Jacques D’Hond:
LA CONNAISSANCE
DE L’HUMAIN SELON MARX
Ia pensée de Phumain et les
La doctrine de Marx renouvel
conditions de la connaissance de
Pour bien saisir cette nouveauté que Marx introduit dans toute la
problématique concernée, il convient de remonter & Vorigine de ses
recherches originales et de ses réflexions.
farx a indiqué lui-méme le moment de l'émergence, la date et
ecasion de son réveil d’un sommeil libéral en politique et idéaliste
en philosophie. Dans la Préface 4 la Contribution a la critique de
économie politique, en 1859, il signale Pimportance, a cet égard, de la
Critique de la philosopbie die droit de Hegel, qu'il avait rédigée dés
1843. Mais il souligne aussi le caractére décisif de IEsquisse Pune
aritique de économie politique publiée par Engels en 1844. Il la
qualifie, en 1859, de « géniale »
Qu’y avaitil done de si génial dans cet écrit de jeunesse d’Engels ?
Bien des choses diverses, certes, et le pressentiment de toute la
doctrine furure. En parti idée que la solution derniére des
problémes idéologiques et sociaux doit étre trouvée dans les processus
économiques.
La recherche de réponses « économiques » a des problémes variés se
greffe sur une inquiétude et un étonnement nettement exprimés. Si la
science est fille de I’étonnement, il est intéressant de déterminer ce qui
précisément suscite l’étonnement d’Engels. On pourrait l’énoncer
ainsi : que faut-il donc que soit le monde humain pour qu'il suscite en
lui-méme, comme on le constate, des crises et des révolutions ?
Sette question fondamentale se répéte et se diversfie tout au long de
ai d’Engels. Celui-ci met en évidence, par exemple, une
autres, et
penser dune loi qui ne réu
i inerroge = Que furl don
it 4 stimposer que grice & des révolutions
Périodiques?» Evil répond lui-méme que ces lo > ex pressonene
une loi naturelle (Naturgeset2), qui repose sur Pincomscience des
ines laste sree pint: «Ie patent qu ee loi ext une
pure loi naturelle, et non pas unc loi de Pesprit (Cestesgeseta, Une
foi qui engendre la révolution Tahal iets
Dans ce texte, dé, c
» dé, percent lespoir
rmonde selon ses propres lois, de
fatalement des erises
‘projet de transforme
wanire 2 ce qu'il ne suscite plus
ions. En méme temps se dessine
hor elle produit des effets
‘autre, des effets
non-naturels selon un
Pour transformer le monde humaii issant sur lui,
et grce & cet et Pabord
de cern c ir. Car la question
Stonnée que pose Engels, étonnante & son tour, suppose que l'origine
en tout case
pas, en derniére instance, dans des intentions humaines
L’Exquisse d’Engels sinspire sans doute de l'expérience des révolu-
tions. Cees de 1830 montrent d'une part que lr grande Resolaeon
francaise de 1789 n’était pas la derniére, comme on Pavaitdabord cra,
ge eles de 1830 non pls termineront pas Ure des grandes
ises. Ces événements ont reposé, du moins en partie. sur
« Vinconscience des intéressés ». Certes, beaucoup d-observatears et
de théoriciens prédisent, aprés 1830, un avenir de stabilité et de paix
Marx et Engels, au contraire, prévoient un temps de crises et de
sévolutions, ‘Ces dernigres contribuent éminemmen
caractires d'abord caches des sociétés humaine
Vhomme en général, comme si, pour le moment
carieaturalement les traits. “
-évéler les
de T'histoire, de
en grossissaient
LA DIVERSITE
Le premier trait sur lequel elles appuient,
historique des sociétés humaines. ch Gans
‘Cemanque d*homogénéité avait x6 'une des grandes découvertes de
istorins francais de V'époque de la Restauration. Ils examinciens
histoire de France depuis les origines jusqu’a la Revolution francaise,
1. Mare-Engels — Werke (MEW), Betlin 1957 599. Tome I, pp. 514-515,ex ils découvraient que cette histoire avait été constamment animée
par lopposition de deux forces sociales : la noblesse et le tiers-état. Ils
expliquaien 3 leur manize pourquoi le tirs-at avait fnalemene
emporté. A leur avis, cette victoire du tiers-état représentait une
victoire de énéral sur V'inhumain, et elle concluait |
période agitée ct conffictuelle de Phistoire. L’homme serait désormais
satisfait dans ses exigences morales et politiques.
Mais de quel homme s'agissait-il ? Une telle vision du passé
ne suggérait-elle pas que, a certains égards, il y avait eu, en réalieé,
deux sortes d’hommes ? =
En présentant une rclle conception globale de la Revolution, ces
Fisoriens dénongaent le caractreilluoire, falacieus,
immoral leurs yeu, des determi
sce gui avaient regi jusqu’
humaine oust
Ce passé apparsisst slors comme un monde Perreur, d
Ginhumanité auquel des hommes enfin eelairés avaient vol
rent subsite un monde véritablement humainy das la ve
justice. Aprés des sideles de tenebres, les lumiénes se £6
Jules Michelet exprime bien cette vue :
geri — avénement de la Lo, la résurection du Droit, a action
es justice»
Er il commente le succés du « sentiment de la fraternité humaine »
«Ce sentiment né avec "homme, avec le monde, commun & toute
société, n’en a pas moins été étendu, approfondi par le Christianisme.
Aon tour, la Révolution, fille du Christianisme, I's enseigné pour le
‘monde, pour toute race, toute religion qu’ le soleil »
Mais alors, ne devait-on pas se demander pourquoi ce sentiment avait
éé refoulé pendant des millénairs?
Il fallue bientot constater que de telles appréciations ne gagnaient pas
uune approbation unanime: le régime nouveau, éabli parla
Revolution francaise aprés des soubresauts terribles, ne garantissait ni
une stabilité sociale définitive, ni une satisfaction universelle, De
nouveaux conflits naissaient.
DYautre part, le droit nouvellement instauré ne se voyait méme pas
reconnu par tous, ni tenu par tous pour rationnel et nécessaire. Les
énéficiaires du droit féodal, désormais aboli, éprouvaient,
une sorte de nostalgie et contestaient la légitimité, la v:
's MICHELET, Misoive de le Révolation francaise, Introduction, U
innovations. L’attachement des nobles aux ancicnnes valeurs juridi-
ques, leur regret du passé, soni
Ae heros de P Osage de Claudel
Cette femme qui était mon droit, ces enfants qui étaients les miens, le
nom méme que je porte, et la terre ct le fief,
Tout cela m’a menti, tout cela a fui, et la place méme oi ces choses
éaaient n’est plus »
LES ANTINOMIES DU DROIT
Ainsi chacun le constate-t-
s'est effacé. Le sentiment nait, chez certains témoins, que tout se passe
ime s'il ny avait pas, au-dela du droic positf, changeant, un droit
idéal qui serait universel et éternel, rationnel en soi, un droit nature.
Tout se passe comme si des contradictions affectaient le droit et ses
diverses interventions dans la réalité, de méme que, selon Kant, des
contradictions résultent de l'application des catégories de lentende-
A certaines vues de la pensée humaine, faisant surgir des
Das 1790, Georges Forster affirmait que «la politique a ses
antinomies comme toute science humaine »
Hegel, qui avait lu attentivement Forster, reprend tout au long de son
‘ceuvre ce méme constat. Il arrive que fes conflits humain:
particulier entre générations ou entre nations, dépassent les,
dun droit unique. Dans ce cas, « chaque partie fonde son affaire sur
ses droits et accuse Pautre d’avoir lésé un droit de son 6:
deux partis ont raison : ce sont précisément les droits eux-mémes qui
sont entrés en contradiction I'un avec V'autre » *
Marx adopte le méme point de vue. Concernant, par exemple, le
probléme de la durée de la journée de travail, il expose les visées et les
arguments du salarié et du capitaliste, opposés, puis il observe : « Ily
a donc ici une antinomie, droit contre droit, 'un et autre portant le
sceau de la loi de I’échange marchand, Entre des droits égaux, c'est la
violence qui tranche » *
De t rations conduisent au rejet de la doctrine du droit
naturel, 4 Vadoption d’une méthode historique pour l'étude des
3. LOtage, I 2» in: CLAUDEL. Théitre, cll, Pade Il, p. 233
4. FORSTER, Enores en quatre tomes, éd. G. Steiner, Le
5: Scrifen zur Pol philosophic, Leipeig, 1913, 9
6 Le Capital, Live I, wad. pa J.P. Lefebvre, Paris, Ed. Sociales, 1983, pp. 261-2choses humaines
quences décisives pour la
conception de
ss sciences de homme.
LA DECEPTION
Les historiens de la Restauration ont pressenti un autre théme de
réflexion marxien. Il nait, pour eux, de l'incertitude et de linquiétude
sur Pavenir que la Revolution francaise prépara
Non seulement se pose la question : qu’est-ce done que ce monde qui
engendre des revolutions, mais aussi cette autre : les révolutions
répondent-elles aux intentions de ceux qui les prévoient et les
accomplissent ?
Bien sir, les effets des révolutions ne satisfont pas, en génér
jolutionnaires qui se sont opposés 3 donnent-
elles pour autant satisfaction aux révolutionnaires
La Révolution de 89 avait été prévue et espérée par les philosophes
francais du xvur siécle.
Ainsi Voltaire : «Tout ce que je vois jette les semences d'une
o qui arrivera immanquablement, et dont je n’aurai pas le
isir d’étre témoin. Les Francais arrivent tard a tout, mais enfin i
Ia lumia rent répandue de proche en. proche
itera & la premiére occasion et alors ce sera un beau tapage
heureux, ils verront de belles choses »
Ainsi Rousseau : « Nous approchons de l'état de crise et du siécle des
révolutions »...*
Mais la Revolution effective
prévisions, ni méme aux a
quelques défauts ou déf
accuser, les hommes qui fire
'a guére répondu aux attentes et aux
jons des revolutionnaires. Pourtant, de
ont bien obtenu, parfois, ce qu’ils avaient voulu, ce pourquoi
‘Is avaent combate, ce pourguol ils sacrfiérent souvent leur vie, — le
résultat global a trahi les intentions, il a comporté des surplus, des
« bavures », des conséquences profondes et durables qui n’avaient éxé
ndance, Ed. Besterman, come 27, 197% p. 315
Pleiade, Gallimard, Pars, p. 468
1 prévas, ai voulus et qui, comme 'on dit, se sont retourmés contre
leurs auteurs :
Vivant % nouveau cette expérience, Gavroche pourra chante
Je suis tombé par terre,
‘Crest la faute a Voleaive !
Le nez dans le ruissea
Crest la faute a... Ronstean !
Le sentiment s'est répandu de ce renversement des
actions dans leur contraire. Napoléon I’a éprouvé,
«Personne que moi n’est cause de ma chute. Pai été mon principal
ennemi... » *. On sait que cet aveu a vivement impressionné Hegel et
lui a inspiré de profonds commentaires.
Lexpérience du renversement des intentions des révolutionnaires de
1789 — presque tous victimes, un jour, de la révolution méme — est
admirablement commentée par le baron Turelure dans la pice de
Claudel déja citée.
Aprés avoir rappelé lyriquement les espoirs fabuleux de ses
compagnons et de lui-méme, il conclut
« Est-ce notre faute si tout nous est tombé sur le dos ? »
Une sorte de fatalité pése sur les
er ils fabriquent de I'inhumain
smes = ils agissent humainement,
Marx cherche & expliquer ce destin
L'ACTION HUMAINE
Car, il faut le rappeler d'abord, les hommes selon Marx agissent en
hommes — ce point de la doctrine marxienne se trouve parfois
oceulté de nos jours.
Marx a soigneusement analysé les caractéres spécifiques de l'action
humaine — une action humaine capable de liver les principaux
Ainsi examine-vil, dans le Capital
travail, et il le considére ‘pendamment
explique alors que « le travail
par E. LUDWIG, Napoléon, wad. feangsise, Pay
"Otage, Ul 1. op. city p25.
Le Capital, op. et, p 198 et suivants
tsp. 5%,est d'abord un procés qui se passe entre homme et la nature, un
procs dans lequel "homme rege et conréle son métabolsme avec a
nature par la médiation de sa propre action ». I s‘agit Ia du « travail
lui-méme + (die Arbeit selbst) :
De cette définition, Marx tire toutes sortes de conséquences
cextrémement importantes et en général négligées par les commenta~
teurs (Souvent aussi par les traducteurs) qui, se croyant plus
compétents que Marx en la matire, ne les jugent pas assez
« matérialistes » — et se permettent de « corriger » le texte !
En particulier, il en dérive une caractéristique essentielle de "homme
par comparaison avec I'animal : une des composantes
de Vessence de l'homme.
En effet, ce « travail humain en général », « cette forme abstraite du
procés de travail (..) commune a tous les modes de production », se
détermine par opposition aux caractéres spécifiques de T'act
animale — celle, par exemple, de abeille ou de l'araignée. Il consiste
certes en un processus naturel, mais différencié, et promis a un destin
historique original
Marx insiste longuement non seulement sur son caractére natur
‘mais aussi sur ses conditions st pas question pour lu
comme certains voudraient le faire croire, de tenir le travail humain
pour une activité absolument autonome. Il maintient toujours la
condition naturelle du travail. Je
‘ent mieux & mon pi
selon Mars, qui, 2 son tour, fait souvent Pobjet d
occultation volontaire par des commentateurs 4 mon avis incompr:
. Les uns négligent les conditions naturelles et « objectives »,
les autres, inversement, négligent les conditions spirituelles et
« subjectives » : le réle de la représentation,
Or, Marx le souligne, «4 la fin du processus de travail surgit un
résultat qui était deja présent au début de celui-ci dans la
représentation (Vorstellung) du travailleur, donc déja idéellement (ou
en idée » :ideel!)»
Crest Pintervention de la représentation (Vorstellung) qui permet de
définir le travail comme « Pactivieé finaliste » (die zweckmascige
Tatigheit) par excellence. Bt ceres, il ne faut absolument pas ramener
tout le processus de travail & ce seul moment idéel ! Mais il intervient
strait par Marx resemble ex
zweckmassige Tatigheit dans la Science de la Logiqu
que, par cet interméd ve les anciennes analy
aristotéliciennes, et cela jusque dans le vocabulaire utilisé. Ces
‘analyse de la
60
ressemblances ne doivent naturellement pas faire oublier les impor-
antes différences.
ité finaliste séalise (transforme
é dy sujet) et subjctivis,
Ie Cela suppose une identité substan
«Pidée » et du « réel », un monisme philosophique fondament:
monisme idéaliste chez. Hegel, matérialiste chez Marx. Dans les d
représentation humaine, et "homme, ne se situent pas au-dela
du réel. Dans les deux cas cette représentation contréle partiellement
Pactiv te, Ie travail, lui assigne son but et permet l'adapration
de moyens a ce but. Le glissement, l'insertion de la représentation
entre des forces naturelles, change tout — méme si, comme c'est le
cas, la représentation du but est elle-ma
Hegel, « recue de la nature ». C’est par invention des moyens que le
genre humain progresse — et Marx reprend volontiers la défi
proposée par Fran "homme est un animal fa
ls déja une figure de ’humain dans homme.
Elle en fait surgir une autre : « En agissant sur la nature extérieure et
en la modifiant par ce mouvement, Phomme modifie aussi sa propre
nature, II développe les potentials qui y sont cn sommeil et soumet
ropre gouverne (seiner eignen Botmassigkeit) le jeu des forces
le recéle »
te cette analyse marxienne, arrétons-nous ce
conduit donne de’ homme, ou, plus
précisément, de Phumain dans "homme, une représentation tres
surprenante.
LA CONNAISSANCE FINALISTE
L’homme est l’animal qui, dans des conditions naturelles d
selon sa propre nature, développe seul une activité
Brogresant sans autres limites que narurelles, et done une activité
Parfaitement transparente en elle-méme, et de micux ca micux
connaissable au fur et & mesure que les réalités naturelles extérieures
deviennent mieux dominées, mieux contrélées et elles-mémes mieux
Il s‘agit Ia d'une connaissance fondée en grande part sur la finalité
consciente — et donc fondamentalement différente du type de
connaissance scientifique reconnu universellement. Ce qui ne saurait
Gonner du point de vue philosophique, puisque c’est en l'homme que
se réunissent et sidentifient éminemment le sujet et Pobjet — mieux
encore que dans les objets de la « nature » !
61n'y aurait done pas de connaissance plus aisée et plus directe que
celle de Fama puisque, en forgant un peu les choses, on pourrait
esque dire qu'il ne s’agit ici que de savoir ce qu'on veut, — ce que
urnain veut —, et comment on Pobuient, Ecete procédure ne vaut
demment pas que pour le travail abstrait simple. Dans toutes leurs
actions, ou presque, les hommes font intervenir leur conscience
me ventuellement trompeuse) : ainsi dans les relations interhu-
maines, chacun a l'idée de ce qu’il cherche et de ce qu’
Comme le dit Engels : < tout ce qui met les hommes en mouvement
doit. nécessairement passer Ce. caractére
de Paction humaine la disting as
Phistoire humaine s’oppose aussi par lia Phistoire naturelle. Pour
appuyer cette thése sur une autorité, Marx cite Vico : « L’histoire des
hommes se distingue de l'histoire de la nature en ce que nous avons
fait l'une et pas l'autre »
Voila le modale d'une connaissance dans laquelle le sujet de la
connaissance en constitue essentiellement et indiscutablement 'objet.
Ici, le sujet de la prévision scientifique est compris dans la prévision
elle-méme, ce qu’Auguste Comte, par exemple, jugeait impossible.
LE TRAVAIL ABSTRAIT
len allait vraiment ainsi, si accomplissait de cette
maniére consciente, intentionnelle et ef nous faudrait renier
toutes nos sciences humaines établies : Ie droit et la psychologie, la
sociologie et l'économie.
Mais chacun sait bien qu’il n’en va justement pas ainsi. Et Marx mieux
que quiconque, puisqu’il ne décrit ce processus de travail simple
abstrait que pour mieux faire ressortir ce en quoi le processus de
travail complexe et concret s'en distingue
Cela ne signifie toutefois pas du tout que ce travail abstrait est une
re u contraire, il est présent dans toutes les
lusion, qu'il n’existe pas
formes concrétes de travail. Il convient done de tenir compte de la
multiplicité et de la variété des caractéres concrets qui, en quelque
sorte, viennent s’ajouter 4 Iui pour constituer les divers modes
concrets de travail, les modes de production observables. Chaque fois
ue in de ces modes de production, une forme de
travail concret,on touvera en lie travail simple absteit
12. Lacdig Feuerbach ctl fn deep
Pats 9.7
2 Capital, op ct, 9.418, dan a note 89.
phic classique allemande, Ed. Sociales,
description du travail simple abstrait correspond 3 ce que les
josophes idéalistes, et en particulier Hegel, ont décrit sous le nom
Pactivité, ou d’activité finalste, alors que les philosophes matéria~
stes négligeaient cette activité cette subjectivité, pour
5 Fé, cette final
tomber dans un objectivisme exelusif.
Dans la premiére Thése sur Feuerbach, Marx Pavait déja dit
itement, car
connait naturellement pas Pactivité réelle, concrete
n’est done pas &onnant que lorsqu’
té se constate dans toutes les phi
prétendiiment matérilises. Par contre, Pinterée des ide
activité se manifeste dans le beau
succhmfisige Tatghein dont Marx recuse Vessencel bien qu
e effectivement que de ce qu'il appelle le travail abstrat, tel qu'il
en donne iuivméme'la description. i
Bien entendu, le reproche que Marx fait aux idéalistes de n
connu que l'activité humaine abstraite ne prend de sens que si
définit le travail abstrait ou Pacti iste i la maniére particuligre
de Marx, qui n’est pas commune : c'est le travail producteur de
valeurs d'usage, de biens de consommation et de production,
clest-a-dire justement ce que les autres observateurs, en général, et
Hegel parmi eux, considérent comme le trav:
fabriquer une chaise, construire une maison. C'est Phumai
homme : tant qu'il’ y aura des hommes, cette qualité de travail
persisera, et, en quelque sorte, par definition. Si des étres vivants se
résentent, et qui n’effectuent pas ce travail, alors ce ne sont pas des
LE TRAVAIL CONCRET
Dans Le Capital, Marx fait immédiatement suivre le paragraphe o3 il
traite du processus de travail (abstrait) du paragraphe od il trate de la
valorisation. Voici qu’apparait le travail concret. Le spectacle change.
Les hommes construisent un monde selon leurs volontés, et ce monde
lear retombe sur le dos ! Au lsu une finale inellgente,cest une
faralité aveugle qui régne dans les affaires humaines, Lhumanité agit
humainement, et elle érée un monde inhumain "
serait trop long de rappeler ici lés processus et les mécanismes qui
produisent ce renversement et que Marx regroupe sous le tern
hégélien — adéquat— d’alignation. A Pexplication de celle-ci dans les
63conditions du monde moderne, du monde capitaliste, Marx a
consacré la plus grande partic de sa vie, et cet énorme ouvrage
inachevé : Le Capital.
West sealement nécessire de se souvenir que, pour Ini dans les
conditions sociales qu’impose la propriété privée des moyens de
production, Ia situation générale de "homme par rapport aux
productions de son travail, se renverse radicalement. Dés que les
produits entrent dans la relation de l’échange marchand, cet échange
Suit ses propres lois, qui ne sont plus celles de la finalité humaine. Les
moyens deviennent des fins, les fins du travail soe deren les
moyens du profi te. Une alignation générale et totale du
travall produit. C'est que les hommes accommplissent leur accvité
finaliste dans des conditions naturelles et 5 quils n’ont pas
choisies et qui en modifient la nature, la portée, le sens.
‘Chacun garde en mémoire les célébres formules
« Dans la production sociale de leur existence, les hommes entrent en
, nécessaires, indépendants de leur volonté,
jon qui correspondent a un degré de développe
a ss matérielles. L’ensemble
rts de produ
déterminé de leurs forces produ
de ces rapports de production const ture économique de la
société, la base coneréte sur laqu lave une superstructure
juridique et politique et a laquelle correspondent des formes de
conscience sociale déterminées » ".
LE MONDE HUMAIN OBJECTIF
Sans nous ander amc anaees eaux jusifone de ce
conception, envisagcons quelles en sont les conséquences pour la
Herero ne terane Gk ote infeminaieearce) deveehi el
La premiéce, cest que se constiue un Grange monde humain
inde dant de la conscience et des intentions humaines. En
produisant, par leur travail, ce qv’ils veulent, les hommes produisent
Ea méme sempe ce quils nz veulent pas, ‘et dont, parfois, ile'x’ont
méme pas conscience ; dont, en tous cas, is ne déctlent pas facilement
yale ae
C'est, déja, tout le monde de I’économic. Et puis, ’est tout ce qui nait
de ce’ monde de Péconomie ou se fonde sur
14, Contribution le ertigne de Véconomie plitiqne, Part, Ed, Sociales, 1987, p. 4
64
wnalyse_montrent que ce monde dresse son
ivité face a la subjectivité humaine et que ce monde objectif est
régt par des lois — souvent dailleurs des lois d’évolution,
qautodéveloppement et de transformation par soi-méme
In peut done étudier objectivement ce monde des résultats de
‘action humaine et des réifications de I'homme, un monde de choses
hhumaines, régi par des lois semblables & celles qui régissent le monde
des choses naturelles. Si le monde naturel, provisoirement hors de
‘emprise de Phomme, n’est pas humain, ce monde des réifica
thomme, échappant au controle de celui-ci, devient vérita
inhuman. Ce_quil y a de plus humain dans Thom
eréatrice, activité finaliste, produit ce qui mérite le qualificatif
Ginhumain, non seulement Gu point de vue moral, prisque ls
mentions bonnes #7 trouventbaloués, mlb ausi du point de
philosophique et scientifique, puisque l'intelligence semble s'y
disqualifies Hien e 4
Dans le monde moderne, la réification la plus considérable est ce
travail qui se métamorphose en capital, qui se fé
dise, qt se dégrade en argent, Les hommes deviennent les esclaves de
eet argent, de ces marchandises, de ce capital quils créent : « En
exposant ainsi la réfication des rapports de production et comment ils
deviennent autonomes vis-a-vis des agents de la production », Marx
montre « comment le marché mondial, le mouvement des prix du
marché, les périodes du crédit, les cycles de l'industrie et du
commerce, les alternances de prospérité et de crise apparaissent & ces
agents comme des lois naturelles toutes-puissantes, expression d'une
qui se manifestent 4 eux sous aspect d'une
nécessité aveugle »
Tout leffort de Marx visera a démontrer
en capital reléve d’une modificaio
historique du travail, de Pactivité humaine ; 3 démontrer que, malgré
parent, le capital est pas une chose (Kapital ist Rein Ding !) 54
démontrer que l'argent n'est un maitre que passagerement, non
nécessaire, dont la domination caractérise une période historique
1¢ la transformation du
d'un mode passager,
Done, provisoirement, mais peut-étre pour longtemps, les choses
es par homme, devenuesinhumaines, le dominent, ui imposent
-omme cela se voit plus clairement dans les périodes de crise
‘Echange général des activités et des produits, qui est deve
Le Capital
re IIL, Sepitme section, ch. XVIII — Trad, frangais, Ed, Sociales,
6condition d’existence de chaque individu, qui est devenu l'interdépen-
dance des individus, leur apparait & eux-mémes comme quelque chose
étranger, indépendant deux, comme une chose. Dans la valeur
d'échange, la relation sociale des personnes est transformée en un
rapport de choses. La capacité personnelle est transformée en une
capacité « chosiste » (én ein sachliches Vermigen)
LA CONNAISSANCE OBJECTIVE
découvrir les lois de leur fonctionnement, de leur comportement, de
leur existence. Elles sont li, devant nous, objectivement.
hhumaines les prennent comme objets. Marx a donné exemple d
cette attitude scientifique. Mais certains de ses imitateurs, peut-étre
incompréhensifs, se sont avancés dans cette voie beaucoup plus loin
que Marx. Ils 3
Phumain se réduit a
souvent, les ceuvres de l'homme ne répondent pa
épondent pas entiérement, aux intentions de
rapidement n'y avait aucun rapport entre ces intentions et
ces ceuvres, entre la conscience humaine et la réalité objective.
Lévi-Strauss I'a constaté : «La fonction des institutions n'est pas
nécessairement — elle est rarement — leur fonction consciente »
Si Lon n’y prend garde on infére aisément d’une telle proposition la
yn que la fonction co Foue aucun role en Faffire,
que linstitution aurait surgi méme si la conscience et les intentio
avaient entiérement fait défaut. A |
toute indépendance de I’homme et méme sans I
conclusions de M. Foucault, & la fin de son livre Les Mots
Choses : « A tous ceux qui veulent encore parler de Phomme, de son
regne bération, i tous ceux qui posent encore des questions
sur ce qu’est 'homme et son essence, 3 tous ceux qui veulent partir de
lui pour avoir accés a la vérité de Phomme lui-méme, & tous ceux qui
jent pas formaliser sans anthropologiser, qui ne veulent pas
ythologiser sans démystifier, qui ne veulent pas penser sans penser
toutes es formes de réflexion
Il faudrait done rire en
lencieux, il représente une performance paradoxale. L’
pensée de Marx se situe trés en-dega de cette percée structuraliste
Certes, Marx affirme bien qu'il faut découvrir « |
d'une société donnée. Mais, d’abord, c'est un
«la Joi naturelle qui préside a son changement ». A propos du
Capital, i déclare que « le but final » de cet ouvrage est de dévoiler
«la loi d’évolution économique de la société moderne » ",
Et surtout, si 'on peut progresser dans la connaissa
smaines én étudiant les ceuvres et les institutions (techniques, ars,
sciences, droit, politique, etc.), c'est sous réserve de ne pas oublier
cercaines conditions dexistence de cs socicg, de leurs ccuvres ede
leurs institutions. D’abord : rien de cout cela ‘existe
dumaine, — distinere de
caractérise la nature humaine
Ensuite : tour cela résulte d'une activité humaine, qui ne peut se
produire que dans une modification coneréte, dans un mode.
Enfin: sous ces conditions, ce qui est intéressant dans une
modification, c'est ce qui en annonce, du moins négativement, une
autre, ultéricure et supérieure.
Avec chaque mode nouveau de travail et de production apparait un
homme de type nouveau, un mode d’homme nouveau — mais qui
reste homme. Le savant se consacre i décrire, analyser cet homme
concret, dans sa modification effective,
LA CRITIQUE DE L’ABSTRACTION
Beaucoup de lecteurs superficiels de Marx s’effrayent un peu de ce
‘il dit. Sis le lisaient plus attentivement, etsils le comprenaient, ils
S'effrayeraient sans doute bien davantage.
Thomme coneret et 'homme
idacieuses, vouées 3 soutenir
Car, en distinguant, dans 'homm
abstrait, Marx avance des théses trés
des projets qui peuvent paraitre prodi
18, Ler mots et les choses, 1986, pp. 353-354
19. Le Capital trad. J Roy, Es. Sociales, I, 1967, p19.1e cela niaille pas de soi, beaucoup de
6, et exposé, avant Marx. Mais la notion
duperies.
Chez les Allemands, ce pressentiment a suscité une critique de ce
quills appellent ’Abstraktum, terme bien difficile & traduire adéquate-
ment en francais : le « quelque chose dabstrait », « Pabstrait ». C’est
ce qui reste, par exemple, quand on a décortiqué homme concret.
Mais le décorticage peut s‘effectuer & partir du centre ou 4 partir de la
périphérie. Selon le point d’ol part ’opération, le résidu apparait sous
des aspects trés différents, et méme contraires.
Ainsi Kant constatait-il qu’en s’adressant a quelqu’un, on considérait
souvent « ala place de la personne, ’Abstrakinm de la qualité de Pétat
(des Standes) de celui 4 qui Von s'adresse»®. A Tun on di
« Monseigneur », a Pautre « Monsieur », & Pautre « Manant
«Son Excellence », on emploie la troisiéme personne du sin
mais on tutoie le serf. On oublie la personne, et
qu'une qualité abstraite.
‘Mais tous les philosophes qui dénoncent abstraction et ses sortiléges,
fen ce qui concerne l'homme, ne la voient pas sous la méme forme et
ne la situent pas de la méme maniére
La critique de la conception abstraite de Phomme, chez Marx, vise
principalement Feuerbach, nommément désigné, mais elle n’épargne
pas Hegel. Celui-ci reléve d'un idéalisme « qui ne connait naturelle-
ment pas Pactivité réelle, concréte, comme telle »
Et pourtant il est parfois arrivé a Hegel de formuler une critique de
homme abstrait dont Marx retrouvera orientation fondamentale, et
méme les termes caractéristiques. A tel point que lon peut’ se
demander s'il ne sen est pas inspiré
Cette critique hégélienne de Phomme abstrait se rencontre, par
exemple, dans Vessai de jeunesse sur Les maniéres de traiter
scientifiquement du droit naturel (1802). Dans un chapitre de
essai, Hegel s’en prend aux théories empiristes du droit naturel. Elles
articipent de ce que Hegel appelle « lentendement commun », qui
EGjourneintellecrellemest dara un mélange confus de ce qui est «ea
soi» et de ce qui est « contingent » et « passager >
in: Werkauegabe
‘Band XID, s 12 (n
société moderne, cet entendement commun, et les partisans
inent qu'il n’y a rien de plus
et état de droit, par abstraction, tout ce qui est
cette opératon il ne resteait que ce
ale sentiment que c'est particulier
passager, non-rationnel, on l’éte de la représentation que l'on a de
¢ de droit : est de « Phistorique >. Alors, qua
tion est terminée, « il reste Phomme sous Pimage ¢
sa nud strait » (das Abstraktum) de
les, et pour trouver ce qui est nécessaire, l'on n’a
regarder »®
Sans doute, dans la description de cette opération, Hegel a-til surtout
en vue Rousseau. Quand cel er 4 Phomme
concret, réel, présent, tous les aspects qui | isent, et qui lui
paraissent des ajouts inessentils, il obtient a la fin « ’homme sous
Pimage de l'état de nature en sa nudité », « "homme naturel » !
Cette essence de "homme se réduit, 4 Ia limite, & un homme sans
qualités, puisque Von a fait abstraction de toutes ses qualicés. Ua
homme’ indéterminé » !
Bin entendu tout ce qui dans homme coneret releve de Eat ou de
la société succombe aussi 3 cet écorchage. Er il n'est pas étonnant que
les abstracteurs de quintessence parviennent a «la mulplicie vaice
simple », 3 des individus qui ne sont pas liés entre cux organiquement
— puisque Von a systématiquement coupé les liens —, ou, pour
employer le vocabulaire de Hegel, « des stomes dotés da moins de
qualités possible »
Hegel témoigne d'une grande sévérité 3 Végard de ce trav
abstraction, car Fempistime, 4 son avis, ne dient aucun cctere
authentique qui lui permetcrait de tracer avec certitude
démarcation entre le contingent et le nécessaire, et
Paccidentel, le rationnel et Thistorique, dans la détermination de
Pessence de Phomme
le sricien empirist, dans sa tentative de define
ne retient, dit Hegel, que « ce dont il besoin pour exposer ce qu'il
trouve dans la réalite effective», Ce sont {es exigences dest
reconstruction ultérieure de la réalité effective qui guident son
discernement du soi-disant concret et du soi-disant abstrait. Hegel le
21. Hegel, Des manitrer de traiter scientfiquement de di
ivi, Pais, 1972 pp. 21-22,
turel trad. B. Bou
6démasque : le principe directeur de sa procédure, qu'il veut faire
passer pour a priori, est en réalité a posteriori
LA NATURE HUMAINE
Juclque validité que l'on accorde i de telles considérations, on ne
Far du moins cotter leur inporasee dans Thiol acs Lee
les confirment Fopinion que, Hegel svat exprimée, auparavant
dans La positivité de la religion chrétienne, et qui anticipe
évidemment certaines idées de Marx sor Chumain, Hegel y declare
sans vergogne que Ton, peut « démontrer rgoureusement que le
nature humaine n’a jamais été présente a état pur », et « qu’elle n'a
jamais existé que dans des modifications (Moaifikationen) », ce que
Marx soutiendra beaucoup plus tary en particulier pour Ie travail
simple qu’il qualificra, lui aussi, ¢’abstrat.
Lorsqu’il était encore kantien, Hegel avait considéré ces « modifica-
tions » comme des ajouts historiques a la pure nature humaine,
comme constituant une sorte de dénaturation, de disqu
méme de perversion de la pure nature ri
lorsqu’elle se manifeste dans le temps, dans Phistoire, — et il avait
gardé pour cet ensemble d’ajours contingents le nom de posiivité,
alors classique. Le positif s‘oppose au rationnel, le droit positit
s'oppose au droit naturel, tout en dérivant de celui-ci et en subissant
dans cette dérivation une sorte de corruption. Il en va de méme pour
k ions positives » a ’égard de la « religion naturelle » ou de la
jon rationnelle. La positivité accable la raison lorsqu’elle tombe
dans le temps et dans histoire, les « modifications » qui déforment
Pccuvre rationnelle, tout ce réel qui n’est pas purement rationnel, c'est
| faut condamner, surmonter ou éliminer *
ité de la religion chrétienne, il admet déja que la nacure
humaine n’a jamais existé que dans des modifications conerétes — et
ceci nécessairement (notwendig) ; et done ces modifications ne se
réduisent pas i quelque chose de simplement continge
seulement superflu, mais elles d
essentiel, de vivant. Hegel ajoute méme qu’
quill y a seulement de naturel et de beau » ™
22, Ibid
CConcernant tous ces problémes, on lira svec profi Pouvrage collestif: Religion et
politique dans ler années de formation de He "Neuchieel, sour fa
‘ireesion de Pb, Muller — Lausanne, Ei
24. Theologische Jugendichrifen, &d Nohl, Tubingen, 1907, pp. 140-141
70
Ine reniera pas ces idées dans a Philosophie du droit de 1820, 0
peut lire cect: « Dans le droit, Pobjet c'est la personn
Point de vue de la moraltg,
de la fu é ete Barger ‘comme
+ bourgeois ». Ici au poine de-vue des besoins (cf. parag. 123, Rem.)
est le coneret de la représentation (das Konkretum de Vorstellung)
que Yon nomme l'homme ; c'est done seulement maintenant et 4
Proprement parler seulement ici quil est question de homme en ce
Toutefois Hegel, malgré de elles intuitions et de tees distinctions
s'est finalement’ contenté d'étudier Thomme dans sa. géneralité
abstraite en croyant le sais concrétement, Ina pas su découvrir
caractires authentiques de la modification actuelle et de Vefiec
conerétude de Phomme.
Marx part de prémisses différentes et vise d'autres résultats dans
autres conditions. I n’en dit pas moins, en certaines occasions, des
choses assez semblables 3 celles que Hegel avait énoncées avant
et ceci du moins du point de vue de orientation de recherche.
Ul rédige ainsi sa fameuse sixidme « thése » sur Feuerbach : « Feuer-
bach résou jeuse en Pessence humaine. Mais Pessence
wm) inhérent (inwohnend) &
nsemble des rapports sociaux,
Feuerbach qui n’
ar conséquent ol
rend pas la critique de cette essence réelle, est
1) De faire abstraction du cours de Whistoire et de fixer (fixieren)
Vesprie religieux et de présupposer un individu humain abstrait,islé.
2) En conséquence, Pétre humain ne peut étre saisi qu’en tant que
genre (Gattung), en tant que généralité (Allgemeinheit), interne,
muette, ne liant la multiplicité des individus que d'une maniére
urement naturelle (bloss natilic) »,
dans une période historique donnée, essence de l'homme. Er certes
cette essence sociale ne pourrait exister sans quexiste le genre
oit les abstracteurs voient essence naturelle de 'homme,
ne s'y réduit pas.
Le eréancier et le débiteur qui se
AVfautre de facon purement naturhommes. Ce lien réunit tous les hommes
agora, et ailleurs. Mais il ne nous dit rien de Pessence du rapport
unit ces deux hommes dans leur opposition méme. Cette génér
reste muette (stumm) sur leur rapport coneret et su
respectives concrétes : ils sont un débiteur et un créancier, définis
réciproquement par un rapport social
Sociét ex sur un mode de production et d'échange.
Le genre humain reste le_méme dans toutes ses modifications
possibles, trés nombreuses. Dés que homme se distingue des autres
animaux, sa nature sociale change incomparablement plus
nature biologique, que d'ailleurs elle influence désormais. Ce qui
importe, ce sont’ les modifications successives quill revér, dans
lesquelles il entre, qui manifestent une infinie diver
richesse, qui_conditionnent la vie des formations sociales et des
individus sociaux.
LES MODES
Dans les divers modes de production, Phomme n'est done pas le
méme : ni comme objet de science, ni comme sujet de science, — qu'il
est indissolublement ensemble.
Les sciences de "humain doivent donc partir de l'homme concret,
comme le préconise "Introduction a la Contribution & la critique de
Péconomie politique : « Des individus produisant en société — donc
une production d'individus soci est naturelle
ment le point de départ. Le chasseur et le pécheur individuels et isolés,
par lesquels commencent Smith et Ricardo, font partie des plates
fictions du xvnr siécle >”. Marx évoque 4 ce propose des