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QUI EST L’ARBITRE DU DEBAT DANS LE CONTRE APOLLINAIRE? us de controverse doctrinale, tel que Grégoire le pratique adversus Apollinarem, le débat semble engager deux eee HELENE GRELIER 'ARBITRE DANS LE CONTRE APOLLINAIRE 7 | 116 plusieurs infléchissements du sens initial de ce verset. En effet, alors que chez ‘Matthieu, le fruit est envisagé de fagon morale selon la dichotomie bien/mal («Tout bon arbre produit de bons fruits, tandis que l'arbre gité produit de ‘mauvais fruits»), chez Grégoi selon T’antagonisme de la vérité et ‘du mensonge, comme. argumentation d'une tout autant que démonstrat |. La TRoISIEME VOIX, UN DISCOURS CITE rE réfutation a titre de discours ci Puisque I"Beriture figure dans la réfut “ cours doctiinal est par nature hétérogene, et pg 00 mo a mene Be és rapportés (celui d'Apollinaire et de I'Beriture). ome noes PPO nent dans Vexonde etre cs iérents énoncs ins {que leur portée seront notre premier objet d’analyse Le lecteur qui ouvre I’Antirrheticus dans Vattente du traité 6° Apollinaire intitulé Démonstration de la d’y trouver une ré infléchissement du sens de Mt 7, 16 consiste a voir dans les issement des chrétiens, tandis que le mauvais fruit pro- ressemblance sets, & teneur fortement pol a demblée une ambiguité én plus précisément au Christ, dor ique: Mt7, 15; Gn 30, Grégoire préte sa cuvearSeov d1saver).»* Or du point de vue de I’énonciation, lorsque Grégoire réinterpréte Mt 7, 16 dans un sens ecclésiologique, il se démarque du langage biblique avec la formule de I’extrait ci-dessus, «A mon avis» (xard ye thy buhy ‘et en valeur la nouveauté de sens que prend le verset dans le cadre polémique d’aprés I'auteur. Mais pour montrer que son interprétation Aiscours, la parole da est Vindice de la fonction es ‘un omement du discours. Elle ie Seigneur», dont la supériorité est soulignée pat le wlio on images de prospérité végétale (Ps 127, 3) et animale (Gn 30, 38 ‘se retranche done derrigre laut de Jacob et Laban) qui viennent renchérir sur le sens nouveau q M7, 15-16. |A. Le traitement de Mt 7, 15-16 “Tpnace est le précuscur du rle que joue Mt 7,15 dans Mhérésologe (ef: Philad. 2,2). Voir aussi I. pro, 2= EPIHANE, Panarion, ¥ A voir en Aj Lrenjeu de Pexorde est d'inciter le lecteur a voir en rapace de Bvangile (ef. Mt7, )12)4, Pour ce Fai dans un contexte de polémique pls large eur ef. Oratio 26,3 5. Amer. 131, 5-11 6.Cf. OmtoBNE, Contre Celse, pol 5: IRE DE Nvs8e, Dei 17.CI. GREGOIRE DE NAZIANZE, Oratio 26,3. 8. Amtirh, 131, 11-15. Pour le théme de Paceroissement des files comme frit du bon ensei- (en ouverture de discous, ef, le prologue de I Oratio Carechetica Cee ‘Tout along de ee trav, ous enendons pr icons tout Eroneé develope te, ; BASILE DE CESAREE, Contre Eunome, 1,1; HELENE GRELIER 18 B. La confusion des voix 15 ne sont plus introduits ex- ‘extrait ci-dessous (les allusions : cet siete cue Ginter geese Jc la polémique est posé en Le cadre de Ja polémique © pose ©” aximal a ta fin de cohérence de sen: ‘plan biblique, Alors que de Ia particularité du verset bibligue a une reformulation gés sciations d'idées scipurares gue sion nouvel L’ARBITRE DANS LE CONTRE APOLLINAIRE 119 ique, Apollinaire et Grégoire devenant comme Laban et Jacob. Alors 1a scripturaire, amplifiée si longuement par auteur, apparait comme une réécriture de la polémique en langage biblique. souligner, malgré la disparité pertinence de son entrée en matidre par rapport a la situation d’énonciation. Lreffet de confusion des voix dans I'exorde, 0d Grégoire a inséré des de Grégoire avant c'est de substituer & son propre IL. ~ LA TROISIEME VOIX, UN DISCOURS INSPIRE A. Une parole d’autorité divine tive qui influe sur les rap- Le texte scripturaire, en effet, HELENE GRELIER LARBITRE DANS LE CONTRE APOLLINAIRE, 1 vérité>), IL désigne le Christ comme «I"homme par lequel la Vérité 3 nnciateur de tel ou tel dit scripturaire Rondeau, dans son ouvrage ee ier, @ montré comment Origéne Inimme Vensignement des écoles paiennes™. Le discours fai une série de figures ies. En ce sens, I’Ecr -vient une perio de te ns, we devient une troisiéme travers des hommes diff se démultiplie a travers. ‘Aencontre de la conception de l'homme Jésus comme réceptacle de Dieu, C. La lettre de la Bible : preuve ou arbitre? ing», Grégoire oppose I'idée de I"humanité médiatrice du choisie par Dieu pour communiquer avec les hommes —idée ipresse de donner un fondement bibl parole qu'il profére a tit Le fondement et I'autorité divines de tous les A6yot bibliques impliquent analyse. La pratique exég son adversaire témoignent que I'Beriture que les prélimit avoir comme soubassement I’Ecriture®, i source de la ter ipale que Grégoire fait ‘Le Nouveau Testament, en tant ‘aussi le vrai discours, la référence normative. ‘yah ou pagal, et aucun Mfonné, Quand au contrare, elle est envisagée plus Joealement, Jon un verset précis, c’est l'idée de «parole » Finterlocuteur est systématiquement nommé, q une figure bibliq ea 203,229 24, p- 92,17 (and R. Wining C453}, Pais, 200, p. 254). 18, Ani, 203, 19-29, HELENE GRELIER L’ARBITRE DANS LE CONTRE APOLLINAIRE. 123 5 cade 0 sydd r08 Srocrsion govti?®; mais 4 fst ce gue dit le kérygme (tb ony) et r6le d’arbitre lexical: de ce point de vue, et en raison de son autorité, elle erée Ja norme. II. ~ DE LA POLYPHONIE DE L’ECRITURE A L'HARMONIE DU SENS L’Ecriture n'est pas seulement prise comme arbitre entre les deux théolo- ie endosse ce réle dans I’élaboration méme de Ia réflexion de y confronte sans cesse, dans la perspective de reconstruire la ccohérence du matériau scripturaire polyphonique. tun spit connat point»? ‘Nous avons choisi comme objet d’analyse la réfutation par Grég terprétation d°Ep 1,7 selon Apollinaire: «par lui nous avons regu la par son sang, ment des péchés»31. La réfutation de Grégoire consiste alors en un exposé personnel de sa compréhension ’Ep 1, 7, od il rca le mystére de I'Incamation, Mais la perspective de com pas absente. Il suffit de se reporter @ la fin de son exposé pour voir lauteur en appeler & un juge fictif dont on peut penser qu’lls'agit du fecteur auquel il s'adresse comme a un arbitre rappel versaire que la formule du voBg Dans ce passage, Grégoire rappelle & son adversaire que o Beas aac mare axis ps drs ln Bibl, mals gue cee de la Personne du Fils, ou de Ia descente ptéme. La formule du vo8g apporte au Fils et ce qui semble aller de soi pour les de terminologie employée par AP iblique, suffit & le convainere cen a Stora dst: fre des concep clean minologie scriptraire®. Les versets cités par Grégoire sont alors

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