‘COMPREHENSION ECRITE
2- Lire un texte argumentatif
Débats
l'anglais
Jacqueline Quéniart
Profseur agrégée danglais, membre de
la commision Thelor
La commission Thélor (qui a cha-
peaucé le « Grand débat national sur
Favenir de Pécole »] a considéré que
tous les éléves devaient apprendre, dés
le CE2, « fanglais de communication
internationale » et que celui-ci devaie
faire partic du s socle commun de
connaissances »
Au sein de la commission, ce sont sur-
tout les industriel, les universitaire, les
patents et es hommes politiques qui
‘ont défendu Fidée que langlais était
devenu une compétence indispensa-
ble. Par le rlequiljoue en économie,
dans les sciences, la technologie, la cul-
tue et les médias, il occupe une place
part parmi les langues érangéres. En
France, 96 % des enfants le choisis-
sent pendant leur scolarit
Rendre son apprentissage obligatoire
Claude Hagige
Profeseur au College de Prance,titu-
laine dela chaire de théore linguistique
La proposition du gouvernement de
rendre obligatoire l'apprentissage
une langue vivante dés le primaire,
ppas forcément l'anglais, ne me satisfie
pas. Parce qu'il est certain que les
familles se précipiteront, de coute
acon, sur Langlais, Ee if n'y a aucune
raison de renforcer la suprémacie
anglophone. La vocation de lécole,
ese la transmission et l'innovation.
Crest done le plurilinguisme, Pap-
prentissage de deux langues étran;
res, non d'une seule, qu'il faut
promouvoir 8 l'école primaire. Je suis
hostile lenseignement de l'anglais
seul, comme Cest le cas dans les pays
scandinaves, par exemple, Li-bas, cela
peut se comprendre car la langue du
pays n'est pas parlée hors des fron-
tiéres, alors que le francais a une voca-
Faut-il apprendre
dés I’école primaire?
Aprés le rapport de la commission
Thélot, Frangois Fillon, ministre de
Education nationale, a tranché. Au
primaire, ies éleves devront s‘initier &
une langue vivante. Pas forcément
trds tét aideraic nocre pays retrouser
son influence sur la scene mondiale.
écornée par notre insullisance en
anglais. Une récente evaluation des
compétences des éleves de 15 et 16
ans dans sept pays européens le mon-
tre: les résultats des Frangais sont net
tement inférieurs& ceux des eves des
autres pays (Suéde, Finlande, Norvége,
Pays-Bas, Danemark et Espagne), oit
anglais est obligatoire ds le primaire.
Depuis 1996, le niveau a baissé. Nosre
fagon d'enseigner est en cause, trop
axée sur la grammaire et Périt. Les
leves expriment peu, de peur de se
romper, surtout devant 30 éleves.
700 millions de personnes parlent
anglais dans le monde. Or c'est la lan-
gue marernelle de moins dela moitié
entre elles. S‘inspiranc de travaux
menés par des chercheurs anglais &
Vuniversité de Vienne, en Autriche,
les professcurs devraient abandonner
tion internationale trés ancienne,
Association des pays francophones
réunit 50 pays aujourd'hui, ce qui
veut dire qu'il y a des gens dans le
monde qui voient dans notre langue
un autre choix. La domination de
anglais nest done pas inéluctable.
Crest dailleurs l'une des langues les
plus diffciles @ apprendre, pour nous
«qui parlons une langue romane. Plus
que le russe ou Urabe. Langlais est
«trate », avec son absence apparente
dinflexion et la grande quantité de
mots monosyllabiques. Il est cous.
didiomatismes, de difficultés pho-
nétiques. En fait, comme le disaic
Churchill, « Panglais est une langue
unis facile a parler mal ». C'est pour-
quoi le concept d« anglais de com-
munication internationale » laisse
perplexe. Une langue est une langue.
Ex Tideal, c'est de parler comme les
natifs |
celle de Shakespeare
Delphine Saubaber
Tike d'enseigner une langue proche de
la perfection des navifs. Ces travaux
préconisent d étudier Panglais en usage
dans la communication internatio-
nale, pour parvenir &distinguer ce qui
‘xt indispensable & Foral de ce qui ne
Test pas. Par exemple, il fest pas utile
de s‘acharner sur certaines erreurs
typiques des eleves ~ confondre les
pronoms who » er « which », durcir
1a prononciation du « th »... Il fau-
drait repenser la fagon d’enseigner
Ps anghis international » Uf Sagirait, en
fait, de déterminer ce qui serait éva-
lu€ prioritairement dans le « socle
‘commun ». Sans pour autant renoncer
a présenter les cultures et les licéraru-
res qui fondent lidentité de la langue.
Vaptinude a l'écoute, l'édueation de
Voreile, les stratégies de communica-
tion, la conscience linguistique ainsi
développées prépareaient Pétude d’au-
tres langues ds la cinquiéme.
Pourquoi parler plusieurs langues le
plus t6t possible ? Pour des raisons
rneurophysiologiques 3 partir de 10-11
ans, les synapses, ces zones de contact
cnute les neurones, se sclérosent. Or
elles jouent un rdle majeur dans fa
retention des souvenirs. A cela s3joute
Foreille. Jusqu’a 10-11 ans, elle est
réceptive & tous les sons. Ensuite, elle
devient sélective: elle ne percoit plus
que les sons récurrents, entendus dans
entourage. Résultat: un francophone
qui apprend anglais 3 13 ans pro-
nonce diffclement les «h » cari ne les
encend pas. Enfin, les familles rai-
_gnent que Ton nlapprenne trop de cho-
ses aux enfants. Or les capacités duu
ccerveau sont infinies et sous-exploitées
par les programmes... Le plurilin-
guisme scolaire précoce nexiste nulle
part dans le monde. Cette idée devrait
étre promue par la France.
DR
62 + Enrewes types