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See Ne NS [aon ~ S Les heures décisives dela Nouvelle-France Ouelles racines amérindiennes ? La déception ie Jacques Carter Ones appeait tes «coureurs de bois» Pourquoi a France ‘perdu ses teritoires ACTUALITE : LA COMMUNE DE PARIS, ENTRE VERITE ET LEGENDE ? OUVREZ LES YEUX EN GRAND SUR LE MONDE | Pacey eee eerie Images satellites en ea Cron ces ae Tee ee Gerry 120 000 noms erect) Un livre indispensable co-réalisé par GHO et Glénat ;ponible en librairie et sur prismashop.fr issant dans Clé Prismashop le code « ATLAS300 » Pree ec EDITO AUX SOURCES DE L’AMERIQUE FRANGAISE uj sattendrait a trouver ici, dans cette deticieuse vieille France, une page si vivante de la Nouvelle-France ? Ici, a La Ventrouze, Tourouvre, Autheuil, Randonnat... Ici, dans ces villages du Perche, un petit pays qui, a Técart des découpages administratifs officiels,cultive le retraitetladiscrétion. Qui, cété sud, avec ses foréts, cet ses collines, fait barrigre a Timmense Beauce. (Qui, cOté nord, se garde de glisser vers les attrats touristiques de la mer normande. Un bout du monde qui distille le plaisir de se tenir loin du ‘monde. Mais qui, pourtant, au visiteur passionné histoire, dévoile un lien étonnant avec TAmé- rique du Nord. Oh! certes, il faut en chercher les signes sous les arcs d'ogive et les chaires, sur de ppetites plaques de marbre parfois abimées par le salpétre. Mais on peut aisémenty voir les noms de ces hommes et femmes qui, entre 1632 et 1763, quitterent les rives de Eure ou de THuisne pour sinstallersur celles du Saint-Laurent. Ce furent les premiers batisseurs du Québec. Des charpentiers, acherons, macons,tuiliers...Des «petites gens qui ‘ont fait de grandes choses» (*). qui ont laissé une descendance féconde. Dans les dix patronymes les. plus répandus au Québec figurent quatre noms percherons, dont les deux plus frequents, Trem- blay et Gagnon ! Cette histoire contient méme sa age «people», pulsque les experts attestent que remontent jusque dans le Perche les branches les plus longues des arbres généalogiques de...Céline Dion, Justin Bieber, Ryan Gosling, Justin Trudeau. histoire de la Nouvelle France comporte bien sir son fatal lot de guerres et de violences, mais. ‘elle nous enchante aussi parce qwelle dégage un parfum daventure et de liberté. Ah ! ces traversés épiques de PAtlantique, qui duraient entre cing ‘semaines et trois mois, sur des flotes®(trois-mais); ces scoureurs des bois» et leurs épopées ; ces hec- tares de terres & défticher, sans le carcan fiscal et réglementaire de la France. Et, & Touest, la pro- messe du vaste monde : encore aujourd'hui, en naviguant sur les rapides de Lachine, au sud de Montréal, on pense aux réves fous de Cavelier de Lasalle cherchant par ici le chemin dela Chine. Apres la révolution de 1789 et tout au long du XIX* siecle, la France, ayant laissé aux Anglais ses colonies américaines, s'était faite oublieuse des liens qui Punissent a ses cousins plonniers. Liens ‘qui, aujourd'hui, renaissent, stimulés notamment par Fintérét porté par les régions francaises pour le tourisme dit généalogique, consistant & faire venir es Canadiens et les Américains sur les traces de leurs ancétres, en Normandie, mais aussi a La Rochelle ou & Marennes-Oléron. Tous ceux qui, Taller ou au retour, sattardent dans la ville de Québec, pourront meéditer ces vers affiches au musée de la Civilisation, écrits parle poete Pierre Morency, et consactés a la beauté du Québec ‘Celle-cise trouve dans ces liens invisibles qui se tissent entre les choses et les gens.» Des liens qui traversent les mers et les siecles. . (©) Pour une lecture complete (et plaisante ) de cette ‘epopée, je conselll les deux tomes du livre de Michel Ganivet, Perche et Canada, quatre siecles histoire, et, Dien sir, note article, page 74, [ERIC MEYER, REDACTEUR EN CHEF C4 GEOHISTOIRE 3 Les «coureurs de bois» (i, fun dentre eux, ‘gravure du XVII site), ontrées reculees de ta Nouvele-France pour chasser le castor. a PANORAMA, LLépopée dela Nouvelle-France Premieres découvertes au XV siecle, defaite face aux Anglais en 1760... Retour en images sut deux sicles et demi faventure francaise en Amérique du Nor, CHRONOLOGIE Des peuples amérindiens aux demiers colons Du Xvi au XVitF site, la Nouvelle-France aura connu nombre de confits avec les Indlens et les Anglais. LES ORIGINES Els étalent les Premiéres Nations Qui occupait le teritore nor américain ? Voic quelques cles our comprendire ces tribus amerindiennes qui ont combattu ura aliance avec les Francais. La DECOUVERTE Les expéditons de Jacques Cartier: des échecs porteurs despoir Trowver une vole versa Cine, letméme defor et des diamars. Entre 1534 et 1535, les tris voyages au Canada de Jacques Carter suscitentles espors les us fous, qui serontvites décus. Lave (Québec ot tout a commence Envoye par HenrilV en Amerique «du Nord, Samuel de Champlain, fonda sures tives du Saint- Laurent a vile de Québec, point de depart dela colonisation, LES PIONMIERS. Sura piste du castor ‘Au debut du XVIF siete, les colons ‘ont ete gagnés parla fev de «or rune :le commerce de lafourure {be castor. Pour traquer animal, les trappeurs se sont aventurés au lus profond du pays ameérindien LE COMMERCE Des marchands au service du rot La compagnie des Cent-Assoces, créée par Richelieu en 1627, fue fer de lance du marché de la fourrure en Nouvelle- France. Son principal object: renlouer les clsses du royaume. LAMIGRATION Du Perche au Nouveau Monde Une poignée d'habitants du Perehe joua unre prepon- Pour peupler la Nouvele-France, Louis XIV favorisa le depart, a1 nize 1663 et 1673, un miler de Jeunes files de Tautre cbte de Fatlantique. Objectif: les marier des colons et fonder des familes. 84 CARNET DE VOYAGE Le chef-< ceuvre retrouve d'un pérejesute Louis Nicolas, envoyé en Nowvelle- France de 1664 11675, estauteur 18 dun étormant manusci iustré le Codex canadensis ne cessa de dessiner des arimaux et des plantes,et eleva des scones de vie fdfiantes chez les Amerindens. 96 LES CONFLITS lis voulalent tre les maltres derAmérique De 1688 a 1763, la France et Angleterre se sont afrontés sans reldche. Mais Lous XV, soucieux autres enjeux frira par céder Fa Nouvele France 2 son rval 106 LACTE DU QuéBEC Le trate qu sauva la francophonie ‘Quandies Anglais s‘emparerent della Nouvelle-France en 1760, 90.000 francophones vvaient surle teritoire, Pour s'assurer de 34 Cette peinture de 1848 met en scéne la fondation de a vile de Québec (1608). la paix civil, la Couronne britan- nique dut trouver des accommo- sdements inguistiques et religieux LENTRETIEN Par deux fis, es Québécois ‘3 sont sentis abandonnes, parle royaume de France» Rencontre avec Daniel de Mont Plas, auteur Histore du Canada LACTU DE L'HISTOIRE ANNIVERSAIRE LaCommune :mythes et réalités ‘une révolution avortée Entre le 18 mars ete 28 maiT87, ln gouvernement surrectionnel futinstaure a Paris avant déte reéprimé. Une simple parenthese dans histoire des luttes sodales ? ‘ALIRE, A VOIR Beau lve, essai, réit historique. PEFC GEOHISTOIRE $ LA NOUVELLE-FRANCE ‘Venus du Vieux Continent, des pionniers batirent une nation sur les rives du fleuve Saint- Laurent. Des premieres découvertes au XVI*siécle jusqua la défaite face aux Anglais en 1760, retour en images sur deux siécles et demi d’aventure francaise en Amérique du Nord. Pan rrtpeniccRamien Deere 5 Sd Pe ee eet Prana fleuve Saint-Laurent (aest popeeretomen yates iret ornare Een par cette tole de Theodore Pent cer) Cae l cy | = ) O ir OQ < Premiers contacts avec les Iroquois ‘ATimage de rEspagne et ‘du Portugal, la France sin- téressa de pres aux ri chesses des terres nou- velles: en 1534, Francois I nomma Jacques Cartier (1591-1557) ala tee de trois expéditions en Amérique. Sur cette gravure, le navi- {ateur rencontre les Amé- Tindiens roquois dans leur bourgade d’Hochelaga, qui deviendra le futur site de Montréal. Les =tresors» que Cartier ramenera de son expedition (essentiel- lement du fer et du quartz) décevront profondéement leroietla France se désin- teressera de cette contrée Jjusquia la fn du siecle #8 GrOHISTOIRE a WY a © YD ce = WY LW =a Le martyre de saint Jean de Brébeuf Avant les pe ‘coureurs deb turers dela Nowvelle-France. A de 1615, fains payérent le prix fort pour leur fo, a image de Jean de Brébeuf (159: 1649). Aprés avoir tenté apaiser un confit entre Huron: ture :on ll bouillante sur la tte dans adie de baptém ssa autour di coudes cognées de toma- hawks chauffees a bla ‘onnu comme martyr -anonisé en 1930. Zz O xt mo Lt O O L a Les Indiens, des alliés indépendants ‘Apattir de 665, le ministre Colbert vellea distance sur le destin de la colonie en ‘organisant notammentles ‘campagnes de migrations. Les ordres donnes au gou- vverneur de Courcelles in- diquent que «les ofiiers, les soldats ettousles suets de Sa Majesté doivent trai- ter les autochtones de fa- ‘gon équitable, sans jamais ‘avolrrecours aa violence», Symboliquement présents ‘sur cette carte réaisée en 168i, les peuples amerin- diens forment officelle- ‘ment des nationsindépen- dantes régies par leurs ropres lois et coutumes, 12 GEOHISTOIRE ee PANORAMA ebediebiali -P pees ae RAMs eberagtatiin ons. ei v1 Moy jira He : seam pac soonge Cn 7 pan : 7 i CD , 2 oa x Z ie . ¢ ns la gracede Dieuch 2s yd ¢ I ft Cox Giaseroness £, bi SA, de Surrce, Ryo amex hr foau i Ye Cattrers a VC bamvrgny alut-ayes wire Ieoowuiv youclar odear Iu. Curque cy attache soucCocomive Set de nore Qhancetle Con oman De PuBlODy he Gemeer Fines, Coan offiviane 2. Svante Unicrme Vay Lia re GO) jo. c a av lecAuy. = 5 - ‘ Pan rs a eVauare- I ™Cbx Dolce x foiraneere on Cx norte (eames, ee Cone commuuncauee 9° Setiginnses Borpriectiovee ul d. eCoewan 6% 4 ory eo “O'inac Hours ¥ Oram. Vow faxsrierrs main CavteCornense plaime, QDonind arate Priey seve ev ficiowe Zz O HK < 2) Zz Oo ) O < a Montréal, une utopie catholique Cette scenerassemble des membres dela Societe de ‘quien 16: devolu sur cette petite le Francais et d’Amerindiens dansie cute de Dieu». So le nom de Vile-Mare, bourgade accueillera 493 ‘colons en 1680, et devien- dda, adefautdunlieu saint, uncentreimportant tement des fourrre 20 GEOHISTOIRE Lu a ) Lt O < — Sura piste des «coureurs de bois» LLexpression appara pour la premiere fois dans les textes officiel en 1672. Chaque année, ils étaient 400 hommes a reoindre la Nouvelle-France pour ten- ter de faire fortune dans la traite des fourrures. Vivant ai indienne au coeur des foréts septentrionales, ces ancétres des trappeurs ‘correspondaient peu au modele du colon idéal de- fendu par Colbert. Leminis- ‘we de Louis XIV fit daileurs rédiger des ordonnances pourlimiterleurnombre et interdire aux habitants de laNouvelle-France faban- donner leurs maisons et de «vaquer dans les bois plus de 24 heures», 22. GEOHISTORE ea PANORAMA Lu IE ~ O LLexplorateur se concentre sur administration en créant, en 1621, tune nouvelle société commer- ciale plus réglementée : la Compagnie de Montmorency, du nom du nouveau vice-rol 1625 Des missionnairesjésuites traversent ocean afin d evangél ser les Amérindiens. Is erigent tne premiere résidence le long de actuelle rviere Saint-Charles. Bawril 1627 Le cardinal de Richelieu créé la Compagnie des Cent-Associés dont Champlain est membre et actionnaire. Sa mission est dexploiter les rchesses du territoire et de monopolise toute transaction commerciale surle territoire, Les terres des colons deviennent des seigneuries 19 ult 028 Premiere incursion anglaise. Des Corsares dea Couronne organise tinblocus autour de Québec. GEOHISTOIRE 27 CULL CHRONOLOGIE ‘eee Aftamés, Samuel de Cham- plain et ses hommes abandonnent [a vile aux troupes anglaise. 29 mars 1632 ‘Québec redevient francals avec le trate de Saint-Germain-en-Laye. ¥Angleterre obtient en échange le droit de garder les marchandises saises lors de occupation dela cite. 4 juillet 1833, Champlain, nommé «commandant de Quebec» fonde la colonie des Trois Rivers, a fembouchure de Tactulervre Saint-Maurice I imeurt deux ans pis tard ‘TT mai 1642 Une cinguantaine de Francais debarquent en Nouvelle-France avec, & leur téte, fofficier Paul de Chomedey de Maisonneuve tla religuse Jeanne Mance, qui fondent Vile-Marie.Lacité pren- dra plus tard le nom de Montréal 1646-1660 GGuerres indiennes :es Iroquois attaquent sans répit Hurons fet Algonquin, alles des Francais. 1860 Debut dela construction du Che- ‘min du Roy, une route de 280 kiio- ‘metres rellant Québec & Montréal. Avril 1663 ‘Avec Louis XIV et son secrétaire Etat ala Marine Jean-Baptiste Colbert, a Nouvelle-France entre désormais dans le domaine royal Un nouveau systéme administratif est mis en place avec la nomina~ tion dun gouverneur et dun Intendant ala téte dela colon. 28 mai 1664 Colbert dissoutla Compagnie des CCent-Associés pour la remplacer parla Compagnie des Indes occiden: tales. Selon lui la pre- rmiere a échoué dans sa tache d’établir une colonie de ppeuplement en Amérique. 1664-1673 Afin accroltre la population, pres de 800 jeunes filles, pour la plupart parisiennes, sont envoyées fen Nouvelle-France dans le but 'épouser des colons et fonder ‘ne famille. En 1673, la popu: lation a double, passant de «3000 a 6700 ames», selon Fintendant Jean Talon. 16 novembre 1686 Louis XIV et le nouveau roi Angleterre, Jacques Il signent un 1665 strate de neutralté» concernant le continent nord-americain, Envoi de 1400 soldats du régiment de Carignan-Saleres pour ‘empécher les invasions roquoises et arivée de 1200 famnilles originaires de nombreuses régions de France (Perche, Poitou, Charente, Normandie.) 5 andt 1689 1667 Massacre de Lachine, village Colbert, prlebias dela Compa- | tll Sues era ected eset aie fh une atane decors ont favorise une négociation de paix ‘tués par des Iroquois, armés par Gaclestenrbctis tbe | sabgustcer seceuoe Indemesaiiesdestraas. | tage'fatoate nee edtut ae dcis-pemee mere Fondtiondelatasonseay |
  • La question fait debat aupres des archéologues et anthropologues. Lors d'une période glaciaire sétalant de 100 000 4 5 000 av. J.-C, les premiers Amérindiens, venus ‘Asie, ont franchile détroit de Bering, alors vaste banquise reliant les actuelles Sibérie a TAlaska, Les études scientifiques ameéri- caines du XX* sigcle ont avancé que Foccupation. du tertitoire canadien remonterait entre 15 000 et 5000 av-J-C. Des pointes de flaches retrouvées en. 2003 au sud du Québec ont permis de dater une premiere présence humaine dans la province 10000 avant notre ére. Mais cette chronologiea été remise en cause parune étude de 2017 sur des osse- ‘ments humains trouvés dans la grotte de Blue Fish Cave, dansle Yukon. Des anthropologues ont prouvé quils dataient de 25 000 ansav.J-C.!Sila date pre cise de Farrivée de ces «paléo-Indiens> reste incer- taine, leur provenance exacte, elle, est désormais, connue. En mai 2020, une étude dirigée par I'ns- titut allemand Max-Planck a démontré Fexistence un gene commun entte des ossements de chas: seurs de la région russe du lac Bafkal, datant de 13500 av. J-C, et ceux des premiers Amérindiens. CES POPULATIONS ETAIENT-ELLES NOMADES OU SEDENTAIRES ? > ATorigine nomades (elles ontttraversé le détroit de Bering en suivant les migrations animales), les. trois ethnies présentes sur les terres canadiennes = Inuits, Algonguiens et Iroquoiens ont ensuite adopté un mode de vie semi-nomade. Sans doute a partir du II millenaire av. j~C estiment les his- toriens. Les Inuits, installés dans la région polaire de la baie d Hudson, chassaient les mammiferes marins en été pour rejoindre leurs iglu («maisons de glace» dans la langue inuktitut) en hiver. Les Innus ou Montagnais ~de culture algonquienne ~ remontalent es rivieres & Tarrivée du printemps, pour revenir dans leurs campements au nord du fleuve Saint-Laurent des la fin de Tautomne. Mais. Jes tribus iroquoiennes, situées dans la région des Grands Lacs, devinrent, elles, sédentaires. Ainsi, les Hurons fonderent des villages agricoles ott le ‘mals, la courge, la feve et le topinambour étaient ccultivés a perte de vue. Cette différence sest tra- duite dans Phabitat. Si les algonquiens vivatent dans des wigwam, tentes recouvertes de peaux rappelant les tipis des Amérindiens des Plaines (Sioux..), les Iroquoiens, eux, résidaient dans de Jongues maisons en bois de cédre.Certaines habi- tations pouvaient mesurer jusqu’a 60 metres de long et abriter jusqu‘'a 200 personnes, COMMENT SE COMPOSAIENT CES SOCIETES ? > Dapres Jacques Lacoursiére, auteur d'une His~ toire du Quebec des origines a nos jours (éd. Nou- veau Monde, 2005), les peuples algonquiens (Algonquins, Micmacs, Malécites, Innus/Monta- gnals, Cris, Ojibwés..), et iroquoiens (Iroquois, ‘Hurons, Eriés..) se seraient divisés en nations en suivant les cours d'eau entre 1000 av. J-C. 4 1000 apt |-C.). Ces tribus se sont, plus tard, séparées en. fratries «Au XVII siécle la confédération huronne était composée de huit clans», explique Phistorien Gilles Havard dans LAmérique fantome (éd, Fiam- ‘marion, 2019). Lorganisation était assez similaire une population a autre -les hommes chassaient ‘et péchaient tandis que les femmes se partageaient les taches domestiques (tannage des peaux, confection de vétements, préparation des repas, récolte..)-La notion de partage des biens a empé- ‘che Fémergence une société de classes eta men- dicité était inexistante, comme ont constate les premiers colons francais. Il existait toutefois une Aifférence sociale fondamentale entre Algonquiens. cet roquoiens. Ces demniers évoluaient dans un sys- ‘t@me matrilinéaire (un enfant appartenait tou- jours au clan de sa mere) et matriarcal (les chets. 6taient choisis par les femmes les plus agées duu village). Chez les Algonquiens, la société était davantage patriarcale avec des chefs ¢lus unique- ‘ment sur leurs aptitudes & faire la guerre. Les eee GEO RISTOIRE 33, ‘aaa LES ORIGINES coureurs de bois», ces explorateurs francais partis dans les forets de Fouest pour faire com- merce de la fourrure, furent impressionnés par esprit militaire de chefs de nations algonquiennes ‘comme les Potawatomis (région du lac Michigan) ‘ou les Abénaquis, au sud du Saint-Laurent. Y AVAIT-IL DES ECHANGES COMMERCIAUX ENTRE LES TRIBUS ? > Le troe seffectuait partout. Les autochtones DuSaint-Laurent aux Grands Lacs, deux familles linguistiques dominaient : algonquienne et iro- 4quoienne.A Tintérieurde ses groupes cohabitaient une multitude de dialectes similares. Ainsi, les. peuples du lac Supérieur (Cris, Ojibwés, Saulteux. ‘et Ménominis) pouvaient plus ou moins se com: prendre. Linu, langue algonquienne parlée « 34 GEOHISTOIRE UNE GALAXIE DE TRIBUS REPARTIES DU SAINT-LAURENT AUX GRANDS LACS lag Nipigon uperie, oc SUPErey, Appelésainst cause de te Bate d'uudson % coffe mppelant la hhuredtun sanglier, ces autochiones vallierent aux Franeuis pour com- atte leurs enne: ‘mises Iroquois. y B 2 Georgjenne a cane yo! ey a Golfe du Saint-Laurent GEO HISTOIRE 35 Ul LES ORIGINES. AU CCEUR DES CROYANCES : ANIMISME ET INTERPRETATION DES SONGES par les Innus/Montagnais était proche de Tidiome des Cris, deux dialectes pourtant distants de 2.000 kilometres ! Lorsque la communication verbale était impossible, la gestuelle jouait un role important. Le huron servait, lu, de langue ambas- sadrice dans la région des Grands Lacs, La maitri ser permetait 'entrer en contact avecles nations ioquoiennes Pour apprendre ces langages autoch tones et favoriser le commerce de la fourrure ~ des interprétes francais, appelés «truchements», furent envoyes au sein de tribus des le debut du XVIT' siecle. A Vinverse, des Indiens étaient «recru- tes» par des explorateurs pour parler le francais. Le jeune Huron Savignon, confié a Champlain en 1610 enracina ainsi «I'amitié> franco-indienne dans la vallée du Saint-Laurent. Mais devant le peu dentrain des autochtones a apprendre une langue étrangére, les missionnaires récollets puis jesuites, arivés entre 1615 et 1625, traduisirent des dialectes en latin. En 1622, le pere Gabriel Sagard (1590-1636) publia un Dictionnaire franco-huron tandis que les ursulines de Québec rédigérent, en. 1639, des textes religieux en iroquoien et algon quien. Au fil des siécles, le lexique francais s'est enrichi de mots algonquiens comme tomahawk (hache de guerre), sachem (chef) ou encore tobog: gan (traineau). Et certains lieux géographiques sont un héritage linguistique de Amérique indienne : Quebec vient d'une expression des Mic: macs, kebec, qui désigne «I'endroit ot le fleuve reétrécits, tandis que Canada est une déformation du terme iroquoien kanata, signifiant village QUELLE ETAIT LA PLACE DE AARELIGION ? Elle ¢tait Ia clef de vodte des sociétes amérin dienes. Lesautochtonesn/honoraient aucun dieu. cetne possédaient pas de lieux de culte. Animistes, lls considéraient tout étre vivant ou objet comme habite par un esprit. «Avec cette croyance, ils pen 36 GEOHISTOIRE salent qu'un homme pouvait se transformer en serpent ou en pierre, entendre le langage des. oiseaux, ou voir dans les ¢tollesfilantes le présage drune guerre», note Gilles Havard. Les esprits étaient sans cesse honorés, en particulier ceux des ‘morts, tres redoutés. Une figure spirituelle simpo. sait dans les villages :Ie chaman. Appelé oki dans les tribus iroquoiennes ou manetowa (manitou) cchez les Algonquiens, il soignait les maladies, sou: vent a Faide de plantes médicinales, Dans des tentes a sudation, oit'on fumait du tabac dans un calumet, il chassait les esprits démoniaques. Les missionnaires récollets puis jésuites, venus en Nou. velle-France pour évangeliser les Amerindiens, naffichaient que mépris pour ces «imposteurs» Horrifies parla «sauvagerie» de cette fol indienne, oo festins orgiaques et interprétations de songes étaient la norme ils tentérent dela remplacer, avec ifficuté, par les paroles du Christy eut quelques conversions réussies, a image de Kateri Tekakwi- tha (1656-1680), une Algonquine devenue reli gieuse. Beatifiée par Jean-Paul Il en 1980, elle est. Ja premiere sainte amérindienne du Canada, QUAND EST APPARU LE METISSAGE ENTRE AUTOCHTONES ET FRANCAIS ? Difficile de le dater avec précision. Des histo- riens canadiens comme Philippe Mailhot consi derent qu'une premiere génération de métis « ‘A Drouers-Tsionhialvatha, atest du lac Ontario, existatunvilage lroquolen au Xv" et xvr sce. Les archéoogues y ont reconstitué lune maison longue en bots hab tat ypique de ces peupes. Cette sdemeure abritalt des femmes ui confectionnaient tambours let mocassins, tandls que les hommes fabriquaient des haches de guerres, appelés tomahowks parles peuplesalgonquiens Pour fire commerce, les auto: chtones troquaient des wampuns, des ceintures de peres. ‘Cea LES ORIGINES. ‘Sur cette ilustraton améticaine du XIX" sil, un chef huron erwoie des signaux de furnée pour dédlarer la guerre a une tribu roquose DES VIRUS VENUS D’EUROPE AURAIENT DECIME LA MAJORITE D’ENTRE EUX ‘eee serait apparue des les années 1620. Un bras- sage sexpliquant parla présence de «truchements» dans les tribus des le début du XVIF siecle, puis de «coureurs de boise dans les «pays d’en haut» (Ouest) «Adoptés» par les chefs amérindiens, ces Francais participaient, entre autres, a des «festins de fornications», nommeés ainsi par les jésuites. es cérémonies oit les femmes choisissaient les hommes avec qui passer la nuit. Oubliées par les registres paroissiaux, ces unions «sauvages» donnerent naissance a quel- ques grandes figures métisses, tel Charles Lan- slade (1729-1801). Ce fils d'un «coureur de bois» et d'une Outaouaise devint lieutenant au sein de la colonie lors de la guerre de la Conquéte, de 174.1763, opposant la France aux Britanniques. On retrouve aujourd hui des descendants de metis partout au Canada, notamment dans le Manitoba. Les 46 000 Franco-Amérindiens de cette pro- vince y parlent le métchif, une langue mélant le francais au dialecte des Cris. CES PREMIERES NATIONS SE FAISAIENT-ELLES LA GUERRE ? > Les contflits étaient permanents. Une guerre fra- tricide entre des peuples iroquoiens et les Cing- Nations iroquoises du lac Ontario existait deja au ‘moment ot! le navigateur francais Jacques Cartier (1491-1557) remonta le Saint-Laurent, en 1534. Lori gine du confit étaita recherche d'un chimeérique royaume de Saguenay, eldorado boréal qui fit fan- tasmer les colons. Pour étendre leur teritoire, les. Iroquois sen prirent ensuite aux Algonquin, Hurons et Montagnais. Des le début du XVII siecle, ces trois derni¢res tribus Salliérent aux Francais, Jesquels saisirent Fenjeu d'une telle alliance : un enrichissement par le commerce des fourrures. ‘Toutautlong du siéce, les iroquoisattaquerent sans xépit les peuples voisins : Mohicans et Abénaquis Aest, Eriés, Miami et Illinois a Fouest, Hurons et ‘Népissingues au nord. Armés partes colons anglais, situés au sud, les redoutables guerriers iroquols. affaiblirent alors la Huronie et massacrérent 200 colons Lachine, prés de Montréal, en 1689. Apres un siécle d'hostilités, quarante nations ameérindiennes ~ sous l'égide du gouverneur de Ja Nowvelle-France et d'un chef huron nommé Kondiaronk (1649-1701)- et les Cing-Nations signérent un traité de Grande Paix, a Montréal, le 23 juillet 1701. Une pax amerindiana fragile. Au XVIII" siecle, lors des guerres franco-britanniques. dans la colonte, les roquois s engagerent aux cotés des Anglais alors que les peuples algonquiens restérent fideles aux Francais. Apres le traité de Paris, en 1763, qui vit la France abandonner sa colonie nord-américaine la Couronne, des chefs de guerre pro-francais tels que le Outaouais Pon- tiac (1714-1769) déclencherent un soulevement panamérindien dans les colonies de la Nouvelle- Angleterre. Et les Iroquois ? Alliés aux Britan- niques lors de la guerre d'indépendance améri- caine (1775-1783), ils virent leurs terres ancestrales ‘occupées par larmeée de George Washington en 4779. La fin dun peuple prédateur. DES EPIDEMIES ONT-ELLES FRAPPE CETTE AMERIQUE INDIENNE ? > Elles ont été dévastatrices ! D'aprés Phistorien Denys Delage, auteur de Le Pays renverse (éd. duu Boréal, 1985), 300000 Ameérindiens vivaient sur Ie territoire québécois lors de T'arrivée des pre- milers pécheurs européens, ala fin du XV" siecle. Les maladies, contre lesquelles ils nétaient pas. immunisés, auraient décimé entre 50 et 65% de cette population, en espace de trois siecles. Des épidémies de rougeole, choléra, grippe, syphilis, typhus, coqueluche et peste bubonique ont décimé, entre autres, les Micmacs et les Algon- 4quins, premiers peuples entrer en contact avec les colons. Frappés par la variole entre 1634 et 1640, «la population des Hurons passa, elle, de 300009000 habitants», dit Gilles Havard. Les peuples iroquoiens rendirent les jésuites respon- sables de ces fléaux qu'il assimilaient a de la sor- cellerie. D'ou des missionnaires assassinés, tels. le pere Jean de Brébeuf en 1649. . IEAN-FRANGOIS PALLARD GEOHISTOIRE 39 ‘Cala LES ORIGINES ve LES REVENDICATIONS DES AUTOCHTONES SONT PLUS MEDIATISEES aa Histoire: Aujourd ui, combien ‘d Amérindiens vivent au Québec ? Giles Havard faut dabord preciser que Je Canada cistingue trois peuples : les Indiens, appelés Premieres Nations, les Inuits etles Métis. Le Québec comptabiise tun peu plus de 100 000 autachtones, soit 12% de la population Ils se épartissent officiellement en 55 communautes et 11 «nations» : Mohawks (Iroquois), Cris, Innus (Montagnais), Anichinabés (Algon- ‘uins),Atikarmeks, Micmacs|Hurons-Wen- dats, Abenaquis, Naskapis, Malécites et enfin nuts. usquic, aucune communauté _metisen'a etéreconnue au Québec alors ‘que beaucoup dindividus se revendi- ‘quentmétis.Cette question dentiare est cceptent de troquer fourrures contre couteaux. IIs ppourralent se montrer «faciles & convertir en notre sainte fob, estime Jacques Cartier. La nature aimable des autochtones se confirme lorsquen juillet, fequi- ‘page, quia repris sa route, atteint la baie de Gaspé. Nous descenidimes librement au milieu d'eux, dont ils se réjouirent beaucoup, et tous les hommes se mirent chanter et danser en deux ou trois bandes, ct faisant grands signes de joie pour notre venue, crit Jacques Cartier, relatant sa rencontre avec les Iroquoiens venus de Stadaconé (qui deviendra Que- ‘bec) pour pécher le maquereau. Une fois affirmée la présence francaise en instal- lantune croix de 9 metres de haut etn écriteau qui pproclame Vive le Roy de France's, 'équipagerepart ‘pourtenter de contourner ile d'Anticost parle nord: impossible davancer, tant les courants sont puis ssants. LA encore, on espere un passage... Héla, la sai- son est trop avancée pour explorer plus avant. Ma- rin émérite, Jacques Cartier sait qui Iu faut rentrer sous peine c'étre bloque parle glaces, alors que ses moyens sont insuffisants pour passer I'hiver sur place. «Pour convaincre Frangois I" de mener eee GEO HISTOIRE 45 CO LA DECOUVERTE 46 GEOMISTOIRE Enthonneur du roi de France, Jacques Cartier fait riger une cob dans le vilage ro- ‘quoien de Sta- daconé (stué sur emplacement de fa future ville de Québec), preigu- rant Tarivée des fetes mineurs récolletset des jsuites un demi- sll plus tard PAR LA RUSE, IL RAMENERA EN FRANCE DEUX IROQUOIENS ‘e00 une nouvelle expédition, Carter sait qu'il plu- sieurs arguments pour lu : les possibilités de trou- ver la vole vers Touest n’ont pas été toutes explo- rées, De plus, il emmene Domagaya et Taignoagny, fils de Donacona, roi des Iroquoiens, quill aconvain- cus parla ruse de monter &bord. Ils seront la preuve que la terre sera facile & colonisers, explique Yves Jacob. Arrivés en France, en septembre 1534, les Ir0- uoiens raconteront que leur terre renferme egrande quantité d'or et de cuivre rouge. Apres avoir convaincu le roi, Fexplorateur repart ‘avec un équipage de 112 officiers et matelots, Ty ala assez darguments pour que le roi décide de financer une deuxieme expédition, en ymettant des moyens plus conséquents. Bt moins cFun an plus tard, le 19 mai 1535, a Saint-Malo Cartier reprend la ‘mer avec un imposant équipage compos¢ de trois bateaux de la marine royale, La Grande Hermine, na- ‘vireamiral, La Petite Hermine et LEmerillon. Abord, 112 officiers et matelots, mais aussi quelques nobles en quete d'aventure et un commissaire de bord, Jan Poulet, sire de Dol, charge de rédigerle futur rapport au rol. Cette fols-i, passée Fétape de Terre-Neuve, les navires filent directement vers Iile d Anticosti quilscontournent parle sud. Et Cestainsiqu’a lami aout, espérant de nouveau avoir trouve la fameuse vole vers la Chine, Jacques Cartier devient le premier navigateur européen remonter efleuve Saint-Lau- rent au-dela de son estuaire. Un mots durant, au rythme d'une navigation lente, !équipage observe avec attention les tives. Ala mi-septembre, il jette Tancreaux abords dune riviere, que Cartier nomme Sainte-Croix, en face du village de Stadaconé Prudent, le marin décide de poursuivre la remon- tée du fleuve avec un seul bateau, -Emerillon. Mais le 2octobre, lorsque I équipage atteint Ile d Hoche- Jaga, Cest une nouvelle déception : des «sauts d'eau Impérieux» empéchent les explorateurs aller plus Join.La route pour la Chine rest pas encore trouve ‘Comme une consolation, Pile conforte les impres- sions du premier voyage. Cartier y voit «les plus belles et mellleures terres qui soient, des vignes chargées de raisin», «des chénes aussi beaux qu'il yen ait en forét de Frances. La bourgade de 3000 habitants ewe GEO HISTOIRE 47 LA DECOUVERTE Entouré de courti- sans, Francois éeoute le réct des découvertes de Cartier (tableau de 1908). Mais Fexporateur ne parviendra pas | convainre le roi cet fnancer un ‘uatritme voyage. 48 GEOHISTOIRE est prospere et accueillante... Autant de pré ‘misses favorables a une possible colonisation...Une {ois baptisé'endroit «Mont Royals (actuel Montréal), Jacques Cartier repart pour Stadacone. Mais durant son absence, les relations se sont dégradées entre les marins restés sur place et les autochtones, lesquels ‘ont compris que les cadeaux quis avaient regus , es interprétes quil a envoyés dans les nations in- diennesafin de favoriser les échanges. Des lors, des familles arrivent chaque année pour s'nstaller en "Nowvelle-France Leréve de Champlain est enfin en marche. Héla, ce demier rien verra jamais Fabou- Lissement.Frappé d'une rise @apoplexie lséteint A Québec le25 décembre 1635, age de 65ans. Tous les colons se rendent 2 lenterrement de celui qui serabientotreconnu comme un colonisateur huma- niste, jamais le «perede la Nouvelle-Frances. {MARC OUKKNON 60 GEOHISTOIRE La four du castor canaden- sis rongeur des iennes, posséde tun pot qui donnait unlustre excep- tionnel aux cha- ppeaux alamode dans Europe du XV siece Unalele LES PIONNIERS SUR Au début du XVII° siecle, les colons ont été gagnés par la fievre de I’«or brun» : le commerce de la fourrure de castor. Pour traquer l’animal, les «coureurs de bois» se sont aventurés, en solitaires, au plus profond du pays amérindien. Si certains ont fait fortune, beaucoup y ont perdula vie. Cotte gravure americaine du XIX siecle offre une image romantique du cou: reur de bois. Mas laréalté état plus cruele pour ces hommes quaffron- talent tous les dangers, GEO HISTOIRE 61 anslatribu des Montagnais, {se nommait «amiscou- Chez les Hurons, il était stfoutaye>. Quel que soit son nom, le castor d'Amé- rique du nord a jouéun role essentiel dans histoire de la Nouvelle-France. Avant artivée du navigateur Jacques Cartier dans em- bouchure du Saint-Laurent, en 1534, les pécheurs francais de morue, longeant les cOtes du continent nord-américain, troquaient deja avec les «sauva- ‘ges, des perles et du tabac contre a peau de ce ron- ‘geur Ce «commerce de pacotilley, selon Thistorien ‘quebécois Laurier Turgeon (auteur d'Histoire de la Nowvelle-France, éd. Belin, 2019), prit de Tam: pleur vers 1550 ott pres de 20 000 fourrures par an étaient acheminées vers les ports normands. Pour sassurer un approvisionnement régulier, les premiers colons ~ des marchands debarqués vers 1600 ~jugérent nécessaires dintensifier ces liens commerciaux avec les autochtones. Lexplo- rateur Samuel de Champlain (1574-1635) Favait bien ‘compris lorsqu'l eta Tancre a Tadoussac, premier ‘comptoir de la colonie, situé sur le Saint-Laurent. I1scella, en 1603, une alliance avec les Montagnais, peuple de la rive nord du fleuve, afin d'étendre davantage le terrain exploitation. Dans la foulée, ‘Champlain proposa Faccord avec les Algonquins, voisins des Montagnais, les Malécites, situes sur la rivesud du Saint-Laurent, mais aussi les Hurons, au. nord-ouest du lac Ontario. sor brun» devint une aubaine pour les colons pour les vingt années sul vantes: valeur étalon des échanges entre Amérin- 62 GEOHISTOIRE Cartographe, (Champlain avait dessiné, en 1613, ce plan de Tadoussac, pre rier comptoir ela colonie, fend en 1600 AaTembouchure 4 fleuve Saint- Laurent et dela rivere Saguenay. diens, ses ressources semblaient inépuisables dans ce vaste territoire de lacs et de rivieres. Et aucune ‘main-d'ceuvre européenne n‘était nécessaire !Les ‘chasseurs autochtones se chargeaient de préparer Jes peaux et se déplacaient eux-mémes pour les. vendre dans les comptoirs de Tadoussac et Qué- bec. La transaction était rapide etefficace -unfusil contre six peaux. Ce troc, rentable pour les mar- cchands, satisfaisait les Hurons, heureux d'obtenir des armes a feu pour attaquer leurs ennemis : les Iroquois situés au sud du lac Ontaria Une fois ven- dues les peaux étaient empaquetées dans des bal- lots préts a étre embarqués pourle Vieux Continent. Is prenaient ensuite la direction des chapelleries du royaume de France oit la noblesse et la haute bourgeoisie achetaient a prix dor des chapeaux et hhauts-de-forme en poils gras de castor. De Fautre cOté de FAtlantique, des interpretes ‘comme Etienne Brai¢ (lire page 68), appelés «tru: chements», servirent dintermédiaires pour déve- lopper ce commerce de la fourrure entre chefs amé- rindiens et négociants. Maillons indispensables a latralte, es Francais, souvent tres jeunes, partirent vivre de longues années chez les «sauvages» afin de se familiariser avec leurs us et coutumes Dabord. CES AVENTURIERS ONT OUVERT DES PISTES DANS DES TERRES INEXPLOREES ‘Abord de leurs ca- nos, es «coureurs debois», forcats des rveres, dé falenties rapides pour acheminer leur butin (gravure ‘du XIX side). Les fourures étaient ensuite expédiges vers "Europe, cconsidérés, ces traducteurs tomberent ensuite en disgrace a partir des années 1620 lorsque les mis- sionnaires jésuites, tout juste debarques en Nou- velle-France, jugérent leurs moeurs dissolues. ‘ATorée de 1630, la colonie était devenue «un for- midable entrepdt de peau de castor», pour reprendre expression de Thistorien québécois Marcel Trudel dans son Histoire du Canada pares textes (1965). Mais les guerres indiennes bouleversérent ce com merce. Déjaaffalblis par une épidémie dévastatrice de variole, en 1634, les Hurons furent décimés par des raids d'Iroquois armés & Toccasion par le prin- cipal rival dela France en Amérique du nord :!An- ‘gleterre. La population de THuronie passa ainsi de 30 000 2 seulement 9000ames. La quasi-dispari tion de cette zone au fort potentiel commercial obli- ‘gea les colons a voir plus loin. Désormais, pour LES PIONNIERS continuer & exploiter les précieuses fourrures, i fallait se tourner vers des contrées encore inexplo. rées : ]Ouest sauvage. Ft cette conquete fit émer: ger de nouvelles figures : les «coureurs de bois» Ces aventuriers quittérent, a partir de 1635, la val: ge du Saint-Laurent pour explorer les «Pays en haute, surnommés ainsi car pour y accéder, i fal- lait remonter les rivieres en pagayant dans des canoes. «A la difference de la région du Saint-Lau. rentet de FAcadie, surla cote Est, ce vaste teritoire, centre du monde de dizaines de milliers 'Amérin- diens els que les Outaouas, les Ojibwés ou encore les Cris, était dépourvu d'un maillage colonial administratif et économique. Seuls quelques témé- raires missionnaires au service d'ordres religieux —j€suites, récollets sulpiciens -y étaient présents: explique Thistorien Gilles Havard, auteur de eve GEOHISTOIRE 63 ‘Maca LES PIONNIERS L:Ameérique fantome (é. Flammarion, 2019) Equipés par les marchands, des centaines de jeunes. ‘hommes (paysans,soldats démobilisés, mais aussi quelques fils de bonne famille.) pénétrérent dans aprofondeur des boise, pouraumoinstne année, afin de nouer contact avec les tribus les plus élol- ‘gnées et troquer leurs marchandises contre des eaux de castor. Les autorités coloniales inven- {erent alors le terme de «coureurs de bois» pour designer ces pionniers partis traiter la fourrure sans autorisation et dontle mode de vie oisif était perc comme un déclin social Pour atteindre les régions reculées des Grands Lacs et de la bale d'Hudson, le voyage était une redoutable épreuve :attaques ct Amérindiens bel- liqueux, traversées de dangereux rapides, sans compter la faim, le froid et les maladies... Autant de situations tombées helas dans Toubli. La plu- part de ces téméraires étant analphabetes, 2 part ‘quelques exceptions comme Pierre-Esprit Radis- son (lire page 70), ils ne purent transmettre par écrit leur epopée. si la plupart perdirent la vie en ‘chemin, les survivants batirent de solidesalliances avecdes peuples tels que les Saulteux, les Potowo- tomis ou les Fox (Renards), situés entre les lacs ‘Michigan et Supérieur, a plus de1 000 kilometres de Québec Ils échangérent des armes a feu, des objets en argent et des produits textiles contre des fourrures dont la qualité savéra supérieure’ celles de la vallée du Saint-Laurent. Solitaires, perdus au milieu de cette nature sau- -vage, ils adopterent le mode de vie tribal des Amé- rindiens. Les missionnaires jésuites les virent ainsi rendre part a des courses a pied, jeu favori des autochtones,traquer des ours et des bisons en com- pagnie de chefs de guerre, pénetrer dans des wig- ‘wam (huttes) enfumées fin de se faire soigner par des chamans et se faite tatouer le corps a Timita- CERTAINS ONT MEME ADOPTE LES COUTUMES AMERINDIENNES tion de leurs hotes. Pour ces jeunes gens dans la force de Tage, convoler avec des Indiennes devint ‘monnaie courante. Ils épousérent de nombreuses autochtones se muant ainsi en «Indiens blancs». Dénoneées par les dévots, ces unions firent pour- tantle bonheur de ces «coureurs de bois» qui appré- ciaient les services de leurs concubines: confec- tion desrepas fabrication de mocassinsetraquettes deneige,cueillettedesherbesmeédicinales, prépa- ration des peautx...D2s 1650, une premiere généra- tion de méts fit son apparition dans les Pays d'en haut. Une sindigenisatione francaise qui se déve- Joppa jusque dans Factuelle province canadienne de Manitoba, 22500 kilometres de Montréal | Mais le commerce de ces forcats de la rivigre, pratiqué en toute llegalitéalapéripherie de a co- Jonie, agaca Yadministration coloniale «Sion n'y prend garde ilsdeviendront commeles bandits de Naples ou les boucaniers de Saint-Domingue>, sinsurgea, en 1672, le gouverneur de la Nowwvelle- France, le omtede Frontenac. lsr‘étaient en réa- lite qu'une centaine. Ces hommes indépendants 4ui filaient en dehors des contraintes de fadmi nistration et des compagnies marchandes étaient traites de vagabonds et de hors-la-lol alors quis étaient desbétes de somme brisées qui apres avoir payé leurmatériel et leurnouriture rfétaient guere plusriches. image romantique de ces aventuriers La chasse au castor ‘exigeait un materiel lourd a transporter. A bord de ‘canogs en écorce de bou- ‘eau, les trappeurs remon: talent les rvgres pour poser leurs pidges (comme ‘i-dessous) dans les pro- fondeur des bois. animal était ensuite depece a "aide dun coutelas (ct contre, une lame d'époque) qui pagayaient, chantaient etjasaient est fausse>, souligne I'historien canadien Philippe Mailhot. Face a cette situation, Louis XIV décida, en 1681, de mieux encadrer Factivité. Désormais, i fallait etre doté un permis officiel pour la traite de la fourrure. Cette nouvelle réglementation laissa place une societé plus organisée, de «voyageurs profes- sionnelse, commelemilitaireet commercant Pierre Gaultier de La Vérendrye qui ouvrit, vers 1740, un. «chemin deaus de 2 300 kilometres entre Mon- tuéaletle lac des Bois. Le systeme s'écroula avec la. fin de la présence francaise dans la colonie, en 1763. Avec des consequences directes pour les Amérin- diens. Tout au long du régime francais, les Indiens des Pays den haut furent 'indispensables parte- naires des colons Lorsque les Britanniques prirent possession de FOuest, ils se comportérent en occu- pants plutot qu‘en alliés», conclut Gilles Havard, Malgré cela, une dizaine de «coureurs de bois» continua a opérer, au nez.et& la barbe des autori tes, jusqu‘au debut du XIX" siecle. En suivant tou- jours cet appel dela fourrureet dela liberté. m= VALERIE KUBIAK GEO HISTOIRE 65 Le LES PIONNIERS cefutun choc. Lorsquitle croisa, en 1615, vétu dun pagne, de mocassins, a peau et les cheveux en- its de graisse animale, Samuel de CChamplanreconnut pene ceiiqul appelait «son garcon» : Etienne Brble. Cinq ans plus tt, explorateur avait remonté le Saint-Laurent en Compagnie de e jeune colon avant dele aisser au milieu dela forét pour entrer en contact avec les Ameérin- dens dela région des Grands Lacs. Ce quila vecu dans ces «Pays den haut»,comme fappelaientles Fran- ‘ais, personne nele saura vraiment. Car clu qu avait quite ls rives de saMame natale pour ces plus sau- vages, du Saint-Laurent na lassé aucun réct. Ce que fon sait de son parcours se résume aux rapports de ‘Champlain et de mis- sionnaies esultes qui le encontrerent. Etienne Brie serait arrive dans la colonie as Brile, quipoussasiloinles lites, du truchement> quilinscrivt son nom dans Histoire ‘Champlain etrouva donc le jeune aventurier en 615, 3 Foceasion dun rendez-vous de trate de la fourure. Face alu Brlése tle porte-parole des Hurons,lesquels réclamaient le soutien des colons dans un confit contre les iroquols, leurs ennemis, jurés. Toujours avide aventure, cet ‘Indien blanc» exploraensuitelepays des Andastes, au sud de Nroquoisie, etftrécitde son voyage a Champlin. Brole aurait descendu la riviere Susquehannajusqu’labaiede Che- sapeake, ce quierat de ile premier Européen a avoir tra versé lactuel Etat aia amercain de Pennsy- vanie. Au printemps Les oauols, wpurrorture —_1616.serendit ensuite en1608.AgédeTSans, aus secHappA _cHezes Iroquois oti limontravteun inerét our es teresinexplo rées de! Ouest.Cham- plain, qui n'avait de ‘cesse de nouer des allances com merciales avec des tibus autoch tones, le pit alors sous son alle our en fake un «truchement» Un interprete maltrsant ls lan gues indiennes. Comme lui, des traducteurs du Nouveau Monde étaient ewvoyés pendant plusieurs ames au sein de tidus pour ser vir ‘agents de liaison. «La plupart nize eux simples rouages dans a trate des fourures, resterent ano- nymes», explique Ihistorien Giles Havard, auteur de Amérique fon- téme (6d. Flammarion, 2019), Mais PAR LATUsE_ futcapturépuistorture avant de s'échapper parlaruse.Devantlap- parition d'un orage, i aura annonce a ses bourreaux"at- rivée dun chatiment dvin.A-t-lexa- ere cette anecdote? «'asans doute Inventé une parte de cette histoire our pare a son maitre et pour jus- tier auprés des Hurons sa présence chez leurs ennemis iroquoise, sou- ligne Gilles Havard. Dans les années qui suivirent, le -truchements pénétra encore plus loindans es Pays cen haut, jusqu'au lac Supérieur. MasFnterprétecom- rmenca’ agacer administration colo- riale dansles années 1620.Cherchant ASenrichi—isiassociaita des mar- LVVINTERPRETE DEVENU INDIEN chands privés pour faire commerce ea fourrure ~ sareputationfutter- nie par des missionnaires jesuites. Dans ses rapport, le pere Gabriel Sagard, condamna Brilé pour sa “emauvaise vie» en Huronie, «ant- chambre de a chretienté». En 1629, sous la pression des «robes noes (le Glergé état unimportantinvests- seur dans les compagnies mar- chandes de la Nouvelle-France), ‘Champlain fnit par discréditer son angen protégé Le décin continuaen 1629 lorsque Bre apporta son sou- tien aux corsaires brtanniques qui stétalent emparés de Québec. ly vit Toceasion de faire de nouvelles, affares..Maislorsquela vile redevint francaise, trois ans plus tard, passa du statut d'sndien blanc» a celui de tralve.Brtléeutbeauamerquilavat ag) sous la contrainte anglaise, le royaume de France lu tourna le dos Le «truchement» disparut une nouvelle fois dansles forts defOuest en 1633, Mas cette fos ren revit as, Comment estlimort? Selonle ere Sagard, fut «mange par ses frereshurons».lest probable quilfit plutotFobjet dune execution pour ‘reall des tribusrivales.Cham- plain ne chercha jamais a écaircir cette dsparton nia lancer derepré- sailes contre les Huron. «lI meritait la mort pour sétre rendu rebelle au roiet al patries, dita un chef de ‘guerre. Toujours est-lIque a mort de Finterpréte hanta les Amérindiens. Par peur de la vengeance de esprit «du mort, les Hurons abandonnerent le vilage ou i fut accueil vingt-tois ans pus tot vK 66 GEOHISTOIRE Le LES PIONNIERS Esprit Radisson arm les «coureurs de boise, Pierre Esprit-Ra- ddisson (1636-1710) fut un ‘cs. part. Contraiement a ses homologues, souvent ilettrés et provenant).lpossédait aussi un singuiler talent écriture comme le rouve ses Voyages, une des sources lesplusprécieusessurihistoire dela Nouvelle-France. Radisson debarqua sans doute dans la colonie en 1650 pour y re Joindre ses trois sceurs instalées a Trois-Riveres,surles| fives du Saint-Laurent. Un an plus tard fut LE GENTLEMAN EXPLORATEUR famille adoption, inven oubka pas ‘moins ses racinesfrancaises, Deux ans plus tard, proftant dune expé- dion dans a colon holandaise de Fort-Orange, dans Tactuel Etat de "New-York pour y troquer des peaux de castors i s'échappa et retourna a Trois-Rivieres. Mais lapel des grands espaces se fit a nouveau tentendee. En 1657, il accompagna deux missionnaies suites et cn- quante Hurons christianises qui avalent répondu a invitation des Onondagas, une tribu iroquoise. LLopération état unpege. Les Hurons furent massacres, mas les religieux sien sortirent indemnes grace ala roublaraise de Radisson. Connaissant les codes de roquol- sie, lorganisaun ban- quet gargantuesque caput prune obs LERMAN rans temose es Ons Siraecasreton conPacneDE fedirevpannte eae chasse. Un événement ABA gent comme desloups unson Qui allait changer le coursdesavie Devant les corps inertes de sescamarades,mutilésetscalps, le jeune homme de1S ans se vit ‘enduite les cheveux avec dela ‘raisse animale et barbouil le visage de peinture rouge, couleur e la vie pour les Ameérindiens. Adopt par ces ravsseursetinitié auxriteschamaniquessefitappe ler Orinha, enmémoire dun guerter 4e Mroquoisie. Lexpérience sembla lefascner. «Les Indiensacceptentia rudesse de cette vie en pein ar pro- ice auxsongese, éit- SiRacisson re cacha pas son attachement a sa ayant les yeux plus gros que la panse» nota-til Ason retour, ILdecida, par got pour faventure, de devenir=coureur de bois» Ce péripefutlepls «pcaresquen, pour reprendre expression de This- torien Giles Havar, Aecompagné du riche commercant Médard Chouart Des Groseilirs (1618-1696), i par- Courut, partir de 1659, les «Pays, en haut» (le grand Ouest) en pre- nantsoindéviterles roquots. Ayant refusé de se soumettre aux compa- {nies marchandes qui contrlaient le commerce de a fourrure, i voya- igea dans Iilegaté en cherchant de nouvelles voles d'approvision- rnement.Jouant dela poudre et des fusis pou lasser coir qu'lpossé- dait des , prit une mesure drastique concemant ces pionniets exploitation desterres étaient ‘désormais soumises «au soutien dune _ ope AS itaine de fa Nation mtn flat aot ppt efor? denotre pays, résume Francois Marc-Gagnon, his- torien de Tart & Montréal. Le destin de ce manus- crit est aussi fascinant que celui de son auteur. Né en 1634 a Aubenas, dans PArdéche, Louis Nicolas entra a 'age de 20 ans dans la Compagnie de Jésus, Est-ce au sein de la congrégation des jésuites quilapprita dessiner ?On 'ignore. Ordonné prétre, il débarqua en Nouvelle-France en 1664 pour convertirles Indiens au catholicisme. Depuis 1625, des centaines de compagnons exploraient les régions les plus teculées dela colonie. Lobjec- tif etait dese familiariser avecles Amérindiensafin demieux les rapprocher du Seigneur. Mais la prio- rité de Louis Nicolas rétait pas de répandre la foi chrétienne. Aprés trois années dans la vallée du Saint-Laurent, oi il dessina des Algonquins et la nature environnante, le prétre fut envoyé en 1667 vers le lac Supérieur, a environ 2.000 kilométres. Unlointain territoire ot la langue algonquine —quil avait appris& maftriser- était parlée. Les rapports publiés dans Relations des jésuites (1532 41572), racontent qu'il sintéressait davantage a «croque Je portrait d'indiens outaouais que de gagner leurs Ames». I fut rappeléa Québec en 1669, aprésune lettre de son supérieur déclarant «qu'il wetait pas fait pour cette mission». En guise de sanction, il fut conduit fannee suivante vers le lac Ontario, chez les Iroquois farouches ennemis des Francais. Quelle futla vie du religieux sur cette hostile terra incognita ? On nee sait pas. Toujours est-l quil en revint vivant, en 1671. Avec des dizaines de planches sous te brasreprésentant des villages ro- uois, des animaux et des plantes. Sa passion pour son art se révélant plus impor- ___Télunethnographe, Lous Nicolas a represent les Amérndiens tante que celle pourle Christ ilfurrapatriéen France Ue qunzaine de rations. un chef dela trbu des ino. €n 1675 puisrenvoyé des jésutes trois ans plus tard, Souhaitant faire publier ses ceuves ilrfobtintjamais Tautorisation de Tordre Sa trace fut ensuite perdu. (Quant aux dessins retrouvesa la Bibliotheque natio- nale de Paris dans les années 1930, ls font toujours Ie bonheur des historiens et naturalistes. . ‘DAVID BORNSTEN CARNET DE VOYAGE 4 Pegannachi q ae powehlles inuites a feu leg Miers Ie Jor raowyedya. la treet nese? gree, leserp, JA dieu dus lyfe lercog wank Un Algonquin danse avec un serpent dans les ‘mains pour invoquer le dew du Feu. Representé Iclavec esthetisme, ce rituelchamanique dspa- raltra, remplace par les pratiques catholiques Imposees par les ésutes. CARNET DE VOYAGE Cette ilustration du Codex rest pase résultat dune ‘observation I siagit de la caravelle de Fexplorateur Jacques Cartier remontant le fleuve Saint-Laurent, en 1534, Pour une raison inconnue, ele a pas été termine LE MISSIONNAIRE VOULAIT IMMORTALISER CETTE CONTREE QU’IL APPELAIT «PAYS DES EAUX» L bh, pesche dea a fee rs Ni wig fe Decrie celle S _ ETRE LES MAITRES _ DEL’AMERIQUE Batailles, siéges, blocus et déportations... De 1688 & 1763, la France et |’Angleterre s’affrontent sans reléche, sur terre comme sur mer, pour étendre et conserver leurs colonies nord-américaines, Mais le roi Louis XV, soucieux d'autres enjeux, finira par céder la Nouvelle-France a son rival. En 1745, 4000 soldats debarquent dans des chaloupes battant pavilon anglais Pee eet ee ocean eee ie ee) ‘naamuunatie LES CONFLITS PREMIERE GUERRE INTERCOLONIALE 1688-1697 PAR LA RUSE ET LA FORCE, QUEBEC RESISTE Po flotte anglaise essuie un déluge de feu depuis les remparts de Québec, comme le montre en détalce tableau du XIX siecle. 98 GEOHISTOIRE tout, ne pas revivre le cauche- ‘mar de 1629! Lorsque la guerre 6clate, en 1688, entre la France et Angleterre, les colons de la Nouvelle-France rfont qu'une crainte : voir es Britanniques reprendre Québec. Car cin- 4quante et un ans auparavant, leur ville était tom- ‘bée aux mains de corsaires la solde du roi anglais. Charles I* (1600-1649). Une occupation de trois. ans qui avait ruiné les marchands francais. Le car- dinal de Richelieu (1585-1642) avait utilisé ses talents de diplomate ~etTargent des caisses royales — pour obtenir la restitution de ce poumon éco- nomiique de la colonie Des ledébut dela guerre européenne dela Ligue tAugsbourg en septembre 1688, Louis XIV (1638- 1717) sait que le conflit va s’étendre sur le conti- nent nord-américain ott se trouvent les colonies britanniques de la Nouvelle-Angle- terre, surla cbte est des actuels Etats- par des habitants en état de choc. Deux mois plus tt, des Iroquois, alliés aux Anglais, avaient mas- sacré plus de 200 colons dans le village de Lachine, prés de Montréal. Et dautres nouvelles inquié- tantes lul parviennent. Une flotte britannique constituée cle 34 navires, avec a son bord 2:300 sol- dts, quitté Boston pour faite route vers Québec, tandisqu‘une colonne de 1000 Anglais et Iroquois, partie de New York, remonte le fleuve Hudson en. direction de Montréal. Le temps presse pour Fron- tenac. Le gouveneur se rend a Montréal et celle une alliance avec les Amérindiens outaouais et népissingues pour défendre la ville. Et Québec ? IL décide de la protéger lui-méme puisque Louis XIV lui annonce qu'il ne peut envoyer de renforts. Revenu avec 300 colons, i! voit, le 16 octobre, la flotte ennemie jeterTancre dans la rade. Les Anglais. sont persuadés que la prise de Québec sera aussi facile qu’en 1629. Sauf que la ville a changé. Cein- turée par des fortifications et équi- pée d'une batterie de huit canons, la Unis Et que Québec sera la premiere a ville haute — batie sur une falaise de ible. Perdre ce comptoirstratégique 4 120 metres de hauteur ~ est désor- surle fleuve Saint-Laurent signifie- mais une forteresse. rit la chute de la Nouvelle-France ! Dans la ville basse, protégée par Pour éviter le scénario de 1629, le ‘une large fosse, les 2.000 habitants Roi-Soleil nomme, en 1689, un nou- dressent des barricades. Vers 10 heu- ‘veau gouverneur : le comte Louis de res, ils volent une chaloupe anglaise Buade de Frontenac (1622-1698). Ce se diriger vers le port. Ason bord, un. militaire originaire de Guyenne, avait jeune officier porteur d'une missive deja occupé ce poste de 1672.2 1682. pour Frontenac. A peine débarque- Une premiere expérience désas- ‘vil uon ui bande les yeux afin quril ‘reuse. Davantage préoccupé par le ne releve pas les faiblesses de la commerce de la fourrure que la defense. Une dizaine d’hommes ne constitutiondunearmée,cethomme _Nommégouverneurde __cesse de le bouscuiler sur le trajet autoritaire avait favorisé la création de postes de traite (comme celui de Fort Frontenac, surlelac Ontario) et promulgué une loi interdisant aux marchands d'acheter des peaux de castors aux «coureurs de bois». «Sous prétexte d'opérations militaites, il envoyait ses associés aux postes de fOuest. On sapercut que ces expéditions lui permettaient de senrichir par Jataaites, écrit Phistorien canadien William Eccles dans son Dictionnaire biographique du Canada (€d. Université Laval, 2003). ‘Sattirant les foudres du Conseil souverain, pré sldé par Colbert (1619-1683), Frontenac fut rap- ppelé en 1682 car il navait pas rempli sa mission. ‘Sept ans plus tard, le réprouvé de la Nouvelle- France allait devenir son sauveut. Lorsqu'ilrevient. a Quebec, le 12 octobre 1689, a bord de son vais- seau L’Embuscade, le gouverneur est accueilli la Nouvele-France en 1672 puis 1689, e comte de Frontenac (1622-1698) defend ‘avec panache a colonie. afin de lut faire croire que la ville est surpeuplée. Devant Frontenac, Fémissaire, terrifié, présente la lettre Penjoignant de capituler dans Theure. La réponse du gouverneur est célebre: «Je fai point de réponse a faire que par la bouche de mes canons» Apres deux jours d’hesitation, les vaisseaux ennemis. tentent finalement une percée a Vest de la ville. Mais Frontenac a tout prévu. Dissimulées dans tune redoute, deux batteries de canons lourds font feu, obligeant les Anglais a battre en retraite. Le 24 octobre, rennemi renonce et leve l'ancre. Eta troupe se dirigeant vers Montréal ? Frontenac remercie le ciel lorsqu'll apprend qu'elle a été décimée par une épidémie de variole. Apres sa ‘mort, en 1698, le gouverneur Frontenac restera dans les esprits des colons comme Tincarnation de rhomme providentiel, . GEO HISTOIRE 99 ‘nauunntie LES CONFLITS DEUXIEME GUERRE INTERCOLONIALE 1702-1713 A DEERFIELD, UN RAID HORRIFIE LES ANGLAIS Cos a tte opération militaire est le symbole de lalliance franco- ameérindienne contre fennemi —_, ‘anglais. Cing ans aprés|a signa- ‘ure duttraité de paix de Ryswick (1697) entre la France et PAn- gleterte, les deux monarchies Saffrontent a nouveau, dés 1702, dans le cadre de Ja guerre de Succession ¢'Espagne. Bt comme lors dela guerre dela Ligue d Augsbourg, ce conflit euro- ‘péen gagne les colonies ameéricaines. Cette fois-ci, le temps vest plus aux grandes batailles mais aux raids sur des villages frontaliers. En 1703, le nou ‘veau gouverneur de la Nouvelle-France, Philippe de Rigaud de Vaudreuil (1650-1725), un ancien. ‘mousquetaire, réfléchit a une opération qui mar- ‘querait «Teffroi chez fAnglots». Dans sa résidence duchateau Saint-Louis située au sommetde ville haute de Québec, ilfait alors convoquer un officier prometteur Jean-Baptiste Hertel de Rowville (1668- 1722). Ce ilitaire de32ans,né en Nouvelle-France, a Trois-Rivieres, connait ennemi anglais ~ mais. aussi les Amérindiens - mieux que quiconque. Rou- ville explique au gouverneur que pour marquer les cesprits il faut désormais attaquer les bourgades de Ia Nouvelle-Angleterre «2 indienne». Son pere, Joseph Francois Hertel dea Fresniére, capturé puis. 100 GEO HISTOIRE fan ‘ATLANTIQUE adopté par une famille iroquoise quand il était jeune, luj avait appris les methodes de guerre des autochtones: techniques cle camouflage, raid silen- ciewx dans la nuit, attaques foudroyantes avec cris. de guerre, captures de prisonniers... Vaudreuil, qui approuvel'idée, lenommealorslatéte d'une expé- dition sur Deerfield, un hameau isolé (situé dans Yactuel Etat américain du Massachusetts). Des Feté 1703, Rowville constitue sa «milice» ‘une cinquantaine de colons européens aguerris. «La plupart venaient des “troupes de la marine’, ‘une compagnie militaire coloniale créée par Riche. lieu en 1622+, explique historien canadien Lau: rier Turgeon, auteur d'une Histoire de la Nouvelle. France (éd, Belin, 2019). Sont aussi recrutés des scoureurs de bois, fins connaisseurs des foréts, et plus de 250 guerrers de la tribu alliée des Abéna- Quis, située sur la rive sud du Saint-Laurent, De redoutables combattants craints par les autres tri- bus Dans le frimas de Thiver, la colonne quitte le Saint-Laurent en direction du sud a la mi-janvier 1704. Malgré des températutes glaciales, Yexpédi- tion progresse vite et atteint Deerfield dans la nuit, du 28 février. Rouville fait alors établir un camp d'un jour en lisiere de foret. Les colons y posent leurs piques et leurs mousquets, ces fusils long, canon utilisés dansinfanterie, tandisque les Amé- Le 29 février 1704, a Deerfield, la famille du reverend se barcade pour échapper, en van, la mort (gravure du XiXsiécle) rindiens rangent arcs et tomahawks. A Deerfield, onne se doute de rien. Ses 200 habitants menent tune vie paisible prés de la riviére Connecticut. Le gouverneur du Massachusetts y a bien envoyé une petite garnison de 20 hommes, mais qui serait assez fou pour sen prendre a ce modeste village en plein hiver ? Rowville et ses hommes qui, dans Januit du29 février, franchissent sans difficulté a palissade en bois protégeant le bourg. ‘Tout va tres vite. Dans lobscurité et lesilence, les maisons sont prises pour colonie francaise, effectué sous la neige, une ving. taine d’entre eux meurent de faim et de froid. Cer- tains sont tués sur-le-champ, comme cette femme enceinte, incapable de marcher, massacrée sous des coups de tomahawks. Les Abénaquis, souvent victimes d'attaques anglaises, sont sons pitié. Une fois artives Montréal, les prisonniers ne connaissent pas tous le méme sort. Des enfants. sont adoptés par les Amérindiens, selon une tra~ dition concemant leurs plus jeunes pri sonniers. Dautres sont «vendus» a des Gileunetune commencrparcele RANGAIBET. FED panels and ls cone Guréwendqivotdeacesestisse AMERNDINS [7s bons cheques ta Couronne te cg devet hl Danses Felumague moles par oendeope DERRIERE EUX LES. Geseee deere indenscommencent atic hgtbateee cargo {se faire entendre. Réalisant quils sont ee tera, quelques mois plus tard, de payer amuses \ attaqués, les habitants prennent leurs armes mais. peine sortent-ils de leurs demeures quils sont abattus de sang-froid par les. fusils francais et les fleches amérindiennes. Les maisons sont incendiées, puis une centaine hommes, femmes et enfants regroupés dans la ‘Meeting House du village pour étre emmenés en Nouvelle-France. Lsarmée: franco-amérindienne deRouville laisse dertiere elle les cadavres de 44 vil- lageois, dont 25 enfants. Pourles captifs, le calvaire ne fait que commencer. Lors du trajet jusqu’a la une rancon au gouverneur Vaudreuil pour faire libérer une cinquantaine de ‘ces otages. Quant & Rouville, devant le succes duu raid sur Deerfield, il multipliera par la suite des. ‘expéditions punitives contre es implantations bri tanniques, jusqu’a sa mort en 1722. Ses raids, ‘comme celui de Deerfield, ont aissé une empreinte dans les villes du Saint-Laurent. Aujourd’ hui, & ‘Montréal et a Québec, il existe encore une cen- taine de familles descendantes de ces captifs anglais dont les noms ont été francisés, . GEOHISTOIRE 101 ‘aunties LES CONFLITS TROISIEME GUERRE INTERCOLONIALE 1744 - 1748 LOUISBOURG, LE VERROU DU SAINT- LAURENT, SAUTE eee} Porc pres la signature du traité de paixd Utrecht, en 1713,la France cede la Couronne britannique deux teritoires du littoral nord- américain : 'Acadie et Terre- Neuve. La Nouvelle-France fait les frais des defaites duroyaume en Europe. Désormais, il rvexiste plus qu’un seul bastion francais face Tocéan :Tile Royale (actuelle fle du Cap Breton). Et lorsque la guerre de Succes- sion €'Autriche éclate en Europe, en 1744, les deux puissances coloniales vont saffronter pour ce bout de terre américain de 10 000 kilometres carrés proche de’ Acadie. Ducdte francais, le oi Louis XV (1710-1774) veut sauvegarder Louisbourg forteresse de ile Royale protégeant les navires & r'embou- chure du fleuve Saint-Laurent Dupoint de vue bri ‘tannique, le monarque George I (1683-1760) veut en finir avec ce «Gibraltar du Nord» qui empéche la circulation de ses vaisseaux et le commerce de navires de péche battants pavillon anglais Dés 'hi- ver 1744, les forces navales de Sa Majesté prennent Favantage.. sans avoir attaqué, 102 GEO HISTOIRE Car au sein de la gamison de Louisbourg, tam- biance est morose. La Nouvelle-France n'a pas les moyens financiers et humains de lancer une attaque denvergure contre son ennemi,etles 1500 millitaires et colons présents dans lenceinte de la forteresse se plaignent de ne plus étre payés ni ravitaillés, Une mutinerie éclate, et des soldats ‘menacent alors de livrer Louisbourg aux Anglais. Le gouverneur de Ile, Louis Du Pont Duchambon (1713-1775) apaise Tinsurrection en payantle retard. de solde puis en distribuant des provisions. Mais. Ie mal est fait : convaincus d'etre oubliés, ces hommes tarrivent plus & se mobiliser pour leur roi. A Boston, la rumeur de cette révolte parvient aux oreilles du gouverneur de la colonie anglaise ‘du Massachusetts, William Shirley (1694-1770). Pour lui, pas de doute : est le moment ou jamais attaquer la forteresse. Souhaitant une victoire symbolique et de grande ampleur, Il demande alors Te soutien des autres colonies britanniques. Le ‘Connecticut et le New Hampshire lui fournissent ‘un millier d'hommes, Rhode Island un navite, et New York dix canons. La Pennsylvanie et le New Jersey débloquent, elles, des fonds pour payer la Royal Navy, l'armée de mer de Sa Majesté, afin quielle soutienne la flotte en cas d'affrontement avec les vaisseaux de la marine royale francaise. «Lattaque menée contre Louisbourg est la pre- miere coordination navale entre les Treize Colo- nies de la Nouvelle-Angleterrex, souligne Jacques Lacoursiere, dans son Histoire du Quebec des ori- gines a nos jours (éd. Nouveau Monde, 2001). En bon stratege, Shirley se renseigne aussi aupres de corsaires, comme John Bradstreet, qui lui four nissent des informations surle systeme de defense de la forteresse. Lexpédition quitte Boston début. mats 1745, avec 4 200 soldats embarqués sur 90 navires. Un mois plus tard, elle entame un blocus ‘un mois autour de Louisbourg Comment résis- ter une telle armada, s'interroge-t-on chez les Frangais ? «Nous sommes isolés et ne pouvons cespérer que envol de renfortss, écrit Frangois Bigot, Mintendant de Tile Royale, dans son rapport. Debut mai, les assi¢gés voient les troupes anglaises débarquer surla baie de Gabarus et Port- ‘Toulouse (aujourd hui Saint-Pierre), au sud-ouest Pee eed pe ees ad Ce rd ei a) de Louisbourg Ala demande de reddition, Pierre ‘Morpain, commandant du fort et corsaire réputé, fait la méme reponse que celle du gouverneur Frontenaclors du siege anglais de Quebec, en 1690: Nous nlavons deréponse a faire que par la bouche de nos canons |». Sauf que la situation de Louis bourg est plus désespérée que celle de Québec. Afaiblis apres un mois de blocus, les 1500 hommes de la garnison parviennent tant bien que mal a repousser les assauts terrestres. Mais ils se retrouvent impuissants face aux canons de la flotte ennemie. Pendant 47 jours, Louisbourg subit un dcluge de feu endommageant les remparts et incendiant les maisons. Pour Duchambon, Bigot ‘et Morpain, il faut se faire une raison : les renforts. ne viendront pas. Et pour cause, les navites fran- «ais sont interceptés en Acadie... Apres cetteattente interminable, les 1 500 hommes de la garnisor ‘exsangues et affamés,jettent les armes le 26 juin. La nouvelle de la chute de a forteresse provoque une joie immense au sein des colonies britan- niques. La Nouvelle-France, désormais déposs¢- dée de son littoral, se retrouve, elle, en danger. = GEO HISTOIRE 103 ‘nun LES CONFLITS GUERRE DE LA CONQUETE 1754-1760 ET LES ACADIENS SONT CHASSES DE CHEZ EUX... nes appelait les Acadiens. Ils étaient les sujets indésirables de Sa Majesté. Lorsque FAcadie est cédée aux Britanniques aprésle traité de pax d'Utrecht en 1713, es habitants de ce ter- ritoire comprenant les actuels Nouvelle-Ecosse, Nouveau Brunswick et I'fle du rince-Edouard deviennent un probleme épineux pour la Couronne. Malgré une présence militaire accrue, les Acadiens ~ en majorité des éleveurs de ‘moutons et de porcs ~ refusent de préterallégeance au ol anglais. En outre, ils renforcent leur alliance avec les Malécites et les Micmacs, peuples autoch- tones de larégion qui ont de cesse de harceleren- vahisseurbritannique. «Les colons francais devront ‘un jour étre expulsése, souligne un rapport parle- ‘mentaire londonien daté de décembre 1720. Le scé- nario se produira quelque trente ans plus tard. Lorsque le commandant britannique Charles Lawrence devient, en 1753, nouveau gouverneur dela Nowvelle-Ecosse nom anglais de’ Acadie -, {inva quune idée en téte: remplacerles Francais. par des colons de la Nouvelle-Angleterre. Mais ‘comment se debarrasser d'une population de 14000 Ames ? Il faut trouver un pré- texte valable. II viendra d'un rapport dofficier qui denonce des Francais, de déportation, ces demiers sont mis auxarréts puis entassés dans cesnavires sousla menace des baion- nettes. Les exilés sont divisés par groupes dage et de sexe, et les autorités prennent soin de séparer les familles. Une fois les Acadiens loin de chez eux, Jes colons anglais, quand ils ne brent pas les mal- sons, s'emparent des terres les plus fertles. ‘Entte7000 et 8000 Francais sont déportés rien que surT'année 1755», éerit historien francais Jean- Marie Fonteneau dans son ouvrage Les Acadiens citoyens de FAtlantique (éd, Ouest-France, 1996). Ousont-ils envoyés ? La majorité se retrouve dans les colonies de la Nouvelle-Angleterre (Massachu- setts, Connecticut, Maryland, Pennsylvanie, New Jersey..). Exploitée, cette main-dceuvre gratuite y ‘meurt de faim, de froid ou de maladies. Plus chan- ceux, environ 3.000 Acadiens sont envoyés vers Angleterre, Southampton, Liverpool et Bristol, Parques dans des baraquements, certains sont stachetés» par le secrétaire d'Etat a la guerre de Louis XV, le duc de Choiseul (1719-1785). Ils rejoignent ensuite La Rochelle, Nantes, Poitiers ou encore Belle-Ile-en-Mer. «Cette déportation, qui dura essentiellement de 1755 2 1763, est la pre- miere a grande échelle dans Phistoire nord-amé- ricaine+, notent Bona Arsenault et Pas- cal Alain, auteurs d'une Histoire des Acadiens (éd. Fides, 2004), STvialat efourisont esinfr, 4g qStUES qq “ileshistiens ne Factordent pas Troost leu allessuuvagee ta "0°QA%2O00 gis Ss chites an come ques Chasse aux Acatienspeuraos com pghPANEAI. lest 00812000 Rane deportes mencer. Lawrence, qui obtient de "Se goo vont, Petidantcesneuf années, plus de 8000 Tondtestaneedepresde2000mit DEBCOOVONT. Pont te went runes taires en 1754, s‘empare de plusieurs forts, comme celui de Beauséjour, tenus par dirréductibles colons francais. fait arréter les prétres catholiques, tel Fabbé Le Loutre,etles expédie en Angleterre depuis le nou: vveau port d'Halifax. Le début d'une déportation qui prendra une ampleur insoupconnée. Impitoyable envers les Francais le gouverneurne ‘compte pas en rester a. En juin 1755, ilfait approu- ver par la Couronne sa nouvelle politique : tout habitant ne faisant pas allégeance au roi George TI (1683-1760) et aT Eglise anglicane (protestante) se verta retire son droit de propriété. Stupéfaits, les {lus acadiens refusent une nouvelle fois de préter serment. Devant une telle obstination, Lawrence decrete, le 28 juillet, la deportation de la popula- tion, Le début c'un sombre épisode appelé, par les. historiens canadiens, le «Grand Dérangement». La. ‘méthode est bien hullée. Chaque dimanche matin, les troupes britanniques encerclent les églises ot. sont regroupés les fideles. Apres lecture de Tordre vversées océaniques effectuées dans des conditions effroyables. Pour échapper cet exil, environ 3000 Acadiens, aides par les Amérindiens, se réfugient dans les autres régions de la colonie, de la Gaspésie a Québec en passant par''ile Royale. Ils assistent, impuissants, ala defaite frangaise & Québec, en 1759, puls & la capitulation de Montréal, en 1760. La Nouvelle- France passe aux mains des Anglais trois ans plus tard avec le taité de Paris Le sort des Acadiens est. a Timage de celui de la colonie, abandonnée par Louis XV qui siintéressait davantage au sucre des Antilles qura la Nouvelle-France, peu rentable. Sila déportation acadienne est aujoure! hui per- ‘que comme une tragédie par les écrivains et his- toriens quebécois, elle est davantage taboue dans Je Canada anglophone. Le gouvernement a toute- fois reconnu, en 2003, le «caractere dramatique» de Févénement par le biais d'un jour de commeé- moration : le 28 juillet. Cette date ot Lawrence donna naissance a ce Grand Dérangement. GEO HISTOIRE 105 LLL LACTE DU QUEBEC LE TRAITE QUI SAUVA LA FRANCOPHONIE Lorsque les Anglais s’emparérent de la Nouvelle-France en 1760, 90 000 fran- cophones vivaient sure territoire. Pour s'assurer de la paix civile, la Couronne britannique dut trouver quelques accommodements linguistiques et religieux. eton était tout aussi vindi catifquinsul- tant: (Ia Mart nique et la Guadeloupe), tandis {que la France avait de son cote remporté quelques succes mili- tairessurle front européen. Apres trois ans de tractations letraité de Paris de 1763 scelle la réconcilia tion entre les anclens beligerants. Le duc de Choiseul, ministre des Affaires étrangeres de Louis XV, Saftenda ce que les Britanniques tiennent par-dessus tout a an- nexer les Antilles francaises, pla ue tournante du commerce duu sucre, de la banane et du choco- [at et quislalsseralent de cotele Canada, sans grand interét éco- nomique : on considére alors quil ne sagit que de «quelques arpents de nelges, pour reprendre la cita- tion un brin méprisante de Vol- taire. En 1760, Saint-Pierre, 'épo- que capltale dela Martinique, est ailleurs bien plus peuplé que ‘Montréal (a peineS 000 foyers).. Dans la négociation du traité de Paris, on s'apercoit donc que Angleterre et la France veulent chacune se débarrasser d'un vaste territoire un peu encombrant. D'une certaine maniere, ce sont les Francais qui vont remporter, puisquils vont conserverles iles A sucre», tandis que Angleterre récupérera la totalité du Canada et les terztoites a lest de la val- Iée du Mississippi. Légitimement, Jes Canadiens francais ont eu plus tard impression d avoir été aban- donnés parles diplomates de Ver- sailles, au prétexte quiilsavaient peude «valeur. Un régime militaire sinstaure alors sous Fautorité du général James Murray. Les Britan- niques comprennent-ils qu’ls ne pourront traiter ce territoire ‘comme une colonie ordinaire ? Murray, qui a succédé a James ‘Wolfe, mortellement blessé lors dela bataille de Québec en 1759, ena bien conscience. Il devient gouverneur militaire, mais sait ‘quill ne pourra traiter les Quebé- coisen peuple conquis et annex¢, cet quillaura besoin de leur coopé- ration. En fin négociateur, il va cconvaincre George Il delanéces- site de préserver les lois civiles et pénales les coutumesetla langue des populations francophones On ira jusqu’a reconnaitte a liberté de religion, alors méme que la France vit encore sous le régime de Fabolition de Pédit de Nantes ‘et de Finterdiction du protestan- tisme, Les avancées sont aussi territories : toute la colonie an- aglaise des Grands Lacs soit plus ‘de750 000 kilometres carrés, est dorénavantrattachée au Québec. Londres pressent qu‘elle va avoir besoin d'un contrepolds puissant face & la Nouvelle-Angleterre, de plus en plus turbulente. Comme ‘souvent avec eux, les Anglais ont agi avec pragmatisme, compte tenu du déséquilibre gigantesque centre francophones et anglopho- nes : en 1766, ces demiers repré- sentent seulement 1% des 65000 habitants de la province de Qué- bec. George II ne pouvait se per- mettre daffronter une rébellion. de ses nouveaux colonisés. Pourquoi les Francais n’ont-its ppas récupéré le Canada ala fin de la guerre américaine (1775-1783) ? Le soutien de Louis XVI contri- ‘ue la victoire des reize colonies rebelles face aux Britanniques. élite canadienne francaise, ou ‘du moins ce quil en restait, ewe GEO HISTOIRE 13 ‘wna LIENTRETIEN eee pensait Iégitimement que, dans le nouveau traité de Paris de 1783, la France profiterat de cette victoire pour técupérer le Canada. ene fut pas le cas. Misa part des accords commerciaux avec les Etats-Unis nouvellement crées, Ja France ria tité aucun avantage de ce traité bien mal négocié, alors que la guerre d'indépen- dance lui avait coiité tres cher. Lorsque les diplomates britan- nniques ont débarqué a Paris en vaincus, ils imaginaient que la France lait leur réclamer le Ca- nada, et tout laissea penser quills Tauraient cédé. Historiquement, ce rendez-vous manqué a tou- jours été ressenti comme une fé- Ture les Canadiens ont eu Tim- pression avoir été abandonnés lune seconde fols. Pourquoi Acte constitutionnel de 1791 divise-t-ille Québec ‘en deux provinces distinctes ? Cest une des conséquences dl rectes de la guerre dindepen- dance américaine. Apres la dé: falte des Britanniques, environ 300 000 loyalistes anglais (sur les deux millions d’habitants {que comptaient les treize colo- nies) prennent e chemin de Fexil. 50.000 dentre eux sinstallentau | Canada, notamment dans la ré- sglon de Toronto, aujourd'hui pre- ler centre économique du pays, mais qui, a Tepoque, était une bourgade du nom de York. Ces anglophones chassés de chez eux doivent subitement cohabiter avec des francophones tres ma- joritaires et qui, bien que sous Tautorité de la Couronne britan- nique, obeissent a leurs propres lois. De surcroit, ils ont tendance Alesassimilerces-maudits Fran- ‘aais» qui ont contribué a Findé- pendance des Ftats-Unisetleur cexil malheureux... Pour asseoir leur identité et ne pas dépendre de Tadministration de Québec, ils vont done réclamer ala puissance coloniale une dose convenable administration autonome. Les anglophones protestants heritent done du Haut-Canada, soit a par- tie méridionale de Factuel Onta- 114 GEO HISTOIRE rlo, Les francophones catho- liques, largement majoritaires, administrent le Bas-Canada, de Montréal a Vestuaire du Saint- Laurent. Ce systeme bicéphale, avec un gouverneur général ins tallé & Québec, comporte deux assemblées égislatives ‘une de 50 membres au Bas-Canada, et autre de seulement 16 membres. au Haut-Canada, parce que les anglophones restent encore dé- mographiquement minoritaires. La publication de FActe consti tutionnel provoque des transports de joie dans les deux camps, qui se réunissent méme lors le ban- quets destinés aafficher une fra- ‘temisation bon enfant. Cela ra: lait pas durer bien longtemps. £1822, un projet deol souhaite réunifier ces deux Assemblées Aégjsatives, a grande fureur francophones.. Cresta la méme époque que fon voit se durcir le nationalisme ca nadien-francais, travers les f- sures de Pierre Stanislas Bédard, ul fonde le Parti canadien (re baptisé Part patriote en 1826) puis de Louis-Joseph Papineau Au début du XIX" siecle le rapport de force démographique entre les deux communautes s équiibre et les anglophones se retrouvent presque égalité avec les franco: Phones £1822, un projet union legislative des deux Canada est soumis au Parlement de Londres par Lord Henry Bathurst, secré- tairee'tat pour les colonies bri- tanniques Ilpropose que le droit de vote soit dorénavant propor- tionnel a la population, ce qut meten fureut Papineau ct les di- rigeants bas-canadiens qui se rendent a Londres en 1823 et parviennent a enterrer le projet Mais ils ne font que repousser Téehéance dune union quiappa ralt désormais ineluctable Queest-ce que la «rebellion des Patriotes» qui traverse le pays de 1837 & 1838 ? Une guerre civile qui ne dit pas sonnom...Les tensions senveni ment & partir de 1834 lorsque le Le chef du parti des Patrotes, Louis-Joseph Papineau (786. 1870, defend les interés des francophones lors dune assem blée populaire ‘au Bas-Canada, vers 1830. UN RAPPORT BRITANNIQUE DE 1840 TRAITE LES FRANCOPHONES DE RACE INFERIEURE A m Parti patriote, sous Pégide de Pa: pineau, adresse ala Grande-Bre- tagne ses «92 résolutions». Ce texte virulent dénoncela comrup- tion des autorités britanniques, Tinefficacité de la justice la com- plicité du gouvernement avec les riches propriétaires terriens britanniques a qui il vend des terres... Globalement, les dir sgeants du Bas-Canada reprochent au gouverneur de privilégier les colons anglophones. Malgré les appels. la tempérance de Papi- neau, ces affrontements poli tiques vont progressivement se transformer en rébellions ar- mées, qui vont étre réprimées dans le sang par l'armée de Grande-Bretagne. COnatendance® carlcaturer cet événement en une guerre entre francophones et anglophones, mais c'est plus compliqué.. I Sagit d'abord d'une révolte des ccatégorles modestes qui veulent que leurs droits soient reconnus et que leurs représentants puissent exercer un controle sur Je gouvernement. Ducdté des in- surgés, on retrouve aussi des citoyens et des députés anglo- phones, parmi lesquels Wolfred Nelson (1791-1863), futur maire de Montréal, dontla ete sera mise a prix. La rébellion des Patriotes, nest done pas un affrontement entre deux communautés, mais plutét une lutte de classes dirigée contre l'élite canadienne qui certes es, ell exclusivement an- slophone Lebilan est terrible. On compte des centaines de morts. Papineau sexilera aux Etats-Unis, puisen France La répression als sera des traces, jusqut’ nos jours. ‘Avec un ami, ai récemment fait tune randonnée le long de la ri viére Richelieu, un affluent du Saint-Laurent qui part du lac Champlain, Nous avons croisé ces villages qui ont été au coeur de la révolte. Dans certains jardins en. coreaujourtt hui, est plantéle dra peau tricolore des Patriotes. Au Coeur de ce pays moderne quest Je Canada et dont on croit qu'il nia pas de mémolre, cet episode vieux de 180 ans est encore pro- fondément ancré dans les men- talltés, Il incarne a la fois la dé- fense de Fidentite francaise dela langue, de la religion et de la ru- ralité, mais rappelle aussi la eee GEOHISTOIRE NS Ce LENTRETIEN 116 GEO HISTOIRE petitesse des paysans fran cophones par rapport aux grands marchands de fourrures et aux banquiers de Montre Comment les autorits britan- niques tirent-elles les lecons de cette rebellion ? Elles nomment John George Lambton, lord Durham (1792: 1840), gouverneur général de TAmérique du Nord britannique et le chargent de réaliser un rap- port. Dans un texte de 300 pages tres controversé, celui-ci préco- nise la reunion des deux pro- vinces afin de faciliter la gouver nance, ce qui semblait logique. Il appelle aussi a davantage de de- mocratie et ¢'autonomie avecun gouvernement responsable (ce second point sera poliment mis de cdte par Londres..) Etenfin, il recommande Fassimilation poll tique des Canadiens francais ai quils ne puissent plus dominer aucune institution politique. On. retient aujourd'hui essentielle ‘ment ce dernier aspect, Durham présentant explicitement les fi cophones comme eune race in. ferieure», «an peuple mal éduqué et stationnaires... Durham écrit que «les institutions de France du- rant la colonisation du Canada étaient, peut-, travers cates, extraits de jounaux de soldats, mais surtout plus de 200 photos rates. Certaines,inédites, ont été prises parle capitaine Guy Vourc’h lui-méme,Tun des officers chargé de balise le terrain afin de fa voriser le déploiement des troupes régulieres, 124 GEO HISTOIRE ‘Ony découvre, entre autres des clichés de as. saut sur le port de Flessingue le 1° novembre 1944, mais aust des portraits defreres d'armes, tels le lieutenant Guy de Montlaur, bless¢ 21a Joue par une balle. Les photos de la ville por tuaie,totalement dévastée, temolgnent, elles, dela violence des combats Carla prise de Fles singue ne fut pas une promenade militaire Ia poursuite dun ennemien déroute Elle serevela plus difficile et cooteuse qua Ouistreham. Sila Royal Air Force bombarda sans répit les digues afin de créer des bréches qui inondérent les c6tes, obligeant les unites allemandes 2 se replir i faudra huitjours aux hommes de Kief- fer et aux troupesalliées pour venir a bout de Tennemi. Une victoire essentielle pourprendre lecontrole deEscaut et permettre ainsi aux na vires de reoindre le port belge dAnvers et ap provisionner le front. Le commandant Kieffer estima que Flessingue fut «sa plus belle cam- pagnes. Elle meritaitun tel ouvrage pour la por feralaconnaissancedugrand public DavD PEYRAT Commando Ket, io campagne oud Pays-Bos144- 1945), de Benjamin Masse, 6 Pree de Talla, 29.90 Comnaxg AQeFFER ESSAI BEAU LIVRE a ESSAI : RU GKEUR DE LA LE SOUFFLE DES REVOLTES MAISON BLANCHE ‘Du Gange au Congo, cette fresque raconte 150 ans En novembre 2020, alors que les de domination occidentale vue par les colonisés. elon vce telcdentta presen des ematqn incontourable du be dolnston a Een Doral rp sae tor dust ures Mase peer et eeiiss renee coun tres le pume orld temas Peneaeiaoeed point de ede costs cen eve qa rant srcaleneeaen caer plasms coun dele senegal dey Conga Sse swe ec Entcappoche pare a= fatelechote parledocamenate ocinogs re Declan’ ajar sae ar ee ben ie de Bache ee ommedesvicimes sven mlscomme desacesdet enseencetone proc Mierqucowent et sesont lve conte raced Riser rela ote orien inde en 7, ou tars Yétonnante république du Rif, établie dans les montagnes ma- rocainesa partir de 1921 et matée parla France en 1926, ons'aper- noir, pour reprendre lettre deressai de Maurin Picard, Cor- Goit que la résistance a souvent débuté avec la respondant aux onquéte. On découvre aussiles photos @ Alice See- Etats-Unis pour Le Jey Harti, jeune Anglaise qui suivit son mari dans ‘igor, tauteur n'a ‘une mission protestante en 1891, et quifutTune des pas ambition de dresser une premieres 4 dénoncer les mutilations infligées aux histoire du pays depuis George CCongolais par les soldats du toi Léopold IL Washington :avec un style en Remettantau premier plandes fguresaujourdnul leve,ilmontre plutdt comment, ‘unpeu oubli¢es (Patrice Lumumba, figure de inde: depuis sa construction entre penance congolalse, Sarojni Naidu, lerossignol de 1792 et 1800 par des esclaves inde» qui protesta en 1930 contre lemonopole bri- no's, la«grande prison blanche» tannique sur le sel), cet ouvrage remarquablement (que detestait Harry Truman fut le illustré dresse auss le bilan des tentatives de regroupement, du symbole dun pouvoir absolu et ccongrés ant-Impérialiste de Bruxelles en fevrier1927 jusquiau fes- le lieu dintrigues et de compiots, tival panafticain @ Alger en juillet 1969, cens¢ clore symbolique- (use croisent «visiteurs du sor» ‘mentT rede la soumission. On pensealors que lacolonisationne cet premieres dames recluses, ot serait plus qu'un mauvais souvent, sans savoir qu'un dem-siecle ¢éclatentscandalespoltiques (le plus tard, ellecontinuerait dehanterTAfriqueet'Asie. FG. Watergate sous Noon) ou sexuels Déccoisations de. Bal, K Ms et Singravtou Seul-rte Eton, 30. (le Monicagate sous Cinton). Cellvr prouve que a Maison Blanche nest pas seulement un ithe constitutonnel: le destin ddumonde sestoué plus dune fols entre ces murs, comme fen témoigne la visite de Church, Invite par son ami Roosevelt 2 Nod! en 1941 Le Premier ministre britannique eut assurance que les Etats-Unis engageraient leu forces miitaires en prionite en Europe plutdt que dans le Paci- fique..Une plongée passionnante dans les coulisses du pouvoir. FREDERIC GRAMIER Le Mano de M Par Pertin20€. Patice Lumumba joua un le capital dans 'émancpation du Congo en 1960. GEO HISTOIRE 138 NY 1e//3 3 Revivez les grands événements de l'Histoire Des clichés forts de !époque Des documents darchives exclusifs Version numérique} Paiement de réduction Anhhiae fam rerques immédiat et supplémentaire sécurisé INER EN N LIGNE ? vous bénéficiez de : G Arrét & tout moment avec l'offre sans engagement ! BON D'ABONNEMENT Photos RESERVE AUX LECTEURS DE d ‘poque i Je choisis mon a récits inédits, interviews d’historiens exclusives... (IOFFRE SANS ENGAGEMENT ‘6numéros par an au lieu de 7:50€/mois * CIOFFRE ANNUELLE tan-6numéros aulieu de a5e7an" Je choisis mon mode de souscription © Jeme rends sur evecique sr * en haut a droite de la page sur ordinateur *en bas du menu sur mobile Un véritable retour dans le temps nourri d’illustrations historiques et de photos spectaculaires, fortes et significatives ! Je saisis ma clé Prismashop ci-dessous : GHIDNNSS Ec ee © Jecoche loffre choisie Jerenseigne mes coordonnées"” OM™CM. Nor” fn —— : Prénom saaicaron a Adresse .

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