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10 JANVIER 1962 Gapprofondir... pour quelle cause pourtant... beaucoup de choses a dire... Jorss* J amais je n'ai eu moins envie de faire mon séminaire... Je n'ai pas le temps 30 JO *renouveler™ apres LB Dect, tque nous le trouvons ic ‘ear déstenécomme ce qui Gate tt pall uage ri ton ste [| Me que nou a ouvins ie voir designe CO3E ephonémec coupes ens dune cert batere pour stan quilest PS Se sat es a Co Epprssbane dane cer i lang sommes par un NP*|PL1 "Cen, imine guns ties gui represent tat lade nage danse langage * omer par son nom propre. TR330 "feion da suet dle lnngspe cll de nomaner parson som pope” Il y a des moments de tassement, de lassitude... Réévoquons ce que j'ai dit la demnitre fois, ene serait-ce que pour nous mettre en trains. Je vous ai parlé du nom propre, pour autant que nous I'avons rencontré sur notre chemin de Tidentification du sujet, second type de identification, régressive, au trait unaire de I'Autre. A propos de ce nom propre, nous avons rencontré I'attention qu'il a déja sollicitée de quelques linguistes et mathématiciens en fonction de philosopher ' Qu'est-ce que le nom propre? Tl semble que la chose ne se livre pas au premier abord mais, essayant de résoudre cette question, nous avons eu la surprise de retrouver 1a fonction du signifiant, sans doute a I'état pur. C’était bien dans cette voie que le linguiste Iui-méme nous dirigeait quand il nous disait: un nom propre, c'est quelque chose qui vaut par Ia fonction distinctive de son matériel sonore. Ce en quoi bien sar il ne faisait que *redoubler* ce qui est prémisse méme de Vanalyse saussurienne du langage: c'est savoir “que cest le trait (2 distinetif, c'est le phontme comme couplé d'un ensemble, d'une certaine batterie, pour autant uniquement quiil n'est pas ce que sont les autres. “Cette prémisse, nous la trouvions ici devoir désigner ce qui était le trait spécial, usage d'une fonction du sujet dans le langage: celle de nommer par son nom. propre." IL est certain que nous ne pouvions pas nous contenter de cette définition comme telle, mais que nous étions pour autant mis sur la voie de quelque chose, et ce quelque chose nous avons pu au moins l'approcher, le cerner en désignant ceci que c'est, si Yon peut dire sous une forme latente au langage lui- méme, la fonction de I'écriture, la fonction du signe en tant que Iui-méme il se it comme un objet. Ml est um fait que les lettres ont des noms. Nous avons trop tendance a es confondre, pour les noms simplifiés qu’elles ont dans notre alphabet qui ont V'air de se confondre avec I’émission phonématique & laquelle la lettre a &é réduite. Un a a Vair de vouloir dire 'émission "a". Un b n'est pas a proprement parler un "bé": il n'est un "bé” que pour autant que pour que Ja consonne b se fasse entendre, il faut qu'elle s'appuie sur une émission vocalique, Regardons les choses de plus prés: nous verrons par exemple quien grec, alpha, béta, gamma et la suite sont ‘bel et bien des noms, et chose 2 surprenante, des noms qui n'ont aucun sens dans Ia langue grecque od ils se formulent. Pour les comprendre, il faut s'apercevoir qu'ils reproduisent les noms ‘correspondant aux lettres de alphabet phénicien, d'un alphabet [3 protosémitique *, alphabet tel que nous pouvons le reconstituer d'un certain nombre d'étages, de strates des inscriptions. Nous en retrouvons les formes signifiantes: ces moms ont un sens dans la langue, soit phénicienne textuelle, soit telle que nous pouvons la reconstruire, cette langue (1). Sir A, Gardiner, B. Russell, ete. op. cit 2). LG-Févrer, op. cit, notamment “les noms et les formes des lettres phéniciennes", p. 224 sg © LIDENTIFICATION pourrait bien gre un nom propre, parce quill y a ceite dimension a laquelle fon s’étonne que M. Gardiner ne fasse pas recours, lui qui a tout de méme comme chef de file le leader inaugural de sa science, Champoliion, et qu'il ne se souvienne pas que cest & propos de Cléopatra et de Ptolémée que tout 17 le “déchiffrage de Thiéroglyphe égyptien a commencé, parce que dans toutes les langues Cléopatra c'est Cléopatra, Ptolémée c'est Ptolémée. Ce qui distingue ‘un nom propre malgré de petites apparences d'amodiations —on appelle Kéin Cologne —, c'est que d'une langue & Tautre ga se conserve dans sa structure. Sa structure sonore sans doute, mais cette structure sonore se distingue par le fait que justement celle 18, parmi toutes les autres, nous devions Ia respecter, et ce en raison de Vaffinité, justement, du nom propre & la marque, *a accolement direct du signifiant 2 un certain objet. Et nous voila en apparence retombant, de la fagon méme Ia plus 50) brutale, sur le word for particular. Est-ce & dire que pour autant je don'ne ici raison’ M. Bertrand Russell? Vous le savez, certainement pas, car dans Vintervalle est toute la question justement de la naissance du signifiant & partir de ce dont il est le signe. Quiest-ce qu’elle veut dire? Cest ici que s'insére comme telle une fonction qui est celle du sujet, non pas du sujet au sens psychologique, mais du sujet au sens structural. Comment pouvons-nous, sous quels algorithmes pouvons-nous, puisque de formalisation il s‘agit, placer ce sujet? Est-ce dans Tordre du signifiant que nous avons un moyen de représenter ce qui concerne la genése, 1a naissance, Témergence du signifiant lui-méme? C'est li-dessus que se dirige mon discours et que je reprendrai I'année prochaine. nde: Trois galets peints [Cliché des Musées Nationaux, Paris], dont les quatre faces du fameux dé ‘considéré ailleurs maintenant comme apocryphe. 6 Cc36;PL13 5073432 | MC °a Ja designation diecte du signi- fiant comme objet 41 5) LIDENTIFICATION, protosémitique d’od serait dérivé un certain nombre —je n’insiste pas sur leur détail — des langages & T'évolution desquels est étroitement lige la premiere apparition de I'écriture, Tei, il est un fait qu'il est important au moins que vienne au premier plan que Ie nom méme de lalef [Alf] ait un rapport avec le boeuf, dont soi-disant la premiére forme de 'alef reproduirait d'une fagon schématisée dans diverses positions la téte *. I en reste encore quelque chose : nous pouvons voir encore dans notre A majuscule la forme d'un crane de boeuf renversé avec les comes qui le prolongent. De méme chacun sait que le bet est le nom de la maison. Bien sGr la discussion se complique, voire s'assombrit, quand on tente de faire un recensement, un catalogue de ce que désigne le nom de Ia suite des autres lettres. Quand nous arrivons au gimel (Gaml], nous ne sommes que trop tentés d'y retrouver le nom arabe du chameau, mais malheureusement il y a un obstacle de temps: c'est au second millénaire, peu prés, avant notre ere que ces alphabets protosémitiques pouvaient étre en état de connoter ce ‘nom [de] la troisitme lettre de alphabet. Le chameau, malheureusement pour notre bien aise, n'avait pas encore fait son apparition dans T'usage culturel du portage, dans ces régions du Proche Orient On va done entrer dans une série de discussions dans ce que peut bien représenter ce nom, gimel. Ici, développement sur la _tertiarité consonantique des langues sémitiques et sur la permanence de cette forme A la base de toute forme verbale dans I'hébreu’. C'est une des traces par ot nous pouvons voir que ce dont il s'agit, concernant une des racines de la structure oi se constitue le langage, est ce quelque chose qui s‘appelle dabord lecture des signes, pour autant que déja ils apparaissent, avant tout usage d'écriture — ‘je vous I'ai signalé en terminant la demniére fois—, d'une facon surprenante, d'une fagon qui semble anticiper —si In chose doit étre admise — d'environ un millénaire usage des mémes signes dans les alphabets qui sont les alphabets les plus courants, qui sont les ancétres directs du notre, alphabets latin, étrusque, etc., Iesquels se trouvent, par la plus extraordinaire mimicry de histoire, sous une forme identique dans des marques sur des poteries prédynastiques de antique Egypte. Ce sont les mémes signes, encore qu'il soit hors de cause quils n’aient pu & ce moment d'aucune fagon étre employés a des usages alphabétiques, I'écriture alphabétique tant & ce moment loin d'étre née. Vous saver que, plus haut encore, j'ai fait allusion & ces fameux cailloux du Mas d’Azil qui ne sont pas pour peu ‘dans les trouvailles faites & cet endroit, au point qua la fin du paléolithique un stade est désigné du terme @azilien, du fait quill se rapporte a ce que nous pouvons [en] définir le point d'évolution technique, & la fin de ce paléolithique, dans la période non pas a proprement parler transitionnelle, mais prétransitionnelle du paléo au néolithique. Sur ces cailloux du Mas ¢’Azil nous retrouvons des signes analogues dont Vétrangeté frappante, ressembler de si prés aux signes de notre alphabet, a pu Egarer, vous Ie savez, des esprits qui n'étaient pas spécialement médiocres, & toutes sortes de spéculations qui ne pouvaient conduire qu’a la confusion, voire au ridicule, I reste néanmoins que la présence de ces éléments est 1a pour nous faire toucher du doigt quelque chose qui se propose comme radical dans ce que nous @). 1G, Février, op. cit, tableau comparatif p. 198, fig. $3: Protosinattique ___Protophénicien _ Phénicien archatque “ | KB (95) uo C38 “g.m tertiarté conso- antique sufisant A caratriser te fonction verbaleensemitigne™ 40738 *ermatureconconantigue ‘aracérse toute forme Veale dans langue sémitique® LB ‘que nous pouvons definir comme Te point” PL2 "Hors de Técritre phon ‘quel ny @ aucune connalrance™ nde ce guest abeude, bien Sc (pilsgue c'est une connai ‘ace cell designe. gi permet ‘invention del entre) malejene cxpendant one Iueur sur le fete ‘9s lors peut semtendee Te Sbjtn pas encore d erie pour ere sa connaissance. I ui fa fda pour cela iovener Teste hoaetiqu, Diprés Champollion, Princpes igensraux de-Tcriture sactee Eguptienne, Dustiut d Orient 1388 10 JANVIER 1962 Pouvons appeler attache du langage au réel. Bien str, probléme qui ne se pose que pour autant que nous avons pu d'abord voir la nécessité, pour comprendre le langage, de lordonner par ce que nous pouvons appeler une référence a lui-méme, & sa propre structure comme telle, qui d'abord pour nous a posé ce que nous pouvons presque appeler son systeme comme quelque chose qui d’aucune fagon ne se suffit d'une genése purement utilitaire, instrumentale, pratique, d'une genése psychologique ; qui nous montre le langage comme un ordre, un registre, une fonction dont c'est toute notre problématique qu'il nous faut la voir comme ‘capable de {6 fonctionner hors de toute conscience ‘de la part du sujet, et dont nous 4 sommes amenés comme tel & définir le champ comme étant caractérisé par des valeurs structurales. q sont propres. és lors il faut bien, pour nous, établir 1a jonction de son fonctionnement avec ce quelque chose qui en porte dans Ie réel la marque. *D'od vient la marque? Est-elle centrifuge ou centripéte? C'est 1a, autour de ce probléme, que nous sommes pour l'instant, non pas arrétés, mais en arrét, Cest donc en tant que le sujet, propos de quelque chose qui est marque, qui est signe, lit déja avant qu'il s'agisse des signes de Vécriture, qu'il s‘apergoit que des signes peuvent porter a T'occasion des morceaux diversement réduits, découpés de sa modulation parlante et que, renversant sa fonction, il peut ére admis & en étre ensuite comme tel le support phonétique, comme on dit. Et vous savez que c'est ainsi qu'en fait nait I'éeriture phonétique : “qu'il n'y a aucune écriture a sa connaissances... plus exactement : que tout ce qui est @ordre & proprement parler de l’écriture, et non pas simplement d'un dessin, est quelque chose qui commence toujours avec I'usage combiné de ces dessins simplifiés, de ces dessins abrégés, de ces dessins effacés qu'on appelle diversement improprement, idéogrammes en particulier. La combinaison de ces dessins avec un usage phonétique des mémes signes qui ont Tair de représenter quelque chose, la combinaison des deux apparait par exemple évidente dans les hiéroglyphes égyptiens. D'ailleurs nous ‘pourrions, rien qu’a regarder une inscription higroglyphe, eroire que (7 les égyptiens n’avaient pas d'autres objets dintérét que le bagage, somme toute limité, dun certain nombre d’animaux, d'un tes grand nombre, d'un nombre doiseaux & vrai dire surprenant pour Tincidence sous laquelle effectivement peuvent intervenir les oiseaux dans des inscriptions qui ont besoin d'étre commémorées, d'un nombre sans doute abondant de formes instrumentales agraires et autres, de quelques signes aussi qui de tous temps ont été sans doute utiles sous leur forme simplifiée : le trait unaire d'abord, la barre, Ia croix de la multiplication, qui ne désignent pas d'ailleurs les opérations qui ont été attachées par la suite A ces signes, mais enfin, dans Yensemble il est tout & fait évident au premier regard que le bagage de dessins dont il s'agit n'a pas de proportion, de congruence avec la diversité effective des ‘objets qui pourraient étre valablement évoqués dans des 5 inscriptions durables. Aussi bien ce que vous voyez, ce que jiessaie de vous désigner, et qu'il est important de désigner au passage pour dissiper des confusions pour ceux qui n'ont pas le temps d'aller regarder les choses de plus prés, c'est que par exemple: la figure d'un grand duc, d'un hibou, pour prendre une forme doiseau de nuit particulitrement bien dessinée, repérable dans les inscriptions classiques sur pierre, nous la verrons revenir extrémement souvent, et pourquoi? Ce n'est certes pas qu'il s‘agisse jamais de cet animal, ‘c'est que Ie nom commun de cet animal dans le langage égyptien antique (8 peut étre Voccasion d'un support & I'émission labiale m et que chaque fois que vous voyez cette figure animale, il s‘agit d'un m et de rien d'autre, lequel m ailleurs, loin d'étre représenté sous sa valeur seulement littérale chaque fois que vous rencontrez cette figure dudit grand duc, est susceptible de quelque chose qui se fait & peu prés comme cela ef ci-conte} 3 10) LIDENTIFICATION Le m signifiera plus d'une chose, et en particulier... ce que nous ne pouvons, pas plus dans cette lettre que dans la langue hébraique, quand nous n'avons pas V'adjonction des *points voyelles*, que nous ne sommes pas tis fixés sur les supports vocaliques, nous ne saurons pas comment exactement se compléte ce m, mais nous en savons en tous cas largement ‘assez, d'aprés ce que nous pouvons reconstruire de la syntaxe, pour savoir que ce m peut aussi bien représenter une certaine fonction, qui est & peu prés une fonction introductrice du type voyez, une fonction de fixation attentionnelle sion peut dire, un voici, ou encore, dans d'autres cas od tres probablement il devait se distinguer par son appui vocalique, représenter une des formes, non pas de la négation, mais de quelque chose quiil faut préciser, avec plus daccent, du verbe négatif, de quelque chose qui isole la négation sous une forme verbale, sous une forme conjugable, sous une “forme, non pas simplement ne, mais de quelque chose comme il est dit que non. Bref, que cest un temps particulier d'un verbe que mous connaissons, qui est ccertes négatif, ou méme ‘plus exactement une forme particuliére dans deux verbes négatifs : Ie verbe igri dune part, qui semble vouloir dire ne pas étre, et le verbe im dautre part, qui indiquerait plus spécialement la non-existence effective. Crest vous dire & ce propos, et [en] introduisant & ce propos d'une fagon anticipante Ia fonction, que ce n'est pas par hasard que ce devant quoi nous hous trouvons en nous avangant dans cette voie, c'est Ie rapport qui ici siincame, se manifeste tout de suite de la coalescence Ia plus primitive du signifiant avec quelque chose qui tout de suite pose la question de ce que c'est que Ia négation, de quoi elle est le plus pres. Est-ce que la négation est simplement une connotation, qui donc spourtant® se propose comme: de la question, du moment od, par rapport a Yexistence, a Texercice, A la constitution d'une chaine signifiante, s'y introduit une sorte diindice, de sigle surajouté, de ‘mor outil*, comme on s'exprime, qui devrait donc €tre toujours congu comme une sorte dinvention seconde tenue par les nécessités de I'utilisation de quelque chose qui se situe a divers niveaux? Au niveau de la réponse, ce qui est mis en question par Yinterrogation signifiante, cela n'y est pas, est-ce que c'est au niveau de la réponse que ce “n’esi-ce?" semble bien se manifester dans le langage comme la possibilité de I'émission pure de la néga'tion non? Est-ce que c'est, d'autre part, dans la marque des rapports que la négation slimpose, est suggérée, par la nécessité de 1a disjonction : telle chose n’est pas si telle autre est, ou ne saurait étre avec telle autre, bref, V'instrument de la négation? Nous le savons, certes, pas moins que d'autres. * Mais [si], pour ce qui est done de la genése du langage, on en est réduit a faire du signifiant quelque chose qui doit peu & peu s'élaborer & partir du signe émotionnel, le probleme de la négation est quelque chose qui se pose comme celui, & proprement [parler] d'un saut, voire d'une impasse. (4), Sur ce passage CC39 *.] lag de ce que cest que la négation Y voir seult'1 connotation, avec probleme du moment od p rapport @ 1a chaine jntroduit 1 motouti, sigle surajouté, Ys congu c 1 invention seconde née des néc de I «ds une réponse p ex? ‘Ou marque des rappt que la aégation entretient avec Ia disjonction (..1?# PL} "Estelle une connotation qui se propose comme de la question du moment par r 2 eristence(.-jne invention 2 tene par les nécessités de Tuilsation de ce qui se situe au niveas de la réponse, non ce nest pas au niveau de la réponse.” 3132 SEs négation, est-ce simplement une connotation introduisant dans une chaine signifiante iin sigle surajoule, un "mot outil une invention seconde? Est-ce au niveau de la réponse que nait la négation? Ou este par la nécessité de la disjonction?* ate sy ilisation soit : 1/ la négation comme connotation de 1a question? 2/ la négation comme instrument, marque des rapports nécesstés de la disjonction? £039 “points voealiques” X Gancien X) smi intra ein) Y= to lui [verbe de négaion) =) 1m (en avoir fini avec) pana? DaceOCTL | MEPL “mot vi wel of pS sq dinlestique message- ‘geston

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