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UNIVERSITE DE EF SHERBROOKE Faculté de génie Département de génie civil DEVELOPPEMENT D’UN PROTOCOLE EXPERIMENTAL POUR L’ ESTIMATION DE LA RESISTANCE AU CISAILLEMENT D’UN CONTACT ROC-BETON Mémoire de maitrise és sciences appliquées Spécialité : génie civil Par Tarik El Malki Sherbrooke (Québec), Canada Février 2006 = iL io v-1e Library and Archives Canada Published Heritage Branch 395 Wellington Street ‘Ottawa ON K1A ON4 Canada Canada NOTICE: The author has granted a non- exclusive license allowing Library and Archives Canada to reproduce, publish, archive, preserve, conserve, communicate to the public by telecommunication or on the Internet, loan, distribute and sell theses worldwide, for commercial or non- commercial purposes, in microform, paper, electronic and/or any other formats. The author retains copyright ownership and moral rights in this thesis. Neither the thesis nor substantial extracts from it may be printed or otherwise reproduced without the author's permission. Direction du Patrimoine de lédition Bibliotheque et Archives Canada 395, rue Wellington Ottewa ON K1A ONG Your fle Votre référence ISBN: 978-0-494-17301-5 Ourfle Notre référence ISBN: 978-0-494-17301-5 AVIS: L'auteur a accordé une licence non exclusive permettant a la Bibliothéque et Archives Canada de reproduire, publier, archiver, sauvegarder, conserver, transmettre au public par télécommunication ou par linternet, préter, distribuer et vendre des théses partout dans le monde, a des fins commerciales ou autres, sur support microforme, papier, électronique et/ou autres formats. Lauteur conserve la propriété du droit d'auteur et des droits moraux qui protage cette thése Ni la thése ni des extraits substantiels de celle-ci ne doivent étre imprimés ou autrement reproduits sans son autorisation. In compliance with the Canadian Privacy Act some supporting forms may have been removed from this thesis While these forms may be included in the document page count, their removal does not represent any loss of content from the thesis. Canada Conformément a la loi canadienne sur la protection de la vie privée, quelques formulaires secondaires ont été enlevés de cette these. Bien que ces formulaires aient inclus dans la pagination, il n'y aura aucun contenu manquant. REMERCIEMENTS Ce travail de recherche a été réalisé au sein du groupe de recherche sur la mécanique des roches du département de génie civil dirigé par le Professeur Gérard Ballivy, que je remercie profondément pour son encouragement moral et financier, ainsi que pour son encadrement tout au long de ce travail. Je remercie Clermont Gravel, grace A qui cette étude a pu étre initiée, clarifiée et alimentée par les idées au fur et & mesure de son avancement, Je remercie également Patrice Rivard, pour son intérét au présent travail. Son appui, & & mieux planifier mon travail et a élargir sa plusicurs moments de cette étude, m’a thématique. Mes remerciements s’adressent aussi a Georges Lalonde, technicien au Laboratoire de mécanique des roches du Département de génie civil de Université de Sherbrooke. Georges a éprouvé une implication dans mon sujet de maitrise, grace & laquelle, plusieurs améliorations ont été apportées l'appareil de cisaillement. Par ailleurs, je voudrais remercier Thibault Costet, qui a passé son stage au sein du groupe durant la session d’été 2005, pour sa collaboration lors de lexécution du programme expérimental aimerais, enfin, remercier tout le personne! de recherche (chercheurs, étudiants et techniciens) du Laboratoire de mécanique des roches de l'Université de Sherbrooke, pour leur collaboration dans la réalisation de cette étude. Je dédie mon travail & mes parents, a mon épouse et & tous les membres de ma famille. RESUME Le comportement des massifs rocheux est principalement gouvemé par leurs discontinuités. Pareillement, le comportement des barrages en béton construits sur le rocher se trouve lui aussi gouvemé par Vinterface séparant sa fondation et le rocher. En effet, au niveau de cette interface se développe une résistance au cisaillement qui participe en faveur de la stabilité globale de ’ouvrage. Is'en suit que lestimation de cette composante est d’une grande importance dans l'étude de stabilité des barrages. De telles études passent par une premigre étape qui consiste & récupérer les échantillons au niveau du contact béton-rocher. Des forages sont donc nécessaires ; toutefois, ces forages sont non seulement coateux, mais requirent une haute technicité des foreurs et des moyens de forages afin de pouvoir récupérer des contacts roc~ béton intacts. Il est done nécessaire de penser & optimiser les forages réalisés et réduire les coats qui s*y rattachent. Le travail présenté dans ce mémoire propose l’exploration d'une idée originale dont Papprofondissement dans les travaux futurs conduira a Poptimisation des forages et de leurs cots. L’approche présentée consiste, & préparer des contacts roc-béton a partir de Joints roc-roc récupérés lors des forages, et ce, en coulant le béton sur les deux faces dun méme joint roc-roc. De cette fagon, lorsqu’un forage est exécuté pour récupérer un contact roc-béton, c’est non seulement ce dernier qui devient la cible A exploiter dans nos essais de cisaillement, mais également tout joint roc-roc repéré dans le log du forage. Cette idée a été exploitée sur des briques parallélépipédiques rompues en flexion. La rupture de ces échantillons étant algatoire, la rugosité obtenue Mest également. Chaque brique donne ainsi deux épontes, un mortier est par la suite coulé sur chacune d’entre elles avant que la brique soit cisaillée sous contrainte normale constante. Il sera présenté dans ce travail la procédure de préparation des échantillons, partant de essai de flexion et arrivant 4 essai de cisaillement. Il est également détaillé le mode orientation des épontes conjuguées et ce, en vue de voir Peffet de cette orientation sur la résistance au cisaillement obtenue. ii En plus de I’étude de influence de orientation des épontes conjuguées sur la résistance au cisaillement, il a été également étudié leffet de la variation de la contrainte normale appliquée sur I’échantitllon sur la résistance au cisaillement. Pour ce faire 3 paliers de |5 MPa, 0,75 MPa et 1,5 MPa, Il a été également question contraintes ont été appliqués d’étudier effet de la granulométrie des granulats du mortier sur cette méme résistance, Les principaux résultats découlant des travaux sont : © Ces essais ont permis de constater une homogénéité des résultats de langle de frottement résiduel indépendamment de l'orientation des épontes, et ce, contrairement a Pangle de frottement au pic et l’angle de rugosite. © L’augmentation de la contrainte normale appliquée sur I’échantillon a induit une augmentation proportionnelle de la résistance au cisaillement. © Concemnant la granulomeétrie des granulats du mortier, nous avons constaté que lorsque la taille du granulat augmentait, la résistance au cisaillement de pic diminuait ince de cisaillement résiduelle. Pinverse de lar Le programme expérimental a été bouclé par une ouverture sur I’essai de traction pure sur illement. Dans le des contacts roc-béton des briques qui ont fait l'objet des essais de ci présent rapport, seul un apergu sur le mode opératoire de préparation des échantillons est présenté suivi de quelques résultats et conclusions préliminaires. Le protocole expérimental décrit dans le présent travail, constitue un premier pas pour la éton, qui sera recommandé le cisaillement rocet mise au point d’un nouveau type d’essai aux concepteurs de barrages lors des études d’avant projet, dans le but de caractériser la résistance au cisaillement du rocher en place. Cependant, la généralisation des résultats obtenus dans ce travail ne pourra se faire sans V’élargissement du cadre de I’étude. Ainsi, et comme proposé dans le chapitre des recommandations, ill est suggéré de planifier des essais supplémentaires sur des échantillons prélevés de différents sites (barrages ou carriéres) TABLE DES MATIERES 1 INTRODUCTION Ll Généralités.. 1.2 Objectifs et étapes de réalisation de Iétude.. 1.3. Organisation de I’étude 2 NOTIONS GENERALES its en cisaillement... 2.1 Comportement mécanique des j 2.2 Effet du niveau de la contrainte normale... 2.3 Influence du type d'interface entre les deux épontes.. 24 Effet d’échelle 2.5 Comportement des joints en cisaillement sous conditions de dilatance empéchée 15 3. MODELES DE COMPORTEMENT AU CISAILLEMENT DES DISCONTINUITES ROCHEUSE! 218 3.1 Modéle bilinéaire de Patton 1966 18 3.2. Modéle LADAR : Ladanyi et Archambault 1969 .. wed 3.3. Critére de Barton 1973.. 4 3.4 Modéle de Goodman 1976 3.5. Modéle de Schneider 1976... 3.6 Modéle de Jaeger 1971... 3.7 Modéle de Johnston et coll. 1989. 4 PROGRAMME EXPERIMENTAL : ESSAI DE CISAILLEMENT DIRECT ET ESSAIS DE TRACTION SUR DES CONTACTS GRANITE ~ MORTIER.... 34 34 4.1 Mise en contexte. 4.2 Objectifs du programme expérimental.. 4.3 Méthodologie expérimentale : essai de cisaillement direct... 43.1 Le granite de Barre... 43.2 Le mortier..... 4.4 Obtention des épontes 4.5 Réflexion sur l’orientation des épontes... 38 39 4.6 — Coulage du mortier. 4.7 Confinement de I’échantillon dans les boites de cisaillement..... 4.8 Apport personnel sur la procédure de confinement 4.9 L’essai de cisaillement.... 4.9.1 Description du biti de cisaillement...... 4.9.2 Paramétres de I’essai de cisaillement... 4.10 Méthodologie expérimentale : essai de traction pure...... 48, 4.10.1 Préparation des éprouvettes .... 4.10.2 Collage de I’éprouvette sur les plateaux de la presse.... 4.10.3 Description des essais de traction des échantillons.. 5 RESULTATS EXPERIMENTAUX... 5.1 Résultats des essais de cisaillement. 5.2 Effet du sens de cisaillement 5.3. Interprétation des courbes de dilatance 5.4 Effet de la charge normale.. 5.5. Effet de granulométrie du mortier. 5.6 Résultats des essais de traction pure... 6 CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS 90 6.1 Une plateforme d’étude a grande échelle... 6.2. Perspectives derriére usage d’un rugosimétre.. 6.3 Impact de l’adhérence des épontes sur la résistance au cisaillement. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES. LISTE DES FIGURES Figure 1.1 Fondation du barrage de Malpasset (contact Roe/béton) Figure 1.2 Discontinutés rocheuses apparentes (contact Rociroc). Figure 1.3 Glissement d'un bloc rocheux. Figure 1.4 Processus de miniaturisation dun joint réel pour I'essi de cisaillement en laboratoire. 3 od Figure 1.5 Cas du cisallement sous effort normal constant CN 5 Figure 1.6 Cas du cisaillement sous rgidité normale constante RNC. 5 Figure 1.7 Appareil de cisaillement a cable développé par le centre de I'énergie de technologie de CANMET sn Figure 1.8 Machine de ciseillement a grande capacité développé par le LCPC (Laboratoire Central des Ponts et Chaussées). Figure 1.9 Appareil de cisillement direct développé par la société MTS (Material Testing System). Figure 1.10 Coupe transversale de 'eppareil de cisillement direct développé par Ia société MTS (Material ‘Testing System) wn Figure 1.11 Vue rapprochée de l'appareil de cisaillement développé parle laboratoire de mécanique des roches de l'Université de Sherbrooke sm Figure 1.12 Organigramme de l'étude. Figure 2.1 Courbe de ciseillement typique. a) Courbe de la résistance en cisaillement et b) courbe de diatance, Figure 2.2 Relation 1-0, pour les joints rocheux. Figure 23 Résultats des essais de cissillement direct in sit : (a résistance inital lit schisteux intact; (b) résistance résiduelle de diaclases frafches ;(c) diaclases existantes, 1 Ib/po*~ 6,89 kPa [BALLIVY et coll, 1977). 4 Figure 2.4 Effet d’échelle de rugosité sur ’échantillon pris en compte pour essai de cisaillement, [BRAY et BROWN, 1993], oe 18 Figure 2.5 a), b) etc) Conditions de chargement normal possibles sur le terrain, d) ete) simulation de ces conditions in-situ en laboratoire.. se Figure 2.6 Influence de la contrainte normale au cours d'un essai de cisaillement sur la résistance et sur la dilatanee, “7 Figure 3.1 Schéma de base de Ia loi de Patton pour la résistance au cisaillement d'un joint 19 Figure 3.2 Illustration du mod@le bilinéaire de Patton, 'aprés [GOODMAN, 1980). 120 Figure 33 —~ et a,en fonction de o, selon les hypotheses du modéle LADAR.. 23 tani, igure 3.4 Rugosité des profils et intervalle de valeurs de JRC correspondant 7 25 Figure 3.5 Modéle rigidité de cissillement constante. 27 27 Figure 3.6 Modele a déplacement de cisaillement constant vi Figure 3.7 Comportement idéalisé de joints béton-roc en cisaillement sous condition de rigidité normale ‘constante (Lam 1983)... Figure 4.1 Courbe de résistance en compression en fonction du temps pour le Sika grout 212, Figure 4.2 Disposition initiate des épontes. Figure 4.3 Position initiale des épontes igure 4 Premiére option pour disposer Eh et Eb aps leur partion Figure 4 Deuxiéme option pour disposer Eh et Eb apes leur separation. Figure 46 Synthése des cas de figures poor postonner Eh Figure 4.7 tapes du coulage de 'éponteconjuguée Figure 48 Etapes du confinement wn Figure 4.9 Moules démontables en PVC. Figure 4.10a Vue éloignée du montage Figure 4.11 Coupe dans I'axe de l'appareil de cisaillement direct. Figure 4.12 Moules de cisaillement circulaires Figure 4.13 Moules de cisallement carrés Figure 4.14 Schéma du dispositifde cisaillement et des paraméires d'acquisi Figure 4.15 Vue approchée de Iéchantillon su la presse, sm Figure 4.16 Résultat de essai de traction. Figure S.1 Description d'une courbe type de cisaillement granite-mortier Figure 5.2 Résultats des essais de cisaillement & contrainte normale constante, échantllons Al et A2, Figure 5.3 Résultats des essais de cisaillement & contrainte normale constante, échantillons BI et B2. Figure 5.4 Résultats des essais de cisaillement& contrainte normale constante, échantillons Cl et C2. Figure 5.5 Résultats des essais de cisillement & contrainte normale constant, échantllons D1 et D2, wu57 Figure 5.6 Résultats des essais de cisillement & contrainte normale constante, €chantllons Bet E2. Figure 5.7 Variation du coefficient de rigidit Figure 5.8 Synthdse des angles de frottement résiduel (contact granite - mortier) Figure 5.9 Courbes de dilatance de I'échantillon At tre .10 Courbes de dilatance de I'échantillon A2, Figure 5.11 Courbes de dilatance de I'échantillon BI Figure 5.12 Coutbes de dilatance de Iéchantillon B2. Figure 5.13 Courbes de dilatance de 'échantillon C1 Figure 5.14 Courbes de dilatance de I'échantillon C2. Figure 5.15 Courbes de dilatance de Méchantillon D1. Figure 5.16 Courbes de dilatance de I"échantilon D2. Figure 5.17 Courbes de distance de I'échantillon Et Figure 5.18 Courbes de dilatance de I'échantillon E2. Figure 5.19 Variation de angle de rugosité, Figure 5.20 Graphique des angles de frottement résiduel et de langle de rugosité moyen, Figure 5.21 Résultats des essais de cisaillement & contrainte normale constant, échantillons 1 et 12. Figure 5.22 Résultats des essais de cisaillement & contrainte normale constante, échantillons JI et 32... Figure 5.23 Contrainte de cssillement au pic et résiduelle en fonction de la contrainte normale Figure 5.24 Evolution des resistances au cisilement (de pe trésidvlle) en fonetion dela contrainte normale moyenne... Figure 5.25 Résultats des essais de cissillement & contrainte normale constante, échantllons KI et K2. ou. 82 Figure 5.26 Résultats des essai de cisaillement & contrainte normale constante,échantillons Let L2. Figure 5.27 Résistance au cisallement au pic et résiduelleen fonction de la taille maximale du granlat du 4 morticr Figure 5.28 Influence dela taille du gros granulat dans le mortier sur Padhérence granite-mortier...85, Figure §.29 Var 87 Figure 5.30 Influence de la résistance en compression du mortier sur la résistance en tration du contact jon de la résistance en traction des échantillons testés. ‘granite-morter. Figure 5.31 Relation entre la résistance au cisaillement et la résistance & la traction d'un contact granite- Figure 6.1 Présentation d'un bloc rocheux sur place. Figure 6.2 Choix des endroits pour coulage du béton... Figure 6.3 Position des cing forages et directions du cisaillement des éprouvettes. Figure 6.4 Exemples de répartition des zones de non adhérence entre les deux épontes. LISTE DES TABLEAUX ‘TABLEAU 5.1 IDENTIFICATION DES ECHANTILLONS ET DE LEUR SENS DE CISAILLEMENT. 52 ‘TABLEAU 5.2 SYNTHESE DES RESULTATS DE CISAILLEMENT DES CONTACTS INTACTS GRANITE: MORTIEI . ‘TABLEAU 5.3 CALCUL DE L'ANGLE DE FROTTEMENT RESIDUEI ‘TABLEAU 84 CALCUL DE L’ANGLE DE RUGOSITE. se ‘TABLEAU 5.5 RESUME : ANGLE DE RUGOSITE MOYENNE ET ANGLE RESIDUEL TABLEAU 5.6 IDENTIFICATION DES ECHANTILLO? CONTRAINTE. 89 0 ESSAIS DE VARIATION DE TABLEAU 58 IDENTIFICATION DE LA GRANULOME: ‘TABLEAU 59 SYNTHESE DES RESULTATS DE CISAILLEMENTS DANS LE MEME SENS. TABLEAU 5.10 SYNTHESE DES RESULTATS DES ESSAIS DE TRACTION PURE D'UN CONTACT GRANITE-MORTIER... 36 ix 1 INTRODUCTION 1.1 Généralités Le monde connait depuis un peu plus d'un siécle une expansion démographique importante, suite & quoi, un besoin accru du nombre d’infrastructures et de constructions devient de plus en plus ressenti partout dans le monde. Ainsi, un grand nombre de barrages a vu le jour afin de régulariser les cours d'eau et de fournir ’énergie nécessaire & la population. De plus en plus de tunnels sont également liter le transport urbain et soulager le transport en surface. Pareillement, construits pour fa des centres d’enfouissement souterrains se multiplient pour contréler le stockage des déchets nucléaires. Pour ces trois grands ouvrages comme pour d’autres, I’ingénicur est amené concevoir des structures ayant une interface avec le rocher, voire des structures complétement enfouies dans le rocher. S’impose done la nécessité de connaitre ce matériau et de ser au mieux ses aléas, entre autres les discontinuités. mait Le rocher est en effet caractérisé par son hétérogénéité et son isotropie, en plus du fait qu'il recéle des discontinuités et des joints qui gouvernent le comportement global du massif rocheux, et ce, en fonction de leur orientation dans l’espace, leur espacement, leur ouverture, leur remplissage, ainsi que I’état de leurs surfaces. Cependant, 1a majorité des cas d’instabilités des massifs rocheux surviennent suite au glissement relatif de deux blocs disjoints, il s’en suit Fintérét d’estimer la résistance au cisaillement mobilisée le long des discontinuités qui peuvent étre de deux formes : ‘© naturelles entre deux blocs appartenant initialement & la méme roche ; ‘© _artificielles sous forme d’un contact roc-béton comme dans le cas d’une fondation de barrage. L’estimation de la résistance au cisaillement au niveau d’une fondation de barrage tient son importance également, dans le cadre de |’évaluation de la sécurité des barrages requise par ta loi sur la sécurité des barrages. Cette loi, entrée en vigueur au Québec, le 11 Avril 2002, exige aux propriétaires de barrages a forte contenance, de faire réaliser, par un ingénieur, une évaluation de la sécurité de leurs ouvrages. Cette évaluation permettra de connaitre I’état exact des barrages et de préciser les correctifs que les propriétaires devront réaliser, afin d’assurer une meilleure sécurité de leurs ouvrages. Les figures 1.1 et 1.2 illustrent ces deux types de discontinuités auxquelles nous allons porter une attention dans la présente étude. Figure 1.1 Fondation du barrage de Malpasset (contact Roc/béton) Figure 1.2 Discontinuités rocheuses apparentes (contact Roc/roc) Figure 1.3 Glissement d’un bloc rocheux ‘Au regard de cette importance, comment peut-on estimer la résistance au cisaillement une discontinuité rocheuse? de vue pratique, il est possible de mesurer la résistance mobilisée le long d’une illement direct. Cet essai D’un poi discontinuité naturelle ou artificielle, au moyen d’un essai de ci ture du mouvement relatif qui surviendra en cas n'est autre qu'une reproduction en \stabilité, entre le béton du barrage et la roche de la fondation, ou entre un bloc rocheux. ‘et les blocs encore en place (figure 1.3). st détaché du ma ui La figure 1.4 représente cet aspect de similitude entre la réalité et essai pour le cas dun contact roc-béton. forage Interface Essa de clsallement Figure 1.4 Processus de miniaturisation d’un joint réel pour lessai de cisaillement en laborat Ce processus de miniaturisation tel que décrit dans la figure 1.4, améne a réfléchir sur la représentativité du test vis-i-vis du comportement réel du joint dans son état naturel. Une des questions qu’on se pose dans le cadre de ce sujet, concerne les conditions aux limites a imposer aux épontes lors de I’essai, afin de mieux représenter I’état réel du joint. La réponse a cette question nous améne a définir deux des types de conditions aux limites les plus répandues dans la littérature: © cisaillement sous contrainte normale constante (CNC), © cisaillement sous rigidité normale constante (RNC). Le cisaillement sous CNC est obtenu lorsqu’on arrive & maintenir la charge normale constante tout au long de essai, on rencontre ce type de conditions par exemple lors du glissement d’un bloc rocheux, l’effort normal dans ce cas est égal au poids du bloc en mouvement (figure 1.5). Figure 1.5 Cas du cisaillement sous effort normal constant CNC illement sous rigidité normale constante intervient, quant a lui, lorsque la dilatation Le cis du joint est empéchée a cause de la rigidité du massif rocheux de part et d’autre du joint. C’est ce type de cisaillement qui parait représenter le plus fidélement les conditions in ‘comme dans le cas des fondations profondes exécutées dans le rocher, et dans le cas des excavations souterraines (figure 1.6) [JOHNSTON et coll., 1987]. tO Figure 1.6 Cas du cisaillement sous rigidité normale constante RNC N= fet (&, 6) De nombreux appareils de cisaillement ont été développés : dans le cadre de projets de recherche d’universités, par des centre de recherche privés et par l'industrie. Les figures 1.74 1.11 présentent quelques exemples de ces appareils. Figure 1.7 Appareil de cisaillement & cable développé par le centre de énergie de technologie de CANMET Figure 1.8 Machine de cisaillement a grande capacité développé par le LCPC (Laboratoire Central des Ponts et Chaussées) Figure 1.9 Appareil de cisaillement direct développé par la société MTS (Material Testing System) Figure 1.10 Coupe transversale de Pappareil de cisaillement direct développé par Ia société MTS (Material Testing System) Figure 1.11 Vue rapprochée de l'appareil de cisaillement développé par le laboratoire de mécanique des roches de l'Université de Sherbrooke 1.2 Objectifs et étapes de réalisation de étude La présente étude a pour objectif d’étudier la résistance au cisaillement mobilisée le long un contact roc-béton. Le Laboratoire de mécanique des roches et de la géologie appliquée de l'Université de Sherbrooke dispose dune base de données assez riche en termes de résultats d’essais de caractérisation au cisaillement sous différentes conditions de contact et de rigidité. Ces essais ont été effectués dans le cadre de différents projets © caractérisation des sites de centrales hydroélectriques situées différents endroits du Québec ; ‘© construction de tunnels ; © étude de fondations d’éolienne. L’évaluation des paramétres de résistance au cisaillement d'un barrage en béton sur un plan de discontinuité est désirable tant sur site qu’en laboratoire. Si le niveau de confiance dans les valeurs estimées est assez élevé, par une méthodologie rigoureuse et une distribution statistique satisfaisante, les facteurs de sécurité pourront étre réduits. Plusieurs problémes empéchent cependant d’obtenir des valeurs réalistes des parametres de résistance au cisaillement: identification et la caractérisation de discontinuités potentielles de glissement dans un barrage, la méthodologie de forage pour récupérer des échantillons intacts des discontinuités, le nombre et la dimension des échantillons prélevés pour les essais de cisaillement directs en laboratoire et tout ce qui concerne les essais de type d’appareil, dimension de I’échantillon, cisaillement en laboratoire, & savoi caractérisation de la rugosité du plan de discontinuité des échantillons, procédures d'essais ct interprétation des résultats. Aucun des problémes précédents n'est résolu de fagon satisfaisante que ce soit dans industrie ou dans le milieu de la recherche. Par exemple, seules quelques universités canadiennes et laboratoires d’essais sont en mesure d’effectuer des essais de cisaillement direct et encore ce n’est que sur des échantillons de petit diamétre. Aussi, il n’existe pas plus au niveau international de consensus sur les types d’appareils et les procédures pour les essais de cisaillement. Au niveau des campagnes de forage visant identifier, caractériser et recueillir des échantillons de discontinuité dans un barrage en béton, les Echantillons des discontinuités sont souvent rompus par bris mécanique lors du forage. Lressai de cisaillement sur un contact roc-béton constitue un cas. particuli comportement au cisaillement d’un joint rocheux traité par plusieurs auteurs [PATTON, 1966], [LADANYI et ARCHAMBAULT, 1970], [BARTON et CHOUBEY, 1977], [BANDIS et coll., 1983]. A travers ces investigations, les facteurs qui affectent le comportement au cisaillement d'un joint sont essentiellement : (1) la géométie spatiale de la fracture du contact [S. Gentier et coll., 2000}, (2) la rugosité du joint, (3) la direction du saillement ainsi que (4) la contrainte normale appliquée sur le plan moyen de cisaillement [KULATILAKE et coll., 1999]. Sur la base des recherches concernant le comportement au cisaillement des joints rocheux, mn [LO et coll., 1991}, ou plus particuligrement sur des contacts grés-béton [GU et coll., 2003]. des travaux ont été menés sur le comportement au cisaillement des contacts ro Cette étude présentera des résultats de recherche s’inscrivant dans la lignée des essais de cisaillements sur des joints intacts de contacts roc-béton sous de faibles charges. Les deux principaux volets de cette études sont : 1- le développement d’un protocole expérimental permettant ’estimation de la résistance au cisaillement d’un contact granite-mortier préparé au laboratoire ; illement développé par le de 2- la validation du fonctionnement de appareil de cis. Laboratoire de mécaniques des roches et de logie appliquée de Universi Sherbrooke. 1.3 Organisation de étude Le présent mémoire s‘articulera autour des sections suivantes + Section 2: Dans ce chapitre, il est discuté de généralités sur le comportement des discontinuités rocheuses ainsi que les différents facteurs influengant la résistance au cisaillement d’un joint rocheux. ‘© Section 3: II sera question dans cette partie de passer en revue les modéles les plus pertinents qui permettent de prédire la résistance au cisaillement d’un joint rocheux. ion setion 4_: Cette partie présentera le programme expérimental avec une descr détaillée du déroulement de V’essai de cisaillement depuis la préparation des échantillons, jusqu’a la collecte des données. Nous allons présenter également le déroulement d'un essai de traction pure. ‘© Section 5: II s’agira dans cette partie de présenter les résultats de notre programme expérimental La figure 1.12 résume le plan de travail prévu pour cette étude ‘COMPORTEMENT AU CISATLLEMENT DES JOINTS DE. CONTACT ROCHE / BETON SOUS CHARGES NORMALES CONSTANTES FAIBLES. REVUE DES CONNAISSANCES (GENERALITES SUR LE COMPORTEMENT DES. DISCONTINUITES ROCHEUSES. "MODELES DE COMFORTEMENT DES DISCONTINUITES >} rocanvses ‘PROGRAMME EXPERIMENTAL DESCRIPTION DU MODE OPERATOIRE DE L'ESSAI DE. CISAILLEMENT DIRECT SUR DES CONTACTS GRANITE- MORTIER DESCRIPTION DU MODE OPERATOIRE DE L'ESSAIDE >} traction Pure: [ANALYSE DES RESULTATS, ‘CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS Figure 1.12 Organigramme de I’étude 10 2 NOTIONS GENERALES 2.1 Comportement mécanique des joints en cisaillement ‘Au cours d'un essai de cisaillement sur surface rugueuse, les épontes d’un joint sont soumises une contrainte normale o, qui peut étre constante ou variable et & une inte tangentielle t, Sous l’effet de ce couple de contraintes, les épontes réagissent par con un déplacement tangentiel (u) et normal a la surface du joint (v) (Cf. figure 2.1) En termes d’efforts, les contraintes normales et tangentielles s'écrivent 6, = N/A et t= T/A ot N, T et A sont respectivement la force normale, la force tangentielle et l'aire normalisée de la surface cisaillée. L’aire normalisée est la surface de glissement du joint sans tenir compte de la "vraie" valeur de contact entre les deux épontes qui dépend de leurs ragosités respectives. ‘Au cours du cisaillement, la courbe typique t = f (u) obtenue avec une surface rugueuse montre que la contrainte tangentielle augmente & partir de zéro avec u jusqu'a une contrainte tangentielle maximale appelée : t,, correspondant au " pic de la courbe (Figure 2.1a, courbe A). Le déplacement tangentiel correspondant au pic est noté up. Au-dela du pic, t diminue pour atteindre un palier od elle devient & peu prés constante. II s'agit de la contrainte de cisaillement résiduelle, 1. 7; est atteinte au déplacement u,, u Surface rugueuse © @) Surface lisse | Surface lisse (b) Figure 2.1 Courbe de cisaillement typique. a) Courbe de la résistance en cisaillement et b) courbe de dilatance. Lorsque les épontes sont sciées et meulées sans rugosité, la courbe t = f (u) n'est plus d'un pic bien défini, mais elle atteint rapidement un plateau correspondant & t; marqi (Figure 2.1a courbe B). La courbe du déplacement normal en fonction du déplacement tangentiel v = f(u) (Figure isaillement, Cette 2.1 b) est également utilisée pour décrire le comportement des joints en courbe est communément appelée " courbe de dilatance ". Le chevauchement des aspérités au cours du cisaillement entraine généralement un déplacement vertical da a une ouverture du joint, c'est la dilatance, La pente de la courbe de dilatance (v = f (u)) est égale au taux de dilatance, dy. Au début d'un essai de cisaillement (surface rugueuse), la dilatance est généralement nulle ou légerement négative (s'il y a calage des deux épontes). Ensuite, lorsque le frottement est ‘mobilisé, la dilatance apparait et le taux de dilatance maximal est rapidement atteint (partie linéaire de la courbe). Ce demier est atteint au déplacement u, et coincide avec tp. On fait généralement mention du taux de dilatance au pic, notéy. 2.2 Effet du niveau de la contrainte normale Généralement, peu importe le type de matériau et l'état des surfaces des épontes, tp et t; augmentent lorsque 6 augmente (Figure 2.2). Courbe enveleppe dela roche intacte Caurbe enveleppe din joint dsprés le modale de Palten (1966) To 0 a Figure 2.2 Relation +-o, pour les joints rocheux. L’augmentation de o, affecte également la dilatance, en effet, augmentation du niveau de contrainte 6,, empéche le déplacement normal & la surface du joint, il en résulte une dilatance plus faible. 2.3 Influence du type d'interface entre les deux épontes L’interface entre les deux épontes d'une fracture rocheuse est souvent vide, mais régulitrement, on remarque la présence d'eau ou de matériau de remplissage de différentes natures. De plus, les fractures qui ont déja été cisaillées révélent souvent la présence de rents matériaux de matériau broyé ou d’argile interface de leurs épontes. Ces 13 remplissage ainsi que la minéralogie des épontes affectent la résistance au cisaillement des fractures rocheuses. A titre d’exemple, les essais de cisaillement direct en place réalisé par [BALLIVY et coll., 1977] dans le cadre de la caractérisation géotechnique du secteur du Parc Olympique de Montréal, indique une différence de Vordre de 9° entre angle de frottement résiduel de diaclases fraiches (figure 2.3 — b) et Pangle de frottement des diaclases existantes (figure 2.3 ~). 0g aynet ints 1 cane ont Figure 2.3 Résultats des essais de cisaillement direct in situ : (a) résistance initiale lit schisteux intact ; (b) résistance résiduelle de diaclases fraiches ; (c) diaclases existantes I Ib/po? = 6,89 kPa [BALLIVY et coll., 197]. La présence d'eau dans un joint peut jouer A plusieurs niveaux sur Ia résistance au cisaillement mobilisée. L’effet le plus évident est la réduction de 1a contrainte effective, mais il peut aussi y avoir une réduction de la résistance par effet de lubrification. 2.4 — Effet d'échelle La rugosité des discontinuités peut exister 4 plusieurs échelles. La figure 2.4 illustre les différentes échelles d’échantillonnage possibles correspondant a plusieurs échelles de tests de cisaillement. Lors des tests de cisaillement pour lesquels 1a dilatation est permise, Pangle de rugosité, et par conséquent langle de frottement apparent, diminuent lorsque échelle augmente. Cependant, pour les tests dans lesquels la dilatation est empéchée, effet de ’échelle est moins important [BRAY et BROWN, 1993}. Les travaux de [BANDIS et coll., 1981] indiquent un effet d'échelle sur le comportement des joints en cisaillement. Ses résultats montrent que up et > sont inversement proportionnels a la taille des échantillons (mais tendent a devenir asymptotique) et que up est proportionnel a la taille des échantillons. Figure 2.4 Effet d’échelle de rugosité sur I’échantillon pris en compte pour I'essai de cisaillement, [BRAY et BROWN, 1993] illement sous conditions de dilatance 2.5 Comportement des joints en ci empéchée Outre effet de la morphologie et la résistance de la surface, le comportement en cisaillement dépend également des conditions de chargement normal a la surface du joint. Ces conditions de chargement peuvent prendre différentes formes. Par exemple, dans des conditions de contrainte normale constante (CNC), le bloc en mouvement est libre de se déplacer en dilatance perpendiculairement au plan de cisaillement. Sur le terrain, de telles conditions se rencontrent dans les talus rocheux (Figure 2.5a). Cependant, si des boulons @ancrage ou des cables sont installés pour stabiliser ce bloc (Figure 2.5b) ou encore si un bloc se déplace vers l'intérieur d'une excavation souterraine (Figure 2.5c), la dilatance se trouve alors partiellement ou complétement empéchée par la rigidité du systéme d'ancrage ou du massif environnant selon le cas. Dans ces conditions in-situ, une contrainte normale additionnelle progressive peut étre mobilisée au cours du cisaillement lorsque la rigidité du massif environnant réagit contre {a dilatance sur le plan de glissement. On fait lanalogie entre la rigidité du milieu (ancrage ou massif environnant) K = do, / dv et la rigidité d'un ressort (loi de Hooke). La rigidité normale appliquée, K, varie entre zéro (conditions CNC) et linfini (aucun déplacement normal permis). Entre ces extrémes, la rigidité peut étre constante (conditions RNC) ou variable. La rigidité normale, K, est une propriété du massif environnant ou du systéme de renforcement. La résistance en cisaillement d'un joint (tp et t) varie avec Ia rigidité normale, K. Fo les o « ° ok soot _—— === > ——— rrr sre Figure 2.5 a), b) et ©) Conditions de chargement normal possibles sur le terrain. d) et e) simulation de ces conditions in-situ en laboratoire. La dilatance induite par le cisaillement cause une augmentation de la contrainte normale selon la relation do, = K.dv et c'est pourquoi tp et t; augmentent généralement avec Vaugmentation de K. L'augmentation de t, est plus marquée (Figure 2.6a) puisque la dilatance est plus élevée & u; qu’ uy (Figure 2.6b) méme si le taux de dilatance est généralement pour effet de moindre. De plus augmentation de o, au cours d'un es ¥ (Figure 2.66). diminuer le taux de dilatance, y compr ‘o,constante Mp u, a Up u a Figure 2.6 Influence de la contrainte normale au cours d’un essai de cisaillement sur la résistance et sur la dilatance. 3 MODELES DE COMPORTEMENT AU CISAILLEMENT DE! DISCONTINUITES ROCHEUSES Dans cette partie, nous allons présenter les principaux modéles théoriques et empiriques permettant de prédire le comportement au cisaillement des discontinuités sous charge normale et rigidité normale constante. 3.1 Modile bilinéaire de Patton 1966 [PATTON, 1966] a utilisé des éprouvettes & base de plitre et de kaolin comportant des aspérités de différentes inclinaisons sur des plans simulant des joints et soumis a des essais de cisaillement 4 force normale constante, Ces travaux avaient pour but d’obtenir un modele empirique de comportement mécanique de joints rocheux & surfaces irréguliéres en cisaillement. Ce modéle implique deux différents modes de rupture dépendamment de intensité de la force normale pour diverses inclinaisons d’aspérités. Les différentes morphologies se résument a des aspérités dont le nombre, langle inclinaison (i) et les résistances & la compression et a la tension peuvent étre différentes @une éprouvette a autre (Figure 3.1-a). Les valeurs extrémes de ces paramétres varient de 0&4 pour le nombre d'aspérités et de 25° A 55° pour leur angle d’inclinaison. Les résistances (compression et tension) des aspérités sont modulées en faisant varier les proportions de platre-sable-kaolinite, 18 R ) {illement dun joint Figure 3.1 Schéma de base de la loi de Patton pour la résistance au cis: Soit du langle de frottement d'un joint lisse. Lorsque la résistance au cisaillement atteint son pic, la force résultante qui s'applique sur le joint (R), fait un angle gu avec la normale de la surface ot a liew le glissement (CF. figure 3.1-b); comme cette surface est, elle méme, inclinée d'un angle i par rapport au plan moyen du joint (horizontal dans le cas de la figure 3.1), langle de frottement du joint est done : (y+). La relation liant effort tangentiel au pic (T,) et effort normal appliqué (N) est donnée par I’équation (3.1). Cette relation reste valable pour les faibles valeurs de force normale. Lorsque la force normale devient relativement élevée, il devient plus facile de rompre les aspérités que de glisser sur celles-ci (Cf. figure 3.1-c). Dans ce cas de figure, Patton modélise ce phénoméne sous Ia forme de l’équation (3.3). 19 Figure 3.2 Illustration du modéle bilinéaire de Patton, daprés [GOODMAN, 1980] La portion supérieure de la courbe enveloppe bilinéaire (Figure 3.2), pour des contraintes élevées, a une inclinaison trés proche de l'angle de frottement résiduel (¢.) ; ordonnée A Vorigine est notée ¢ (cohésion apparente).. Dans le cas post-rupture des aspérités, pour des valeurs élevées de force normale, angle de frottement devient résiduel et tend vers (61) et la relation entre les forces normales et tangentielles est donnée par I’équation (3.2). S, =Ntan(, +/) G1) Ntang, @2 1, =c+9, tang, 63) 5, : force tangentielle au pic, N = force normale, 6, : angle de frottement du joint lisse, 4, + angle de frottement résiduel, 20 contrainte au cisaillement au pic, @,, : contrainte normale au joint, ©: cohésion apparente du joint, 32 Modéle LADAR : Ladanyi et Archambault 1969 [LADANYI et ARCHAMBAULT, 1969} ont établi une formulation théorique pour la résistance au pic combinant le frottement, la dilatance et la résistance des aspérités sment sur les joints dans un modéle contrainte- intervenant simultanément lors du cis dilatance, Le modéle LADAR [LADANYI et ARCHAMBAULT, 1969] postule, que la force lement des tangentielle au pic (Sp) est la somme d'une composante, notée Ss, due au ci iées ; et une autre composante notée aspérités répartie sur I’aire As, aire des aspérités S14S2+S3 répartie sur T’aire A-As, les deux modes de rupture se produisant simultanément lors du cisaillement des joints, chacun sur une portion de la surface totale (A). A partir de ce postulat, les auteurs ont établi I’équation (3.4). =(S, +8, +8,)(A-4,)+5,4, ad © S,: composante de cisaillement due au travail exteme fait en dilatance contre la force normale, S, est donnée par l’équation (3.5) : S,=M a5) avec N : force normale et # le taux de dilatance ynnel en frottement dda la oS; : composante de cisaillement due au travail interne addi dilatance, est donnée par I’équation (3.6) : S, = Sotang, 66 inclinaison moyenne des facettes des aspérités par rapport au plan moyen, avec ig pour une surface naturelle et g, : angle de frottement du joint lisse et S$ : la force tangentielle appliqué S,: composante de cisaillement due au travail interne en frottement si l'échantillon ne change pas de volume au cours du cisaillement, S, est donnée par I’équation (3.7) : a Nand, an lement des aspérités donnée par I’équation (3.8) : © S4:composante due au Se a 3.8) a B.8) Avec ta résistance au cisaillement des aspérités ou contrainte tangentielle critique des aspérités, ou encore résistance au cisaillement du matériau utilisé pour les épontes, basée sur un critére de rupture. Si as est la proportion de laire projetée (As) des aspérités cisaillées par rapport & aire totale d’une éponte (A), ce paramétre se définit par 6% Alors Pexpression de la contrainte de cisaillement au pic, S »/A est donnée par I’équation 3.10). oy(l—a,)(0 + tang, ) +4, 1- (=a, )itang, @.10) © t,est la résistance au cisaillement de pie ; © Gy est la contrainte normale ; © a, est la proportion de V’aire projetée (As) des aspérités cisaillées par rapport a aire totale d'une éponte (A) ; © ¥ est le taux de dilatance ; © g, : angle de frottement du joint lisse ; © tearésistance au cisaillement des aspérités ; Deux termes sont sommés : le cisaillement des aspérités avec le facteur as et le frottement sur les aspérités avec le facteur (I-a:). Ainsi, lors du cisaillement sous des contraintes normales faibles (a: tend vers 0 et + vers 1) seul le terme de frottement intervient, et sous des contraintes normales élevées, lorsque toutes les aspérités sont cisaillées (as tend vers 1 intervient. Ces deux termes sont done et ¥ vers 0) seul Ie terme de rupture des aspérit pondérés par la surface relative de joint en contact (as) (figure 3.3). 22 ¥ ‘ani, of 0 on $a 4, 0 0 ow Figure 33 et agen fonction de o, selon les hypothéses du modéle LADAR, tani, Les parametres ax et 9 varient donc en fonction de la morphologie des aspérités et de la valeur de la contrainte normale sur les surfaces des joints en cisaillement. Ladanyi et st la variation de ces deux paramétres en Archambault, 1970 proposent, pour modé! fonction des facteurs mentionnés ci-dessus les équations empiriques (3.11) et (3.12). avec K,=4 em * tani, avec K, =15 2) io est 1a contrainte de transition fragile ductile du matériau rocheux représentant approximativement la pression limite pour laquelle as =1 et ¥ =0, ie. Le point d'intersection entre la courbe enveloppe de la roche et la courbe envelope de la surface & avec on ainsi que celle de ayavee oy, selon les indentation réguligre, L”évolution de tani, Equations (3.11) et (3.12), sont également montrées a la figure (3.3). 23 Le modéle LADAR permet de prendre en compte les phases du cisaillement. II nécessite, toutefois, pour sa correction, une forme plus appropriée pour la fonction décrivant la variation de la portion de surface cisaillée, as, en fonction de la contrainte normale. C’est aussi un modéle qui tient compte des phénoménes physiques sous forme analytique explicite, en démontrant la contribution du frottement, de la dilatance et de la rupture des aspérités lors du cisaillement des joints au pic. D'autre part, méme si, & premiére vue, Ie modéle ne permet de calculer que la valeur de la contrainte tangentielle au pic (+,), ila servi de base a l’élaboration de modéles constitutifs linéaires [SAEB et AMADEI, 1990] et non lingaires décrivant la surface (ou la courbe) complete contrainte-déplacement. A ces modéles s’ajoute le modéle incrémental proposé par [FLAMAND, 2000] basé strictement sur le modéle LADAR et & adaptation de ses principaux paramétres pour tenir compte de la morphologie iméguliére des aspérités sur les surfaces des joints en cisaillement ainsi qu’a I’intégration dune fonction de dégradation des aspérités en fonction du déplacement tangentiel et du niveau des contraintes. Ces modéles permettent de calculer la résistance au cisaillement et la dilatance en tout point de la courbe contrainte-déplacement, 3.3 Critére de Barton 1973 Barton propose un critére empirique pour l’estimation de la résistance au cisaillement des joints rocheux, ce critére est donné par la formule suivante : 1,=0, sf sree“) +4] en oa +, + résistance au cisaillement au pie développée lors d'un contact roe-roe ; °, contrainte normale qui s"exerce sur le joint ; JRC: “Joint roughness coefficient " qui est un coefficient qui caractérise la rugosité du joint, il prend des valeurs entre 0 et 20, comme le montre la figure 3.4; JCS: résistance en compression uniaxiale de la roche au voisinage immédiat du joint ; 4 angle de frottement résiduel. 24 Notons que ce critére a été développé pour caractériser le cisaillement d'un contact roc- roe. Tet am ent Figure 3.4 Rugosité des profils et intervalle de valeurs de JRC correspondant Une deuxime limitation de ce critére, est qu’il n’est valable que pour des charges normales faibles. D'aprés [Hoek et Bray ,1981], les contraintes normales doivent vérifier la condition : 0.01<-25. <0,3 avec o, et JCS en MPa. La détermination des paramétres mis en jeux dans ce critére est discutée dans les paragraphes qui suivent. ‘© Estimation de JCS Le JCS indi 25 que la résistance en compression uniaxiale au voisinage immédiat du joint. Lorsque I"état du joint n'est pas altéré, on peut faire Phypothése que JCS est égal a la contrainte en compression de la roche intacte. Cependant, lorsque le joint est altéré, le marteau de Schmidt peut étre utilisé pour estimer une valeur de JCS [WINES et LILLY, 2003]. En cas de difficultés pour faire une mesure JCS directe de JCS, [BARTON, 1973] suggére un ratio de % pour ‘+ Estimation de IRC Selon Barton et Choubey 1977, le paramétre JRC peut étre estimé par une analyse en rebours en utilisant I’équation (3.13) réarrangée comme suit : arctan(, /o,)-¢, Log(JCS/o,) JRC Guy) Une autre méthode pour estimer JRC, consiste comparer visuellement le profil de la rugosité du joint dans la direction du cisaillement, avec les profils types proposés par Barton (figure 3.4). Ces deux méthodes pour estimer le paramétre morphologique JRC, ne permettent pas de prédire une valeur unique de la contrainte au cisaillement de pic r,. En effet, la méthode de comparaison visuelle ne peut pas échapper a la subjectivité de opérateur, d’autre part, analyse & rebours nécessite la connaissance de t,,, alors que l’objectif principal de tout test de cisaillement de joints rocheux, est justement de prédire «, Signalons également une autre limitation de la méthode, En effet, JRC étant un paramétre unidimensionnel, il ne prend pas en compte le caractére tridimensionnel de la géométrie du Joint ainsi que celle de l'aire de contact [GRASSELLI et EGGER, 2002]. 3.4 Modéle de Goodman 1976 Deux modéles ont été proposés par Goodman pour représenter les variations de la contrainte de cisaillement en fonction du déplacement de cisaillement 4 des niveaux de contrainte normale variables. 26 Le premier modéle (figure 3.5) considére que la rigidité de cisaillement Ks est indépendante de la contrainte normale, alors que le deuxiéme modéle (figure 3.6) considére que le déplacement de cisaillement au pic Up ainsi que le déplacement de cisaillement résiduel Ur demeurent constants en fonction du niveau de contrainte normale, ‘Contrainte de cisaitlement Figure 3.6 Modéle a déplacement de cisaillement constant Pour les deux modeles, les relations suivantes sont applicables. yr =K,U avec pour UUr. Avec: t, est larésistance au pic, r, est a résistance résiduelle, U, est le déplacement de cisaillement au pic, U, est le déplacement de cisaillement résiduel, Goodman 1976 a proposé aussi les relations suivantes pour évaluer la résistance au cisaillement en fonction de la résistance au cisaillement de pic : o,) posto,

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