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Lombard-Salmon Claudine. La communauté chinoise de Surabaya. Essai d'histoire, des origines à la crise de 1930. In:
Archipel, volume 53, 1997. pp. 121-206;
doi : https://doi.org/10.3406/arch.1997.3396
https://www.persee.fr/doc/arch_0044-8613_1997_num_53_1_3396
de 1930
1. Cf. C. Salmon & D. Lombard, Les Chinois de Jakarta. Temples et vie collective, Paris, Éditions
de la Maison des Sciences de l'Homme, Études Insulindiennes - Archipel 1, 1980.
2. Il s'agit d'un panneau en l'honneur de la divinité qui a été offert par Zheng Shaoyang, alias
Zheng Yuanzhen (The Goan Tjing, 1795-1851) qui avait la charge de capitaine depuis 1825.
3. Il n'existe, à notre connaissance, aucune étude d'ensemble sur cette communauté.
l'histoire même de la ville qui subit à plusieurs reprises des éclipses W, mais
aussi avec le fait que, jusqu'au milieu du XIXe s., il existait une forte tendance
à l'assimilation dans le milieu local, et avec le fait que les Hollandais, qui ne
sont intervenus que très tard dans la vie politique et économique de Java Est,
n'ont pas pu, de la même façon qu'à Batavia, modifier les rapports entre
Javanais, Madourais et Chinois.
Après un coup d'œil rapide sur les premières communautés (XVe-XVIIe s.),
on verra l'élaboration d'une nouvelle communauté au XVIIIe s. et, plus
particulièrement, l'ascension de quelques grandes familles qui, par un phénomène
de «peranakanisation», vont dominer la scène politique jusque dans les années
1920. Ensuite, on envisagera plus brièvement trois mouvements de resinisation
qui sont à mettre en rapport avec diverses vagues d'émigration : après 1850, à
la suite de la révolte des Taiping en Chine (1850-1866), qui se trouve
correspondre grosso modo avec le début de l'expansion économique de Surabaya;
vers la fin du XIXe s., avec la montée d'une nouvelle classe marchande et, à
partir des années 1920, avec l'émergence de nouveaux venus qui s'organisent
en marge de la vieille société peranakan^.
4. Sur l'histoire de la ville, voir notamment J. Hageman, «Bijdragen tot de kennis van de
Residentie Soerabaja», Tijdschrift voor Nederlandsch-Indïê, XX (2), 1858, pp. 85-104; XXI (1),
1859, pp. 17-34, 105-128; (2) 1859, pp. 129-164; XXII (1), 1860, pp. 267-277; G.H. Von Faber,
Oud Soerabaia, Uitgegeven door de Gemeente Soerabaia ter gelegenheid van haar zilveren jubi-
leum op 1 april 1931, Soerabaia, Kolff, 1931 ; -, Nieuw Soerabaia. De geschiedenis van Indië's
vornaamste koopstad in de eerste kwaarteeuw sedert hare instelling 1906-1931, Soerabaia,
Bussum, 1936; H.J. de Graaf, «Soerabaia in de XVII eeuw, van Koninkrijk tot Regentschap»,
Djawa, XXI, 3, 1941, pp. 199-225 ; William H. Frederick, Indonesian Urban Society in
Transition : Surabaya 1926-1946, Unpublished PhD University of Michigan, Ann Arbor, 1979, 2
vol. ; -, Visions and Head : The Making of the Indonesian Revolution, Athens Ohio, Ohio
University Press, 1989 (version imprimée du précédent); Ôki Akira, «The Transformation of the
Southeast Asian City : The Evolution of Surabaya as a Colonial City», East Asian Cultural
Studies, 27, 1-4, mars 1988, pp. 13-47; D. Lombard, «Recherches d'histoire urbaine : le cas de
Surabaya», in Luigi Santa Maria, Faizah Soenoto Rivai and Antonio Sorrentino eds., Papers from
the III European Colloquium on Malay and Indonesian Studies (Naples, 2-4 June, 1981), Naples,
Instituto Universitario Orientale, Dipartimento di Studi Asiatica, Series Minor XXX, 1988, pp.
171-180; A.C. Broeshar, J.R. van Diessen, R.G. Gill & J.P. Zeydner, Soerabaja. Beeld van een
stad, Purmerend, Asia Maior, 2e impression, 1995 (Ie impression 1994).
5. Nous tenons à remercier Madame Myra Sidharta qui nous a introduite auprès des membres des
familles The et Tjoa, feu K.P. Handayakusuma et M. Han Sam Kay de Malang qui nous ont fourni
de nombreux documents sur la famille Han, Madame Silas qui nous a accompagnée à plusieurs
reprises lors de nos enquêtes (en 1981, 1983 et 1986), notamment à Sidoarjo chez sa parente
Madame Go Giok Yan, veuve de M. The Sioe Koen, les gardiens du temple ancestral des Han qui
nous ont aidée à ouvrir les tablettes, Monsieur Steve Tjahjanta qui a pris pour nous de nombreuses
photographies, feu le journaliste Tan Siok Gwan, Monsieur Go Gien Tjwan originaire de Malang
et enfin toutes les personnes de Surabaya et des environs qui gentiment ont consacré de leur temps
pour répondre à nos questions et sans l'aide desquelles cette recherche n'aurait pu aboutir. Nos
remerciements enfin à Madame Mary Somers Heidhues pour ses commentaires.
6. Ma Huan, Ying-yai Sheng-lan, The Overall Survey of the Ocean's Shores (1433), translated and
edited by J.V.G. Mills, Cambridge University Press for the Hakluyt Society, 1970, pp. 89-90.
7. Cf. Gong Zhen, Xiyang fanguo zhi, édition commentée par Xiang Da, Beijing, Zhonghua shuju,
1954, p. 8.
8. Yan Congjian, Shuyu zhouzi lu, «Notes d'enquêtes sur les contrées étrangères» (préface de
1574, 1ère éd. 1591), édition ponctuée par Yu Sili, Beijing, Zhonghua shuju, 1993, p. 295.
9. Chiu Ling Leong, « Sino-Javanese Relations in the Early Ming Period», in Symposium on
Historical, Archeological and Linguistic Studies on Southern China, South-east Asia and the Hong
Kong Region, Papers Presented at Meetings Held in September 1961 as Part of the Golden Jubilee
Congress of the University of Hong Kong, F.S. Drake, General Editor, Hong Kong University
Press, 1967, p. 221, a calculé qu'il n'y a pas eu moins de soixante-dix missions entre 1368 et 1526
et que, pendant les vingt-deux années de l'ère Yongle (1403-1424), il y en avait pratiquement une
annuellement.
10. F.J. Rothenbuhler, «Rapport van de staat en gelegenheid van het Landschap Sourabaija»,
Verhandelingen van het Bataviaasch Genootschap 41, 3e partie (1881), p. 2, rapporte qu'il était
fréquent de trouver des jonques chinoises à l'intérieur des terres lorsqu'on creusait le sol. Le nom
actuel du temple est Tempat Ibadat Sam Po Tai Djien Mbah Ratu. Le plus ancien document qu'on
puisse y trouver est un brûle-encens daté de 1937. De part et d'autre de Zheng He, sont honorés
Raden Panji et Raden Ayu Pandan Sari, héros pré-islamiques, ainsi que Mbah Sayid Sekh
Maulana.
11. Moro, malais muara, signifie précisément «estuaire».
12. Cf. C. Salmon & D. Lombard, op. cit, pp. 86-97 ; cf. aussi C. Salmon, «Cults Peculiar to the
Chinese of Java» in Asian Culture (Singapour), June 1991, pp. 9-12 et W. Franke, C. Salmon &
A. Siu, Chinese Epigraphic Materials in Indonesia, Singapore, The South South Society, vol. II
(2), sous presse, K 1.1.
13. Sur Nyai Pinatih, voir Tan Yeok Seong, «Chinese Elements in the Islamisation of South East
Asia. A Study of the Strange Story of Njai Gede Pinatih, the Grand Lady of Gresik » in
Proceedings of the Second Bienial Conference of the International Association of Historians of
Asia, Oct. 6-9, 1962, Held at Taiwan Provincial Museum, Taipei, pp. 399-408 ; sur Endraséna voir
H.J. de Graaf, « Soerabaia in de XVII eeuw, van Koninkrijk tot Regenschap », pp. 203-204.
14. Sur ce processus d'islamisation, voir D. Lombard & C. Salmon, «Islam et sinité», in L'Islam
en Indonésie II, Archipel 30, 1985, pp. 73-94; version anglaise légèrement différente in Indonesia
57, 1994, pp. 115-131.
15. Il était de coutume en Chine, à la mort d'un parent, de faire exécuter une tablette en bois
portant son nom à l'extérieur et ses dates de naissance et de mort, avec parfois l'emplacement de sa
tombe, à l'intérieur, et de placer celle-ci sur l'autel des ancêtres de la maison familiale ou, pour les
plus argentés, dans le temple ancestral de la famille. Cette tablette, censée conserver l'âme du
défunt, était l'objet d'un culte de la part des descendants de celui-ci. Celle dont il est question ici
est conservée dans le temple ancestral des Han, voir plus bas.
en face. Le même cimetière apparaît encore sur un plan imprimé de 1905, avec
toutefois une superficie moindre, étant déjà entamé sur son pourtour par des
constructions (16\ Le processus s'est poursuivi et, à l'heure actuelle, il ne
reste, semble-t-il, plus qu'une seule tombe, celle de Han Bwee Kong (1727-1778)
qui fut le premier des Han à remplir une fonction officielle, celle de capitaine
de la communauté chinoise (voir plus bas). La tombe est à présent d'un accès
difficile, vu qu'elle est perdue dans le labyrinthe que forment les ruelles du
marché aux étoffes.
Le seul autre vestige archéologique connu, que nous avons repéré en 1981,
est une autre tombe, enfouie à un mètre de profondeur, dans la cour arrière du
temple ancestral des Han situé Jl. Karet. Il s'agit de celle d'un certain Ke
Anzhang originaire de Jinjiang, dans la préfecture de Quanzhou, au Fujian. La
date n'est malheureusement donnée que par deux caractères cycliques, qui
correspondent soit à 1636, soit plus vraisemblablement à 1696 (v. pi. 4). Soixante
ans plus tard, c'est-à-dire en 1756, la famille Han était déjà en possession des
lieux depuis plusieurs années (voir plus bas).
Pour les années 1680, les sources hollandaises laissent voir que les princes
javanais avaient encore, dans certains endroits, le monopole de l'affermage des
taxes et que les syahbandar des ports de Java Est qui pour la plupart étaient
des Chinois peranakan convertis, qui avaient le statut de priyayi et portaient
éventuellement un titre javanais, achetaient ces fermes. Tel Tan Jep-ko, alias
Ronggo Wirasadana, syahbandar de Gresik qui payait directement au susuhu-
nan une redevance de 400 réaux par an, tel Souw Hie-ko, syahbandar de
Surabaya, qui en versait une de 200 réaux au régent Yangrana. La famille Tan
semble avoir été puissante à Java Est durant les vingt dernières années du
XVIIe s. et pendant les trente premières du siècle suivant. C'est parmi ses
membres que se recrutèrent les syahbandar et les capitaines de Gresik,
Sumenep et Surabaya <17).
Le nombre de Chinois établis (avec leurs familles) dans les ports de Java
Central et Java Est était encore relativement faible à la fin du XVIIe s.
Nagtegaal donne, pour l'année 1691 quelques chiffres sur les communautés les
plus importantes : 247 à Jepara, 154 à Semarang, 122 à Rembang, et 76
seulement à Surabaya (contre 10 ou 12 en 1683) <18).
Lorsque F. Valentijn visite Surabaya vers 1707, il a l'occasion d'entrer en
rapport avec le chef de la communauté chinoise, un certain Tam (Tan?) Keko,
connu familièrement sous l'appellation de Kenio. Ce dernier mettra une
maison à la disposition du pasteur afin qu'il puisse présider le culte. Valentijn fait
au passage (19^ quelques commentaires sur la qualité des habitations du quartier
chinois (situé à l'est du Kali Mas) qui, pour une grosse part, sont de belles
16. D'après une note parue dans le Bintang Soerabaia du 8 août 1890, il semblerait qu'on ait cette
année-là déplacé à Kupang (au sud de la ville) les tombes des anciens capitaines sans descendance
qui étaient tombées à l'abandon.
17. Luc Nagtegaal, Rijden op een hollandse tijger. De noordkust van Java en de V.O.C. 1680-
1743, proefschrift, université d'Utrecht (1988), pp. 1 14, 84.
18. Luc Nagtegaal, Rijden op een hollandse tijger, p. 111. L'auteur ne dit pas comment il a obtenu
ces chiffres.
19. F. Valentijn, Oud en Nieuw Oost-Indien, 's -Gravenhage, 1858, vol. III, pp. 299-301.
maisons en brique, tout comme celle du capitaine (2°). On sait par ailleurs qu'à
la suite d'une tentative d'incendie criminel en 1727, les Chinois décidèrent de
construire un mur de briques pour protéger leur kampung (21). ■
Bien que les observations de Valentijn ne soient pas ici aussi riches que
celles qu'il donne sur les communautés chinoises de Batavia et de Ambon, il
remarque néanmoins l'importance du rôle économique joué par les Chinois à
Java Est : «Le commerce du riz dont ils s'occupent est ici très actif. En temps
de paix, la ville peut, tout comme Passouroewan, fournir 2 000 kojans et elle
en fournit encore bien 1 000 à présent ; le kojan est la last de Java qui fait
5 000 livres, alors que la last chinoise est de 3 750 livres et la nôtre de 3 000
seulement». Ce qui signifie qu'en temps normal les marchands chinois
brassaient 5 000 tonnes de riz et, en temps de guerre, autour de 2 500 tonnes. Ces
marchands, il semble bien, avaient le quasi-monopole de ce commerce. Cette
impression est corroborée par des informations concernant la fin du XVIIIe s.
Il était d'usage, nous dit-on, que l'administrateur du Oosthoek, ou «Pointe
Est», complète ses émoluments, devenus assez maigres, surtout sous le
gouvernement de Van der Para (1761-1775), par des entreprises personnelles et
par des commissions émanant des marchands locaux. C'est ainsi que le
capitaine des Chinois de Surabaya lui donnait, chaque année, une somme de 25 000
rixdales afin d'obtenir le monopole de fait du commerce du riz dans la région,
et par voie de conséquence, le contrôle des prix sur le marché, puisqu'il avait
aussi aménagé un entrepôt où il stockait la marchandise.
Lorsque Dirk van Hogendorp fut envoyé comme administrateur de la
«Pointe Est» en 1794, il refusa l'argent que venait lui apporter le capitaine du
moment (Han Chan Piet [1759-18271 ?), voulant garder le contrôle du prix du
riz et surtout obliger ledit capitaine à le baisser considérablement. Cette
volonté qui allait à l'encontre d'un système économique bien établi n'aboutit pas ; le
capitaine se plaignit et finalement ce fut Hogendorp qui dut quitter son poste
en 1798 (22). Bien que plusieurs points dans cette affaire nous échappent, en
particulier les rivalités entre fonctionnaires hollandais, il est néanmoins
intéressant de souligner ici que, quelque cinquante ans après l'établissement de la
Compagnie à Surabaya, les Chinois contrôlaient encore l'économie de la
région. Notons que F.J. Rothenbuhler qui succéda à Hogendorp (1799-1809),
adopta vis-à-vis des Chinois une attitude toute différente, cherchant plutôt à se
les concilier. Il s'était de plus marié à une Chinoise originaire de Semarang,
Kwee Tjien Nio, dont la sœur, Kwee Kiok Nio, devait, au début du XIXe s.,
épouser Tjoa Khik Yong (1791-1863), le fils d'un riche fabricant de sucre de
Surabaya (23).
20.
Sourabaija»,
Selon F.J.
3e partie,
Rothenbuhler,
1881, p. 68,
« Rapport
il y avait dans
van de
toute
staat
la ville,
en gelegenheid
au tout début ven
du XIXe
het s.,
Landschap
749
maisons en dur appartenant aux Hollandais, aux Chinois ainsi qu'aux régents et à leurs familles. Il
précise qu'elles étaient leur propriété. Quant au reste de l'agglomération, il se composait de
maisons en bambou.
21. Luc Nagtegaal, Rijden op een hollandse tijger, p. 209, citant une lettre du résident Santijn de
Surabaya au marchand-chef Ter Smitten de Semarang en date du 26 août 1727.
22. G.H. von Faber, Oud Soerabaia, p. 23.
23. Cf. une histoire manuscrite, en hollandais, et sans titre, de la famille Tjoa, rédigée par Tjoa Sie
Si les renseignements contenus dans les tablettes ancestrales sont sûrs, ceux
renfermés dans les généalogies ne laissent pas de poser des problèmes. En ce
qui concerne la famille Han par exemple, nous avons réussi à en retracer cinq,
deux en chinois et trois en malais (3°). Il s'en faut que les renseignements
qu'elles nous fournissent coïncident parfaitement, ce qui rend l'interprétation
parfois difficile. Pour ce qui est des Tjoa, il n'existe plus, semble-t-il, qu'un
tableau romanisé adapté du chinois au XXe s.(31).
Ce qui est intéressant toutefois, c'est que les familles Han et Tjoa font
remonter l'histoire de leurs ancêtres jusqu'en Chine, alors que les deux
généalogies des The ne commencent même pas avec le premier immigrant à Java,
mais seulement avec des personnes nées à Surabaya et sans qu'aucune
indication de génération ne soit donnée (32). Le fait que les premiers emigrants Han
Boekoe-Peringetan, The Sie Siauw Yang Tjohbiauw (Vereeniging The Goan Tjing), 1883-1939,
Soerabaja, 1939, 109 p. Voir aussi, Ong Hokkam, «The Peranakan Officers' Families in
Nineteenth Century Java», in Papers on the Dutch-Indonesian Historical Conference Held at Lage
Vuursche, The Netherlands, 23-27 June 1980, Leiden Jakarta, Published by the Bureau of
Indonesian Studies under the Auspices of the Dutch and Indonesian Steering Committees of the
Indonesian Studies Programme, 1982, pp. 278-291.
30. En ce qui concerne les trois généalogies en malais, la première suspendue dans le temple des
Han, se présente sous la forme d'un grand tableau donnant, en cercles concentriques, les noms des
descendants du fils cadet de Han Siong Kong, Han Bwee Kong. La deuxième (appelée ci-dessous
généalogie de Surabaya), conservée en 1981 dans la résidence du secrétaire du temple, Han Poo
Tjoan (mort en 1985, nom indonésien K.P. Handayakusuma, un petit-fils de Han Tjoei Wan, 1815-
95, voir plus bas), se compose de 136 grandes feuilles dactylographiées; elle se rapporte à la
même branche de la famille, mais donne en plus, de façon non systématique, les lieux de
naissance, de résidence et de mort des intéressés, le nom de leurs épouses et parfois aussi quelques
indications sur la profession des pères de ces dernières. La troisième, conservée dans une famille de
Sidoarjo, est en très mauvais état; elle concerne uniquement la descendance de Han Tjien Kong ou
Soero Pernollo, le fils de Han Siong Kong qui s'est converti à l'islam (nous devons ce document à
Madame Silas de Surabaya qui a bien voulu nous introduire dans cette famille). Pour ce qui est des
deux généalogies en chinois, la première, comportant une préface de 1926 et des appendices
concernant les tombes, les tablettes ancestrales et une liste des membres de la famille Han qui ont
fait carrière comme fonctionnaires, nous fut d'abord procurée par Chen Dasheng de l'Académie
des Sciences Sociales du Fujian en 1989 et une photocopie nous en fut ensuite donnée, lors d'une
visite à Tianbao la même année ; les descendants de Guanyou y sont divisés en quatre branches ;
celle concernant les ancêtres de Han Siong Kong s'arrête brutalement à la génération de son
grand-père, Xiu, pour lequel le nom de son épouse est mentionné, mais non ceux de leurs deux
fils. La seconde généalogie conservée en Hollande (dont nous avons obtenu une copie grâce au Dr.
Go Gien Tjwan) est beaucoup plus courte et pose plusieurs problèmes ; elle se compose de deux
parties ; la première, avec un petit texte introductif, donnant la liste des ancêtres en Chine et celle
des descendants de Han Siong Kong en Indonésie ; les informations concernant les ancêtres en
Chine concordent avec celles contenues dans la généalogie de Tianbao. La seconde se rapporte
apparemment à un cousin de Han Siong Kong, Boe Siong (Wuxiong) qui était natif de Tianbaozhai
(un village muré avec une porte comportant une inscription datée de Qianlong 2 soit 1737 (voir
illustration in Archipel 41, p. 57). Boe Siong est supposé être arrivé à Sumenep, Madura, à une
date qui n'est pas précisée, y avoir ouvert une boutique et s'être marié avec la fille d'un Chinois
du lieu, un certain Lu Fosi. Nous avons réussi à retrouver quelques tombes de la fin du XIXe s., à
Malang et à Kalianget, Madura, dont les noms coïncident avec ceux de cette dernière généalogie
(cf. W. Franke, C. Salmon & A. Siu, Chinese Epigraphic Materials in Indonesia, II (2), L 11.2.2;
L 11.2.5 ; L 8.1.1). En étudiant de plus les deux généalogies en chinois, il apparaît que Han Siong
Kong et Han Boe Siong avaient le même ancêtre, Junbei, nom personnel Nanya.
31. Cette généalogie, assez courte, est suspendue dans le temple des Tjoa, tout comme celle des
ancêtres de Nyai Roro Kiendjeng (voir pi. 24).
32. L'une a été reproduite dans l'ouvrage commémorant le cinquantenaire du temple des The,
tandis que l'autre est conservée à Sidoarjo, chez Madame Go Giok Yan, la personne qui nous a
également procuré la généalogie des Han convertis à l'islam.
et Tjoa aient apporté avec eux leurs généalogies laisse penser qu'ils n'étaient
pas issus des couches les plus humbles; par contre, si les généalogies des The
sont discrètes sur l'origine de la famille, c'est sans doute qu'ils ne se
connaissaient pas d'ancêtres éminents en Chine.
Le premier emigrant ?
Han Siong Kong (Han Songgong, nom posthume Chunde) qui était né à
Lubianshe, Tianbao, en 1673, partit pour les Mers du sud à une date qu'il n'est
33. Nous avons déjà eu l'occasion de présenter les Han de Java Est dans cette revue {Archipel 41
1991, pp. 53-87). Nous ne reprendrons ici que ce qui est nécessaire pour mener à bien une
comparaison avec les familles Tjoa et The.
34. La monographie de la préfecture de Zhangzhou {Zhangzhou fuzhi, 1111) mentionne le nom de
Han Hong parmi les lauréats à l'examen de la capitale pour l'année en question (juan 16, p. 6b).
Toutefois son lieu d'origine n'est pas mentionné.
35. Cf. ci-dessus note 30.
1
Kik Ko (1766-1813) Thee Long (1766-1815) Tok Sing GakLong Khoen Long TiangAn Swie Kong
ép. Liem Khiam Nio ép. Oei Tjien Kin (1768- (1773-1839) ép. Lie (1774-1828) musulman
(1771-94). cap. 1826). cap. Surabaya ép. Liem Ien ép. Tjan Tjoe descendant
Pasuruan, Tumangung Nio (m. 1801) Ioe (1780-1809)
Probolinggo (1810-13) lieut Gresik
I I
-Tjan
Liem. Goan cap. ép. Oei, SamTjiat Toen Ho (1799- Goan Tien Wirjoadi-
SamHoo 1851) ép. Oei Koesomo
Probolinggo (1847-60)
-Tjan Sing
ép. Ong
pas possible de préciser, aux alentours de 1700. Selon un petit texte en chinois
introduisant la liste des tablettes ancestrales conservées dans le temple de
Surabaya (voir pi. 8), il s'établit à Lasem et, en 1743, mourut à Rajegwesi
(actuelle Bojonegoro, une petite ville située au sud-est de Lasem). Il fut
enterré à Binangun, près de Lasem, où de fait on peut encore voir sa tombe qui a été
réparée en 1766. La tradition veut qu'une forte pluie se soit mise à tomber lors
de l'enterrement et que son cercueil, abandonné par ses enfants dans la forêt,
ait été enseveli magiquement. Le défunt se serait vengé de ce manque de piété
filiale en maudissant toute sa descendance. Jusqu'à présent, les Han n'osent
toujours pas passer par Lasem (36\ Toutefois la tablette de Han Siong Kong est
conservée dans le temple ancestral des Han de Surabaya.
Han Siong Kong avait eu cinq fils et, selon les sources, deux ou quatre
filles (37). Un de ses fils Tjien Kong (ou Soero Pernollo, 1720-1776) se
convertit à l'islam (38\ tandis que les autres, Tjoe Kong, Kien Kong, Hing Kong et
Bwee Kong conservaient leurs coutumes et croyances traditionnelles. Ces cinq
frères et leurs descendants garderont des rapports entre eux malgré leurs
options religieuses différentes. Les convertis auront tendance à épouser des
Javanaises, alors que les autres prendront femme dans le milieu chinois per-
anakan. Toutefois, une réelle distinction apparaît au niveau des généalogies.
Les convertis, qui rapidement se font une place dans l'élite locale, constituent
leur arbre généalogique à la façon des familles priyayi, tandis que les enfants
restés de culture chinoise, continuent à porter des noms chinois. Les cinq fils
de Han Siong Kong sont nés à Lasem d'une mère dont on ignore même le nom,
vu qu'elle ne possède pas de tablette funéraire. Toutefois, la généalogie de
Surabaya note, sans plus de précisions, qu'elle portait le patronyme Tan<39).
36. On dit à Surabaya que ce sont les Han convertis à l'islam qui entretiennent la tombe. On
trouvera une photographie de cette tombe dans Archipel 41, p. 67.
37. Quatre selon la tablette ancestrale de Han Siong Kong conservée dans le temple ancestral de
Surabaya (Geniang, Wainiang, Renniang et Tianniang) et deux selon les généalogies en malais
(Pien Nio et Poen Nio). On ne connaît rien d'autre sur elles.
38. Selon J. Hageman, «De Adipatti van Bezoeki op Java 1811-1818», in 7/JV./., 1865, p. 447,
deux fils de Han Siong Kong se convertirent, à savoir King Sing (apparemment Kien Kong) ou
Djajeng Tirtonoto et Hing Sing ou Soero Pernollo. Hageman a confondu les noms, car selon les
généaologies, c'est Tjien Kong qui est identifié à Soero Pernollo; cf. aussi Heather Sutherland,
«Notes on Java's Regent Families», Indonesia, 16, 1973, p. 145, qui se base sur Hageman.
Derrière la graphie hollandaise Soero Pernollo, se cache bien évidemment le nom javanais Suro
Pranolo.
39. En ce qui concerne l'origine de la famille Han de Java, J. Hageman, « De Adipatti van Bezoeki
op Java 1811-1818», p. 447, rapporte que vers 1742, peu après le massacre des Chinois, un certain
Han Hin Song (Han Siong Kong ?) se convertit sous le coup de la peur et épousa la fille du régent
de Rajegwesi.
que Hing Kong et Tjien Kong, ou Soero Pernollo, s'établirent à Besuki (4°).
Selon Hageman, Soero Pernollo entra au service de Hendrik Breton qui fut
successivement nommé résident de Rembang, Opperhoofd de la «Pointe Est»
en 1763 et Raad van Indië en 1768. Soero Pernollo devint son bras droit
comme gezaghebber de ses trois vaisseaux et ensuite comme collecteur des taxes
maritimes à Surabaya ainsi que comme chef de la police de Panarukan, avec le
titre javanais de Ingebei Soero Pernollo (1768-76). Il devait être finalement
son héritier. Par l'intermédiaire de Soero Pernollo, Han Bwee Kong obtint, dès
1768, un contrat de location du district de Besuki pour lequel il devait payer
en échange 1 000 rixdales et fournir 10 koyan de riz annuellement à la
Compagnie. En 1777, il loua également le district de Panarukan contre une
somme annuelle de 500 dollars espagnols (41).
Han Bwee Kong fut apparemment le premier membre de la famille Han à
être nommé capitaine. On ne sait pas exactement comment il fit ses débuts à
Surabaya. Il est à penser qu'il fut aidé par son beau-père, un certain Chen
(Tan) Heguan (1672-1744), dont la tablette est conservée dans le temple
ancestral des Han, dans un petit autel particulier situé à l'arrière de l'autel
principal où sont rangées les tablettes des Han et de leurs épouses (42\ On a vu
plus haut que dès le début du XVIIIe s., plusieurs personnes portant le nom de
Tan occupaient à Surabaya des fonctions importantes. Han Bwee Kong se
maria avec Chen Ciguan (1730-1778), au plus tard en 1748, vu que l'aîné de
leurs enfants, Kwee Bing naquit en 1749 (v. pi. 10) <43). Selon la généalogie de
Surabaya, Han Bwee Kong eut douze fils (l'un étant mort semble-t-il en bas
âge) et deux filles (en fait au moins onze). Parmi eux, cinq furent nommés
capitaines à Juana, Surabaya, Pasuruan, Probolinggo et Gresik respectivement.
Le plus jeune, Han Swie Kong, devint musulman, épousa une javanaise et
s'établit à Prajekan (voir la généalogie de la famille Han). La tombe de Han
Bwee Kong et de sa femme se trouve toujours dans l'ancien cimetière de Pasar
Bong. Elle fut érigée par leurs dix fils (l'un d'eux ayant été donné en adoption)
et leurs onze filles ainsi que par leurs petits-fils, dont un était regardé comme
étant l'héritier principal (Guozhu, nom personnel Soe Sik, v. pi. 14). Sur
l'inscription, le capitaine est identifié sous le nom de Zhensi, «celui qui ébranle
Surabaya» (v. relevé de l'inscription pi. 9 et, dans Archipel 41, photo, p. 67).
Après sa mort survenue en 1778, Han Bwee Kong fut remplacé par son
troisième fils, Han Chan Piet (1759-1827) qui hérita des titres de location des
districts de Besuki et Panarukan et fut nommé lieutenant à Surabaya avant
d'être promu à la charge de capitaine, fonction qu'il garda jusqu'en 1810. En
1796, les Hollandais lui conférèrent même un droit exclusif à vie sur ces deux
40. Cf. J. Hageman, «De Adipatti van Bezoeki op Java 1811-1818», p. 447.
41. Realia, Register op de générale resolutiën van het Kasteel Batavia, 1632-1805, 's-Gravenhage-
Batavia, vol. II, 1885, p. 64.
42. Bien que l'usage d'introduire les tablettes des parents des épouses dans le temple ancestral de
la famille du mari soit fréquent à Surabaya, il aurait été jugé incongru en Chine. Voir la
reproduction de sa tablette ancestrale dans Franke, Salmon & Siu, Chinese Epigraphic Materials in
Indonesia, II (2), L 1.13.
43. Idem, L 1.13.3-5.
districts (44). Toutefois, six ans plus tard, une décision du gouvernement en
date du 3 juillet 1800, recommandait qu'après la mort du capitaine, on veille à
placer ces deux districts sous l'autorité de deux régents (45). Après que
Daendels eut été nommé gouverneur général des Indes néerlandaises, il eut
l'idée, on le sait, de vendre des districts entiers à des particuliers afin d'obtenir
les fonds nécessaires à son gouvernement. C'est ainsi qu'en 1810, Han Chan
Piet, qui venait de donner sa démission de capitaine de Surabaya (46\ acquit les
territoires de Besuki et de Panarukan. Encouragé par les succès de ces
mesures, Daendels décida de vendre aussi le territoire de Probolinggo, dont les
revenus étaient maigres, à Han Kik Ko (1766-1813), un des frères de Han
Chan Piet, qui était alors capitaine à Pasuruan et qui s'était parallèlement lancé
dans l'exploitation de la canne à sucre (47>. Il fut installé en grande pompe dans
ses nouvelles fonctions, reçut la permission de porter les armes, de s'installer
dans la résidence du régent et, enfin, de prendre le titre de Baba
Tumanggung (48\
Les avis des Européens sur ce système de gestion instaurant «des États
dans l'État» sont partagés. Certains y ont vu un mode de gestion permettant la
mise en valeur de régions arriérées, tel l'officier français Ch. F. Tombe <49), tel
encore David Hopkins qui, dans un rapport à Raffles, notait que sous Han Kik
Ko, la superficie des rizières avait augmenté dans le district de Probolinggo,
tandis que l'irrigation et les transports y avaient été considérablement
développés (5°). D'autres, au contraire, ont considéré cette autonomie comme une sour-
44. John Bastin, «The Chinese Estates of Java during the British Administration», in Essays on
Indonesian & Malayan History, Singapore, Donald Moore Books, 1961, p. 92.
45. Realia, vol. Ill, 1886, p. 220.
46. « Memorial of J.A. van Middelkoop Late Landrost of the Eastern Part of Java to his Successor
Mr P.A. Goldbach, 24 novembre 1810», in Mackenzie Collection (Private 6, p. 210), India Office
Library; cf. aussi J.A. van der Chijs éd., Nederlandsch-Indisch Plakaatboek, Batavia, 1897, vol.
16, 5 Hooimaand 1810, pp. 254-55.
47.H.J. Domis, De Residence Passoeroeang op het eiland Java, 's-Gravenhage, H.S.J. de Groot,
1836, pp. 18-19, note qu'en venant de Bangil près du poste dit Bandongan, il a encore vu le
moulin à sucre de feu Han Ti Ko (alias Han Kik Ko), en face de son ancienne demeure.
48. J.A. van der Chijs éd., Nederlandsch-Indisch Plakaatboek, Batavia, 1897, vol. 16, 23
Lentemaand 1811, pp. 620-21 . Voir planche pour un relevé de sa tombe à présent disparue.
49. Ch. F. Tombe, Voyage aux Indes Orientales pendant les années 1802, 1803, 1804, 1805 et
1806, Paris, Arthur Bertrand, 1811, t. II, p. 25, raconte comment, venant de Banyuwangi et ayant
traversé une zone déserte, il est heureux d'arriver dans la région de Panarukan : «Enfin à 3 heures
de l'après-midi, nous sortîmes du désert. Nous entrâmes dans une plaine immense, parsemée de
bosquets et de champs de riz. Quel contraste avec la solitude que nous quittions ! Quelle
jouis ance n'éprouve-t-on pas à la vue de la nature vivante, embellie par l'art, après soixante-douze heures
de séjour et de marches dans les forêts désertes ! Nous passâmes ensuite près d'un village, dont je
ne me souviens plus le nom. Nous le laissâmes sur notre droite, et à 5 heures du soir, nous
arrivâmes à Panaroukan, chef-lieu de l'ancien royaume de ce nom, dont un riche Chinois est le chef.
Nos mandors nous conduisirent chez lui. Il nous attendait, et d'excellents lits étaient préparés dans
des chambres. Il occupe une maison très vaste, bâtie en planches, et dont la façade ressemble à
celle d'un théâtre. Il nous fit servir de suite du thé et des fruits confits.»
50. Cité d'après J. Bastin, «The Chinese Estates of Java during the British Administration», p. 96.
Ce dernier auteur (p. 95) donne d'intéressantes précisions sur l'introduction de nouvelles cultures :
« At the time of the sale of Besuki lands were producing not only padi and large quantities of
maize, but also various fruits, which were exported to Pasuruan, Surabaya, and Madura. So successful
had the fruit industry become that immediately prior to the British invasion the Chinese had
forced the people to plant water-melons, which were sold for a total sum of 4 000 Spanish dollars.
ce d'abus de pouvoir et, sans doute aussi, comme une menace latente pour
l'autorité coloniale. Pour la période de Raffles, la population de ces domaines
particuliers a été estimée à 80 000 habitants, dont la moitié était établie sur le
territoire de Probolinggo. Le gouvernement anglais qui souhaitait racheter ces
territoires trouva en 1813 une conjoncture favorable; en effet, les partisans de
l'ancien régent de Pasuruan, qui, avec l'installation de Han Kik Ko, s'étaient
trouvés dépossédés de leurs revenus, avaient, semble-t-il, fomenté un
soulèvement qui se termina par la mort du Baba Tumanggung et le rapatriement de sa
famille à Pasuruan (51). Par ailleurs, il semblerait que les redevances que les
deux propriétaires devaient payer annuellement au gouvernement aient été
assez lourdes par rapport aux revenus réels. Peu après la mort de son frère,
Han Chan Piet fit une déclaration officielle sur laquelle on peut certes aussi
s'interroger : il faisait savoir qu'il n'était plus en mesure de payer son dû et
demandait à rétrocéder le domaine (52\
The increase in cultivation had been effected by advancing money and tools to the people, who
had been attracted to the Chinese estates from the Oosthoek districts by means of free distributions
of rice during periods of famine, and from Madura whence many had fled to escape military
service.»
51. Peu avant que n'éclate le soulèvement, le résident de Surabaya, Goldbach, écrivait en ces
termes à Raffles : «If there be a place where rebellion may be apprehended, it is in Probolingo
where there are still a number of relations of the former Regent, who (through his removal) have
been deprived of the best dessas and rice-fields and whose discontenment with the Chinaman-
landholder have been very evident.» Cité d'après R. Dubois St Marc, «Probolingo under British
Occupation», China Journal of Sciences and Arts, 24, 1936, p. 143. Pour d'autres interprétations
des causes du soulèvement, voir J. Bastin, «The Chinese Estates of Java during the British
Administration». Voir le relevé de la tombe de Han Kik Ko et de son épouse, pi. 12.
52. J. Bastin, «The Chinese Estates of Java during the British Administration», p. 99.
53. Sur le plan de Surabaya de 1821, le nom de Han Kik Ko figure encore comme propriétaire
d'un terrain à l'est du quartier chinois, en bordure de la Rivière Pako.
54. Robert Elson, Javanese Peasants and the Colonial Sugar Industry, Impact and Change in an
De la même façon Han Chan Piet, qui lui aussi était déjà propriétaire de
terres dans la région de Surabaya (55), se vit offrir, après avoir rétrocédé ses
deux districts, divers terrains, dont un connu sous le nom de Manukan (à
l'ouest de Surabaya) et qui produisait du riz. Il échut à son fils Han Kok Tie
(1805-1844) qui fut un temps lieutenant à Surabaya, puis passa aux mains du
fils de ce dernier, Han Liong Kong (1840-1908), qui lui aussi assuma la
fonction de lieutenant (56). On sait également qu'en 1815, Han Chan Piet se porta
acquéreur d'un autre domaine à Petunjungan qui, après sa' mort, passa
successivement à son fils Han Kok Ping (? - 1897), un temps lieutenant de Surabaya,
et à son petit-fils Han Siok Hian (1838-191 1)<57>.
Han Soe Siek (1767-1827), lieutenant à Surabaya, avait également des
terres dans les environs de la ville et peut-être aussi dans la région de
Sidoarjo <58>. Son fils aîné, Han Tiauw Kie (1790-1871) qui, à la mort de son
père, «hérita» de sa fonction de lieutenant, créa en 1835 à Ketapang (région
de Tanggul Angin), une des premières grandes fabriques de sucre (59). Le fils
et le petit-fils de ce dernier, Han Tjoei Wan (1815-95, v. pi. 16), un temps
lieutenant à Surabaya, et Han Khong Gie (1851-1932) comptaient parmi les
grands fabricants de sucre. Ils accrurent leur capacité de production grâce à
des contrats de location de domaines. Trois des fils de Han Khong Gie : Ing
Hwie (m. en 1909), Sing Hwie et Toan Hwie (1884-1933) travailleront avec lui
et l'aideront à développer l'entreprise dans d'autres directions. Ainsi par
exemple, ils géreront les monts-de-piété et investiront dans l'immobilier. Ing
Hwie et Toan Hwie créeront en effet chacun une entreprise immobilière (Jbouw
maatschappij) en vue de l'achat de parcelles et de la construction
d'immeubles, tant à Surabaya qu'à Lawang et Singasari^60). Afin qu'une partie
de ce capital puisse demeurer indivis, Han Khong Gie, créa en 1901, la
Vereeniging Lam Yang Tjoe Soe ou « Association du temple ancestral des Mers
du sud», à laquelle il légua, dit-on, quelque six cents maisons dont les revenus
seuls devaient faire l'objet de partage entre les héritiers (61).
Le second fils de Han Soe Siek, Han Tiauw Hien (1790-1884), qui fut un
temps lieutenant à Surabaya, avait aussi hérité de terrains dans la région de
Ketapang où il produisait du riz et de la canne à sucre. Cette dernière
production devait être développée par ses trois fils, Ting Tjiang, Ting Tjoen et Ting
Hway, qui, vers 1870 au plus tard, avaient passé des contrats avec Tanggul
Angin (au sud de Sidoarjo) et pareillement investissaient leurs profits dans
East Java Residency 1830-1940, Singapore, Oxford University Press, 1984, pp. 20-21.
55. Le nom de Han Chan Piet apparaît également sur le plan manuscrit de 1821.
56. Cf. De Locomotiev, 4 août 1904.
57. Cf. Notulen van de Bataviaasch Genootschap van Kunsten en Wetenschappen, 1905, Bijlage
X.
58. Son nom apparaît également sur le plan manuscrit de Surabaya de 1821.
59. Cf. G.H. von Faber, Oud Soerabaia, p. 179.
60. Information orale recueillie à Surabaya en 1983.
61. Les statuts de la Vereeniging Lam Yang Tjoe Soe ont été publiés dans le Javasche Courant en
date du 1er février 1901. L'association existait toujours en 1990 et avait son siège Jl. Ketapang ; au
cours des ans, une partie des biens immobiliers lui appartenant ont été vendus. Voir la photo de la
façade dans Archipel 41 , p. 73.
l'immobilier. Un fils de Han Ting Hway, Han Tjiong Khing, devint un des
plus gros propriétaires fonciers de Surabaya (62\ Parallèlement, il exerça des
charges administratives pendant plus de trente ans (1889-1924), assumant
successivement les fonctions de lieutenant, capitaine et major. Avec son mandat,
se termina à Surabaya, le système d'administration indirecte de la communauté
chinoise.
Il s'en faut qu'il soit toujours facile de suivre les descendants de Han Bwee
Kong dans leurs diverses entreprises. Ainsi par exemple, on perd rapidement
les traces des petits-enfants de Han Kik Ko à Pasuruan. On ne sait pas
comment se transmit leur héritage dont il a été question plus haut. Certes Han Ing
Liong (1786-1847), fils d'un frère de Han Kik Ko, fut nommé capitaine de
Pasuruan (ca. 1828-1847), ce qui laisse supposer qu'il avait des attaches dans
cette région. De fait, il adopta un des petits-fils de Tik Ko, Siok Kie, qui plus
tard devint capitaine à Pasuruan (1862-1869) tout en gérant diverses affaires,
dont des fabriques de sucre à Sukorejo (district de Pasuruan) et une entreprise
de location de voiture de chevaux de poste pour le trajet Surabaya-Pasuruan,
qu'il administrait avec deux de ses parents, établis respectivement à Sidoarjo
et à Surabaya (63). Quelques-uns des petits-fils de Kik Ko allèrent s'établir
ailleurs (notamment à Probolinggo, Surabaya et Madura), tandis que d'autres
faisaient souche à Pasuruan, mais la généalogie de Surabaya les ignore.
Il semble bien pourtant, à en juger par les prénoms qui permettent en partie
de distinguer les générations, que les trois magnats du sucre de Pasuruan : Han
Hoo Lam (m. en 1893), Han Hoo Tjoan (qui fut capitaine de 1881 à 1886) et
Han Hoo Tong, issus de deux frères ou de deux cousins, Han Swie Lian et Han
Swie Hien, ne soient autres que des descendants de Han Kik Ko. En effet la
généalogie de Surabaya mentionne un arrière-arrière petit-fils de Han Kik Ko,
Han Swie Tian, qui était installé à Plered près de Pasuruan où précisément les
trois magnats avaient un contrat d'exploitation de canne à sucre (64). Ils en
avaient d'autres à Sarirejo, Ngempit, Pengkol et Klurahan^65). Tout comme
leurs parents de Surabaya, ils réinvestirent dans l'immobilier. Han Hoo Tong
avait à cet effet créé une entreprise intitulée Bouw Maatschappij Han Hoo
Tong qui, après sa mort, fut reprise par sa veuve Ong Ik Nio et un de ses fils,
Han Tiauw Tjhiang^66). Ce dernier était également célèbre pour ses
investissements dans les chevaux qu'il faisait courir à Singapour et jusqu'en Péninsule
malaise (Ipoh, Kuala Lumpur et Pinang)^67). Les trois magnats, qui étaient
quasi inséparables dans les affaires, créèrent aussi des associations funéraires
62. On peut suivre les propriétaires à travers les rubriques annuelles du Regerings Almanak
concernant l'état des propriétés particulières dans la circonscription de Surabaya; on trouve
également dans cette collection, d'une façon non moins systématique, mention des contrats de location
de domaines auprès du gouvernement pour la culture de la canne à sucre.
63. Bintang Timoer, 1er mars 1865.
64. Cf. Handboek voor Cultuur-en Handelsondernemingen in Nederlandsch-Indïè , Amsterdam,
1888, p. 241.
65. Ces trois contrats sont mentionnés dans le Regerings Almanak des années 1870-80.
66. Ci.Javasche Courant, 17 août 1917.
67. Cf. Tan Hong Boen, Orang-orang Tionghoa jang terkemoeka di Java, Solo, The Biographical
Publishing Centre, [1935], p. 35.
68. Cf. Javasche Courant, 23 janvier 1906, où sont publiés les statuts.
69. Cf. Javasche Courant, 12 juillet 1910.
70. Cf. Javasche Courant, 13 décembre 1929 et 12 novembre 1935.
71. Après l'indépendance de l'Indonésie, eut lieu une nouvelle vague de migrations vers l'Europe,
essentiellement les Pays-Bas, mais aussi l'Amérique et l'Australie.
72. Cf. Mackenzie Collection, Private 82 (n° 26, p. 268 sq) : «Of the Present State & Management
of the district of B angel = Bangil, with an account of the origin & history of the celebrated Kiai
Dipatty Sooro-Adi-Nogoro = Kyai Dipati Sura Adinegara, Knight of the Order of Holland at
present Tumanggung = Tumengung of Tuban = Toeban » (India Office Library, Londres).
73. J.J. de Labillardière, Relation du voyage à la recherche de la Pérouse, Paris, An VIII de la
République, t. II, p. 313.
74. Cf. Ch. F. Tombe, Voyage aux Indes Orientales pendant les années 1802, 1803, 1804, 1805 et
1806, t. II, pp. 44-45 et l'auteur d'ajouter : «Voulant savoir jusqu'où ses connaissances allaient en
géographie, j'ouvris une de mes malles, et lui montrai une carte d'Europe, et une de France; après
les avoir examinées, et s'être orienté, il m'y indiqua toutes les villes qu'il m'avait déjà citées. Sur
le désir qu'il me manifesta d'en avoir de semblables, je les lui donnai, ce qui lui fit un extrême
plaisir. »
75. Mackenzie Collection, Private bag 82 (n* 26, p. 267) : «Geographical and Statistical
Description of the Regency of Bangil Part of the District of Passarouang ».
76. Ch. F. Tombe, Voyage aux Indes Orientales pendant les années 1802, 1803, 1804, 1805 et
1806, t. II, p. 45.
77. Ch. F. Tombe, Voyage aux Indes Orientales pendant les années 1802, 1803, 1804, 1805 et
1806, t. II, p. 46.
78. Cf. ci-dessus note 72; cf. aussi J.A. van der Chijs éd., Nederlandsch-Indisch Plakaatboek,
Batavia, 1897, vol. XIV (1808), p. 775.
79. Ch. F. Tombe, Voyage aux Indes Orientales pendant les années 1802, 1803, 1804, 1805 et
1806, t. Il, p. 45.
80. Mackenzie Collection, Private bag 82, p. 269 et suiv. : «List of the Regents belonging to &
under the East Point and their children», traduit du hollandais en 1812.
81. Cf. J. Hageman, «Bijdragen tot de Kennis van de residentie Soerabaia», TJV.7. 1 (1859), p.
118.
82. Cf. Heather Sutherland, «Notes on Java's Regent Families», p. 145.
83. Cf. F. Tombe, Voyage aux Indes Orientales pendant les années 1802, 1803, 1804, 1805 et
1806, t. II, pp. 29-31.
partie détruite pendant la Guerre des Taiping (1850-60), la famille est arrivée à
reconstituer l'histoire de ses ascendants venus s'installer dans un petit village
du nom de Tjoa Poa (Caifan), «Versant de la montagne des Tjoa»(87), très
vraisemblablement dans la seconde moitié du XVe s/88). Ils s'y adonnaient à
l'agriculture et devaient connaître une certaine aisance, vu que la famille avait
un temple ancestral et que Tjoa Tjhong (1702-1741), le père du premier
immigrant à Java connu, avait laissé un testament.
L' extraordinaire destinée de Tjoa Kwie Soe (1739-1793)
Les débuts de l'histoire de Tjoa Kwie Soe ont peut-être été embellis au
cours des temps (v. pi. 26); il est à noter que nous n'avons pas eu accès à des
sources écrites antérieures au XXe s. Lorsqu'il arriva avec sa jonque à
proximité de Sidayu, vers 1753, il rencontra une barque dont les occupants lui
demandèrent de les laisser monter à bord et de les cacher. Les Hollandais
avaient pris le pouvoir à Surabaya en 1743, et avaient gardé le système de
double régence instauré par Mataram, pour mieux contrôler la région. Lorsque
le premier régent (de la branche aînée, Kesepuhan) mourut au début des années
1750, le second régent (de la branche cadette, Kanoman) pensa qu'il allait
pouvoir obtenir la régence à part entière. Mais la Compagnie ne l'entendait pas
de cette oreille et nomma un remplaçant, Setionegoro, originaire d'Ambarawa.
Furieux de cette décision, le régent de la branche cadette se révolta. C'est
pendant cette période troublée que la jonque de Tjoa Kwie Soe arriva et sauva les
fugitifs parmi lesquels se trouvait Nyai Roro Kiendjeng, une fille de l'ancien
régent de Pasuruan, Kiai Toemanggoeng Angga Djaja.
Lorsque les Hollandais eurent repris le contrôle en 1758, ils nommèrent à
nouveau deux régents, Raden Adipati Tjondro Negoro et Toemanggoeng
Djojodirono, qui se trouvaient être les frères de Nyai Roro Kiendjeng (89). En
récompense de son aide, Tjoa Kwie Soe se vit alors autorisé à épouser Nyai
Roro Kiendjeng, à la condition qu'après sa mort, cette dernière serait enterrée
parmi les siens. De fait, on peut encore voir sa tombe dans le cimetière
musulman d'Ampel, fortement restaurée dans les années 1930, aux frais de la famille
Tjoa (v. pi. 25).
On retrouve ensuite Tjoa Kwie Soe établi dans la rue principale du quartier
chinois de l'époque (actuelle Jl. Karet), où il possède une maison et s'adonne
au commerce du riz en gros. Grâce à ses bonnes relations avec la famille des
régents, il obtient un certain nombre de fermes, dont celle des taxes. Sur la fin
de sa vie, tout comme Han Kik Ko à Kraton, il amorce dans la région de
Sidoarjo, une exploitation de canne à sucre et fait construire un moulin à
traction animale (90\
87. Il est difficile à localiser avec certitude, car dans la préfecture de Zhangzhou on trouve
plusieurs villages portant ce nom.
88. Estimation faite à partir du nombre de générations, tel qu'il est donné par Tjoa Sie Wan,
op. cit.
89. L'anecdote est rapportée dans The Boen Liang, Riwajat familie Tjoa, sans pagination. Sur la
nomination des deux frères de Nyai Roro Kiendjeng, voir aussi Heather Sutherland, «Notes on
Java's Regent Families», p. 142.
90. Idem.
Selon une brève généalogie conservée dans le temple ancestral des Tjoa à
Surabaya, Kwie Soe aurait eu au moins deux fils, Phik Kong (1768-1837) et
Kie Sing. Mais l'histoire n'a conservé le souvenir que de l'aîné. Kwie Soe, le
fit éduquer à la chinoise et lui fit honorer la tablette funéraire de son propre
père dont il avait fait faire un double - la tablette originale étant conservée
dans le temple de Tjoa Poa. Lorsque Tjoa Kwie Soe meurt en 1793, il laisse à
son fils aîné un héritage confortable qui va lui permettre de développer ses
affaires, notamment de construire une maison dans le quartier chinois et de se
trouver à la tête de deux magasins <91).
91. The Boen Liang, «Riwajatnja Familie Tjoa di Soerabaja», où est reproduite l'attestation de
propriété de la plus ancienne maison des Tjoa (celle où est à présent le temple ancestral), datée du
4 novembre 1793 ; Tjoa Sie Wan, op.cit.t quant à lui, parle de deux maisons.
92. Tjoa Sie Wan, op.cit. (ci-dessus note 23).
93. Cf. Coloniaal Verslag, 1875, Bijlage RR, 1-2.
101. Sur un relevé du texte de la stèle funéraire de Liem Ing alias Liem Tjhan Sam, autrefois
située dans le nouveau cimetière, juste à côté de celle du capitaine Han Bwee Kong, conservée
chez feu le secrétaire du temple ancestral des Han, son titre de capitaine ne figure pas. Toutefois à
en juger par sa tombe aussi grande que celle du capitaine Han Bwee Kong, on peut penser qu'il
jouissait d'un certain statut social (v. pi. 19). D'après les tablettes conservées dans le temple des
The (v. pi. 23), il apparaît qu'un parent de Liem Ing, Liem Tianglo ou encore Lin Huaijing avait
également pris femme chez les Han. Celle-ci appelée Han Sik Nio (nom posthume Djioe Soen) ne
figure pas dans la généalogie de Surabaya.
de celui-ci, Ing Liem (né en 1785), épouse, nous dit-on, la fille de Kwee Koe
Tjong, capitaine à Surabaya (108). Ses enfants et surtout ses petits-enfants
travaillent aussi dans l'exploitation du sucre, soit comme propriétaires de terrains
particuliers, tels les fils et les petits-fils de Boen Pin qui ont des biens tout
autour de Surabaya, notamment à Bubutan, Bagong Dukuh, Karah, Wonokirti
Bong et Gudo^109), soit comme administrateurs de plantations, tels le fils aîné
de Boen Hoo, Yan Hie (1857-1922), qui passe une grande partie de sa vie à
Sidoarjo d'où il surveille les fabriques de sucre de Tanggul Angin et de
Ketintang qui sont alors la propriété du lieutenant Han Tiauw Hien (1790-
1884). On peut encore voir la maison qu'il se fit construire en 1896 au bord de
la grand route (juste en arrivant dans la ville lorsqu'on vient de Surabaya) et
dans laquelle sont conservés les portraits du propriétaire et de l'administrateur.
Enfin, pour avoir une image plus complète, il faudrait aussi pouvoir suivre
tous les membres de la famille The qui étaient allés s'établir dans d'autres
villes de Java, telles Sidoarjo, Pasuruan, Probolinggo, Mojokerto, Blitar,
Malang, Bondowoso, Babat, Semarang..., tout en gardant des liens avec leurs
parents de Surabaya O10). Nous ne citerons, à titre d'exemple, que le cas de
The Tik Goan, un arrière-petit-fils de The Goan Tjing, semble-t-il, qui avait
hérité des fabriques de sucre de son père Siok Lian, dans la région de Surabaya
et qui, après avoir épousé une fille de Oei Tjie Sien (1835-1900), autre
fabricant de sucre de Semarang, alla s'établir dans cette ville où il fut nommé
lieutenant (1901-1904) <in).
Pouvoir économique
L'insertion de ces trois familles dans l'économie locale s'est faite par
adaptations successives. Elles sont passées par le commerce du riz à grande
échelle, les fermes et l'acquisition de terres, pour mieux se lancer dans l'agriculture
commerciale : canne à sucre, arbres fruitiers dans la «Pointe Est», riz, indigo,
cocotiers aux alentours de Surabaya, puis café dans les régions plus fraîches de
Malang. Il va de soi que ces choix successifs ont été dictés par la politique
menée en matière économique par les différents dirigeants locaux et coloniaux.
108. Les Kwee de Surabaya étaient issus de la grande famille Kwee de Semarang, cf. ci-dessus
note 23. Nous n'avons pas retrouvé par ailleurs mention de ce capitaine. Mais pour le XIXe s., on
trouve au moins trois membres de la famille Kwee parmi les chefs de la communauté : Kwee Le
Bing qui fut lieutenant de 1827 à 1846, Kwee Kang Boen qui fut d'abord lieutenant (1856-1873)
puis capitaine
XXe s., Kwee honoraire
Liang Thaij(1874-1876),
qui eut la fonction
Kwee Tjande capitaine
Hoe qui fut
(1913-1926)
lieutenant (cf.
(1896-1911)
Regeringset,Almanak
pour le
voor Nederlandsch-Indie, Batavia).
109. Leurs noms apparaissent dans le Regerings Almanak pour les années 1880.
110. Ils sont mentionnés à plusieurs reprises dans le Boekoe-Peringetan.
111. Arnold Wright, Twentieth Century Impressions of Netherlands India, p. 546. En 1910, The
Siok Lian et son fils fondent un temple ancestral indépendant; cf. Javasche Courant, 3.6. 1910,
pp. 612-613.
112. Cf. Ng Chin-keong, Trade and Society, The Amoy Network on the China Coast 1683-1735,
National University of Singapore, Singapore University Press, 1983.
113. J.A. van der Chijs, Nederlandsch-Indisch Plakaatboek, Batavia, 1895, vol. 13, 27 Julij 1802,
p. 482, où il est dit que l'on autorise l'utilisation de coolies chinois dans les moulins à sucre ; les
jonques en provenance d'Amoy, au Fujian, pourront en amener chacune 600, pour les grandes, et
400, pour les petites.
114. Tel Han Tiauw Tjong (1894-1940), né à Probolinggo, qui alla poursuivre ses études en
Hollande et, en 1921, fut diplômé de l'Ecole Supérieure Technique de Delft. Sa thèse sur
l'industrialisation de la Chine {De industrialisatie van China) fut publiée en 1922 chez Martinus Nijhoff,
avec une préface en français du Ministre de Chine à La Haye, Wang Kuangky.
115. Les banques établies ultérieurement le seront aussi par des gens venus d'ailleurs, telle la
Banque Be Biauw Tjoan fondée d'abord à Semarang en 1916 et qui ouvrit également une
succursale à Surabaya. Cette dernière connut de sérieuses difficultés à la fin des années 1920 et dut
finalement fermer ses portes. Elle était alors gérée par Be Tjiat Tjong (né en 1889) qui était, tout
comme Han Tiauw Tjong, diplômé de l'Ecole Supérieure Technique de Delft. Sur la triste fin de cette
banque, voir Kwee Yan Tjo, De Javasche Bank contra Bank Be Biauw Tjoan, Semarang, Terminus
[ca. 1930].
détint ainsi 98 des 100 actions (v. pi. 17) ; ses deux fils, Han Kwat Tjee et Han
Kwat Tjay, n'en possédaient qu'une chacun, mais ce sont eux qui prirent la
direction de l' affaire (116).
Chaque percée dans un nouveau secteur économique supposait une bonne
connaissance du système juridique hollandais. Bien que jusqu'au début de ce
siècle, les Chinois n'aient pas eu, sauf à de rares exceptions, la possibilité
d'étudier le droit dans les écoles hollandaises, ils s'y intéressèrent très tôt et
certains devinrent des sortes de «conseillers juridiques», tel l'entrepreneur
Tjoa Tjwan Lok (1860-1926), qui, dit-on, n'hésitait pas à prodiguer son
assistance à ses confrères.
116. Les statuts de la société furent publiés dans le Javasche Courant du 1er Août 1899. Elle
existait encore en 1983.
117. Tjoa Sien Hie, Luitenant titulair en Mandarijn 5 klas, Atoeran Hak Poesaka orang Tjina. Dan
hal mengangkat anak, tersalin dari Kitab hoekoem Taij Tjhing Loet Lie, Soerabaia, Gebr.
Gimberg, 1900 (voir pi. 31); le texte malais était accompagné d'une traduction en hollandais.
G. Schlegel, sinologue hollandais bien connu, qui fut un temps aussi Conseiller des Affaires
chinoises auprès du gouvernement colonial, écrivit un compte rendu fort élogieux de cette double
traduction (T'oung Pao, Série II, vol. 1, 1900, pp. 501-502) dans lequel il dit notamment : «Nous ne
pouvons qu'applaudir aux efforts que font nos lettrés chinois dans nos colonies, de rendre
accessible à leurs compatriotes illettrés ainsi qu'aux Européens, une exacte idée de la législation et de la
littérature chinoise ».
118. Cf. Handboek voor Cultuur-en Handelsondernemingen in Nederlandsch-Indïê, 1888, p. 278.
119 Cf. Boekoe-Peringetan, p. 36.
120. Il était fréquent à Surabaya, de trouver dans le temple ancestral d'une certaine famille, des
personnes portant un autre nom, pas seulement au niveau de la gestion, comme c'est le cas ici,
mais aussi parmi les personnes autorisées à déposer leurs tablettes après leur mort. On a eu
l'occasion de voir que les descendants de Han Bwee Kong avaient fait une place spéciale à la tablette de
Chen Heguan ; pareillement, les The acceptèrent d'abriter les tablettes des Liem (cf. Boekoe-
Peringetan, p. 36), et les Tjoa celles des Tan à partir d'un certain Tan Ing Liong et aussi celle des
Yap. Le temple ancestral des Liem se trouvait en face de celui des The (v. pi. 18) ; il fut
désaf ecté, sans doute en rapport avec la dislocation de la famille qui commença vers 1905.
branche des Han de Malang, les filles se réintroduisent dans la généalogie avec
leurs époux et leurs enfants, et ce dès la fin du XIXe s., ce qui, là aussi,
représente une nouveauté par rapport aux habitudes chinoises. Elles influent
également pour faire introduire dans les temples ancestraux de leurs belles-familles
les tablettes de leurs propres ancêtres. Chose encore plus surprenante, certains
temples ancestraux sont construits pour des femmes et leurs proches parents,
tel celui édifié en l'honneur de Te(e)ng Oei Nio, épouse de Teng Hin Kok (qui
fut successivement lieutenant, 1874-1893, et capitaine honoraire, 1893-1913, à
Surabaya) (121). L'année suivante un parent (?) du capitaine, un certain Teng
Eng Kiong entreprend même d'ériger une association en l'honneur de sa
femme encore vivante (Vereeniging Tan Han Nio) destinée à fonctionner
également comme un temple ancestral, et il obtient l'accord des autorités
hollandaises (122).
L'adoption, qui a été instituée en Chine pour permettre aux personnes sans
enfants d'avoir tout de même une descendance, est une pratique courante. On
est particulièrement bien renseigné pour les Han grâce à la généalogie de
Surabaya qui note chaque cas. D'une façon générale, les enfants adoptés sont
choisis dans la famille ; c'est presque une obligation pour ceux qui ont de
nombreux enfants d'en céder à leurs frères qui n'en ont pas. Toutefois, certains
enfants peuvent être pris à l'extérieur et perdre ainsi leur patronyme d'origine
pour prendre celui des parents adoptifs.
Langues et cultures
II est difficile de se faire une idée de la complexité du monde culturel dans
lequel ces familles évoluaient. Il semble qu'il y ait eu au moins trois facettes,
la chinoise, la locale et l'occidentale dont l'importance varie selon les
circonstances et l'époque. Au niveau de la langue, par exemple, le chinois parlé
disparaît graduellement à partir de la troisième génération pour ne plus être
utilisé que par écrit, dans la vie officielle et religieuse. Il y avait des secrétaires et
des traducteurs pour communiquer les avis touchant l'ensemble de la
communauté, de même des spécialistes étaient chargés de rédiger en chinois le
contenu des tablettes funéraires et de calligraphier les inscriptions tombales. Dans la
vie quotidienne, le malais gagnait, semble-t-il, du terrain. Si, à la fin du
XVIIIe s. ou au début du XIXe s., des membres de la famille Han
correspondaient en javanais (123) et si Tjoa Djien Hoo (1814-90) se plaisait à lire des
textes chinois et javanais, en 1850, The Goan Tjing rédigeait son testament en
malais (124). On sait que c'est dans cette langue que des auteurs de la famille
Han, tel Kiai Mas, dans la seconde moitié du XIXe s., et Han Bing Hwie, vers
121. Cf. Javasche Courant, 29 avril 1887, qui donne les statuts de l'association en hollandais et
Bintang Timoer, 9 mai 1887, qui en publie la traduction malaise.
122. Cf. Javasche Courant, 10 août 1888, Vereeniging Teeng Oei Nio; Bintang Soerabaja, 16
nov. 1888.
123. On a notamment conservé une lettre de Han To Ko (probablement Han Tok Sing, 1773-1839,
un fils de Han Bwee Kong); cf. Th. G. Pigeaud, «Javanese and Balinese manuscripts etc.,
Descriptive Catalogue», in Verzeichnis der Orientalischen Handschriften in Deutschland, Bd.
XXXI, Wiesbaden, 1975, p. 206.
124. Cf. la reproduction de la dernière page de son testament dans le Boekoe-Peringetan, p. 6.
1920, composent leurs poésies <125). Enfin en 1887, Tjoa Tjwan Lok publie le
Bintang Soerabaia. Certes, certains apprennent toujours le chinois, tel Tjoa
Sien Hie, mais rien ne prouve qu'ils l'utilisaient oralement. Lorsque celui-ci,
en 1887, reçoit dans sa demeure le général Ong Ing Ho (Wang Ronghe), venu
de Chine en visite semi-officielle, ce dernier est accompagné de son interprète
(126).
Lors des grandes fêtes collectives du XIXe s. marquant les nominations des
chefs de la communauté chinoise avaient lieu des processions qui rappelaient
celles organisées en Chine pour les mandarins se rendant à leur nouveau poste.
Plusieurs chefs s'étaient d'ailleurs vu conférer des titres honorifiques par le
gouvernement mandchou. Ainsi, par exemple, The Goan Tjing qui aurait reçu
un titre de l'Empereur Xianfeng (1851-61) (127> ; tel encore Tjoa Sien Hie qui,
à la suite de la venue de Ong Ing Ho, fut nommé mandarin de 5e classe. Mais
le même Tjoa Sien Hie entretenait aussi des rapports privilégiés avec
l'aristocratie locale, avec laquelle sa famille se sentait toujours liée. Il avait ainsi reçu
du régent de Bangil un superbe gamelan qui, jusqu'au début des années 1980,
était encore la propriété de ses descendants (voir pi. 30) (128).
Les chefs de la communauté se font construire, comme il était de rigueur,
des maisons de style colonial, d'abord en ville, puis à la campagne. Les
temples ancestraux même, sauf celui des Tjoa qui est établi dans la maison
d'origine, montrent un mélange de styles. À l'intérieur de celui des Han, par
exemple, les colonnes ne sont plus en bois comme c'était traditionnellement
l'usage, mais en fonte, et proviennent de Glasgow (v. pi. 7). Sur les portraits
des ancêtres de la famille Han, on peut suivre également l'évolution de
l'habillement ; des costumes de mandarin de Han Bwee Kong, Han Soe Siek et
Han Tjoei Wan, on passe au vêtement occidental avec Han Kwat Tjhee (m. en
1901), administrateur de la N.V. Maatschappij Tan Tiam Nio.
125. Han Bing Hwie a notamment composé un poème sur l'arrivée à Java de Han Siong Kong :
«Sair Penghidoepan Han Song Kong atawa Tiongkok-Java», in Tjerita Baroe, série 13, 5 juin
1924, 32 p. Malheureusement, la chronologie n'est pas conforme à la réalité; l'auteur fait arriver
le héros à Java à la fin du XVIIIe s.
126. Sur la visite de Ong Ing Ho à Surabaya, voir le Bintang Timoer (n° des 9, 10, 12, 14 et 22
février et 8 mars 1887) ainsi que le Bintang Soerabaia du 19 août de la même année.
127. Cf. Boekoe-Peringetan, p. 3.
128. On en trouve une photographie dans The Boen Liang, «Riwajat familie Tjoa». Les grandes
familles peranakan ne dédaignaient pas non plus la musique occidentale. M.T.H. Perelaer, Het
Kamerlid van Berkenstein in Nederlandsch-Indïé, Leiden, 1883, pp. 157-165, donne une
pittoresque description d'une soirée dansante chez le major The Boen Ke, à laquelle prend part le
Français Montauban qui, parlant des sœurs du major, s'écrie : «Mais ce sont les Parisiennes de
l'Asie».
conservée jusqu'à nous. A partir de 1825, nous pouvons suivre dans le détail
les diverses nominations des chefs de la communauté qui sont mentionnés dans
le Regerings Almanak. Le titre de major semble avoir gardé un caractère
spécialement honorifique et ne sera conféré de façon régulière qu'à partir de
1874.
Il apparaît très nettement que les The, qui ont pris de l'ascendant dès le
début du XIXe s., gardent pratiquement sans interruption le contrôle de la
communauté jusque vers 1920. Ils fournissent continuellement des capitaines et
des lieutenants, ils se caractérisent encore par le fait qu'ils comptent le plus
grand nombre de majors : le premier fut nommé en 1837, le deuxième en 1874,
le troisième en 1888 et le dernier en 1907.
Les Han viennent en deuxième position en ce qui concerne le XIXe et le
XXe s. Il y a certes un bon nombre de lieutenants et de capitaines, très souvent
honoraires, à émaner de cette famille, de sorte que celle-ci partage
pratiquement toujours le pouvoir avec les The; toutefois, le titre de major ne leur fut
conféré qu'une seule fois en 1914.
Les Kwee produisent quatre lieutenants (nommés respectivement en 1827,
1856, 1898 et 1913) sans qu'on puisse seulement savoir quels étaient leurs
liens de parenté ni même s'ils descendaient du capitaine Kwee Koe Tjong dont
le nom est attesté pour le XVIIIe s. Les autres familles n'apparaissent que dans
la seconde moitié du siècle dernier et de façon sporadique (les Liem en 1860,
les Tjoa en 1869, les Tan en 1874, les Tie en 1884, les Teng en 1889 et les
Tjan en 1894), voire même au début du XXe s. (les Tjia en 1906 et les Oei en
1913). Autant qu'on puisse savoir, ces dernières familles appartenaient aussi
au monde peranakan et s'étaient lancées dans l'exploitation d'entreprises
agricoles et de fermes. Ainsi par exemple, les Teng avaient en 1889 le monopole
du transport du sel entre Madura et Surabaya (129), tandis que Tan Hie Sioe (né
ca. 1874 et nommé lieutenant en 1906), qui appartenait à une famille établie à
Java depuis quatre générations, gérait des monts-de-piété, possédait de grandes
plantations de tabac et avait aussi obtenu du gouvernement des concessions
d'exploitation forestière (13°).
On voit donc que la répartition du pouvoir était doublement articulée. Elle
reflétait les alliances économiques au sein de la communauté et, en même
temps, une politique d'équilibre menée par le gouvernement colonial qui
entendait choisir ses « fonctionnaires » en fonction de leur contribution au
développement économique tel qu'il l'entendait.
129. Cf. De Indische Tolk van het Nieuws van de Dag, 15 octobre 1889.
130. Arnold Wright, Twentieth Century Impressions of Netherlands India, p. 546 : «Mr Tan Hie
Sioe, Lieutenant of Chinese at Sourabaya, is a man of some thirty-five years of age who has
travelled extensively. His ancestors migrated from China some four generations ago, and the various
members of his family have made Java their home ever since. His commercial interests are varied.
In addition to having control of a number of pawnshops, he owns large tobacco plantations, from
where considerable quantities of leaf, bearing the trade mark " Soedinegoro " find their way
annually to European markets. He has also a concession for cutting teak.» Les lecteurs français
seront peut-être contents de savoir que le consulat français de Surabaya est installé dans
l'ancienne résidence de Tan Hie Sioe.
131. J. Hageman, «Bijdragen tot de kennis van de Residentie Soerabja», TH.L, 1859, 1, p. 18.
132. On trouvera une liste plus détaillée en ce qui concerne les professions artisanales dans G.H.
von Faber, Oud Soerabaia, p. 184.
133. Cf. notre article : «Commerces ambulants et insertion sociale à Surabaya vers la fin du
XIX* s.-». Archipel 37, 1989, pp. 297-326.
dans les examens (14°).» Cet enseignant, dont Albrecht ne nous donne pas le
nom, semble bien être Tjioe Ping Wie (m. ca. 1894) (141> qui, selon Kwee Tek
Hoay, était natif de Surabaya et avait bel et bien fait des études en Chine. Il
avait ouvert dans le Gang Khawal, une école avec un curriculum très moderne,
la Lam Yang Hoen Boen Kwan ou «Ecole des Mers du sud», au plus tard à la
fin des années 1870. C'est à cette époque que remonte le culte du dieu de la
littérature, Wenchang, et de Confucius. Toujours selon Kwee Tek Hoay, Tjioe
Ping Wie aurait fait publier à Shanghai, en 1881, une petite notice en chinois
sur Confucius et l'aurait ensuite distribuée dans la communauté chinoise de
Surabaya (142). En 1887, le même personnage imprimait chez Gimberg un
calendrier mural en chinois à l'usage des marchands et donnant, outre les
équivalences entre les calendriers hollandais et chinois, les fêtes selon les nations ;
l'année y était comptée en fonction du règne de l'Empereur Guangxu (1875-
1908) et, fait tout à fait nouveau, en fonction de la date de naissance de
Confucius (143>.
Toutefois, le premier temple à avoir été dédié à un dieu de la littérature en
1884, le fut à Wenchang, d'où le nom de Boen Tjhiang Soe {Wenchang ci). Il
était situé Jl. Kapasan, sur un terrain qui avait été donné par le major The
Boen Ke, et, bien que cela ne soit pas dit expressément, le bâtiment abritait
très certainement une école. Les stèles commémoratives de 1884 et 1887 ne
comportent pas de textes susceptibles de nous renseigner sur la façon dont
l'édifice a été créé. On ne trouve que deux listes de donateurs avec en face le
montant de leurs dons, soit pour la première quelque 250 noms, et pour la
seconde, quelque 230, ainsi que ceux de l'administrateur Go Tek Lie et de son
adjoint Louw Toen Siong sur lesquels on ne sait rien ; à en juger par le
montant de leurs cotisations, ils devaient compter parmi les très grands marchands
du moment. On note dans les deux cas que la date est comptée selon le règne
de Guangxu et, nouveauté, à partir de la naissance de Confucius.
140. J.M.E. Albrecht, «L'instruction primaire chez les Chinois de l'île de Java», traduit du
hollandais et annoté par A. Marre, in Annales de l'Extrême-Orient, Paris, 1881, tiré à part, p. 5.
141. Voir la description que nous en a laissée un ancien élève, traduite en français dans C. Salmon
& D. Lombard, «Confucianisme et esprit de réforme dans les communautés chinoises d'Insulinde
(fin XIXe s.-début XXe s.)», in En suivant la voie royale, hommage à Léon Vandermeersch, sous
presse.
142. Kwee Tek Hoay, « Merajaken kalahiran Nabi Khong Hoe Tjoe menoeroet itoengan Yang
lek», Moestika Dharma, Batavia, Oct. 1934, p. 1189.
143. Cf. une annonce publiée dans le Bintang Soerabaia du 9 décembre 1887.
144. Arnold Wright, Twentieth Century Impressions of Netherlands India, p. 550, lui consacre une
petite notice : «As general exporters and importers this firm was established in 1889 by Mr Go
Hoo Swie, its present proprietor. Coffee and sugar are exported to China, the Straits Settlements,
and British India, while rice, matches, and flour form the chief articles imported. The firm also
carries on an extensive trade in native products in the interior of Java, its trade mark, " Yan Tjwan
Eng", being exeedingly well known. Mr Go who is a native of Amoy, arrived in Java in 1874. He
is a member of the advisory Board of the China Life Insurance Company in Shanghai. In
Sourabaya he holds the office of President of the Confucian Temple, and is a member of the
Chinese Chamber of Commerce. »
145. Idem, p. 548. En 1934, sa firme avait un magasin situé dans Kampung Baru au n° 45.
146. Idem, p. 549. En 1929, il rachète le journal Sin Jit Po et, le 29 novembre de cette même
année, fonde la N.V. Handel Mij en Drukkerij Sin Tit Po. Dès le premier décembre, le quotidien
paraît sous le nouveau nom de Sin Tit Po. Tan Tjoen Goan recruta son neveu Tan Ling Djie (1904-
1970) et l'envoya comme correspondant en Europe.
147. Djie Hong Swie arrivé à Java en 1886, pour s'occuper de deux magasins appartenant à des
membres de sa famille, faisait de 1' import-export avec la Chine et avait des agences dans tout Java
Est. Il eut six enfants qui reçurent une éducation occidentale ; cf. Wright, Twentieth Century
Impressions of Netherlands India, p. 550. La famille Tjio était déjà très nombreuse à Surabaya à la
fin du XIXe s., si on en juge par les noms des donateurs inscrits sur les stèles des temples à
Wenchang et à Confucius. Ils créèrent une dizaine de firmes d 'import-export qui commençaient
toutes par le mot Hap (Hap Lie, Hap Tik, Hap Eng, etc.) ainsi qu'une très grande entreprise, la
Djoe Tik fondée en 1885. Vers 1908, cette dernière faisait le commerce entre Surabaya, Singapour,
Hong Kong, Saigon et Bangkok et possédait ses propres bateaux pour le trafic du riz et du sucre.
Pour plus de détails sur ces grand marchands voir Arnold Wright, Twentieth Century Impressions
of Netherlands India, pp. 548-50.
148. Cf. Arnold Wright, Twentieth Century Impressions of Netherlands India, p. 548 et 547 pour
une reproduction de son magasin (façade et intérieur); voir aussi W. Feldwick éd., Present Day
Impressions of the Far East and Progressive Chinese at Home and Abroad, London, 1917, p.
1167.
sont toujours des représentants des grandes familles peranakan. On les voit
successivement donner de leur personne pour l'établissement d'une école
chinoise digne de ce nom - la Hoo Tjiong Hak Tong ou « Ecole pour l'harmonie
des masses », fondée en 1903 -, transformer le Temple du Dieu de la littérature
en Temple à Confucius, en 1899, créer la première Chambre de commerce
chinoise de la ville en 1906 et prendre à deux reprises, en 1902-1904 et en 1908,
la direction de boycotts contre la firme hollandaise Handelsvereeniging
Amsterdam <149).
149. Le boycott, qui fit alors beaucoup de bruit, était en fait le résultat d'une limitation injustifiée
de la durée du crédit octroyé par la grande firme d'import-export, la Handelsvereeniging
Amsterdam, auprès des grossistes chinois. La campagne commencée en 1902 dura jusqu'en 1904
sous la direction de Tio Tjee An et Tio Siek Giok qui plus tard seront dans le comité de la
Chambre de commerce. Tio Siek Giok (cf. Arnold Wright, Twentieth Century Impressions of
Netherlands India, pp. 548-49) était en fait spécialisé dans la vente en gros de produits
alimentaires et de vins et était également l'approvisionneur attitré des chemins de fer de Java ainsi que
des cantines militaires. Il possédait de plus un domaine dans la région de Mojokerto où il cultivait
des kapokiers, des caféiers, des poivriers, des cacaotiers, etc. L'affaire passa au tribunal et la firme
hollandaise fut condamnée à verser une indemnité; pour plus de détails, voir J.B. Houten, «De
Chineezen beweging te Soerabaia tegen de Handelsvereeniging Amsterdam», Weekblad voor
Indië, 29 mai 1904, pp. 4-7; cf. aussi Lea Williams, Overseas Chinese Nationalism. The Genesis
of the Pan-Chinese Movement in Indonesia, 1900-1916, Glencoe, Illinois, The Free Press, 1960,
pp. 188-89.
150. Cf. Nio Joe Lan, Riwajat 40 taon Tiong Hoa Hwe Koan Batavia, 1900-1939, Batavia, 1940 ;
cf. aussi Lea Williams, Overseas Chinese Nationalism. The Genesis of the Pan-Chinese Movement
in Indonesia, 1900-1916, et notre article dans Archipel 2, 1971, pp. 55-100. En ce qui concerne
Surabaya on possède toutefois un petit opuscule publié pour commémorer le cinquantenaire de
l'école de la T.H.H.K. et qui contient une brève histoire des débuts de l'éducation moderne : Buku
peringetan hari ulang tahun ke 50 (1903-1953) T.H.H.K. Surabaja, Surabaja, T.H.H.K., 1953, pp.
12-13. A en juger par la maigreur des documents reproduits, il est à penser qu'au moment de la
préparation de l'opuscule les archives de l'association n'existaient plus.
151. Pour plus de détails sur l'histoire de ce parti en Asie du Sud-Est, voir C. Salmon & D.
Lombard, «Confucianisme et esprit de réforme dans les communautés chinoises d'Insulinde».
152. Ils furent publiés dans le Javasche Courant du 20 mai 1904.
153. Arnold Wright, Twentieth Century Impressions of Netherlands India, 1909, p. 546, présente
son exploitation de bois comme la plus importante et la plus moderne de tout Java Est : « For
many years, the firm have held enormous forest concessions from the government in Semarang,
Kediri, Rembang and Sourabaya districts, but it was not until five years ago that the partners
increased the scope of their undertakings by erecting large saw-mills. Previously their activities
had been confined to the purchase and export of timber. The saw-mills are well situated at
Petjindelan, on the banks of a navigable river, providing easy communication with the harbour,
and they are connected by several special lines with the State Railways in the forests. The
machinery with which they are equipped is of modern English manufacture.» Voir aussi l'étonnante
description de l'exploitation qu'en donne pour les années 1920 Allister Macmillan, Seaports of the
Far East. Historical & Descriptive Commercial & Industrial Facts, Figures & Resources, London,
W.H.L. Collingridge, 2d éd., 1925, p. 372. Il est dit notamment que l'établissement occupait une
superficie de 20 000 mètres carrés, employait 300 ouvriers et utilisait les machines les plus
modernes sous la direction de techniciens européens. L'entreprise existait toujours sous le même
nom dans les années 1980, mais elle était désormais située Jl. Cepu.
154. Lorsque Tan Hian Goan abandonna ses fonctions, il reçut une décoration du ministre de
l'Éducation de Chine qui lui fut remise en grande pompe ; cf. Buku peringetan hari ulang tahun ke
50 et Weekblad voor Indie, 1918-19, p. 445.
155. Cf. Darmo Kondo, Solo, 2 mars 1905 ; Javasche Courant, 14 février 1908, n" 13. On ne sait
pas comment cette «Ecole des amis du progrès» fut créée. Peut-être s'agit-il de l'école
confucéen e dépendant du Wen miao et inaugurée, selon la presse de Singapour, le 10 mars 1902; cf. Liang
Yuansheng, Xuanni fuhai dao Nanzhou - Rujia sixiang yu zaoqi Xinjiapo huaren shihuishiliao
huibian, « Confucius passe les mers en direction des îles du sud. Recueil de matériaux pour
l'histoire des Chinois de Singapour et de la pensée confucéenne», Xianggang, Zhongwen daxue chu-
banshe, 1995, pp. 140-141.
156. Cf. le Javasche Courant du 14 février 1908.
157. Cf. Buku peringetan hari ulang tahun ke 50.
158. Cf. Buku peringetan hari ulang tahun ke 50. Elle existait encore à la fin des années 1930 ; son
nom est cité dans Liu Huanran, Heshu dongyindu gailan (titre anglais : Sketch of the Netherlands
East Indies), Singapour, 1939, p. 87.
159. Voir la liste donnée par Liu Huanran, op. cit. ■
160. Elle aurait été replacée dans un petit temple du Kampung Dukuh, le Hong Tik Hian (Fengde
xuan), construit en 1899 en l'honneur d'une divinité du sud du Fujian, Guo shengwang. Au-dessus
de l'autel central, figure un panneau horizontal daté de 1893, ce qui laisserait supposer qu'un plus
petit temple ait existé antérieurement. Quoi qu'il en soit, on trouve bien, sur l'autel latéral droit,
une petite statue de Wenchang.
161. Ce texte a été reproduit dans Liang Yuansheng, Xuannifuhai dao Nanzhou, pp. 137-138. Il a
été également traduit en français dans C. Salmon & D. Lombard, « Confucianisme et esprit de
réforme dans les communautés chinoises d'Insulinde (fin XIXe-début XXe s.)».
162. Cette idée a surtout été répandue dans les années 1930 ; cf. « Karangan orang-orang Tionghoa
di Soerabaja setengah abad jang laloe», Sin Po hebdomadaire, 28 nov. 1936, p. 1 sq.
163. C. Salmon & D. Lombard, «Confucianisme et esprit de réforme dans les communautés
chinoises d'Insulinde (fin XIXe-début XXe s.) ».
164. On peut en juger par le nombre impressionnant des noms de donateurs qui figurent sur les
stèles de 1906. Ces stèles sont reproduites dans W. Franke, C. Salmon & A. Siu, Chinese
Epigraphic Materials in Indonesia, vol. II (2), L 1.2.6 (1-2).
170. Depuis son arrivée à Java en 1879, Lie Siong Hwie a travaillé pour la firme Kian Goan de
Semarang fondée par Oei Tiong Ham dont on a vu le nom plus haut. Vers 1906, il prit la direction
de la succursale de Surabaya, mais il figure parmi les donateurs n'ayant contribué à l'érection du
Temple à Confucius que pour la modeste somme de 20 florins. Quelque deux ans plus tard, il était
nommé président de la chambre de commerce chinoise de Surabaya. En 1918, il succède à Tan
Hian Goan en tant que président de la T.H.H.K.
171. L'annonce officielle de l'imprimerie et de la librairie parut dans le Javasche Courant du 30
novembre 1909 ; elle est suivie de la liste des administrateurs : président Tan Hian Goan,
commissaires : Ong Tjien Hong, Lie Siong Swie, Tio Siek Giok et Tjio Poo Liauw.
172. Cf. Lea Williams, Overseas Chinese Nationalism, p. 109.
173. Cf. «De Chineesche relletjes», Weekblad voor Indië, jrg. VIII, 1912, pp. 1109-1112 et 1131-
1134.
174. Né en 1879 dans la province du Henan, il avait d'abord étudié en Angleterre, puis était allé,
en 1891, continuer ses études au Japon et, en 1901, s'était rendu à Sydney pour animer un journal
chinois; cf. Tjhoen Tjhioe, 8 juillet 1914.
175. Cf. Javasche Courant du 17 juin 1913. L'ébénisterie à Surabaya semblait déjà bien
développée à la fin du XIXe s. Justus van Maurik, Indrukken van en Totok, Indischen typen en schetsen, p.
346, note que dans la maison du lieutenant The Toan Ing figurent des meubles sculptés, de façon
très artistique, par un certain Poei Tjing Tik qui par la suite eut la mauvaise idée de faire de faux
billets de banque. Parmi les chefs-d'œuvres de ces artisans, un est encore visible dans le Hok An
Kiong (Fu'an gong); il s'agit du «bateau des immortels» (xiandiao) suspendu juste au-dessus de
la porte d'entrée du temple. Il a été offert en 1889 par la communauté marchande cantonaise (voir
pi. 40). L'association était encore très dynamique à la fin des années 1920 ; en 1927 en particulier,
elle créa une école du soir à l'usage de ses membres et revendiqua une augmentation des salaires.
176. Ses statuts ont été publiés dans le Javasche Courant du 9 février 1915. A l'époque son
président était Oei Kang Goan, un des fondateurs de la Chambre de commerce, qui possédait une
entreprise de construction. En 1938, l'association gérait une école primaire et publiait un journal le
Yurong ribao qui de quotidien devint mensuel et prit le nom de Yurong yuebao; cf. Xinjiapo
Fuqing huiguan qishi zhounian jiniankan, 1910-1980, Singapour, 1980, pp. 130-131.
177. Ce système de prêt a été violemment critiqué, voire interdit par les autorités pendant les
années 1920 ; ils faisaient eux-mêmes du colportage dans les campagnes ce qui leur donnait aussi
l'occasion de vendre à crédit aux villageois; cf. notamment V.B. van Gutem, «Tjina Mindering,
Eenige aantekeningen over het Chineesche geldschieterswezen op Java», Koloniale Studiën, jrg 3,
1919, 1, pp. 106-150.
178. Cf. Overzicht van de Maleisch-Chineesche en Chineesche Pers, 1921, n° 20, p. 23 citant le
Sin Po du 31 octobre 1921.
179. Voir ci-dessus note 147.
180. Les statuts en ont été publiés dans le Javasche Courant du 14 août 1914. De plus, la présence
des Japonais à Surabaya devint rapidement menaçante. En 1925, ils avaient déjà établi une école :
la Nippon Jinkai (cf. Sin Bin, 26 septembre 1925) et parlaient d'établir une grande entreprise de
pêcherie {Sin Bin, 5 novembre 1925) ; enfin, l'année suivante ils prévoyaient la fondation dans
cette ville d'une chambre de commerce japonaise (cf. Djawa Tengah, 4 octobre 1926).
181. Leur association était déjà officialisée en 1924 ; cf. Thay Kong Siang Po, 22 septembre 1924.
182. Cf. Soe Pin Sin Po, 14 avril 1930. Les noms des membres, classés géographiquement,
figuraient sur une stèle datée de 1938 et située dans l'arrière-cour du siège de l'association. Elle
existait encore au début des années 1990. Voir pi. 45.
Groupements d'entraide
La multiplication des associations se poursuit également dans d'autres
directions au fur et à mesure que la communauté s'appauvrit avec l'arrivée
d'immigrants démunis en nombre grandissant, mais aussi sous l'effet d'une
concurrence accrue avec les hommes d'affaires japonais extrêmement
compétitifs (185) L'année 1921 marque le début des problèmes économiques. On voit
quelques patrons s'organiser par profession, tels les fabricants de meubles can-
tonais qui fondent la Tong Seng Kong Hwee pour mieux défendre leurs
intérêts (186).
Mais plus dramatiques sont les efforts faits pour aider les chômeurs. Dès
1921, se crée une sorte de syndicat appelé Kang Tong (gong dang) ou
« Association des travailleurs », pour assister les ouvriers nécessiteux ; un texte
paru dans le Soe Pien Djiet Po du 20 juin 1923 précise que, pour se conformer
aux principes du Guomin dang, celle-ci, dans ses statuts, prendra le nom de
«coopérative professionnelle». On ne sait pas grand chose sur les
organisateurs, mais il ne fait guère de doute qu'ils devaient être engagés politiquement.
Ils donnaient des représentations théâtrales afin d'obtenir des fonds pour leurs
œuvres sociales. Selon le Sin Po (édition chinoise) en date du 16 août 1923,
une organisation rivale, la Tjit Giap Hoe Tjoe Sia ou «Association d'entraide
professionnelle», créée vers le même moment, refuse quant à elle toute
collaboration avec le Guomin dang et le Kang Tong. Les Cantonais veulent aussi
faire bande à part en fondant la Tiong Hoa Ping Bin Sip Gee Hwee ou
« Société d'entraide pour les Chinois pauvres » ; selon le Soe Pin Djit Po du 20
janvier 1923, elle se donne pour objectif d'aider les Cantonais sans profession
à apprendre un métier. Elle utilise les locaux de la société funéraire Gie Hoo
Hwee Koan dont il a été question plus haut. Toujours en 1923, une autre
association de secours, connue seulement sous son nom indonésien deVereeniging
Kaum Miskin Tionghoa ou «Association des Chinois pauvres», se réunit dans
183. Elle était située Jl. Waspadan; ses statuts avaient été publiés dans le Javasche Courant du 13
avril 1920 ; une stèle placée à l'intérieur de l'édifice, datée de 1920, en commémore la fondation.
184. Cf. Liu Huanran, Heshu dongyindu gailan, p. 97, où est donnée une liste chronologique des
écoles établies à Surabaya.
185. Voir ci-dessus note 180.
186. Les statuts de cette association sont publiés dans le Javasche Courant du 18 novembre 1921.
tandis qu'en fait elle est dirigée par le marchand The Kian Sing (né à Surabaya
[1880-1937], et d'éducation chinoise) qui, en 1917, devient le directeur du
journal sino-malais Pewarta Soerabaja (fondé en 1905) (19°). Bien qu'il ait
attiré dans le comité plusieurs marchands influents et également membres de la
Chambre de commerce, tels Tjio Poo Liauw, Pwee Swie Goan, Tio Tjie An et
Tan Hian Goan, il semble que graduellement la fédération se soit surtout
occupée des problèmes propres aux Peranakan.
En ce qui concerne les œuvres sociales, ils réussissent à créer un orphelinat
(1922), le Thay Tong Bong Yan qui existe toujours dans la Jl. Undaan
Kulon (191). En 1931, il compte 41 garçons et 20 filles. Le combat pour la
création d'un hôpital demande plus de temps (192). Bien qu'une campagne eût
été lancée dès le milieu des années 1920, à l'instar de Batavia où le Jang seng
le venait d'être fondé, en 1925 (à l'instigation du Dr Kwa Tjoan Sioe,,1893-
1948), ce n'est qu'en 1929 que les statuts du Soe Swie Tiong Hwa le Wan,
déposés à l'initiative du Dr Oei Kiauw Pik, sont officialisés (parmi les
membres du comité figure l'homme d'affaire local bien connu Liem Seng
Tee^193)); toutefois, l'hôpital n'est réellement ouvert qu'en 1931, dans la Jl.
Undaan Wetan, où il existe toujours, et se trouve désormais dirigé par une
association appelée Perkumpulan Adi Husada<194). L'hôpital depuis son début
dispense des soins sans distinguer l'origine des patients.
Quelques associations à but éducatif sont également créées, mais les
réalisations sont tardives. L'influence grandissante de la culture occidentale sur les
Peranakan qui, depuis 1908, ont fait des études dans les écoles sino-hollan-
daises, freine le développement de l'enseignement du chinois; dès les années
1920, les méthodes d'enseignement des professeurs de la T.H.H.K. sont
fortement critiquées. L'idée lancée à Malang, par Koo Liong Ing (1898-1980), de
créer des écoles sino-malaises pour les enfants des Peranakan pauvres est for-
190. Cf. Javasche Courant, 9 avril 1914. Pour plus de détails sur la biographie de The Kian Sing,
voir Leo Suryadinata, Eminent Indonesian Chinese. Biographical Sketches, Singapore, Gunung
Agung, 1981, pp. 142-143.
191. Si les statuts de l'orphelinat ont bien été publiés en 1922, il existait déjà antérieurement une
institution charitable qui avait été créée en 1902 à l'initiative de The Gwat Nio, épouse du futur
major des Chinois, Han Tjiong Khing ; cf. Oei Liong Thay, «Thay Tong Bong Yan», Sin Po
(hebdomadaire), 16 octobre 1937, p. 20.
192. Notons toutefois que dès 1911 une association d'entraide avait été fondée sous le nom de
Tong Tjie le Sia pour créer une sorte de dispensaire à l'usage des Chinois nécessiteux de la ville.
L'initiative en revenait à plusieurs grands marchands dont Lie Siong Hwie ; cf. Javasche Courant,
24.10. 1911.
193. Liem Seng Tee (1893-1956) est venu de Chine alors qu'il était encore enfant. Après avoir
travaillé chez différents fabricants de cigarettes, il réussit à fonder à Surabaya, en 1927, sa propre
entreprise qui en 1930 devint la N.V. Sampoerna. Elle existe toujours et est gérée par ses
descendants. Liem Seng Tee est resté célèbre pour avoir aidé les Indonésiens, mais aussi les Chinois du
continent dans leur lutte politique et pour avoir financé plusieurs projets philanthropiques et
apporté une aide financière au journal malais Soeara Oemoem qu'animait alors le nationaliste
Soetomo. Voir notamment Leo Suryadinata, Eminent Indonesian Chinese. Biographical Sketches,
p. 76. On peut encore voir sa tombe au sud de Surabaya près de l'ancien cimetière public de
Banyuurip Kidul. On lit sur la porte d'entrée Makam Embah Sampoerna, «Tombe du patriarche de
Sampoerna».
194. Cf. Javasche Courant, 20.9. 1929, n° 76 Extra-Bijvoegsel où sont reproduits lesdits statuts.
Sur les débuts du mouvement pour créer l'hôpital, voir aussi Sin Po (quotidien) 24 nov. 1927. Les
nouveaux statuts ont été publiés dans le Tambahan Berita-Negara R.I. du 19.9. 1975, n° 75.
tement critiquée à Surabaya par l'homme d'affaire The Kian Sing qui
préférerait voir les écoles de la T.H.H.K. enseigner le hollandais...
Ce seulement vers la fin des années 1920 que les Peranakan prennent
conscience de leur retard et de leur position désavantageuse. Ils sont culturel-
lement de plus en plus coupés des Totok et, en outre, commencent à ressentir
âprement la concurrence de ceux-ci dans le commerce. Politiquement, ils
découvrent aussi que l'Indonésie est le pays où ils veulent passer leur vie ; très
peu en effet envisagent d'aller s'établir dans le pays de leurs ancêtres.
■Toutefois, au milieu des années 1920, rares sont encore ceux qui posent
réellement les problèmes de l'avenir en tenant compte des Indonésiens et de leurs
luttes pour l'Indépendance. Il semble bien que les seuls efforts de
rapprochement faits de ce côté proviennent des éléments communistes. Tan Ping Tjiat
(né à Surabaya vers 1885 et mort à Batu en 1964) est un exemple de ces
Peranakan qui rejoignirent les Indonésiens dans leur combat politique en
devenant membre du PKI en 1924. Arrêté après les soulèvements de 1926-27,
il revient sur ses convictions politiques et passera le reste de sa vie à Batu
(près de Malang) où il gérera la Batoe en Omstreken Belangan (B.O.B.), une
association pour promouvoir le développement culturel et le tourisme dans la
région, avec le concours d'autres Indonésiens et de Hollandais (195). Il faut
noter également que depuis le milieu des années 1920 certains hommes de
lettres et journalistes écrivent pour mobiliser leurs lecteurs vers un combat de
type nouveau. Njoo Cheong Seng originaire de Java Est (1902-1962) publie
notamment dans la presse de Java des nouvelles courtes traitant des problèmes
sociaux du moment, dont une évoquant la misère des pêcheurs madourais, au
moment où les grandes entreprises de pêcherie s'organisent (196).
Lorsqu'en 1929, les Peranakan originaires de Menado forment leur
Vereeniging Tionghoa Menado ou «Association des Chinois peranakan de
Menado», la nouvelle provoque une forte réaction dans la presse locale,
notamment dans Liberty (sept. 1930, p. 45) ; ce magazine proteste contre le fait
qu'il existe déjà beaucoup d'associations ne défendant chacune que les intérêts
d'un groupe particulier alors qu'il serait temps de penser à en fonder une
regroupant tous les Peranakan. Le rédacteur de Liberty fait peut-être allusion à
la Chung Hua Hui, association politique créée en 1926 à Java Central, au
profit de l'élite peranakan occidentalisée, celle qu'on appelle couramment Kaum
Packard, «Groupe des Packard». L'idée était donc de créer une association
qui, comme le dit le Sin Tit Po (28 décembre 1931), «doit résulter de l'amour
qu'on porte à son pays natal et non pas du fait qu'on est d'origine chinoise ».
Et de fait, c'est pendant le mois de décembre de cette année-là que
s'organise la Nanyang Societeit, sous la présidence de Liem Koen Hian (1896-1952),
le futur fondateur du Partai Tionghoa Indonesia (Parti chinois-indonésien). Il
ne semble pas que cette société ait jamais été enregistrée. Un de ses objectifs
était d'engager une lutte contre le groupe des «nantis» qui seul représentait la
195. Cf. Leo Suryadinata, Eminent Indonesian Chinese. Biographical Sketches, p. 135; cf. aussi,
pour les statuts de ladite association, Javasche courant, Extra-Bijvoegsel, 26.1. 1934, n° 8.
196. « Achmad dan Kasjiah. Satoe tjerita fantassie», Sin Bin (Bandung), 17 oct. 1925.
Le «malaise» des années 1920 et la crise de 1930, qui peut être regardée
comme le prélude à la Seconde Guerre mondiale et à l'occupation de
l'Indonésie par le Japon, allaient parachever la déchirure du tissu social et
économique. La période troublée qui suivit l'Indépendance de l'Indonésie entraîna
de surcroît des déplacements de populations considérables de l'intérieur de
Java en direction de Surabaya, mais ausssi de cette dernière ville en direction
de l'étranger. La disparition des associations, la prohibition du chinois et le
remplacement des noms d'origine chinoise par des noms indonésiens ont
encore opacifié les réalités, de sorte qu'il est devenu difficile de retrouver derrière
les noms des entreprises actuelles les vestiges du passé. Il en existe pourtant
quelques cas notoires, telle l'entreprise d'exploitation forestière San Liem
fondée en 1892 par le révolutionnaire Tan Hian Gwan (m. 1926, dont on a vu le
nom plus haut), le lieutenant Liem Bong Lien (m. 1913) et Liem Sian Yoe qui,
après avoir longtemps fait le commerce du bois de teck de Java en direction de
l'Europe, de l'Amérique, de l'Afrique du sud, de la Chine et et du Japon (voir
ci-dessus), exploite désormais le bois de Kalimantan, à une plus petite échelle,
sous la direction d'un petit-fils et arrière-petit-fils Liem Bong Lien ; telle
encore la fabrique de cigarettes « Sampoerna » à présent dirigée par les
descendants de Liem Seng Tee dont il a été question plus haut.
La plupart des grandes familles peranakan continuent à décliner doucement
et on assiste à nouveau, depuis l'après-guerre, à la montée de nouveaux
entrepreneurs, arrivés de fraîche date pour la plupart - les plus actifs originaires de
la région de Fuqing -, sur lesquels on sait encore, il faut l'avouer, assez peu de
choses. Les réseaux de ces hommes d'affaires ont également changé de forme.
L'importance accrue de Jakarta et le déclin de Semarang font que les grands
hommes d'affaires de Surabaya doivent avoir désormais un pied à la capitale
pour réussir dans leurs entreprises.
197. Cf. Soeara Oemoem, 22 décembre 1932. Sur le rôle politique ultérieur de Liem Koen Hian,
voir notamment Leo Suryadinata, «The Search for National Identity of an Indonesian Chinese : A
Political Biography of Liem Koen Hian», Archipel 14, 1977, pp. 43-69.
198. Le Soeara Oemoem du 5 juillet 1932 rapporte de plus qu'on ferma définitivement l'office du
major qui se trouvait à Ketapang et que les archives furent transférées dans la maison personnelle
du sieur Tan Thwan Djien.
1. 1856 Guangdong gongci MJ&£:fâ (enregistrée sous le nom de Vereeniging Kwie Tang, Tjing
Bing en Tiong Hie Tiong [Javasche Courant - ci-dessous, J.C. - 21.3. 1893]. Act. Hui Chao Jia
huiguanSPSHSiEilif , Jl. Slompretan).
2. 1864 Hokkien Kong lïk Soe fëWJftWffîl (enregistrée chez un notaire hollandais de Surabaya en
1864 ; existe désormais sous l'appellation de Yayasan « Mulia Dharma », Jl. Bibis).
3. 1 876 Vereeniging Begrafenisfonds derfamilie Han Boei Ko &-WM (association funéraire et
temple ancestral de la famille Han [Han Sie Lok Hian Tjok Biauw StiSI&fffôJëf fondés
officiellement par une décision gouvernementale du 10 nov. 1876 [Règlement dari Vereeniging
Begrafenisfonds derfamilie Han Boei Ko di Soerabaia]. Situés Jl. Karet).
4. 1883 Vereeniging Tjoa Tjhin Tjhik Kong Soe ^MW/àM (temple ancestral des Tjoa aussi
appelé Tjoa Ke Tjoe Soe m^EMi fondé par Tjoa Djien Sing flCHS, capitaine à Surabaya
[1874-89], sa sœur Siet Nio [m. en 1900], et son neveu le lieutenant Tjoa Sien Hie %£MM
[1869-84]) [J.C. 12.1. 1883]. Situé Jl. Karet.).
5. 1884 Vereeniging The Goan Tjing (temple ancestral des The ou The Sie Siauw Yang Tjo Biauw
WÏÏMêfâM, fondé par les 4 fils du major The Goan Tjing MïtM [1795-1851] [J.C. 15.7.
1884]). Situé Jl. Karet).
6. 1887 *Vereeniging Teng Oei Nio (dédiée à la veuve de Teng Hin Kok Jjtf&lJS, lieutenant puis
capitaine [1889-1913] à Surabaya [J.C. 29.4. 1887]).
7. 1888 ^Vereeniging Tan Han Nio (dédiée à l'épouse de Teng Eng Kiong fêftfêffî, riche marchand de
Surabaya) [J.C. 10.8. 1888 ; Bintang Soerabaia - ci-dessous, B.S. - 16.11. 1888]).
8. 1 889 Vereeniging Sin Tjoan Hoei (dédiée à The Kong Yam et à son épouse Lie Soe Nio ainsi qu'à
leurs descendants; comprend un temple ancestral et un cimetière privé gérés par leurs fils Swie
Liong (ffl) 3SÉ et Swie Khing [J.C. 2.2. 1889] ; la tablette de The Swie Liong se trouve
désormais dans la Hokkien Kong Tik Soe).
9. 1889 Vereeniging Tjin Tjhik Kim Siong (association funéraire et temple ancestral, pour rendre un
culte à Tjioe Ping Bang et à son épouse Oei Ting Nio crées à l'initiative de leurs fils (Zhou)
Swie Thong (M) %&M, Swie Hong et Swie Tjhong, riches marchands de Surabaya [J.C. 9.8.
1889]).
10. 1890 Vereeniging Tien Lie Tjoe Soe fô.$Êfàffî] (temple dédié à Tan Liok Goo, M.f\M, gérant
des biens de la Hokkien Kong Tik Soe et à son épouse Kwee Piet Nio, fondé par leurs trois fils
Khing Ing, Khing Tjoan, Khing Yan [J.C. 7.2. 1890]).
11. 1893 Vereeniging Tan Kiem Yong (dédiée au père de Tan Kok Thaij MMM fondateur et
président de l'association et administrateur du temple Hong Tik Hian MM& [J.C. 8.8. 1893]).
12. 1 893 Vereeniging Tan Hwa Siang (érigée par son fils Tan Tong Liep WMti, propriétaire foncier
et fermier du mont-de-piété de Pasar Bong [B.S. 30.10. 1889], membre fondateur de la Hokkien
Kong Tik Soe, et ses 3 petits-fils Boen Tjiang XWi, Boen Sin JÇffi, Boen Hie $M [J.C .5.5.
1893]).
•
13. 1893 Vereeniging Hong Hien fêËJPI (association funéraire érigée par The Toan Lok H£fë $ê [cap.
1888-1911], The Toan Ing JŒféH [lieut. 1890-1904] pour fonder un cimetière à Gunung au sud
de Surabaya [J.C. 24.11. 1893]).
14. 1895 Vereeniging Thee Tjhie Soe OJKMM] (dédiée à Thee Kang Khing et à ses 2 épouses Lie
Tjhan Nio et Kwee Hang Nio et fondée par leurs descendants [J.C. 15.1. 1895]).
15. 1896 Vereeniging Oei Boen Giau ff^D (dédiée à Oei Boen Giau et son épouse Lie Tioe Nio et
fondée par leurs fils Tjiok Khing et Tjiok Bie [J.C. 20.3. 1896]).
16. 1896 Vereeniging Tjoe Soen Hin Ong (association funéraire érigée par Oei Tiong Khai et ses fils
pour entretenir la tombe de leur père et grand-père Oei Boen Hiau, parent du n° 15 [J.C. 24.7.
1896]).
17. 1896 Vereeniging Ing Swan Tjoe Soe WWW%) (temple dédié au propriétaire foncier Tan
Tik Hok $$MiM et à son épouse Lauw Wat Nio et fondé par leurs quatre fils, Kim Lin Sfeftl,
Kim Swie 3£ïÉ, Kim Sing &$<; et Kim Tjhoen ^#; existait encore dans les années 1930 [J.C.
29.7. 1898]).
18. 1899 Vereeniging Tan Tik Djoe (dédiée à Tan Siauw Hien et à ses descendants et fondée par ses 3
fils Tan Hie Sioe MM& homme d'affaires et lieutenant [1906-1911 ; cf. ci-dessus note 130],
Hie Sing, Hie Wan. En 1916 est réaménagée pour recevoir les tablettes du frère de Tan Siauw
Hien, Siauw Ing et de ses descendants [J.C. 17.9. 1899 ; 28.1. 916]).
19. 1899 Vereeniging Tjia Ke Tjoe SoeMWfâffî (dédiée à Tjia Tjien Tiong SfigJÊ, membre
fondateur de la Hokkien Kong Tik Soe et à ses descendants et fondée par ses 3 fils Sien le, Sien
Tjaij #f;t[lieut. 1906-1912] et Sien Bo [J.C. 21.1. 1899]).
20. 1 899 Vereeniging Tjoa Hian Tjaij Kong Soe (dédiée au père et grand-père de Tjoa Tjan Goan
HtR7C, propriétaire foncier, et à ses descendants, ainsi qu'à ses proches parents Tjoa Tjan Tiat,
Tjoa Tjaij Sing et et à leurs descendants masculins; l'association était dotée de nombreux biens,
certains donnés par des femmes) [J.C. 16.6. 1899] ; les nouveaux statuts de 1909 [J.C. 19.3.
1909] précisent que les femmes sont admises dans le comité de gestion, la première est Tan
Bwan Nio).
21. 1901 Vereeniging Lam Yang Tjoe Soe ifâWfàffi (« Association du Temple ancestral des Mers
du sud », fondée et dotée de biens par Han Khong Gie $$JK$î [1851-1932] afin que ses
descendants lui rendent ultérieurement un culte ainsi qu'à son épouse The Hian Nio [J.C. 1.2
1901]).
22. 1902 Vereeniging Tjien Sing Kong Soe tfgfiS&fêlj (dédiée à Oei Wie Khee jftR& ancien
propriétaire de la firme Oei Wie Khee & Co fondée en 1865 [A. Wright, Twentieth Century
Impressions of the Far East, p. 549] et à son épouse Tan le Nio [m. en 1870] et érigée par leurs 3
fils Kang Ting, Kang Yen, Kang Hway KM) [J.C. 6.8. 1902]).
23. 1902 Vereeniging Ong Yong Lien Kong Soe"3L%tWL (dédiée à Ong Yog Lien, son épouse Liem
Twan Nio et fondée par leurs fils Liang Ping, Liang In, Liang Hwie [J.C. 8.8. 1902]).
24. 1902 Vereeniging Tan Ing Bie Kong Soe E^^kH^^ (dédiée à Tan Ing Bie et administrée par
Tan Thian Tjo Mffîfâ et Tan Tjing Hie [J.C. 7.11. 1902]).
25. 1902 Vereeniging Tiang Sing Kong Soe%.*k£ifâ (dédiée à Tjioe Kim Lian M^M, riche
marchand résidant à Pasar Besar m. en 1897 et érigée par ses 3 fils Boen Tiong XJÈ, Boen Bik, -
Boen Pit £* [J.C 28.1 1902]).
26. 1904 *Vereeniging Tan Sont Tjo SoeWT}^.^ (association funéraire pour l'entretien à venir des
tombes de Tan Som Nio, Tjia Hwie Nio et Tan Ho Djan et de leurs descendants masculins,
dirigée par la dame Tan Som Nio et gérée par la dame Tjia Hwie Nio [J.C. 1.7. 1904]).
27. 1904 Vereeniging Sing Ang Tong (temple et association funéraire pour l'entretien des tablettes et
des tombes des fondateurs : Ko Djiong Liang, Ko Tjhing Yan, Ko le Siong, Ko Swie Sing et Ko
Yong Liang [J.C. 7.6. 1904]).
28. 1905 Vereeniging I Bo Yang Ik (temple et association funéraire pour l'entretien futur des tablettes et
des tombes du marchand Tjioe Boen Tiong WSC& de son épouse et de leurs descendants,
fondés par le marchand assisté de ses deux fils Hwee Liong et Hwee Kong [J.C. 15.12. 1905]).
29. 1907 Vereeniging Tan Tong Liep $U%it3 (temple et association funéraire fondés par les fils
(dont Tan Boen Hie W$M et Tan Boen Tjing ffîXfë , 1852-1927) et petits-fils du propriétaire
terrien et membre fondateur de la Hokkien Kong Tik Soe Tan Tong Liep pour leurs ascendants
jusqu'aux arrières-arrières-grands-parents et pour leurs descendants [J.C. 16.8. 1907]. Le temple
qui se trouvait à l'origine Jl. Bongkaran a été réinstallé Jl. Residen Sudirman n° 33, dans les
années 1970.
30. 1910 Vereeniging Begrafenisfonds Bie Tjhiang HH (association funéraire en l'honneur de The
Tian Soe et sa famille à l'exclusion de ses filles mariées et fondée par (The 3$) Siok Lian et Tik
Goan WM ) [J.C. 3.6. 1910]).
31. 1912 * Vereeniging Tee Tjhie Soe Kong Sie (fondée par Kwee Hong Nio, ses trois fils Tee Tjie
Tiong, Tee Tjie Kie, Tee Tjie Ting pour les mânes de Tee Kong Khing et de ses filles Kian Nio
ainsi que pour tous leurs descendants masculins [J.A. 3.12. 1912].
32. 1913 Vereeniging Begrafenisfonds der Familie Tan Boen Hie W$Cfê (association funéraire
pour l'entretien des tombes de la famille de Tan Boen Hie, propriétaire foncier fils du n° 29 [J.A.
21.2. 1913]).
33. 1916 *Vereeniging Liang Tjie Tjoe Tjhoe (temple et association funéraire fondés à l'initiative de
Kwee Lioe Nio, veuve de Tan Tjing Bwee, pour rendre un culte à leurs mânes et à celles de leurs
descendants [J.A. 24.11. 1916]).
34. 1917 Vereeniging The Tjan Hoo Soe Tjong (dédiée au culte des parents du marchand de bois The
Tjan Hoo, The Swie Hok M^Û et Oei Kang Nio [J.A. 30.3. 1916]. Appartenait aux
descendants de la branche de The Lam Khee).
35. 1917 * Vereeniging Thio Lip Tjhiang Kong Soe SH^H^^I (fondée par Tan Hing Nio pour
rendre un culte aux mânes de son défunt mari, des siennes et de celles de leurs descendants [J.C.
3.8. 1917]).
36. 1919 *Vereeniging Kwee Yan Khing Tjoe Tjhoe^j^MW^ (fondée par Oen Lian Nio pour
rendre un culte aux mânes de son défunt mari ainsi qu'aux siennes et à celles de leur
descendance masculine [J.C. 9.9. 1919]).
37.1919 Vereeniging Tjhoe Tjhoe [Soe] Tan Boen Tjing (^'XfÊW^) (association funéraire
pour l'entretien des tombes de Tan Boen Tjing et de son épouse The Ing Nio [J.C. 9.9. 1919]).
38. 1921 Vereeniging Ong Ke Tjoe Soe 3i$fcWfâ (temple et association funéraire fondés par Ong
Pik Kian et Ong Pik Gwie pour l'entretien de leurs tablettes et de leurs tombes et celles de leurs
descendants [J.C. 24. 3. 1921]).
39. 1923 Vereeniging The Sie Khe Sing (association funéraire pour l'érection de tombes des trois
frères marchands The Kian Sing|$IlJ$ (1880-1937), The Kian Aan, The Kian Bien [J.C. 27. 3.
1923]).
mardhani
An
Majapahit)
1 . Effigie
Kiong. de
[photo
vénérée
(ép.
Durga
D.Singasari
Lombard]
Mahesasura-
dans le Hok
ou
2. Façade du Hok An Kiong, Jl. Coklat, d'après un cliché du KITLV (début XXe s.).
Archipel53, 1997
Illustration non autorisée à la diffusion
l'^:
T
A
m. il
Bwee
posthume
Zhenjie
11. Relevé
Kong,
(1802).
Chunde),
de Phik
[col.
la tombe
K.P.
et
Longde
Handayana]
du
son
(1761-88,
4e épouse
fils de Zeng
nom
Han
6e
13.fils
Relevé
de Han
de laBwee
tombe
Kong,
de Lin
TokHuirou,
Sing, lieut.
épousepuis
du
cap. à Gresik (1801). On remarquera le titre local
de « (Nyo)nya (nii kapitan) et celui de « Ruren »
décerné aux défuntes épouses de fonctionnaires,
[col. K.P. Handayana]
20. Façade du temple ancestral des The situé en face du n° 18. [photo D. Lombard]
21. Inscription commémorant la fondation du temple par les quatre fils de The Goan Tjing : Boen
Hie, Boen Ke, Boen King et Boen Tiong (1884). [photo S. Tjahjanta]
25. Tombe de Nyai Roro Kiendjeng, sise dans le cimetière de Ampel. [photo D. Lombardl
31 . Couverture de la traduction partielle du « Code des Qing » par Tjoa Sien Hie (1900).
ATOERAN
HAK OllAM;
POESAKAT.NNA
LuUeoant
B1TJARA
TJOAlilulair
MELAIJOE
SIEN
OLKII
en Handarjjn
EN HIE
OLLAHDA.
5 Mas,
Teetjitak mda
GEBH. 6IMBEKG & Co.
SOERABAIA
1800.
33. Façade du Hokkien Kong Tik Soe, fondé en 1864. [photo D. Lombard]
35. Façade du Boen Bio ou Temple à Confucius, Jl. Kapasan. [photo D. Lombard]
io^wix de k Tji°ng H°° Hak Tong lors de Ia visite <1907) du diplomate Qian Xun (1853-
1927) [d'après Nio Joe Lan, Riwajat T.H.H.K., 1940, p. 354]
Han Zhaode (Qi) St^ Loe Pan Kong Ngay Koan HSEX1
Louw Toen Siong lÈWtâà
HapLieftlffl
HapTikffiiB
Heshu dongyindu gailan ^MMWJ£M$£ Oei Tiong
Oei Tjie Sien
Hokkien Kong Tik Soe
Hok Tjioe Tong Hio
Hong Tik Hian JK Ong Ing Ho (Wang Ronghe) i3tf □
HooBie ftJH Ong Tjien Hong ^M'M
HooHap
Hoo Tjiong Hak Tong
Hui Chao Ma Huiguan Siï Poo Lam Hwee ^^"É"
Ik Joe Hok Kwan &&#fig Rujia sixiang yu riben wenhua
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jinshi JÊi San Liem Kong Sie
Kong Tong XM Shengjiao nanji
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Kian Goan ]ÊM. Siang Hwee $5"^
Kiauw Lam Tjong H sioe tjai^yt
Kwa Tjoan Sioe fâikM Soe Boen Hwee ffijtii
Kwee(Guo)fP
Kwee Biet Nio H$®£ê
Lam Yang Hoen Boen Kwan Soe Swie Han Boen Sin Po
Lamyang Tjoe Soe
Soe Swie Tiong Hwa le Wan
Liang Yuansheng
Lie Siong Hwie ^ Tan Hian Goan WMït
Tan Hie Sioe WMW
Liem (Lin) # Tan Ping Tjiat^^fÈî
liem Bong Lien
Liem Gie Nio ^fëÉI&ll Tan Tjoen Goan ^
Liem Ing (Tjhan Sam) P Tang Caizhi
Liem Koen Hian #S^^
Liem Seng Tee #^^Ë Te(e)ng(Tang)0
Liem Sim Nio $^Lx#ll Teng Eng Kiong M