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Special Supplement to the

International Trumpet Guild Journal


®

to promote communications among trumpet players around the world and to improve the artistic level of performance, teaching,
and literature associated with the trumpet

MAURICE ANDRÉ,
MAÎTRE DE LA TROMPETTE DU XX SIÈCLE
BY MICHEL LAPLACE

June 2012

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MAURICE ANDRÉ,
MAÎTRE DE LA TROMPETTE DU XX SIÈCLE
BY MICHEL LAPLACE

e remercie le ciel d’avoir pu partager des moments musi- la considération des mélomanes. Ce fut au prix d’un travail

J caux et intimes avec un tel génie de la trompette qu’était


Maurice André
Roger Delmotte, 29 février 2012
soutenu, de volonté et de la mise au point progressive d’un
style d’interprétation, le style Maurice André, fondé sur l’élé-
gance du phrasé et la qualité du timbre: «Maurice André a
Maurice André est décédé dans la nuit du 25 au 26 février dominé tout le paysage trompettistique avec son charme
2012. Le monde de la trompette est affecté. Maurice André énorme. Je ne connais pas une personne qui n’était pas cap-
vient d’un milieu populaire et comme tous les grands trom- tivée par sa sonorité, ses attaques» (Edward H. Tarr, 28 février
pettistes français (Roger Delmotte, Pierre Thibaud, Roger 2012). Maîtrise, naturel, présence, générosité, comme Louis
Guérin…) il a débuté dans les harmonies [Bands]. Comme Armstrong, Maurice André a été adopté par les foules. Et par
d’autres, restés plus humbles, il y a chez lui une tradition les spécialistes. Il n’a pas cherché un «style international», son
familiale de la pratique des cuivres. Maurice André n’a pas style l’est devenu: «If I want to know a particular style of a
seulement eu des dispositions exceptionnelles immédiate- piece or get an idea about a piece I haven’t played, or maybe
ment encouragées par son père et MM. Barthélémy et Sabari- one of my students is learning something I haven’t played, if
ch, il s’est donné l’expérience du métier en jouant dans tous I have a Maurice André recording of that piece, the recording
les genres, toutes les situations, avant de se lancer dans une is the standard» (Frank Kaderabek). Et puis, chez les trompet-
carrière de concertiste en 1955 qui n’a pas pris son irrésistible tistes dans la peine une expression est commune: “c’était tout
envole avant 1963, d’où des moments de découragement. simplement notre père spirituel à tous” (Antoine Acquisto),
C’est grâce à son obstination que nous avons un instrument “mon père spirituel et musical” (Guy Touvron, 26 février),
désormais aussi noble que la voix, le violon et le piano dans “nous avons perdu notre père… » (Thierry Caens, 2 février).

1947 – 1967: les débuts Son père, Marcel-Jean André (1901 – 1967), né à Saint-
Né à Alès, dans le quartier du Tamaris1, le 21 mai 1933, André-Capcèze, en Lozère, s’est fait embaucher à la mine où il
Maurice André a passé sa jeunesse dans les cités de mineurs et a travaillé 34 ans. Marcel aura deux filles (Georgette et Simo-
il y a vécu dan un climat d’amitié. Ses origines sont humbles. ne) et deux garçons (Maurice et Raymond). Maurice va à l’éco-
En 1948, pendant une grève dans les mines, son père l’envoie le élémentaire des quartiers du Tamaris puis de Rochebelle. En
manger à la soupe populaire du Secours Catholique. 1943 – 45, pendant la guerre, Maurice vit à Meymac (Corrè-
ze) et Couffour (Lozère).
Marcel et son frère Jean
André (son cadet de 4 ans)
sont trompettistes. En
1944, Maurice commence
l’étude du solfège. En 1945,
son père commence à l’ini-
tier et en 1947, il lui offre
un vieux cornet Couesnon:
«je l’ai eu environ trois mois,
et ensuite mon professeur,
Mr Barthélémy me fit pas-
ser directement à la trom-
pette» (1992).
Marcel jouait dans des
harmonies locales et les bals
populaires 2 . De 1947 à
1951, Maurice passe 4 an-
nées au fond des galeries
minières. En juillet 1951, il
obtient un Certificat d’Ap-
titude de Mineur. De 1947
à 1951, Maurice étudie la
trompette auprès de Léon
Une lampe du mineur à la maison de Maurice André Barthélémy, ancien élève de

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Merri Franquin, qui dirigeait la Ainsi au tout début, il vient en sup-
chorale d’Alès. Il lui fait travailler la plémentaire pour un enregistrement
méthode Arban et la Méthode Com- radiophonique, dans l’Orchestre de
plète de trompette moderne, de cornet Wal-Berg aux côtés de Louis Men-
à pistons et de bugle de Franquin ardi, Alphonse Cox et Georges Jou-
(Enoch & Cie) dont le concept des vin, juste pour savoir «comment ça
émissions influencera durablement se passe». Ils sont deux à donner à
Maurice. Barthélémy insiste sur la Maurice ses premières chances:
délicatesse de la sonorité. Maurice Roger Delmotte et Louis Vezant
joue une trompette Aubertin3. En père. Roger Delmotte, premier prix
même temps, Maurice (trompette, de Genève (1950), est le pionnier
cornet et bugle!) joue dans l’Har- des disques de trompette concertan-
monie des Mines d’Alès et dans te, non pas de façon occasionnelle,
l’Harmonie de Salindres. En 1948, mais à l’abondance. Cela grâce au
il joue dans l’orchestre de bal, «Les «boum» du marché du disque dû au
Troubadours» de l’accordéoniste passage du 78 tours au vinyle qui
Frédo4. En 1949, à Canaules, son mit les compagnies dans l’obligation
premier cachet important est de de renouveler leur catalogue. Lors-
100F! qu’en 1952, on demande à Roger
Les progrès de Maurice sont tels Delmotte d’enregistrer le Concerto
que Barthélémy l’adresse au Con- P75 de Vivaldi, Sabarich lui con-
servatoire National Supérieur de seille de prendre son jeune élève (19
Musique de Paris (CNSMP). La seule ans!), Maurice André. Ces deux ar-
solution pour subvenir à ses besoins tistes essentiels à l’histoire de la
est qu’il s’engage dans l’armée. trompette enregistrent en première
Maurice entre comme cornet solo mondiale cette œuvre non moins
dans l’Harmonie du 8ème Régi- importante (45 rpm, label Sympho-
ment de Transmission dirigée par nium)6. Ils jouent la trompette en
Fièle et Mersenne (au Mont Valé- ut!
rien). Il y reste 2 ans, en parallèle à Louis Vezant père conseille Mau-
ses études au CNSMP dans la classe rice André comme remplaçant à Mi-
de Raymond Sabarich, à partir de chel Decourrière au club Nouvelle
novembre 1951. Il achète un cornet Eve (boîte de strip tease). Vezant
Selmer et obtient un premier prix et père le fait entrer dès cette année
prix d’honneur de cornet le 20 juin 1952 dans l’orchestre de Guy Luy-
1952 (morceau de concours: Varia- paerts. En 1952, Raymond Sabarich
tions sur un Thème de Scarlatti de M. donne à Maurice l’occasion d’un
Bitsch). Parmi les autres élèves de la remplacement de deuxième trom-
classe de Sabarich, il y a Jean Pirot, pette dans l’Orchestre de la Société
Emile Imbert, Mar cel (Antoine) des Concerts du Conservatoire (aux
Lagorce, Marcel Avril, Jean Pol. Il y côtés de Louis Menardi) pour jouer
avait bien sûr deux classes de trom- Les Pins de Rome de Respighi. Il lui
pette et cornet au CNSMP, l’autre fournit même le smoking! Maurice
était sous la responsabilité d’Eugène joue aussi des opérettes au Théâtre
Foveau qui a la même époque avait Mogador. D’après les disques, il est
aussi d’excellents élèves: Emile audible que jusqu’en 1955 (trom-
Caturegli, Jean-Marie Philip, Mi- pette en ré, concerti baroques, label
chel Chapellier, Alfred Guaitolini, Oiseau-Lyre), le jeune Maurice
Franck Duterte, Jacques Mas, Ro- Une photo du passé de Maurice André
André n’a pas encore trouvé le style
land Vincent et Pierre Gabard. Le personnel que le monde connaît. Il
22 juin 1953, Maurice André et Pierre Gabard obtiennent le s’inscrit dans la tradition française d’interprétation, dite
premier prix de trompette (morceau de concours: Introduction, «école», portée par la lignée Arban-Franquin-Foveau-Sabarich-
Trênes et Danse d’A. Desenclos). Sabarich a immédiatement Delmotte et sa filiale américaine Georges Mager-Roger Voisin:
compris les aptitudes exceptionnelles de Maurice André. Et «il faut qu’il y ait un esprit de continuité qui se perd à l’époque
Maurice sait déjà ce qu’il veut stylistiquement: un compromis actuelle» (André, 1978). En 1953, Maurice s’impose dans le
entre la finesse de Foveau et le lyrisme de Sabarich. Lorsque ce «métier» à Paris jouant dès cette époque avec Jean-François
dernier lui demande de jouer comme lui avec un vibrato mar- Paillard (qui utilise aussi Ludovic Vaillant), l’Orchestre des
qué, Maurice refuse5. Sabarich lui fit travailler la méthode Concerts Lamoureux (jusqu’en 1960)7 et l’Orchestre Philhar-
Balay, les Etudes Caractéristiques d’Arban, les études de Char- monique de la RTF, ex-Radio Symphonique (comme premier
lier. Sabarich est le premier soutien de Maurice, et il le recom- trompette jusqu’en 1963)8. Depuis l’été 1953, Maurice joue
mande partout. Maurice est d’ailleurs avide d’être dans le coup. aussi pour 3 ou 4 mois, grâce à Sabarich, au Cirque Medrano

© 2012 International Trumpet Guild June 2012 / Special Supplement to the ITG Journal 2
(avec Charlie Nicolas). Un travail dur avec deux représenta- nal à Montreux13. Liliane a eu un rôle important dans la ges-
tions en matinée et une en soirée. Lorsqu’Arthur Haneuse se tion de carrière de Maurice. Le 25 juin 1956, Maurice donne
désiste pour un enregistrement radiophonique du Concertino à Vichy la création du Concertino de Raymond Loucheur avec
de Jolivet, il s’adresse à Maurice pour le remplacer. Celui-ci l’Orchestre Philharmonique de la RTF dirigé par Louis de Fro-
accepte à condition de le faire durant la pause entre la deuxiè- ment. Le 13 mars 1958, il enregistre en création à la radio le
me matinée et la soirée au cirque. Ce qui fut fait!!!9. En 1954, Concerto no1 de Charles Chaynes avec l’Orchestre de Chambre
Maurice André est le deuxième trompettiste après Roger Del- de la RTF dirigé par Pierre Capdevielle. C’est en 1958 qu’on le
motte à obtenir un premier prix au concours de Genève! Il présente à Louis Armstrong! Et que, par ailleurs, il enregistre
n’avait guère envie de passer ce concours, car il s’accommodait pour la première fois en duo trompette et orgue: «j’ai enregis-
de son activité d’orchestre à Paris. C’est Raymond Sabarich qui tré le récital trompette et orgue, avec Pierre Cochereau,…vers
rêvait pour lui d’une carrière de soliste! Maurice continue le 1958, un enregistrement qui nous a causé bien des soucis, on
«métier». Il accompagne des chanteurs comme Luis Mariano, n’arrivait pas à s’accorder, l’orgue de Notre-Dame étant trop
Tino Rossi, Edith Piaf puis Henri Salvador (au Théâtre de bas. Ce disque s’est très bien vendu» (1972, Diapason)14. Et
l’Etoile), des enregistrements de musiques de film et pour des 1958 est un tournant esthétique chez Maurice. Cette année là,
disques comme «Nationale 7» par Charles Trenet avec l’Or- chez Erato, il enregistre deux transcriptions qui vont s’imposer
chestre Guy Luypaerts en 1955 (Maurice y prend le solo de dans le répertoire grâce à lui: un Concerto de Tartini et un autre
cornet). Maurice joue de Stoelzel. Mais sur-
aussi au Domaine Mu- tout, à partir de là,
sical pour Pierre Bou- Maurice André a trou-
lez, mais à contre goût: vé les caractéristiques
«La musique contem- de son style (qui bien
poraine me fait peur, sûrs évolueront un peu
je vous le dis franche- dans le temps). Dès
ment… j’en ai fait dix lors, ce n’est plus stric-
ans à la radio, au tement le «style fran-
TNP… Et je vous certi- çais», mais le «style
fie que quand j’avais Maurice André» qui se
un con cert à jouer substituera à l’autre
après, délicat, et bien, dans l’esprit de beau-
je m’enquiquinais [I coup. Maurice André a
had troubles]… je ne adopté la «petite trom-
savais plus où était pette» sous l’influence
l’embouchure, les at- d’Adolf Scherbaum
taques [rires]» [I no qui a enregis tré le
longer knew where the Mag nificat en 1955
mouthpiece was, the (Kurt Redel, Erato) et
at tacks… (laughs)] le 2ème Concerto Bran-
(André, 1978)10. debourgeois en 1956
Lorsque Rafael Mén- (Paul Kuentz, Club
dez fait un succès à National du Disque).
Paris, à l’Ahlambra, en Comme on le sait,
1954, Maurice aurait Mau rice a une voix
dit à ses collègues: «ça haut perchée et en
je peux le faire»11. Et il 1986 il dit ceci à
le prouvera. En 1956 – Charles Colin: «I pre-
59, il est sous contrat Maurice André fer the piccolo because
chez Odéon pour des it corresponds to a sop-
disques de divertissement: des polkas (1956: «Merle & Pinson», rano voice, a high pitched voice. In the opera, the higher voic-
«Myrto», etc), des airs de bravoure («Hora Staccato», etc) et des es have more success than the lower. It’s a wonderful sound;
arrangements jazz («Summertime», «Caravan», «The Man I even though it is difficult to find the sound on a little trumpet,
Love», etc). La trompette était un instrument prisé dans le the impact on the public is formidable.” Maurice André est,
divertissement avec Aimé Barelli (depuis les années 1940) et à grâce à Sabarich, conseiller chez Selmer. C’est Arthur Haneu-
partir de 1954, Georges Jouvin et Fred Gérard12. Parallèlement se qui lui a vendu une trompette piccolo Scherzer qu’il avait
aux disques Odéon, Maurice enregistre aussi pour Barclay. acheté pour jouer le 2ème Concerto Brandebourgeois. C’est cet
Pierre Thibaud qui jouait premier trompette dans l’orchestre instrument (et non pas une Couesnon!) qui lui sert de proto-
d’accompagnement m’a dit que Maurice utilisait une embou- type pour créer la trompette piccolo Selmer. L’instrument est
chure de cornet avec adaptateur sur la trompette. Le trompet- au point en 1959, et n’a que trois pistons. C’est en 1967 que
te Jacques Jay a participé à une séance avec Maurice en soliste Maurice fait ajouter le 4ème piston pour étendre le registre
et se souvint de sa force de concentration. grave. Grâce à Maurice, ce modèle court, fera le tour du
En mars 1956, Maurice André épouse Liliane qu’il a connu monde. Notons au passage que Maurice André utilise abon-
dans le train en revenant d’un concert avec l’Orchestre Natio- damment les doigtés factices!

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En 1960 et 1961, Maurice enregistre pour Erato, sous la 1967 – 1980: l’ascension irrésistible
direction de Jean-François Paillard, les versions originales de la J’ai débuté l’étude de la trompette avec une connaissance
Water Music et de la Royal Fireworks Music de Haendel. Il préalable et exclusive des maîtres du jazz. Un jour en 1967,
poursuit une carrière diversifiée. C’est bien Maurice qui joue mon professeur, Gaêtan Berton17 me dit d’aller écouter au
l’admirable Cavatine de Michel Legrand dans la bande sonore théâtre (à Tours) un trompettiste: c’était Maurice André, âgé
du film Le Cave se Rebiffe (1961). Pour un autre film, il est de 34 ans, dans le 2ème Concerto Brandebourgeois! 18. Une
recruté par Billy Byers en compa- découverte qui m’a imposé le
gnie des trompettistes Louis Me- con certisme comme passion
nardi, Roger Delmotte et Vincent complémentaire au jazz. Merci,
Casino. En mai 1962, Maurice en- Maurice! En jazz, on cherche à
registre une première version du avoir un style personnel, aussi dès
2ème Concerto Brandebourgeois. Il y 1969 j’ai cherché des alternatives
en aura beaucoup d’autres! au «style Maurice André» que
En 1963, Maurice se serait fait j’aimais et j’ai découvert que
renvoyer de l’Orchestre Philhar- Maurice s’inscrivait, avec un brio
monique pour avoir demandé une hors norme, dans un mouvement
prime pour jouer la partie soliste mondial de renaissance de la
de la 2ème Symphonie de Dutilleux! trompette grâce aux contribu-
Mais de 1962 à 1967, Maurice est tions également respectables dans
quatrième trompette à l’Opéra- le domaine des disques de Roger
Comique aux côtés de Raymond Delmotte (1950 – 61, Contre-
Sabarich (décédé en 1966), Louis point; 1960 – 62, Westminter),
Menardi et Charles DeAntoni. Roger Voisin (1959 – 63, Kapp),
Maurice jouera aussi pour les croi- Armando Ghitalla (1963 – 69,
sières Fernand Bouillon, avec Cambridge), le vétéran Adolf
Charles DeAntoni (1901 – 2011)15. Scherbaum (1960 – 60, DG), voir
Le 31 mars 1963, il participe en même Walter Holy et son «clari-
tant que soliste à un Festival Ger- no» (disque paru en France en
shwin donné à la Salle Pleyel de 1966 chez Philips)19). A partir des
Paris avec l’Association des Con- Maurice André années 1970, il y aura plus de
certs Lamoureux, orchestre où l’on «con currence», mais Maurice
trouve Jean-Luc Ponty parmi les premiers violons (mais aussi André restera l’impérial maître. La notoriété internationale de
les trompettistes Yves Couëffé, Marcel Steffe, Jean-Jacques Maurice André va aussi bénéficier de sa nomination comme
Greffin): Concerto en Fa, Porgy and Bess (grande suite sympho- professeur de trompette et cornet au CNSMP (1967 – 80), suc-
nique), Un Américain à Paris. cédant à Raymond Sabarich. Il se fera assister par Jean Pirot
En 1963, Maurice André est invité à faire partie du jury du (1967 – 76) puis par Marcel Lagorce (1977 – 80). Cette acti-
concours de Munich. En comparant les indemnités offertes vité, qu’il aimait, est peu compatible avec sa carrière de concer-
aux membres du jury avec les prix offerts aux Lauréats, il pré- tiste à temps plein qui se développe au même moment20. Parmi
fère s’inscrire au concours. Et il remporte le premier prix. Dès ses 110 élèves, on peut citer: Richard Giangiulio, Guy Tou-
lors, Maurice laisse progressivement le «métier» au profit du vron (prix 1968 et 1969), Bernard Gabel, René Caron, Luc
concertisme. Il participe toutefois à une séance d’enregistre- Capouillez, Jacques Jarmasson, Mineo Sugiki, Jean-Paul Leroy,
ment pour Duke Ellington (1963) aux côtés de Louis Menar- Philippe Hechler, Bernard Soustrot (prix 1975), Eric Aubier
di et Alex Caturegli aux trompettes. La même année, il enre- (prix 1976 et 1977), Gérard Boulanger, Thierry Caens (prix
gistre des ensembles de cuivres pour Erato avec Pierre Pollin 1977 et 1978), Patrick Fabert, Jean-Luc Dasse… John Wilbra-
(non crédité sur la pochette) et surtout, sa première version du ham viendra passer un an avec Maurice André. Le rôle histo-
Concerto de Joseph Haydn (Erato). A partir de 1963, il devient rique de Maurice est d’avoir introduit l’enseignement de la
très demandé pour les Cantates de Bach et par des chefs trompette piccolo au CNSMP21. Le rayonnement de Maurice
comme Karl Ristenpart (1964, Magnificat avec Menardi et André est tel que tous les trompettistes de la génération des
DeAntoni), Karl Münchinger (version filmée du Concerto de années 1940 à 1960, sont des élèves de Maurice André. A titre
Haydn), Karl Richter (à partir de 1964). Heureusement, car personnel, c’est l’interprétation (et cadence) de Maurice André
Maurice s’était donné 8 à 10 ans à partir de 1955 pour réussir que Gaêtan Berton m’a enseigné pour les Concertos de Haydn
dans le concertisme! Parmi ses disques historiques, il y a en et de Hummel, en mi bémol22, utilisant bien sûr le modèle
1964 sa version du Concertino et du 2ème Concerto de Jolivet Radial de trompette mi bémol qu’il a conçut chez Selmer.
(dirigé par le compositeur), le Concerto de Tomasi16 puis en On s’est beaucoup interrogé sur la qualité d’enseignant de
1965, le Concerto de Hummel. Lorsqu’en novembre 2011, Maurice André. J’ai assisté à une de ses master-classes en 1979
j’évoque le fait que Jolivet recommandait de s’inspirer de Louis et j’ai pu constater son enthousiasme communicatif et ses
Armstrong, Maurice m’a dit: «Tomasi, aussi!». résultats obtenus par mimétisme de ses démonstrations à la
Lorsque Pierre Thibaud revient en France en 1963 après trompette.
trois ans passés en Israel, il trouve une situation radicalement Toute une nouvelle génération, élèves (Touvron, Soustrot,
différente: Maurice André est le premier choix! sauf dans la Caens, Jarmasson,…) ou non (René Périnelli, André Bernard,
musique contenporaine… Pierre Dutot, Jean-François Dion,…) se retrouve sur la vague

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porteuse du Maurice André des années 1970. Quelque soit le comme exercice, et puis un jour l’idée m’est venue de l’enre-
talent, tout le monde a bénéficié d’une véritable mode lancée gistrer…et Erato a accepté ma proposition» (1972, Diapason).
par Roger Delmotte/Pierre Cochereau et Maurice André/Mar- Le 31 janvier 1971, il joue le Concerto de Hummel et la Sona-
ie-Claire Alain, pour les concerts trompette et orgue. Grâce à te de Concert de Telemann (Oubradous) avec l’Orchestre des
eux on a pu jouer dans n’importe quelle église avec un succès Concerts Lamoureux dirigé par Paul Capolongo (salle Pleyel, à
populaire qu’on ne peut imaginer aujourd’hui! En 1972, on Paris). Si Maurice André fut hostile à une certaine «musique
comptait en France environ 18 duos professionnels et régu- contemporaine», il aimait des «musiques modernes» comme
liers23. Le célèbre tandem Maurice André et Marie-Claire Alain celles de Jolivet et de Tomasi a qui il a commandé des œuvres
a joué partout dès 1970 (à la Cathédrale de Tours comme à nouvelles. Pour trompette et orgue, il y eut «Semaine Sainte à
Haarlem où ils ont été filmés). Sans parler des passages à la Cuzco» de Tomasi et Arioso Barocco de Jolivet (1971). Puis Joli-
télévision comme le 21 février 1970, à l’émission «face à face» vet lui a dédié Heptade pour trompette et percussions (1972).
qui oppose le duo à Notre-Dame (jouant Purcell et Gervaise) Maurice m’a dit qu’il n’y a pas eu plusieurs prises pour cette
au quartet Roger Guérin («Woody’n You»). En 1971, Mauri- œuvre redoutable, mais une préparation très solide24. Maurice
ce reçoit le prix Edison Classique. Maurice fait ses tournées en m’a dit en novembre 2011 que jamais Jolivet ne lui a deman-
voiture, au volant d’une Mercedes 280 SL sport équipée d’une dé conseil pour écrire ces œuvres difficiles25. Maurice André est
le dédicataire de plus de 20 œuvres du XXe siècle (Lan-
dowski, Werner, etc). C’est en 1972, que Timofey Dok-
shitser rend visite à Maurice André dans sa classe du
CNSMP. Maurice déclare à la presse: «le trompette solo du
Bolchoï joue très, très bien» (1972, Diapason) 26. Par
ailleurs, conformément à sa stature internationale, Mau-
rice André se rend à Denver (1972). David Hickman
dont il appréciait le style, a participé à sa master-classe.
Anecdote, Maurice André enregistre au cor, aux côtés de
Tassin (2ème cor), le 1er Concerto Brandebourgeois avec
Jean-François Paillard (Erato).
Maurice André cherche le juste équilibre entre la
noblesse et le populaire. De part ses racines, Maurice ne
se coupe jamais du peuple, il aime les gens. Il enregistre
pour l’émission TV, Discorama de Denise Glazer un indi-
catif conçu pour lui par Jean-Michel Defaye: une adap-
tation avec section rythmique jazz de la vieille chanson
«J’ai du bon tabac» (d’après Michel Corrette). L’édition
en disque (1971, Trompettissimo, Erato) est un grand
succès27. En 1973, retour aux sources, Maurice reprend
sa trompette Aubertin pour enregistrer Légende d’Enesco
et Sonate d’Hubeau avec le compositeur au piano (Erato).
Cette année là, il enregistre un beau duo de trompette
transcrit d’un Aria de la Cantate BWV 78 de Bach avec
son fils trompettiste Lionel André (1959 – 1988). Le
décès accidentel de ce fils alpiniste fut un drame pour
Maurice et Liliane. En 1974, Maurice enregistre un pre-
mier album chez EMI avec le Philharmonique de Berlin
dirigé par Herbert von Karajan (Hummel, L. Mozart).
Karajan aurait déclaré: «il n’est pas de ce monde», telle-
ment ses facilités d’instrumentiste l’ont impressionné. A
partir de 1977, Maurice enregistrera plus régulièrement
pour EMI.
C’est en 1973 – 74 que j’ai envoyé des questionnaires
Maurice André aux trompettistes à travers le monde et j’ai ainsi pu
constater le respect quasi unanime pour Maurice André
chaine stéréo: «Quand je roule je m’écoute et me corrige. Et je notamment aux Etats-Unis. Des artistes aussi divers que Lester
roule beaucoup: 100.000 km par an. Je suis obligé de faire Remsen, Harold Mitchell, Albert Mancini, John Madrid,
toutes mes tournées en voiture pour pouvoir répéter. Car la Dick Sudhalter et Uan Rasey m’ont indiqué Maurice André
trompette à l’hôtel, ce n’est pas possible…Alors en général, je parmi leurs préférés28. Citons ici William Vacchiano: «Maurice
pars dans les champs avec ma voiture» (mars 1971, L’Aurore André has opened up a new horizon for the trumpet as a solo
Spectacles). En 1972, Maurice fait des tournées deux trom- instrument. His expertise has made the public aware of its
pettes et orgue avec son frère trompettiste Raymond André (né great potential.” Et “notre” Roger Voisin: “I remember hear-
en 1940, qui succéda à son oncle au conservatoire de Nîmes). ing his performance on records for the first time and how my
Un de ses succès en disque est la Suite pour flûte en si mineur ears did become acute! What articulation! What playing! What
de Bach (enregistré en 1969): «je la travaillais depuis 3 ou 4 ans sound! What musicianship! What phrasing! There are many

5 Special Supplement to the ITG Journal / June 2012 © 2012 International Trumpet Guild
good trumpet players around the world, but Maurice is at the Le 28 octobre 1987 est diffusé un second show télévisé, Le
top». Tout est dit! Roger Voisin sera souvent invité par Mau- Grand Echiquier, un marathon d’endurance où Maurice de
rice comme membre du jury de son concours. Maurice André genres en genres, de trompettes en cornet ou bugle, dans une
qui n’a pas participé au 1er Congrès International des Cuivres forme olympienne, joue avec l’Orchestre de Chambre d’Au-
à Montreux (1976) à la déception générale, reçoit volontiers vergne et le Big Band de Claude Bolling (Kako Bessot, Michel
chez lui, autour de sa célèbre piscine, les copains du «métier» Delakian, Patrick Artero, Fernand Verstraete aux trompettes).
(Michel Decourrière, Loulou Vezant fils,…) et l’élite (Thomas Même succès populaire, tout le monde dans la rue connaît
Stevens, Pierre Thibaud, Jean-Pierre Mathez,…). C’est une Maurice André! Il y joue notamment un arrangement un peu
Golden Era pour les cuivres et Maurice en est un roi bien aimé! particulier de François Rauber du Trumpet Voluntary de Jere-
Après le Suite pour Flûte de Bach, Maurice se mesure au défit miah Clarke, pour orchestre et big band qu’il a voulu rejouer
des coloratures, l’Air de La Reine de la Nuit de W.-A. Mozart à Bourges le 10 mai 1992 en co-solistes, lui (Yamaha en la) et
qu’il enregistre une première fois en 1977. Un succès fabuleux. son fils Nicolas (trompette en sol) avec une harmonie locale.
Juste pour montrer qu’il en est capable lui-aussi, il enregistre Et ce fut pour moi (partie de big band) l’occasion de connaître
en 1978, «Le Canari», ancien succès de Maynard Ferguson, Maurice dans le travail: détendu, convivial, trouvant les mots
avec ce contre-contre-mi: «Je le sors à plein tube [full power] pour installer un climat de plaisir…et très encourageant envers
avec la grosse si bémol [with the standard B-flat trumpet]… on les trompettistes de l’orchestre (un vrai esprit de famille!). On
peut le faire dans le classique aussi, le super-aigu; ce n’est
pas ce qui m’épate le plus, franchement» (1978).
Lorsqu’en mars 1978, je fonde avec Roger Delmotte et
Henri Van Haeke (fameux lead trompette), la Guilde
Français des Tompettistes [Trumpeters’ French Guild],
il était évident unanimement que Maurice André devait
en être le Président d’Honneur. Ce qu’il a accepté.
Mieux, grâce à un don généreux, la guilde a pu démarrer.
C’est le 10 décembre 1978 que je retrouve Maurice
André dans les loges du Théâtre de Tours où il répétait
le Concerto de Haydn et celui de Stoelzel, pour la premiè-
re interview qu’il m’a accordé. Ce jour là, il m’a aussi
accordé une amitié fidèle, durable29. Ainsi, c’est Maurice
qui mit à notre disposition la salle Leopold Bellan, de
Paris, le 19 juin 1979 pour notre première Assemblée
Générale. Elle a eu lieu au cours de son premier Con-
cours International Maurice André à laquelle Roger
Guérin qui parlait bien anglais, a participé en qualité
d’interprète!30

1980 – 2011: la vedette internationale et populaire


Le 27 novembre 1980 est diffusée un grand show télé-
visé de Jacques Chancel, Le Grand Echiquier, consacré à
Maurice André qui a retracé sa carrière depuis les mines,
avec un programme très chargé, le concours de l’En-
semble Orchestral de Paris dirigé par Jean-Pierre Wallez
et le Big Band de Claude Bolling (Maurice Thomas31,
Patrick Artero, les Verstraete père et fils aux trompettes).
C’est dans cette émission que Maurice André et Dizzy
Gillespie joue en duo («Orfeo Negro»), une séquence qui
a fait le tout du monde!32. Maurice et Dizzy ont rejoué
ensemble sur le paquebot Mermoz en 1983, accompagné
par Michel Legrand33.
En 1981, porté par cette émission, Maurice enregistre
avec l’Harmonie d’Alès (direction Claude Lagrange) et il
crée la Toot Suite de Claude Bolling, une pièce virtuose
avec rythmique jazz qui s’est imposée dans notre réper-
toire. A partir de 1981, il aime de plus en plus jouer du
bugle, sur lequel il développera une incroyable tessiture André, en solo, 1985
et une grande beauté de timbre. En mai 1982, lors d’une
séance qu’il produit chez RCA, trompette et or 34, il joue le bugle sait que Maurice jouait toujours avec une partition devant lui,
Millereau de Loulou Vezant fils engagé dans l’orchestre d’ac- même les œuvres qu’il possédait dans le moindre détail35. Or là,
compagnement. Mais en avril 1982, il nous a joué aussi, pour sa partition a disparu entre la répétition et le concert. Eh bien,
la télévision, la Pavane pour une infante défunte de Ravel au Maurice a joué de mémoire et sans faille…mais fâché! Au som-
corno da caccia, ainsi qu’une chanson napolitaine! met de sa forme physique et artistique, Maurice était généreux

© 2012 International Trumpet Guild June 2012 / Special Supplement to the ITG Journal 6
en nombre de bis36. tains élèves et de certains virtuoses, c’est-à-dire que tout ce
A partir du deuxième Grand Echiquier, Maurice joue régu- qu’il joue ou chante et, probablement tout ce qu’il fait dans la
lièrement avec son fils Nicolas (né en 1972), notamment avec vie, est marqué par une présence… formidable… monstrueu-
Paul Kuentz en 1988 (et sa fille Béatrice au hautbois). A partir se!… Et il a aussi un gros cœur comme ça [a big heart like
de 1992, Nicolas participe aux disques de son père. Nicolas a that]! Et puis cette sonorité… elle est unique… tu vois… cette
commencé l’étude de la trompette à l’âge de 5 ans et Béatrice sonorité, c’est toute sa générosité, la grandeur, la simplicité et
celle du hautbois à partir de l’âge de 12 ans. le naturel de cet homme». Eh bien cette description convient
Le goût de Maurice l’a amené, avec le même timbre sédui- tout autant à Maurice André!! Jeune à la radio, il a écouté
sant, à plus de douceur encore dans la sonorité, plus ronde, Harry James: «j’ai beaucoup écouté Harry James. Il était très
plus chaude et un peu plus sombre. En ces années là, Maurice bon, mais se servir de ce vibrato pour la musique classique,
est l’invité régulier et aimé des shows télévisés de l’animateur non!». «I love Dizzy Gillespie, and Clark Terry. I think Doc
Jacques Martin qui deviendra un ami37. En 1992, Stephen Severinsen is great and I was an admirer of Bill Chase» (inter-
Jones remet à Maurice André l’ITG Honorary Award au cours view de Jeffrey Silberschlag, 1986). Il nous a dit «j’étais très
de la Conférence de Rotterdam. En octobre 1998, il joue le ami avec Bill Chase» (1978). Par ailleurs il confie à Steve Che-
Concerto de Tartini d’il y a 40 ans déjà, avec l’Orchestre Phil- nette: «Clark Terry est merveilleux… Clifford Brown! Oh si
harmonique de Monte-Carlo dirigé par le prestigieux Georges seulement je pouvais improviser comme ça, j’aimerai» (ITG
Prêtre (qui fut trompettistes!). Journal, 2001). L’affection des jazzmen pour Maurice est éga-
Les disques EMI de Maurice André représentent une maturi- lement vraie: «Comme toi, il était depuis mes 14 ans mon
té dans la maîtrise technique et l’expressivité artistique qu’il idole au même titre que Louis Armstrong, d’ailleurs quelle dif-
recherchait et qui l’ont amené à re-enregistrer des œuvres qui férence ?» (Alain Bouchet, 26 février 2012). Le fils adoptif de
ont marqué sa carrière, du Concerto de Haydn au Carnaval de Roger Guérin, Pat Stevens, témoigne: «je me souviens que
Venise (incroyable version au bugle avec l’orchestre de la Garde j’écoutais ses divers concertos pour trompette avec Roger Gué-
Républicaine dirigé par Roger Boutry). Une excellente sélec- rin à la maison lorsque j’étais adolescent» (26 février 2012). Le
tion en 6 CDs a été éditée sous le titre les 100 Chefs-d’œuvre de 5 août 2006, Maurice et Roger Guérin joueront un duo sur
la trompette (EMI Classics 377 926 2). «Tenderly» à Najac avec l’accompagnement de Jean-Michel
Lorsque je le retrouve par hasard, le 11 août 1998, simple Defaye40. Le cousin de Wynton Marsalis, Rodney Craig Mack
spectateur d’un concert de big bands au festival Jazz in Mar- se souvient: «when I was 11 years old, my cousin Wynton
ciac, il venait de sor-
tir son disque avec
Michel Legrand (en-
registré en février
1997, EMI) 38 . L’ar -
rangeur lui avait écrit
des «improvisations»
simulées. J’ai pu, une
fois encore, mesurer
l’ampleur de l’affec-
tion que ses confrères
américains lui témoi-
gnent. Lorsque nous
sommes allés dans les
loges pour que je lui
présente Roy Har-
grove (très surpris!)
dont il aimait la son-
orité de bugle39), tous
les jeunes de la Duke
Ellington School of
the Arts comme ses Avec Michel Laplace en 1998
col lègues du Van-
guard Jazz Orchestra (Glenn Drewes en particulier) se sont Marsalis put a recording on the stereo system and said: it is the
rués sur lui d’admiration! Depuis toujours, Maurice a manifes- greatest trumpet player in the world”. Il s’agit bien sûr de
té beaucoup d’intérêt et de respect pour la trompette jazz. Le Maurice André que Marsalis a écouté dès l’âge de 14 ans sur les
trompette Laurent Rieu se souvient de l’avoir croisé, simple conseils de son professeur John Longo. Plus tard Wynton
spectateur, lors d’un concert du Count Basie Orchestra. En Marsalis bénéficiera de la meilleure publicité quand Maurice
novembre 2011, il m’a confirmé ce qu’il disait déjà dans la André dit de lui: «potentiellement le plus grand trompette de
revue Jazz Hot en 1970 à propos de Louis Armstrong: «chaque tous les temps»41. On se souvient du vote des musiciens orga-
note chante et vit…chaque note signifie quelque chose…on nisé par Brass Bulletin à la fin du XXe siècle qui, dans le Top
est sidéré par une telle maîtrise et, j’y reviens par un tel natu- 12, place en tête des cuivres du siècle et dans cet ordre: Mau-
rel! …Avant tout, Louis Armstrong, c’est le naturel fait rice André, puis Louis Armstrong et Wynton Marsalis. Enfin,
homme, et c’est aussi une nature comme nous le disons de cer- Arturo Sandoval a été scandalisé par le fait que la CNN n’ait pas

7 Special Supplement to the ITG Journal / June 2012 © 2012 International Trumpet Guild
annoncé le décès de Maurice André: «a real true artist» (26 et la musicalité» (1978). La sonorité est ce qu’il a le plus tra-
février 2012). vaillé. Pour l’émission: «j’ai appris à attaquer avec le TU, mais
Avec l’âge, Maurice a eu des problèmes dentaires. Un den- j’attaque avec le DU, selon la phrase, selon l’aigu… même pas
tiste spécialisé lui a trouvé un moyen à la fin des années 1980 du tout d’attaque [even no attack at all]… Et ce qui m’a fait
de corriger un écartement entre ses incisives supérieures [space évoluer dans cette attaque, c’est le disque; j’entendais chaque
between the middle upper incisors]: une céramique [ceramic fois que j’enregistrais: paf ! Cette attaque qui me gênait… Alors
compound]. «Ce n’est pas très esthétique, mais terri-
blement efficace. Mon touché d’émission [my sound
production] s’est même considérablement amélioré
depuis» (André, Brass Bulletin 60). Par ailleurs, un dia-
bète grave va l’handicaper progressivement.
En 2003, Maurice André donna une tournée
d’adieux. Mais le véritable concert d’adieux eut lieu à
Béziers en octobre 2008. En effet, en janvier 2008, il
me confiait l’intention de continuer à jouer. Mais en
janvier 2009, il me disait avoir arrêté les concerts à
cause d’un problème dentaire. En novembre 2008 fut
d’ailleurs diffusée une belle émission télévisée autobio-
graphique, de Frank Chaudemanche, Maurice André
intime (Morgane production). En 2005, Maurice a
réalisé son dernier disque à la cathédrale d’Alès avec
ses enfants, Nicolas et Béatrice, et l’organiste Jean-
Claude Françon. Ce sont ses cousins, Jean et Christia-
ne Polge42, qui lui servaient d’imprésario en fin de car-
rière.
L’ancien professeur de trompette au conservatoire
de Bayonne, Jean Sibra, a aidé Maurice à trouver une
maison dans le Pays Basque (Sud Ouest). Retiré il pra-
tiquait la sculpture sur bois. Il a parfois reçu chez lui,
Reuben Siméo pour quelques leçons. Et il a écrit 12
études pour les jeunes trompettistes. C’est chez lui, à
Urrugne que Maurice nous a reçu, Jean Sibra, Steve
Chenette et moi, le 3 novembre 2011. Il était très heu-
reux avec des trompettistes, et il nous a livré ses secrets
de l’interprétation de Jolivet, le 2ème Concerto et Hep-
tade d’après ses disques.
Maurice André a joué sur tous les continents (sauf
l’Australie). Il a aimé jouer pour Herbet von Karajan,
Karl Böhm (pas de disque), Seiji Ozawa, Riccardo
Muti, Neville Marriner. Son compositeur préféré était
Jean-Sébastien Bach. Maurice André a réalisé plus de
285 disques dont 35 de musique moderne. En 2008, il
m’a faire part de ses doutes sur ce qui restera, signalant
sa version du 2ème Concerto Brandebourgeois avec Ric-
cardo Muti (1985) comme étant, pour lui, une réussi-
te digne de durer 43. Maurice aimait aussi sa version
avec orgue de l’Adagio attribué à Albinoni (1978, EMI) André joue de picolo en 2006
et la Toot Suite avec Claude Bolling. Il regrettait que
son enregistrement de la suite, Performance, de Jean-Michel j’ai appris à souffler les notes [so I learnt to blow the notes]»
Defaye soit resté inédit. (1978)44. Maurice André qui a un léger vibrato a fait des décla-
rations contradictoires sur ce sujet: «ça c’est la beauté de cha-
A Bit of Technique cun… un vibrato de bon goût, on peut l’amener» (1978).
L’espace de la gloire de Maurice André, la trompette est «Pour obtenir la perfection dans l’aigu, le staccato, les phra-
devenue noble (tout en restant populaire), bénéficiant dans les sés…Il faut des heures et des heures» (2007, publibook).
milieux classiques de la même considération que celle accordée Maurice André a travaillé 4 à 5 heures par jour. Puis, il a réduit
au violon («vous savez, l’étendue dynamique de la trompette à 2 heures et demi. Au conservatoire, il a enseigné la méthode
est tellement plus grande que celle du violon» disait Maurice) Arban, les études Charlier et Bitsch, et bien sûr les Concertos
et au piano («je construis mon staccato comme le piano»). Il a (Haydn, Hummel, Arutyunyan,…).
été influencé par le hautbois, et les voix lyriques. Interrogé sur La pose d’embouchure [mouthpiece] est centrale et haute chez
les principes de style fondamentaux, il répondit: «Il y a trois Maurice André. Il faisait un mouvement de langue pour vérifier
choses qui importent dans la trompette: l’attaque, la sonorité si la pose est bonne. Il pratiquait le buzz dans l’embouchure. Et

© 2012 International Trumpet Guild June 2012 / Special Supplement to the ITG Journal 8
au CNSMP) et durant sa période Selmer,
des embouchures V. Bach 1½C (pour
les si bémol, ut, mi bémol/ré) et 7 DW
(pour la piccolo) ainsi que la Selmer 1
(pour le Brandebourgeois). En 1972, il
aurait joué une embouchure Rudy
Mück 7E. Puis, il a joué une Thein, V.
Bach 7D (45), Yamaha (copies de 1½C
et 7 DW) et Stomvi45.
Maurice André est décédé le 25
février 2012 à 23h45 à l’hôpital de
Bayonne. La cérémonie funèbre a eu
lieu à la Cathédrale d’Alès le 2 mars, à
10h30 du matin. Dès 8 heures il y avait
déjà beaucoup de monde. La cérémo-
nie a été animée par le père Gabriel
Niel (qui fut organiste) pour 1500 per-
sonnes à l’intérieur de la cathédrale. La
musique fut confiée à 70 choristes et à
l’organiste Jean-Claude Françon. On a
pu entendre l’Adagio attribué à Albino-
ni, l’Ave Maria de Schubert et un cho-
ral de Bach. On a remarqué la présence
des chefs d’orchestre Michel Plasson,
Claude Lagrange, des trombonistes
Embouchure asymétrique utilisait par André Michel Becquet, Jean-Pierre Mathieu
et bien sûr de nombreux trompettistes,
il se massait les lèvres (à l’eau tiède, ou même avec du beurre). notamment David Guerrier, Reuben Simeo, Sergey Nakaria-
Maurice André a été conseiller chez Selmer ce qui a donné, kov, Marcel Lagorce, Patrick Fabert, Christan Pollin, Albert
outre l’historique trompette piccolo si bémol/la (modèle 4 pis- Calvayrac, Jacques Jarmasson, Laurent Rieu46, Jean Sibra, René
tons 360BL), la série Radial avec des pistons disposés en V Périnelli, Pierre Dutot, Guy Touvron, Bernard Soustrot,
(notamment mi bémol/ré 360E, et ut ou si bémol) et l’embou- Thierry Caens. Des fleurs adressées par la Ville de Paris, la
chure à bords asymétriques (1979). Puis vers 1992 – 95, Mau- Garde Républicaine, l’Opéra de Paris, des amis du Sud Ouest.
rice André fut conseiller chez Stomvi (série de trompettes, cor- La Marche d’Aïda fut jouée par 40 trompettistes dirigés par
net, bugle, embouchure à la
carte: Stomvi-Combi) et chez
Couesnon (clairon, trom-
pettes naturelles). Il a aussi
conçu une sourdine polyva-
lente (la multimute). En de-
hors des trompettes Selmer
(K-modified, Radial) et de la
trompette petite perce [small
bore] Aubertin, Maurice
André a joué le cornet Selmer,
la gamme de trompettes V.
Bach, la trompette mi bémol
Schilke (en 1985), la trom-
pette pic colo Yamaha (en
1992). En novembre 2011,
sur son bureau, il y avait un
bugle Courtois et une trom-
pette V. Bach en ut («elle m’a
rendu beaucoup de services!»)
ainsi qu’une embouchure
Stomvi de bugle avec un
adaptateur pour la branche de
trompette. Maurice André a
utilisé l’embouchure 12½ (à
ses débuts), «Foveau» no3 de
Couesnon (années d’études Pupitre d’André en Novembre, 2011. Photo de Stephen Chenette.

9 Special Supplement to the ITG Journal / June 2012 © 2012 International Trumpet Guild
La Marche d’Aida, joué à l’enterrement de Maurice André

André Bernard. Ensuite Maurice André fut enterré dans le jar- œuvre qu’il a accomplie, chacun à sa façon pourra transmettre
din du presbytère de Saint-André de Capcèze, à côté de son cet héritage» (Thierry Caens, 3 mars 2012).
père et de son fils Lionel, au pied du Mont Lozère. Le 6 février 2010 j’avais promis cet article à Maurice André,
«Nous allons maintenant vivre avec le souvenir et l’immense le jour venu…. —Michel Laplace

Michel Laplace, Jean Sibra, Steve Chenette, Maurice et Liliane André, 3 de Novembre, 2011.
Photo de Béatrice André, collection de M. Laplace

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De la gauche à la droite: Thierry Caens, Maurice André, et Marcel Caens

Endnotes pris soin d’amener des 33tours 25 cm («Hora Staccato»,


1 beaucoup de biographies de Maurice André indiquent «Flight of the Bumble Bee», etc).
Rochebelle comme lieu de naissance. 12 ce n’est qu’à partir de 1958 que Pierre Thibaud enregistre
2 Son frère Jean deviendra cornet solo de la Musique des aussi sous son nom des disques de divertissement.
Equipages de la Flotte, à Toulon, et professeur au conser- 13 Maurice André a élevé Dominique, la fille de Liliane en
vatoire de Nîmes. premier mariage, dont le fils Frédéric Bouc est trompettis-
3 «le mi bémol médium était impeccable, le mi bécarre juste, te (émission TV avec Maurice André en 1993).
le ré grave n’avait pas besoin d’être corrigé» (André). Mau- 14 deux chorals de Bach, «Erbam dich mein, o Herre Gott»
rice André a hésité à acheter la maison Aubertin. et «Herzlich tut mich Verlangen» figurent sur le disque
4 Le style Musette très à la mode (Maurice en fera des Grandes Orgues et Fanfares à Notre-Dame de Paris (Philips).
disques plus tard), des succès Swing et «La Mer» (chanson Ce furent mes modèles quand j’ai débuté les concerts
de Charles Trenet [Beyond the Sea]). trompette et orgue en 1973, avec ceux du disque Roger
5 Maurice nous l’a confirmé le 4 novembre 2011. Delmotte & Pierre Cochereau (1964, Grandes Orgues et
6 C’est le premier disque de cette œuvre. Ils la réenregistre- Trompette à Notre-Dame de Paris, Philips).
ront chacun de leur côté. Delmotte l’année même avec 15 à 108 ans! Charles DeAntoni avait toujours avec lui une
Albert Adriano (Contrepoint/Mode). Maurice à partir de photo de Maurice André! (visite rendue le 7 octobre 2009).
1958 (deux versions) avec Marcel Lagorce (Erato et Musi- 16 Maurice n’est pas le créateur de ces œuvres: le Concertino
disc). de Jolivet fut créé par Arthur Haneuse (10 juin 1950) et
7 Notamment en concert à Bienne en 1956 aux côtés de celui de Tomasi par Jas Doets à Hilversum (1948).
Ludovic Vaillant. 17 en 1964, Gaêtan Berton (qui n’avait pas de trompette pic-
8 Une remarquable section complétée par Marcel Lagorce et colo) joue le Concerto de Vivaldi avec Maurice André.
Jacques Mas. 18 avec l’Orchestre Symphonique de Tours dirigé par Florian
9 Le Concertino de Jolivet était peu joué à cette époque. Il y Hollard, Georges Savoy (flûte), Gilbert Flory (hautbois),
eut Haneuse pour la création (1950) et Roger Delmotte Lucien Dubruille (violon), Didier Aubert (cello).
(en 1952 avec les Concerts Lamoureux). 19 Walter Holy nous a indiqué Maurice André comme étant
10 Boulez: «que j’admire pour son talent de direction mais son trompettiste préféré.
pas pour ses propres Compositions» (autobiographie). 20 absent en 1974 – 75, il sera privé de son titre de «profes-
11 Méndez qui a impressionné Foveau, a rendu visite à Saba- seur». Pirot, remplaçant, ne touchera pas le salaire d’inté-
rich qui donnait des cours à ses élèves chez Selmer, ayant rimaire. Avant Maurice André, Arban a connu le même
11 Special Supplement to the ITG Journal / June 2012 © 2012 International Trumpet Guild
soucis. Russo, Claude Egéa aux trompettes! (pas indiqués dans le
21 Maurice André a édité 12 Etudes Caprices dans le Style livret). Jean Sibra et Charles DeAntoni ont assisté à la
Baroque (1973, Billaudot). Il a co-signé avec Michel Ric- séance.
quier une édition de la méthode Arban. 39 un bugle de Thomas Inderbinen.
22 ensuite, j’ai pris l’initiative de travailler l’édition Edward 40 Maurice m’a dit que Roger a eu le trac, et Roger me l’a
Tarr en mi majeur sur la trompette en ré. confirmé!
23 les frères Couëffé, Yves et Paul, sont parmi les pionniers. 41 Maurice André, selon ses propres dires, lui a prédit qu’il
24 Maurice André n’a pas joué Heptade en public, c’est Fran- ne pourrait pas toujours jouer classique et jazz. C’est ce
cis Hardy qui en donna la Création avec Sylvio Gualda, le qui est arrivé.
24 mai 1971. En novembre 2011, Maurice m’a encore 42 Jean Polge, trompettiste, a pour arrière-grand-mère
souligné son respect pour Francis Hardy et Marcel Lagor- Marie-Clémentine qui est la sœur d’Augustin André, père
ce. de Marcel André, lui-même père de Maurice André. Jean
25 à l’inverse, Jolivet a sollicité les conseils de Roger Delmot- Polge a été l’élève de Marcel et Jean André! Christiane est
te pour le 2ème Concerto. son épouse.
26 comme pour Sabarich, Maurice exprimait une réserve 43 lors d’une interview le 3 février 2001 de Pierre Thibaud,
concernant son vibrato. lui aussi avait des doutes sur ce qui pouvait rester, et lui
27 il avait dès 1961 enregistré ce «cross over» pour Polydor aussi pensait que sa version du 2ème Concerto Brandebour-
(airs de Bach, Vivaldi, Telemann) avec une section ryth- geois (avec Karl Richter, en 1967, DG) pourrait lui survivre.
mique. 44 en novembre 2011, Maurice a confirmé ça et l’a démon-
28 dans cette enquête (1973 – 74), Maurice était le préféré de tré d’après ses disques.
nombreux trompettistes Britanniques (Alan Stringer, 45 toujours avec des bords asymétriques, le plus épais (2 mm)
Michael Laird, Philip Jones, Elgar Howarth, David était posé sur la lèvre supérieure.
Mason, Dennis Clift, Denis Egan, Eddie Blair), d’une 46 qui représentait en plus de lui-même, Georges Jouvin,
multitude de jazzmen (Ack van Rooyen, Jan Vleeschouw- Roger Delmotte, Pierre Pollin, Fred Gérard et moi-même.
er, Manfred Schoof, Charles Green, Guy Longnon, Fred
Gérard, Pierre Sellin, Georges Gay, Roger Deblock,…) et Bibliographie
des classiques français de toutes générations (Albert Adria- M. André, Th. Martin: Le soleil doit pouvoir briller pour tout le
no, Raymond Tournesac, Emile Baudrier, Pierre Piton, monde (2007, publibook)
Albert Calvayrac, Lucien Picavais, Jean Pirot, Gérard M. Laplace: “Maurice André” (interv. Tours, 10 déc 1978),
Roussel, Gérard Millière, Gaêtan Berton,…). Bulletin GFT no3, avril 1979, p2
29 il y aura d’autres interviews officielles (10 mai 1992, 14 M. Laplace: “interview Maurice André” (Bourges, 10 mai
janvier 2008) et de nombreuses rencontres toujours très 1992), Gazette des Cuivres no12, 1992, p23
sympathiques et enrichissantes jusqu’au 3 novembre 2011. M. Laplace: “des faits et des hommes. Les trompettistes de
30 la master-class de Maurice nous a permis de l’entendre Tomasi et Jolivet en 1946 – 1956,” Gazette des Cuivres
jouer la 3ème trompette d’un Oratorio de Bach avec Nas- no14, série 2, 2009, p22
sim Maalouf et Sakaï. M. Laplace: Trompette, Cuivres & XXe Siècle, CD-Rom, 2008
31 Maurice Thomas (1928 – 2012), ex-élève de Foveau, est J.-P. Mathez: “Maurice André,” Brass Bulletin 24, 1978 ; 25,
décédé la veille de Maurice André. 1979
32 Maurice André m’a confié que Dizzy n’était pas très par- J.-P. Mathez: “Maurice André,” BB 66, 1987, p66
tant à collaborer avec lui. Mais lorsqu’il a entendu jouer J.-P. Mathez: “Maurice André, nouvelles orientations,” BB 87,
Maurice, il n’y eut plus aucuns soucis. 1994, p58
33 Maurice André a fait 15 croisières musicales sur le paque- J. Préteseille: “Maurice André, sa trompette et le disque,” Dia-
bot Renaissance puis Mermoz, avec des vedettes comme pason 168, juin/juillet 1972, p6
Isaac Stern, Mstislav Rostropovich, Jean-Pierre Rampal, M. Cullaz: “Maurice André,” Jazz Hot 263, 1970, p22
James Galway. J. Silberschlag, Ch. Colin: “interview with Maurice André,”
34 le choix du titre est fait pour ne pas gêner son ami Georges NYBC for Scholarships feat. Maurice André, 1986
Jouvin, célèbre trompette d’or. St. Chenette: “Interview with Maurice André,” ITG Journal,
35 j’ai filmé avec son accord une répétition du Concerto de March 2001
Hummel. C’est lui et non le Chef (excellent d’ailleurs) qui
donne toutes les indications d’interprétation, allant jus-
qu’à jouer (par cœur) un passage de cor ou autre, à la
trompette, pour amener ce qu’il veut par l’exemple.
36 pour son concert à Bouges le 7 février 1985, après le
Concerto de Haydn et de Tartini (programmés), il s’est
lancé dans une série de bis: l’air de La Reine de la Nuit de
Mozart(!), une danserie de Gervaise, l’Andante du Haydn,
et l’Ave Maria de Schubert!
37 lorsque tous deux étaient retirés dans le Pays Basque, ils
retrouvaient souvent, notamment dans un restaurant près
de la mer à Bidart.
38 dans le big band: Christian Martinez, Kako Bessot, Tony
© 2012 International Trumpet Guild June 2012 / Special Supplement to the ITG Journal 12
SÉLECTION D’ENREGISTREMENTS HISTORIQUES DE MAURICE ANDRÉ (M. LAPLACE)
Roger Delmotte, Maurice André (tp), Collegium Musicum Hylda (Reynaud) (++) (**)
of Paris, cond. by Roland Douatte. Eva (Petit) (++)
Paris, 1952 Odéon (45rpm) 3144
45CL7 - Concerto P75 (Vivaldi) Note: Maurice André plays here on a small bore Aubertin
Symphonium (45rpm) 1107 trumpet. Guy Carrière told the author that Maurice
Note: Maurice was still a student at the CNSMP at the bought him his Aubertin.
time. They play on trumpets in C.
Maurice André (tp), P. Pierlot, J. Chambon (oboes), Sar-
Charles Trenet (voc), Guy Luypaerts Orchestra, incl. Mau- rebrück Chamber Orchestra cond. by Karl Ristenpart.
rice André (solo cnt). 1958
Paris, 1955 Concerto (Stoelzel)
7TCL568 - Route Nationale 7 Concerto (Tartini)
Pathé (45rpm ESRF 1079 Erato 70290, 3390, 50290,
Electrola 95061
Maurice André (tp), Oiseau-Lyre Orchestral Ensemble, Musical Heritage Soc 755
cond. by Pierre Colombo. Concerto for tp, 2ob, str (Telemann)
1955 Club Français du Disque 1156
Concerto no1 (R. Mudge) Nonesuch 1132, 71132,
Suite de Clarke (J. Clarke) Countrepoint 612, 5612
Concerto no1 (C. Bond)
Oiseau-Lyre (LP) OSL 160 Maurice André (tp), Pierre Cochereau (org).
Paris, Notre Dame, 1958, (P)1962-3, 1965
Maurice André et Marcel Lagorce: à la Guinguette Choral BWV 727 (Bach)
Maurice André, Marcel Lagorce° (tp), Orchestra cond. by Choral BWV 721 (Bach)
Jacques Mas Philips 6517002
Paris, 1956 -Pierre Cochereau (org), Ensemble Armand Birbaum
Pierre et Pierrette (G. Allier)° (mx7 ARE 1019 21/M3 1904 collective personnel: Maurice André (solo tp), Marcel Lagor-
27) ce, Bernard Jeannoutot, Jean Pirot, Jacques Lecointre (tp),
Merle et Pinson (J. Reynaud)° (mx7 ARE 1019 21/M3 Gabriel Masson, André Gosset, Raymond Katarzynski
1904 27)(°) (tb), Elie Raynaud (tu)
Coucou Polka (J. Mas)° (mx7 ARE 1020 21/M3 1904 28) Notre Dame, Paris, (P)1962, 1963 & 1965
Polichinelle (Busoni) (mx7 ARE 1020 21/M3 1904 28) Choral Jésus que ma joie demeure, BWV 147
Odéon (45rpm) 7 SOE 3363 Choral du veilleur Wachet auf, BWV 645
Note: (°) « Les Années Odéon », Ild EAN 335115642300 Sinfonia de la Cantate BWV 29 Wir danken Dir, Gott
Choral Nun komm der Heiden Heiland BWV 659
Le Prodigieux Trompettiste (**) Passion selon Saint Jean: Choral final
ça c’est de la trompette Philips 6517002, CD 442473-2
Maurice André (tp, cnt), (studio) Orchestra Jean Faustin Choral ‘Num freut euch, lieben Christen g’mein’ (Bach) (°)
(Faustin Jeanjean) Philips 6517002
Paris, 1956 (+), 1957 (++), reissued c1961 Note: (°) 2 trompettes & orgue, prob. M. André ne joue
Rhapsody in Blue (Gershwin) pas.
Divertissement from Concerto in F (Gershwin)
Un Americain à Paris (Gershwin) Maurice André, Sa Trompette et les Grandes Orgues
Summertime (Gershwin) (+) (**) (°) Maurice André (tp), studio orchestra.
Serenata (Anderson) (°) Paris, 1961
Caravan (Tizol-Ellington) (°) La Cavatine, Barbier de Seville (Rossini) (2) (a, b)
The Man I Love (Gershwin) (°) La Cavatine, Le cave se rebiffe (M. Legrand) (2)(a)
Vol du Bourdon (Rimsky-Korsakov) (*) (**) (+) (°) (a) Polydor 657014, (b) Triumph 2472023
Hora Staccato (Dinicu-Heifetz) (+) (**) (°)
Granada (Lecuona) (°) Six Brandenburg Concerti
Carnaval de Venise (Arban-Petit) (+) (**) (°) Maurice André (tp), Pierlot (ob), Redel (fl), Barchet (vln),
Les Feuilles Mortes (Kosma) (°) Munich Pro Arte Orchestra cond. by Kurt Redel.
Myrto (Petit) (++) (**) (°) 1 – 6 May 1962
Odéon 0S 1104/CBS 52019, (cassette) 4053193 2d Brandenburg Concerto (Bach)
(*) CBS cassette 4053211 Erato LDE3229/30, 50129/30,70130,
(°) Ild CD EAN 335115642300 EFM 8017
Madeleine (Petit) (++) Christophorus 70307, 70308

13 Special Supplement to the ITG Journal / June 2012 © 2012 International Trumpet Guild
Jean Cocteau (speaker), Peter Ustinov (the devil), J.M. Musical Heritage Soc 829
Fetey (the soldier), Maurice André (cnt), Roland Note: some sources give 1956.
Schnorhk (tb), Ulysse Delécluse (cl), Hury Heberts
(bsn), Manoring Parekian (vln), Jo Gut (b), Charles Maurice André (tp), Concerts Lamoureux Orchestra cond.
Peschier (perc) cond. by Igor Markevitch. by J.B. Mari.
Vevey, October 1962 1965
A soldier’s tale (Stravinsky) Concerto en mi majeur (Hummel)
Philips 2306, 835181, 6500321 Erato 3368, 50268, 70268, 70372, 70439
Philips (US) 500046, 900046 Electrola 95056,
Musical Heritage Soc 746
Duke Ellington Erato 2564 69066-6 (6 CD)
Cat Anderson, Cootie Williams, Roy Burrowes (tp), Ray -Maurice André interprète J.S. Bach
Nance (tp, vln), Lawrence Brown, Buster Cooper (tb), Maurice André (tp), Fernandez (vln), Jean-François Paillard
Chuck Connors (btb), Russell Procope, Johnny Hodges, Orchestra.
Jimmy Hamilton, Paul Gonsalves, Harry Carney (reeds), 1969
Billy Strayhorn (p), Ernie Shepard (b), Sam Woodyard Suite no 2 for fl BWV1067 (Bach)
(dm) + Paris Symphonic Orchestra incl. Louis Ménardi, Erato 70511
Maurice André, Vincent Casino, Alex Caturegli (tp),
Georges Barboteu (horn), Raymond Fonsèque (btb), Jean-
Pierre Wallez (vln), strings from Opera. Maurice André (tp), Hedwig Bilgram (org).
Paris, salle Wagram, February 1963 Germany, 1971
Night Creature Semaine Sainte à Cuzco (Tomasi)
Harlem Suite Sonata (Genzmer)
Reprise R6097, RV 6024 Erato 70689
Maurice André (tp), Jean-François Paillard Orchestra. Arioso Barocco (Jolivet)
1963 Erato 70689, 70691
Concerto (J. Haydn)
Erato 3261, 50161, 70161, 70371,
EFM 18018 Maurice André (tp), Sylvio Gualda (perc).
Christophorus 75796, 75797, Paris, 1972
Musical Heritage 533 Heptade (Jolivet)
Erato 2564 69066-6 (6 CD) Erato 70691

Maurice André (tp), Annie d’Arco (p), René Allain (tb), Maurice André (tp), ORTF National Orchestra cond. by
Concerts Lamoureux Orchestra cond. by André Jolivet. Maurice Suzan.
1964 1972
Concertino (Jolivet) Concerto (Arutunian)
Erato 3301, 50201, 70201, 70691 Concerto (Planel)
Westminster 19118, 17118 Concerto (Zbinden)
Second Concerto (Jolivet) Erato 70714
Erato LDE 3301, 50201
Erato 70201, 70691, 70439, 70363
Westminster (US) 19118, 17118 Maurice André (tp), Jean Hubeau (p).
1973
Maurice André (tp), Jean-François Paillard Orchestra. Sonata (Hindemith)
1964 Légende (Enescu)
Concerto (M Haydn) Intrada (Honegger)
Erato 3310, 50210, 70210, 70371, Sonata (Hubeau)
70439, 70739 Erato 70730
Musical Heritage Soc 720 Note: Maurice André plays his old small bore Aubertin
Erato 2564 69066-6 (6 CD) trumpet here.

Maurice André (tp), Luxemburg Radio Chamber Orchestra Maurice André (tp), Monte-Carlo National Opera Orches-
cond. by Louis de Froment. tra cond. by Marc Soustrot.
1964 Monte-Carlo, June 1977
Erato 3327, 50227, 70227 Flûte Enchantée, KV 620:
Musical Heritage Soc 829 -Air de la reine de la nuit no14, acte 2
Concerto (Tomasi) -Air de la reine de la nuit no4, acte 1
Erato 3327, 50227, 70227, 70373 (WA Mozart)

© 2012 International Trumpet Guild June 2012 / Special Supplement to the ITG Journal 14
Casta diva, che inargenti, Norma (Bellini) Maurice André plays Bach, Haydn, Telemann & Torelli
Lakmé (Delibes) Maurice André (tp), Philharmonia Orchestra cond. by Ric-
Erato 71132 cardo Muti.
1985, reissued 25 oct 1990
Maurice André (tp), Claude Bolling (p), Guy Pedersen (b), 2d Brandenburg Concerto (°)
Daniel Humair (dm). EMI 7473112
Paris, 1981 Note: (°) Maurice André’s favorite version (with Warren
Toot Suite Green, Gordon Hunt, Kenneth Smith, Leslie Pearson).
CBS Masterworks CD 36731

15 Special Supplement to the ITG Journal / June 2012 © 2012 International Trumpet Guild

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