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EDITION NATIONALE AS AS ASAT CHOPIN 24 Préludes Op. 28 ALFRED CORTOT FRED. CHOPIN LES PRELUDES DE CHOPIN Notice documentaire de Laurent Ceillier (Extrait des programmes analtiqus Aled Cott) 124 Pas youre Pita, dd wn Camille PLEYEL Fri Chopin 780. Divina en deo len Paria chor Ad Can oC", Edinre de Composieus Riss, Re Grange Darlin, w 26, Ledge. ches Brit ot Hac» epdrn cher Welw Parus en Septembre 1839 sans numéro d'ruvte, les Prades, qui prennent rang op. 28, ment une cllects de pitces écrites dans chacune des vingt-quatre tonalités roupées selon ordre normal de leurs gammes, chaque ton ‘majeur dant suvi de son relat mineur. Quelle que sox cette presentation théorique. eve légitime le but masial de cette forme de composition, les Pidludes de Chopin ne Peuvent pas un seul instant Sire considérce sous Taspect Sidactique. Comme pour les Etudes, le eadre rtionnel, sil estrempl cat dépassé parla vleurartatique de tells pices ‘Avant de_ partir pour son séjour & Majorque avec George Sand (Gerobre 1838) Chopin montra a Téditeur Camille Pleyel (zgolement facteur des pianos qui taient len favoris de Chepin) quelques Preludes quil avait composés dlepuis pev, et lui dit son intention de lui en lourit une collection ordonnée de vingt-quatre. Pleyel senthousiasma pour cea premiere exemples, et Chopin convint avec lui de fui vendre 2.000 francs Ia fotore collection ; en attendant, des éleves du Maitre, celui-i dit un jour « jai Préludes Pleyel parce quills aimait.» Liartivée & Majorque eut Tcu dans la premitre moitié de Novembre. Chopin, aussiét, s'ait mis la composition : Ie 15 il ert & ¢on ami Fontana :« Ta 8 Préludes >. Mais la triste maladie qui ‘avait motivé ce séjour aux climate dour, Je minait; Tache- vement du recueil se trouva retardé du fait de cette rechute quiT'aréta et ilen rend compte dans une nouvelle lettee, le 3 Décembre : « Je ne puis pas Fenvoyer les manuscits, car ils ne sont pas encore préts, Pendant les trois demires semaines, favais &3 malade comme un chien, malgré In chaleur de dix-huit degrés, malgré les rores, les orangers, les ppalmiers et les iguiers en fleurs. 'avais pris tree froid, Les trois médecins les plus célébres de Ile se sont rassemblée pour une consultation ; Tun flaiait ce que javais expectoré ; Fautre? percutait Is cot favais expectoré, le troisitme auscultait pendant que jexpectorais. Le premier dit que je ours le deuxiéme que je mourais,letroisitme que j leis, dja mort. Et cependant je vis comme je vivais 'an passé, Mais ma maladie fit du tort mex Préludes, que ta recevr Dieusait quand |...» Le 14 lespire «faire bientot expédier » ses Préludes. Le 28 : € Je ne puist'expédier les Préludes, ie ‘ne sont pas linia Je vaia mieux a présent ete vais travaller.» Enfin, le 12 Janvier (1839) nous lions : € Je tenvoie les Préludes, recopic-les avee Wolf [pianiste et composite compatriste de Chopin}. Je pense quil n'y a pas de fautes. Tu en donaeras une copie & Probet [éditeur] et le manuscrt ’a Pleyel > — une partie de 'argent que Pleyel versera devra servir & payer le loyer de son appertement, Le 6 Mars, nouvelles. indications & Fontana : ¢ J'simerais que mes Prdludes soient dédits & Pleyel (sicement il est encore temps, car ila ne sont pas encore imprimés) et la Ballade [1a deuxigme | a Schumann... Si Pleyel ne veut pas renoncer 4 la dédicace de la Ballade, tu dédieras les Preludes Schumann... Tw informeras Probst du changement des dédicaces. > Les Preludes furent en ellet dédiée € & son ami Camille Pleyel » sur la premigre édition, mais par une sorte obligation curieuse, ’édtion allemande qui parut en me temps chez Breitkonl portat une autre dédicace, C. Kessler>,Tauteur des Etudes réputées, lequel avait offert ‘Chopin la dédicace de sey Préludes op. 31 — tun échange de politesse. Pleyel, qui lee ‘© ce sont mes Preludes » A pattr de ce moment, Chopin est en butte & des conus et des quiproquos avec aes diférents éaiteurs (aes ‘euvres paraisat bla fois dane une maison lrangase, une allemande et une anglaise), et Fauteurassile journellement le pauvre Fontana, reste & Paris, de_recommandations pratiques sans nombre eu sujet de ses intéréta. Aw début Avril, Chopin n'avait tovjoury regu de Pleyel que les 500 hanes d'a-conipte, d'avant son. départ. Apres son retour en France, enfin, il écrit de Nohant (été 1839) = ‘TPleyel ma grit que tu avais &té tes obligenrt et avais conigé les Prélder Satu combien Wessel Iicur édteur jou TAngletere| les peye ? Ce serait bon & savoir pour Favenir. » Les Préludes parurent en Septemine (1839), Par tune bizarerie que Ton rencontrait déja dans la dédicace des Etudes op. 10 & Jc) Lisa, la premiere page des Preludes porte aussi J. Chopin (au lew de) Dans I Histoire de ma vie, George Sand a donné une importante relation de cette pisiode de composition des dudes ot qui malgé un soul de « itérature > et de mise en relic! de soiméme nen est pas moins intécasant connate. ou Suppostant In sclrance avec asset de courage. il ne pouval vaineteTinguctude de son imaginaion. Ls lee dah pour et ein de tereurs e de fantémes, meine quand ie pera ie, Iele diss pase allt le deviner Auretour dle nes explorations ‘octurmesdanales rites avec men tnfantejeletrouvaiss ix heures 4£"vokr ple, devant son pian. les yous bagerde ot ln cheveor comme dress ut Ia tt. flat quelques instants pour nos {connate Il fast enmite ‘un elfre our tect dmave jouat dee hoses tables il enait de composer, 0% pour meu die, de es tembles'ou dEahrantes ql vensient de scmparet dsl, camme & aon ines, dang cette heure de solitude, de tater t= deitot Clst fs ql 4 compat len plus bele de ees eourtes Poser guint modentement des Preis. Ce sont dee cele: Tauvre. Plasicurs presente la pensée deo visions de moines tecpands et auion dew font malancaliques et sinves ode anid. au brat ch re de en fendi au eon Featain des guitars, au cheat des oncaux sou la fle hunide Diares encore sont one trintesse morne, ef, en vous chant Forel, vous navrent le cour lly en in Qui Il vint par one soirée de pluie logulre ctl jet dang Tame un abatement ef oyable Novs Tevions la Dortant oe jour rm pur ales & Paina ahr dev ss ‘Bmpement, La pluie ait venue, les jorrent Nous nove hdtions en vue de Tinguitade do notre ronlede- El 2:8 vive en effet; main ele sak comme fie an une x ‘Sescepcrance tranquil el jouat on admirable Proade en pleura. En nous voyant entre, se leva en jtantun grand cr. pue nous tit dun ai égeréet dun tn trance "Ah? fe le anvas bien ase jz mort | Quad il-ut repre ace expe et qui vit Fatat Du woue ational ft splade du spectre revoepoci de non dangers ‘'mvavous enwite quen nous altendant fl avait vs tout cla tun rdve, t que, ne ditngaant plus ce ve de Te ral, i-améme le voyait noyé dene un lac’ dou goutes dew [peranten et glacées Ist tombaient en mesure aur le potrine--. Sa ‘ompositon de ce aoirla cat bien aleine des gouter de pise qo Linz désignait Ie huititme Prélude (en Fa ditze mineut) comme pouvant donner cette impression ; d'autres ont penaé ‘ue le morceau qui ve rapporait& cate acéne devait dre le ‘uinziéme (en Ré bémel) ou le sizizme (Si mineut). Le 2 Prélude (La mineur) est le seul qui at soulevé dee critiques. Kleczinski dt quil doit dre éearté du recuel cn raison de sa «bizarrere ». Hunckerle trouve cexagpérant faux nerfs, laid, déseapérant, groterque et discordant. > Draprés le témoignage de Tamowely, en contradiction avec les commentateura de Chopin, ce Prélude était un de ‘ceux composés déja avant le départ pour Ile Majarque. — Le 4° Prelude (Mi mincur) et le 6° (Si mineur) farent cous deux exécutés & Torgue par Lefebure-Wély, au service fundbre de Chopin le 30 Octobre 1849 i la Madeleine. — Le 17" Prélude (Mi Wimol mineur) gagna Moscheles & admiration de Chopin, pour lequel l avait eu jusqu'alors aquune médioere eatime. Niecks trouve quil rappelle les Romances sans paroles de Mendelsechn, Quelqain ayant parlé de ce Prélude devant Mendelssohn prEcisément, cel i tépondit : « Je faime : e ne peux pas vous dire combien ‘i pourquoi, si ce n'est que cest une chose que je n'aurais jamais pu éerire moi-méme.> — Le 18* Prélude (Fa mineur) cle une eurieuse analogie thématique avec I ufichoung (Essor), deusitme pitee des Phantosiesacke op. 12-de Schumann qui avaient parul'année d avant. Edgar Po8 adit du 19° Prélude (Mi bémol majeur) : « La beauté de toute spice qu s'y donne cours exate inévitablement une Sme Sensible aux larmes.> Dans le compte rendu quil fit (Gazetle Musicale du 2 Mai 1841) d'un concert ot Chopin avait joue de sea Préhdes, Litat gent: « Lex Prdludes de Chopin sont des compositions dian ordre tot & fait & par. Ce ne sont par seulement, ainsi que le tire pourat le iare penser, dea morceaux destings & étre joues en guise dintroduction & autres morceaus, ce sont des préludes poétiques, analogues 8 ceux d'un grand podte contemporain, qui bercent'dme en songes dorés, et Vlévent jusqu'aux régions idéalea. Admi- rables pat leur diversi le travail et fe savoir qui s'y wouvent ne sont appréciables qu’en un scrupuleux examen. Tout y semble de premier jet, délan, de soudaine venue. Ils ont la libre et grande allure qui caractérae les euvres de génie. > Schumann, enfin, signalait ainsi a parution de cet ouvrage magnifique : « Je dois simmaler ces Préludes comme tres remarquables.J'avoue queje m’attendaiaia quelque chose de srts dilérnt, enlevé en grand style comme ses Etudes Crest preaque le contraire : ce sont des esquiases, des commencements d'Etudes, ou, si vous voulez, des ruines, ils folement mélca, Mai dane cha cert de pauses et dans sa re2pi . Is plus hardie etl plus ire d'aujourd’hui. Le aussi évidemment des trite fiévreux et morbide chacuny chercher ce qui luiconvient et lenchante — seul, le Phils, néanmoina. n'y trouvera rien. » Bien qu'il puisse paraitre téméraite dajouter_ un ‘commentaire queleonque & la pensée musicale du chef Geeurre de Chopin, Allted Cortot crit ne pas excéder son rile dinterpréte en permettant & ses auditeurs d'évoquer en méme temps que lui les images romantiques, ardentes, podtiques ou désolées que Ini miggérent ces pages unique Gans Phistoire de Ia musique. 1. — Agitato, ut majeur: « Allene fitereus delaimée». 2, — Lento, la mineur : © Mééitation douloureuse ; la mer déserte, au loin.» 3, — Vivace, sol majeur « Le chant du ruiseau >, 4, — Largo, mi mineur : © Sur une fombe >. 5. ~ Allegro molto, ré majeur : « L'arbre plein de chants » 6. — Lento ass, si mineur : « Le mal du pays » 7. == Andantino, la majeur : « Des souvenirs dliiewx {Flotent comme un parfum & travers la mémelrean. >. 8. — Molto agitato fa ditze mineur: « Le neige tombe, le vent hurle, la fempéte fall rage ; mais en mon triste cur, Torage ext plus terrible encore >. 9, — Largo, mi majeur : « Vote prophétiques >. 10, —Alllegro molto, ut ditze mineur : « Fusées qui relombent >. 11, — Vivace, si majeur : « Désir de jeune fille. 12, — Preno, sol ditze mineur : « Cheoauchée dans la nuit >, 13, — Lento, fa ditze majeur: « Sure sol étranger, por tune nuit ole, el en pensant 2 la bien-cimée loitaine ». 14, — Allegro, mi bémol mineur : < Mer orageuse > 15, — Soatenuto, 6 bémol majeur :« Mais la Mort ext 1, dans Fombre..®. 16, — Presto con fuoeo, a Fabime > 17, — Allegretto, la bémol majeur : « Elle ma dit: Je faim... 18, — Allegretto molto, fa mineur : « Imprécotions » 19, — Vivace, mibémol majeur :« Des ails, des ailes, pour m'enfuir vers vow, 3 ma bien-aimée! >. 20. — Largo, ut mineur : « Funérailes ». 21, —Cantabile, i bémol moyeur : « Retour sottatre & Tendroit des aveux >. 22, — Molto agitato, sol mineur : « Rébolte >. 23, — Moderato, fa majeur : « Notades jouant » 24, — Allegro eppassionato, ré mineur : « Du sang, de la voluplé, de la mort >. bémol mineur : « La course (Pabli ove Tatoruatin de Ecale Nome de Musigne de Per.) 0 Site sa Table thématique PRELUDES Op.28 antegra Prélude N° t Liélan passionné, Pardeur impatiente qui animent ce prélude sont commandés par Pexacte ponetu ation de Ta formule syncopée, qul, de mesure en mesure, conduit, haletente et fé#vreuse, Io ligne mélo- Gigue jusqu's Venutation des 21%, 22m", 24m et 24m* mesures; pant culminant dune vourbe qUinfléhit tncuite un bref diniauendo pendant leguel la sonorités'ffailit, mais non la pressante insistance dun rythme qui devient sembiable aux battements d'un coeur épuisé @émotion, Pour avoir toute sa sisaification pathéigue, cette déclamation entrecoupée,nécessite la mise en vac leur rigoureuse du silence qui précéde les syncopes ax début de chaque mesure. Nous recommandons & ce effet un emplol de la pédale forte strictement conforme aux indications du texte musical, Menfonce ment et le reléverent du pied élant effectués avec décision eb neteté On sexercera dahord de la maniére suivante: au glissement dH pouce @une aote & Paute Continuer ainsi toute la partie mélodique en sattachant A dégager eon caractére expressif et en ob- servant scrupuleusement, la mesure et les indjeations de pédale. Puls, reprenire le mome exercice, mats én ajoutant cette fols ta réponse des doigts supérieurs, qui, tout en soulignant & Poctave, le dessin syncopé du pouce, rétablit I’Squilibre rythimique par fappui qu'el- le prend sur Te second temps de chaque mesure, Veiller nu legato des deux parties et & la légine prédominance sonore du pouce Pui, les éléments expressifs du prélude Gant ainsi isoés, on assurera Dexéeution prévise et coulante ala fois du dessin accompagnement que se partagent les deve mains en le travaitlant sinsi: aS = = 3 aaae a = Observer Ie doigté du texte et articuler largement. On s'efforcera sous cette forme de conserver le caractére impétueux du morceau, malgré Pabsence de la cellule mélodique animatrice. Un moyen in- fallible 'y parvenir consistera a supposer mentalement la formule syncopée omise et ses fluctuations expressives, tout en jouant Pexereice ci-dessus, conformément. aux nuances indiquées. On terminera ce travail ov préparation par Pétude des variantes ci-aprés, que Yon transposera dans tous les tons en les conformant aux dis.ysitions harmoniques de la partie de main droite. Ces formules constituent exoellents exercices pour affermir 1a position de la main et devclooper Pindépendance des doigts, tacteurs indispensables @une technique satis accords de quatre. notes sous leurs divers aspects, brisés ou simultanés. ie dans Pexéeution des Nous recommandons, lors de exéoution rapide du prélude, @éviter tout autant la sécheresse due & Pexcés de netleté que Vempitement résultan, dun legato exagéré tun et Pautre seraient en contradiction avec le sentiment frémissant de cette piéce Prélude N°2 La parfaite exéeution technique de cet admirable prélude est moins aisée que son apparenee peu con pliquée le Iaisserait, supposer ‘Toutes Jes notes, tous les silences méme, compris dans la mélodie do la main drone, qu fotte, plain te douloureuse et polgnante, au-dessus du rytbme monotone de la basse, sont emproints @ane significa- ton intense, alors que cependant le earactére général du morceau niéxcbde jamais le ton concentré de la méitation, La justesse de Vinterprétation est done lige ici au ehoix de sonorités réellement suggestives dun sen- timent daceablement et @amertume. Elle doit, avant tout, s*inspirer dans sa ponctuation pénétrante,des accents méme de Pémotion humaine, Nous entendons bien que des exercices préparatoires ne sulfiront as a faire naitre chen des exécutants dépourvus de sensibilité naturelle, tes qualités requises par lox vvte de Chopin — Mais nous ne doutons pas toutefois qu'une application intelligente au travail de la sono: rité en soi,ne parvienne 2 développer le goit de Ja déclamation expressive dont nous trowvons ici un exemple si parfaitement, émouvant. Nous avons déja traité de ce genre d'exécution dans Médition de travail des Etudes de Chopin (commentaires des Etudes N2VI Op. 10, et NOVI Op. 25). Nous y renvoyons pour cette étude toute spéciale en insistant sur la veleur technique inappréeiable u travail nuancé des trois exercices dont nous rappelons ci-dessous la formule —On les transposera dus tous les tons, en variant le mouvement, en modifiant les valeurs, les doigtés et les degrés @intensite cov formément aux modéles indiqués dans notre dition des Etudes: Sel ee SS Nous répétons que la gradation de la sonorité principalement dens un mouvement lent, doit étre obtenue par Pappesantissement ou 'ellégement. progressif de 1a main dont les doigts se bornent & trans mettre le poids sur le clavier, le poiget et Pavant-bras restant complétement souples Cette observation convient également & Vexéeution de la main gauche glas lointain daus Ix brume, ou rumeur affable de Yooéah—mais ici Ia dificuté staugmente du fait des extensions qui rendent I li son des enchainements particuligremers dicate, surtout dans Is tente voilée qui est indispensable. (On s'y préparera par les exercices suivants, a transposer chromaliquement sur tous les degrés dela game 9, tinite 0 eillera spécialoment au tegato de La partie médieae qui sera mice un peu en dehors—Il en sera, su reste, de méme furs de Pexéeution du prélude, Cette nuance sera facllitée par le contact étroit des 20,3" ef 4M duigts avee le clavierjle 5%* doigt et le pnuce atteigaant au Contraire les utes its ‘ont & jouer au moyen Wun d€placement latéral du poignet — Le dowceur et la régularité dattaque de ‘ces demiers doiats, principatement éu pouce, serant en raison directe de la souplesse de ce mouvement, sorte de portamento balancé dont il ne faut pas chercher & diminuer amplitude, Wl aidera également i assurer la parfaite simultanéité denfoneement des deux notes de chaque accord Lemploi dela pédale dans ce morceau, et, particuliérement de la pédale forte, est selon nous impos- sible & noter avec précision. Linstrument dont on dispose, les dimensious et 2a résonnance au Yoeal dans Iequel on joue, la disposition imagunative momentanée de Vinterpréte, autant de facteurs qui interdisent u- se préinéditation top arrétée dans lemploi de evtte subtile créatrice atmosphere qu’est Ia pédale Ce que uous powvons dire, c'est qui convient de ne pas alourdir la trame harmonique de Ta basse ir une pédale trop lente ou trop eafenede et que cependant les vibrations des notes t+ la mélodle—prin- cipaiement Ja tenue du“Ia” des 14° et 15° mesures) risqueraient fort de sévanouir inopinément si elles wétaient soutenues par Ia résinnance des notes Je basse vibrant harmoniguement avee elles—ce qu nest possible quen employant 1s pédale forte, 1) stasit done de trouver le compromis nécossaire, 4A titre indication t+cnique, et sans qu'il entre Aans notre pensée de conseiller parcil usage de la pédale dans Vinterprétation de cette piece, nous eugageons i ta jouer plusieurs fois de suite, on se servant des deux pédales mises coajrintement, mais ev doasgat a la pédale forte un incessant mouvement de vi- bprativy a raison de deux dattements au moins par eroche—On remarquera que, par ce moyen, les no- tes de la mélodie sisolent aisément de celles de Vaccompagnenent dont le legato Se trouve néanmoins asst- ré sans erainte de confusion, evrsiow serionate Eas.soan Seal Prélude N° 3 Pour conserver & ee fevillet @album inspiration si fraiche, si vive et spontanée, toute sa grice ju- ‘vénile,il importe de ne pas dénaturer le réle de Ia main gauche en la parant Pune virtuosité agressive. Crest a rendre les fins accents de la main droite, & souligner délicatement son rythme primesau ~ tier et la tendresse de quelques-unes de ses inflexious, que doit s*attacher l'interpréte, et le dessin fv ide et léger de la besse prendra une valeur poétique dautant plus enractéristigue que fa diserétion de son smurmure permettra la fantaisie subtile de la partie cupérieure de se mieux affirmer. Cette discrétion implique, au demeuraat,une rare perfection technique, ear,si il est nécecsaire que tuait de main gauche soit estompé, il est pas moins indicpensable quil soit partaitement net,¢eal et Pacnwonieux, Nous peasons faciliter ce résultat en indiquant les éléments dune étude préparatoire spéeia- lement consacrée & développer ces attributs de Pexéeution. 12 Stxercer au passage du pouce en montant et en descendant, var olest 1a Le principal obstacle ita régularité au jou Dans Peétude de Pexercice N24, un veillera & la rigoureuse simultandité dattague des accords, ainsi utd la rapldité et & la souplesse des déplacements de La main, Les trois premiers exercices peuvent indilferemment étre Uravalllés m/"p et gop Le quatrieme ese ra travaillé que pp et dans uz mouvement plutét animé. 29 Bludier la précision de Vattaque,qui dans la aiance piano et dans le mouvement rapide du trait ‘qui nous cecupe,gagnera sur un plano a double échappement,a ne pas dépasser Je premier échappement. Le travail en staccato du doigt, dans la nuance p est pour ce mode de jeu Je meitur des exercives ct celui qui permet le mieux @assurer le cuntrile du degré denfoacement de la touche. Avant de travailler Ie trait lui-méme, on fera bien de stexercer selon les formules suivantes qui fami~ liariseront avec les dificultés des mouvements lateraux de la main, rendues plus sensibles encore par Pe- xécation en staceato du doigt. Traseporer das tous ies tore. 3° Travail rythmique et 1ié du trait, alternativement my et p en déplacant les accents et les post tions @appul de Ia main fue tone lee dagoas Les mémes formules @exereice seront fruetueusement appliquées aux quatre mesures pendant Les~ quelles la main droite s'unit & ia main gauche, dans une conclusion volubile et dune virtuosité charmante. ‘On s'emploiera la pédale forte que par touches légéres, en évitant de la conserver pendant Ia pérlo- de descendante de 1a formule de main gauche, eortiow wartosaLe EMS 5040 nclancenilaiscecicamtatiatatii nimi isihuntasinsettasannanintaittiin Ane a Prélude N° 4 Gn chercherait en vain, dans Paruyre méloncelique et fiévreusement passionnée au chantre él dela douleurune page plus tristement significative que celleci ob tientyen quelques mesures, Pune des lus palpitantes tmages du désespolr que 1a musigue ait Jamais soremistré, Sous Pinsistanee gémissante de la lente plainte qui séplore a la main droite, en longs sanglotsac- ceablés,la main gauche paralt immobiliser dans Finflexibilité inditférente. dun sythme moretone duccor’s répitts, Mais, & ehscune des modifications, qul, note & note, désazrégent les harmonies, pour en préparer, par une inseasible chute chromatique, de plis sensible, de plus pénétrantes encore, c'est. comme le sursaul Pune blessure avivée, la renaissante morsure Pune soulrance intolérable qui stexaspére Jusqu"a ce mo~ ment Pexaltation presque démente que Chopin Se borne & souligner des seules indications sfrtio et fore Puis, brsé,sans force, anganti par cet excés de détresse, Je dessie mélodique se replie sur lul-mémeyse rae ferme i nouveau dans Pinmobiité prostrée du dolent intervatle de seconde gui marque tout ce prélude dun accent inoubliable. Bt, aprés un court et redoutabe silence, trois lepts et sovrds accords, qul seme Ment fixer Péternté au seuit dune tombe entrouverte Un tel sentiment, certes, est loin de se pouvoir tradulre avec les doigts seulement. Mais sa qua- lite méme exige une exsevtien techaiquement ieréprochable, Et si, pour Vétude de la mein droite, nous ne pouvons que renvoyer aux observations re- latives au deuxime prélude, le réle de’la main gauche, par contre, appelle quelques commen- aires ordre pratique. 11 faut tout a? abord poser comme condition essentiell, la simuitaneité Wattaque des notes cons- tituant chaque accord, et eeci, dans la nunace piano qui est le nuance dominante du prélude, ne ¥a pas sans une réeile difficult A Pencontre de ee que Yon goucrsit suppuser, est le travail individuel de ehacune des parties 4e V’secord qui donnera tei le meilleur résultat, Nous voulons dire, que au lieu de s'exercer en ré pétant chaque accord tel quil est ert, o st contentera de poser fes doigts sur les touches gui le von- posent, sans les eufoncer, puis on travailera chaque position séparément, Ala maniére des exercices dits aes doigts eewus, de la fagon suivante fen réduisant au minimun Partiewlation de chaque doigt actif, et en setforcant de conseryer le contact avec Ia touche aprés chaque enfoneement, c'est a dire, de la sentir remonter sous le doigt. Puls, mame exercice, avee deux doigts setlty, Je troisiéme restent simplement posé sur la touche et toujours sans enforcer Entin, enforcement des trois doigts, en eonservant Je contact dtroit aree les Couches. ‘On travaiitera toute fa partie de main gauche de cette maniére,le poignet restaat constamment sou- ple et les modifications @intensité wétant dues, de méme que pour la main droite, quay degré dagpessar Lissement plus ov moins gronaacé de (a main cur le Clavier. On veillera au legato rigourtax des partes, ineipalement ée celles dont le mouvement méladique détermine un changement @harmonle ~Et Jon a Joutera le pédale, conformément aux indications du texte masieal, que lorsque sans son aide, on aura réussi i donner Vimpresslon de Ia continuité sonare que procererait, par excmple, dans tn quatuor Acordes, le méme passage exéeuté & raison de quatre eroches expanées sur un seul coup hr. chet. ‘Entre autres ceuvres, auryuelles peusent Soppliquer aver profit eette mavtére de traailler, nove si- evalons PAriosa dotente Ge fe Sonate op. 10, de Beethoven, dont 1a bosse reléve dun priveipe piaisti- que auslocve. oteion wariowaLe By 5 8049 8 Prélude N° 5 Bruissement léger des feuilles dans la brise, gazouillis énivrés dans ombre des ramures, murmure Jaseur de Peau, crest & suggerer une impression semblable que Lendra Mnterprite de ces lignes elucotanes. Mais les eapricieux méandres de la ligne mélodique sYopposeront souvent, de tous Les piéges de leurs srabesques compliquées a la rélisation de ce deaein, Les dificulvés quis engendrent sont de deux sortes, Tune ayant trait & la eombinaison du legato et des extensions dans un mouvement plutdt rapide la seconde conséquente i la néeessite postique dun jeu parfatement éxal, malgré Mincommodité de certaines post- tions de la main et de certains passages dv pouce.—Et cect sontend naturellement 4 la main gauche comme de la main droite, Pune et Pautre concourast a Pinpression denseable par une disposition graphi- gue analogue. Pour se familianiser avee les éearts associés au principe de la liaison, nous eonsellons es exercices sul ‘ants qu ont pour effet 6 aévelopper ls posibiités destension entre les doigts, saus avoir & redouter les in- ‘owénients. @ordre physiologique qui sont souvent le rsutat aun travail de cet ordre, fetiue,lourdeur, affal ~ ‘issement-museulare. Litirement progresif tant ici eanbige avec lx mubilté continue des digts et les notes extremes de whaque formule étant atteintex grave & ia msniére dont ka main peut pivoter sur le poignet, aucun de ces dé. sagréments rest &crainare comme dan ls exercios destenion wabiuels (dlgts fixes au Clavier et main im mobile) ui sont nin seulement dengerenstais iantiles. Bn indquant tes diflérentes combinsizons de dolgts,tous imarquows par Infin de la feche qul les suit la. Smite extension & laquelle it serait utile datteindre Nous répétons quit ae faudra pas essayer de garder les deux notes de Pintervalle—On se bornera. a ob. server les princiges du legato, c'est & dire qu’on enchainera chague note & Is snivante & peu prs ainsiz es et suns craindre, en suivant Ia progression des écarts, Wauzmenter le balancement de la main qui facilitera Vattaque de chaque note—Eviter Pattague sur le #5té des touches, Le méme exereice sere naturelement employé pour la main gauche, suivant les mémes intervalles et con- formément aux mémes doigtés, on transposers ta formule donuée sur tous les degrés de la gamme chromatique. 46 Comme complément a cet exercice, nous recomusandons Je travail suivant, destiné & dvelopper la souples: se du poignet dans Vexévution des intervalles distants. ! Concernant Pégalitié de jeu a laquelle nous faisions préeédemnent allusion, nous préconisons les exer: ices préparatoires vi-aprés, dans lesquels le passage du pouce dans les positions 1es plus invommodes est spécialement étudié en vue de Fexéeution de ce prélude, Puls on trevailera le texte méae, @ahord les mains séparées et suvant les formules rythmiques sulvantes. CEP wr onto emer each caret ise veep eee Prélude N° 6 Pour bien rendre Ie caractize élégiague et méditatif de ce prélude, il convient de donner au dessin me lodique de le main gauche,une aecentuation pénélrante, mais dont Vinlensité est en raison directe de s1 sopriéte meme, Cette muvre prend trup souvent, de par Pexagération du sentiment,un earactere emphatigue qui la dé ‘ature inrémédiablement, et transforme en banales expansions, les inflexions réservées,contenues, qui font a va- leur aristocratique de cete confidence. Eile est mélancoliqu, désabuete, certes, mais non désespérée;il sy joint Tamere douccur dun regret et ce ne sont que des soupirs,non des sanglats,qil rythment son allure éxale. La seule formule délieate, du point de vue technique, est Parpixe qui, plusieurs reprises et din des po- sitions différentes, améne Ie pouce de la main gauche & sorvir de pivot pour un déplacement des doigts in- fGrieurs qui le surpassem momeusanément. Pour se préparer a vaincre cette Iégéve dilfiulté sans renoncer aux nécessités expressives du phrasé nous préconigons Vétude suivante: Trayailler en jouant chaque note Yeginenent gortand, Au reste, pour la gualité générale de la sonoité et de Ix ponctuation, nous renvayens au commentaire 4 Pedition dr travail de !Btuie de Chopin op.25 NVI dans lequel on trouvera une analyse du jeu expres: Sif qui s'accorde enticrement nus exigences de ce prélude, tant pour Ia technique des doigts que your v= sage dela pidale qui doit étre aussi tréquent que possibie. Le vie de la main droite,gui est ici limite 4 celui dun accompagnement, est eependant extrimensent important 0 ce quil détermine atmosphite roncte générale, quilétblit une sorte de fond dont le carae~ tive de neutralité ne saurit Ge contondn avee celal de indifference. Chopin a indigué comme devant s» reproduire durant le cours entier du prélude,un aceent sur 1a premiire crocke ae chaque temps Cet ae- cout, i earactéristique, et dont la chute réguliere permetirait dassimiler ce prélude au méme titre que le 157 & celui que décrit, George Sand dans Panecéote oflébre de la“aoutte eau’, entraine quelque fois un soulgnenent trop marqué des aoires qui lui correspondent sythulquement. accent ne doit affecter ‘que la partic supérieure de 1a main droite et plutot sous la forme expressive suivante: é fee He sous Paspeot dune note marquée isolément et suivie dune répétition incotore. Le changement de doigt qui permet cette ponctuation sera Pobjet dln travail préparatoire doat le bé- néfiee dépassera celui de sa seiile application a cette pidce, ‘Nuaneer ainsi 20 méme travail aveo les doigts inférieurs: ape eee, = se Nous eroyons qu est dans Feaprit/de Chopin de jouer les quatre dernidres mesures dans un senti- iment de cota véveuse,en effleurant presque les notes mélodiques de la main gauche, dont a deeniére reste en suspens, sous les vibrations affaiblies qui meutent doucement & la main droite eommion sarionate Eats s040 Prélude N¢7 On wattend pas que nous alourdissions Wun commentaire technique, la poésie tendrement nostalgique de ces quelques mesures. Pour les bien jouer il suffira de les jouer pour soi-méme, en stforcact de retrouver dans un coin

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