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Manuscrit n°2472/DT 8.“Dermatologie tropicale”.Reçu le 25 septembre 2002.Accepté le 13 août 2003. Présenté à la séance “dermatologie tropicale” de la SPE le 12/12/2001.
Figure 9.* discordances suivant les séries, la durée d’évolution est géné-
Grain d’A. pelletieri (H & E x 70). ralement plus longue pour les cas s’accompagnant d’atteinte
A. pelletieri grain (H & E x 70). osseuse par rapport à ceux où elle est absente.
Les lésions observées en radiologie résultent de l’association
d’un processus destructeur et constructeur (6). On note une
augmentation de volume des parties molles, des images de
destruction osseuse (érosions extrinsèques, lacunes dont la
taille est proportionnelle à celle des grains, fonte osseuse) et
des images de construction (condensation osseuse, réaction
périostée).
Les nouvelles techniques d’imagerie médicale sont particu-
lièrement intéressantes dans le bilan d’extension des mycé-
tomes. L’échographie, non invasive, reproductible, peu
onéreuse apparaît la mieux adaptée en zone endémique. Les
mycétomes donnent des images échographiques caractéris-
tiques décrites par des auteurs soudanais : multiples cavités
aux parois épaisses sans renforcement acoustique (8). Il est
possible de distinguer, selon ces mêmes auteurs, les actino-
mycétomes des mycétomes fongiques d’après les aspects écho-
espèces et le genre Leptosphaeriareprésentent au total environ graphiques. Les premiers ont des échos mal individualisés
90 % des agents étiologiques dans chacun des quatre pays de correspondant aux grains de petite taille et dépourvus de
la zone endémique ouest-africaine (tableau II). Les petits grains ciment dans la plupart des espèces. Ils se trouvent générale-
de Nocardia sont facilement reconnaissables, mais on ne peut
ment regroupés, au fond des cavités. Les échos sont pointus,
différencier les différentes espèces d’après l’aspect des grains. Les
brillants, hyperéflectifs dans les mycétomes fongiques à grains
grains fongiques blancs sans ciment peuvent être dus à Pseu -
noirs. L’échographie permet de délimiter l’extension du mycé-
dallescheria boydii, à Acremoniumsp et Fusarium sp. Les grains
tome de façon plus précise que l’examen clinique. L’échogra-
blancs fongiques et ceux de type Nocardia sont rarement retrou-
phie commence à être utilisée dans l’exploration des
vés dans la zone d’endémie africaine, contrairement à ce que l’on
mycétomes en Afrique de l’Ouest, mais on manque encore de
relève dans les quelques statistiques provenant de régions plus
données sur les images observées comparativement à ce qui a
humides de l’ouest du continent comme la Côte d’Ivoire ou le
été décrit au Soudan.
Nigeria où les mycétomes sont moins communs (11, 25).
Le scanner permet également de bien préciser l’extension du
La culture est le troisième temps du diagnostic étiologique. Les
mycétome dans les tissus mous (23). Il est particulièrement
grains actinomycosiques sont cultivés sur milieu de Lowen-
indiqué dans l’exploration des localisations où l’envahisse-
stein ou milieux au sang, les grains fongiques sur milieu de
ment est rapide: cou de pied, périnée, thorax, cou, tête (3). C’est
Sabouraud additionné d’antibiotiques. En pratique quoti-
l’examen le plus sensible pour détecter les lésions osseuses
dienne, les cultures sont rarement pratiquées, elles sont sou-
débutantes, mais il est plus onéreux que l’échographie et seuls
vent négatives en raison des germes de surinfection qui
quelques grands centres hospitaliers, en Afrique de l’Ouest,
envahissent les cultures malgré un lavage préalable des grains.
disposent d’un scanner.
Les grains sont constitués d’une majorité de filaments morts,
L’atteinte ganglionnaire est beaucoup plus rare, elle doit être
ce qui explique également la négativité fréquente des cultures.
recherchée systématiquement car, méconnue, elle risque d’évo-
Enfin, les cultures sont longues à obtenir, nécessitant parfois
luer pour son propre compte dans un second temps (figure 10).
des repiquages sur milieux pauvres pour identification précise
Il faut distinguer une simple inflammation, banale, d’une colo-
des agents en cause.
nisation par les grains ayant migré du foyer primaire par voie
lymphatique. Au Niger, un envahissement ganglionnaire à
Faire un bilan précis d’extension Figure 10.*
distance est prouvé par l’histologie 9 fois sur 133 (7), 6 fois sur Figure 11.*
109 au Sénégal (14). Les espèces le plus souvent impliquées dans Mycétome du bras à grains rouges.
les atteintes ganglionnaires en Afrique de l’Ouest sont A. pel - Arm mycetoma with red grains.
letieri et S. somaliensis en raison de la petite taille de leurs
grains (7, 20)
Traiter le mycétome
meilleure permettant de bonnes greffes cutanées, le risque de Même patiente après trois mois de traitement par cotrimoxazole.
récidive post-opératoire est nettement diminué. Cette asso- Same patient after three months treatment by cotrimoxazole.
O n ne dispose pas de critères formels pour affirmer la gué- 14. NDIAYE B, DEVELOUX M, DIENG MT, KANE A, NDIR O et al.-
Aspects actuels des mycétomes au Sénégal. A propos de 109
rison d’un mycétome, la constatation d’une guérison cli- cas. J Mycol Méd, 2000, 10, 140-144.
nique après traitement ne suffit pas. Le suivi régulier des taux 15. NDIAYE B, DEVELOUX M, LANGLADE M A & KANE A - Les
d’anticorps après arrêt du traitement serait l’idéal, la disparition mycétomes actinomycosiques. A propos de 27 observations
dakaroises, traitement médical par le cotrimoxazole. Ann
des anticorps serait en faveur de la guérison, leur réapparition
Dermatol Vénéréol, 1994, 121, 161-165.
ou la remontée de leur taux un argument en faveur d’une reprise 16. PAUGAM A, TOURTE-SCHAEFER C, KEITA A, CHEMLA N &
du processus (18). En Afrique, la sérologie des mycétomes en CHEVROT A - Clinical cure of fungal mycetoma foot with
pratique quotidienne n’est pratiquée qu’à la clinique des mycé- oral itraconazole. Cutis, 1997, 60, 191-193.
17. PHILIPPON M, LARROQUE D & RAVISSE P - Mycétomes en
tomes de Karthoum, au Soudan, qui est le pays le plus frappé Mauritanie, espèces rencontrées, caractères épidémiolo-
par la maladie avec 300 à 400 cas hospitalisés par an. giques et répartition dans le pays. A propos de 122 cas. Bull
Les nouvelles techniques d’imagerie médicale, lorsqu’elles Soc Pathol Exot, 1992, 85 , 107-114.
18. PONCIO MENDES R, NEGRONI R, BONIFAZ A & PAPPAGIANIS D -
peuvent être pratiquées, sont les plus adaptées dans la sur- New aspect of some endemic mycoses. Med Mycol, 2000, 38
veillance post-thérapeutique. supplement 1, 237-241.
Pour l’instant, on doit se contenter avant tout d’une sur- 19. RAVISSE P, HUERRE M, DE BIEVRE C, PHILIPON M, LAR-
ROQUE D et al.- Les mycétomes en Mauritanie. Etude histo -
veillance clinique qui doit être régulière pendant au moins logique de 150 cas. J Mycol Méd, 1992, 2, 154-159.
trois ans. On considère en effet que le risque de reprise du pro- 20. REY M, BAYLET R & CAMAIN R - Données actuelles sur les
cessus diminue très notablement après cette période. Mal- mycétomes. A propos de 214 cas africains. Ann Dermatol
Syph, 1962, 89, 511-527.
heureusement, les patients qui habitent loin des centres 21. SEGRETAIN G & MARIAT F - Recherches sur la présence d’agents
hospitaliers sont souvent perdus de vue. de mycétomes dans le sol et sur les épineux du Sénégal et de la
Mauritanie. Bull Soc Pathol Exot, 1968, 61, 194-202.
22. SERRANO JA, MEJ_A MA, GARCIA E, ZAMORA R & BOIRON P -
Conclusion Streptomycessomaliensis as an etiologic agent of actinomy-
cetoma in Lara state, Venezuela. An epidemiological, clini-
cal, microbiological, molecular and histological study of five