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SOCIETE ASIATIQUE. . 137 pour Ecole des Langues orientales viventes. La convention anra sn pilot dés que le Ministre sera entré en possession intégrale de limmeuble a acquérir. M. ue Padatoent fait ressortir les avantages de cette convention, qui résout d'une fagon qu'on peut espérer définitive un probleme qui se posait pour la Société depuis sa fondation. I! remercie M. P. Boven pour Ia part qu'll a prise & cet heureux résultat. M. Conpima exprime A M. us Padsipeny les remerciements de la Societe. M. P. Borsa se félicite des rapports plus intimes qui »’établiront entre la Société et Métablissement qu'il dirige, et seront aussi profitables a la science qu’a Venseignement. Sont élus membres de 1a Société : MIM. A. Baceur, présenté par MM. S. Lévi et Feanano; A. Hayxmat, présenté par MM. P. Boren et Minoasty; ©. Sinin, présenté par MM. Petuior et Hace. M. Maxsovborr lit une étude sur Fidentité des Ouigours septentrio- nau des annales chinoises avec les Toguz-Oguz. Observations de MM. Casasova, Fenaanp et Deny. la séance est levée & 6 heures et demie. Nécrologie. Rané Basser (1855-1928). René Basset, doyen de la Faculté des Lettres”, qui vient de mourir ’ Alger en pleine activité scientifique, apres ane courte maladie, était © Correspondant de Vnstitut de France, membre étranger de Ia R. Aca- dlemia dei Lineei, des Académies de Lisbonne ot Madrid, membre honoraire dle la R. Asiatie Society de Londres, ete. 138. JANVIER-MARS 1924, né en 1855 Lunéville (Meurthe-et-Moselle). 4 dix-huit ans, le hasard dune trouvaille le mit en présence d'un texte arabe. Il s'enquit de ce qque pouvait étre eette Inge étrangére, en apprit seul alphabet et les premiers rudiments : sa vocation dorientaliste eu fut décidée. Il entra a VEcole des Langnes orientales et y suivit les cours d'arabe, persan et turk. Aa cours de I'Ecole s'ajoutdrent bientdt, non seulement les cours de langues nusulmanes du Collége de France et de I'Ecole des Hautes- Ftndes, mais aussi les conférences W'éthiopien, dégyptologie. «'épigra- phie sémitique, de langues slaves. Sa prodigieuse capacité de travail ot sa merveilleuse mémoire lui permettaient de mener de front des étade dans presque tous les domaines. Liseur infatigable, il se tenait en méme temps au courant des travaux publiés en Enrope et en Orient, ayant trait tant & Yorientalisme musulman qu’a Ja littérature pure , jusques et y compris le roman et les éerits des chapelles littéraires d'avant-garde. Ceux qui ont vécu dans son intimité ont pu lui entendre réciter sans une défaillance de mémoire des passages de tragiques grees et cles poé- cies décadentes, des vers latins et des couplets d'opérettes, de la poésie arabe antéislamique et des complaintes populaires. Il devint des nOtres en 1879 sur Ja présentation de deux de ses mattres, Clermont-Ganneau et Stanislas Guyard, et fut un collaboratenr assidu du Journal asiatique dés son admission dans la Société. Entre temps, Jules Ferry créait & Alger Ecole supérieure ‘les Lettres dont Emile Masqueray prit la direction. Basset y fut désigné pour ta chaire d'arabe en 1882. A cet enscignement, le jeune professeur joi- goit immédiatement des conférences de berbire, «ethiopien et de gram- maire sémitique comparée. L'Ecole logeait alors bourgeoisement dans un immeuble ordinaire, distribué tant bien que mal en salles de cours. L'insuffisance du local en faisait rejeter un certain nombre apres les heures habituelles : j'y ai suivi des cours d'étbiopien et de berbére qui ne pouvaient avoir liu que de 8 beures et demie & g heures et demie da soir. En 1889, fut eréé te Bulletin de correspondance africaine, qui fait si grand bonneur & 'ancienne Ecole et lactuelle Faculté des Lettres Alger. Par sa collaboration réguliére, Basset y jou «és le début un role de premier plan; Masqueray, qui avait deving le futur maitre et dont il fat le successeur, 1ui en laissait volontiers la diseréte direction effective. Si je rappelle ces faits dont je fus le témoin, c'est que la car- ridre de Basset se confond avec le développement ininterrompu des études orientales en Algérie et qu'il fut Yartisan principal de Vauvie scientifique dans notre Afrique du Nord. Chaque année, pendant que SOCIETETASIATIQUE. 139 vaquaient les cours, une mission de {Académie des Inscriptions ou du Gouvernement général de ’Algérie permettait a Basset Waller recueillir wiv place jusqu'an Sénégal la documentation nécesaaire b ses travaux personnels et 4 ses legons d'arabe et de berbére. En fait, si tous tes ara- bisants et berbérisants d’Algérie, de Tunisie et du Maroc ont ea plus ou moins recours & son enseignement, l'étude des dialectes berbéres reste aa eréalion propre. Un jonr, je ne sais par qui ni comment, le Ministre des Affaires Etrangéres apprit Texistence de ce professear algérien dont on avait santé la valear & quelque haut fonctionnaire de ce département. Par une initiative sens précédent, on lui fit offrir le grade de consul général et les fonctions de chargé d'affaires & Tripoli de Barbarie. Basset avait & wine dépaseé la trentaine; lotfre était alléchante, car ele permettait ‘Veseompler une trés brillante carriére future : il refusa. Professeur dans ame, il préléra sa chaire aux grandeure diplomatiques qu'on lui fai sait entrevoir. Peu d'années aprés son arrivée en Algérie, Basset y avait sequis une autorité ineontestée. Aussi n'est-il pas d'officier des Affaires indigdnes , Cinterpréte militaire, de profeweur, dinstituteur, de lettré arabe: ou orbare qui n'ait tena & entrer en relations personnelles avec lui, n’ait passé par son bureau de travail et ne 9¢ soit assis & sa table — car, econdé par Mo* Besset, qui fat ia meilleare et la plas dévonée des compagnes, il était hospitalier comme oo ne Fext plus. A is premiére visite dan futur Mave, francais ou indigéne, il ne réclamait que de la bonne volonté et un travail assida. Une incompléte instruction générale uve lui parat jamais vies rédhibitoire : ily suppléait par des conseils appropriés et des directions spéciales destinds & combler linsuffisance de préparation du candidat. Ce fat ce que j‘appellerai sa politique uni- versitaire. Elle a donné les résultats substantiels qu'on peut constater aujoard’bai. Liinfhaence de Basset fut sans égate peree qu'il préchait par I'exemple: on ne poavait pas ne pas admirer son activité soutenae, fe soin avec lequel il préparait see cours et sartout Taide fournie & ves loves. Ses connaissances eneydDpédiques lai permettaient de ne jamais laisser une (qwestion sans réponse. Enfin, 2 pooetaalité & répoudre aux demandes \ju'on lui adressait de tous obtés reste légendaire. Lieuvre personnelle qu'il nous laisse tient du prodige. Il n'est pas possible de la faire connatire ici, tant elie est étendue. On sera surpris (qw'une seule vie homme sit pu saffire & tant de publications. Le bibliographie complave en Gigurera & la fin des deux volumes de Manges 140, JANVIRR-MARS 1924, que ses éléves voulaient tui offrir en 1922, & Foccasion de sa quaran- e année d’enseignement, et dont limprvasion a été retardée par les diflicultés présentes. Celte aeuvre si variée peut se classer suivant ces grandes lignes : arabe antéislamique et postislamique, histoire et gé- graphie de Afrique du Nord et de 'Espayne musulmane, dialectologie berbére, éthiopien, folk-lore, langues africaines, bibliographiv: dev ouvrages et périodiques ayant trait a I'lslam ". Dans tous ces domaines, il stait rapidement arrivé a la maitrise, et pendant longtemps encore s+ travaux seront utilisés par les étudiants de l'avenir. Basset s‘était complétement algérianisé, Ce lorrain, devenu frileux per un séjour prolongé dans I'Mfrique du Nord, ne concevait pas qu'il pt cesser dhabiter son cher Alger. Ia voula — supréme prenve Wattachement — y dormir son dernier sommeil, de priférence av caveau familial de Lunéville. Ce lui fut une grande joie de voir sa fille épouser un universitaire orientaliste, deux de ses fils s‘initier & une partie de sex études et commencer brillamment leur tache dans ce pays qu'd aimait tant. Les Lorrains de sa génération ont subi deux fois Tinvasion alle- mande. En 1914, Basset était en vacances & Lunéville. Les Allemands, qui savent tout, n’ignoraient pas quill avait deux fils et cing beous- fréres aux armées. On Varréta une premiere fois et il fut reliché a quelque difliculté. Nouvelle srrestation sous un de ces faux prétextes dont les envabisseurs sbusaient. L’affaire {ut plus sérieuse; elle senve- hima au point que les siens se houchaient les oreilles pour ne pas entendre le coup de revolver dunt on. Je menacait. Mais les massacreurs ne connaissaient pas leur homme. Basset élait doug de sang-troid et énergie au plus baut degré. Comme il parlait allemand, il discuta et + ‘Uéfendit avec tant de bonheur qu'il sauva sa téte. J'eus tontes les peines du monde & lui faire conter Ja seine. Il n’en conservait ni baine oi ran- cune, mais seulement un souvenir de dégodt : il méprisait ces gens comme jamais ancien Gree ne méprisa le plus abject des barbares, Je suis probablement le plus ancien des éleves de Basset et celui qui Ta te mieux connu. Ge sont mes titres & rappeler ici brigvement la vie de homme et leuvre du savant. Ma peine de cette mort prématurée eat grande, car, pendant quarante ans, j'ai eu le rare privilége de (9 Basset laisse en mapuscrit plusiears volumes dont la publication sera auurée par ses fils, son gendre et ses amis, Ul laisse également dee notes et dossiers en nombre’ trés considerable, qui seront ulilisés dans la mesure du powible. ee LCL SOCIETE ASIATIQUE. at in'inatroire aux legons d’an mattre incomparable et Tentrefenir daffee- tneuses relations avec l'ami le plus dévoné et le plus sir. Gabriel Fenaano. ANNEXE AU PROCRS-VERBAL. LeS HOUEI-HOU FT OUIGOUR DES CHINOIS FT DES MONGOLS ET LES OGOUZ DES INSCRIPTIONS TURQUES DE L‘ORKHON. Lrétude de Phistoire ancienne des peuples de race turque présente au Uvbut de trés grandes difficultés & cause de Vimprécision et de la multi- plicité des noms par lesquels lex peuples tures sont désignés par leurs soisins. 1s penples tures eur-mémes ont laissé peu douvrages historiques en jyinéral et pas da tont en ce qai conceme les époques reculées de leur passé, Pour lex époques antérieares & Were ehrétienne et méme jusqu'an ir‘ aidcle aprés Pare, nous p’avons aucun monument écrit laissé par les penples tures eux-mémes; tout ee que nous savons concernant lex an- cAtres des Tures antériearement au 1 sidele de l'ere chrétienne. nous le “ievons ans peuples da sud de MAsie avec lesquels les Tores ont eu des rapports de commerce et encore plus souvent des rapports de guerre : tes Chinois, les Persans et plus tard les Arabes. Ge sout surtout les Chinois qui nous fournissent te plus de renseigaements sur Tes Tures anciens. Grdce aux travaux remarquables des orientalistes éminents comme dle Guignes, Abel Rémusat, Stanislas Julien, Chavannes, te Pere Ya- cynthe, Klaproth, Parker, et plus récemment, Marquart, Pelliot et Tie Groot, nous savons aujourd'hui sans étre sinologue, tout ce que les annales chinoixes nous transmettent relativement aux cAtres des Tures. Lex annales chinoises, apres a’ parié pendant des sideles des Huns, Wabord, et des T’ou-kieon, ite, commencent, & partir du vi" siecle, + parler d'un penple qui habitat les mémes régions que les Tov-kieou: entre Keroulen et TAlisi de I'Est 4 TOnest et 1a Grande Maraille, et le lac Baikal da Sad au Nord. ‘Au temps de la dynastie Souei (581-618). ce peuple est désigné par leanm de Weiko. Sous la dynastie T'ang le méme peaple est appelé Houi-ho et plus tard, aprés 788, Houei-Aow. Au xin® sidelo, sous le

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