| OLLOQUE INTERNATIONAL SUR LE CONTENTIEUX ELECTORAL ET L'EIAT DE DROIT
LE CONTENTIEUX ELECTORAL DEVANT LES.
JURIDICTIONS SUPREMES
par
OUMAR GAYE
Conseiller — référendaire au Conseil d’Etat
Dés son accession 4 l'indépendance, le Sénégal, & l'instar de nombreux
pays afticains, a adopté le syst#me d'unité de juridiction avec au sommet de la
hiérarchie judiciaire, la Cour Supréme qui cumulait les compétences dévolues en
France, au Conseif Constitutionnel, au Conseil d'Etat, & la Cour de Cassation et &
la Cour des Comptes.
Un tel systéme, s'il était séduisant par sa relative simplicité., comportait
cependant un certain nombre d'obstacles.
Cest pourquoi, le constituent sénégalais, par la loi n°92-22 dit 30 Mai
1992 portant révision de la Constitution, va profondément modifier
lorganisation judiciaire sénégalaise. Désormais, avec |'éclatement de la Cour
Supréme en trois juridictions distinctes dotées d’une autonomie organique
(Conseil Constitutionnel, Conseil d’Etat et Cour de Cassation), le Sénégal optait
résolument pour une innovation majeure : la spécialisation au sommet des
juridiction et le maintien de l'un'té de juridictions a la base.
Cest ainsi que le contentieux électoral est réparti entre le Conseil
Constitutionnel et le Conseil d'Etat.
Le Conseil Constitutionnel est compétent pour connaitre des contestations
dirigées contre les élections du Président de la République, des députés et des
Sénateurs '
Quant au Conseil d’Etat, sa compétence est limitée aux contentieux des
inscriptions sur les listes électorales et des élections aux Conseils des
Collectivités Locales’.
L’élection serait ume opération dépourvue de toute authenticité si sa
régularité ne pouvait étre contestée devant le Juge. Aussi, le législateur a-t-il
" (art 29 do la Constitution, arte 2 de atl oxganique 82-28 du $0 Mai 1982 surle Conseit Constuionnel. Artile LO 135
LO 185 et LO 129 du Code élecioral
2 (article 82 de la Constitution, art. 1 de Ia loi organique n°96-30 du 21 octobre 1996 sur le Conseil Etat.
article L.43 L. 265 a14 L. 299 al. 4 du code Electoral)
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2 [LBS CAHIERS DEL’ASSOCIATION OUEST AFRICAINE DES HAUTES JURIDICTIONS FRANCOPHONESCOLLOQUE INTERNATIONAL SUR LE CONTENTIEUX ELECTORAL &T LI
AT DE DROIT
organisé le régime des recours juridictionnels tendant & Pannulation oui a la
réformation du résultat de I'élection.
Le Contentieux électoral n’en est pas moins juridiquement ambigu, car
tous ceux qui participent a [‘élection (qu'il s'agisse de I’électeur, du candidat ou
d'une des autorités publiques spécialement habilitées a cet égard) n'exercent pas
un droit subjectif, mais remplissent une fonction pour le compte de la
Collectivité.
Le Juge ne tranche donc pas, contrairement & certaines apparences, un
litige entre particuliers, ni un procés fait A un acte . C'est & cette spécificité du
droit électoral qu'il doit les pouvoirs considérables dont il jouit & cet égard ct qui
vont d'une certaine maniére au dela de ceux traditionnellement reconnus au plein
contentieux. Il dispose, en effet, non seulement des pouvoirs nécessaires pour
contréler la moralité et la sincérité des opérations électorales, mais encore du
droit de proclamer élu un candidat différent de celui qui I'a été par Torgane
compétent.
Nous examinerons successivement les différentes étapes de la procédure
contentieuse devant les juridictions avant d'aborder la décision et les voles de
recours offertes aux parties en proces.
1d) La procédure Contentieuse devant le Conseil Constitutionnel et
le Conseil d'Etat
La procédure devant ces juridictions obéit aux principes généraux et aux
régies directrices qu’elles s‘efforcent de dégager. C'est ainsi que I'on retrouve
parmi ces caractéres distinctifs les trais essentiels suivants : la procédure est
écrite en ce sens que les conclusions et tous les moyens doivent étre présentés
sous forme de mémoires. Elle est inquisitoire, secréte et contradictoire.
Les régles qui sont énoncées par les lois organiques sur le Conseil
Constitutionnel et sur le Conseil d'Etat ont trait 4 la saisine & ’instruction.
A/ La saisine
Pour qu'une requéte portée devant ces juridictions puisse étre accueillie, il
ne suffit pas qu’elle soit fondée, il faut en outre qu'elle soit recevable. La
recevabilité est subordonnée & une série de conditions relatives a l'objet du
recours, A observation d’un certain délai, & la qualité du requérant.
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LES CAMNERS DFL*ASSOCIATION OUEST AFRICAINE DES H 23)LLOQUE INTERNATIONAL SUR LE CONTENTIEUX ELECTORAL ET L’
1) L’objet du recours
L’objet du recours est différent selon qu'il s'agisse du Conseil
Constitutionnel ou du Conseil d'Etat.
a) Devant Je Constitutionnel
Pour les élections du Président de la République et celles des
parlementaires, le recours doit étre dirigé contre les opérations électorales et la
proclamation de ]'élu ou des élus.
Dans les deux cas, les opérations électorales recouvrent toutes celles que
comportent le déroulement du scrutin, celles du dépouillement, celles du
recensement des suffrages par les commissions installées dans chaque
département ou par la Commission Nationale de Recensement’.
Les seuls argument susceptibles d’étre invoqués & lappui d’un recours,
sont ceux qui font état d’irrégularités ayant entaché une ou plusieurs de ces
opérations et qui seraient de nature & influencer le résultat de I'élection.
Ainsi, le Juge Constitutionnel écarte systématiquement comme ne
satisfaisant pas A cette condition une simple appréciation critique des élections*
ou une simple demande d'enquéte® Des irrégularités qui affectent les opérations
dinscription sur les listes électorales échappent normalement au Conseil
Constitutionnel, comme relevant de la compétence du Conseil d'Etat.
Néanmoins. le Conseil Constitutionnel accepte de :se prononcer sur une
demande en annulation d'une élection fondée sur le caractére frauduleux de
Yétablissement des listes °
b) Devant le Conseil d'Etat
Le Conseil d’Etat est compétent pour connaitre des contentieux sur les
listes électorales et des élections aux Conseils des Collectivités Locales.
En ce qui concerne le contentieux des inscriptions sur les liste électorales
Les électeurs qui ont fait objet d'une radiation d'office de la part de la
commission administrative ou ceux dont l'inscription est contester sont
1. arlicle LO 18 3 et LO. 184 du Code Electoral
*C. Const, le 6 Janvier 1959. A..N. Loire , 6° , Rec P. 108
2.C. Const. 5 Janvier 1959. A.N Dréme. 3° Rec P. 108
3C. Const §7 Juin 1986, A. N. DOUBS. Ree P, 54
ee eee
24 LES CAHIERS DEL’ASSOCIATION OUEST AFRICAINE DES HAUTES JURIDICTIONS FRANCOPHONESCOLLOQUE INTERNATIONAL SUR LE CONTENTIEUX ELECTORAL ET L’ETAT DE DROIT
convoqués par l'autorité administrative compétente (le sous-préfet, le préfet_ ou
le gouvernement) qui leur notifie par écrit la décision de la commission
administrative contre laquelle ils peuvent interjeter appels devant le Tribunal
Départemental. Cette décision rendue en dernier ressort peut étre portée en
cassation devant le Conseil d’Etat”
En_ce_qui_concerne le contentieux_de \élection aux Conseils des
Collectivités Locales
Le Conseil d'Etat est compétent en dernier ressort pour connaitre des
recours dirigés contre les arréts rendus par la Cour d'Appel. En la matiére, le
Conseil d’Etat est juge d'appel ®
Le recours doit tendre & Y'annulation de la proclamation de 1'élection d'un
Conseiller régional, d'un conseiller municipal out d'un conseiller rural.
Il ne petit étre fondé que sur une out plusieurs irrégularités entachant le
résultat de cette élection.
2/ Qualité du Requérant
a) Devant le Conseil Constitutionnel
Quill s'agisse de I’élection présidentielle ou des élections législatives et
sénatoriales, seul le candidat ou lé mandataire de la liste de candidats au scrutin
petit contester la régularité des opérations électorales *
Ainsi les électeurs ne peuvent s'adresser directement au Conseil
Constitutionnel.
Le droit de saisir Je Conseil Constitutionnel est personnel, et un patti
politique ne saurait prétendre l'exercer & la place.- du candidat '°.
Le Conseil Constitutionnel ne peut non plus s'auto-saisir, et doit s’en. tenir
Ala requéte. Le Conseil se trouve dessaisi dés lors que le requérant se désiste |!
7 Art L43 du Code Electoral
"CE, 5 Mai 1997 Landing SAVANE c/ les élus du PS ef autres. R. Section réunies p.2
° ART LO 135, et LO 229 du Code électoral : C.C 24 Mai 1993 affaires 20 8 23 B/93
"°C.C5 Décembre 1959 Sénat, Gironde Rec p, 104
"GC 5 Mai 1959. Frouard R. p 218
ee
[LES CARTERS DEL’ASSOCIATION OUEST AFRICAINE DES HAUTES JURIDICTIONS FRANCOPHONES 25COLLOQUE INTERNATIONAL SUR LE CONTENTIEUX ELECTORAL ET L’ETAT DE DROIT.
b) Devant le Conseil d'Etat
La qualité requise pour saisir le Juge de 1’élection est strictement définie et
constitue un droit personnel que son titulaire est seul & pouvoir exercer et auquel
il ne petit donc renoncer a I'avance
Ainsi, pour les réclamations relatives & l'insctiption, au refus d’Inscription,
4 Pomission star la liste électorale et la radiation, seul I’électeur qui en est
victime peut former la requéte '?
Cependant, pour le contenticux de I'annulation des élections aux Conseil
des Collectivités Locales,, cette qualité appartient a I’électeur ou au candidat aux
dites élections
De méme, le Ministre de l'intérieur se substitue au Gouverneur ou au
Préfet
pour saisir le Conseil d'Etat, s’il - estime que les conditions et les formes
localement prescrites n'ont pas été respectées *
3/ Forme de la requéte
Les conditions de forme s'appliquent & la requéte introductive d'instance
qui saisit pout la premiére fois le Conseil Constitutionnel ou le Conseil d'Btat, et
non aux mémoires qui, par la suite, déyeloppent éventuellement les arguments
sommairement exposés lors de la saisine initiale.
La requéte introductive peut-ére rédigée sur papier libre, mais les
mentions suivantes sont requises & peine d'irrecevabilité
- Les nom, prénoms adresse et qualité du requérant, ainsi que sa signature
- Les moyens d'annulation invoqués
- Un exposé des faits '
- Les piéces et documents justificatifs que le requérant entend porter a la
connaissance de la juridiction doivent étre joints a la requéte -,
- La requéte est déposé au Greffe de la Juridiction '‘et le requérant est
dispensé du ministére d'Avocat et de la consignation.
" anicle L40 du Code électoral
" Anticle L 263, L297 du Code Electoral
% article 41 loi organique sur le Conseil d’Etat précité
5 C.C8 Juin 1998 N°12 a 29 E/98, 41° considérant et 51° considéramt,
‘® art, LO 137 du Code électoral art 15 et 24 de la loi organique 92-23 sur le Conseil Consttionnel et art 41 de la
loi organique sur le Conseil d’Etat dj cité
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26 [LBS CAMTUERS DEL’ ASSOCIATION OUEST AFRICAINE DES HAUTES JURIDICTIONS FRANCOPHONES.COLLOQUE INTERNATIONAL SUR LE CONTENTIEUX ELECTORAL
A/ Délai
Le délai pendant lequel le Conseil Constitutionnel ou le Conseil d’Etat
peut étre saisi d'une requéte en annulation est bref
a) Devant le Conseil Constitutionnel
Ce délai varie selon qu’il s'agisse de l'élection présidentielle ou de
Télection des
députés et des Sénateurs. s et des Sénateurs.
‘élection présidentielle
Le délai pour saisir le Conseil Constitutionnel est de trois jours '. Ce délai
court 4 compter de la proclamation provisoire des résultats qui intervient au plus
tard & minuit le Vendredi qui suit le scrutin'®. La requéte est communiquée par
le Greffier en Chef aux autres candidats intéressés qui disposent d'un délai
maximum de quarante huit heures pour déposer un mémoire en réponse.
- L'élection législative ou sénatoriale
Dans ce cas, le délai du recours est de cing jours. Ce délai commence a
courir & compter de la proclamation provisoire des résultats par la Commission
Nationale de Recensement des votes". Les parties adverses disposent d'un
délai de trois jours pour répondre aux moyens développés par la requéte.
b) Devant le Consei) d'Etat
Le délai varie tant dans sa durée que son mode de computation selon qu'il
s‘applique réinscription sur les listes électorales ott & Vélection aux Conseils
des Collectivités Locales.
- Pour le contentieux de l'inscription sur les listes électorales, le délai pour
saisir le Conseil d'Etat est de dix jours. Ce délai court 4 compter de la date du
jugement rendu en dernier ressort par Je Tribunal Département. Faute par le
requérant d'introduire son pourvoi dans ce délai, sa requéte est déclarée
irrecevable.
- Pour le contentieux de I'annulation des opérations électorales des
élections aux Conseils des Collectivités, le délai du recours est d’un mois, et il
court A compter de l'arrét de la Cour d'Appel. Il y a lieu de rappeler que cette
juridiction dispose d'une délai d'un mois pour rendre sa décision. A l'expiration
Art 29 de la Constitution
ArtL 80 du Code électoral
” Art LO 184, et LO 228 du Code Electoral
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LES CAHIERS DEL’ASSOCIATION OUEST AFRICAINE DES HAUTES JURIDICTIONS FRANCOPHONES 2COLLOQUE INTERNATIONAL SUR LE CONTENTIEUX ELECTORAL ET L'ETAT DE DROIT
de ce délai, si la Cour d'Appel n'a pas statué, la réclamation est considérée
comme rejetée et la partie intéressée petit saisir directement le Conseil d’Etat
Contrairement au recours pour excés de pouvoir, il n'y a pas de possibilité
de prorogation du délai de recours devant le Conseil Constitutionnel ou devant
le Conseil d'Etat. Le délai du recours en matiére électorale est d'ordre public. Il
s'impose au Juge comme aux justiciables.
B/ Instruction
Lenregistrement de la requéte au Greffe du Conseil Constitutionnel ou dut
Conseil d'Etat constitue le point de départ de l’instruction de cette requéte.
1) Devant le Conseil Constitutionnel
Le Député ou le Sénateur dont I'élection est contestée demeure en
fonction, car ’instruction n’a pas davantage que la saisine d'effet suspensif
Le Juge de 1'élection dirige ‘instruction et en prononce la cléture dés
queue lui parait complate, ce qui ne laisse aux parties qu'un réle subsidiaire.
Le réle prépondérant du Juge
La procédure devant le Conseil Constitutionnel n'est pas contradictoire”'.
Les juristes qualifient cette procédure d’inquisitoire. Celle-ci permet alors
au Président du Conseil Constitutionnel de désigner un rapporteur pour chaque
contestation parmi les membres dudit Conseil.
Le Conseil Constitutionnel dispose du pouvoir d’accélérer l’instruction
en écartant les requétes qui manifestent sont irrecevables”, de rassembler, et si
nécessaire, de demander tous renseignements, piéces ou documents utiles. C'est
ainsi que lors des dernitres législatives du 24 Mai 1998, L'Observatoire
National des Elections (O.N.E.L) “a transmis au Conseil Constitutionnel des
pidces, des rapports ainsi des procés-verbaux, qui ont permis & ladite juridiction
d'apprécier la régularité et la sincérité du scrutin dans certains bureaux de vote *
® Art L. 265 et 299 du Code électoral.
21LO 186 al 2 du Code électoral
* Art 2 de la loi organique sur le Conseil Constitutionnel précité
® O.NEL Créé par la [oi N°97-15 du 8 septembre 1997, est une structure indépendante chargée de la
supervision et du Contrdle des opérations électorales et référendaires.
CC décision N° 12 2 29 £/98 du 8 Juin 1998 41° et 50° considérant,
28
[LBS CAHIERS DEL ASSOCIATION OUPST AFRICAINE DES HAUTES JURIDICTIONS FRANCOPHONESCOLLOQUE INTERNATIONAL SUR LE CONTENTIEUX ELECTORAL ET L'ETAT DE DROIT
b) Le réle subsidiaire les parties
Les parties peuvent faire valoir les arguments qu’elles jugent utiles et
produisent tous documents et piéces & l’appui de leur argumentation.
Mais elles ne peuvent jamais les échanger entre elles car, elles sont tenues
de passer par I'intermédiaire du Greffier en Chef du Conseil Constitutionnel.
Les parties jouissent du droit de se faire représenter, mais sont tenues de
respecter des régle strictes de délai et de fond dans la production, tant de lear
argumentation que des pidces et documents présentés au soutien de celle-ci,
elles ne peuvent pas demander a étre entendues “ou soulever un argument qui
n'ait pas de rapport avec le grief articulé dans la requéte introductive d'instance.
2) Devant le Conseil d’Etat
La procédure est dirigée par le rapporteur désigné, mais ’instruction est
contradictoire.
a) Caractére contradictoire
Il se retrouve dans la notification de ta requéte que dans la production des
moyens de défense et Ja communication des pices.
+ La notification du pourvoi contre la proclamation de V’élection d’un élu
local est effectuée par le Greffe du Conseil d’Etat sous forme de lettre
recommandée avec avis de réception®, Elle est effectuée dans les deux jours
suivant l'enregistrement de la requéte
4-La production des moyens de défense doit avoir lieu dans le délai de
quinze jours A compter de la date de la notification du pourvoi. Ce délai n’est
pas d'ordre public et la production d'un mémoire peut étre faite, méme
tardivement, ‘longtemps que la décision n’a pas été rendue ””
La communication tant aux requérants qu’aux candidats proclamés élus des
piéces produites au cours de l’instruction constitue une obligation *
b) Mesures d'instruction
Elles ont principalement pour objet la détermination de la charme de la
preuve. la solution des questions préjudicielles et les enquétes électorales.
% Art 12 et 13 de la loi organique sur le Conseil Constitutionnel,
% article 41 de la loi organique sur le Conseil d’Etat précité
” CE 27 Frévier 1980, Emections Conside Sainte ~ Anne
** CE 28 Avril 1965, Elections cont. De Racquebiliére, R.T-P.945
a
LES CAHIERS DEL’ASSOCIATION OUBST AFRICAINE DES HAUTES JURIDICTIONS FRANCOPHONES: 29COLLOQUE INTERNATIONAL SUR LE CONTENTIEUX ELECTORAL ET L'ETAT DE DROIT
+ La charge de la preuve incombe normalement au (x) réclamant (s),
méme si le ou les candidats dont 'élection est contestés n'auraient produit aucun
moyen de défense.
Le Conseil d’Etat a le pouvoir d’écarter, sans méme ordonner une mesure
d'instruction, les griefs qui ne reposent sur aucun commencement de preuve.
+ En présence d'une question préjudicielle (portée d'une condamnation,
question de nationalité, domicile litigieux, etc ... ), le Juge de Vélection doit
surseoir.- A statuer et renvoyer les parties A se pourvoir devant le Juge judiciaire
en lettre impartissant un délai.
A Texpiration de ce délai, le Conseil d’Etat peut passer outre et rendre sa
décision.
+ L'enquéte est dirigée par le rapporteur, mais doit étre menée de fagon
contradictoire. Le rapporteur petit la décider d'office. Mais l'enquéte petit étre
demandée par les parties.
C/ Cléture de linstruction
Elle met un terme a J'instruction. Ses modalités varient selon que la
contestation est jugée par le Conseil Constitutionnel ou par le Conseil d'Etat.
- Devant le Conseil Constitutionnel, elle est décidée lorsque la juridiction
estime que son information est achevée.
- Devant le Conseil d'Etat, lorsque le rapporteur a établi son rapport, le
dossier est transmis au Commissaire du Droit ”
Et ce n’est que si ce dernier se déclare en état de conclure ou de présenter
ses observations que l’instruction est cléturée.
Dans les deux cas, la juridiction entend alors le rapport du rapporteur, qui
expose en une note succincte les éléments de droit et de fait de chaque espace
ainsi que le projet d'arrét.
La juridiction discute les questions posées par le rapport et arréte un projet
darrét définitif
Linscription des affaires au r6le de I'audience est assurée par le Président
qui fait procéder & l'affichage dudit réle.
® Articles 13 et 26 de la loi organique sur le Conseil d’Eat
30
LLUS CAHIERS DELASSOCIATION OUBST AFRICAINE DES HAUTES JURIDICTIONS FRANCOPHONESCOLLOQUE INTERNATIONAL SUR LE CONTENTIEUX ELECTORAL ET L'ETAT DE DROIT.
Tl La décision et les voies de recours
A/ La décision
Les décisions rendues par le Conseil Constitutionnel est le Conseil d’Etat
présentent quelques particularités tenant aux spécifiés des deux juridictions.
1) La décision rendue par le Conseil Constitutionnel
Pour les élections présidentielle et aux assemblées parlementaires, la
décision est comparable & celle qui arréte le résultat et emporte proclamation
définitive de ’élu ou des élus. Les décisions ne sont pas rendues en séance
publique.
Le prononcé de la décision a lieu a l'issue d'une séance au cours de
laquelle tous les membres (‘ cing) du Conseil sont présents, sauf empéchement
d'un d'entre eux au plus diment constaté. Le président a voix prépondérante en
cas de partage™®, Les décisions du Conseil doivent intervenir dans un délai de
cing jours 4 compter de 1’enregstrement de la requéte en contestation * et sont
publiées au Journal Officiel.
La décision est immédiatement exécutoire, et en cas de rejet de la requéte,
elle couvre tous les vices dont 1"élection est entachée.
2) La décision rendue par le Conseil d'Etat
La décision est rendue par les Sections réunies qui comprennent au moins
cing membres”. Le président a voix prépondérante en cas de partage de voix.
Cependant, aucun délai n'est imparti a la juridiction pour se prononcer sur la
régularité de I'élection contestée.
La décision rendue par le Conseil Etat en matiére d’inscription sur les
listes électorales s'impose A l'administration. Celle-ci est tenue en cas
d'annulation du jugement du Tribunal Départemental, d'établir la carte électorale
de I'électeur indfiment radié ou omis.
» Article 22 loi organique sur le Conseil Constitutionnel
> Artile 29 de la Constitution
* Article [1 de la loi organique sur le Conseil d’Etat
eee
LES CAHIERS DEL’ ASSOCIATION OUDST AFRICAINE DES HAUTES JURIDICTIONS FRANCOPHONES 31COLLOQUE INTERNATIONAL SUR LE CONTENTIEUX ELECTORAL ET L'ETAT DE DROIT.
Contrairement au Conscil Constitutionnel, la séance de jugement est
publique, et les parties intéressées peuvent y étre entendues en leurs
observations orales.
Puis, la parole est donnée a I'Avocat, s'il y en a. Le Commissaire du Droit
est ensuite invité A présenter ses conclusions qui doivent comprendre & la fois un
exposé de toutes les données de I'affaire, et une défense aussi convaincante que
possible de la solution qui lui a paru en toute indépendance et en toute
impartialité s'imposer comme étant la plus juste et la plus juridique.
Pour chaque affaire, le Conseil d’Etat peut rendre sa décision sur le siége
ou la mettre en délibéré.
Les décisions du Conseil d’Etat sont notifiées par le Greffier en Chef dans
le délai d'un mois par lettre recommandée avec accusé de réception & compter de
leur prononcé.
B/ Les voies de recours
Le Conseil Constitutionnel, tout comme le Conseil d’Etat sont des
juridictions souveraines, et le caractére définitif de leurs décisions ne laissent
place normalement, ni a leur réformation, ni a leur annulation. Toutefois,
Varticle 33 de la loi organique dut le Conseil d’Etat a institué deux voies de
recours permettant aux justiciables de demander au Conseil d’Etat de se
rétracter.
1) Le recours en rectification d'erreur matérielle
Il résulte des dispositions de Varticle 33 précité que la requéte en
rectification d'erreur matérielle peut étre présentée sans condition de délai par le
Garde des Sceaux, Ministre de la Justice et par les parties elles-mémes mais
dans un délai de deux mois & compter de la notification de la décision attaquée.
Ce recours doit étre présenté dans les mémes conditions de forme que
celles requises pour 1’ Introduction de la requéte initiale
Pour que le recours puisse étre accueilli, il faut que l'erreur commise soit
matérielle et non pas juridique’, qu’elle porte sur les éléments soumis a la
juridiction et qu’elle soit susceptible d'avoir exercé une influence sur le sens de
la décision contestée.
B.C. 14 Janvier 1994 AN.
Ipes- Maritimes
Eel
32 [LBS CAHIERS DEL’ ASSOCIATION OUEST AFRICAINE DES HAUTES JURIDICTIONS FRANCOPHONESCOLLOQUE INTERNATIONAL SUR LE CONTENTIEUX ELECTORAL ET L'ETAT DE DROIT.
A Kinverse, ne présente pas le caractére d'une erreur matérielle, tomission
de répondre A un moyen.
Le Conseil Constitutionnel avait d’abord soutenu que ses décisions ne sont
susceptibles d'aucun recours™, avant d’assouplir sa position en cas d’erreur
matérielle
3) Le recours en rabat d’arrét
Ce recours n'est prévu que contre ‘les décisions rendues par le Conseil
dEtat, L'article 33 précité subordonne sa recevabilité & une série de conditions,
il faut qu’il s’agisse d’abord:
- d'une erreur de procédure imputable a Ia jeridiction et non aux parties en
procés. L'erreur de procédure est celle qui est produite dans la manipulation des
pices ou la transmission d'informations relatives au déroulement de l’instance :
tel est le cas par exemple, lorsqu’un mémoire produit dans les délais a été classé
dans un autre dossier.
Ensuite que l'erreur alléguée aboatisse & une modification du dispositif,
c’est a dire affecter la solution donnée au litige.
Léétude des différents recours devant les juridictions suprémes en matiére
électorale nous a conduit & cerner les étapes de la procédure et les voies de
tecours offertes aux parties en procés./.
%* C,C22 Avril 1998 Djibril DIOUF, mandataire de 'U.D.S .-R-
%C.C3 uillet 1998 Parti Démocratique Sénégalais, inédit
LES CAHIERS DEL’ASSOCIATION OUEST AFRICAINE DES HAUTES JUHIDICTIONS FRANCOPHONES 33