Recherche et Applications en Marking vol. XI, n° 196
Le transfert comme principe central du parrainage *
Stéphane Ganassali
CERAG, Ecole Supériewre des Affaires,
Université Pierre Mendes-France de Grenoble, ATER aU TUP « Ingénierie Commerciale » d’Annecy
Laurence Didellon
Doctorante au CERAG, Ecole Supérieure des Affaires, Université Pierre Mendes-France de Grenoble
Résumé
Cet article propose une contribution nouvelle & 1a compréhension du fonctionnement du parrainage. A partir de réflexions
basées sur une large revue de la littérature, les fondements de cette technique de communication sont étudiés. Deux aspects
sont appréhendés =
in processus d’ordre cognitif pouvant s"appuyer sur les théories de lendossement et du transfert de sens
et une influence d'ordre affective en relation avec 1a logique du conditionnement classique. Mes réflexions aboutissent & la
présentation d’un modele de persuasion centré sur la notion de transfert, a la fois cognitif et affectf,
INTRODUCTION
L?intérét pour le parrainage est croissant dans les
entreprises comme auprés des chercheurs en sciences
de gestion. En 1994, 75 % des entreprises conside-
rent le parrainage comme une composante & part
entidre de leur stratégie. Les entreprises et autres ins-
titutions y consacrent, en moyenne, une part non
négligeable de leur budget: 40% des entreprises
affectent aux actions de patrainage entre 5 et 10 % de
leur budget de communication (UDA, 1994).
Cette manne fait vivre d'autres secteurs de I’éco-
nomie. Le développement du secteur sportif, par
exemple, y est intimement lié. L’America’s Cup
(Célebre régate qui se déroule en Californie) est
financée dans sa quasi-totalité par les apports du par-
rainage (soit 1,4 milliard de francs, Stratégies, 1994),
Au début des années 90, selon les sources, on esti-
mait que le parrainage atieignait 4 & 5% des
dépenses publi-promotionnelles francaises, représen-
tant plus de 3 milliards de francs. Les entreprises les
plus généreuses avoisinent ou dépassent les 50 mil-
lions de franes de dépenses.
Dans notre pays, ce budget reste essentiellement
accaparé par le sport et la culture. En effet, en 1994,
plus d'une entreprise sur deux est engagée dans la
culture et/ou le sport. Si en 1992, le sport était le
domaine le plus convoité, en 1994, Ia culture a pris
les devants en volume : 60% des entreprises sont
engagées dans une action culturelle contre 56% dans
Ie sport. Les domaines de la culture, du sport, des
causes humanitaires et sociales, de l'éducation et de
la formation, de environnement et du partainage
audiovisuel semblent promis & un bel avenir si lon
Les auteurs tiennent & remercier les lecteurs anonymes de Recherche et Applications en Marketing pour leurs temarques et suggestions pré:38 sphane Ganassali Laurence Didellon
en croit les perspectives de l'Union Des Annonceurs
(1994). Phénoméne d’ampleur internationale, le par-
rainage intervient aussi et surtout & I'échelle de Ta vie
locale pour aider les petits clubs sportifs et les asso-
ciations,
Récemment, le parrainage a subi les contrecoups
de la récession économique, comme Iensemble des
domaines de la communication, mais il n'est pas
menacé dans sa raison d°étre. «Pragmatisme et
rigueur, sont, plus que jamais, les maitres mots qui
gouvernent le parrainage en 1994 » (UDA, 1994)
En paralléle, nous assistons & un intérét grandis-
sant pour ce champ dans la recherche scientifique. En
témoigne le nombre croissant des theses et des
articles portant sur le théme. Le sujet qui apparait
désormais primordial est l'étude du fonctionnement
et des effets complexes du parrainage qui, malgré des
avaneées notoires dans le domaine, ne sont pas enco-
re clairement maftrisé
Lobjectif de cet article est de proposer une
contribution & Ia compréhension du fonetionnement,
du parrainage et de présenter un modéle de persua-
sion qui lui soit applicable. Nous développerons dans,
un premier temps une synthése de la littérature por-
tant, d’une part, sur les aspects théoriques et, d’autre
part, sur les différentes approches de la mesure des,
effets du parrainage. Apres avoir présenté les théo-
ries servant de référence aux réflexions concep-
tuelles, nous ménerons une analyse approfondie sur
la nature de cette pratique de communication en nous
centrant sur la notion de transfert. Dans une troisié.
me et demnigre partie, nous présenterons les méca-
nismes de persuasion tels que nous les aurons pres-
sentis & issue de nos réflexions sur la nature du
parrainage.
SYNTHESE DE LA LITTERATURE
SUR LE PARRAINAGE
Les travaux sur le parrainage commencent & étre
nombreux et peuvent étre regroupés en deux
approches : les exposés généraux sur le concept du
parrainage dune part et les articles abordant la mesu-
re de son efficacité d’autre part. Nous aborderons tres
rapidement la littérature qui s'intéresse & la concep-
tualisation du parrainage, notre objectif étant d abor-
cité de cette tech-
der plus spécifiquement effi
nique.
Les exposés généraux
sur le concept de parrainage
Il existe de nombreux articles dans cette catégo-
rie : présentations descriptives et chiffrées du parrai-
nage (Chaveau, 1992; Enquétes UDA; Burnett,
‘Smart et Menon, 1993) ou réflexions conceptuelles
sur cette pratique de communication. L'ensemble de
ces travaux est riche en enseignements mais il faut
noter que certains problémes restent posés. Le débat
sémantique qui reste ouvert concernant la dénomina-
tion de cette pratique de communication en est un
exemple marquant. Autour du concept initial et histo-
rique de «sponsoring > est apparue une série de
notions visant soit & distinguer des techniques parti-
culigres de communication, soit & les regrouper sous
la méme épith@te. En ce qui nous concerne, nous
nous référons au terme de « parrainage » qui est
Vrappellation officielle reconnue et préconisée en
France par un arrété du 21 janvier 1983. D’autres
divergences méritent d’étre soulignées. En premier
lieu, aucune définition ne rencontre l’adhésion des
chercheurs du domaine. La demniére en date est pro-
posée par Derbaix, Gérard et Lardinoit (1994). Une
autre question se pose : le parrainage est-il une tech-
nique ou un instrument ? La majorité des chercheurs
semble aujourd'hui opter pour la notion de « tech-
nique » (Derbaix, Gérard et Lardinoit, 1994), définie
comme «un ensemble de procédés employés pour
produire une eure ou obtenir un résultat détermi-
né». Le procédé central du parrainage consiste en
tune association avec une entité externe. A la périphé-
rie, d'autres procédés sont utilisés pour valoriser
Vopération : publicité ou promotion des ventes par
exemple.
Outre ces interrogations, des avancées consé-
quentes ont été réalisées en ce qui concerne la com-
préhension des fondements du parrainage (Fuchs,
1994),
Tout d'abord, les objectifs sont identifiés : nozo-
riété et image. On trouve dans la littérature un
consensus certain pour décrire ces deux objectifs
(Hastings, 1984 ; Grégory, 1984 ; Abratt, Clayton et
Pitt, 1987; Zentes et Deimel, 1991, notamment). I!
est maintenant admis que l’augmentation des ventesa court terme vest. pas Pobjectif — majeur
(Meenaghan, 1984). Ainsi, cette technique de com-
munication agirait plus sur le long terme que sur le
court terme,
En deuxiéme lieu, le parrainage se distingue de la
communication traditionnelle par la présence de
conditions particulidres. L’&vénement a valeur de
témoignage, contrairement & une publicité qui fera
appel au réve et A la fiction (Perlstein et Piquet,
1985). Le parrain se trouve associé & un support
vivant qui introduit une dimension affective impor-
tante,
Enfin, la place occupée par le parrainage au sein
des autres pratiques de communication nest pas clai
rement identifiée (Witcher, Craigen, Culligan et
Harvey, 1991 ; Cegarra, 1994). Etant donné ses utili-
sations tr8s variges (tant6t le parrainage fait office de
publicité, d’action de promotion des ventes ou de
relations publiques), il apparatt done ues difficile
établir avec précision sa localisation dans le mix de
communication. A Vissue de l'étude de ses multiples
applications et des objectifs qui y sont liés, nous
voyons clairement que le parrainage est un outil de
communication globale (Moré, 1988; Zentes et
Deimel, 1991). Comme le précise Rose (1986),
«parrainage et mécénat sont un moyen d’interven-
mn dont I'usage pertinent peut servir tous les objec-
tifs de l'entreprise ».
Dans ces articles & dominante conceptuelle, la
mesure des effets du parrainage n'est pas abordée.
Cette question fait cependant Tobjet de nombreux
eloppements dans la seconde catégorie de travaux
que nous présentons maintenant.
Les articles abordant la mesure
des effets du parrainage
Deux types de travaux peuvent étre distingués.
Nous évoquerons en premier lieu les recherches qui
abordent la mesure des effets du parrainage comme,
complément & un exposé général (Meenaghan, 1984 ;
Piquet, 1985; Otker et Hayes, 1987; Abratt et
Grobler, 1989; Meenaghan, 1991). La principale
limite de ces articles réside dans Ie fait qu’ils ne pro-
posent pas de mesure directe de l'efficacité du parrai-
nage. Piquet (1985) propose une mesure d’efficacité
a partir dun indicateur du type « indice de couvertu-
te média», Cet indice ne permet en aucun cas la
Le wansfert comme principe centval du parrainage 39
mesure de T'efficacité du parrainage car il mesure le
degré de médiatisation de I’événement et non I’effi-
cacité méme de celui-ci.
D’autres travaux se focalisent sur étude de
efficacité du parrainage (Pham et Warlop, 1990 ;
Anne, 1990; Corones, 1991; Giannelloni, 1990,
1993 ; Giannelloni et Valette-Florence, 1991 ; Baux,
1991; Anne, 1992; Walliser, 1994; Couty, 1994),
Les auteurs se sont concentrés sur l'étude de deux
variables : la mémorisation (objectif de notoriété) et
attitude (objectif d’image). Certaines études se limi-
tent A Ja mesure du niveau de notoriété (Couty, 1994)
ou & la mise en évidence des dimensions d'image
(Corones, 1991) sans aborder les déterminants de la
notoriété ou de image. Pourtant, la connaissance du
fonctionnement du parrainage est primordiale pour
cen contrOler les effets.
Certains facteurs explicatifs de la notoriété ont
tout de méme été étudiés (Anne, 1990, Pham et
Warlop, 1990 et Walliser, 1994). Les résultats obte-
nus sont quelques peu décevants (par exemple, le
modéle global proposé par Anne en 1990 n’explique
que 23 % du phénoméne de mémorisation, ce qui est
ez faible). L’influence de deux variables (notorié.
16 préalable et émotions) appelle quelques commen-
taires, En premier lieu, la notoriété préalable a été
reconnue comme déterminant de la mémorisation du
nom du parrain (Anne, 1990; Walliser, 1994), ce
résultat restreint le champ d’ application du parraina-
ge aux seules entreprises préalablement connues et
nous nous demandons quel est V'intérét pour ces
annonceurs d'utiliser le parrainage dans un seul
objectif de mémorisation. Par ailleurs, l'étude de
Walliser (1994) vient confirmer influence négative
des émotions sur la mémorisation (suggérée par
Pham et Warlop, 1990). Le résultat concernant le
role des émotions est déroutant car une des caracté-
ristiques du parrainage est importance de la dimen-
sion affective (Perlstein et Piquet, 1985; Anne,
1990; Baux, 1991). Si les émotions empéchent la
mémorisation des noms des parrains, quel est Pinté-
rét d'avoir recours au parrainage avec un objectif de
gain de notoriété? Un seul auteur (Walliser, 1994)
s'est inspiré d’un modéle théorique global (modéle
de processus de décision d’Engel et Blackwell, 1986)
mettant ainsi en évidence le processus conduisant &
la mémorisation des parrains. Baux (1991) s’est aussi
inspiré du méme modele pour étudier le processus de
changement d’attitude. Toutefois, le modéle d’Enge!40 Stéphane Ganassai, Lawrence Didellon
et Blackwell s'emploie essentiellement & des fins
pédagogiques et semble peu opérationnel,
En ce qui concerne I’étude du processus de chan-
gement dattitude, les résultats restent rares. Seuls
sont disponibles les travaux de Giannelloni (1990,
1993) et de Giannelloni et Valette-Florence (1991).
Néanmoins, ces études utilisent un document video
qui se rapproche plus d'une communication institu-
tionnelle que d’un reportage sportif, ce qui altére le
coté vivant de Mévénement, caractéristique fonda-
mentale du parrainage,
Les mécanismes d’influence du _parrainage
n’étant pas totalement identifiés, la mesure de son
efficacité parait difficile. C'est d’ailleurs sur ce
theme que travaille Ia majorité des chercheurs actuel-
Tement. Aucune étude ne s'est finalement intéressée 2
un processus complet. Il faut done s"interroger sur les
mécanismes d’influence du parrainage dans la lignée
des travaux sur la persuasion publicitaire. Ceux-
nous incitent & considérer en paralléle les aspects
cognitifs et affects
LES MECANISMES DU PARRAINAGE,
Les différentes études présentées se sont intére
sées 8 I'efficacité du parrainage en termes d’ objectifs
de communication (notoriété, mémorisation...). Un
appui sur des définitions reconnues du parrainage
(Derbaix et al., 1994 ; Cegarra, 1994) nous permet
denvisager son fondement essentiel. Le parrainage
est certes une technique de communication. L*entre-
prise cherche & communiquer un message, mais elle
ne le fait pas & aide d’un support classique comme
la publicité par exemple. Elle utilise une entité exter-
ne A son activité centrale qui peut étre un événement
(Mars et la Coupe du Monde de Football par
exemple), une personnalité (Pepsi et Michael
Jackson), une équipe ou un groupe (Philips et le
groupe de rock Dire Straits). Ces ois différents
types de parrainage sont identifiés par Otker et Hayes,
(1988). Nous rajouterons deux autres catégories :
utilisation d’ une discipline, comme le fait la Soci
Générale avec le rugby et l'association & des émis-
sions audiovisuclles, Rhdne-Poulene et I'émission
Ushuaia en est un exemple, Pourquoi les annonceurs
font-ils appel & ces supports au lieu de communiquer
selon une méthode plus traditionnelle ? Certains
auteurs avancent argument du coat. Pour eux, le
parrainage est plus économique que la publicité pour
toucher la méme cible (Hastings, 1984). D'autres
auteurs ne partagent pas ce point de vue (Piquet,
1985) et nous ne pouvons donc pas reconnaitre cette
motivation comme la source des actions de parraina
ge. Dans ce cas, celui-ci ne serait qu’une var
dénaturée et économique de la publicité.
De plus, pendant une action de parrainage,
attention est concentrée sur l'action qui se déroule
sous les yeux des individus au détriment du contenu
du message. Dans le domaine sportif, Ydewalle et al,
(1988) ont moniré que les spectateurs ne regardaient
pas intentionnellement les noms des _parrains.
Walliser (1994) a également suggéré influence
négative des émotions ressenties pendant un événe-
‘ment sur la mémorisation des noms des sponsors,
“est-a-dire du message. Nous pouvons done nous
inte.
c
interroger sur le processus qui va conduire les indivi-
dus & acquérir des informations sur la marque dans
tun contexte de faible attention. Une premigre expli-
cation peut étre avancée en considérant que les infor-
mations sont percues par les individus selon un
<< apprentissage accidentel »!. Il a été évoqué dans le
domaine publicitaire (Gibson, Yi et Zillman, 1994) et
peut se définir comme une situation dans laquelle les
individus acquidrent de Vinformation non seulement
sur élément central de leurs préoccupations mais
aussi sur tout ce qui est en relation avec celui-ci sans
pour autant y consacrer une attention particuliere.
Dans le cas du parrainage, I'élément central qui
mobilise l'attention du spectateur est un événement.
Les noms des parrains constituent les éléments péri-
phériques (Ydewalle et Tamsin, 1993), & propos des-
quels des informations sont pergues dans le cadre
un «apprentissage accidentel>. Ce type d’appren-
lissage peut expliquer la mémorisation du nom des
parrains, Cependant, cette approche ne prend pas en
compte Pun des objectifis premiers de toute action de
parrainage : l'annonceur fait principalement appel au
parrainage pour bénéficier de son association avec
Ventité « parrainée ». Ainsi, le fondement du parrai-
nage reposerait done sur les notions d’association et
de transfert, notions qui apparaissent systématique-
ment dans les diverses définitions du parrainage qui
sont proposées (Sandler et Shani, 1989; Cegarra,
|. Traduction de incidental learning.1994 ; Derbaix et al. 1994). En effet, & travers cette
association, le parrain cherche & susciter auprés de
ses cibles une projection de valeurs, de I’événement
(ou de Pentité parrainge d'une manire plus générale)
vers sa marque, ses produits ou vers son institution
(Derbaix er al., 1994). Il s'agit de bénéficier dun
transfert de notoriété et/ou d'image. (Zentes et
Deimel, 1991 ; Cegarra, 1994). Ce terme est déja
clairement utilisé par les professionnels : Voutil de
controle du parrainage télévisuel sur TF.1 vétifie
textuellement «que le produit bénéficie bien du
transfert d’image de I’émission > (Revue Médias,
1991),
La notorigté sobtient grace au renom du parrainé.
Ce renom, cette importance font que les média tradi-
tionnels sintéressent & l’événement ou & la personna-
lité et vont done faire apparaitre d'une manigre plus
ou moins importante ses associés ou ses « parrains »
Nous avons vu précédemment que le développement
de la notoriéié ne pouvait étre considéré comme le
ul objectif majeur du parrainage, néanmoins nous
faisons volontiers I"hypothtse que la notoriété du
parrainé va influencer celle du parrain. L’autre but
principal est l’amélioration de Pimage. L’image peut
ire affectée par un phénoméne de transfert des attri-
buts du parrainé vers l’annonceur (Baux, 1991),
Ce principe peut étre rapproché d'un raisonne-
‘ment tenu par les publicitaires qui choisissent d’ utili-
ser une « célébrité » pour bénéficier de son renom et
obtenir ainsi une meilleure mémorisation du spot,
publicitaire et done une meilleure reconnaissance de
la marque associée (Ohanian, 1991). Le principe
selon lequel une célébrité va utiliser sa notoriété pour
Je compte d’un produit en apparaissant avec celui-ci
dans une publicité est I’endossement. Le terme de
« célébrité » recouvre tout individu connu du public
pour ses actions dans des domaines autres que celui
de la classe de produit auquel il est associé
(Friedman et Friedman, 1979), il peut donc s'appli-
quer & des sportifs ou des artistes (chanteurs,
peintres...). L’endossement peut étre présenté comme
un procédé paralléle A celui du parrainage, Nous
observons bien, dans certains cas, une association
entre une marque et une célébrité sportive ou artis-
tique connue dans un domaine autre que celui de
Vannonceur. Cependant, il faudrait pouvoir étendre
la notion de «célébrité > a celle d’« entité parrai-
née», pour décrite aussi bien des personnes phy-
siques que morales (événement, émission audiovi-
Le transfert comme principe centval du parrainage 41
suelle...) et traduire ainsi la diversité des associations
qui s'operent dans le cadre des actions de parrainage.
Le principe de Uendossement
Il s‘inserit dans le contexte plus général des
modtles de source appartenant & Ja littérature de Ia
psychologic sociale. Ces modéles ont pour objectif,
de définir dans quelles conditions une source (c’est-
A-dire I'émetteur du message) est persuasive. Deux
conditions sont généralement admises : Ia erédibilité
(Hovland et Weiss, 1951-1952) et la séduction (Me
Guire, 1985). Les individus seront d’autant plus sen-
sibles & ces deux aspects qu’ils porteront une faible
attention au contenu du message (Gibson, Yi et
Zillman, 1994),
Les «célébrités » sont reconnues comme plus
crédibles et séduisantes qu’un individu quelconque
(Atkin et Block, 1983); cependant, leur efficacité
publicitaire doit étre nuancée. Fishbein et Azjen
(1981) suggérent que la capacité persuasive d’une
communication peut étre augmentée par Ia force du
message plus que par la crédibilité ou la séduction de
la source. De plus, des résultats ont démontré que,
bien que percues comme erédibles et séduisantes,
certaines personnalités ne sont pas persuasives quand
elles sont associées & certains types de produit
(Dholakia et Sternthal, 1977; Baker et Churchill,
1977 ; Friedman et Friedman, 1979 ; Ohanian, 1991).
Dans le champ du parrainage matheureusement,
aucune étude ne s'est intéressée & cet aspect.
Nous nous trouvons donc devant une des limites
inhérentes aux modales « de source » ; ils nous ren-
seignent sur le degré de séduction et de orédibilité
(une personnalité peutelle séduire ou étre crédible 2)
et non sur la nature de la séduction et de ta erédibilité
(pourquoi et avec quel produit 2). Un seul auteur,
McCracken (1989), s'est attaché & décrire le proces-
sus de l’endossement de facon plus complete, Selon
lui, une célébrité n'est pas simplement efficace &
cause des aspects de crédibilité et de séduction mais
aussi griice aux significations culturelles et sociales
qui lui sont associées. Cette image pergue par le
consommateur va contribuer au suce’s ou A 1’échec
du processus d’endossement. L’auteur se
processus de transfert de sens pour expliquer le prin-
cipe d’endossement. Le transfert peut alors se détinir
comme la translation des significations de Vindividu
ere aua Stéphane Ganassali, Laurence Didellon
sur le produit (ou la margue..). L'endossement sera
un suceés lorsque les propriétés de lindividu seront
associées au produit dans l'esprit des consomma-
teurs. En parrainage, cette notion de transfert d’attri-
buts est souvent mentionnée (Baux, 1991 ; Derbaix et
al., 1994, notamment) et nous semble primordiale.
Le principe de transfert de sens
Le principe de transfert de sens selon McCracken,
peut se résumer ainsi: il existe un «chemin »
conventionnel pour le mouvement des significations
culturelles dans les sociétés de consommation.
Comme nous le montre fa figure 1, le sens qui réside
au départ dans les roles dramatiques de la célébrité
va — par un processus culturel — progressivement
habiter Ia célébrité elle-méme, c'est le premier
temps. Le deuxitme temps décrit le transfert des
significations portées par la personnalité vers le pro-
duit auquel elle est associée. Une partie du sens de la
personnalité appartient maintenant au produit. Dans
le demier temps, le sens se déplace du produit vers le
consommateur (MeCracken, 1989).
Le deuxime temps décrit par la figure I est au
centre du processus de I'endossement. Parrainage et
endossement partagent un certain nombre de points
communs, Ces deux techniques de communication
s‘appuient sur association d'une marque ou d’une
entreprise avec une entité extérieure. Nous soutenons
done que le mécanisme central du parrainage se réfe-
re A celui de ’endossement (temps 2 de la figure 1).
L’association d'une entreprise ou d’une marque avec
tune personnalité, un groupe, une discipline ou un
événement lui permet de bénéficier du transfert des
altributs de I’entité parrainée.
Le transfert évoqué ici n'est pas foreément com-
mun & toutes les formes de communication commer-
fale, Toute communication n'est pas « transfert »,
au sens convenu dans notre travail. Certes, on retrou-
ve dans certaines autres pratiques des points com-
muns avec le parrainage ou I'endossement. Par
exemple, quand une entreprise utilise un animal dans
son logotype, elle cherche & bénéficier des attributs et
de Vaffectif que l'on préte a celui-ci. De méme, en
publicité, on cherche & donner une personnalité & une
marque en lassociant & un ensemble de symboles.
L’extension de marque est également une tentative
de translation attributs d’un produit existant vers
un nouveau. Bien que des similitudes existent entre
ces différentes pratiques, le transfert en matitre de
parrainage et d’endossement se distingue en deux
points majeurs.
En premier lieu, le transfert s’opére ici dans le
cadre dune association entre personnalités morales
indépendantes : entreprises ou institutions d’un cOté,
personnes, groupes, équipes, associations ou fédéra-
ions de l'autre. Cette union donne lieu & un contrat
commercial. La deuxidme particularité ~ et vraisem-
blablement la plus importante ~ réside dans le
contexte particulier de Vaction de parrainage,
Derbaix er al. (1994) soulignent qu’une des spécifici-
tés de la communication par le parrainage réside dans
son association avec la réalité telle qu’elle est vécue,
Ainsi et nous le développerons plus loin, le contexte
vivant et réel du parrainage confére un rdle privil
CULTURE ENDOSSEMENT CONSOMMATION
‘Objets
Pessomes
Contente Bh cassie Calité >} Produit Prodi Ff cooenm
Role |
‘TEMPS |
‘TEMPS 2 ‘TEMPS 3
Figure 1. ~ Mouvement de sens et processus d’endossement, MeCracken (1989)a Vaffectif, ce qui est beaucoup moins le cas en
ité traditionnelle (Hastings, 1984). Le transfert
s définitions est avant tout
de nature cognitive (notoriété et image). Nous
sommes done face & un processus cognitif de trans-
fert d’attributs mais il nous semble également impor-
tant de considérer l'aspect affectif omis dans
approche de l'endossement décrite par McCracken
D’ailleurs, des recherches sur l'endossement ont
dgja mis en évidence T'effet affectif des personnalités
sur Tévaluation des publicités (Atkin et Block,
1983). La logique de conditionnement classique per-
met d’expliquer Vattrait des personnalités séduisantes
(Berscheid et Walster, 1974 ; Caballero, Lumpkin et,
Madden, 1989). Ce processus a été évoqué par
Walliser (1994) dans le domaine du parrainage.
Le conditionnement classique
11 peut se résumer ainsi : nous avons au départ un
stimulus non conditionné qui provoque une réponse.
non conditionnée (sentiments favorables ou défavo-
rables). En associant un stimulus conditionné au sti-
mulus non conditionné, on cherche & obtenir une
réponse conditionnée identique a celle provoquée par
le premier stimulus naturel. Processus de persuasion
utilisé dans le domaine publicitaire, il vise & transfé-
rer sur la marque les sentiments ressentis par les indi-
vidus lors d'une exposition au message (Mitchell et
Olson, 1981; Gresham et Shimp, 1985 Park et,
Young, 1986). Le méme raisonnement peut s’appli-
quer au parrainage. Les sentiments favorables éven-
twellement provoqués par I’événement vont — selon la
théorie du conditionnement — étre transmis & la
marque : il y aura transfert des éléments affectif’s de
lévénement sur la marque. Le conditionnement clas-
sique a été décrit comme un mécanisme affectif, il ne
peut donc expliquer & lui seul le processus de persuia-
sion en matigre de parrainage. Cependant, de récents,
développements nous portent & croire que le principe
de conditionnement — décrit initialement pour expli-
quer des réponses affectives — peut étre également
invoqué dans le cas de transferts cognitifs
Gianiszewski et Warlop, 1993).
Nous pensons que l'étude du parrainage nécessite
la prise en compte d'un double mécanisme, & la fois,
affectif et cognitif. La principale limite des méc:
Le nansfert comme principe central du parrainage 4“
nismes présentés réside dans le fait qu’ils ne consid®-
Fent qu'un aspect du processus et jamais les deux
conjointement. Le transfert de sens permet d’expli-
quer le mécanisme cognitif et celui du conditionne-
ment la dimension affective. La notion de transfert
que nous présentons se rapproche de ce fait de la
conception de Janiszewski et Warlop (1993) pour qui
Je conditionnement serait une procédure permettant
dexpliquer la translation des éléments affectifs et
cognitifs d’un stimulus non conditionné (I"entité par-
rainée dans le cas du parrainage) vers le stimulus
conditionné (la marque ou Tentreprise). Dans la
méme logique, le processus de transfert integre les
mécanismes cognitif et affectif.
VERS UN MODELE DE PERSUASION APPLICABLE
‘AU PARRAINAGE
Nous postulons done qu’il existe - en plus de
effet sur la notoriété — un transfert qui s’opere &
deux niveaux : un niveau cognitif (transfert de per-
ceptions) et un niveau affectif (émotions et senti
ments).
ENTITE P
PARRAINEE PARRAIN
Niveau |
Perceptions }-> Perceptions
cognitif ae ] e
Nivecu -Emomose Tons
affect |_semiments —> | sentiments
Figure 2. ~ Le double phénomene du transfert
La dimension cognitive
On cherche & transférer les attributs de Mentité
parrainée vers la marque ou l'entreprise marraine.
Cette idée nous semble étre au coeur des techniques
de communication événementielles. L’activité par-
rainge fait appel aux centres d’intérét de la cible
visée. Ainsi, le parrain va bénéficier des connotants
générés par I’événement. Les dimensions symbo-44 Stéphane Ganassall, Laurence Didelion
ues du domaine sportif par exemple ont éé
décrites dans les travaux de Giannelloni (1990). En
s‘associant & une activité sportive, une marque peut
bénéficier de valeurs telles que la recherche de per-
formance, Ie goat du risque, l'esprit d’équipe, le
dynamisme, la jeunesse, la santé ou la combativité.
Les illustrations sont innombrables. Marlboro qui
it A la Formule | renforgait son caractére
dynamique et viril, le pilote de FI étant en quelque
sorte le «cow-boy » des temps modernes (Baux,
1991). En s’associant & la tournée mondiale de
Michael Jackson, Pepsi relayait sa campagne sur le
théme du « choix dune nouvelle génération », Coca-
Cola qui s’associe au Tour de France cycliste affirme
en force sa vocation de boisson populaite. Heineken
cchoisit depuis longtemps le thme de la musique. La
marque internationale s'est naturellement orientée
vers le jazz « qui 6voque le monde de la nuit »
La dimension affective
La nature et le contexte parfois dramatiques des
activités parrainges créent des conditions favorables
8 un transfert affectif de la personnalité ou de l'évé-
rnement vers l’annonceur. Le parrainage provoque un
effet direct sur la composante affective en eréant une
association du parrain avec les stimuli positifs (ou
négatifs) ligs & Tactivité parrainée (Baux, 1991).
Plusicurs recherches antérieures s'accordent & recon-
naitre importance de Vaffectif dans le processus de
persuasion du parrainage (Perlstein et Piquet, 1985 ;
Anne et Chéron, 1991 ; Baux, 1991). La référence
Vévénement (plus largement au sport ou 2 Vart,
domaines de prédilection du parrainage) introduit un
élément dramatique dont on ne peut prévoir Missue
(Perlstein ct Piquet, 1985). Pour l’annonceur, il s’agit,
incontestablement d’un risque mais cette situation
dramatique renforce la crédibilité du message et
donne une dimension plus chaleureuse et plus affecti-
ve & ce mode de communication, Baux (1991)
évoque méme Veffet de «halo» présenté par
Derbaix et Pham (1989). Le spectateur d'un événe-
‘ment fortement impliqué peut développer une réac-
tion affective globale, qui portera sur l'ensemble des
éléments de la manifestation dont les parrains font
partie.
Les effets intermédiaires & Vintérieur du processus
de transfert
Si aucun auteur n'a tenté pour I"instant de propo-
ser un modéle de persuasion consensuel applicable
‘au_parrainage, certains ont cependant cherché a
mettre en évidence des effets intermédiaires, & rele-
ver des variables qui viendraient influencer le proces-
sus de persuasion du parrainage, pour favoriser ou
contrecarrer le transfert. Nous observons done
qu’aucun consensus n’est effectif en ce qui concerne
les effets intermédiaites qui sont globalement encore
peu connus. Conformément la littérature sur le
conditionnement classique, la contiguité entre entité
parrainge et la marque semble devoir étre considérée
comme un élément médiateur important. Cependant,
de nombreuses questions restent en suspens en ce qui
conceme le véritable réle de cet élément (Eagly et
Chaiken, 1993) qui peut étre rapproché de la notion
d’« adéquation pergue ». Les r6les de Padéquation
entre produit/marque et entité parrainée (Meenaghan,
1984) et de implication pour I'activité parrainée
(Pham et Warlop, 1990 ; Giannelloni, 1990) ont dgja
6té pressentis par des auteurs qui ont étudié les méca-
nismes du parrainage. Nous pensons qu’elles inter-
viennent dans le processus de transfert comme
influences modératrices, nous le développons
apres.
Déja évoquée dans des travaux concernant le par-
rainage ou 'endossement (Atkin et Block, 1983), la
notion d’adéquation a été ids bien étudiée dans les
recherches relatives aux extensions de marque. Un
parall@le peut étre fait entre le fondement de l’exten-
sion de marque et celui du parrainage. Dans le pre-
mier cas, on cherche & lancer un nouveau produit tout,
cn Lui faisant bénéficier du passé dune marque dont,
Ja notoriété et l'image sont pleinement établies. Dans
Ie second cas, on s’associe & une entité pour profiter
de son renom et de son image, Dans les deux cas,
Padéquation pergue par le consommateur semble
jouer un réle important. Nous faisons done I"hypo-
thése qu'un annonceur doit s'associer A une entité
avec laquelle il est en « adéquation », Le public-cible
doit percevoir un lien entre Ventité parrainée et
activité ou le métier de entreprise marraine (c'est
ce que les chercheurs sur extension de marque
appellent la «similarité de traits»). De plus, le
public doit discerner une correspondance entre lent
6 parrainge et image qu’ils se font de l'entreprismarraine, c’est Ja « consistance de concept». Ces
deux dimensions de Padéquation ont été clairement
identifies par Park, Milberg et Lawson (1991).
L'implication est considérée comme une variable
modératrice du processus de persuasion publicitaire
(Lutz, 1985). Dans la littérature, les dimensions de ce
concept sont distinguées selon deux principes. Le
premier dissocie I'implication cognitive de Pimplica-
tion affective (Park et Mittal, 1985 ; Park et Young,
1986 ; Park et McClung, 1986), le second oppose
Vimplication durable & Pimplication situationnelle.
Cette seconde distinction rencontre 'adhésion dun
grand nombre d’auteurs et a déja été étudiée dans le
cadre du parrainage, en tant qu’ instrument de catégo-
risation des individus sur leurs réactions a une com-
munication (Giannelloni, 1990). D’aprés ces travaux,
les dimensions liges a l'implication durable a !’égard
de l’activité parrainge sont multiples : on retrouve les
facettes de plaisir, intérét et valeur de signe, Quant &
implication situationnelle, elle correspond a la pro-
babilité de faire un mauvais choix. Cette multidimen-
sionnalité est intéressante car elle concorde avec
Vobjectif du parrain, Celui-ci s'associe & des disci-
plines ou A des manifestations qui présentent un
attrait pour ses cibles, afin de susciter auprés d’elles,
tune projection des valeurs de I"événement vers sa
marque, son produit ou son organisation (Derbaix et
al, 1994) L’attrait d’un événement (ou d’une activi-
(6) peut étre lig a Pintérét qu'on lui porte, au plaisir
qu'il procure et enfin & sa signification sociale : le
golf en est un exemple marquant. Dans le cadre du.
Renom >) Renom
Attributs FF ty) Arius
ASfectif | tte! Atrectit
{_Eintité parrainge | E Annonceur|
Figure 3. - Modéle du processus de transfert
en parrainage
Le transfert comme principe central du parrainage 45
processus que nous étudions, nous faisons donc
Vhypothése que l’implication durable peut favoriser
la réalisation du transfert, Les contours d'un modéle
basé sur le transfert se dessinent alors (figure 3).
Jusqu’a présent, les mesures d’efficacité du par-
rainage ont été réalisées 2 partir d'outils quantitatifs,
que ce soit par des analyses descriptives (tris & plat,
Corones, 1991) ou explicatives (régression, Anne et,
Chéron, 1991 ; Walliser, 1994). Dans les méthodes
causales, des méthodes de seconde génération ont,
permis de valider des modéles plus complets
(Giannelloni, 1990, 1993; Giannelloni et Valette-
Florence, 1991 ; Walliser, 1994). L'identification du
transfert comme mécanisme central du parrainage
nous conduit 2 la proposition d'un schéma particulier
de modéle de persuasion. Ce schéma n’implique pas
le recours & une procédure de validation classique,
‘Comment mesurer par exemple le transfert d’image
du parrainé vers le parrain? L'utilisation automa-
tique d’échelles de mesure ts quantitatives ne nous
parait pas adaptée dans ce cadre & l'étude des percep-
tions, des Emotions et des sentiments, qui sont des
concepts qualitatifs. Cette contrainte technique doit-
elle nous faire abandonner cette piste de recherche
pour autant? Nous pensons que Ia validation des
effets d'un tel modéle pourrait se faite d'une manitre
pertinente grice & analyse lexicale (Beaudoin et
Lahlou, 1993; Gavard-Perret et Moscarola, 1995),
Par la technique de l'association de termes, on peut
mettre en évidence des relations sémantiques entre le
discours du consommateur & propos de Pentité par-
rainée (un artiste par exemple) et son discours & pro-
pos du parrain. On peut ainsi tester Ta réalisation ou
non du transfert entre entité parrainée et marque ou
produit. Des logiciels spécialisés permettent d’ores et
déja ce type de traitement: SPAD, Alceste ou Le
Sphinx Lexica par exemple. Les praticiens ont
semble-til initié cette voie. TFI a fait appel & BVA
pour mettre au point Sponsorpact, un outil de contrd-
le du sponsoring télévisuel. On vérifie que le produit
bénéficie bien du wansfert d’image de I’émission.
Afin de mesurer impact du parrainage télévisuel,
des approches sémiologiques sont déja utilisées pour
connaftre les valeurs, le style de l'annonceur et du
programme parrainé, et pour souligner les concor-
dances et les divergences entre les deux (Revue
Médias, 1991). Des travaux sont actuellement en
cours pour définir une méthodologie appropriée.46 Stéphane Ganassal, Laurence Didellon
CONCLUSION
Cet article laisse entrevoir de nouveaux dévelop-
pements dans Ia recherche consacrée au parrainage, &
commencer par une validation du modele proposé en
conclusion, Mais cette validation risque de poser un
certain nombre de problémes.
Les réflexions menées dans cet article & partir de
nombreux travaux sur le parrainage nous conduisent
a avancer d’ores et déja deux préconisations
majeures & l'adresse des praticiens. Premitrement, il
parait désormais pertinent d' utiliser le parrainage
dans le cadre d'une campagne de communication
globale, Le parrainage se préte parfaitement & la
création d'une synergie autour d'une méme action,
dans un but de démultiplication des effets (Grégory,
1984). Tl est possible d’atteindre des objectits de
traditionnelle en direction du
consommateur. Mais la méme opération peut per-
mettre d’agir également en direction d'autres parte-
naires de Pentreprise comme les distributeurs par
exemple, grice & une opération promotionnelle dans
les points de vente, Enfin, le parrainage peut s'adap-
ter A des objectifs de motivation du personnel et de
communication interne.
communication
Deuxigmement, pour les actions qui visent une
modification de l'image ou de I'attiude, il nous
semble désormais utile de mettre en place des outils,
pour valider Ja réalisation du transfert de lentité par-
rainée (personne, groupe, événement ou activité) vers,
Pannonceur. Ces outils vont sans doute se construire
autour des techniques d'analyse lexicale et des logi-
ciels qui se sont spécialisés dans ce domaine.
Une limite mérite d’étre soulignée en conclusion :
étant donné les budgets qui lui sont couramment
consaerés, le parrainage ne peut pas faire de miracle
A lui seul. L’entreprise francaise moyenne n’alloue
pas plus de 5% du total de ses dépenses publi-pro-
motionnelles. De ce point de vue, les « petites »
actions de parrainage ont un effet limité sur
ensemble de la notoriété et de Pimage de entrepri-
se, lesquelles sont surtout développées par les autres
opérations classiques (et notamment la publicité tra-
ditionnelle) financées par le reste du budget, soit,
95 %. De plus, en pratique, le parrainage est souvent.
combiné a d'autres types de communication et le
contréle de ses effets propres est done plus difficile
(Meenaghan, 1984). Pour Zentes et Deimel (1991), la
recherche sur les effets du parrainage est encore au
stade od se situaient les recherches sur les effets de la
publicité classique, il y a vingt ans.
Toutefvis, les recherches qui sont actuellement en
cours devront permettre de mieux décrire et done de
mieux maitriser les influences des actions de parrai-
nage, en matigre d’image notamment. Ce travail est
nécessaire afin d’assister les décisions des annon-
ceurs qui hésitent parfois a investir dans les actions
de parrainage, les considérant comme peu contrd-
lables. Nous insisterons enfin sur le nécessaire réalis
me des protocoles d’étude dont la mise en ceuvre doi
préserver le caractére dramatique de l’événement, qui
est essence méme de cet outil de communication. Tl
nous semblerait judicieux de mettre en place une
recherche en association avec un certain nombre
dannonceurs, afin d’analyser et de tenter de mesurer
les effets du parrainage & partir de l'étude de diffé-
rentes opérations en grandeur nature.
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