Professional Documents
Culture Documents
Pour le chroniqueur E.J. Dionne Jr., « l'ère conservatrice est révolue, au profit
d'une société paisible, multiraciale et partageuse».
C'est la majorité d'un pays modéré sur les questions de société, qui s'est
reconnu dans le discours d'Obama sur l'importance des pères actifs, des
familles unies et de la responsabilité individuelle. Obama a appelé à une
réduction de l'avortement, et non à son interdiction. Il a mis en avant le rôle
de la foi dans la vie publique, mais il a rejeté la marginalisation des
minorités religieuses et des incroyants. Pour une grande partie du monde,
son deuxième prénom [Hussein] sera tout un symbole, la preuve de
l'attachement des Etats-Unis au pluralisme religieux.
Non content d'avoir fait sauter la dernière grande barrière raciale, Obama a
parlé de la race comme aucun politique ne l'avait fait avant lui. Il a su
comme personne envisager la question raciale des deux points de vue –
celui des Blancs et celui des Noirs –, tout en assumant pleinement son
identité noire. Il n'est pas postracial. Il est multiracial : ce terme non
seulement le définit en tant qu'individu, mais il caractérise aussi la large
coalition qu'il a constituée et le pays qu'il va diriger.
La tâche qui attend Obama promet d'être écrasante : il a beau avoir des
talents politiques exceptionnels, sa marge de manœuvre sera réduite. Mais
la crise lui donne aussi l'occasion, comme peu de présidents l'ont eue avant
lui, de faire évoluer les mentalités de ses concitoyens, de renouveler le
débat et de changer la vie politique américaine.