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R.AMBELAIN De méme qu’il existe une technique de I’Alchi- mie matérielle, il existe une technique de PAl- chimie spirituelle. Cotte existence trés réelle d'un procédé pour parvenir 4 I'Illumination traditionnelle, tous les vieux maitres de jadis ’ont enseignée. S WINS Ce chemin intérieur, menant peu & peu 'A- i an depte vers l’Illuminisme, fut enseigné & de rares intimes par Louis-Claude de Saint-Martin, le Philosophe Inconnu. Cest une véritable techni- que, et non une banale sensibilité ; c'est une technique de la voie interieure wine Spurn mystique savante, et non une mystique exta- tique. Elle nous vient des Rose + Croix d’au- trefois. Robert Ambelain nous la livre compléte et totale. Désormais, sans passer nécessairement par tant de méthodes décevantes, sans faire, a ses dépens, sa propre expérience, linitié chrétien pourra espérer parvenir 4 Vadeptat. II ne lui suf fira que de vouloir et de persévérer pour justifier la parole de l'Ecriture, ). LA DIFFUSION SCIENTIFIQUE 156, RUE LAMARCK — PARIS (18%) La loi du 11 mars 1957 interdit es copies et reproductions destinges & tune ulilisatfon collective. Toute representation ou reproduction inte grale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le Consentement de lauteur ou de ses ayants-cause, est illicite et constitue lune contrefagor sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code penal SBN : 2-85012.0049 A Georges Bogé de Lagréze, dépositare fidble de tant de filations inltatiques * in memoriam + SOMMATRE Prewténe Parti Avertissement at Lecteur Introduction ....-++++ : 7 Glossaire des termes alehimiques et hermétiques ...... 23 ee Notons générales ar Patches Se oe ices iH 1) Les quatre Eléments . 32 2 Ea ae etl iss 8 Fes Hote Macey ae Eisp 8 Be ae See a5 § th — vatennte Spirtuete 2 I — te Putrfecton oo a Oeics tl aed eas SB ) Balmain gee se oo Be a ce cain ss HB a 1. — be Vili Phitnaptigte n ¥. = es Blimente au Grand pre @ renee de Oran re q 2 Eanes Soran 8 3) (rom des Pompe fs Tepe 8 ) Eaees Pilani: Sues x e) Le Scel Principe : la Charité . 93 Bez pero oe Garten B Bie Merits Megane } recente ce icc Bort Se Some utes VI. — Le Feu des Philosophes : la Priére . VIL. — L’Blizir de Longue-Vie VII. — La Réintégration Universelle ..... — 10 — ‘TRorsidue Pantie Pages IX. — Technique de la Prigre . 137 a) Le Temps de P'CBuvre 140 1b) Les Oraisons . ee aaa Priére pour se metire en Ia présence de ‘Dieu et de ses Anges . 142 Priére pour obtenir de Dieu ia victoire sur les Mauvais Esprits. ua Priére pour obtenir la communication avec les Saints Anges . M45 Prigre avant de commander aux Mauvais Esprits et les éloigner 146 Les sept Psaumes de la Pénitence et Hears ‘correspondances..... 447 L’Office du Saint-Esprit 156 Priére @’Ouverture et de Fermeture des ‘Travaux pour les Groupes .... 159 Priére de Neuvaine pour Wopteution @une Vertu. 5 160 — Postface . 165 Froures Les Idéogrammes hermétiques .. a Fig. 1. — La Tétractys alchimique 34 Fig. 2. — Les neuf Sens - 36 Fig. 3. — Les neuf Erreurs 69 Fig. 4. — Les neuf Vertus 86 Fig. 5. — Les neuf Dons du SaintEsprit . 98 PREMIERE PARTIE AVERTISSEMENT AU LECTEUR «Malheur & vous, Doctenrs ea Lol gui posnddtes tes Chea de “ta “Cotnaissance el 1 ét point entrée vous-mémes, "mais Guten avez Interdit entrée & eux qui te déstratent..> (Lue : Bvangile, XI, 52). Le méme organisme rosicrucien qui avait suscité don Martinez de Pascuallis et ses Elus-Cohen dans le but de travailler & cet ultime aspect du Grand'GEuvre qui a nom la «Réintégration Universelle >, suscita trente années plus tard son disciple direct, Louis- Claude de Saint-Martin, dans le but de travailler la «Réconeciliation Individuelle >. Si, par une heureuse coincidence, Ordre Marliniste des Elus-Cohen entra en possession des documents authentiques et manuscrits du dix-huitiéme siéele en 1955, documents vainement recherchés jusqu’alors par les historiens du Martinisme, c’est dix années aupara- vant que la technique de la ¢ voie intérieure >, confiée aL. C. de Saint-Martin et transmise directement par lui ses intimes, nous avait été transmise avec une derniére initiation. Celui qui avait recue en Egypte, au Caire, trente années auparavant, nous remit un schéma alchimique, une bréve explication orale, et Yinitiation qui allait de pair avec le tout. Cette der- eo nigre n’avait pas de rapport avec le Martinisme clas- sique d’ailleurs (1). En fait, il s'agit de cette voie cardiaque sur laquelle on a énormément glosé, sur laquelle Papus insista avec tant de vigueur, et qui est, en fait, une technique occulte, et non une banale sensibilité. Malheureusement, elle ne supporte pas la facilité. Elle exige de son utilisateur une vigilance de tous les instants, aussi bien @ son égard qu’a celui d’autrui. Car, dans PABSOLU, la miséricorde et la justice doi vent s’équilibrer. Et il est inutile d’étre bon et chari- table si ’on demeure envieux, coléreux, luxurieux et paresseux... Estimant inutile et injuste de la voir réservée depuis tant d’années 4 un nombre de plus en plus res- treint d’aspirants, considérant d’ailleurs combien les observent peu la discipline des initiations quis ont regues, nous avons fait nétre la parole de YEcriture : «Et j’appellerai Mon Peuple ceux qui n’étaient pas Mon Peuple, et Je nommerai Ma bien- aimée, celle que je n’avais pas aimée...> (Paul, Epitre aux Romains, IX, 25). Ainsi, celui ou celle qui n’auront pas eu la chance d’aborder le domaine des initiations, ceux-la du moins pourront, libres disciples du Philosophe-Inconnu, travailler isolément & leur propre «réconciliation > (2). ) Papus Vavalt également repue, seul de tout Y'Ordre Mar- tinste, cette épogue, alnst qu'un autre mystique francal que nous supposons étre Sédir. Elle ne leur. venait croyens-nous, de M. Philippe, de Lyon, mals également ‘milleux rosicruciens du Caire, en grande partie composés d'Anglais et de chrétiens coptes, of notre propre initiateur avait, ln aussi, repue. Cependant, nous sommes absolument certain que M. Philippe @ connu et la méthode et Minitation corrélative, (2) Du latin « reconciliare », rétablir, réunir, C'est Ia réin- tegration individuelle. 6 Quant aux innombrables martinistes de Saint-Mar- tin, ayant réguligrement été recus au sein de la chaine séculaire des , il était prati- quement impossible de les mettre individuellement en possession de cette technique, autrement que par un texte imprimé (texte qu'il est difficile d’altérer par la suite, et qui demeure susceptible de rééditions nom- breuses, tant que le besoin s’en fait sentir), d’autant plus qu’elle était totalement ignorée d’eur. ‘Toutes ces raisons justifient amplement la présente vulgarisation. Et s'il est des orgueilleux, des envienx, ou des avares, qui cussent souhaité étre les seuls et rares bénéficiaires de cette méthode secréte, qu'ils sachent bien que ce n’est pas & leur intention que nous la dif- fusons. Ils ne Uauraient point pratiquée ! 30 Novembre 1960, féte de Saint-André. INTRODUCTION ‘Aine! est Trinits en Unite, et Unite en Trintts, car te ob sont Esprit, Ame et Corps, te ont aussi Soutphire, Mercure e Bernard Le Trévisan), Intégrées dans la trilogie traditionnelle exprimée au triple portail de nos grandes métropoles gothi- ques en d’énigmatiques bas-reliefs, !'Alchimie ct ses sceurs, I’Astrologie et la Mystique, sont des connais- sances traditionnelles, et non pas des sciences suscep- tibles de décantation, d’évolution et de progré: Comme telles, elles constituent donc, compléte, totale, absolue, cette somme que l'on nomme les doc- trines Hermés. Immuables en leurs principes (si elles ne Je sont pas toujours en leurs applications). C'est donc avec sagesse que ceux qui, spirituellement et occultement, guidérent la main des Constructeurs médiévaux, les ont associées, mystérieuses gardiennes du la pierre philoso- phate, Pour obtenir ses fins cristaux, couleur de rubis, & qui les ténébres restituent instantanément leur mys- térieuse luminesceuce, 'artisan du Grand’(Euvre aura @abord connu d’étranges compagnons de route. Tels les archontes qui veillent aux seuils successifs des mondes intermédiaires pour mieux barrer la route au sapient, d’innombrables et symboliques personna- ges (1) : le Corbeau et le Cygne, le Lion et le Dragon, le Roi et la Reine, etc... lui poseront tour & tour leur particuliére énigme ! Et ce n’est qu’'aprés avoir compris le sens secret de ces dernigres, que le pélerin mérellé verra enfin se lever, rayonnante au sein des ténébres métalliques, Yétoile de Compostelle, annonciatrice de 1a fin du périple aurigére (2). ‘Toutefois, dépourvu en apparence de bases ration- nelles, et sans aucune possibilité d'applications indus trielles, le procédé utilisé n’en constituera pas moins un véritable enrichissement spirituel de 'Hermétiste, (@ Du latin persona : masque, apparence. @) Le pélerinage A saint Jacques de Compostelle est un des maythes emblomatiques de la queste du Grand Gauvre, Les Béleids y portent comme nsighe in coqule sant Jacques, ite encore mérelte. Et au sein du matrasy au début de TUsu. ‘re, sur la prima materla enfin décomposée, doit apparaitre et surnager une etoile cristalline argentec, premier indice que Popérant est dans le bon chemin.r — 20 — puisque la Vie lui aura enfin livré un de ses plus grands secrets. Et, transmuté Iui-méme par cette seconde Révélation, IInitié devenu enfin l’Adepte, pourra enfin transposer, dans le seu! plan de sa spiri- tualité intérieure, !’ Arcane enfin conquis, pour devenir et demeurer & jamais : I'Illuminé. Et comme la mystérieuse Pierre s'engendre et se multiplie elle-méme en progressions mathématiques continues, 'Illuminé, & son tour, transmettra sa propre lumiére spirituelle & ceux qui auront su eux-mémes, matiére premiére intelligente et docile, accepter de mourir plomb pour mieux renaitre o 21 — LES IDEOGRAMMES HERMETIQUES L'Eau Lo Terre Lair Le Feu Le Mercure Le Soulphre Le Scel La Chrysopée ou ¢ Pierre Philosophale > “symbole de la Reintegration) = Le Vieil Homme Le caput mortem, ou ¢ terre damnée > (a matiére périssable) as Op>ob hdd GLOSSAIRE DES TERMES ALCHIMIQUES ET HERMETIQUES Nous eroyons ole de donner tont d'abord une sigaieation suf- fstineg gona des ares otvlnent as par fen curs qu oft Ueaité de PAlcRisnie Ce pelt glowaite pePettea. par {e'snite, aux lecteurs déstreux d'étudier auss) bien VAlchimie iat {Estelle que" perailoment, Pateninie splices ie destifremtat ouvrages irks fermés, tele «Le Liore images sans paroles Ot Wistas Eiber't Le Pied Sprboriqae de fa Piers blocophale Gade CoBtcchitene ampnithdtine eta Sopesee terete, d@'Henry Khunrath. Et, déja familiers de la signification générale de'est?mots as peu abgodtar Wr ia sata pia’ aad bobo les Storage deg tdaniges denies, pug du pes and Scancfultencubert Champagne, alias Foleanelil (1), Bases’ deny genragen ci quire aes Ealaadatess et hee Demecs B ates Sy Mkt aoe“te domtiee alec fe Palchinte Mics sigteations qhe Nous assions el avout uflemest coat Bldides pit aspet prafque quien donne: @ Nous possédons un important dossier, résaltat une o paltente sends gers Whe TBS Spar" goussinbiney sua lave Personsallé de Fuleanefi: Ce" aBesies"sonapeund, ‘avec tes rose Big thas qe teavalitrent avec il dls POOR aves eat gut Tee ent sex coflaborateurs. auc cours dead vie ardente: Gaepley det Bhotopeaphles et des Gocuials ast désnsutrenty suns comiesfation Benaile que fuienclt ot ean Seiler Hubert ‘Caampagne te Feat quad seal et mine petaonnage T Sur cette tient nots ne ralgfone afcune totam of ous posoddons eeu ie pee foprapiie dune aldieace ascaticle qui eu fait Ia prowve’ absslue a Ag One a agen sare mieten co elie cee ats mt dak eH a “STR enon, oan on ae cate eRe tg iti ds ate ee gear aah sera baa eae So Air. — Un des quatre éléments des Anciens. Na pas de rapport avec celui que nous respirons, Voir page 88.7 PP Albigeation. — Caleination au blane ow an rouge. {Alladel. —~ Apparell composé de vaisseaux superposés ct commu- niquant entre hx, pour effestuer ume sublimation lente. Ansigymation. — Usion jtime de divers éléments métaliques eo uo oat tate hoimogtne et res malleable cane Ane, Symlag pols alma, azestn dun prn- espe ic CORE RO dca, erenen pe Animavs. — En rigle générale, loraga'on ae trouve en présence de la‘fgaration de dead atimaun he maine esplce nis Sersete athe, eat Comme ilon et onne chien et cheno) ce slasige ie Sook. fie et le Mercure prepares en ve de Webuvre as ctor ase a fe volatil Le male rereente alos We fee fe'Somgre ik tenet représente fe volatil; te Mercare: Uniss les sniinate cegrisent da tcadepeton, Ie Boney ie mariage, tis secombatent © Beation da olatil'ou Volatiisnion da ize, Votr les purse de Basile Vateatie dans « Les Douze Clés de la Philosophte » (1). Les anitaanx peuveut icone symbolise les Elements 1 Terre Gon, tures) Air eupiy, Eka “poltsons ‘aleine), Feu (dragon, sslamandrey $1 tm anal Ketrestre dgure dans unt image hetindtique anes se aninil serien, Iis"sianisest respectiveineat fe de et ie voan, ‘Apollon, — Le soleil, Vor. “Arbres. — Un arbre portant des lunes signi Ie petit, magstere, la pierre an blanc, Sif porte des soleils, eest le. Crand’uvre, 1d Picts an ‘rouge’ Sil porte ten symbole den sept melauss les Fignes du tole, de In lune, et cing. étoies, Healt slots de Imatiére unique ob nalssent les métauz. ‘Argent dee Sages, — Mercure des Philosophes. Athanor. — Four a réverbire. Bain. — Symbole : 1%) de Ia dissolution de Vor et de Vargent ; 3) dela puriteation de oes deux metas. ane Baln-Marin (2). — Appareil disposé de fagon que le vase conte- nant ta matiére a trailer baigne Gans de Tea chautléer (Q) Basile Valentin : «Les Douze Clés de ta Philosophie ». M. E. Ganceliet, un des rares disciples de Fuleanelll, vient de public, aux Haitions ‘dea Champs-Elysées, une traduction érudite et excellente de cot ouvrage evsentiel, ol il amie toute aa science’ alenimique. ‘@) L’Alchimie n'emplote ‘pas Vexpression bain-marie. — 25 — Ballon. — Vaissea produits de la dist Blane. — Pierre au blane, plerre encore imparfaite, dont toutes Jes posstbilités Yransmautatolres ne sont pas encore développees et Celeinaion. — Réduction des corps en chavs. Elle peut etre stehe Gsiadité. — Chaleur. Carré. — Symbole des quatre Elémeats. (Gémentation. — Opération par laguelle, a8 moyen de noudres mi afraizs qu'on homme cement, on purife'fes melgar a polat quill Bea -demcnre plus que In trea pre substance métallique, Chaos. — Symbole de Vunite de ta Matitre, et parfols de Ia couleur noire (premier sfade de Maitre), de ia putrdtaetion, Ghanibre. — Symbol de Veent philesophique, quand le Rol et 1a Reine y cont rentermes CGoulphie et Mere). Chand, — ne des quatre qualités élémentaires dans a Nature. Voir page 82. Chien. — Symbole du Souiphre, de TOr, Le chien dévoré par un loup signif In purification de Tor par Pantimoine: Chien et chienne signifient, assoc, le fixe et le volalil, Chrysopée. — La pierre philosoptiale, le Grand’CEuvre réalisé. Circonférence. — Unité de la Matire. Harmonie universelle. de verre ample et rond destiné i recevoir les Circalation, — Consiste a faire clrculer les liguides dans un vase loz ‘pat Vetict dame chalear lente: Clrealatotre. — Voir & Pélican, Chaplteas. — Cavite de verre munie d’un bee, que Yon adapte au col de'la cucarblte ou de Furinal, pour pouvoir distiller les eaprits Iipéraus, Chapitel, chappe, chappelle,alambic, sont A pea pres Ia Cohobation. — Action de remettre Yesprit métallique, dlstilié, sur son resid. Corbeau. — Un des premiers stades de Matuvre : 1a putréfaction. Cornue on retorte. — Vaissean de verre rond, A bee recourbé vers Je bas, servant A distilier les matiéres dans le’ cours de MCEwvre. Coupellation. — AMnement ou contréle alchimique de Vor et de argent par Ia'scorifleation du plomb dans une coupelle. Couronne. — Symbole de 1a, royauté chimique, de la perfection apétalligue. Dang) cLa iargarita Precio Yes six melau gent Sateen, aoeea teu toassinatacs is toa. Agus" avet une Couronne su iy tele, Dot 'en alehimie mpit(uelle, Ia phrase de I~ — 2% — de Saint-Martin : « Tout homme est son propre roiu >, cest-b-< tout homme porte eh lui la possibiite du retour Ase eroyaute s Dperdue, dans Ye Diam spirtnel et angelique. Oo" * ** , et pare cherchoat rua. fu Jean slvr “en'ton ee AeD Mdtigte des ours mux deux ouvrages de Fuleanelll :re Le Mystere des Cathe rates > et\ tes. e Dentures: Philorophatee >, aux «Cing Livres > de Nicolas Valois, ten NOTIONS GENERALES SUR L’ALCHIMIE Basile Valentin, moine bi nédictin,- dézrioit "ensuite plus clairemént Tame du matat, qu'il fomma soullphte, ow teintire Te corps, done fe’ seal; et enfin Pesprit, gu'tl nomma mereure-. GB. Van Helmont : Ortus Medicine, 1648). La terminologie hermétique enploie des mots et des expressions qui n'ont pas de rapports directs avec leurs équivalences dans la langue profane. Il est donc indispensable de définir ce que Y'on entend ici en cer- tains mots essentiels, qui sont les noms des éléments constitutifs de la Matiére Premiére, et de son évolution vers Vétat ultime : l’Or, symbole de la perfection au sein de la vie métallique. A) Les quatre Qualités Elémentaires — Le Froid, origine de la fixation, se manifeste par une absence totale ou partielle de la vibration, dont effet est de coaguler ou de cristalliser la Matiére, en détruisant le principe d’expansion qui est dans le Chaud (conservation). Son action est done astringente, fixatrice, ralentissante, cristallisatrice. 32 — — L'Humide, origine de la féminité, se traduit par une vibration de nature attractive, mutable, instable, assouplissante, amollissante, relaxante, humectante, qui, pénétrant les atomes, divise les homogénes et unit les hétérogénes, provoquant ainsi I'involution. de la Maliére, ou sa désagrégation. Son action est tempé- rante, assouplissante, émolliente, dispersante. — Le Sec, origine de 1a réaction, se manifeste par une vibration de nature rétentrice, éréthique, irritante, qui contrarie et retient I'impulsion donnée. Son action est rétractive. — Le Chaud, origine de 1a masculinité, se traduit par une vibration de nature expansive, dilatante, ra- réfactive, qui provoque l’évolution des atomes. Son action est vitalisante, coctrice, stimulante, dynamique. Dans I'Homme, ces quatre Qualités donnent : — Froid ; impassibilité, scepticisme, égoisme, désir passif de soumission. — Humide ; passivité, variation, assimilation, désir passif de soumission. — Sec : réaction, opposition, rétention, désir passif de domination. — Chaud : expansion, enthousiasme, action, désir actif de persuasion. B) Les Quatre Eléments — Terre : L’action réactive du Sec sur le Froid le divise, et ainsi, en s'opposant a sa totale fixation, le transforme en élément Terre, principe concentrateur et récepteur. — Eau : L'action réfrigérante, coagulatrice, atoni- que et fixatrice du Froid sur 'Humide, Pépaissit, l’a- — 33 — lourdit, et le transforme en Eau, principe de cireu- lation. — Air : L’action expansive, dilatante et raréfactive du Chaud sur 'Humide, le transforme en Air, principe de I'attraction moléculaire. — Feu : Laction réactive, rétentrice, éréthique, et ‘irritante du Sec sur le Chaud, le transforme en Feu, principe de dynamisation violente et active. Dans I'Homme, ces quatre Eléments donnent : — Terre: Inquiétude, taciturnité, réserve, prudence, tendresse contenue ou égoisme, esprit concentré ou prétentieux, méfiant, réfléchi, ingénieux, studieux, solitaire, — Eau : Passivité, indolence, dégoiit, lassitude, non- chalance, soumission, inconsistance, _versatilité, paresse, inconscience, incertitude, timidité, crainte. — Air : Amabilité, courtoisie, serviabilité, adresse, subtilité, initiative, promptitude, assimilation, ingé- niosité, harmonie. — Feu : Violence, autorité, ambition, enthousiasme, présomption, orgueil, irascibilité, ardeur, ferveur, courage, générosité, passion, prodigalité, fougue, vanité, C) Les Trois Prineipes des Philosophes Soulphre Principe : Le Chaud, contenu dans le Feu et dans I'Air, engendre un principe de nature chaude, fécondante, fermentative, que Yon nomme le Soul- phre. I est le principe Male de toute semence, et de lui nait la saveur, la couleur fondamentale rouge. Dans Homme, il correspond a Esprit. Mercure Principe : L'Humide, contenu dans V'Air et dans Eau, engendre un principe de nature vapo- —34— Fig. 1 On voit par ce schéma (qui nous fut confirmé parfaitement exact par J. Boucher, lequel en avait recu un semblable de son maitre Fulcaneili), que le Froid et l'Humide générent TEau, THumide et le Chaud générant VAir, le Chatd. et le Sec générant le Feu, et le Sec et le Froid générant la Terre. A leur tour, Eau et PAir générent le Merce Principe, Tir et le Feu génerent Je Soulphre Principe, et le Feu et la Terre entrent Je Scel Principe. Au second stade de Icéuvre, le ercure Principe et le Soulphre Principe générent Ukr Philosophique ou Argent des Sages, ef le Soulphre Prin et le Seel Principe génerent Or Philosophique ou Or Sages. La copulation des deux donne alors la Chrysopée. rose reuse, subtile, mutative, générante, que 'on nomme le Mercure. I est le principe Femelle de toute semence, et de Ini nait Yodeur, la couleur fondamentale bleue. Dans I’'Homme, il correspond a 'Ame. * Scel Principe : Le Sec, contenu dans le Feu et dans la Terre, engendre un principe de nature séche, cohé- sive, coagulatrice, que ’on nomme le Scel. 11 est le principe d’unification du Male et de la Femelle aussi bien que le résultat de leur union. De lui, naissent done la forme et le poids, la couleur fondamentale jaune. Dans !'Homme, il correspond au Corps. Ce sont ces trois principes constitutifs qui sont, dans le vocabulaire de 'Alchimie traditionnelle, la Subs- tance prochaine des étres et des choses. D) Les Deux Métaux des Sages Argent des Sages : Encore nommé Mercure des Sages (par opposition au Mercure des Philosophes qui Je précéde au stade précédent, ou au Mercure des Fous, qui est le vif-argent vulgaire), ou encore Argent Philosophique. Il résulte de Yabsorption d’une certaine quantité de Soulphre Principe par une quantité déter- minéede Mercure Principe, ou plus aisément encore, par Vabsorption dune quantité proportionnelle d’Or vulgaire par une quantité déterminée de Mercure Principe. Cet Or vulgaire ne doit avoir subi préalable- ment ni exaltation (sublimation ou volatilisation), ni transfusion. En un mot, il ne doit pas avoir été refondu ou allié & lui-méme, il doit étre vierge. Or des Sages : Encore nommé Soulphre des Sages (par opposition au Soulphre des Philosophes qui le précéde au stade précédent, ou au Soufre des Fous, qui est le soufre vulgaire), ou encore Or Philosophique. — 36 — Il résulte de absorption d’une certaine quantité de Scel Principe par une quantité déterminée de Soulphre Principe, ou, plus aisément encore, par l'absorption d'une quantité proportionnelle d’Argent vulgaire par une quantité déterminée de Soulphre Principe. Cet Argent ne doit avoir subi préalablement ni exaltation (sublimation ou volatilisation), ni transfusion. En un mot, il ne doit pas avoir été refondu ou allié & lui- méme, il doit étre vierge. Ces deux Opérations résultent d'une série de cuis- sons successives (multiplication). E) La Chrysopée ou Pierre Philosophale Chrysopée : Est obtenue par Ja lente cuisson dans V'Guf Philosophique (matras), lui-méme dans un bain de sable, au sein de 'Athanor (fourneau), du mélange et de la co-destruction de I'Or des Sages et de l'Argent des Sages. u VALCHIMIE SPIRITUELLE LUnité de la Matiére, postulat de dépatt des Her- métistes d’autrefois, et dont on s'est tant raillé, la phy- sique nucléaire moderne nous en administre la preuve a fortiori ! Et la chimie également, qui nous démontre, en réalisant des matiéres et des produits totalement inconnus autrefois, que adage antique a raison qui vent que : Omnia ab uno, et in unum omnia... > C'est-a-dire que un est dans tout, et tout est dans un. Basile Valentin, de son abbaye bénédictine, la posait déja en principe, cette unité magistrale «Toutes choses viennent d'une méme semence, elles ont toutes été & Vorigine enfantées par la méme Mére... > Basile Valentin : «Le Char du Triomphe de PAntimoine >). Et, dans le plan spirituel, Jacob Boehme est tout aussi affirmatif : «LAme de V'Homme, les Démons, les Saints Anges, tous proviennent d'une seule Source... Et 'Homme con- tient en lui la partie du Monde Extérieur que le Démon renferme également en Iui, mais dans un principe diffé- rentn 9 (Jacob Boehme : « De VElection de la Grace >). — 8 Bien avant c2s philosophes, la Gnose traditionnelle transposait déja cette donnée en son affirmation de Ja doctrine de !Emanation, affirmant que les Créatu- res spirituelles avaient été émanées par une Source Unique : Dieu-Abime, et non point créées ex nihilo. Crest-a-dire qu’elles étaient issues selon cette doctrine, par dégagements successifs des Causes secondes de la Cause Premiére, des Causes Troisiémes des Causes Secondes, ete... de 'UN-ORIGINEL, qui est Dieu. Conséquence de cette doctrine, tout ce qui est ainsi dorigine divine et se trouve ici-bas, dégénéré et amoindri en ses possibilités spirituelles, prisonnier d'un Monde grossier, tout cela peut y prétendre de nouveau, et cette aeuvre de régénération se nomme la Réintégration. L’Alchimie se divisait dés lors en trois étapes de probation : a) L'Euore, transmutatoire des métaux imparfaits en or pur. b) L'Elizxir de Longue-Vie, sorte de médecine uni- verselle, capable de guérir & peu prés toute maladie ow infirmité, et d’assurer une longévité considérable, voire limmortalité. Il ne faut probablement prendre cette affirmation que dans son sens spirituel. ©) La Réintégration Universelle, c’est-a-dire la régé~ nération du Cosmos tout entier, de toutes les Créatures Spirituelles, but ultime de l'Alchimie véritable. Jacob Boehme nous dit en effet ceci, quant & ce dernier aspect du Grand’CEuvre : « Il n'y a pas de différence essentielle entre la Naissance Eternelle, la Réintégration, et la découverte de la Pierre Philosophale. Tout étant issu de l'Unité, tout doit y re- tourner de semblable facon... » Giacob Boehme : « De Signatura Rerum >). — 39 — Concernant le mystérieux Elixir de Longue-Vie, on peut en trouver un écho dans ces paroles d'Eckharts- hausen : «La re-naissance est triple : premiérement Ia renais- sance de notre raison ; secondement celle de notre cceur et de notre volonté ; troisiémement notre. renaissance corporelle, Beaucoup d’hommes piewx, et qui cherchaient Dieu, ont été régénérés dans esprit et la volonté, mais peu ont connu la renaissance corporelle...» (D'Eckhartshausen : « La Nuée sur le Sanctuaire »). Il convient toutefois de distinguer entre les Alchi- mistes et les souffleurs. Les premiers, philosophes en possession d'une doc- trine millénaire ( la gnose), avaient des théories parti- culigres qui ne leur permettaient pas de s’écarter de certaines limites’ en leurs recherches. Leur champ @expérimentation était le monde métallique. Les seconds, au contraire, gens dépourvus de connaissances ésotériques et de science, empiriques au premier chef, faisaient défiler en leurs cornues les produits les plus hétéroclites des trois régnes, n’hé tant pas a travailler sur les substances les plus étran- ges comme sur les résidus naturels les plus répugnants. Les alchimistes ont conservé et démontré le bien- fondé de P'Hermétisme et de 'Alchimie, Les souflleurs les ont ignorés, mais ils ont créé la Chimie. existence d’une Alchimie spirituelle, élément de la Réintégration individuelle de PAdepte, est prouvée sans conteste par Ia Iécture des anciens auteurs. Sans doute étaient-ils tous de bons chrétiens ! Mais n'était-ce pas parce qu’ils avaient compris que Connaissance et — 4 — Sagesse devaient aller de pair, et que la Connaissance sans la Sagesse était pire que l'Tgnorance seule C'est ainsi qu’en son rarissime ouvrage «La Parole Délaissée », Bernard Le Trévisan nous dit ceci = « Ainsi est Trinité en Unité, et Unité en Trinité, car 1a oa sont Esprit, Ame et Corps, 12 sont aussi Soulphre, Mercure et Scel...> Et Albert Poisson d’en conclure que : «Le Grand’Euvre a par suite un triple but dans le Monde Matériel : la Transmutation des Métaux, pour les faire arriver 4 V'0r, & la Perfection ; dans le Microcosme, Je perfectionnement de I’'Homme Moral ; dans le Monde Divin, la contemplation de la Divinité en Sa Splendeur. Diaprés la seconde acception, (Homme est done Vathanor philosophique ot s'accomplit Vélaboration des Vertus, Cest done dans ce sens, selon les mystiques, qu'il faut entendre ces paroles : «Car !Guvre est avec vous et chez vous, de sorte que, le trouvant en vous-méme, vit il est continuellement, vous Yaver, aussi toujours, quelque part que vous soyez, sur terre ou sur mer...» (Hermés Trismégiste : « Les Sept Chapitres >)... > (Albert Poisson : «Théories ef Symboles des Alchimistes »). Citons encore Basile Valentin = «De ces choses, sache, 6 mon ami passionné de I’Art Chimique, que la Vie est uniquement un véritable Esprit, et que, par Suite, tout ce que le vulgaire ignorant estime @tre mort, doit en revanche étre ramené @ une vie in- compréhensive, visible, et spirituelle, et, en celle-ci, doit Basile Valentin : «Les Douze Clés de la Philosophie », V* Clé). « (Proverbes : I, 2). marae «Le commencement de la Sagesse, c'est la erainte de VEternel, et la science des saints, e’est PInteltigence... » (Proverbes : 1X, 10). « Si tu rends ton oreille attentive la Sagesse, et si tu inclines ton coeur a Intelligence... > (Proverbes : II, 2, 3). « Crest Lui qui donne la Sagesse aux sages, et Ia science & ceux qui possédent I'Intelligence... » (Daniel : Il, 21). On sait que, dans le ternaire supérieur du systéme séphirothique de la Kabbale des hébreux, Bindh (In- telligence), est l'attribut de ce qui correspond & la vi- sion, Tintuition, la pénétration et information. Comme telle, "Intelligence est done aussi la Connais- sance (Gnosis), des Choses Divines absolues. Elle a pour parédre Hochmah (Sagesse), qui exprime assez, bien Vidée du choix du meilleur parmi toutes les données accessibles & VIntelligence (Bindh). Elle présuppose done celle-ci, elle n’opére en son sein que par élimination. Elle est la soumission spontanée, intelligente, compréhensive, & un Bien qu’elle pergoit comme la dominant elle-méme. Comme telle, c’est une discrimination entre le Bien et le Mal, la science de ceux~ Ainsi done, Intelligence est 1a connaissance maxi- mum, et la Sagesse est P'usage qui en est fait. Et, comme de Yunion du Soulphre et du Mercure des Sages, naitra le moment yenu, dans uf Philo- sophique (que les Alchimistes nommaient encore le Sublimatoire), la «Pierre au Rouge », la Chrysopée, ainsi nait dans l’Ame de ’Homme, cet athanor (ou fourneau philosophique), dont le Cceur est le Subli- matoire (ou Guf Philosophique), YTlumination Totale, facteur décisif de la Réintégration (Fig. 4). — 45 — Et ce terme ultime de I'GEuvre Intérieure a nom la Lumiére Divine. Les Alchimistes, si réticents sur tout ce qui concer- nait le Grand’(Euvre, n’ont eu garde d’étre clairs sur le few de celle-ci, ni sur les degrés de chaleur néces- saires & la réussite de leurs travaux. La connaissance de la conduite thermique de ceux-ci, de celle des degrés, étaient regardées par eux comme l'une des clés les plus importantes du Grand’CEuvre. Ecoutons Raymond Lulle : «Beaucoup d’Alchimistes sont dans Merreur, parce quils ne connaissent pas la disposition du feu, qui est la clé de P'GEuvre, car il dissout et coagule en méme temps ; ce quiils ‘ne peuvent saisir, parce qu’ils sont aveuglés par leur ignorance... » (Raymond Lulle : « Vade Mecum ou Abrégé de Art Chimique »). En effet, la Matiére une fois préparée, la cuisson seule pouvait la changer en pierre philosophale : + Je ne vous commande que cuire ; cuisez au commen- cement, cuisez au milieu, cuisez Ala fin, et ne faites autre chose... > (Anonyme : «La Tourbe des Philosophes »). Les Alchimistes distinguaient plusieurs espéces de feu: 1) Le feu humide. C’est le bain-marin, qui fournit une température constante. 2°) Le feu surnaturel, ou feu artificiel, qui désignait des acides. Ceci vient de ce que les Alchimistes avaient remarqué que les acides produisent une élévation de température dans leurs diverses réactions, et aussi — 46 — quills ont sur les corps le méme effet que le feu. Ils les désorganisent et détruisent rapidement leur aspect primitif. 3°) Le feu naturel, ou feu ordinaire, obtenu par une combustion. En général, les Alchimistes n’employaient ni char- bon ni bois pour chauffer '@uf Phitosophique. I aurait fallu une surveillance continuelle, et il aurait &té de plus & peu prés impossible d’obtenir une tempé- rature constante, Aussi, Mare-Antonio s’emporte-t-il contre les souffleurs ignorants qui se servent de char- bon : «A quoy bon ces flammes violentes, puisque les sages nusent point de charbon ardens, ny de bois enflammeés, pour faire 'Euvre Hermétique... > (Marc-Antonio : «La Lumiére sortant par soi- ‘méme des Ténébres >). Les Philosophes hermétiques employaient done une lampe a huile, 4 méche d’amiante, dont Ventretien est facile, et qui donne une chaleur & peu prés uniforme. Crest la le feu qu’ils ont tant voilg, et dont quelques- uns seulement ont parlé ouvertement, nous dit Albert Poisson. Dans le plan de V’Alchimie spirituelle, le Feu est constitué par la Priére... «Or et labor... >, prie et tra- vaille, nous disent les vieux Maitres. Notre Feu n’est nullement identifiable & telles pra- tiques psycho-physiques, reposant sur des postures plus ou moins baroques, ou sur des modes et des ryth- mes particuliers de respiration. Ces pratiques, si com- munément définies sous le terme général de Hatha- Yoga, sont généralement revendiquées en Occident comme susceptibles de conserver la jeunesse et la a7 santé, Mais expérience ne prouve pas, au contraire, que les Européens qui s’y adonnent (souvent par sno- bisme), aboutissent finalement a I'llumination, voire simplement & la mysticité, ni que leurs connaissances transcendantales en soient accrues. Si de telles acqui- sitions se réalisent, c’est A d'autres techniques qu'ils le doivent alors : Bhakti-Yoga, Dhuani-Yoga, Karma- Yoga, Samadhi-Yoga, Raja-Yoga. Les Alchimistes admettaient plusieurs degrés & leur feu, selon que 'GEuvre était plus ou moins avancée. Us parvenaient a le régler en augmentant le nombre des brins qui composaient la méche : «Fais d’abord un feu doux, comme si tu n’avais que quatre fils & ta méche, jusqu’a ce que la Matiére com- mence a noireir. Puis augmente, mets alors quatorze fils. La Matiére se lave, elle devient grise. Enfin, mets vingt- quatre fils, et tu auras la blancheur parfaite... > (Happelius : « Aphorismi basitiani >). Ici, nous avons, dans le domaine de l’Alchimie spi- rituelle, une indication précieuse en son ésotérisme. ‘Le feu passe de quatre A quatorze, et de quatorze & vingt-quatre méches. Au quaternaire de départ s'ajou- te le dénaire, puis encore le dénaire, soit : ltrade + décade + décade. Si ces mots n’évoquaient pas pour nous la Gnose alexandrine et ses Eons, il nous suffirait de nous sou- venir que le premier degré du feu, celui du commen- cement de l'Euvre, se nommait feu d'Egypte, parce qu'il devait égaler (au point de vue matériel), la tem- pérature estivale maximum de cette contrée : «Faites votre feu & proportion qu’est Ia chaleur dans les mois de juin et de juillet. » (Anonyme : «Dialogue de Marie et d’Aros >). Ss Or, si Pauteur est anonyme, le manuscrit est bel et bien égyptien ! Cette évolution progressive du feu de 'CEuvre est done répétée dans lAlchimie spirituelle par une évo- lution progressive de la Priére et de toute l'Ascése densemble, de leur ampleur, de leur fréquences, et surtout de leurs buts immédiats et successifs. Vouloir braler les étapes (une locution pleine d’éso- térisme !), serait en effet dangereux. Tl ne manque point malheureusement, dans histoire de la Mystique, de néophytes qui, mal préparés au choc de révélations intuitives, interdits devant telles réalisations psychi- ques inattendues, ont dévié et se sont égarés en des voies irrationnelles. C’est pour parer a de tels dangers, ‘que les Eglises (latine ou orientales), ont imposé le principe du « directeur de conscience» leurs fidéles désireux de pénétrer en ces domaines. Pour nous, écou- tons done encore les vieux Maftres : «Tu ne laisseras jamais le vaisseau s’échauffer trop, de fagon que tu puisses toujours le toucher avec la main nue sans crainte de te briller. Et ceci durera tout le temps de la solution... » (Rypley : « Traité des Douze Portes »). « Faites un feu vaporant, digérant, continuel, non vio- lent, subtil, environné, aéreux, clos, ineomburant, alté- rant...» (Bernard Le Trévisan : « Le Livre de la Philosophie Naturette des Métaux »). « Une partie du few posséde plus d’énergie potentielle que cent parties d’air, et, par conséquent, une partie de few peut aisément dompter mille parties de terre...» (Thomas d’Aquin : ¢ Traité de la Pierre Philosophale >). age Nous verrons, par la suite, comment doit étre menée la conduite de notre Feu, c’est-a-dire de la Priére, gra- ce & qui nous pourrons, selon expression favorite de certains orientaux : . Nous allons maintenant étudier les Eléments de notre CEuvre, les Principes & dégager en premier, puis ceux qui naitront des dits, c’est-A-dire les Vertus Es- sentielles, au nombre de neuf : — quatre dites cardinales (du latin cardo : gond, porte, élément essentiel), — trois dites théologales, parce qu’elles ont essen- tiellement Dieu pour objet, — deux dites sublimales, parce qu’elles sont le ré sultat le plus élevé de la pratique des sept premiéres, et sont, en quelque sorte, leur sublimation. Toutes correspondent & des Entités Spirituelles liées au Plan Divin, un peu comme les Idées-Eternelles de Platon. Nous lisons en effet ceci dans «Le Pasteur », attri- bué & Hermas de Cumes, un des quatres Péres Aposto- liques, héritiers et suecesseurs immeédiats des Apétres quant a la tradition orale du Christianisme : «Et ces Vierges, qui sont-elles ?... — Elles sont des Esprits de Sanctification. Personne ne peut étre admis dans le Royaume de Dieu sans avoir été préalablement revétu par elles de leur propre Vétement. Si tu regois seulement le Nom du Fils de Dieu, sans recevoir des mains de ces Vierges leur véture, cela ne te servira de rien ! Car ces Vierges sont des Vertus du Fils de Dieu. Si tu portes son Nom sans posséder Sa Vertu, c'est en vain que tu portes son Nom... > (Hermas : « Le Pasteur », IX, 13). «Sans le secours de ces Vierges, il t’est impossible de conserver Ses Commandements. Je vois qu’elles se plai- sent en ta «demeure », seulement nettoie-Ia bien ! Elles —50— auront du plaisir 4 habiter une < demeure » propre, car les sont elles-mémes pures, chastes, actives et jouissent d'un grand crédit auprés du Seigneur. Tant que la pro- preté régnera en ta «demeure», elles y demeureront. Mais & la moindre souillure qu’elles y rencontreront, elles en sortiront aussit6t, ear ces Vierges ne peuvent souffrir la plus légére souillure... » (Hermas : « Le Pasteur », X, 3). Le lecteur averti saura discerner sous Je texte banal le trés bel ésotérisme de ces passages. Nous les complé- terons par une citation, extraite d’un aprocryphe gnos- tique du second siécle : Et chacun deux, portant un Ornement, le mit sur moi en disant : «Désormais, sois Prétre du Sei- gneur, toi et ta Race, jusqu’a PEternité... » («Le Testament des Patriarches >, Lévi, 8). tan ame at a a ence eUsleSneats ce lai ee Jogaamte, bt ie: Ble rides duc ae Ear TOR ACS ie ieee, a a textes ok dea articulitres, et tout aussi ae fet walables que eeu, GDie iuement chrétfens, que nous llisons ict. Latteur We ces pages 26 fevalt dele dive- m LA PUTREFACTION Crest ici un tombeau qui, ne renferme point de gadaore, C'est fun eadavte qui mest pas ren Jermé dans un séputehte, car le Eadavre et le sépulchre ae font quan. > Wicolas Barnaud : ¢Thea- ‘trum Chimicum >, tome lil, pei). En son trés beau livre «Le Mystére des Cathédra- les», consacré uniquement et totalement & P’Art Al- chimique matériel, Fulcanelli nous dit ceci en la pré- face, rédigée par lui-méme, et qu'il fit signer ensuite aM. E, Canceliet (1) : «La Clé de I’Arcane Majeur est donnée, sans aucune fiction, par Pune des figures qui ornent Ie présent ou- vrage. Et cette Clé consiste tout uniquement en une Cou- leur, manifestée & VArtisan dés le premier travail...» Cette couleur est exprimée par la premiére planche du livre, Au premier plan d’un paysage de basse Egypte o& se profile un Sphinx hautain dans la nuit finissante, & eété d'une cornue, d’un athanor, et du « Mutus Liber » ouvert & sa premidre sentence, un corbeau sardonique, ailes éployées, se pose sur un crine humain. () Au témoignage de J. Boucher. 2 Cet ensemble énigmatique évoque done Memphis, ca- pitale de l'antique Egypte, fondée jadis par Menés, et Memphis signifie noirceur. Et il est probable que V’on retrouve cette étymologie dans le terme méphitique, dé- signant un gaz malodorant. Nous sommes la en présence du stade hermétique de la putréfaction. Si nous en dou- tions, le corbeau hermétique serait li pour nous le rap- peler. Et le crane nous fait alors songer a la parole de VEcriture : «En vérité, je vous le dis, si le grain de blé ne meurt, il reste seul. Mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit...» Gean : Evangile : XII, 24). Ainsi done, tout au début de l’GEuvre, doit apparai- tre la nécessaire Putréfaction, symbolisée par le «ca- put corvi >. Les sept corps passionnels doivent dispa- raitre, et avec eux les sept péchés capitaux (du latin caput : téte, expression qui parle merveilleusement), et avec eux Jes sept erreurs fondamentales qui enté- nébrent I’Ame. Ce sont la les tétes du Dragon de l’Apo- calypse, au nombre de sept, portant dix cornes (nous y reviendrons), et qui s’opposent aux sept Vertus : qua- tre Vertus Cardinales et trois Vertus Théologales. I est totalement inutile de tenter d’aller plus avant si cette phase inéluctable n’a pas été réalisée. La en- core, écoutons la voix des vieux Maitres : «II faut premiérement que le Corps soit dissout, que es Portes soient ouvertes, afin que la Nature puisse opérer... » (Séthon, le Cosmopolite : «Novum lumen chymicum de lapide Phitosophorum >). Car : «Selon la pureté ou 'impureté des principes compo- sant le Soulphre et le Mereure, il se produit des métaux parfaits ou imparfaits... > (Roger Bacon : «Le Miroir d’Alchimie >). et: «Il n'est pas possible qu’il se fasse aucune génération sans corruption... » (Huginus a Barma : «La Pierre de Touche »). I n'est en effet pas possible de faire évoluer 'Aspi- rant dans le sens oii nous l'entendons, s'il ne consent & admettre une fois pour toutes que tout ce qu'il a pu acquérir un pet partout, en des lectures souvent mal digérées, ou en des enseignements non conformes & la doctrine qu'il désire suivre et appliquer, tout cela ne fera que s'opposer a son cheminement mystique. Les pseudo-connaissances et la fausse sagesse n’ont rien A faire ici, il doit ’admettre : «La Chimie vulgaire est l'art de détruire les compo- sés que la Nature a formés, et la Chimie Hermétique est Vart de travailler avec la’ Naturé pour les perfection- om Pernety : « Fables Grecques et Egyptiennes >). « Prends garde que la conjonction du Mari et de son ‘Epouse ne se fasse qu’aprés avoir dté leurs habits et or- nements, tant du visage que de tout le reste du corps, afin qu’ils entrent dans le Tombeau aussi nets que quand ils sont venus au monde... » Basile Valentin : « Les douze Clés de Sagesse »). Et ce n'est qu’aprés avoir fait place nette, que sur les ruines d'un édifice intérieurement et originellement dégradé, 'Aspirant pourra repartir sur une route en- tigrement nouvelle pour lui : «Tu sauras que tout le Magistére ne consiste qu’en une dissolution, puis en une coagulation... » (Albert le Grand : « Le Livre des huit chapitres >). 54 — A) De la mortification des neuf Sens Les sens sont des facultés (l'ancienne scholastique disait des appareils), qui mettent l'homme en relation avec le monde extérieur, et les sens sont liés & des organes de son corps physique, qui en sont les instru- ments. On ne considére généralement que cing sens physi- ques : la vue, Yodorat, le goiit, le toucher, Youle. La Théologie classique leur ajoute deux. sens internes = Vimagination et le mémoire. L'Muminisme classique ¥ ajoute encore deux sens supérieurs, psychiques, qui sont la clairvoyance et la clairaudience. Il y a done trois séries de cing, sept, ou neuf sens, selon le plan ott 'on se place pour les étudier. C'est celle de neuf que P’Alchimie spirituelle utilise évidemment, et c'est celle-1a que nous allons étudier. *) Le Toucher Le sens du Toucher n’est dangereux, dans le monde profane, qu’en tant qu’il éveille en nous des passions, ou des contacts susceptibles de blesser notre santé ou notre vie (blessures, opérations). Dans le monde spi- rituel, il en tout autrement. Ainsi, le contact d’une arme & feu, mise dans la main d’un adolescent, peut éveiller en lui un désir de puissance ; dans la main d'un chasseur ou d'un jaloux, le désir de tuer. Les ca- esses constituent, dans le domaine du Toucher, au- tant d’appels aux voluptés des sens, et comme telles, ala Luzure. Pour l'Aspirant, et dans le domaine de la Voie In- — 55 — térienre, le contact avec certains objets chargés d’une mystérieuse puissance, peut étre efficient, en bien comme en mal. On évitera donc tout contact avec des débris funébres (ossements, cranes), des cadavres (le transport et ’enfouissement, & titre charitable, est évi demment un tout autre domaine), des choses funérai res (linceuls, clous de cercueils, terre de cimetiére, ete...), des manuscrits et des livres traitant de magie inférieure, et susceptibles d’avoir recu une consécra- tion magique qui les rend spirituellement maléfiques. Dans ce méme domaine, sont classés les pentacles de Magie basse, les Objets rituels venant d’un soreier de campagne, d’un féticheur. A plus forte raison, on se gardera, comme de Ia pire injure au Plan Divin, de porter des mains sacriléges sur les choses consacrées et saintes, dont le contact est interdit aux profanes, présomption qui a souvent causé la perte spirituelle de certains magistes, pourtant fort intelligents. De mé- me, on se refusera A subir, sous un vague prétexte ini- tiatique, des attouchements a certains emplacements corporels, attouchements susceptibles de réveiller en nous des centres de force qui doivent, bien au con- traire, étre définitivement endormis. Rien n'est plus dangereux que ces « éveils > psychiques, effectués par des semi-profanes qui n’en connaissent pas 'incalcu- lable portée, ou qui, sournoisement, prennent leur «disciple > comme sujet d’expérience, sans aucune . Le sens du Toucker correspond & Elément La Gourmandise matérielle n'est pas généralement un des vices prééminents des Aspirants. I] est toute- Fig.2 La purification en mode sensuel suit le méme processus que sur la figure 1 Sy fois & surveiller, dompter, et réduire. Mais surtout le sens du Goat est a discipliner qui, transposé, nous fe- rait attacher trop d'importance, voire de passion, aux Tichesses livresques, aux riches et belles reliures com- me aux manuscrits ou aux textes rares, A la qu: comme au nombre de nos livres. C’est le Goitt qui, heureusement dompté, nous évitera de céder & tels exposés par trop séduisants, ott la douceur des paroles creuses, 'envolée des phrases sans profondeur, Viné- dit des théories ainsi énoncées, ne masque que le vide le plus complet, toutes choses qui risqueraient de nous embourber en de pseudo-enseignements sans aucun caractére initiatique réel. Le sens du Gof correspond a Eau élémentaire. Et YEau, avec ses Intelligences mystérieuses, que la Ka- bale nomme les Ondins, est le domaine de la Sen: bilité. Nous éviterons done de céder & une sensiblerie elle aussi sans profondeur. L’Amour est un mot par trop galvaudé depuis nombre de lustres, un mot qui ne masque bien souvent que Je vide le plus total. Le véritable Amour est constructif, c'est PAgapé des Grecs, il ne suppose pas l’indulgence ou la faiblesse vis-t-vis de l'Erreur, mais le souci de la Justice et de a Vérité. 3°) LOdorat Ltusage immodéré des parfums du monde profane, Vinfluence que nous leur laissons prendre sur nous, ne sont souvent que des prétextes pour satisfaire notre sensualité ou nous inciter & Ia volupté, len est de méme dans le domaine des combustions aromatiques, familigres aux’ Occultistes. Les émis- sions odorantes qui montent des cassolettes et des en- — 58 — censoirs sont des ondes d’appel, destinées & des « mon- des» ontologiquement différents du nétre. Elles ne sont pas destinées A satisfaire notre odorat, ni notre inférieur désir d’ambiance mystique. Encore moins & surprendre le profane, en Iui donnant T'impression que nous possédons le secret de certaines fumigations mystérieuses, en Ini laissant supposer que ’évolution de sa mysticité et son amélioration spirituelle dépen- dent de banales impressions olfactives. Bien au contraire, elles doivent servir & créer en nous, é un instant précis, un climat intérieur nous per- mettant de percevoir le contact spirituel ou l'action @Etres différents de nous. Diautre part, s'il existe des émissions odorantes sus- ceptibles de nous faire prendre conscience de et d’Entités supérieurs, il en est qui sont suscep- tibles de nous faire descendre en des profondeurs op- posées : odeurs sui generis, incitant & la sexualité, par- fums magiques nous mettant en contact avec les plans démoniaques. Et ces fumigations sont évidemment a éviter, ou A n’employer qu’en des cas prescrits par notre Maitre. L’Odorat correspond & I’Air élémentaire. 4°) La Vue I n'y a pas que les spectacles susceptibles d’éveiller le désir sexuel qui sont d’abord a éviter. 1 faut au contraire ne jamais tomber dans l'excés en ce domai- ne. Et saint Clément d’Alexandrie nous dit avec juste raison que Mais il y a, pour tout le monde, des spectacles malsains parce qu’ils font appel aux instincts les plus grossiers — 59 — de Vétre humain : combats de cogs, courses de tau- reaux, vénerie moderne, battues cynégétiques qui ne sont que des massacres d’animaux sans justification, exécutions capitales, etc... A un stade inférieur en gra- vité, les combats de boxe, de catch, sont souvent des spectacles peu élevés pour "homme. Pour lOccultiste, il peut y avoir la vision de certains livres, bibliothéques, collections d’objets, tableaux, qui peuvent exciter la Curiosité, !Envie, Y'Avarice : sché- mas mystéricux, textes énigmatiques. On peut y join- dre la vue de certains costumes ou ornements plus ou moins flatteurs et pompeux, qui ineiteront & 'Orgueil ou & FEnvie, de lectures imprudentes (aspect de la Gourmandise, si on désire ensuite violemment acqué- rir ces choses ou ces livres), ou de la Colére (si nous nous y opposons avec violence, intérieurement ou ex- térieurement par contradiction), ou de la Paresse (Si ces choses nous incitent & un facheux quiétisme). II y a des journaux et des livres qui sont de réels poisons psychiques, par les réactions qu'ils font naftre ou sus- citent violemment en nous : presse politique notam- ment. 5*) L'Oute Cette mortification (encore un terme qui évoque in- vineiblement ’Alchimie pratique), lige a celle de la Parole, nous incite & ne dire ni entendre rien qui soit contraire & la Charité, & la Pureté, ou a VHumilité. Plus encore, et dans le cadre de la Charité, rien qui n’éveille chez autrui comme chez nous aucun écho sus- ceptible de susciter un ou plusieurs des sept Péchés Capitaux. On évitera donc de trop s’étendre sur certains récits —o— de faits qui peuvent déclencher chez autrui la Colére, la Rancune, la Jalousie, la Luzure, Envie. Chez les Occultistes, cette prudence consistera a ne pas s'éten- dre longuement sur certains procédés d'action (magi- ques, théurgiques, mystiques), sur l'aspect extraordi- naire de certaines expériences spirituelles ou psychi- ques, ou sur la rareté ou V'intérét de certains textes ou livres. Ceci afin de ne pas éveiller dans ’Ame de l’As- pirant un désir de puissance, une curiosité vaine, une avidité de possession, dans lesquels PEnvie, POrgueil, FAvarice, trouveraient des terrains de choix. Enfin, on proscrira le bruit en général, dans Yam- biance duquel l’Ame ne saurait se retrouver ni se con- naftre, les musiques de danse discordantes et inhar- moniques, lies & la sexualité animale, ou celles par trop martiales, dissolvantes de tout climat psychique (marches militaires, fanfares de chasse, ete.. L’Ouie est analogue au Scel Principe. Deux sens, nous l’avons dit, complétent le quinaire sensuel extérieur. Nous allons maintenant les étudier. 6°) et 7*) Limagination et la Mémoire L'lmagination et la Mémoire sont deux facultés pré- cieuses, qui fournissent : 4 PIntelligence les matériaux dont elle a besoin pour s'exercer et travailler, & la Sagesse la possibilité d’exposer la Vérité avec des ima- ges et des exemples qui la rendent plus saisissante, plus vivante et par 1a méme plus attrayante. Il ne s’agit done pas d’atrophier ces facultés, mais de les discipliner et de subordonner leur activité a Vempire de la raison et de la volonté. Sinon, livrées & elles-mémes, elles peupleront ’Ame d'une foule de souvenirs, d'images, qui la dissiperont et gaspilleront 6 — ses énergies, lui feront perdre un temps précieux et lui susciteront mille tentations et rechutes. U1 est donc absolument nécessaire de les discipliner et de les mettre au service des deux Vertus Sublimales, qui sont, nous l'avons dit : "Intelligence et la Sagesse. Pour mieux réprimer les écarts de ces deux Sens i térieurs que sont Imagination et Mémoire, on s'appli- quera tout d’abord a chasser hors de notre conscient, et dés le début de leurs manifestations, les images ou les souvenirs dangereux, nous rappelant des possibles (futurs), ou des réalités (passées) qui, nous transpor- tant au milieu des tentations du présent, du passé ou de l'avenir, seraient ipso facto une source de défail- lances et de chutes. Mais, comme il y a souvent une sorte de détermi- nisme psychologique, qui nous fait passer des réveries sans importance aux jeux périlleux d’une imagination particllement envahie, on se prémunira contre ce dan- ger en rejetant, immédiatement et de facon incessante, les pensées inutiles. Elles nous font déja perdre un temps précieux, et elles ouvrent la voie, Ia préparent, a d'autres pensées infiniment plus dangereuses. La meilleure méthode pour réussir en cette sorte de est assurément de s’appliquer de facon totale au devoir du moment, si banal soit-il, c’est- A-dire'A notre travail, 4 nos études, aux occupations habituelles, quelque modestes et matérielles quelles soient. Ce qui est, par ailleurs, la meilleure maniére de bien faire ce que l'on a & faire, en concentrant ainsi toute son intelligence et son activité & l’action présente. Enfin, "Imagination et la Mémoire ont un terrain tout trouvé chez l’Aspirant, c’est celui des sciences humaines, profanes et occultes, d’abord, sans lesquel- les bien des aspects de la Connaissance supérieure lui — a2 — demeureront obscurs. C’est encore et surtout celui des Ecritures initiatiques traditionnelles, dans lesquelles, par le truchement de ’ésotérisme, l'Imagination pour- ra accéder aux Vérités de Intelligence, et la Mémoire préparer les Certitudes de la Sagesse... Ces deux Sens intérieurs correspondent respective- ment, I'Imagination au Mercure Principe, et la Mémoire au Soulphre Principe. 8°) et 9°) La Clairvoyance et la Clairaudience ‘U ne faut pas confondre Prophétie et Divination. En ce dernier domaine, les mille et une formes de la man- tique permettent, par le truchement d’Entités mal dé- finies, mais ne relevant jamais du Plan Divin (tout au plus de «plans» intermédiaires) d’accéder de facon plus ou moins exacte & un avenir plus ou moins pro- che, ausi bien (et plus aisément, on s'en doute!), de retrouver les éléments d’un passé plus ou moins pro- che, lui aussi. En ce cas, la Divination s'accommode d’une sorte de convention, par laquelle des éléments codifiés font aceéder le devin ou la devineresse au mode d’expres- sion des Entités que nous signalions tout & lheure. Ces dernigres s‘expriment done par un symbolisme con- ventionnel, convenu, implicitement ou tacitement, avec le di Il en est tout autrement dans le plan prophétique. Les Ecritures traditionnelles nous montrent trois as- pects de ce dernier et trois genres d’interprétes diffé- rents. Ty ad’abord le ré’éh, ou voyant, celui qui voit, avec les yeux de Iesprit, ce que les autres hommes ne voient pas. Il y a ensuite le hézeh, qui est analogue au — 63 — premier, mais qui a plus particuliérement servi & dé- signer les prophétes et devins des faux dieux. Il y a enfin le ndbi, ou interpréte de Dieu, qui n’est pas seu- lement celui qui voit, mais celui qui parle, malgré tui, le langage divin. En ce dernier cas, et la plupart du temps, il faut done que son verbe ne soit que le reflet @une audition intérieure, méme si celle-ci est instan- tanément associée au verbe du radi. Ainsi done le ré‘eh est le voyant, exprimant ensuite en son langage personnel, et au besoin ultérieurement, ce qwiil a vu, ou.cru se dégager de sa vision. Et le nabi est Yaudient, chez qui généralement audition et élocution se confondent. Ce qui caractérise ces deux hérauts du Plan Divin, Cest quills ne se manifestent jamais pour des choses sans importance, pour des problémes individuels ou par trop humains. Ils sont suscités uniquement aux fins générales et pour la défense des intéréts supé- rieurs des collectivités. Ainsi donc, Aspirant qui verra se développer en lui Pune de ces deux facultés : clairvoyance ou clairau- dience, devra avant tout éviter de les mettre en ceuvre pour des problémes sans portée spirituelle. Il ne devra pas davantage s‘imaginer étre en nécessaire relation psychique avec Dieu, la Vierge Marie, ou les grands Archanges ! Ce sera la oit le don de discernement des Esprits lui sera indispensable. Il se souviendra que toute manifestation des Entités inférieures, et & plus forte raison des Esprits Ténébreux, est toujours, en un point queleonque, marquée au coin du grotesque, de l'inconséquent, ou porte en elle des germes d’anar- chie. Si les périodes de manifestations de ces facultés coincident avec un climat général intérieur immoral ou amoral, si la sexualité se révéle plus exigeante, si — 64 — des théories de facilité accompagnent ce genre de phé- noménes, que l’Aspirant sache bien qu'il est le jouet d'Entités inférienres. A plus forte raison s'il émet des théories particuliéres, flattant son orgueil, s'il a V'im- pression d’étre choisi pour ses mérites et ses qualités intellectuelles, s'il se croit appelé & compléter ou mo- difier un corpus religieux quelconque, voire & boule- verser des enseignements traditionnels, connus pour leur excellence et leur haute spiritualité. Ce qui caractérise en effet le prophétisme, c’est qu'intégré dans le cadre d'une Révélation, s'il parle réellement au nom de celle-ci, il ne saurait devenir pour elle un esprit de contradiction et une source de bouleversements. Le prophite est toujours le « possédé > de Esprit Saint, le devin est toujours le « possédé > d’un Esprit Intermédiaire, le médium est toujours le « possédé > d'un Mort. Situer les sources de leurs vaticinations respectives, c'est situer le niveau de leur spiritualité, La Clairvoyance correspond au Mercure des Sages, et la Clairaudience au Soulphre des Sages. En conclusion, la mortification des neuf Sens de YHomme doit embrasser l'ensemble de ses activités biologiques et psychiques, porter sur le Corps et sur YAme. Car c’est "Homme tout entier qui, s'il n'est pas absolument discipliné, est une occasion de chute. Sans doute n'y a-t-il A vrai dire que la volonté qui péche, mais elle a pour complices et pour instruments le Corps, avec ses sens extérieurs, et ’Ame avec ses sens intérieurs. Alors de nouveau, Esprit est prison- — 6 nier, et d'une gedle plus sombre encore qu’aupara- vant. La purification de Vimpulsion seeuelle et sa mattrise Nous croyons utile d’ajouter quelques précisions articuliéres dans un domaine oi la lutte est particu- jérement difficile et pénible, celui du désir sexuel et des violentes passions amoureuses qui en découlent parfois, sources de tant d’erreurs, voire méme de dé- chéances ou de crimes. La clé de cette libération réside dans une juste ap- préciation du caractére impermanent de la beauté corporelle et des joies purement charnelles. Elle est fort simple et ancienne. On se souviendra d’abord que la nécrose qui gagne trés rapidement dans la tombe la dépouille corporelle lorsque I’ame I’a quittée, consiste en un noircissement progressif des chairs, lesquelles virent peu peu, de Ja nuance blane-rosé & un noir d’ébéne le plus absolu. Alors, sur ces chairs ainsi nécrosées, se développent d'étranges champignons, d’un vert jade trés vif, de sept A douze millimatres de diamétre pour la téte, et environ un centimétre de haut au plus. Dans lobs- curité, ces champignons brillent dune luminescence verdatre. Et la technique purificatrice du désir sexuel consiste alors, au cours de méditations, dépouroues de toutes fumigations, & visualiser la (ou Yhomme-idéal), telle que 'on se Pimagine depuis tou- jours, dotée de tout ’éclat et de tout le charme possi- ble, se détachant en forme lumineuse sur un fond to- talement obscur, la silhouette paraissant éclairée de — 66 — Vintérieur, et assise, immobile, dans la posture dite du «lotus > (c'est Passise dile <4 la turque >, mains & plat sur les cuisses). Mais, seuls, le visage, le buste, les bras, sont dotés de cette perfection idéale, en cette vi- sualisation. Les hanches, les jambes, 'abdomen el les parties secuelles sont nécrosées, comme décrit ci-des- sus. Les ongles seront visualisés trés longs, roulés sur eux-méme en volutes, comme dans la réalité (du fait de leur poussée post mortem et du décharnement des orteils, qui en dégage ainsi les racines). Ces méditations peuvent prendre pour objet, en place du personnage idéal imaginaire, objet méme une passion dont on désire se libérer (1). Les novices des couvents thibétains pratiquaient, il ny a pas encore trés longtemps, devant un charnier, ce que leurs maitres nommaient «la méditation sur VHorrible >. L’entrainement consistait ensuite & vi- sualiser, sous toute forme humaine vivante, le sque~ lette qu'elle deviendrait fatalement un jour, symbole de cette Mort que Yétre porte en lui en puissance latente. On peut done, & Ja technique décrite précédemment, adjoindre ce procédé. Alors, on pourra peut-étre re- joindre la libération obtenue par Louis-Claude de Saint-Martin, de qui un de ’époque pou- vait s'écrier en le contemplant de loin : «Celui-la a maintenant jeté le Monde derriére lui () Nous déconseilions cette méthode, Vestimant dangereuse. Diailleurs, ily a une saintelé du mariage. Les Rose + Croix autrefois étaient mariés, les Apdtres aussi. Nous conseillons celle qui suit. 67 — B) Les Sept Péchés Capitaux Pais je vis monter de ta mer une Bate gui avait die cor ines. aept thtes Bt sar en det nome "de baipht= - ‘Géan + Apocalypse, XII, 1. Dans la Kabale des hébreux, il est dit qu’a 'Arbre de Vie (Otz Chiim), correspond dans le monde mani- festé, le Petit Arbre de Vie, que l'on nomme Kallah, «La Fianeée ». Inversé, et s’opposant & lui, correspond le Petit Arbre de Mort, «La Prostituée », Quliphah. Sur l'Arbre de Vie fleurissent et rayonnent les S. phiroth, ou spheres de la manifestation évolutive. Sur VArbre de Mort fleurissent et rayonnent les Quiiphoth, ou sphéres de la manifestation involutive. Il est donc bien évident qu’aux sept Vertus essen- tielles (quatre cardinales et trois théologales) corres- pondent sept Vertus (du latin virtus : puissance) op- posées. Ce sont les sept péchés capitaux. Et comme cette Hebdomade était couronnée de deux Vertus Sublimales, l'Intelligence et la Sagesse, deux manifestations ténébreuses s’y opposent. Ce sont : & Yintelligence, VAveuglement (de VEsprit) et & la Sa- gesse, Erreur (fondamentale). Etudions tout cet ensemble maléfique, dans le plan 1") L'Avarice L’Avarice portera le mystique égaré a un isolement total et stérile. Dévoiler, révéler, enseigner, transmet- tre, tout ce qu'il a Iui-méme recu ou appris d’autrui, S05 lui sera toujours chose douloureuse et choquante. Il entassera livres et manuscrits, documents et initia tions, mais il ne concevra jamais qu'il puisse n’étre qu'un simple instrument de transmission. Les filiations initiatiques auxquelles il aura pu étre rattaché, il les fractionnera de nouveau, multipliant les épreuves, les grades, les classes, dans le seul but de retarder le plus possible l'instant oi il sera dans lobligation de termi- ner son propre réle, et, de I’éléve d’hier, faire son égal daujourd’hui, peut-étre son supérieur de demain. L'Avarice correspond a la Terre, et est le contraire de la Prudence, son excés méme. 2°) La Gourmandise La Gourmandise portera notre Occultiste & dévorer sans aucune mesure tous les documents, livres, traités, schémas, qui lui seront accessibles. Les doctrines les plus étrangéres les unes aux autres, les enseignements les plus disparates, autant de mélanges qui ne le re- buteront pas. Avide de tout ce qui flatte sa curiosité et son appétit de connaissances, i] ingurgitera le tout vaille que vaille, et, de cet étrange mélange, si ?Or- gueil s'en méle, il tentera d’en extraire une doctrine personnelle, qu'il assurera compléter, voire modifier, les Traditions initiales qu'il aura ainsi pillées et mé- Kees. Si au contraire c’est la Paresse, qui vient se méler & son appétit, Pexcés méme de ses connaissances dis- parates, mal digérées par un esprit paresseux, les lui fera un jour soudainement restituer et il retournera au matérialisme, qu’il estimera reposant. La Gourmandise correspond & Eau, et est le con- traire de la Température. —6 — Fig. 3 La dégradation morale et spirituelle suit, en mode inverse, Ja méme progression que sur Ia figure 1 3°) La Luzure La Luzure lui fera introduire un certain sensualis- me dans tous les domaines initiatiques oii notre Oc- cultiste sera amené ceuvrer. Il sera a priori hostile aux doctrines trop spirituelles ou trop ascétiques, il soutiendra la nécessité de composer de facon trés libé- rale avec les exigences de la nature humaine inférieu- re, Les religions et les doctrines ott la sexualité joue un réle (tantrisme, gnosticisme licencieux, vintrasisme, magie sexuelle, etc... il s’en fera le défenseur. Pour lui, une organisation initiatique mixte sera toujours trés supérieure & une organisation exclusivement mas- culine ou féminine ! Mais surtout, ce défaut s'exercera dans le domaine de la facilité, 11 transmettra, inconsidérément, les ini- tiations et les enseignements dont il est dépositaire, & des impétrants inadaptés, ou étrangers & ce courant. Il cédera facilement les secrets initiatiques aux indi- vidus du sexe opposé, en échange de leurs faveurs ! Enfin, comme pour les fornications et les adultéres spirituels reprochés & Israél par les prophétes ou par le Christ, il se fera le sectateur de doctrines, d’in tions, de cérémonies, souvent diamétralement oppo- sées. Il n’hésitera pas, son intérét ou son plaisir, voir sa simple curiosité I'y incitant, & se tourner vers des courants inférieurs lorsqu'il percevra que les Forces Supérieures ne lui serviront & rien en de tels domai- nes. La Lucure correspond & l’Air et s'oppose a la Justice ) La Paresse La Paresse portera I'Aspirant égaré vers une sorte de quiétisme qui lui fera considérer la perfection dans —1n— le banal amour de Dieu, inaction de I’Ame, et I’ab- sence de toute ceuvre extérieure, sans plus. Il demeu- rera indifférent aux maux des Etres qui l’entourent, ou s'il les pergoit, il ne fera rien pour Ies soulager, es- timant que les malheurs dont ils souffrent sont le ré- sultat équitable de leurs propres erreurs passées. En- fin, i se désintéressera de Iui-méme, s’en remettant & Ja Providence pour lui faciliter l'accés & la perfection morale, et il considérera 'Ignorance comme une voie aussi sire que la Connaissance. La Paresse correspond au Feu (inversé) et s’oppose ala Force. 5°) L'Envie L'Envie portera le pseudo-initié & lui faire désirer, non seulement les premiéres places et les pseudo-hon- neurs, mais encore il n’hésitera pas A retarder, voire & empécher 'avancement d’autrui, s'il devine en cet autrui une supériorité qui peut éclipser la sienne. Il maintiendra l’éteignoir sur les doctrines, les ensei- gnements, les livres et les documents, susceptibles de nuire & son intérét, Il n'aura de cesse de posséder tout ce que les autres possédent, considérant comme une offense qu'il y ait quelque chose qu'il ne posséde pas, méme s'il est par avance bien décidé & ne pas s’en servir, voir s'il y est intellectuellement oppo LEnvie correspond au Scel Principe, et s'oppose & la Charité. 6°) La Colére La Colére se manifestant en lui, l'Aspirant perdra le contréle de lui-méme. Son autoritarisme et son ac- —nR— tivité débordante ne Iui permettront pas d’admetire que tel ou tel de ses semblables soit moins bien par- tagé que lui. Ses jugements seront aussi hatifs que dé- finitifs, et son impatience le portera & rudoyer les faibles, les ignorants. Et s'il a le malheur de devenir haineux (forme plus ténébreuse encore de 'Envie), ses pseudo-connaissances pourront faire de lui un mage noir. La Colére correspond au Mercure Principe, et s'op- pose & PEspérance. ) LOrgueil On I’a nommé le pare de tous les Vices, avec juste raison. Chez notre Occultiste commencant, l'Orgueil le portera & s"imaginer supérieur moralement & tout profane, parce qu’intellectuellement plus enrichi. U1 s'imaginera volontiers en possession de secrets et d’en- seignements qui lui ont été révélés lui seul, il s‘ima- ginera prédestiné & une prééminence certaine, justifiée par ses mérites. Il se figurera surtout et souvent avoir &té tel ou tel personnage important ou célébre en de pseudo-vies antérieures. De tout ce climat, il acquerra un solide et hautain mépris pour ce qu'il nomme PHumanité, et il sera dans l'impossibilité de percevoir, souvent dissimulées dans la banalité des existences modestes, tout prés de lui, des Ames d’élite mille fois supéricures & la sienne. Bref, dans le Passé, le Présent, comme dans l’Avenir, il est celui & qui tout est di et qui peut par conséquent tout exiger. L’Orgueil correspond au Soulphre Principe, et s'op- pose a la Foi, —-B— Sept Vices doublent les sept Péchés Capitaux et en sont en quelque sorte les fruits. Ce sont : l'Impruden- ce, fruit de PAvarice ; !Intempérance, fruit de!a Gour- mandise ; PInjustice, fruit de la Luxure ; la Lécheté, fruit de la Paresse ; la Haine, fruit de 'Envie, la Pré- somption, fruit de la Colére ; PIgnorance, fruit de YOrgueil. L’Homme est ainsi puni, par oit il a péché... C) Les deux Cristallisations Spirituelles Nous traiterons a part les deux Vertus Ténébreuses S‘opposant aux deux Vertus Sublimales, évoquées au précédent chapitre. Nous lavons vu, YAveuglement s'oppose a Vintelli gence, et & Argent des Sages, et Erreur & la Sagesse, au Soulphre ou Or des Sages. ) Ltaveuglement Cette Puissance Ténébrense nous éte le discerne- ment des Esprits, nous met dans Pimpossibilité de percevoir, sous des espéces ou des objets matériels, ce qui les relie aux poles opposés du Bien et du Mal, de Ja Lumiére et des Téndbres. Elle nous obture le sens caché des mots, nous voile irrémédiablement 'ésotérisme et le sens supérieur des textes, nous fait préférer la lettre qui tue & Vesprit qui vivifie. Plus particuligrement, elle nous empéche d’ eéder au sens profond des Ecritures chrétiennes, ou de tout Livre Saint, si on reléve d’une autre religion. En fait, elle régne en maitresse dans Ame de tout matérialiste, de tout athée, lorsque ceux-ci sont tels par un acte délibéré de leur volonté, aussi bien que —“m— par une descente progressive vers l’Aveuglement, en conséquence d’un laisser-aller conscient. Elle nous voile les réalités spirituelles dissimulées sous les apparences, et on peut dire que, par elle, les Vérités Eternelles deviennent inaccessibles & Homme égaré. ) L'Erreur Cette Puissance Ténébreuse nous apporte la confu- sion intérieure, nous dte le sens du Bien et du Mal, du Juste et de Mnjuste, du Beau et du Laid, du Bon et du Mauvais. En ces domaines, toute discrimination sefface peu & peu. Oi elle devient plus grave, c'est quand elle nous obnubile le sens du véridigue et de Pauthentique en matiére religieuse. Par elle, Aspirant égaré n’est plus en état de per- cevoir ce qui lui est utile, et lorsque l’Ame est par- venue aussi loin dans la descente vers les Ténébres spirituelles, on peut difficilement envisager une re- montée par ses propres moyens. Dans l'impossibilité de distinguer ce qu'il a perdu, Wapprécier nettement sa situation, 'Aspirant égaré prendra ici facilement le Mal pour le Bien, et s'ima- ginera avec entétement étre sur le chemin de la Lu- miére, tout en étant sur celui des ‘Ténébres. C’est dans V'Ame du sataniste ou du luciférien, que cette Puissan- ce Ténébreuse éclate et irradie avec le plus d’ampleur. Les pseudo-doctrines « initiatiques > diffusées par le fameux Gurdjeff en sont le plus bel et le plus triste exemple... (1) (a) «Ma voie... est une voie contre ta Nature et contre Dieu, (Cid par L. Pauwels et J. Bergier, in-eLe Matin des lagiciens >). DEUXIEME PARTIE

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