‘ainar2021 ‘Qualité de Foe et usage du transport public en milew urban
g Ppenedition
Cybergeo : European
Journal of Geography
Dossiers
2007-2006
‘Sélection des meilleurs articles de SAGEO 2005
376
Qualité de l’offre et usage du
transport public en milieu urbain
Quality of the supply and use of the public transportation in urban areas
CyRILLE GENRE-GRANDPIERRE
itps:fdo.org/10.4000/cybergo0.6736
Résumés
Frangais English
Lobjectf de ce travail est de mieux cerner les déterminants de la mobilité quotidienne en bus en
milieu urbain. Il s'agit en particulier d’étudier dans quelle mesure la qualité de offre de transport en
bus en détermine Tintensité de Tusage, Une premiére étape a consisté a élaborer un indicateur
décrivant localement Ia qualité de Taccessibilité fournie par le bus. Dans un second temps, des
données originales portant sur les déplacements quotidiens & Besancon ont été collectées grice &
‘une enquéte téléphonique, puis implémentées dans un Systéme d'Tnformation Géographique. Dans
un troisiéme temps, la mise en relation de Voffre et de Tusage du bus a permis de montrer que la
{qualité de Voffre bus n'en explique Tusage qu’a un niveau trés agrégé, mais qu'elle explique en
revanche bien la satisfaction quant & cet usage. Plut6t qu’a travers une estimation globale de la
qualité de offre bus, il est apparu que ce n'est que dans la comparaison de Vofire bus et de Toffre
automobile sur un ensemble @’origines-destinations bien précis que l'on parvenait & comprendte les
ressorts du choix modal.
‘The aim of this paper isto better identify the decisive factors of daily mobility by bus in urban arcas.
We try in particular to study to what extent the quality of the transportation supply by bus
determines its use. First off, we develop an indicator which locally deseribes the quality of the
‘transportation supply by bus. In a second step, original data concerning moving practices has been
collected through a telephone survey and implemented in a Geographical Information System. In a
third step, the comparison between bus supply and its use shows that, ifthe quality of the bus supply
determines the use only at an aggregate level, it is on the other hand strongly related to the level of
satisfaction for the use of bus. Rather than through a global estimation of the bus supply, it appears
‘that the modal choice can only be explained through the comparison of the bus and ear supply for &
siven set of journeys
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‘Qualité de Foe et usage du transport public en milew urbain
Entrées d’index
Mots-clés : choix modal, efficacité modale, mobilité urbaine, offre de transport en commun,
mobilité quotidienne
Keywords : bus transportation supply, modal choice, modal efficiency, urban mobility, daily
mobility
Texte intégral
Introduction
Des années 60 nos jours, la place de Pautomobile dans la pratique de la ville et son
influence sur son organisation n’ont cessé de croftre jusqu’a tendre vers la saturation.
‘Méme si des exceptions existent, tant en France (Paris) qu’a P’étranger (Zurich), et que des
‘nuanees sont & apporter en fonction de la taille des aires urbaines (Gallez et al., 1997), on
estime qu’en moyenne plus de 80 % des déplacements se font en automobile (Madre,
Maffre, 1997). Cette part augmentant encore avec la portée des déplacements. Liheure
mest plus mesurer la motorisation des ménages, mais davantage leur bi- ou tri-
motorisation. Par ailleurs, cet acc’s généralisé A Tautomobile et son usage massif
constituent pour beaucoup la fois le signe et Tagent de Ta transformation des villes
(Dupuy, 1995 ; Wiel, 2002 ). Leur structure compacte séculaire a ainsi laissé place & la
« ville étalée », sous Veffet des nouvelles corrélations spatio-temporelles des lieux induites
par lautomobile (Chalas, Dubois-Taine, 1997).
Cette fulgurance des évolutions liées & automobile, et lacuité des problémes posés par
le cortége de nuisances qui les accompagnent, ont conduit, quasi mécaniquement,
praticiens et observateurs a focaliser leur attention sur Vanalyse de la territorialité
automobile. Aussi, parler de mobilité se résume-til bien souvent a ne parler que d’auto-
mobilité, En conséquence, la territorialité urbaine non automobile, qu'elle se base sur la
‘marche, le vélo ou les transports en commun reste trés méeonnue. Quel est le vécu spatio-
temporel des familles qui ne basent pas leurs pratiques de mobilité sur Ia voiture ? Les
ressorts de ce choix, si choix il y a, ne tiennent-ils qu’aux caractéristiques socio-
économiques des individus qui les rendent plus ou moins captifs du transport public ?
Parallalement ces déterminants socio-démographiques, le contexte géographique de vie
des ménages - qualité de Fofire de transport public, facilité d’aceés aux aménités urbaines
ete.- exerce-til une influence tant quantitative que qualitative sur les pratiques de
mobilité ? Les réponses & ces interrogations restent le plus souvent sinon inexistantes du
‘moins incomplétes (Juan et al., 1997 ; ILS, 2001).
Or, dans un contexte od les préoccupations environnementales s‘affirment toujours
plus, a Pheure de la mise en place des plans de déplacements urbains qui visent
théoriquement & un partage modal plus équitable, la connaissance fine des mobilités non
automobiles et de leurs déterminants apparait stratégique pour en assurer le
développement. Les déterminants de la pratique de la marche, notamment ceux
concernant la morphologic urbaine, ayant été traités par ailleurs (Foltéte, Genre-
Grandpierre, 2003, Vernez-Moudon et al., 1997), le propos se focalisera ici sur ceux de
usage des transports en commun (bus). Sans minimiser Vinfluence de la socio-
démographie des populations (Age, sexe, motorisation), nous chercherons ici a identifier
les déterminants géographiques de Tusage du bus. Il s'agit en particulier de mesurer
influence de la qualité de Yoffre de transport public sur Fintensité de son utilisation et sur
la satisfaction des usagers. Bien que pouvant paraitre triviale de prime abord, cette
problématique reste pourtant sans réponse claire (ILS, op. cit). En effet, concernant
usage du bus, les études se bornent le plus souvent a souligner la diminution de sa part
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‘Qualité de Foe et usage du transport public en milew urban
de marché dans Je total des déplacements, mais sans vraiment s'intéresser a la
différenciation spatiale de cet usage. Tout juste constate-t-on sa décroissance du centre
vers la périphérie des villes (Madre, Maffre, op. cit.), découpage dont les limites s’avérent
par ailleurs de plus en plus difficiles & cerner. Cette décroissance n’est que trop rarement
mise en relation avec la qualité de loffre bus correspondante et comparée localement avec
celle fournie par la voiture pour comprendre les ressorts du choix modal. Certes les études
‘mentionnent cette influence de la qualité de Vofire de transport public, au méme titre que
celle de la localisation des activités dans les agglomérations ou encore de la politique du
stationnement (Kaufmann, 2000). Mais comme cette offre reste évaluée de fagon globale
et approximative, ou Taisser & Vappréciation qualitative des usagers, il demeure impossible
den estimer Vinfluence quantitative sur Tusage qui en est fait et sur Ta satisfaction qui en
découle. Le critére traditionnel utilisé reste le plus souvent la proximité aux stations. Or,
sil rend bien compte de la desserte spatiale du réseau, il ne suffit aucunement & mesurer
la qualité de Yoffre en termes d’accessibilité, qui doit prendre en compte a la fois la
topologie du réseau, la fréquence du service, les vitesses de circulation et la qualité des
connexions. Cette difficulté a
techniques que pose une évaluation fine de Yaccessibilité fournie par les transports en
commun,
Connaitre T'influence de la qualité de Yoffre de transport publie en milieu urbain sur
Vintensité de son usage parait done nécessaire a la fois pour calibrer cette offre au plus
juste et pour s'assurer que les sommes versées pour son amélioration actuelle et future ne
Te sont pas dans un tonneau des Danaides. Pour étudier cette influence, nous avons tout
relier offre et usage tient sans doute aux problémes
abord construit un indicateur décrivant Vaptitude de chaque lieu a favoriser les
déplacements en bus. Ce « potentiel d’usage du bus » correspond a une estimation locale
de la qualité de Faccessibilité fournie par le réseau, Dans un second temps, une banque de
données sur les comportements de mobilité en milieu intra-urbain a été constituée en
basant la stratification de Yenquéte sur ce potentiel d'usage du bus. Enfin, dans un
troisiéme temps, la mise en relation du potentiel et des pratiques observées a permis
destimer I’élasticité de usage du bus par rapport & la qualité de offre proposée et de faire
apparaitre le role du différentiel entre accessibilité en bus et accessibilité en voiture sur le
choix modal. Ce travail a été réalisé sur le site de Besancon, qui dispose d'un réseau de
transport en commun de qualité mais spatialement différenciée, dans le cadre d'une
Action Concertée Incitative « Ville » (Foltéte et al, 2002),
Qualité de l’offre de transport public et
protocole d’enquéte
Estimer localement la qualité de l’offre de transport
en commun : le potentiel d’usage du bus
Si Ton exclut les considérations i
5 au confort et accueil, la qualité de Voffre en
transport en commun dépend tout & la fois de la desserte spatiale assurée par le réseau
(disposition des lignes et des stations) et de critéres plus commerciaux tels que la
fréquence des bus, leur vitesse et la qualité des correspondances. En résumé, on peut done
considérer que plus le nombre d'aménités urbaines accessibles en bus en un temps donné
au départ d'un liew est important, plus Yoffre locale est de qualité. Aussi, afin destimer
localement cette offre avons-nous caleulé & partir d'une multitude de points la surface
accessible en un temps donné en utilisant le réseau de transport en commun. Plus cette
surface est vaste plus Vofire est de qualité. Ce calcul revient & considérer que tous les lieux
ont le méme intérét pour lusager, ce qui ne serait pas le cas si un choix de pales avait été
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‘Qvalté de foe usage du transport public en mitew urain
ceffectué en amont et que Vaccessibilité n’avait été calculée qu’en direction de ces pales
(commerees, emplois, écoles etc.). Ce procédé, plus classique, qui correspond au caleul de
Vaccessibilité nodale multipolaire (somme des distances d'un point vers un ensemble
autres points, Cauvin, 1994) n’a pas été retenu car il ne permet pas réellement d’estimer
offre de transport public. En effet, les résultats diffrent trés largement en fonction du
choix des péles (Genre-Grandpierre, 2000). Or, ce choix m’est pas justifiable
pratiquement. Chaque lieu pouvant théoriquement avoir un intérét pour un usager, sur
quels eritéres fiables retenir tel ou tel pole ? Par ailleurs, eu égard a la forte densité des
aménités urbaines en milieu intra-urbain, eu égard a la généralisation de la pratique de la
ville sous forme de graphe oti chacun constitue sa ville & partir @’un choix de Tieux qui Tui
est propre (Dupuy, 1991), la solution dindexer Ia qualité de Yofire de transport publie sur
la surface accessible en un temps donné, et non sur un nombre de péles accessibles choisis
arbitrairement, se justfie pleinement,
Pratiquement, la qualité de offre bus que synthétise le potentiel se définit comme la
surface réellement accessible en bus en 35 minutes au départ d’un lieu, en milieu de
matinée, La durée de 35 minutes a été retenue pour faire du potentiel une mesure locale &
méme de saisir de petites variations de la qualité de Voffre. Une durée supérieure
conduisait & gommer ces variations locales et une durée trop inféricure & ne prendre en
compte que des particularismes tres locaux inhérents & la configuration du réseau. L’accts
au réseau de bus ne s'effectuant réellement qu’au niveau des stations, estimation de Ta
qualité de Vaccessibilité doit, pour coller au réel, intégrer le trajet & pied au départ de
chaque liew pour atteindre la station la plus proche. La durée de 35 minutes de
déplacement se consomme done en trois temps : un premier qui permet d'atteindre &
pied la station la plus proche, un second qui correspond au temps dattente du bus et un
troisiéme qui est celui de la durée du parcours effectif en bus,
Le potentiel a été estimé de fagon trés fine grice & un programme spécifique développé
au laboratoire Théma en utilisant une base de données & échelle cadastrale sur le réseau
de bus bisontin (Thevenin, 2002). Les caleuls s'appuient sur T'utilisation des tables
horaires donnant Vheure de passage de chaque bus aux différentes stations (dont le
respect est trés strict a Besancon grace a un systéme de GPS embarqué dans les bus et de
controle des feux @ distance). Cela revient done & prendre en compte la réalité des
conditions de circulation intégrées de fait par 'expérience du transporteur dans ces tables
d'horaires. Elles permettent par ailleurs de tenir compte des correspondances entre lignes.
Ainsi, un temps moyen d'attente a été attribué A chaque station en fonction de la fréquence
de passage des bus. Lorsqu'il y a correspondance, les 35 minutes de temps de transport en
bus se décomposent done effectivement en : nt minutes pour aceéder & pied a la station la
plus proche du domicile, n2 minutes passées & attendre le bus, ng minutes de parcours en
bus pour joindre la station de correspondance, ng minutes d’attente a la correspondance,
puis enfin ng minutes de parcours terminal en bus avec : m1 + n2 + ng + ng +n5 = 35
minutes.
Connaissant les potentiels en chaque point du semis de départ, il este a effectuer une
interpolation spatiale afin d’étendre information caleulée de fagon discréte & la totalité de
espace étudié. Linterpolation utilisée est le krigeage quadratique en raison de sa grande
adaptation au contexte local (Arnaud, Emery, 2000). Cette phase se solde par obtention
d'une carte en isolignes, que nous avons ensuite diserétisée en 5 classes pour aboutir & la
définition de zones cohérentes qui vont constituer les différentes strates de Venquéte.
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‘Qualité de Foe et usage du transport public en milew urbain
Figure 1 : Le potent
1 bus & Besancon.
Sila carte du potentiel d’usage du bus & Besangon s‘organise globalement du centre-ville
historique (situé a intérieur du méandre du Doubs) vers la périphérie, on remarque
toutefois que les différentes zones de potentiel sont discontinues et qu’elles ont des formes
trés irrégulidres. Ce gradient général tient & la configuration du réseau qui est structuré
autour d'un ensemble de lignes radiales qui convergent au centre. Ce dispositif rayonnant
classique est complété par une ligne tangentielle qui assure la liaison entre les radiales
(www-ginkobus.com).
En intégrant de nombreux paramétres (temps d’aceds aux stations, temps d'attente,
connexion entre lignes), le potentiel d’usage du bus déerit finement la qualité de Voffre bus
et apparatt de ce fait plus heuristique que les indices plus traditionnels, basés sur le calcul
des accessibilités nodales. Ceux-ci ne donnent en effet qu'une vision beaucoup plus lissée
et approximative de la qualité de Voffre, notamment du fait que la position géométrique
des pdles choisis comme base pour le calcul pase davantage dans le résultat que la qualité
réelle des liaisons entre ces péles. Les points les plus centraux géométriquement
apparaissent ainsi systématiquement comme les plus accessibles, méme si la desserte n’est
pas de qualité (Gutiérrez et al., 998).
usage du bus a Besangon
Afin de collecter des données sur les comportements de mobilité aptes & répondre a
notre problématique, nous nous sommes appuyés sur la stratification de espace élaborée
sgrdce au caleul du potentiel d'usage du bus. Les 557 individus enquétés au téléphone ont
ainsi été ventilés dans 4 zones au niveau de potentiel différent. Pratiquement, les adresses
postales présentes dans chaque zone ont été sélectionnées grace A des requétes SIG. Les
pages blanches de France Télécom ont ensuite permis de trouver les numéros de téléphone
cortespondants aux adresses. Un échantillonnage des numéros (aléatoire sans remise)
permet enfin de réduire Teffectif pour rendre la liste des numéros opérationnelle, en
fonction d'un nombre attendu de réponses. En plus de la collecte classique des données
sur les caractéristiques socio-économiques des individus, sur les modes utilisés, sur les
motifs et fréquence des déplacements, sur leur durée estimée et sur la satisfaction quant &
offre bus, des données plus spatiales ont été recueillies. Elles permettent d’exploiter
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‘Qvalté de foe usage du transport public en mitew urain
pleinement toutes les potentialités des systémes d'information géographiques lors de Ta
recherche des déterminants de la pratique du bus liés & la qualité de 'accessibilité fournie
par le réseau. Ainsi, tous les enquétés ont été géoréférencés a leur domicile pour étre en
mesure d'étudier leurs pratiques de mobilité, dans un contexte d’offre de transport donné.
De méme, toutes les origines et destinations des déplacements s‘effectuant en bus ou
pouvant, au dire des enquétés raisonnablement Vétre (appelés dorénavant trajet autre
mode), ont été saisies informatiquement. Lanalyse de ces données vise & éclairer, &
échelle la plus fine, le choix modal en fonction de la qualité de Voffre bus proposée pour
joindre la destination considérée, qu’elle Yait été en bus ou par un autre mode. Ces
données se rapportent & une « semaine type », ee qui permet de saffranchir des
<éplacements exceptionnels peu représentatifs des comportements. Flles gardent toutefois
un niveau de description élevé, puisqu’un déplacement effectué une seule fois par
semaine, mais tout au long de 'année, est par exemple pris en compte. Pour des raisons de
coat, la collecte s'est faite au téléphone, les enquéteurs localisant en direct domicile,
origine et destination des déplacements sur des plans en s’aidant notamment du repére
que constituent les stations de bus.
Qualité de l’offre de transport en bus —
usage et satisfaction
Profils des enquétés et données de cadrage sur les
mobilités en bus
La comparaison des caractéristiques socio-démographiques des 557 individus enqui
avec celles de la population mére de Besangon nous assure de la représentativité de notre
échantillon. Ainsi, bien que l’échantillon soit un peu trop féminin et agé et qu’il manque de
célibataires, les écarts au profil général de la population sont suffisamment faibles pour
autoriser Pinférence statistique. Par ailleurs, afin de ne pas biaiser les résultats nous avons
veillé & ne pas enquéter que des captifs des déplacements en bus. Lanalyse de la
motorisation des enquétés léve cette éventualité puisque, si 21 % d’entre eux ne sont pas
‘motorisés (dont la moitié sont étudiants ou retraités), 50 % ont une voiture dans leur
ménage et 35,5 % plus d’ume (26 % des ménages ayant au moins une voiture par
personne). Précisons enfin que les enquétés présents dans chaque strate définie & partir du
niveau de potentiel d'usage du bus n’ont pas de profil socio-démographique trop typé,
sachant que nous avons considéré empiriquement que devait étre relevé tout écart de plus
de 5 % au profil moyen.
Comme un rappel, la comparaison des enquétés prenant au moins occasionnellement le
bus et de ceux qui ne Tutilisent jamais a conforté les analyses traditionnelles portant sur
les déterminants socio-6eonomiques de lusage du bus. Ainsi, méme si le profil type n’est
pas absolument rigide, on remarque une surreprésentation des femmes, mais surtout des
personnes Agées, des jeunes et des inactifs. Par ailleurs, les non ou peu motorisés sont
aussi surreprésentés (la pratique est alors plus basée sur la nécessité que sur le choix), en
remarquant toutefois que cette variable est corrélée, et done particllement redondante,
avec celle de lage. La population des utilisateurs du bus regroupe donc essentiellement
des individus pour lesquels le temps est supposé ne pas avoir la méme valeur que pour des
actifs enfermés dans des programmes dactivités quotidiens minutés.
Le niveau d'offre du réseau de Besangon étant de qualité et sa fréquentation comptant
parmi Ies plus élevée de France (Gart, 2004), la forte proportion dutilisateurs au moins
oceasionnels parmi les enquétés (54 %) ne surprend pas. Parmi les 301 utilisateurs, la
moitié environ utilise le bus de fagon exclusive (exception faite des trajets de proximité A
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‘Qvalté de foe usage du transport public en mitew urain
tres courte portée). Pour les 557 enquétés, 1075 trajets ont été identifiés, dont 455
cffectués en bus, le reste l'étant en voiture & 70 % et a pied a 22 %. Ainsi, en moyenne,
chaque utiisateur du bus effectue 1,51 trajet bus par semaine.
Lanalyse des motifs des trajets montre que les achats sont le premier motif de
déplacement, aussi bien pour les trajets bus (37 %) que pour les trajets autre mode (49 %).
La sous représentation relative du motif achat pour les trajets bus s‘explique, d’une part
par le fait les grandes surfaces excentrées sont le plus souvent assez mal desservies par le
bus et, d'autre part, par le fait qu'il est difficile de transporter en bus des achats lourds ou
volumineux. Les achats effectués en bus sont donc le plus souvent des achats de détail,
réalisés en centre ville dans des boutiques spécialisées (alimentation de détail, chaussures,
pharmacie ete.). On note par ailleurs que le motif loisirs est plus présent pour les trajets
bus (33 %) que pour les trajets autre mode, alors que c'est inverse pour le motif travail
(13 % en bus contre 21% pour les trajets autre mode). L’explication tient & la fois au profil
socio-démographique des utilisateurs du bus (des retraités et des étudiants pour qui les
loisirs sont plus présents au quotidien) et au fait que le bus est relativement mal jugé par
les actifs pour les composantes ayant trait a la qualité de Paccessibilité fournie (attente et
parcours trop longs). Ainsi, 70 % des peu ou pas satisfaits des conditions de déplacement
en bus sont des actifS. On remarquera enfin Yabsence de relation entre le niveau de
potentiel et la distribution des motifs des trajets, méme si les motifs achats et école sont
logiquement moins présents pour les trajets bus en zone A. En effet, les commerees et
Geoles y étant trés présents, la faible portée de trajets bus éventuels es rend le plus
souvent inutiles.
Une premiére lecture des résultats de Penquéte tend done & montrer que la population
est davantage encline & prendre le bus « lorsqu‘elle a le temps », cest-a-dire
essentiellement dans le cadre d’activités de loisirs ou d'achats de détails, ou lorsqu‘elle n’a
pas le choix du mode (ef. motif études pour les jeunes).
Qualité de l’offre bus et comportement de mol
en bus
Qualité de l'offre bus et intensité de son usage
Au-dela de ces constats, relativement triviaux, sur la détermination socio-économique
de la pratique du bus, nous avons cherché a relier la qualité locale de Toffre bus et
Vintensité de son usage. Le pouvoir explicatif du potentiel bus se révéle alors insuffisant
pour expliquer seul usage du transport public. En effet, si les non-usagers du bus sont
plus nombreux en zone E et si la proportion d’usagers est bien la plus forte en zone A, il
apparait en revanche que cette proportion ne va pas strictement en décroissant de la zone
AA la zone E, comme le commanderait notre hypothése. En outre, la faible proportion
d'usagers en zone B apparait d'autant plus remarquable que cette zone se caractérise par
une légére sur-représentation de personnes agées, que Yon a vu étre grandes utilisatrices
du bus,
Pac des
ore | Répatition en %6desenquétis prenant | E895 | enqutes dea
Jebus rane | zone prenaat le
bs Lo
35 | 9%. |
24 ee
Enenble Too) 100) 34%
Tableau 1 : Lien entre potentiel bus et part des utiisateurs du bus.
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2»
‘Qvalté de foe usage du transport public en mitew urain
Précisons qu'aucun enquété n'a éé choisi en zone D. En effet, bien quill diminue la
complétude des résultats, ee choix a été effectué pour des raisons de cost, afin de pouvoir
répartir davantage d’individus dans les autres zones. On augmente ainsi la représentativité
des résultats, en particulier pour les zones aux potentiels les plus opposés, la zone E
servant notamment de « tube témoin ».
Afin de tenir compte de la fréquence des trajets, nous avons pondéré le nombre de
déplacements par individu. Ce nombre est multiplié par 0,33 sils sont effectués moins
d'une fois par semaine, par 1 sls le sont une fois et par 3 quand ils le sont plusieurs fois.
Gans || See None de Noite de
aggnceneas | dépincenenne | placements | diplacrsens pode
zoo | MpRccmenss | | diac | pondere par eur | per ear eqence
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0.38, in| 153 28
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Tableau 2 : Potentiol bus et nombre moyen de déplacements bus par personne
Cette intégration de la fréquence dans Vanalyse ne modifie quasiment pas les résultats
préeédents. Quel que soit Vindicateur utilisé, la zone E apparait presque toujours comme
celle oi usage du bus est le plus faible, En revanche Ta zone A ne se révele pas étre celle
ot il est Ie plus fort, cette place revenant de fagon assez nette & la zone C. La comparaison
du nombre de déplacements bus par personne et du nombre de déplacements bus par
personne pondéré par leur fréquence montre done que si usage du bus en zone A est
relativement massif (0,88 déplacement moyen par enquété par semaine), il n’en reste pas
moins oceasionnel. Cest en effet pour cette zone que le rapport entre le nombre de
déplacements pondéré et le nombre de déplacement brut est le plus faible. En zone C en
revanche, la pratique est non seulement massive (0,99 déplacement par semaine) mais
aussi fréquente puisque sa place de leader en termes d'usage du bus se renforce avec
Vintégration de la fréquence des trajets, que ce soit tous enquétés confondus, ou en ne
considérant que ceux qui prennent le bus. La pratique du bus en zone A est done le fait
doceasionnels nombreux alors qu’en zone C elle est le fait d’habitués. Globalement ces
deux zones s‘opposent aux zones B et E oit Pusage est plus faible notamment en termes de
part d'utilisateurs,
Ces premiers résultats montrent que si le potentiel explique globalement la
différenciation spatiale de Pusage du bus, & savoir sa décroissance du centre vers la
périphérie de la ville, il savére en revanche nécessaire d'introduire des éléments
explicatifs plus contextuels pour comprendre les pratiques & un niveau plus détaillé, Cest
notamment le cas pour inversion par rapport Vhypothése de départ de T'intensité de
usage du bus entre la zone B et la zone C. Ainsi, la zone B étant majoritairement située en
bordure du centre-ville historique de Besancon, of sont concentrés beaucoup des
générateurs de déplacements, on peut penser que la population ne juge pas opportun
d’emprunter le bus pour s'y rendre. Le temps d’aceés & une station puis le temps d’attente
du bus pésent dans ce cas trop dans la durée totale du trajet bus qui perd alors en
compétitivité, notamment par rapport & un trajet effectué & pied. Au contraire, pour la
zone C, plus distante des générateurs, le trajet bus s'impose plus facilement par rapport au
trajet piéton trop long et par rapport au trajet automobile sur lequel pésent les fortes
contraintes de stationnement pour les destinations localisées dans le centre historique. Cet
argumentaire qui pourrait théoriquement aussi étre tenu pour la zone E ne tient pas dans
ce cas, car le niveau d'ofive du bus étant nettement plus faible qu’en zone C, Tusage du bus
y est beaucoup plus contraignant. Enfin, le faible usage du bus en fréquence en zone A (le
centre-ville) renvoie a Ia forte densité des générateurs de déplacement qui s'y trouvent et
qui, de ce fait, rendent usage du bus trés facultatif pour les trajets internes & la zone.
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‘Qualité de Foe et usage du transport public en milew urban
La qualité de offre bus peine done @ expliquer seule I'usage du bus, si ce n'est en
Yanalysant a un niveau agrégé et & condition de réintroduire des éléments plus contextuels
ayant trait a la localisation des générateurs de déplacements.
Qualité de loffre bus et satisfaction
Concernant la satisfaction quant a Voffre bus, le constat qui s‘impose est celui de la
grande satisfaction des enquétés. 85 % sont trés ou assez satisfaits, ce niveau de
satisfaction atteignant méme 95 % dans la sous population des utilisateurs. Les rares peu
ou pas satisfaits se trouvent logiquement chez les non-utilisateurs. Qu’on décline ces
niveaux de satisfaction par zone de potentiel, ou qu’on étudie la distribution des enquétés
qualifiés par leur degré de satisfaction, on remarque une nouvelle fois que les zones A et C
s‘opposent aux zones B et E, La part des plus satisfaits est ainsi la plus forte en zone A et
surtout en zone C, ott elle atteint 94 %, alors que le niveau de satisfaction plafonne aux
alentours de 80 % en zones B et E,
Tris | Asez] Pew Pasdutout
Zone | ssustut | satstan | savin sausfait ssi || aie
a| aor] 50 1.30 530. 100.
B | saas| 9729 233 13s 100
[45.9 [5138 a8 o 100.
E 30] ss.0 Sail Le 100
Tableau 3 : Potentiol et satisfaction quant aux conditions de dépiacement en bus
Lianalyse séparée des populations des utilisateurs et des non-utilisateurs montre
essenticllement que les utilisateurs peu ou pas satisfaits sont localisés en grande partie en
zone E (respectivement 41 % et 50 %). Par ailleurs, si fon a pu voir précédemment que la
zone B comprenait peu d'utilisateurs du bus, on remarque que ceux qui Iutilisent sont
assez ou trés satisfaits & 95 %. Ce chiffre éloquent montre que la part relativement faible
des utilisateurs en zone B ne tient pas au niveau intrinséque du potentiel, et done a Voffre
de bus, mais bien, comme nous Tavons expliqué précédemment, a la localisation des
activités, Enfin, les non-utilisateurs se caractérisent par des niveaux de satisfaction plus
faibles : la part des trés ou assez satisfaits est par exemple deux fois plus faible. LA encore,
les plus insatisfaits se localisent en zone E (73 % des peu satisfaits et 64 % des pas du
tout)
Par étude des motifs de satisfaction, on apprend tout d’abord que c'est pour la position
des stations que le niveau de satisfaction est le plus fort (86 %) (N.B. 90 % de la
population bisontine est située & moins de 300 métres d’un arrét de bus). En déclinant par
zone de potentiel et par catégorie d'utilisateurs, la zone E, ot la densité des stations est la
plus faible, apparait logiquement comme celle od les insatisfaits sont les plus nombreux,
ce qui peut rebuter aussi bien les utilisateurs que les non-utilisateurs, En ee qui concerne
le temps de transport (attente et parcours) la satisfaction est moins forte (70 % de
satisfaits). A nouveau la zone E s'oppose aux autres et plus particuliérement aux zones Cet
A. Lobservation des appréciations par type d'utilisateurs montre que les différences
opinion les plus notables concernent les conditions de parcours et dans une moindre
mesure les temps d'attente qui sont systématiquement moins bien appréciés chez les non-
utilisateurs, en particulier les actifs.
Ainsi, le regard extérieur des non-utilisateurs (dont on peut toutefois penser qu'ils ont
46ja utilisé au moins une fois le bus) montre que cest la lenteur du bus (attente et temps
de parcours) qui est mal vécue et qui de ce fait est susceptible de les rebuter. Ces
observations rejoignent celles de Kaufmann (Kaufmann, 2000) qui montre que la lenteur
cest systématiquement associée au transport en commun dans les perceptions de la
population, au méme titre que le manque de confort (ce que Yon retrouve aussi dans
Venquéte mais sans variations zonales). A lopposé, il est intéressant de noter que le motif
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onssaio2r2024
2”
‘Qvalté de foe usage du transport public en mitew urain
de satisfaction le plus cité chez les utilisateurs du bus est qu'il leur permet de s'affranchir
des problémes de stationnement.
Cette analyse de la satisfaction & un niveau global montre que niveau de potentiel et
degré de satisfaction sont trés intimement liés. Ainsi, si le potentiel ne suffit pas a
expliquer quantitativement les comportements, il permet en revanche de se faire une idée
précise de opinion sur Voffre de bus que sen font les usagers et les non-usagers (ce qui
confirme la qualité de l'indicateur). Ces analyses révélent par ailleurs qu’usage du bus et
satisfaction des utilisateurs ne se comprennent pas en considérant Toffre bus
indépendamment des autres offres de transport, en particulier celle de automobile.
Qualité de offre bus et caractéres des trajets
La croissance des portées moyennes des déplacements de la zone A la zone E (de 1,822
km 2,444 km) est 4 mettre en relation avec la décroissance concomitante de la densité de
destinations. Logiquement les durées des trajets bus estimées par les utilisateurs eroissent
aussi en allant vers la périphérie, la moitié faisant moins de 10 minutes en zone A et B
contre un tiers seulement dans les zones & plus faible potentiel. La durée calculée de ces
trajets suit le méme schéma tout en étant systématiquement inférieure & la durée estimée,
qui est en moyenne 1,4 fois supérieure, Le rapport durée estimée et durée calculée étant
constant dans toutes les zones, nous pouvons conclure que le potentiel n’intervient pas sur
la qualité de estimation de la durée des trajets
En mettant en relation la portée des déplacements en bus et Ieur durée, on remarque
tout d'abord labsence de proportionnalité entre ces deux variables (ce qui nest pas le cas
pour les trajets automobiles correspondants). La raison tient a ce que les trajets bus ne
suivent pas toujours le plus court chemin entre origine et destination pour d’évidentes
raisons de design et connexions des lignes. Le rapport entre portée du trajet et durée en
bus permet de mesurer lefficacité réelle de Voffre en bus (Grasland, 2000), beaucoup
mieux que ne peut le faire la vitesse habituellement utilisée (la vitesse peut en effet étre
Gleeyée sans pour autant que le trajet soit efficace, par exemple dans le cas d'un trajet
comptant de nombreux détours mais sur Tequel la vitesse de circulation est élevée). Cette
cfficacité de Voffre bus va croissante de la zone Aa la zone 5 (de 221 métres par minute en
zone A a 269 métres par minute en zone K). Sa progression se fait donc a V'inverse de celle
du potentiel, ce qui s'explique par la présence de plus en plus importante du centre vers la
périphérie de voies primaires sur lesquelles il est possible de rouler plus vite. Toutes
choses égales par ailleurs, on pourrait done penser, en observant la seule offre bus, qu'll
est plus intéressant d'utiliser le bus en zone E qu’en zone A. Cette affirmation s'avére en
réalité fausse, puisque si Yon observe en paralléle Vefficacité en voiture sur les mémes
trajets, on remarque qu'elle suit pour les mémes raisons le méme gradient, mais surtout
que sa valeur est partout nettement supérieure a celle du bus (509 metres par minute en
zone FE. par exemple). On remarque enfin que la variabilité de Teffieacité des trajets va
croissante de la zone B a la zone E oi elle est 6gale a celle de la zone A. Ainsi, c'est dans la
zone ou Vusage du bus est le moins massif (zone E) et dans la zone oii il est le moins
fréquent (zone A), qu'il est le plus difficile pour un utilisateur, surtout occasionnel, de se
faire une idée de la durée de son trajet. Peut-étre cette « imprévisibilité » est-elle en partie
responsable du « faible » usage du bus dans ces deux zones.
Si le potentiel n’explique Tusage du bus qu’ un niveau agrégé en permettant
notamment d'opposer les comportements et pratiques dans les zones aux caractéristiques
les plus extrémes (zones A et E), il savére en revanche bien adapté pour estimer le niveau
de satisfaction quant a Yoffre proposée. Toutefois, dans une perspective d'explication du
choix modal, le potentiel d'usage du bus, qui prend en compte toutes les destinations
possibles au départ d'un point donné, s‘avére étre un indicateur trop grossier. Aussi, est
nécessaire pour mieux cerner le rdle effectif de Voffre bus dans le choix modal d’analyser
cette offre non pas globalement, mais sur chaque trajet de la matrice des origines
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1015saio2r2024 ‘Qualité de Foe et usage du transport public en milew urban
destinations fournies par Venquéte, aussi bien pour les trajets bus que pour les trajets
autre mode. 70 % des trajets autre mode s‘effectuant en voiture (cette proportion croissant
encore avec la portée des trajets), la recherche d’éléments explicatifs du choix modal dans
la comparaison trajet par trajet de Voffre bus et de offre voiture s'est imposée.
Offre bus versus offre automobile : les ressorts du
choix modal
La qualité différenciée de I’offre bus n’explique pas le choix
modal
51 analyse des caractéristiques spatiales des trajets effectués en bus et des trajets autre
‘mode permet de cerner Influence de la qualité de offre bus sur le choix modal, non pas
globalement, mais pour les trajets effectivement réalisés par les enquétés. On remarque
tout d’abord que la portée des trajets bus (2140 matres) est inférieure & celle des trajets
autre mode (2547 métres). Si ces chiffres montrent que Besancon est une ville qui
« fonetionne a courte portée », ils montrent surtout que le bus tend & étre délaissé au
profit de la voiture dés lors que la portée des déplacements augmente, et ce en dépit d'une
offte bus de qualité sur ces trajets plus longs. Le degré de détour est en effet identique
pour les deux types de trajets et Vefficacité bus est méme légerement supérieure pour les
trajets autre mode. Sans doute Vimprévisibilité de la durée des trajets bus (absence de
proportionnalité entre portée et durée), qui pése davantage sur les trajets longs,
intervient-elle ici comme élément explicatif
52 Sil'on exclut la question de la portée des trajets, la différence d'offre bus sur les trajets
bus et autre mode parait trop faible pour étre en mesure d’expliquer le choix modal. Aussi,
avons-nous calculé et comparé pour tous les trajets, bus et autre mode, la portée, les
distances parcourues sur le réseau, les durées correspondantes et Pefficacité des trajets en
bus et en voiture en faisant Phypothése que c'est dans cette analyse comparative que se
trouvent les raisons du choix modal.
Une offre bus nettement inférieure a l'offre automobile sur les
trajets ou le bus est délaissé
88 Bien que la portée des déplacements autre mode soit plus longue que celle des trajets
bus, leur durée moyenne en voiture ‘est plus eourte, ce qui n’est pas le cas en bus. Toutes
choses égales par ailleurs, on a done d’autant plus intérét a utiliser la voiture que la portée
du trajet s‘allonge. Plus globalement, Voffre automobile apparait nettement meilleure pour
les trajets autre mode que pour les trajets bus que ce soit en termes de degré de détour ou
efficacité, ce qui peut en soi constituer un critére de décision dans le choix modal. Cet
écart doffre et les durées plus faibles en automobile pour les trajets autre mode
s‘expliquent par les origines — destinations des différents types trajets. En effet, alors que
les trajets bus sont majoritairement centripates (60 %), cest-a-dire quiils ont tendance &
converger vers le centre de la ville en empruntant des trongons secondaires et tertiaires
souvent encombrés, les trajets tangents au centre-ville dominent chez les trajets autre
mode, Or ces trajets tangents empruntent davantage des routes primaires od la vitesse de
circulation est plus élevée.
hitps:journats.openedtion orgleyborgoo/6736 nssaio2r2024
‘Qualité de Foe et usage du transport public en milew urbain
‘Moyenne pour
Moyenne pour | "Te ajets
les trajets effectués ?
ae effectués par
autres modes
Portée des déplacements (a) 2140 2547
‘Longteur du trajet bus (m) 4215 4957
Durée en bus (min) 9.09 10.4
Dearé de détour du trajet bus
Gongueur en métre du trajet bus 196 194
portée en métre)
Efficacité du trajet bus (portée en 2 2490
‘métre / durée en minute du trajet bus)
Longueur du trajet automobile (m) 3308 2929
Durée du trajet automobile
(minutes)
Degré de détour da tajet auto
longueur en métre du trajet bus / 154 1a
portée en métre)
Efficacité du trajet automobile
(portée en métre / durée en minute du 449,58 723,58
trajet automobile)
476 3.52
Tableau 4 : Loffre bus et offre automobile sur les trajets bus at les trajets autre mode
En comparant & présent Voffre bus et Voffre automobile, il apparait que le rapport entre
Yefficacité en voiture et lefficacité en bus est de 1,91 pour les trajets bus alors qu'il atteint
2,95 pour les trajets autre mode. L’écart est encore plus important en utilisant non pas Ta
durée calculée des trajets bus mais leur durée estimée par les usagers qui surestime
systématiquement leur temps de transport (ce qui tend & montrer que le temps passé en
bus est « mal vécu »). Expérimentant au quotidien sur leurs trajets habituels ce
différentiel de qualité d'offre, on peut imaginer que les enquétés qui ont le choix n’optent
pour le bus que si la durée du trajet n’excéde pas trop celle du méme trajet effectué en
voiture. Précisons ici que le stationnement, qui est un élément trés important pour juger
de la qualité de Voffre voiture n’a pas été pris en compte car le rapport coat avantage de
cette opération était trés mauvais. Il nécessitait en effet un recensement et une localisation
de Tofire de stationnement gratuite et payante sur Tensemble de la commune, puis la
collecte de données sur le taux d'occupation des places de stationnement pour calculer
avec un certain réalisme une durée de stationnement pour chaque trajet automobile.
Enfin, on peut Iégitimement penser que la prise en compte du stationnement n’aurait fait
que renforcer nos observations en rapprochant lefficacité voiture et lefficacité bus sur les
trajets bus en majorité centripétes, accentuant ainsi encore lopposition précédemment
relevée avec les trajets autre mode. En effet, les trajets autre mode étant essentiellement
tangents au centre-ville ils sont moins touchés par les probleémes de stationnement que
ceux orientés vers le centre-ville oi le stationnement est plus contraint.
Ainsi, si en moyenne l'écart entre efficacité automobile et efficacité bus n’explique pas
les comportements par zone de potentiel, il eonstitue en revanche un déterminant capital
du choix modal pour les trajets s’effectuant sur des origines destinations particuliéres. Au-
dela de considérations liges au confort, au motif etc. il apparaft que la comparaison de
Vaccessibilité fournie par les différents modes tient un réle central dans le choix modal.
Ainsi, méme si Voffre bus est de qualité, il est délaissé sur les trajets pour lesquels son
cfficacité est nettement moins bonne que celle en automobile.
Conclusion
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128saio2r2024
28
a
‘Qvalté de foe usage du transport public en mitew urain
Silla socio-démographie des populations, la localisation des générateurs de trafic et les
motifs de déplacements qui y sont liés exercent bien une influence sur le choix modal, ils
ne suffisent toutefois pas a expliquer I'usage du bus en milieu urbain. La qualité de offre
de transport public estimée trés finement apparait en effet comme une variable
incontournable a prendre en compte pour expliquer Pusage du bus. Toutefois, analysée
individuellement, que ce soit sur ensemble des destinations possibles ou seulement sur
celles qui sont effectivement visées par les enquétés, la qualité de Yoffre bus seule ne
parvient pas non plus A en expliquer Yusage. Ce n'est qu’en la comparant avec
Paccessibilité fournie par Vautomobile, principale concurrente du bus, que l'on parvient &
mieux comprendre, sur un ensemble de trajets donnés, les ressorts du choix modal.
Nous avons ainsi pu voir que si augmentation de Toffre de transport en bus est une
condition nécessaire pour espérer un transfert vers ce mode, elle n’est en aucun eas une
condition suffisante, puisque le choix modal se fait, pour les non captifs, & partir de la
comparaison de Voffre bus et de Voffre voiture. Aussi, seule une action portant
conjointement sur le systéme automobile et le syst#me bus, et visant faire converger la
qualité de leur offre en termes daccessibilité sur ensemble des trajets, semble en mesure
de favoriser une meilleure répartition modale des déplacements (Bonnel, 2000). Cette
convergence des offres paraissant trés difficile et codteuse a atteindre en jouant sur le seul
levier de Yamélioration de la qualité de offre bus, il semble qu'l faille avant tout chercher
a diminuer les qualités d'ubiquité, d'instantanéité et d'immédiateté (Dupuy, 1999) qui font
la force du syst#me automobile en jouant en particulier sur les puissants leviers que sont le
stationnement, les cofits dusage et organisation morpho-fonctionnelle des réseaux
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Notes
1 La durée des déplacements en voiture a été caleulée & V'aide d'un SIG a partir de la base de données
routiére municipale, en tenant compte de toutes les réalités des conditions de circulation : sinuosité
des trongons routiers, vitesse autorisée, sens unique et.
Table des illustrations
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IRL, hitp:ljoumnals.openedition orglcybergeo/docannexelimage/6736limg-4.ong
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Pour citer cet article
Référence électronique
Gyrile Genre-Grandpierre, « Qualité de offre et usage du transport public en milieu urbain »,
Cybergeo : European Joumal of Geography [En ligne), Dossiers, document 376, mis en ligne le 05
juillet 2007, consulté le 14 février 2021. URL: http:/journals.openedition orgicybergeol6736 ; DO!
hiips:ffdoi.org/10.4000/eybergeo.6738
Auteur
Cyrille Genre-Grandpierre
UMIR 6012 ESPACE, CNRS / Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse, 74 nie Louis Pasteur,
'84029 Avignon Cedex 1, France, cyrile.genre-grandpierre@univ-avignon fr
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