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CHAPITRE IV : LE DIEU OMNIPRESENT BES / BASA OU LE “PRINCIPE DE VIE PAR EXCELLENCE” Ce chapitre se propose d’étudier de fagon approfondie un dieu égyptien omniprésent depuis les plus hautes époques de I’histoire égyptienne, directement ou indirectement, et dont le nom, le role et les manifestations dans la pensée religieuse éayptienne offrent des éléments de comparaison et de rapprochement avec le nom et 1a pensée religieuse précisément de T'ethnie camerounaise connue sous le nom de Basaa. En autres termes le nom dieu Bés et ses rapports avec le radical bs(}) ou bis (ainsi gu’on va le voir) sont examinés ici & 1a lumi8re de l'ensemble des données ‘culturelles ct linguistiques de l’ethnographie et ce Vhistoire basaa. § 1 Introduction La bibliographic relative au dieu Bs est abondante, mais les questions touchant & son origine géographique, a Iétymologie de son nom, & son image caractéristique ‘ou son iconographie, ainsi qu’A son rOle et son rang dans le panthéon égyptien continuent d’ére discutées et méme de soulever de nouvelles interrogations. Cotte ampleur de Ia bibliographic peut sembler d’autant plus paradoxale que «ce dieu», comme le soulignait J. Sainte Fare Garnot en 1952, «dont la place au sein du panthéon égypticn est some toute secondaire es une des divinités sur lesquelles, ‘on ale plus écrit a cours de ces dernitres années A nnotze sens, deux raisons au moins semblent pouvoir expliquer cette faveur sans cesse grandissante. D’une part, “ iln'y a pas un seul dieu en Egypte dont les formes varient autant que celles de Bis", ‘autre part, bien que I’on se soit accordé auparavant & reconnaftre que ™ Bas n'est pas un des grands dieux du Panthéon officiel égyptiens3, et que ce n'était qu'aun demi-diew, un génie, un gnome, un lutin, un djinn, un frit, ta fois bienfaisant et malfaisant. 1 Gao Sin Fao. Regi Apo antiques Bbigrpie nage (938-14), POR, Pat, 1952p 1. 2 Pye, Chepes upline re der ores, Dil Las 8 118 2 Byte Lee de Bas de Taare thr dan oul de Deir ol Meine (1341939), FIERO, XVI. 93. aie 401 ce dieu, défenseur du soleil Ré ct veillant & entrée du XIVe “pyldne” de la Douat a ’aide de couteaux dont il est armé, n’en est pas moins devenu, sous Ia X12 dynastic, «une sorte de dieu mystérieux, un Amon maitre des secrets ANB SOIT am con sores JM 09, coc suman on i tant de personages et d’attributions, est un parvenu un peu obscur que la chance a conduit au rang de dieu supréme, de Panthée aux mille aspects»! Mais si Yampleur de Ia bibliographie autoriserait & penser que l'image de cotte divinité est désormais éclaicie sur tous les points, il n'en a pas été ainsi jusqu’en 1958 daprés F. Jesi ? qui soulignsit alors la nécessité d'une oeuvre d’ensemble sur ce sujet particulier, Il n’en est pas davantage ainsi aujourd"hui, bien qu’un certain nombre d’études fort importantes quoique partilles soient venues ces dernitres <écennies approfondir la recherche et enrichir le débat & cet égard. La-dessus, il convient de citer, entre autres, l'article tres docamenté de M. Malaise® qui a bien résumé l'ensemble des discussions relatives av dieu Bas, ainsi que celui de D. Meeks ¢ qui a repris plus spécislement la question de I’étymologie du nom du dieu, pour proposer une nouvelle aeception du vocable bs digne du plus grand intérét. Pour notre part, ayant été conduit dans nos travaux antérieurs (d’ethnologie ct histoire religieuse)> & formuler 'hypothése d'une probable concordance - au moins religieuse - entre V'ethonyme Basa (dont I’étymologie était jusque-1a controversée ct considérée comme incertaine) ct le nom du dicu Bas, transcrit Basa par V. Loret 6, nous nous proposons de mettre en évidence quelques données comparatives totalement nouvelles et inédites (dont nous n’avions mullement conscience au début de notre recherche) fournies par la langue et la culture basad, susceptibles, par leur caracttre suggestif et pertinent, d’éclairer davantage les aspects déterminants de ta nature et de 'importance de ce dieu qui pourrait bien s'avérer &tre la source principale de la conception religicuse de I’Bgypte ou bien le concept fondamental de sa religiosité. Dans cette perspective, il nous faudra considérer le probleme de Ia lecture du nom du dieu et plus précisément de sa vocalisation, II semblerait que l'application de certaines régles de correspondances phonétiques régulitres ou d’alternances si, 9. 96, 381958, 171-18, 3 Mahi Me, “Bs ee rane lie ts Sen Exptl present Mam ihn ite by Seah at Gra Te Hebe Unive, eso, 199, p79. ‘Nise, "Le om du st se epson myatalque” dae Sa Argypac IV Inca erage of Bp ‘Stes preven sl Kak by Feds a clegis oh he aceon hi th ity, Buda 1950, pp. 23-86 5 Our Nigh Leyte de opine dine der Bau Cameroun, Menai de DEA @ isola en Exon se ‘Pacwpe, Univers fun Mana Lyon, 198, {Lore Van dengue depine,a's189, se dane a gi lem Egy" a Angra 408 ‘phonclogiqucs dégagées & partir du dépouiement du lexique comparé égyptien - ‘asad puisse permetire d'établir un lien direct et solide entre le radical bt) et lo nom du dieu, grace & V'acquis des recherches égyptologiques antézieures dont, ‘notamment apport fondamental des travaux de JM. Kruchten! sur le radical bt!) + ainsi que celui, complémentaire, de D. Meeks sur Pétymologie du nom de Bas. § 2 Etat des questions sur ’étymologie du nom de Bas? Dans son article précédemment cité, M. Malaise essaie de faire te point en ‘appelant tout d'abord que «Vorigine duu nom de Bas est loin d’étre assuréen, Ensuite, évoquant la possibilité d’un rapprochement entre le verbe bs(() dont le fens. premier (Gtabli par JM. Kruchten) est “émerger", puis “introduire”, “introniser", et dont le radical sert tout autant& désigner les éruptions cutanées ou Jes suppurations..que la “flamme", “celle qui monte” ainsi que le “Lai” ou liquide a sourd” (33) , Vautour convient avec Kruchten que cette &tymologie est “incertaine” (sic) dans la mesure od, selon ce dernier, «le nom de Bas n'est jamais ae ‘sccompagné par les déterminatits ZA. propres 8 ce verbe bf) et bien que les drivés “eruption”, “amune en soient également dépourvusn Cependant Mi, Malate e monte quelque peu seeptiqu puis sutgne qe ele met by. WD, "47S; Meeks, AL I, n°771312) tcé de cete racine srt qualifier le soll gui g Point au-dessus de Vhorizon» «Bs en rapport ect avec ments oriental, comme coroliaire de gardien du soleil levant». ‘Ul rappelle, par ailleurs, la Position de L. Kakésy ston laquelle e nom du dieu Bas et "image seette® bg auraion fait objet d'un savant jeu de mots dela part dclergS qui surat chet masque de Bts pour servir de te principale av diew composite qui resume en a toutes ies pisces, En revanche, Malaise crtque et reete Mhypothise de Padro i Parerise® qui ‘approche le nom de Has de celui du “éopard” 52 (WB, I, 415) pour des raison ‘ui ne tennent pas compte du radial consonantique du nom du dion dene sos ensemble, A conti, M, Malaise propose que I tymologie sl, selon se termen scherehée du e6ié de bs. (Wb. 1,475) “potéger, la chute du ? fim font wy Pénoméue bien conna (i ily @ une note de renvoi au Verbum de Sees), ree Mo, Ler anaes ds res de Kom 20-0 Dee et ares ee compra eats intiaton ds pres Anon, Dgaemet Orsi Leoven 88, sittin der Aerie "Bs" al TAT, Val genet Ltn omar Velola Cnn util = 6. Gucci: Ede ot veo ype uae da Bate Croce tl ee oe natn, Foes 11-83, Nace, 1991 7997.9, ABER Pet iL, “ee dulce seme gts es Fyn ae JES Fee 2 fad Pci 0. Be roca uel Gan Fenda, Petra | Mem Ane Peer Cota, Bale, 1 975, pp 23-2 6 Seb Das ache Vr 1 1899671. 409 ‘autant plus que lorthographe syllabique utilisée pour écrire le nom du dieu (Wb. 1, 476) ou les anthroponymes thophores formés sur celui-ci (Ranke, PN, 1, 98), 8¢ lisait peut-Gtre encore bs3 ». Pour D. Meeks, toutes ces étymologies sont fondées sur des ressemblances assez, ‘vagues entre les vocables concerés, ot elles ne permettent pas d’expliquer le hiatus gui existe entre le moment ob apparatt Ie type iconographique “Bés” et celui od le nom méme se rencontre pour la premidre fois !. Dans un article qui est d'une 2s ‘grande densité, Pauteut s‘ttache & démontrer avec pertinence que le vocable bs attesté dans les Testes des Pyramides (Pyr. 1186), bien qu’ étant Gtroitement li au dicu Bas, ne le désigne pas directement. Le contexte différentoffert par le Ritwel des Quatre Boules ? oi le vocable apparait également I'améne & tui dégager un sens nouveau, eslui dre de petite taille” Envisageant ensuite d'autres contextes plus complexes oii l'on rencontre ce ‘vocable en composition, notamment dans le Rituel de I'Ouverture de la Bouche *, auteur propose une autre acception du terme bs : par assimilation du jeune soleil & tun enfant et qui peut étre également considéré comme un nain, plus précisément ace nain, homme qui réside A Héliopolis, le courtaud» 4, Meeks releve, & partir de considérations mythologiques associées & Bes, que le vocable bs peut également désigner «un étre chétif et vulnérable, tel un prématuré> (p. 427), et, & son avis, rien ne s‘opposerait & ce que ce terme (U'un de ceux qui désignent enfant soleil dans le Ritwel des Quatre Boules ) soit celui-la méme qui fournisse ia véritable étymologie du nom du diew Bés, dés lors que ce demier «peut étre considéré ‘comme une transposition apotropaique du prématuré» . Si Phypothése de M. Malaise n’offre pas de solution satisfaisante au probléme de Tétymologie de Bés, elle n’en a pas moins le mérite davoir altié attention sur ’écriture et la transcription de ce nom. En effet, auteur consid&re le radical bs3-“protéger” comme point de départ et Péventualité et éventualité d’une chute du 3 final qui expliquerait I'évolution ou le passage de Bs3 & Bs.. Ensuite il évoque clairement «l’orthographe syllabique* utilisée pour écrire le nom du dieu ou les anthroponymes théophores formés sur ccelui-ci» (* souligné par nous). Cependant, on peut relever que J'auteur ne tient ‘compte de lorthographe syllabique qu’& moitié puisque celle-ci comporte le signe vie OP, 9, ete signe bitre F, «3 1 Mek ip 2 Gayo GC), “Le evans rte des Que Bose” dane FAO 75 (975) 383.6. 5 ox (B), Daw type Manna, 1, Wieden (1960) 6 Sze 30), 9 44 Merk, pct p24,

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