Chapitre 4
Variétés différentielles
pidée des notions que nous présentons dans ce chapitre remonte & Bernhard
i traduction anglaise m dimensional manifold) ; beaucoup de
licité m fois étendue » (ou «am
sions »). On dit aujourd'hui en francais variété & m dimensions, terminologic
juée en francais 4 une classe d’objets non néces-
went lisses, pour lesquels les Anglais remplacent le mot manifold par variety.
que la notion introduite par Riemann se soit rapidement imposée comme une
centrale de la g¢ométric, il a fallu prés d'un siecle pour que les mathématiciens
4a formuler de fagon précise. Avant de donner cette formulation, je vais
de suggérer par quelques exemples Iidée intuitive de Riemann, et avant tout
capitale de dimension dune varié
aple 1.~ L’ensemble des droites affines du plan estune variété A deux dimensions,
quoi deux dimensions ? Pour se donner une droite affine du plan on peut
par se donner sa direction : ce premier choix dépend dun seul paramétre
‘degré de liberté »), par exemple 'angle que fait la direction choisie avec une
adone en tout deux degrés de liberté.
2.- ensemble des droites affines de espace R® est une variéré a quatre
jrection dépend maintenant de deux degrés de liberté (pourquoi 2) ;
fois choisie la direction, il reste encore deux degrés de liberté (par exemple,108
Comme les relations (2) sont différentiables, cle méme que les relations réciproque
qui leur sont équivalentes +
p= 1p
a=—4/p
Tusage de l'un ou Vautre des systémes de coordonnées (p,q) ou (p,9 conduit a la
méme notion de différentiabilité du mouvement sur les intervalles de temps ott D
West ni verticale ni horizontale.
Les quelques lignes qui précédent illustrent tout le contenu du chapitre 4: lene
semble des droites du plan est un exemple de ce qu’on appelle une variété differen
tielle ; le fait qu’on puisse caractériser localement la position d'une droite D par det
« coordonnées » (par exemple (p. q) si D'n’est pas verticale, ou (p, @) si D n'est pas hore
zontale) se traduit en disant que cette variété M est deux dimensions, le couple (p,
ou (p,q) tant un systéme de coordonnées locales (\Jélinissant une carte locale) de
cette variété.
Enfin, notre définition d'un « mouvement différentiable » illustre la notion
aifférentiabilité d'une application (ici Papplication de R dans M qui t associe Dit),
Passons maintenant au contenu du chapitre 5. Ayant compris ce qu'est un mou:
vement différentiable, nous voulons comprendre ce qu’est le veeteur vitesse d'un tel
mouvement.
Brant donnée une droite Dy , considérons toutes les fagons possibles de la « met
en mouvement » de facon différentiable (applications différentiables ¢ > Dit) telles
que D(0) = Dy)). Nous dirons que deux tels mouvements sont tangents si, dans w
systéme adapté de coordonnées locales (par exemple les coordonnées p.¢, si Dp n°es
pas verticale) les dérivées en 0 de chacune des fonctions pi,q(t) sont les mémes
pour ces deux mouvements. Dans l'ensemble de tous les mouvements possibles
‘Dp, la relation de tangence est une relation d’équivalence. La classe d’équival
d'un mouvement est ce qu'on appelle le vecteur vitesse de ce mouvement. Le mot
« vecteur » se justifie par le fait que l'ensemble de ces classes d’équivalence forme
effectivement un espace vectoriel, de dimension égale A celle de M (ici 2 : les de
nombres p'(0), q(0) sont les « coordonnées » du vecteur vitesse dans Ia carte (p. q). Cel
espace vectoriel est appelé espace tangent & M en Dp , ct noté Tp,M.
Sur la lancée des explications précédentes, le lecteur est vivement encourage aat
taquer directement étude 5 (familles a un paramétre de droites du plan), rem
Aplus tard la lecture des chapitres 4 et 5 : Ia lecture de ces chapitres lui sera plus pro:
fitable quand il pourra la consiclérer comme une « mise en ordre théorique »
avec lesquelles il se sera déj familiarise par la pratique.110 Chapitre 4: Variétés différentiolies
EXERCICE Quelle est la dimension de la variété des positions d'un corps solide:
espace R* n’ayant aucune symétrie particuli@re ?
Pour mettre en forme Vidée de wariété, on définira d’abord La notion de
topoiogique (§ 0), qui nous suffira pour comprendre précisément ce qu’est la dit
sion. Puis les variétés différenticlies seront définies comme des variétés topologich
munies d'une structure supplémentaire qui nous permettea de faire du ealeul diffe
tiel, en définissant les applications différentiables, leurs applications tangentes,
comme nous Favons déja fait pour les ouverts de" et les sous-variétés de Bl
0. Variétés topologiques q
0.0.
Une variété topologique a m dimensions est un espace topologique M dont
point a admet un yoisinage ouvert U homéomorphe a un ouvert de R”.
La donnée d'un tel homéomorphisme
x: USUeER™
est appelée carte (locale) de M (au voisinage de a).
ouvert U< M est le domaine de Ia carte.
Un atlas of de Mf est une famille de cartes x dont les domaines Ux recouvrent Mz
= Jue
os
Pour tout couple de cartes x, X de domaines respectifs Ue, Uz on définit I
méomorphisme de changement de carte, que nous noterons abusivement ¥ 0.x
parle diagramme de la figure 1,
Ue‘Variétés topologiques
ox”! est done une abréviation pour :
(luc Aug) 0 (x x(Ue a Uy))
stun homéomorphisme entre les ouverts de R™ hachurés sur la figure, «(Ue 0 Uz)
e(Uk ov U;) Choméomorphisme vide si Ur Uz =@ 1).
Invariance topologique de la dimension Un théoréme célébre de
gic assure qu’un ouvert de R’" ne peut pas étre homéomorphe a un ouvert
pour m! +m, (N.B. : rappelons que ce théoréme est évident dans le cas des
rphismes ; maisilest loin de 'étre pour les homéomorphismes !) Hen résulte
‘la notion de dimension dune variété topologique est définie sans ambigui
Retour a I'exemple 1 de |introduction :
l'ensemble des droites affines du plan
que cet ensemble est une variété topologique (de dimension 2) n’a a priori
fsens tant qu’on n’a pas défini une topologie sur ensemble en question.
divin 2) : la notion d’une « suite de drottes du plan tendant vers une droite
»ne devraitelle pas avoir un sens évident dépourvu de toute ambiguité ? Mais
. (le débat est ouvert).
‘auriez pas réussi, une autre stratégie possible consiste ase deman-
«qui peut subsister de la notion d’atlas quand on n'a pas su mettre une topologie
nsemble & étudier : tout ce qu'on peut alors demander 3 une carte, c’est d’étre
Difection (la notion d’homéomorphisme n’a plus de sens) ; par contre cela garde
jon m) sur un ensemble M est une collection st de
xt Uy
eR”
ne seule topologie sur IM telle que les bijections «¢ si soient des ho-
norphismes entre ouverts de M ct ouverts de &". Autrement dit, la donnée
continu sur un ensemble M définit sur cet ensemble une structure de
ologique.ne Chapitre 4: Variétés aifférentielies
La preuve de cette proposition est un « yoga » facile de topalogie générale ;o
définit la topologie de M en disant qu'une partie Uc M est ouverte si ct seulement!
Vxe A x(UOUs) est un ouvert de R™.
0.3. Encore I’exemple 1 : construction d'un atlas continu
sur l'ensemble M des droites affines du plan
Notant (2s y) les fonctions coordonnées dans le plan, désignons par U l'ensemble:
des droites non verticales (c'est-a-dire non paralléles A P'axe des y) et par U ensemble
des droites non horizontales (c’est-i-dire non paralléles 4 l'axe des x), Evidemment
M=UUt.
Une droite non verticale peut étre considérée comme le graphe d'une application
affine xr y= px+qde i dans R. La donnée de De U équivaut ainsi a la donnée d
deux nombres (p, q) et 'on définit ainsi une bijection :
o
u + R?
D > (pip). qiD)).
De meme, une droite non horizontale peut étre considérée comme le graphe d'une
application affine y->.x = py-+q, et on définit ainsi une bijection
db: 0 > w
D = (BD). MD).
Ua est ensemble des droites ni verticales ni horizontales : il est envoyé par 6 sur
R* x (De U est non horizontale si et sculement si j{D) #0), et par b sur RB’ xR
également (De U est non verticale si et seulement si p(D) #0),
‘Le changement de carte og! est ' application de ii x f dans lui-méme quiatp,q
associe (p = 1/p, @= —q/p). Cette application est continue (et méme differentiable })
et il en est de méme de son inverse, donné par la méme formule avec (p,q), (Prd
échangés.
1. Structures différentielles sur une variété
1.0, Atlas différentiable
Renforgons la définition 0.2 d’un atlas continu en exigeant que les changements de
cartes Rex" |! soient non seulement des homéomorphismes mais des difféomorphis:
(entre ouverts de R™).
On obtient ainsi la notion d’atlas différentiable (si fon demande aux changements
de cartes d'étre des difféomorphismes analytiques on parlera d’atlas analytique).
La donnée sur at d'un atlas différentiable of permet de définir la nation de foncttow
différentiable sur M : une fonction f : M — R {ou Bi?) est dite différentiable (pour
Vatlas s) si pour toute carte x¢ A la fonction (f|Uc) ex est différentiable (sur s
domaine de définition Uc R™),Structures différentielfes sur une variété
priétés de la notion de différentiabilité d'une fonction
) Cest une notion locale : une fonction f est différentiable sur M pour I’atlas «si
ement si, pour (out ae M, il existe un voisinage U de a tel que f|U soit
ntiable pour ‘atlas «t| U (atlas de U dont les cartes sont les x] UMUr x= sl).
notion ne depend du choix de Fatlas différentiable of qu’é équivalence
au sens de Ia définition que voici.
Equivalence di‘atlas. Structure différentielle sur une variété
‘Deus atlas différentiables sl et sl de M sont dits différentiablement équivalents
pour tous xe ol, ¥e si, le changement de carte Xo x”? est différentiable (ce qui
dire que Vatlas of 9 5 est différentiable).
On appelle wariété différentielle” la donnée d'une varieté topologique et d'une
¢ différenticlle sur cette vai x
n de variété analytique en remplacant partout dans
i précede le mot « différentiable » par « analytique ».
ples de base Les sous-variétés de ft” (chap, 1 et 2) sont des variétés différen-
(cf. chap. 2, $3 pour la construction d’atlas)
“Nous venons par ailleurs de rencontrer un exemple de variété différentielle qui
pas donnée comme sous-variété de B" : l'ensemble des droites affines du plan
as construit en 0.3 était différentiable, et méme analytique)
ic d'autres exemples tres importants.
Espaces projectifs
i Bun espace vectoriel sur R de dimension finie m+1=2. ensemble des droites
iélles de E est appelé espace projectif sur E et noté P(E) (si E = R™*) on Ecrit
1) = RP" ou simplement P™)
On peut considérer P(E) comme l'espace quotient de E \0 par la relation d’équi-
lence « proportionnalité des vecteurs » :
u~u' <= 3deR* , uv’ =u
(CL Prop. 0.2)
Ja terminologie traditionnelle, variéte dlijérentiable. La terminologie & yarieté dlfféren-
{qui es celle de Bourbake) tend a souligner qu'il ne s'agit pas d’énoncer une propriété de
pelé variété (comme quand on dit d'une fonetion qu’elle est différentiable), mais de se
tune structere sur cet objet (comme tin « espace topologique » est un espace muni d'une
topologique), Par contre dans te cas des sous-nartétés la différentiablilité est eflectivement
propriétéde Vobjet (puiseue la structure est dda imposée par Pespace ambiant).114 Chapitre 4 : Variétés différentielles
Ayant choisi une base de E, notons X = (Xo. Xz.--».Xm) la base duale (systémes
coordonnées linéaires sur £). Se donner une droite De P(E) est se donner, & mult
cation par un scalaire prés, un (m+ L)-uplet de nombres non tous nuls Xp .X,-.
(les composantes d'un vecteur quelconque de D). Un tel (m +1)-uplet est appelé
téme de coordonnées homogénes de la droite D, et on note Xo + Xy s+ | Xm
classe d’équivalence a proportionnalité pres.
Si la droite D n’est pas contenue dans un hyperplan {Xp = 0}, la
Xo: XM i : Xm contient un unique représentant de la forme (1.x, -~,
(it x1 = Xi/%), On a ainsi défini une bijection
= (xp.-c-eaim) Uy > R™
ot Uy désigne l'ensemble des droites non contenucs dans I'hyperplan { Xp = 0}.
‘Ayant ainsi constcuit les cartes, vérifions que les changements de cartes sont di
rentiables (et méme analytiques) sur leurs ouverts de définition.
Deux syst@mes X et ¥ de coordonnées linéaires sur E sont liés par une formule dk
changement de coordennées :
Vis Do ayy f= 0.1m
‘ou (a;)) est une matrice inversible. =
En notant y - tim) + Uy — R™ la earte associée au systeme Y, on vér
immédiatement que le changement de carte yo x! a pour ouvert de définition :
x(x ouy|
{xe R™| apg + apis +--+ dom #0}
et quill est défini sur cet ouvert par la formule +
ye = (ay + a.%1 +++ + aux) /(any + cord +--+ aomxm)
(¢=1,2,--,m), évidemment analytique en les variables x1 ..--.4mn-
Remarque Au licu de Patlas pléthorique que nous venons de construire (autant d
cartes que de bases de £ !) on aurait pu se contenter d'un atlas a m+ 1 cartes, ext
du précédent en choisissant sur E un systéme de coordonnées linéaires X et en
permutant circulairement (les domaines de définition respectifs de ces m +1 cu
sont Ur = {DeP(B)| X(D40}, i= 0, 1,+++,m). Lintérét de notre construction pléthoriqt
est de montrer que Ia structure différenticile de P(E) ne dépend que de E et pas
choix d'une base.
1.3. Variétés grassmanniennes
étant un espace vectoriel de dimension sirictement supérieure & p (