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DECLARATION DE LA JEUNESSE ETUDIANTE CATHOLIQUE INTERNATIONALE POUR LA JOURNEE

INTERNATIONALE DES DROITS DE L’HOMME.

LA JECI INTERPELLE SUR L’EDUCATION DES ETUDIANTS

Aujourd’hui la question des droits de l’Homme est devenue une préoccupation majeure pour la
communauté internationale aussi bien que de la société civile. Au même moment nous notons des
avancées significatives en matière des pratiques dans le sens des droits de l’homme et l’espoir de
voir la déclaration universelle adoptée en 1948 devenir une réalité complète sans calcul économique
ni politique, mais une valeur ajoutée en faveur de chaque personne prise individuellement dans
chacune de toutes les sociétés.

La Jeunesse Etudiante Catholique Internationale (JECI) voudrait encore saisir cette opportunité de la
célébration de la Journée Internationale des Droits de l’Homme le 10 Décembre 2010, pour exprimer
ses satisfactions sur les progrès réalisés en matière des droits de l’homme grâce aux mécanismes tels
que l’Examen Périodique Universel, aux actions des Rapporteurs Spéciaux et des Acteurs de la
Société Civile, mais aussi parfois à la volonté des pouvoirs publics de soulager la souffrance des
personnes et des sociétés. Malgré les avancées notées, il reste encore du travail et d’énormes
engagements à prendre pour rendre le caractère universel et indivisible de ces droits pour tous les
hommes sans distinction de classe sociale.

Ainsi pour cette année, il paraît opportun pour la Jeunesse Etudiante Catholique Internationale
d’attirer l’attention des gouvernements et des institutions éducatives sur les conditions de vie des
étudiants qui se détériorent de jour en jour aggravant ainsi la précarité qui les caractérise en ces
temps de crises économiques, culturelles, et sociales.

Les médias nous montrent depuis ces deux dernières années, des jeunes mais des étudiants en
particulier qui sont toujours présents dans la rue pour réclamer de meilleures conditions d’accès à
l’éducation, à la recherche et à la formation permanente pour les enseignants. Il est très regrettable
de constater que malgré les engagements pris dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) par tous les gouvernements du monde, les secteurs de la santé et celui de
l’éducation soient les premiers à subir les conséquences néfastes de la crise économique dont des
institutions bancaires pourraient être désignées comme étant les auteurs.

Les budgets nationaux subissent une pression encore plus grande et le financement de l’éducation
est particulièrement vulnérable1. Les coupures budgétaires dans l’éducation en Grande Bretagne, en
Italie, la vétusté et la dégradation des cadres de formation des jeunes/étudiants dans les pays
d’Afrique, l’absence de matériel pédagogique adéquat dans certains pays de l’Amérique Latine, la
cherté des coûts de l’éducation aux Etats Unis, sont des défis qui viennent affecter directement ou
indirectement la dignité humaine même de l’étudiant. Rappelons ici que dans son article 26, alinéas
1
Avant propos du Rapport de suivi EPT 2010 par Mme Irina Bokova, Directrice Générale de l’UNESCO
1 et 2, la déclaration universelle des Droits de l’Homme stipule que « Toute personne a droit à
l'éducation. L'éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l'enseignement élémentaire
et fondamental. L'enseignement élémentaire est obligatoire. L'enseignement technique et
professionnel doit être généralisé ; l'accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à
tous en fonction de leur mérite. Et l'éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité
humaine et au renforcement du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales… »

Aujourd’hui, pendant que les bourses et autres aides universitaires sont coupées les frais d’accès aux
études supérieures sont doublés voir triplés contraignant les étudiants à recourir aux prêts pour
financer leurs formations avec l’incertitude d’obtenir en fin de cursus un emploi décent afin
d’éponger la dette et mener une vie descente. D’où « les difficultés d’accès et de maintien à l’école
des jeunes surtout en zones rurales, dues parfois à des contraintes culturelles et/ou financières »2.
Les étudiants sont sous forte stress car devant associer simultanément travail et études pour
s’assurer une survie. Ceci affecte le développement réel de leurs capacités intellectuelles, qui de plus
sont parfois orientées vers les besoins de l’économie et du marché de travail plutôt que vers le
développement des talents naturels de l’étudiant.

La pauvreté devient une réalité forte en milieux étudiants. Dans certains pays d’Amérique
Latine comme la Bolivie par exemple, la pauvreté pousse les étudiants à la migration avec
toutes les conséquences que cela peut générer dans les pays d’accueil en matière de
conditions de vie, de travail, de soins sanitaires, de sécurité pour l’immigré, et enfin de la
poursuite de sa formation.

En Europe, la descente dans la rue dans de nombreux pays des étudiants accompagnée
parfois de regrettables incidents de violence pour réclamer plus d’investissements dans le
secteur éducatif ne doit pas laisser indifférents les pouvoirs publics et toute la société
entière.

Dans beaucoup de pays d’Afrique et d’Asie, voire même en Europe, la pauvreté pousse les
étudiants, particulièrement les jeunes filles à la prostitution pour financer leurs études3.
D’ailleurs dans la déclaration de Burkina Faso, les étudiants ont souligné et regretté « l’absence
d’espace véritable à l’éducation aux valeurs citoyennes et aux droits de l’homme dans les
programmes d’éducation de façon générale. »4 Cette situation interpelle aujourd’hui très
fortement les gouvernements à une action pour y remédier. L’éducation et la formation de
qualité sont une fondation adéquate de développement des peuples.

- Considérant qu’aucun développement durable n’est possible sans un investissement


conséquent dans l’éducation comme nous l’a démontré la Corée,

- Considérant la dégradation des conditions de vie des étudiants et la nécessité


d’améliorer les ressources pédagogiques de l’éducation

2
Déclaration des étudiants lors de l’atelier de formation organisée par la JECI au Burkina Faso sur le thème
« Education de Qualité pour la Promotion du Leadership et de la Bonne Gouvernance » en Août 2010.
3
Nous gardons l’anonymat des quelques témoignages et expériences reçues.
4
Atelier JECI Burkina Faso Août 2010
- Considérant que l’enseignement supérieur, en tant que bien public, relève de la
responsabilité de toutes les parties prenantes et en particulier des gouvernements, est
confronté à des défis mondiaux actuels et futurs5

La Jeunesse Etudiante Catholique Internationale, tout en prenant acte des efforts


consentis en faveur de l’éducation par les gouvernements et les institutions,
recommande :

 Que la personne de l’étudiant soit elle-même la première préoccupation de toutes


mesures devant touchées n’importe quel système éducatif.

 Que la situation de précarité qui touche les milieux scolaires et universitaires fasse
l’objet d’une attention particulière de tous les acteurs de l’éducation
particulièrement les gouvernements et que des solutions appropriées y soient
apportées.

 Qu’une charte détaillée des droits relatifs à l’éducation et au système éducatif puisse
être adoptée dans les meilleurs délais par le Conseil des Droits de l’Homme pour
protéger les étudiants et garantir leur dignité dans le cadre de leur formation.

 Qu’un espace de consultation et de dialogue puisse être développé pour permettre


des échanges permanents entre les représentants des étudiants, des enseignants,
des gouvernements et des institutions internationales au niveau national et mondial.

 Que l’éducation aux droits de l’homme et aux valeurs citoyennes soit incluse comme
une nécessité absolue à tous les niveaux de formation et d’éducation des jeunes.

Dans l’esprit des hommes naissent les conflits, bâtissons donc la Paix dans ces mêmes esprits à
travers une éducation de qualité dans des conditions idoines pour le jeune étudiant.

Paris, le 10 Décembre 2010

Pour la JEC Internationale


Edouard Koutsava
Secrétaire Général

5
Communiqué de la Conférence Mondiale sur l’Enseignement Supérieur du 8 Juillet 2009

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