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L’ÉLÉGANCE DE « LA DISGRÂCE »

Qu’est-ce qu’une disgrâce ?


C’est à la fois vivre un drame, une perte d’estime et un manque
de beauté.
Le film documentaire de Didier Cros raconte tout cela à la fois.

Le film La disgrâce est un témoignage, celui de personnes (Patricia, Jenny, Gaëlle, Guilhem, et
Stéphane) qui ont toutes subi des dommages physiques très importants au visage, par accident, ou par
maladie. On découvre leur histoire, leur ressenti par rapport à leur différence, leur état d’esprit par rapport
au regard des autres et comment ils vivent ce jugement extérieur.

Ils ont accepté de témoigner, de raconter, de se montrer devant un miroir, celui des loges des
prestigieux studios de photographie d’art Harcourt. Face à ce miroir, obligés de s’y regarder car le réalisateur
est assis derrière eux, ils paraissent seuls, comme dans une bulle, ils se décrivent et laissent transparaître
leurs émotions. Le réalisateur semble oublié, il n’intervient pas dans les récits et notre regard est centré
seulement sur ces femmes et ces hommes car c’est leur histoire qui compte.

Récit d’un drame


Qu’est-ce que l’on ressent en voyant ces personnes avec un visage bizarre ? De la tristesse. De la
gêne aussi. Mais, au fur et à mesure du film, c’est l’empathie pour ces femmes et ces hommes qui nous
emporte.

Un des moments forts du film, c’est quand les personnes filmées racontent ce qui leur est arrivé. C’est
particulièrement horrible et choquant d’apprendre que le mari de Patricia lui a jeté de l’acide au visage. C’est
triste et touchant d’entendre que Stéphane, à cause de son cancer, a dû réapprendre à parler en même
temps que sa nièce de 2 ans. Nous ressentons enfin un sentiment de colère envers la caissière qui a manqué
de respect à Gaëlle en la questionnant sur ses blessures devant tout le monde.

Nous avons été touchés non seulement par ce drame personnel, mais par le fait qu’ils doivent encore
continuer à se battre au quotidien avec leur différence.

« Tomber en disgrâce »
Le récit de Patricia nous a beaucoup choqués. Quand elle raconte son histoire, on voit de la colère
et de la tristesse dans ses yeux. En l’aspergeant d’acide, en détruisant son visage, son mari a aussi détruit
sa vie sociale. Patricia ne retrouvera jamais son vrai visage, elle est marquée à vie et n’accepte pas cette
nouvelle apparence. Patricia fait preuve d’un très grand courage pour accepter de se montrer face à une
caméra, de se faire prendre en photo et de parler de son agression. Survivre à une agression comme celle-
là est un combat mais vivre avec le regard des gens en est un autre, tout aussi difficile.

A l’inverse de Patricia, Jenny est joyeuse, positive. Elle rit de son handicap. Peut-être parce que,
blessée bébé, elle s’accepte comme elle est ? Car c’est un des messages de ce film : il faut s’accepter pour
avancer. L’acceptation de soi dont font preuve ces personnes au physique atypique est leur force, ça leur
permet d’accepter le regard des autres, même si les autres se moquent.

Sublimer la disgrâce
Choisir de tourner dans les studios Harcourt et
de faire le portrait de ces femmes et ses hommes vise
à leur redonner de l’estime, qu’ils se rendent compte
qu’ils ont le droit d’être mis en lumière. Par la qualité
des photographies réalisées, par les jeux de lumière,
les angles choisis et l’usage du noir et blanc, leur
visage est sculpté et mis en valeur.

La découverte des portraits est un moment clé


du film, chargé en émotion. Quand Patricia découvre
ses photos, elle est dans une pièce très calme, avec
peu de lumière pour se sentir à l’aise. Le photographe
est là pour la rassurer et il la réconforte, lui dit que les
photos sont bien réussies. Malgré tout, Patricia est très
émue quand elle voit sa figure, elle essaie de
s’accepter mais elle n’y arrive pas, cela lui rappelle
qu’elle « ne ressemble plus à rien ». Même si elle a l’air
d’être une femme forte mentalement, ça lui brise le
cœur et elle part en pleurant.

Les photographies permettent de se voir sous un autre angle que la différence. Cette prise de vue
artistique révèle la personnalité des sujets, les rend plus beaux, fiers, et peut être, au final, plus heureux.

Si nous devions retenir un message de ce film, c’est celui de s’accepter comme on est, même si on
est différent des autres physiquement. Ce film montre aussi que l’on peut aussi être beau ou belle même si
on a un handicap, comme Jenny qui garde le sourire et se trouve belle. Il ne faut pas oublier que c’est notre
personnalité qui nous rend unique au monde, c’est en elle que nous puisons notre force.

Ce film nous apprend aussi à ne pas nous moquer des personnes différentes, à les respecter et ne
pas les dévisager. Ce que ces personnes ont vécu peut arriver à tout le monde, nous prenons conscience
de leur situation, nous nous rendons compte de ce qu’ils vivent au quotidien et cela nous remet à notre place.

Nous devons reconnaître que nous avons trouvé ce film un peu long. Peut-être que le réalisateur a
souhaité cette lenteur pour nous permettre de de réfléchir sur ce que l’on entend et ce que l’on voit ? Peut-
être que le film est lent comme le processus d’acceptation de soi ? Cependant il a le mérite de nous
interpeller, de nous émouvoir, et de nous faire réfléchir au regard que l’on porte sur les personnes différentes,
au jugement que l’on peut avoir, sans savoir.

Classe de 2nde Bac professionnel Maintenance des matériels


Lycée professionnel Louis Armand – Locminé (Morbihan)

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