléments de telle ou telle catégorie
(transitivité) ou n’en appelle aucun (intransitivité), phénomène dit de
sous-catégorisation.
On parle de verbe transitif direct si le complément n’est pas introduit
par une préposition et de verbe transitif indirect s’il est introduit par une
préposition, celle-ci fût-elle vide de sens. Cette distinction est importante
car elle conditionne des phénomènes aussi importants que la
pronominalisation ou la passivation. Seuls les compléments directs
peuvent être pronominalisés par le ou être le sujet d’une construction
passive (« Paul a été aperçu hier ») ou moyenne (« Les draps s’achètent
▶
par paires ») [ PRONOMINAUX (VERBES -). 3 – fiche 53].
En général, un verbe n’appelle pas plus d’un ou deux compléments :
un GN et un GP, un GP et une phrase, deux GP…, mais pas deux phrases
ou deux GN (sauf si l’un est attribut de l’objet : « Il a nommé Paul
député »). Si l’on excepte les verbes d’état (être, paraître…) qui peuvent
être suivis d’un GA, ou les verbes qui appellent des attributs de l’objet
GA ou GN, les compléments sont des GN, des GP ou des phrases : voir +
GN, recourir + GP, attribuer + GN + GP, dire + GN/Phrase + GP, etc.
Certains verbes entrent dans plusieurs sous-catégorisations. Par
exemple, savoir est suivi d’un GN ou d’une phrase (savoir sa
leçon/savoir qu’il est là). Mais cela a le plus souvent une incidence sur le
sens du verbe.
Il a amené un livre
Il a amené un livre à sa sœur
Il a écrit une carte
Il a écrit une carte à sa tante
4. DIFFICULTÉS
Dans la relation « complément d’objet », la dimension syntaxique et la
dimension sémantique ne sont pas nécessairement en harmonie. Il arrive
qu’un élément soit syntaxiquement un objet sans que l’on puisse y voir
sémantiquement un objet au sens habituel du terme, c’est-à-dire un être
distinct du sujet sur lequel porte son action. Ainsi dans la phrase :
Diachronie
Un certain nombre de verbes aujourd’hui transitifs indirects pouvaient être
transitifs directs au XVIIe siècle. Parmi eux : accoutumer qch. (= être habitué à),
approcher qch., contribuer qch. (= par quelque chose), douter qch., obéir qqn.,
pénétrer un lieu, prétendre qch. (= prétendre à), ressembler qch., etc. De même,
certains verbes qui pouvaient être transitifs au XVIIe sont seulement intransitifs
aujourd’hui : crier qqn. (= après qqn.), croître qch. (= faire pousser), etc.
D’autres, transitifs indirects, sont devenus directs (aider à qqn., applaudir à
qqn., empêcher à qqn., ennuyer à qqn…) ou ont changé de préposition (prendre
garde de, penser de…). Ces variations dans la sous-catégorisation n’ont rien
d’étonnant. Elles sont souvent liées à des changements de sens ou à des
phénomènes d’analogie : on connaît par exemple le cas de se rappeler ou pallier,
transitifs directs, qui tendent maintenant, malgré les puristes, à devenir indirects,
par analogie avec se souvenir de et remédier à.
43. On
1. PROPRIÉTÉS MORPHOSYNTAXIQUES
On est un pronom clitique [ ▶ PRONOMS CLITIQUES – fiche 52] sujet
invariable de 3 personne. En tant que clitique sujet, il peut être adjoint à
e
Parle-t-on de moi ?
Nous, on s’aime
*Je/eux/vous…, on s’aime
On y va quand ?
On est vraiment des idiots
(1) semble bizarre (sauf qu’il s’agit d’une reprise) parce que le crime
est incompatible avec la connivence qu’implique le « on », lequel est en
revanche bien adapté aux fautes jugées vénielles, telle (2).
De même, on est employé pour parler aux bébés ou aux enfants
(emplois « hypocoristiques »), avec lesquels le locuteur cherche à établir
une relation affectueuse, en supprimant une frontière (il s’agit en effet
d’êtres non-parlants) :
On reveut de la sousoupe ?
(3) pourrait être une description neutre, tirée par exemple d’un ouvrage
d’anthropologie, tandis que (4) est plutôt interprété comme une
justification du locuteur.
Étant donné la pauvreté de la valeur fondamentale de on et la
multiplicité des effets de sens qu’il permet, il faut toujours l’interpréter
en prenant en compte le contexte particulier dans lequel il est proféré.
Diachronie
Fabriqué à partir du cas sujet singulier de l’actuel homme (le cas régime était
ome), on est une création du français. Son étymologie permet d’expliquer
pourquoi il peut être précédé de l’article défini (l’on)
Au XVIIe siècle, on est à la mode chez les précieuses avec les mêmes valeurs
qu’aujourd’hui. À cette époque, on a beaucoup discuté pour déterminer quand il
fallait employer l’on et on. Vaugelas a proposé des règles compliquées, fondées
sur l’euphonie ; par exemple il aurait fallu dire : « Je veux que l’on continue »,
pour ne pas répéter qu’on/con. Selon lui, « Au commencement d’un discours, il
faut dire on plutôt que l’on, quoique l’on ne soit pas mauvais »…
44. Participe passé
C’est le participe GA qui nous intéresse ici. En tant que GA, il est
dépourvu de marques de temps ou de personne, ne peut s’adjoindre des
pronoms clitiques (« *J’ai vu les enfants y reçus »/« *Les livres
m’offerts ») ou une négation en ne… pas (« *Les enfants ne pas
aimés »/« n’aimés pas ») et s’accorde en genre et en nombre avec le nom
tête (même si la plupart du temps le genre et le nombre ne sont pas
perceptibles à l’oral). Sensible à l’opposition entre interprétation
restrictive et non-restrictive, il peut entrer dans des caractérisations en
degré (très/peu ému, plus/aussi détruit que…, etc.) et occuper les
positions d’un adjectif (épithète, apposition, attribut du sujet ou de
l’objet) :
Il suffit d’ajouter des « circonstants » pour que l’on passe à une phrase
▶
passive canonique [ PASSIF. 2 – fiche 46] :
Jusqu’au XVIIIe siècle on accordait facilement les participes passés des verbes
pronominaux avec le sujet, même si le se n’était pas objet direct :
Dans la langue soutenue du XVIIe le participe passé entrait dans une construction
qui a disparu ; en voici deux exemples :
1. MORPHOLOGIE
Comme l’indique son nom, le passé composé est constitué de la
combinaison du présent des auxiliaires être ou avoir et du participe passé
du verbe principal [ ▶ AUXILIAIRE. 1 – fiche 10]. On réserve toutefois
l’étiquette de passé composé aux formes non passives : « Il a bu » ou « Il
est entré », mais non « Il est connu ».
Il existe également des formes surcomposées, obtenues par un
redoublement de l’auxiliaire, avoir en l’occurrence et non être, et la mise
au participe passé du premier auxiliaire : « Il a eu vu ».
est parallèle à :
En (1) les actions se succèdent ; en (2) l’ordre entre les deux actions
pourrait être inversé, pour répondre par exemple à une question du type :
« Qu’a-t-il fait hier ? ». Cette difficulté à enchaîner les actes explique
pour une part la valeur stylistique de L’Étranger de Camus, où les actes
se suivent sans s’intégrer dans une chaîne causale cohérente.
Diachronie
La répartition entre passé simple et passé composé était, dans ses grandes lignes,
acquise au XVIIe siècle.
Comme au XVIe siècle le passé composé venait déjà jouer le rôle d’un tiroir du
passé, les grammairiens ont cherché à définir des règles en la matière. En 1569,
Henri Estienne a proposé une règle dite des « vingt-quatre heures » qui s’est
imposée au XVIIe siècle. Selon cette règle, pour que l’on puisse employer le passé
simple, il fallait qu’une nuit se fût écoulée entre l’événement et le moment
d’énonciation. L’Académie reprocha ainsi à Corneille de faire dire à Rodrigue
dans le Cid : « Quand je lui fis l’affront » alors que l’événement s’est produit le
jour même. Corneille corrigea son texte.
Cette règle est en fait artificielle puisque la différence entre passé composé et
passé simple est d’ordre énonciatif, et non temporel.
46. Passif
1. LE PHÉNOMÈNE DE LA PASSIVATION
On parle de « passivation » parce qu’on met en relation des phrases du
type :
et :
2. L’INTERPRÉTATION DU PASSIF
Tous les verbes transitifs directs ne sont pas passivables [ ▶ OBJET
(COMPLÉMENT D’-) – fiche 46]. C’est en particulier le cas de :
Dans l’énoncé (1), on décrit un état, tandis que dans les énoncés (2) et
(3), il s’agit davantage d’un événement, inséparable de divers
circonstants.
3. LE PASSIF PRONOMINAL
On a tendance aujourd’hui à ne pas réserver la catégorie du passif aux
seules structures en être + participe passé. Dans la mesure où le passif n’a
pas de morphologie propre et se définit avant tout par diverses opérations
syntaxiques, il n’y a pas de raison en effet pour ne pas parler de passif
pronominal pour des exemples tels ceux-ci :
6. PASSIF ET DISCOURS
Comme le passif modifie la position des objet et sujet du verbe et
permet d’effacer l’agent, il a une incidence sur l’enchaînement des
énoncés dans le discours. En ne mentionnant pas l’agent, on peut faire
porter la thématisation sur le GN qui joue le rôle de complément. Que
l’on compare :
et :
(2) Luc a vu Paul avec Sophie
L’exemple (1) élimine l’agentivité de voir pour tout focaliser sur Paul.
Dans la progression d’un texte, la passivation met l’objet direct en tête,
facilitant ainsi certains enchaînements d’énoncés. Dans :
plutôt que :
1. PLACE FIXE
Un grand nombre d’adjectifs ont une place fixe, devant ou derrière le
nom :
– sont régulièrement postposés les adjectifs relationnels (une élection
présidentielle) et les adjectifs « classifiants », qui découpent des
ensembles d’objets dans le monde (une tour carrée, un canapé rouge…).
La présence d’un GP complément de l’adjectif provoque également la
postposition, quel que soit le type d’adjectif concerné (*un digne
d’admiration spectacle, *un heureux de vivre garçon…) ;
– sont antéposés quelques adjectifs très fréquents, courts, au signifié
pauvre (beau, grand, gros, vrai, pur, riche, bon…) qui fonctionnent plutôt
comme des sortes d’intensifs du nom (un vrai soldat) ou parfois le
contraire (une triste voiture…) [ ▶ ADJECTIF. 6 – fiche 1]. Dans cette
position, on trouve également des adjectifs tels que fichu, satané, sacré…
La postposition de ce type d’adjectif change leur statut ; elle les
convertit en adjectifs ordinaires homonymes : une sacrée ville/une ville
sacrée, une belle fille/une fille belle… On ne confondra pas ces pseudo-
adjectifs antéposés avec les lexicalisations : jeune fille, grande personne,
petites gens, etc.
2. PLACE VARIABLE
▶
Les adjectifs non classifiants [ ADJECTIF. 3 – fiche 1], les affectifs en
particulier, peuvent se trouver devant ou derrière le nom sans subir
d’altération sémantique :
et :
et :
1. DÉTERMINANT
Morphologiquement, le déterminant possessif varie en genre, en
nombre et en personne : mon est masculin, singulier, de 1re personne. Il
s’accorde en genre et en nombre avec le nom qui suit, mais porte la
personne du possesseur. Comme ce dernier peut être singulier ou pluriel,
cela provoque des difficultés. Ainsi dans leur chat, le déterminant
marque le pluriel du possesseur, tandis que dans leurs chats, le pluriel est
à la fois celui du possesseur et du nom déterminé.
D’un point de vue distributionnel, le déterminant possessif se
comporte comme ce, un ou le, avec lesquels il commute. Il constitue une
projection des pronoms clitiques de 1re, 2e ou 3e personnes qui, en position
de spécifieurs du nom, s’accordent en genre et nombre avec le nom qui
suit (de là la dénomination d’« adjectif personnel » qu’on leur accorde
parfois) :
Mon cheval = (moi) cheval
Ton cheval = (toi) cheval
Son cheval = (il/elle) cheval
Etc.
2. INTERPRÉTATION DU DÉTERMINANT
On distingue deux grands types d’interprétation du déterminant, selon
qu’il s’agit de noms dérivés d’adjectifs ou de verbes [ ▶NOM
(COMPLÉMENTS DU -) – fiche 41] ou de noms ordinaires :
Diachronie
En ancien français, mon est uniquement déterminant, tandis que mien, adjectif,
s’emploie à la fois comme attribut (« Ceci est mien ») et comme épithète (« Un
mien ami »). Au XVIIe on trouvait encore la combinaison
(Déterminant + mien + nom), parfois avec postposition du nom, surtout avec les
termes de parenté (« ce mien frère », « l’ami notre »). Vaugelas condamna cette
tournure, préférant un de mes frères à un mien frère. On cherchait en effet à
séparer nettement formes de déterminants et formes de pronoms.
La Grammaire de Port-Royal a cherché à imposer la règle selon laquelle quand le
déterminant possessif son n’est pas dans la même phrase que son antécédent il
faut préférer en… le si l’antécédent n’est pas un animé : « J’en vois la douceur [=
de son visage]. » Mais cette règle n’a pas vraiment été suivie.
Quand deux noms étaient coordonnés, on ne répétait pas toujours le déterminant :
« sa noblesse et grandeur ».
L’évolution de la langue a suscité une fausse étymologie. En ancien français
ma/ta/sa s’élidait devant voyelle : m’espée, t’amie ; la survivance de m’amie l’a
fait comprendre fautivement comme ma mie.
49. Pouvoir/Devoir
1. PARTICULARITÉS
Si on les compare aux autres verbes transitifs (cf. vouloir, penser, etc.),
ces deux verbes présentent des propriétés syntaxiques singulières. Ils sont
suivis d’un infinitif pronominalisable en le, mais non d’une complétive
ou d’un GN (lorsque devoir possède un GN objet, il s’agit d’un verbe de
sens différent : devoir quelque chose à quelqu’un) :
Je peux/dois venir
*Je peux/dois que je parte
*Je peux/dois un travail
Ils n’ont pas non plus d’impératif (« *Dois ! »/« *Peux ! ») et ne sont
pas passivables.
Pour certaines de leurs acceptions, ils peuvent être paraphrasés par des
constructions impersonnelles qui modalisent l’ensemble de la phrase :
2. POLYSÉMIE
Pouvoir et devoir sont foncièrement polysémiques : outre leurs
interprétations du type il se peut, il est probable que, on citera :
En outre, d’un point de vue aspectuel, le présent est très souple : il peut
exprimer des procès dans leur déroulement aussi bien que des procès
▶
perfectifs. [ ASPECT – fiche 8]
– dans une phrase où le procès se répète, sans que la limite finale soit
précisée (présent itératif ou d’habitude) :
comme dans les récits non embrayés où l’on pourrait aussi bien
▶
employer le passé simple [ DISCOURS/RECIT – fiche 22]
■ Pronoms déictiques
Un autre ensemble de pronoms trouve son référent de manière
▶
déictique, par embrayage énonciatif [ EMBRAYEURS – fiche 23] :
■ Pronoms autonomes
Un dernier ensemble de pronoms (personne, rien, aucun…) construit
son référent de manière autonome, c’est-à-dire indépendamment du
cotexte comme de l’acte d’énonciation :
Déterminants Pronoms
Définis Personnels
(le, la, les) (il, le, lui…)
Démonstratifs Démonstratifs
(ce, cette, ces) (celui-ci, ceci…)
Possessifs Possessifs
(mon, ton…) (le mien, le tien…)
Indéfinis Indéfinis
(un, plusieurs…) (plusieurs, quelques-uns… )
Relatifs (emploi archaïque) Relatif
(lequel homme) (qui, auquel…)
Interrogatif Interrogatif
(quel homme ?) (lequel ? qui ?)
3. VARIATIONS MORPHOLOGIQUES
Étant donné l’hétérogénéité de la catégorie pronominale, on ne peut
pas s’attendre à ce que sa morphologie soit homogène.
On trouve des pronoms invariables en genre et en nombre : des
autonomes (personne, rien, quelque chose…) mais aussi quelques
pronoms substituts (ce, le neutre).
D’autres varient seulement en genre (chacun(e), aucun(e)…).
En général, les pronoms substituts varient en genre et en nombre
(il/elle/ils/elles, celui-ci/celle-ci/ceux-ci/celles-ci…). Ils s’accordent en
genre avec leur antécédent, ce qui rend plus facile l’identification de cet
antécédent. Mais ils ne s’accordent pas toujours en nombre avec lui :
Ses chats (plur.) sont gris ; le tien (sing.) est noir
Il avait un chat (sing.) ; il en a maintenant trois (plur.)
Les clitiques peuvent être adjoints aux verbes à temps fini comme aux
verbes à temps non fini, participe présent ou infinitif :
En principe, les clitiques sont adjoints au verbe dont ils sont les
compléments ; il existe cependant des exceptions (verbes de perception et
laisser/faire), qui suscitent des analyses variées :
Le pronom lui est seulement datif quand il est conjoint, mais il peut
occuper toutes les fonctions quand il est disjoint :
En fait, on peut penser que la position du sujet n’est pas la même pour
un GN ordinaire et pour un clitique. Un GN sujet se trouve dans la
position sujet, distincte de celle du GV, alors que le sujet clitique fait
partie du GV, il est adjoint directement au verbe.
À l’appui de cette analyse, on peut invoquer divers arguments :
■ Le datif éthique
On rencontre souvent des clitiques datifs qui ne sont pas compléments
du verbe. C’est le cas du célèbre datif éthique :
■ Le datif d’intérêt
On distingue le datif éthique du datif d’intérêt (ou bénéfactif) qui
▶
indique au profit ou au détriment de qui se fait le procès [ PRONOMINAUX
(VERBES -). 6 – fiche 53] :
Le point essentiel dans ces exemples est que ces verbes n’appellent pas
habituellement de complément indirect en à : *défoncer à qqn, *boire à
qqn., *rédiger à qqn…
Le datif bénéfactif se distingue du datif éthique en cela qu’il joue un
rôle dans le procès, qu’il intervient donc au niveau de l’énoncé, et non de
l’énonciation. Les datifs éthiques de 3e personne semblent impossibles
(seuls les partenaires de l’énonciation sont pris à témoin). Mais à la
seconde personne il est souvent difficile de faire le partage entre datifs
éthique et d’intérêt :
Diachronie
À l’état d’archaïsme, au XVIIe, les clitiques sujets étaient parfois omis (surtout avec
des verbes tels croire, savoir, pouvoir…) dans des phrases subordonnées, incises
ou coordonnées :
« …la maison, comme savez de reste,
Au bon monsieur Tartuffe appartient sans conteste » (Molière).
Comme en ancien français et dans le français familier contemporain, on avait
tendance au XVIIe siècle à substituer à le lui un lui qui fondait les deux formes.
Usage condamné par Vaugelas : « Il vaut mieux satisfaire l’entendement que
l’oreille. » La langue soignée a progressivement rétabli le lui.
On a discuté pour savoir où placer les clitiques compléments d’un verbe à
l’infinitif : « Je le puis faire » ou bien : « Je puis le faire » ? Vaugelas acceptait les
deux mais préférait « Je le puis faire », qui était alors plus fréquent. Au XVIIIe,
cette tendance s’est inversée. En réalité, c’est surtout avec les verbes de sens
modal, dont la relation avec l’infinitif est très « serrée », que le clitique montait
ainsi : « Je le dois/peux/veux… croire ».
On pouvait employer le même clitique comme complément de deux verbes
coordonnés : « Vous aimer et servir. »
Dans le prolongement de l’ancien français, il était possible de placer le clitique
complément d’objet de 3e personne avant un complément indirect de 1re ou 2e
personne : « Je le vous avoue » (Guez de Balzac). Mais l’ordre actuel s’est imposé
rapidement.
Le employé comme clitique attribut était source d’embarras. Au XVIIe on accordait
couramment les clitiques pronominalisant des attributs (« Intelligente, je la
suis »/« Rois, nous les sommes »…). Vaugelas avait opté pour le pronom neutre
le, mais cette règle rencontra longtemps une résistance.
Le pronom il pouvait fonctionner comme pronom sujet neutre : « Goûtez bien
cela, il (= cela) est de Léandre » (La Bruyère).
53. Pronominaux
(verbes -)
Les verbes précédés d’un clitique me, te, se, nous, vous sont dits « à la
forme pronominale » si leur sujet se trouve à la même personne. Mais
comme les énoncés de type pronominal ont des propriétés syntaxiques
et des interprétations très variées il apparaît difficile d’établir
l’homogénéité de cette catégorie, qui implique à la fois des
phénomènes syntaxiques (les structures des phrases) et lexicaux (le
sens des verbes).
1. PROPRIÉTÉS COMMUNES
L’ensemble des formes pronominales des verbes partage deux traits :
■ Interprétation réfléchie
La plus immédiate, celle qui donne son nom au clitique, est
l’interprétation réfléchie. Il s’agit de verbes transitifs dont l’objet direct
ou indirect est coréférentiel du sujet : « Paul se voit » = « Paul voit lui-
même ». Il y a donc complémentarité entre le et se : le premier a son
antécédent hors de la phrase, le second dans la phrase.
■ Réciprocité
La forme pronominale permet aussi de marquer la réciprocité, pour
peu que le sujet ne soit pas unique. Avec :
3. LA CONSTRUCTION MOYENNE
Un verbe qui peut entrer dans une construction passive peut également
entrer dans une construction moyenne (ou passive pronominale) dans
laquelle le GN qui s’interprète comme l’objet direct se trouve en position
de sujet et où le verbe est précédé de se : « Ce tissu se mouille
facilement. » Au présent, cette construction possède souvent une valeur
générique : l’énoncé « Ce tissu se lave » s’interprète donc plutôt comme
« Ce tissu peut être lavé, est lavable », avec un agent indéterminé [ ▶
PASSIF. 3 – fiche 46].
On se prend un bain ?
Je me mange un petit morceau
Le point remarquable est que les verbes auxquels sont associés ces
réfléchis ne sont pas nécessairement des verbes qui appellent des
compléments en à + GN : « Paul se prend un bain »/« *Paul prend un
bain à lui-même ». Il y a donc une autonomie de ces clitiques par rapport
▶
à la complémentation du verbe [ PRONOMS CLITIQUES. 4 – fiche 52].
7. SE PRONOM ?
Traditionnellement on considère se comme un pronom réfléchi, mais
sa valeur de réfléchi ne correspond qu’à une part très restreinte de ses
emplois, comme on a pu le voir. En outre, à la différence des pronoms
substituts habituels, il est invariable en genre et en nombre. Dans ces
conditions on peut hésiter entre deux hypothèses :
Diachronie
Dans la langue classique, comme en ancien français, on pouvait éliminer le
clitique réfléchi devant un infinitif quand son sujet était phonétiquement non nul
(après faire, laisser, les verbes de perception) :
1. QUE SUBORDONNANT
Que est l’outil de subordination universel en français. Situé dans le
complémenteur, il marque la frontière entre deux domaines phrastiques
sans avoir par lui-même de contenu sémantique :
Dans cet emploi il figure en tête des phrases à sujet exprimé et à temps
fini :
2. EN PROPOSITION INDÉPENDANTE
Il existe des emplois où que figure dans le complémenteur de phrases
non subordonnées. C’est le cas des énoncés exprimant une visée
(souhait, ordre) : « Qu’il parte ! », « Que je disparaisse ! » Ce type
d’énoncé qui implique l’emploi du subjonctif doit être rapproché des
infinitifs indépendants (« Partir ! »), qui eux aussi associent valeur non
▶
assertive et absence d’embrayage temporel [ INFINITIF. 1 – fiche 35].
On peut rattacher à ce type de phrase certaines phrases des systèmes
▶
hypothétiques [ HYPOTHÉTIQUES (SYSTÈMES -). 3 – fiche 30].
4. D’AUTRES EMPLOIS
■ Ne… que
On mentionnera ne… que, qui n’est ni subordonnant ni pronom mais
relève du système de la négation [ ▶ NÉGATION. 1 – fiche 40]. Il est
associé à ne (« Je n’ai vu que Paul ») et se place devant le constituant sur
lequel porte la négation restrictive :
■ Adverbe de quantité
Comme adverbe de quantité placé dans le complémenteur, il marque
une grande quantité ou un haut degré et s’emploie dans les
exclamatives :
(1) Que d’ennuis j’ai eus !
(2) Qu’il est bête !/Qu’il marche lentement !
Diachronie
Au XVIIe siècle le subordonnant que était souvent préféré aux relatifs où/dont :
1. QUI RELATIF
Le pronom relatif qui, invariable en genre et en nombre, est marqué en
cas puisqu’il est réservé à la fonction sujet. Ce n’est pas l’unique relatif
qui puisse être sujet (lequel peut aussi jouer ce rôle) mais c’est le seul qui
soit utilisable aussi bien pour les relatives restrictives que les relatives
non restrictives et qui soit utilisé dans tous les registres de langue.
S’il est sujet il ne connaît aucune contrainte sémantique ; en revanche,
s’il est inclus dans un GP, il ne peut en principe avoir pour antécédent
qu’un humain :
Mais cette contrainte n’est pas toujours respectée dans l’usage courant.
2. QUI INTERROGATIF
En tant que pronom interrogatif, qui invariable en genre et en nombre
▶
est réservé aux animés humains [ INTERROGATIFS (MOTS –). 2 – fiche 36].
■ En interrogative directe
Il peut occuper deux positions : à l’intérieur de la phrase, celle qui
correspond à sa fonction, et dans le COMP :
Tu vois qui ?
Qui aimes-tu ?
Tu parles avec qui ?
Avec qui viens-tu ?
Il peut être sujet, objet, attribut ou être inclus dans un GP (« Sur qui as-
tu parié ? »). Dans ce dernier cas, il peut être extrait d’un GN, à certaines
conditions, mais non d’un GP :
Tu as vu la maison de qui ?
De qui as-tu vu la maison ( ) ?
*De qui parles-tu de la maison ( ) ?
■ En interrogative indirecte
Le pronom se trouve obligatoirement en tête de phrase :
3. L’INTERPRÉTATION DE QUI
La mise en relation de ces deux emplois de qui révèle une
complémentarité sémantique intéressante :
Diachronie
Au XVIIe siècle, le relatif qui avec préposition pouvait référer à un non-humain (cf.
« Un mot pour qui il a de l’aversion »), mais cet usage fut condamné par Vaugelas
et l’Académie.
Devant est le pronom relatif qui pouvait s’employer, comme en ancien français,
sans ce : « Il se sauve, qui est honteux. » Mais cet usage était réservé aux
appositives ; on n’avait donc pas : « *Je fais qui me plaît. » De même, qui pouvait
valoir pour celui qui avec davantage de liberté qu’en français moderne. On
trouvait en effet des énoncés dans lesquels la principale possédait un sujet
distinct : « Qui donnerait ces fleurs, elles lui porteraient malheur. » La relation
entre les deux phrases pouvait même être très lâche :
Ici qui est coréférentiel de courtisan. Mais ce dernier GN doit prendre une valeur
générique puisque qui sans antécédent ne peut référer à un individu spécifié.
56. Relatives
1. LA RELATIVISATION
Ce qui caractérise la structure relative classique, c’est l’incomplétude
d’un élément de la subordonnée (le « pronom relatif ») placé dans le
complémenteur et qui reçoit ce qui lui manque d’un antécédent nominal
(« L’homme que j’ai vu était blond »), pronominal (celui qui), parfois
adjectival (« De paresseux qu’il était, il est devenu travailleur »). La
position COMP, on le sait, n’attribue pas de fonction ; pour s’en faire
assigner une, le pronom relatif varie morphologiquement (qui sujet, que
objet…) :
2. RESTRICTIVES ET APPOSITIVES
▶
Dans le cas d’une relative restrictive ou déterminative [ ADJECTIF. 5
– fiche 1], le GN inclut deux constituants qui tous deux réfèrent de
manière incomplète. Pour l’énoncé : « Le chat que tu as recueilli est
malade » aussi bien le chat que la relative que tu as recueilli sont
incomplets ; ils ne peuvent désigner un référent que si on les associe.
L’article le annonce la relative, dont il est inséparable ; de son côté, la
relative a besoin d’un antécédent, en l’occurrence le nom qui la régit.
La relative appositive ou explicative, en revanche, ne fait pas partie
du GN, elle n’en est pas complément :
Son emploi est très mal maîtrisé par les francophones. Il est à la fois
plus contraint que la série en de + lequel (cf. « L’homme pour la vie
duquel on se sacrifie… »/« * L’homme pour la vie dont on se
sacrifie… ») et sur d’autres plans moins contraint :
La relative est souvent introduite par des tours tels il y a, voilà, c’est :
Diachronie
Le relatif lequel s’est développé en moyen français. Au XVIIe, il est plus souvent
qu’aujourd’hui sujet ou objet, à la place de qui/que (« L’homme, lequel est/lequel
j’ai connu… »), mais son emploi est déconseillé par les puristes, sauf s’il permet
de lever une ambiguïté en ce qui concerne l’identité de l’antécédent. De même, on
usait volontiers de duquel, en lieu et place de l’actuel dont. Inversement, là où
aujourd’hui, pour les êtres ou animés, on utilise plutôt (Préposition + lequel) les
auteurs du XVIIe préféraient (Préposition + quoi) : « la lumière sans quoi… ».
Entre la relativisation et la détermination du nom on recourait souvent, grâce à
lequel, à une structure intermédiaire :
■ En subordonnée
Si l’on excepte le cas de la complétive sujet (« Qu’il soit à l’heure
serait étonnant »), l’apparition du subjonctif est en général déclenchée
par sa dépendance à l’égard d’un autre élément de la phrase :
3. POURQUOI LE SUBJONCTIF
La relation étroite entre la présence de que et l’emploi du subjonctif
semble s’expliquer par le fait que le morphème que suspend la valeur de
vérité de la phrase où il figure. En effet, en phrase indépendante, l’énoncé
au subjonctif a une valeur clairement non assertive (« Qu’il sorte ! ») et
quand il y a subordination, l’assertion porte sur la principale, non sur la
subordonnée.
Le subjonctif nourrit des débats récurrents parce que son apparition ne
peut s’expliquer à l’aide de principes évidents. On parle souvent dans les
grammaires scolaires de mode du « virtuel » ou encore de mode de ce qui
n’est pas posé comme vrai, mais cette application est insuffisante :
regretter ou bien que déclenchent le subjonctif alors qu’ils expriment des
faits posés comme vrais ; de même, on voit mal pourquoi « Il est
possible » déclenche le subjonctif et « Il est probable » l’indicatif, etc.
Aujourd’hui, certains linguistes font appel à la logique modale
(notions de « monde possible » et d’« univers de croyance » en
particulier) pour analyser les emplois du subjonctif. Par exemple, le
subjonctif de « Bien qu’il soit guéri, il ne peut pas travailler » serait lié au
fait qu’en dépit de la vérité de la proposition exprimée par la concessive,
il y a un écart entre ce qu’on attendrait normalement, que l’on pensait
vrai (« La guérison implique le travail ») et la fausseté de la principale.
Autre exemple : le subjonctif dans les relatives du type « Connais-tu
une femme qui sache jouer du clavecin ? » serait lié au fait que l’on
parcourt mentalement tous les possibles pour en extraire un élément
répondant au prédicat « jouer du clavecin ».
Quoi qu’il en soit, comme beaucoup de phénomènes sémantiques, et
surtout modaux, l’explication de tels phénomènes fait appel à des
principes beaucoup plus abstraits que ceux que l’on manie communément
dans les grammaires scolaires. D’autant plus que dans ce domaine, il
existe dans l’usage de larges zones de variation, liées à des nuances
sémantiques subtiles : on utilise aussi bien « Je ne crois pas qu’il
vient/vienne », ou « Le fait qu’il vient/vienne », etc.
Diachronie
On trouve encore au XVIIe quelques emplois du subjonctif non associés à que,
comme en ancien français :
« Son sang soit sur nous et sur nos enfants ! » (Bossuet), « Je sois
exterminé si je ne tiens parole ! » (Molière).
Certains verbes qui exigent actuellement le subjonctif dans les complétives objets
toléraient parfois l’indicatif : « La providence de Dieu permit que le roi alla porter
la guerre… » (Fléchier). La fréquence des sujets comme « le Ciel », « la
providence », « le malheur » dans ce type d’emploi n’est certainement pas
aléatoire : avec de tels sujets, il n’y a pas la moindre incertitude, il ne s’agit pas
d’une véritable permission.
De même, avec avoir peur, craindre, on rencontrait souvent l’indicatif si le verbe
exprimait davantage une opinion (= « Je crois que ») qu’une crainte ; mais la
norme exigeait déjà le subjonctif. Avec les verbes affectifs (regretter, admirer, être
fâché que, être dommage que…), l’indicatif était également fréquent, comme
après il se peut que, il peut se faire que, ce n’est pas que…
À l’inverse, des verbes qui aujourd’hui appellent l’indicatif pouvaient être suivis
du subjonctif même s’ils n’étaient pas niés : croire, présumer, penser (« Vous
croyez qu’un amant vienne vous insulter » (Racine)). Mais dans ce cas le verbe
exprime une fausse supposition de la part du sujet : « croire à tort »,
« s’imaginer »… Vaugelas condamnait cet usage mais Thomas Corneille
l’acceptait à la 2e ou 3e personne. On comprend pourquoi : un énoncé comme (je
crois + subjonctif) serait paradoxal.
58. Subordonnées
■ Les propositions
La grammaire traditionnelle appelle propositions les phrases qui sont
les constituants des phrases complexes, distinguant proposition
principale, celle dont dépend une autre, et proposition subordonnée.
Cette double distinction n’a qu’un intérêt limité mais elle est encore
largement utilisée. L’essentiel est de ne pas se méprendre sur la relation
entre principale et subordonnée. Par exemple, dans la phrase :
■ Les phrases-GN
■ Les phrases-GA
– À temps fini : relatives (« L’homme qui est venu est blond »).
– À sujet exprimé et temps non fini : (Æ)
– À sujet non exprimé et temps non fini : participe présent (« Les
chats miaulant trop fort ont été punis »).
Ainsi :
En (2) il n’y a pas subordination mais deux phrases distinctes qui sont
liées par un connecteur ;
Le sujet est le seul constituant de la phrase qui puisse être encadré par
c’est… qui, à condition qu’il ne soit pas impersonnel :
D’un point de vue positionnel, dans ces exemples le sujet est il, avec
lequel s’accorde le verbe ; mais pour le sens c’est le GN à droite du verbe
qui apparaît comme le sujet.
On se gardera de confondre le problème posé par les constructions
impersonnelles avec celui que posent les verbes intrinsèquement
▶
impersonnels [ IMPERSONNELLES (CONSTRUCTIONS -). 1 – fiche 33]. Dans :
Il faut un livre
Il semble que tu sois en retard
au sens de : « Cela fait des années que Paul est coureur automobile »,
Paul est davantage le support d’une propriété que l’agent d’une action.
4. SUJET ET THÈME
La notion syntaxique de sujet interfère constamment avec la distinction
entre thème (ou topique) et propos (ou commentaire), qui relève d’une
perspective communicationnelle.
– la dislocation :
Marie a vu Paul
▶
[ EMPHASE/MISE EN RELIEF – fiche 24]
5. LE SUJET DES GN
▶
Du fait de l’existence de noms déverbaux [ NOMS (COMPLÉMENTS DU
-) 2 – fiche 41] en correspondance systématique avec des phrases (« La
venue de Jules/Jules vient »), se pose la question de savoir s’il y a des
sujets dans les GN : dans la venue de Jules le GN Jules est-il le sujet de
venue ? Le parallélisme entre phrase et GN est encore plus évident si l’on
fait intervenir des déterminants possessifs, qui sont en fait la projection
▶
de pronoms personnels [ POSSESSIFS. 2 -fiche 48 ; PASSIF. 4 – fiche 46] :
■ Tout concessif
Quand l’élément sur lequel il porte est attribut, tout placé en tête de la
phrase permet de construire des tours concessifs :
tout peut référer à n’importe quel ennemi, que celui-ci existe ou non.
Comme déterminant de certains noms abstraits dérivés d’adjectifs,
tout peut s’interpréter comme un adverbe spécifiant un adjectif : parler
en toute liberté (= « parler de façon entièrement libre »), un livre de toute
beauté (= « un livre extrêmement beau »), etc. Ces combinaisons de tout
et de noms sont extrêmement irrégulières et partiellement lexicalisées :
on dit à toute vitesse mais pas *à toute lenteur ou *à toute rapidité.
3. PRONOM INDÉFINI
Employé seul au singulier, tout dans une position de GN réfère à un
être envisagé comme une totalité dans un certain contexte :
Au pluriel il peut :
Diachronie
Au XVIIe, les grammairiens ont essayé de distinguer clairement tout adverbe
invariable et tout déterminant ou pronom, qui est variable. Mais ils ont échoué en
raison de la combinaison de tout et d’un adjectif (« toute belle ») dans laquelle
l’adverbe est variable en genre. Aujourd’hui tout associé à un adjectif est
orthographiquement invariable devant voyelle (« tout émue ») mais au XVIIe
l’usage n’était pas fixé : on trouvait aussi bien « tous entiers », « tous grossiers »
ou « toutes entières ». Vaugelas refusait l’accord au masculin pluriel mais
demandait qu’il soit fait devant un adjectif féminin commençant par une voyelle :
« toutes étonnées » (sauf devant autres : « tous autres »). En 1704, l’Académie a
défini l’usage actuel : « tout étonnées », « toute belle », « toutes sales ». Mais
cette règle longtemps n’a pas été respectée.
En tant que déterminant du nom, tout s’employait plus facilement qu’aujourd’hui
sans article au pluriel : en tous hommes… Pour avoir un tour concessif, il n’était
pas nécessaire de combiner tout + adjectif/nom avec une phrase en que :
La locution du tout au début du XVIIe s’employait dans des énoncés non négatifs
avec le sens de « tout à fait ». Quant à la locution tout un, elle signifiait « tout à
fait la même chose », « indifférent » :
Les phrases verbales présentent des structures très variées mais on les
ramène traditionnellement à quelques grands types, qui correspondent à
des actes de langage fondamentaux et sont identifiables par une
intonation spécifique : le type déclaratif (ou assertif), le type
interrogatif, le type impératif (ou injonctif). Dès qu’il énonce une
phrase, le locuteur est obligé choisir entre ces trois types :
Il est intelligent !
Est-il bête !
La fusée ! Ce type !
■ La négation
En réalité, la négation n’opère pas sur le même plan puisque toute
phrase est nécessairement positive ou négative. On notera que cette
opposition positif/négatif ne joue pleinement que dans les phrases
déclaratives (« Il pleut/il ne pleut pas »). Une interrogation négative est
perçue comme une assertion déguisée ou une demande de confirmation
(« Ne vient-il pas ? »). Quant à une exclamation négative, elle n’a rien de
négatif (« Est-il pas beau ! »), quand elle est possible (« *Qu’il n’est pas
▶
heureux ! »). [ NÉGATION – fiche 40].
■ L’emphase
Elle est marquée essentiellement par deux constructions :
1. LE NOM
Noms
L’anaphore nominale 3, 17, 19, 52
Le genre des noms 29
Les noms dérivés 20
Les compléments du nom 41
Les expansions du nom 1, 27, 41, 56
La construction GN de GN 5, 41
Les compléments du nom en de/introduits par de 5, 41
Les groupes/syntagmes prépositionnels 5, 12, 41, 42
Adjectif
L’adjectif qualificatif 1, 4, 18, 47
Le groupe adjectival 1, 4, 18, 47
Les fonctions de l’adjectif 1, 5, 9, 47
La place de l’adjectif épithète 47
Adjectif et participe 1, 4, 44, 46
Les degrés de comparaison de l’adjectif 14, 18
Déterminants
La détermination/les déterminants du substantif 6, 7, 19, 34, 36, 48, 51
Les articles 6, 7, 17
L’absence d’article/la non-expression de l’article/l’article zéro 7
L’article et son absence 6, 7, 17
Articles défini et indéfini 6, 17
L’article/le déterminant un 6, 34
Les indéfinis (y compris les pronoms) 34, 40, 43, 51, 60
Les déterminants/adjectifs indéfinis 34, 43, 60
Les déterminants définis 17
L’emploi de l’article défini 3, 17
Le/la/les (y compris les pronoms) 3, 17, 51, 52
Les possessifs (y compris les pronoms) 48, 51
Les démonstratifs (y compris les pronoms), 11, 19, 23, 51
Les déterminants/adjectifs démonstratifs 11, 19, 23
Articles défini et démonstratif 3, 11, 17, 19, 23
Tout/Les emplois de tout 60
Fonctions
Les fonctions du GN/substantif/nom 5, 9, 27, 41, 42, 59
La fonction sujet 59
La notion de sujet 59
Les sujets non exprimés 4, 32, 35, 58
L’apposition 5
Le complément d’objet 38, 42
Les compléments prépositionnels 12, 15, 25, 42
Les compléments du nom 41
Les expansions du nom 1, 27, 41, 56
Compléments du nom et relatives 27, 41, 54, 55, 56
Les compléments circonstanciels/les circonstants 12, 13
Les compléments circonstanciels de temps et de lieu 12, 13, 23
Compléments d’objet et compléments circonstanciels 12, 13, 42
Les fonctions du GA/de l’adjectif 1, 5, 9, 47
L’épithète 1, 47
Épithète et attribut 1, 9, 26, 41, 47
L’attribut 9, 26
Attribut et complément d’objet direct 9, 26, 38, 42
Pronoms
Les pronoms 3, 11, 19, 23, 25, 34, 37, 43, 48, 51, 52, 53, 54, 55, 60
Les pronoms substituts 3, 19, 25, 34, 48, 51, 52, 53, 54, 55
Les pronoms personnels 23, 43, 51, 52
Les pronoms sujets 23, 39, 52, 59
Les pronoms de 1re et 2e personne 23, 39, 51, 52, 59
Les pronoms personnels de 3e personne 23, 39, 51, 52
Les pronoms personnels compléments 51, 52
Les éléments clitiques 52
Les pronoms clitiques 52
On 43
Le (y compris les déterminants) 3, 17, 51, 52
Il/le/lui 23, 39, 51, 52
Les pronoms adverbiaux/En et y 25
Dont et en 25, 56
En 25
Les pronoms relatifs 56
Les pronoms possessifs 48, 51
Les pronoms démonstratifs 11, 19, 51
Les pronoms interrogatifs 36, 51, 54, 55
Les pronoms qui et que 36, 54, 55
Qui, 36, 55
Que 36, 54
Les pronoms neutres 9, 11, 19, 33, 34, 51, 60
Ce 11
Les pronoms indéfinis 34, 51
Les indéfinis (y compris les déterminants) 6, 34, 40, 43, 51, 60
2. LE VERBE
Verbe
Avoir et être 26
L’emploi du verbe être 26
Avoir 26
Les verbes modaux 49
Les auxiliaires modaux/Pouvoir et devoir 49
Les éléments clitiques 52
Les auxiliaires/l’auxiliation 10
Les périphrases verbales 8, 10, 28
Les séquences verbe + infinitif 8, 10, 28, 35, 49
Transitivité et intransitivité verbales 38, 42
La transitivité du verbe 38, 42
Les verbes intransitifs/L’intransitivité du verbe 38
Verbes et constructions impersonnels 33
Les verbes pronominaux 53
Modes
L’emploi des modes 4, 13, 15, 35, 57
Les modes dans la subordonnée 4, 13, 15, 35, 56, 57
L’opposition de l’indicatif et du subjonctif 22, 57
Subjonctif et conditionnel 16, 57
L’emploi du subjonctif/le subjonctif 57
Les formes/modes non personnels du verbe 4, 13, 35, 44
L’infinitif 35
Les participes 4, 44
Participes et gérondifs 4, 13, 58
Les formes en -ant 4
Participe passé et infinitif 35, 44
Les participes passés 44
Temps et aspect
Les temps de l’indicatif 16, 22, 28, 31, 45
Temps du discours et temps du récit/Discours et récit 23
L’emploi des temps/les temps verbaux 8, 22, 28, 31, 42, 45, 57
Le présent 50
Les valeurs du présent 50
Les emplois du présent 50
Le futur simple 28
Les futurs 28
L’expression du futur 28
Le conditionnel/les formes en -rais 16
Les formes en -ais et -rais 16, 28
L’imparfait/les valeurs de l’imparfait 31
Imparfait et plus-que-parfait 8, 31
Les temps du passé 22, 31, 45
Le passé composé 45
Passé composé et passé simple 22, 45
Formes/temps simples et composé(e)s du verbe, Les formes/temps
composé(e)s du verbe 8, 31, 45
Valeurs aspectuelles des formes verbales 8
Les périphrases verbales 8, 28, 35, 49
3. AUTRES CATÉGORIES
Invariables (mots)
L’adverbe 2, 12, 14, 60
Le classement des adverbes 2
Étude syntaxique des adverbes 2
Les pronoms adverbiaux 25
En et Y 25
Morphologie et lexicologie
Le genre des noms 29
Le genre des adjectifs 29
Les marques de genre/du féminin 29
La dérivation suffixale 20
Préfixation et suffixation/La dérivation 20
4. LA PHRASE
La phrase simple
La place du sujet 39, 59
L’inversion du sujet 39
Le passif 46
Passifs et pronominaux 46, 53
La forme/voix pronominale 53
Les constructions/tours/formes impersonnels, les constructions avec il
impersonnel 33
Constructions impersonnelles et verbes impersonnels 33
Les constructions emphatiques 24
La dislocation 24
Les constructions détachées 24
Phrases clivées et pseudo-clivées 24
La phrase complexe
La subordination/les subordonnées 58
Classification des subordonnées 58
Le mode dans les subordonnées 4, 13, 15, 35, 56
Les complétives 15, 42
Les infinitifs 35
Les infinitifs compléments 35
Complétives et infinitifs 15, 35
Les subordonnées circonstancielles 13
Les comparatives 14, 18
Les hypothétiques/conditionnelles 30
Les (subordonnées) relatives 54, 55, 56
Les pronoms relatifs 51, 54, 55, 56
L’interrogation indirecte 36, 37, 54, 55
Les subordonnées introduites par que 15, 30, 54, 56, 58
Les subordonnées introduites par qui et que 15, 30, 54, 55, 56, 58
Que 54
Modalités de la phrase
Les types de phrases 33, 37, 61
Les modalités de la phrase 32, 37, 61
La négation 40, 61
Négation et mots négatifs 40
L’interrogation 37
Les mots interrogatifs 36
L’interrogation indirecte 37, 54, 55
L’interrogation directe 37, 54, 55
Interrogation et exclamation 37, 61
Mots interrogatifs et mots exclamatifs 61
Les phrases/énoncés exclamatifs 18, 61
L’impératif 32
La modalité jussive/L’expression de l’ordre 32, 61
Impératif et subjonctif 32, 57
L’expression de l’hypothèse/Les tours hypothétiques 30
La mise en relief 24
Les constructions emphatiques 24
5. EMBRAYAGE ÉNONCIATIF
Les embrayeurs 22, 23, 51
Les embrayeurs/Les pronoms personnels de 1re/2e personne 23, 39, 51,
52
On 43
Les embrayeurs/déictiques de temps et de lieu 12, 22, 23
Temps du discours et du récit, Discours/récit 22
Les temps du récit 22
Les plans d’énonciation 22
Le discours rapporté 21
Discours direct et indirect 21
Les marques du discours indirect 21
Le discours direct 21
Le discours indirect libre 21
Les valeurs du présent 50
Ouvrages de préparation aux examens et concours
Avant-propos
1. L’exposé synthétique
Vocabulaire de base
5. La phrase
8. Un principe d’unicité
1. Adjectif
2. Adverbe
3. Anaphore nominale
4. -Ant (formes en -)
5. Apposition
6. Article
8. Aspect
9. Attribut
10. Auxiliaire
11. Ce
14. Comparaison
15. Complétive
16. Conditionnel
20. Dérivation
23. Embrayeurs
25. En/Y
26. Être/avoir
28. Futur
32. Impératif
34. Indéfinis
35. Infinitif
37. Interrogation
40. Négation
43. On
46. Passif
48. Possessifs
49. Pouvoir/devoir
54. Que
55. Qui
56. Relatives
57. Subjonctif
58. Subordonnées
59. Sujet
60. Tout