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MC *Téendue pure, pls sen gu pulse simprimer ‘St justement ‘os a demarche il ay a plus ted" POCHS "Ter pure, + sek ne out 2 imprimer de ignfant = Esc eiaé de sa demarche- + de ‘app entre le sgat (1° | IRSO STelendoe pure ob pis ren ne peut slmpamer ce qu ds sa marche ext elidé:Te 3 [JO74S Sto pls en ny pale sim prim Ce qui est dé (2) Te Sgnifant® cso of Descanes, La recherche de la ere par la lame naturelle, Bins gue Les passions de fine op. (MC He quantum LIANVIER 1962 abord la symbolisation sur laquelle j'ai terminé mon discours la demniére fois, faisant supporter le sujet par le symbole mathématigue duv-1, je ne Pense pas que tout pour vous puisse n'étre la-dedans que pure surprise. Je veux dire qu’d se rappeler la démarche cartésienne elle-méme, on ne peut oublier ce & quoi cette démarche méne son auteur. Le voild parti dun bon Pas vers la vérité, plus encore: cette vérité n'est nullement chez lui, comme chez nous, mise en la parenthése d'une dimension qui la distingue de la réalité Cette vérité sur quot Descartes s‘avance de son pas conguérant, c'est bien de celle de la Chose quil s'agit. Et ceci nous méne & quoi? A vider le monde jusqu’a nen plus laisser que ce vide qui s‘appelle T'étendue. Comment cela estil possible? Vous le savez, il va choisir comme exemple: faite fondre un bloc de cire'. Est-ce par hasard quill choisit (2 cette matigre, si ce nlest pas quil y est entrainé parce que clest la matitre fdéale pour recevoir le sceau, la signature divine? Pourtant, aprés cette opération quasi alchimique qu'il poursuit devant nous, il va, la faite sévanouir, se réduire a mre plus que -Vétendue pure, plus rien ob puisse simprimer ce qui, justement, est élidé dans sa démarche : il n'y a plus de rapport entre le signifiant> et aucune trace naturelle, si je puis Iwexprimer ainsi, et tr8s nommément fla} trace naturelle par excellence qui constitue Vimaginaire du comps Ce avest pas dire justement que cet imaginaire puisse étre radicalement epoussé, mais il est séparé du jeu du signifiant, il est ce quiil est: effet du corps, et comme tel récusé comme témoin d'aucune vérité, Rien a en faire que den vivre, de cette imaginaire théorie des passions, mais ne surtout pas Penser ‘avec. L'homme pense avec un discours.réduit ‘aux évidences de ce 2 qu'on appelle la tumigre naturelle, est-idire une algebre,* un groupe logistique qui, ds lors, aurait pu étre autre si Dieu Tavait voulu (théorie des passions). Ce dont Descartes ne peut encore s‘apercevoir, c'est que nous pouvons le vouloir & Sa place; c'est que quelque cent cinquante ans aprés sa mort nait la théotie des ensembles —elle Vaurait comblé— ot méme les chiffres 1 et 0 me sont que objet d'une définition littérale, d'une definition axiomatique purement formelle, éléments neutres. Il aurait pu faire ‘Véconomie du Diew véridique, le Dieu trompeur ne pouvant tre que celui (3 Qui tricherait dans Ia résolution des équations elles-mémes. Mais personne n'a jamais vu ga: il n'y a pas de miracle de la combinatoire, si ce nest le sens que nous’ lui donnons. Crest déja suspect chaque fois que nous lui donnons un sens. Crest pourquoi le Verbe existe, mais non pas le Dieu de Descartes. Pour que le Dieu de Descartes existe, il faudrait que nous ayons un petit commencement de preuve de Sa volonté eréatrice & Iui dans le domaine des mathématiques. Or ce n'est pas lui qui a inventé le transfini *de Cantor, cest_nous. C'est bien pourquoi Uhistoire nous témoigne que les grands mathématiciens qui ont ouvert cet au-deld de Ia logique divine, Euler tout le premier, ont eu tres peur. Is savaient ce quils faisaient: ils rencontraient, non pas le vide de létendue du pas cartésien qui finalement, malgré Pascal, J: ne pense pas que, pour paradoxale que puisse apparaitre au premier (1). R. Descartes, Méditation seconde, op. cit, p.279 sa. 8 4 oT 1 4 LIDENTIFICATION ne fait plus peur personne, parce qu'on s'encourage & aller Thabiter de plus en plus loin, mais le vide de l'Autre, liew infiniment plus redoutable, puisqu'll y faut quelqu'un, Crest pourquoi, serrant de plus prés la question du sens du sujet tel quill s'évoque dans la méditation cartésienne, je ne crois 1 rien faire, méme si Jempiete sur un domaine tant de fois parcouru qu'il finit par paraitre en devenir réservé a certains, *je ne crois pas faire quelque chose dont ils puissent se désintéresser, ceux-l4 mémes, pour autant que la question est acttuelle*, plus actuelle qu’aucune, et plus ‘actualisée encore, je crois pouvoir vous le montrer, dans Ia psychanalyse qu’ailleurs, Ce vers quoi je vais done aujourd'hui vous ramener, c'est a une considération, non de lorigine, mais de la position du sujet, pour autant qu’a la racine de Yacte de la parole il y a quelque chose, un moment oi elle sinsére dans une structure de langage, et que cette structure de langage, en tant qu'elle est caractérisée & ce point originel, jfessaie de la resserrer, de la définir autour d'une thématique qui, de fagon imagée, s'incarne, est comprise dans l'idée d'une contemporanéité originelle de l'écriture et du langage Iui-méme ; en tant que Vécriture est connotation signifiante, que la parole ne la crée pas tant qu'elle ne Ja “lite ; que la gendse du signifiant, & un certain niveau du réel qui est un de ses axes ou racines, c'est pour nous sans doute le principal & connoter la venue au jour des effets dits effets de sens. Dans ce rapport premier du sujet, dans ce quiil projette derriére lui nacktrdiglich par le seul fait de s'engager par sa parole, d'abord balbutiante, puis ludique, voire confusionnelle, dans le discours commun, ce qu'il projette fen arriére de son acte, c'est 1a que se produit ce quelque chose vers quoi nous avons le courage daller, pour Vinterroger au nom de la formule : “Wo Es war, soll Ich werden, que nous tendrions & pousser vers une formule trés Iégerement différemment accentuée, dans le sens d'un étant ayant été, d'un Gewesen qui subsiste pour autant que le sujet, s'y avangant, ne peut ignorer quill faut un travail de profond retournement de sa position pour qu'il puisse s'y saisir. Déja, 18, quelque chose nous dirige vers quelque chose qui, *d'etre nversé*, nous suggere Ia remarque qu’ soi toute seule, dans son existence, Ja négation n'est pas, depuis toujours, sans receler une question: qu'est-ce qu'elle suppose? Suppose-t-elle I'affirmation sur laquelle elle s‘appuie? Sans doute. Mais cette affirmation, est-ce bien, elle, seulement affirmation de quelque chose de réel qui serait simplement *6té+? Ce n'est pas sans surprise, ce n'est pas non plus sans malice que nous Pouvons trouver, sous la plume de Bergson, quelques ‘lignes par lesquelles il s’éléve contre toute idée de néant ?—position bien conforme a une pensée dans son fond attachée & une sorte de réalisme naif: "i y a plus, et non pas moins, dans Tidée d'un objet congu comme “n'existant pas” que dans Vidée de ce méme objet concu comme "existant", car l'idée de l'objet “nexistant pas" est nécessairement l'idée de Uobjet “existant", avec, en plus, la représentation d'une exclusion de cet objet par la réalité actuelle prise en bloc” “Est-ce ainsi que nous pouvons nous contenter de la situer... pour un instant, portons notre attention vers ‘la négation elle-méme: est-ce ainsi ‘que nous pouvons nous contenter, dans une simple expérience de son usage, de son emploi, d’en situer les effets?» Vous mener A cet endroit par tous les chemins d'une enquéte linguistique est quelque chose que nous ne pouvons nous refuser. Au reste, dgja nous sommes-nous avancés dans ce sens, et si vous vous en souvenez bien, lallusion a été faite ici ds longtemps aux remarques, certainement és suggestives sinon éclairantes, de Pichon et de Damourette dans leur 2). H. Bergson, L'évolution eréatrice, chap. IV, § : Texistence et le néant, uvres , Pais, PUF, 1970, p-737 (souligné par Tauteur) 4 IMC *je ne cris pas faire quelque chose dont il puisse se desta See cls mde pour aunt que Ggotson er actell™ | LB Sdont So plese desnteeser* CCcaS;SLAIIONSE | MC “et supra, pI et 78. Ccasso749 meal | MC%. Jae Laguelquechove nous dirige ver quelque chose “qui. estes onueversé, nous Suggére Ia magus [-1 [LB.CCJOAR | MC *donné* CC ‘peaon Sen comin pour Siege ceeds ep [JO “Est-ce sisi que nove eto nos cone a) ans une simple experience Son usage dans son empioi den Stuer effet. [MC "Est-ce aint {que nous pouvons nous contenter Ate ster? Pour un instant por tons noteatention vers la nega ton ellememe: Cest alas que ous poovons aous. contnter dns tne simple experience de Son usage, de son emplol, den Stuer ls effets FLL (cil ay pasd prop prerde alt ihe dblaionratcl ich is fade longs ps ales) Sta) Bs ote Wao rad csi i ic sande ds fine” a conctson quune phrase postive satus Lb ccs: J0.n. CCJOIL | MC *vous* CCL. | MC personne: quil® cane ideas gop ares pons t's aon ReaoncéIutmene™ SE & Pest eae» enon _jeetaige gue e a fasse Tye cp sepeatle dein (u's da tv de Yenc ters IM Seen under cena isso sce gd ne se dt gute, core que te Soi concel ble Su eral niveau ds enone Pourast, (2 D'quitt ccs 17 JANVIER 1962 collaboration & une grammaire? fort riche et tres féconde & considérer, grammaire spécialement de la langue frangaise dans laquelle leurs remarques viennent a Pointer quill n'y a pas, disentils, a proprement parler de négation en frangais Us entendent dire que cette forme, simplifiée a leur sens de ablation radicale telle qu'elle s'exprime a la chute de certaines phrases allemandes... Jentends @ la chute, parce que c'est bien le terme nicht qui, & venir d'une facon surprenante & la conclusion d'une phrase poursuivie cen registre> ‘positifs, a permis & Vauditeur de rester jusqu'a son terme dans la plus Parfaite indétermination, et foncitrement dans une position de créance. Par ce nicht qui la rature, toute la signification de la phrase se trouve exclue. Exclue de quoi? Du champ de 'admissibilité de la vérité ‘Pichon remarque, non sans pertinence, que la division, ‘la schi plus ordinaire en frangais de la fonction de la négation. entre un ne d'une part, et un mot auxiliaire : le pas, le personne, le rien, Te point, Ia mie, la gouite, qui occupent une position, dans la phrase Enonciative, qui reste A préciser, par rapport au ne nommé d'abord, que ceci “nous? suggére nommément, & regarder de prds”I'usage séparé qui peut en étre fait, d'attribuer a T'une de ces fonctions une signification dite discordantielle, & Vautre une signification exclusive +. C'est Justement d'exclusion du réel que serait chargé le pas, le point, tandis que le ‘ne exprimerait cette dissonance parfois si subtile qu'elle n'est qu'une ombre, et nommément dans ce fameux ne dont vous savez que j'ai fait grand état Pour essayer pour la premiére fois, justement, d'y montrer quelque chose comme la trace du sujet de l'inconscient, le ne dit explétif, le ne de ce “je erains qu'il ne vienne” : vous touchez aussitét du doigt qu'il ne veut rien dire d'autre que "j'espérais qu'il vienne". Il exprime la discordance de vos Propres sentiments & Vendroit de cette venue, il* véhicule en quelque sorte la trace, combien plus suggestive détre incarnée dans son signifiant, puisque nous Vappelons en psychanalyse ambivalence. “Je crains quil ne vienne": ce n'est pas tant exprimer Tambiguité de nos sentiments que, par cette surcharge, montrer combien, dans un. certain type de relation, ‘est capable de resurgir, d'émerger, de se reproduire, de se marquer en une béance cette distinction du sujet de l'acte d'énonciation en tant que tel, par rapport au sujet de T'énoncé, méme s'il n'est pas présent au niveau de 'énoncé d'une fagon qui le désigne "Je crains qu'il ne vienne", sc'est un tiers. Que serait-ce, s'il était dit “je crains que je ne fasse", ce qui ne se dit guére, encore que ce soit concevable? Qui serait au niveau de I'énoncé? Pourtant, ceci importe peu, quill soit désignable — vous voyez dailleurs que je peux I'y faire rentrer au niveau de 'énoncé... et un sujet, masqué ou pas au niveau de Ténonciation, représenté ou non, nous améne a nous poser la question de la fonction du sujet, de sa forme, de ce “qui le* supporte, et & ne pas nous tromper, & ne pas croire que c'est ‘simplement le je ‘shifter qui, dans la formulation de Ténoncé, le désigne comme celui qui, dans instant qui définit le présent, porte 1a parole. Le sujet de l'énonciation a peut-étre toujours un autre support. Ce que jai articulé c'est que, bien plus, ce petit ne, ici saisissable sous la forme explétive, c'est 14 que nous devons en reconnaitre & proprement parler, dans un cas exemplaire, Ie support, Et aussi bien ce n'est pas dire, bien str, non plus que dans ce phénoméne d'exception nous devions reconnattre son support exclusif, sae (). | E-Pichon & J. Damourette, Des mots d la pensée. Essai de grammaire de la langue francaise, G4: dame, publié avec le concours du CNRS, vol. 1, chap, VII la négation, p-139, Gf Lacan : Psychoses (13.6.1956), Désir (10 et 17.13.1958), Evhigue (16.12.1939) (). Op. cit, p.138, $116 : “Le second morceau de la négation frangase, constitué par des mots comme ren jamais, aucun, personne, plas, guére, etc, seppigue aux fits qu le locuteurNenviaye es comme faisant partie de la réalité. Ces faits Sont en quelque sorte forclos, atvsi donnons neve {ce second morceau de la négation Te nom de forelusi” 0 6 LIDENTIFICATION Llusage de la langue va me permettre d’accentuer devant vous d'une fagon trés banale, non pas tant la distinction de Pichon... 9) & Ta “vérité, je me la crois pas soutenable jusqu'a son terme descripti. Phénoménologiquement elle repose sur Tidée, pour nous inadmissible, qu'on puisse en quelque sorte fragmenter les mouvements de la pensée ...Néanmoins, vous avez cette conscience linguistique qui vous permet tout de Suite d'apprécier Voriginalité du cas od vous avez seulement, od vous pouvez, dans Tusage actuel de la langue... cela na pas toujours été ainsi: dans les temps archaiques, la forme que je vais maintenant formuler devant vous était 1a plus commune. Dans toutes les langues, une évolution se marque, comme d'un glissement, que les linguistes essaient de caractériser, des formes de la négation. Le sens dans lequel ce slissement s'exerce, jen dirai peut-étre tout @ T'heure Ia ligne générale —clle s'exprime sous In plume des spécialistes —, _omais pour Tinstant prenons le simple exemple de ce qui soffre & nous, tout simplement dans la distinction entre deux formules également admissibles, également recues, également expressives, également communes: celle du je ne sais avec le j'sais pas. Vous voyez je pense tout de suite quelle en est la différence, différence d'accent. Ce je ne sais n'est pas sans quelque ‘maniérisme : il est littéraire. I vaut quand méme mieux que "jeunes nations!"’, mais il est du méme ordre. Ce sont tous les deux Marivaux, sinon rivaux. Ce quill exprime, ce je ne sais, c'est essemtiellement quelque chose de tout fait différent de Vautre code dexpres'sion, celui du j'sais pas: il exprime to) Yoscillation, I'hésitation, voire le doute. Si j'ai évoqué Marivaux, ce n'est pas pour rien: il est la forme ordinaire, sur la scene, ot peuvent se formuler les aveux voilés. Auprés de ce je ne sais, il faudrait samuser & orthographier, avec Vambiguité donnée par mon jeu de mots, le j’sais pas: par Fassimilation quil subit, du fait du voisinage du s inaugural du verbe, le j du je qui devient un che *aspirant qui est par Ia sifflante sourde* ; le ne ici avalé disparait, toute la phrase vient reposer sur le pas lourd de Vocclusive qui la “termine L'expression me prendra son accent d'accentuation un peu dérisoire, voire populacitre & occasion, justement que de son discord avec ce quiil y aura @exprimé alors. Le ch'sais pas marque, si je puis dire, méme le coup de quelque chose od tout au contraire le sujet vient se collapser, s'aplatir — Comment ga West-il arrivé? demande Vautorité, apres quelque triste mésaventure, au responsable. — hi'sais pas. Crest un trou, une béance qui s‘ouvre, au fond de laquelle ce qui disparait, s'engouffre, c'est le sujet Iui-méme. Mais ici il n'apparait plus dans son mouvement oscillatoire, dans le support qui lui est donné de son mouvement originel, mais tout au contraire sous une forme de constatation: son ignorance a proprement parler exprimée, assumée, est 11 plutot projetée, constatée, quelque chose qui se présente comme un “n’ézre pas Ja projeté sur une surface, sur un plan oi il est comme tel reconnaissable, Et ce que nous approchons par cette voie dans ces remarques, contrOlables de mille sortes par toutes sortes d'autres exemples, c'est quelque chose dont, au minimum, nous devons retenir l'idée d'un double versant. Est-ce que ce double versant est vraiment dopposition, comme Pichon le laisse entendre, quant & Yappareil Iui-méme ede Ia négation?® Est-ce qu'un examen plus poussé peut nous permettre de le résoudre? 8 ‘Remarquons d'abord que le ne de ces deux termes a I'air d'y subir Vattraction de ce qu’on peut appeler le groupe de téte de la phrase, pour (5). Jeune Nation (jeine nation] : journal fasciste de 'époque ; quant & "Marivaux, sinon rivaux", peut-tre allusion & Rivarol [riva/rof], autre journal dextréme doitre. 86 430 *aspré parlasiflantesourde* SLO | MC *detrmine* 343] MC*commePichon ease cuanto eeeqin[a® MC ‘je ny vais ps a pa"* | S'accentuer par une virgule : "je n'y vais, pas un seul pas el 17 JANVIER 1962 autant quiil est saisi, supporté par la forme pronominale, Ce peloton de téte, en frangais, est remarquable dans les formules qui l'accumulent, telles que le je ne le, je le tui: ceci, groupé avant le verbe, n'est certainement pas sans refléter lune profonde nécessité structurale. Que le ne vienne s'y agréger, je dirai que ce est pas 18 ce qui nous parait le plus remarquable. Ce qui nous parait le plus Temarquable, c'est ceci, c'est qu'd venir s'y agréger, il en accentue ce que Jappellerai la significantisation subjective Remarquez en effet que ce n'est pas un hasard si c'est au niveau d'un Je ne sais, d'un je ne puis, d'une certaine catégorie qui est celle des verbes ot Se situe, s'inscrit la position subjective elle-méme comme telle, “que j'ai trouvé [12 mon exemple d'emploi isolé de ne. IL y a en effet tout un registre de verbes dont lusage est propre & nous faire remarquer que leur fonction change profondément, d'étre employés a la premiére, ou & la seconde, ou a la troisitme personne. Si je dis: "je crois qu'il va pleuvoir", ceci ne distingue pas, de mon énonciation quill va pleuvoir, un acte de croyance. “Je crois qu'il va pleuvoir" connote simplement le caractére contingent de ma prévision. Observez que les choses se modifient si je passe UX autres personnes : Tu crois quil va pleuvoir" fait beaucoup plus appel & quelque chose celui & qui je mladresse, je fais appel & son témoignage. "Il croit quill va i pleuvoir® donne de plus en plus de poids & l'adhésion du sujet a sa créance. | Lintroduction du ne sera toujours facile quand il vient s'adjoindre a ces trois supports pronominaux de ce verbe qui a ici fonction variée : au départ de Ja nuance énonciative jusqu’a l'énoncé d'une position du sujet, le poids du ne sera toujours pour le ramener vers la nuance énonciative. "Je ne crois pas quill va pleuvoir", c'est encore plus lié au caractére de suggestion dispositionnelle qui est 1a mienne. Cela peut n’avoir absolument rien “& faire avec une non-croyance, mais simplement avec ma bonne 0 humeur, "Je ne crois pas qu'il va pleuvoir", "je ne crois pas qu'il pleuve", cela veut dire que les choses me paraissent pas trop mal se. présenter. ‘De méme, l'adjoindre aux deux autres formulations, ce qui dailleurs va distinguer deux autres personnes, le ne tendra a je-iser ce dont, dans les autres formules, il s‘agit. "Tu ne crois pas qu'il va pleuvoit", “il ne croit pas quill doive pleuvoir": c'est bien en tant que... c'est bien attirés vers le je quils seront, par le fait que cest avec l'adjonction de cette petite particule négative quiils sont ici introduits dans le premier membre de Ia phrase. 13 Est-ce a dire qu'en face nous devions faire du pas quelque chose qui, tout brutalement, connote le pur et simple fait de la privation? Ce serait assurément Ja tendance de lanalyse de Pichon, pour autant quil en trouve en effet, grouper les exemples, a donner toutes les apparences. En fait je ne le crois pas, pour des raisons qui tiennent d'abord a Vorigine méme des signifiants dont il s'agit. Sdrement, nous avons la gendse historique de leur forme d'introduction dans l'usage. Originellement, "je n'y vais pas" ast [LB "je nly vais pos meme in past | i je puis dire. "Te fori eawee see teal n'y vois point, méme pas d'un point". “Je n'y trouve goutte*, “il nen reste mie"... Il s'agit bien de quelque chose qui, loin d'éire dans son origine la connotation d'un trou dabsence, exprime bien au contraire Ia réduction, la disparition sans doute, mais non achevée, laissant derriére elle le sillage du trait le plus petit, le plus évanouissant. “En fait ces mots, faciles a restituer & leur valeur positive, au point quils jis sont couramment encore employés avec cette valeur, recoivent bien leur charge négative du glissement qui se produit vers eux de la fonction du ne, et méme si le ne est élidé, c'est bien, sur eux, de sa charge qu'il la fonction quill exerce Quelque chose si Ton peut dire, de la réciprocité disons, de ce pas et de © me nous sera apporté par ce qui se passe quand nous inversons leur ordre dans I'énoncé de la phrase, ‘sagit, dans 10 fo LIDENTIFICATION Nous disons — exemple de logique : "Pas un homme qui ne mente”, C'est bien Ia le pas qui ouvre le feu Ce que jfentends ici désigner, vous faire saisir, c'est que le pas, pour ouvrir la phrase, ne joue absolument pas a méme fonction qui lui serait autribuable, aux dires de Pichon, si celle-ci était celle qui s‘exprime dans la formule suivante Tarrive et je constate: “il n'y a ici pas un chat Entre nous, laissez-moi vous signaler au passage la valeur éclairante, privilégiée, voire redoublante de Tusage méme d'un tel mot: pas un chat. Si nous avions & faire le catalogue des moyens dexpression de la négation, je proposerais que nous mettions a la rubrique ce type de mots pour devenir | comme un support de la négation. Ils ne sont pas du tout sans constituer une { catégorie spéciale. Qu’est-ce que le chat a a faire dans la question?.... Mais i laissons cela pour Je moment. | 15) ‘Pas un homme qui ne mente montre sa différence avec ce concert de carences: quelque chose qui est tout A fait A un autre niveau et qui est suffisamment indiqué par l'emploi du subjonctif. Le pas un homme qui ne mente est du méme niveau qui motive, qui définit toutes les formes les plus discordantielles, pour employer le terme de Pichon, que nous puissions attribuer au ne: depuis le je crains quil ne vienne jusque le avant qu'il ne vienne, | Jusqu’au plus petit que je ne le croyais, ou encore il y a longtemps que je ne | Trai vu, qui posent, je vous le dis au passage, toutes sortes de questions que je suis pour Tinstant forcé de laisser de cOté Je vous fais remarquer en passant ce que supporte une formule comme i! y a longtemps que je ne Uai vu: vous ne pouvez pas le dire a propos d'un mort, ni dun disparu. 1 y a longtemps que je ne Vai vu suppose que la prochaine rencontre est toujours possible. 11 -‘Vous voyez avec quelle prudence V'examen, Tinvestigation de ces termes doit étre maniée. Et c'est pourquoi, au moment de tenter d'exposer, non pas la dichotomie, [mais] un tableau général des scaractéres divers* de la Dave J075|MC*iversnivenox* négation dans laquelle notre expérience nous apporte des entrées de matrice autrement plus riches que tout ce qui s‘ait fait au niveau des philosophes, depuis Aristote jusqu’d Kant... et vous savez comment elles s'appellent, ces te) entrées de matrices : privation, frustration, castration *. C'est “elles que nous allons essayer de reprendre, pour les confronter avec le support signifiant de Ia négation tel que nous pouvons essayer de l'identifier. Pas un homme qui ne mente, Quiest-ce que nous suggire cette formule?... Homo mendas‘ ce jagement, cete proposition que Je vous présente sous la forme type de Yaffirmative universelle, a laquelle vous savez peut-étre que ddans mon tout premier séminaire de cette année javais déja fait allusion, & propos de Tusage classique du syllogisme : tour homme est mortel, Sacrate. ete, avec ce que j'ai connoté ati passage de sa fonction transférentiele. Je crois que quelgue chose peut nous aire apporté dans approche de cette fonction de la négation, au niveau de *son* usage originel, radical, par la CC# *Tusratica dela née" |J0 considération du systéme formel des propositions elles qu‘Aristote les a «fot finéaton x n, classées dans les catégories dites de I'universelle affirmative et négative, et de ongincle" | MC "usage origi la particuligre dite également négative et affirmative [A.E.1.0 7). a Disons-le tout de suite: ce sujet dit de opposition des. propositions, origine chez Aristote de toute son analyse, de toute sa mécanique du syllogisme, vest pas sans présenter, malgré Tepparence, les plus nombreuses difficultés. Dire que les développements de la logistique la plus moderne ont In ‘éclairé ces difficultés serait trés certainement dire quelque chose contre quoi (). J, Lacan, La relation d'objet et les structures freudiennes, 1956-57, Patis, Seuil, 1994 Gf. aussi Les formations de Vinconscient, 1957-58, inddit, les 15.1 et 18.6,58 ; Le désir et son Interprétation, 1958-59, inédit, le 29.4.9. (. Aristote, Organon I, op. cit. (cf supra, p.15, note 6), de Vinterprétation, § 7, p.87 53. se nn cL A LO | CCAS tng Arie? | 1L48 *universelle afmative® x BE Dact | MC *afimatives* (2) st sajet du non: CC Satur puis ‘emis par L.embroulle” 17 JANVIER 1962 toute Thistoire s'inserit en faux. Bien au contraire, la seule chose qu'elle peut faire apparaitre étonnante, c'est apparence d'uniformité dans Vadhésion que ‘ces formules dites aristotéliciennes ont rencontrée jusqu'a Kant, puisque Kant 12 gardait Villusion que c’était 1 un édifice inattaquable, Assurément ce n'est pas rien de pouvoir, par exemple, faire remarquer que Vaceentuation de leur fonction affirmative et négative n'est pas articulée comme felle dans Aristote Iui-méme, et que c'est beaucoup plus tard, avec Averrods * probablement, qu’il convient den marquer Torigine. C'est vous dire qu‘aussi bien les choses ne sont pas aussi simples, quand il s'agit de leur appréciation. Pour ceux & qui besoin est de faire un rappel de la fonction de ces Propositions, je vais les rappeler briévement. Homo mendax — puisque c'est ce que j'ai choisi pour introduire ce rappel, prenons-le done — homo, et méme omnis homo: omnis homo mendax, tout homme est menteur. *La connotation du més dans Aristote pour désigner la fonction de luniversel*. Quelle est la formule négative? Selon une forme , et en beaucoup de langues, omnis homo non mendax peut suffire. Je veux dire que omnis homo non mendax veut dire que, de tout homme, il est vrai qu'il ne soit Pas menteur. Néanmoins, pour Ia clarté, clest le terme nullus que nous employons : nullus homo mendax. ‘Voila ce qui est connoté habituellement par les lettres, respectivement, (18 A et E de luniverselle affirmative et de l'universelle négative Que va-til se passer au niveau des “affirmations* particuliéres? Puisque Rous nous intéressons a la négation, c'est sous une forme négative que nous allons pouvoir ici les introduire Non omnis homo mendax: ce n'est pas tout homme qui est menteur, autrement dit je choisis et je constate quiil y a des hommes qui ne sont pas menteurs. En somme, ceci ne veut ‘pas dire que quiconque, aliguis, ne puisse étre 13 menteur: aliquis homo mendas, telle est la particuliére affirmative habituellement désignée dans 1a notation classique par la lettre 1 Tei, la negative particuligre [0] sera, le non omnis étant ici résumé par nullus, *Non nullus homo Yat mendax *, il n'y a pas aucun homme qui ne soit pas ‘menteur. En d'autres termes, dans toute la mesure oi nous avions choist ici {0} de dire que pas tout homme n'était menteur, ceci Vexprime d'une autre fagon, & savoir que ce n'est pas aucun qu'il y ait a étre non menteur Les termes ainsi organisés se distinguent, dans la théorie classique, par les formules suivantes * qui les mettent réciproquement en positions dites de contraires ou de subcontraires. st-A-dire que les propositions universelles [A et E] s'opposent a leur (19 Propre niveau comme ne sachant et ne pouvant étre vraies en méme temps. Tl ne peut en méme temps étre vrai que tout homme puisse étre menteur et que nul homme ne puisse étre menteur, alors que toutes les autres combinaisons Sont possibles, Tl_ne peut en méme temps étre faux quill y ait des hommes menteurs et quil y ait des hommes non menteurs. (8). Averroés [nom latin de Tbn Rushd], 1126-1198. On lui doit de nombreux commentaires et transcriptions des textes d'Aristote, notamment de 'Organon, (9). Tableaux des formules : Quantfiées (1), en clair (2), et leus relations (3) AE A E Age p vx Fx| Wx roe ne nso a 3x Fr] 3xiFx ee Tx tx| Wx Fx ‘enon tone mnt sn tn 1 zN ° tloo a) Talons @ @ % IDENTIFICATION Lropposition dite contradictoire est celle par laquelle les propositions situées dans chacun de ces quadrants s‘opposent diagonalement {A-O et E-I] en eeci que chacune exclut, étant vraie, Ia vérité de celle qui lui est opposée au titre de contradictoire, et étant fausse exclut la fausseté de celle qui lui est opposée a titre de contradictoire. S'il y a des hommes menteurs [I], ceci n'est pas compatible avec le fait que nul homme ne soit menteur [E]. Inversement, le rapport est le méme de la particulidre négative [0] avec affirmative universelle [A]. Quest-ce que je vais vous proposer, pour vous faire sentir ce qui, au 1 niveau du texte aristotélicien, se présemte “toujours comme ce qui sest développé dans Uhistoire dembarras autour de la définition comme telle de Vuniversel? Observer dabord que si ici je vous ai introduit le non omnis homo mendax 26) [0], le pas tour, le terme pas portant sur la ‘notion du rout comme définissant la particulitre, ga n'est pas que ceci soit Iégitime, car précisément Aristote s'y oppose d'une fagon qui est contraire & tout le développement qu’a pu prendre ensuite la spéculation sur la Iogique formelle, & savoir un développement, une explication en extension faisant intervenir la symbolisable par un cercle, par une zone dans laquelle les objets constituant son support sont rassemblés. ‘Aristote, tres précisément avant les premiers analytiques", tout au moins dans Youvrage qui antécéde dans le groupement de ses euvres, mais qui apparemment Vantécéde logiquement sinon chronologiquement, qui s‘appelle De Vinterprétation", fait remarquer que — et non sans avoir provogué l'étonnement des historiens — ce n'est pas sur la qualification de universalité que doit porter la négation. C'est done bien d'un quelqu'homme* quiil s'agit, et d'un quelquhomme que nous devons interroger comme tel*. La qualification, done, de Tomnis, de Yomnitude, de de la catégorie universelle, est ici ce qui est en cause. Est-ce que c'est quelque chose qui soit du méme niveau, du niveau dexistence de ce qui peut supporter ou ne pas supporter Taffirmation ou la négation? Est-ce quill y a homogénéité entre ces deux niveaux? Autrement dit, est-ce que cest de quelque chose qui simplement suppose la collection comme réalisée qu'il 21) s'agit, dans la différence quill y a “de T'universelle a Ia particulitre? Bouleversant Ia portée de ce que je suis en train d'essayer de vous expliquer, je vais vous proposer quelque chose, quelque chose qui est fait en quelque sorte pour répondre & quoi? A la question qui lie, justement, 1a 15 définition du ‘sujet comme tel & celle de ordre daffirmation ou de négation dans lequel il entre dans Vopération de cette division propositionnelle. Dans I'enseignement classique de la logique formelle, il est dit —et si Yon recherche & qui a remonte, je vais vous Ie dire, ce n'est pas sans étre quelque peu piquant —, il est dit que le sujet est pris sous langle de Ia qualité, et que T'attribut que vous voyez ici incarné par le terme mendax est pris sous Vangle de la quantité. Autrement dit : dans 'un ils sont tous, ils sont plusieurs, voire il y en a un. C'est ce que Kant conserve encore, au niveau de la Critique de la Raison pure, dans la division ternaire. Ce n'est pas sans soulever, de la part des linguistes, de grosses objections. Quand on regarde les choses historiquement, on s'apercoit que cette distinction qualité - quantité a une origine : elle apparait pour la premitre fois (10). Aristote, Organon II, Les premiers analytiques, Paris, Vrin, 1983 (UD), Atistote, Organon Il, De l'inerprétation, [nepi epumveiac), Paris, Vein, 1977, $10, (12). E. Kant, Critique de la Raison pure, Paris, PUP, 1968, 1. 2* partie : Logique transcendantae, ‘et notamment §12. 50 ? (CC49 Aetest done bien quelgve, ‘liguis® [| MC comme tel comme mentor" ‘STaparte>? 17 JANVIER 1962 ince ERAS AM dans un ‘petit traté, paradoxalement, sur les doctrines de Platon, et cela... 2 ‘etawerdeHinedee UN Gest at conve Ténonedanoaisien de Ie ogg ne et est reproduit, d'une fagon abrégée, mais non sans période didactique, et Tauteur n'est ni plus ni moins qu’Apulée, ‘auteur d'un traité sur Platon 9, Se trouve avoir ici une singulitre fonction historique, c'est 4 savoir davoir JO"yainredtplusdine <2. introduit une catégorisation, celle de la quantité et de la qualité,

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