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LA LOGISTIQUE D’ENTREPRISE Vers un management plus compétitif 2 édition enrichie et mise a jour Daniel Tixier, Hervé Mathe, Jacques Colin DUNOD TABLE DES MATIERES Préface Introduction a la deuxieme édition PREMIERE PARTIE LA PLACE DE LA LOGISTIQUE DANS LE MANAGEMENT ui LA LOGISTIQUE, CONCEPT DE MANAGEMENT 1 © management évolue et re des concepls nouveaux pour S‘adapter Le systéme de management dans un monde ouvert B DEFINITION ET EVOLUTION DE LA LOGISTIQUE 1. Vers une définition Implications de ce cheminement 3. Lesystéme I ique et ses opérations AM. Le territoite de La logistique 32 Les différentes modaltes analyse bla syooprique du champ Wapplication de fa Togistique H STATUT DE LA LOGISTIQUE DANS LE MANAGEMENT 1, Aspects théoriques du statut de la logistique vw Li loistiqne f enmreprive 2, Statut de la logistique dentreprise aux Etats-Unis, 58 2. Lévolation 58 2 Les coats 59 3 Dimension nouvelle e soutien lgistigque itéeré 64 3. Statut de la logistique dans les entreprises frangaises 66 3.1. Progression répulie du voneept logistique de 1970 3 1975 66 2 Stagnation, voire pete de enéibiité de Moptionlogistque entre 1975 ct 1980) 67 23. Reprive énergque, depuis 1980, de Factivité autour de la logistique consdétée prostessivement comme une arme concurrence 67 3A Accroissement de a productvité logisique er évolution des structures de enteprise 68 AS De la pradutvié a la qualité et av concep de Meveellence logitigue 09 oO LA LOGISTIQUE PARTICIPE DE LA STRATEGIE RB 1. La logistique est devenue une arme stratégique B Lt Cher tes mitares B 1.2 Dans es grands ystemos et dans a petion 4 1.3 ans es rapports fouenissours- distributes 16 2. Ladétermination du niveau de valeur stratégique de la logistique est du ressort de la direction générale 87 DEUXIEME PARTIE LES POLITIQUES ET LES ORGANISATIONS LOGISTIQUES a DIAGNOSTIC LOGISTIQUE DE L'ENTREPRISE a1 1. Analyse stratégique ou évaluation des enjeux 93 Lt Evaluation de Pemeprise 93 1.2. Exploration de Penvinonnement o4 1.3 Positionnement optim de a logistique dans P'élaboration des strategies 96 Table des maueres 2, Analyse opérationnelle ou higrarchisation des vulnérabilités 241 Objects det 2.2. Linelligence particuligre de orga aly sation logistique 2.3. Rechotcher Voi ne des probes Plan d'action et élaboration du projet logistique 1 Les ases du poet Fogsigue dente 32 Elaboration d'un ensemble arbirages 3.3. Formulation des composantes du systome de gestion logisique IDENTIFICATION DES FACTEURS DE COMPETITIVITE. La qualité de service dans I’élaboration des politiques logistiques [LI Le service comme voeation fon et contradictions des services publics » 1.2 Localisation et optimisation des moyens comme réponse logistique 1.3 Le service, out de pérennité sur les marché tr’s eoncurencés Leobsession de la productivité et l'élaboration des politiques logistiques, 2.1 Evolution ale de la productvité et des cots logistiques 2.2 Les reponses au sou d sroissement de la productivité 2.3. Evolution des struct Phy siques et administratives La performance financiére et I'élaboration des politiques logistiques M1 Analyse de ka renabilté relative des investissements 42 Sous-ratance des opérations et maimtien de lt maitrise logistique 4.3 La reduction permanente des Fras de stovkae FORMULATION DES POLITIQUES LOGISTIQUES Systeme dobjectifs, la logistique comme gestion interfaces ‘Typologie des politiques logistiques Alliances et partenariat comme orientation alternative Politique comme structure dobjectit’, 4.1 Gestion ingarée du sysitme 42. Systome flexible d'entreprise 4.3 Soutien lopistique imégee vi 98. 98 100 lo lol 102 103 107 108 ho Lo. 12 14 ls 120 120 i 121 1 129 130 133 138 138 141 vi La loivigueeemeprse 44 Logistque comme segment statéuique 4.5. Sous-tratanes complote des opérations to 4.6 FFlitiation des moyens logistiques 47 Lopistique de servie public Stratégie logistique dans les services 5.1 Ident tion et gestion des lux dans les services 5.2. Similarité et diférences entre lopistique industielle et logisigue des services 5.3. Politiue logistque des services apres PROGRAMMATION DES OPERATIONS ET FLEXIBILITE Planitication stratégique et tactique du projet logistique tervale 1.1 Deus eas de planification logistique, 8 dix ans di 1.2. Pha ion sratégique ou programmation des changements 1.3. Les techniques au service dela planificationtactique Application de la planificat n logistique opérationnelle 2.1 Principe de fa planification logistique opéravionnelle 2.2 emificaton des domnines application observés De la distribution physique au soutien logistique intégré 3.1 Planiticationlosistique de distribution physique 4.2 Planitication de production achats et distbution ‘ou gestion intéae du systéme logistique 33 Plait jon du soutien logistique intéeré des équipements complexes ARCHITECTURE DES ORGANISATIONS LOGISTIQUES Le schéma de programmation ‘comme facteur d organisation logistique lypologie des structures organisation observées 211 entitication des missions de a fonetion logistique 2.2 Fonction fogitique coordonnant a distribution et Menteposage 2.3 FonetionIopistigue de coordination production et distibution 24. Fonction logis ique comme division «soutien logistique intégré» organisation logistique dans la structure de Ventreprise 142 143 145 146 147 148. 150 Ist 153 154 154 157 159 162 162 lot 107 167 175 178. 183 Is 192 192 194, 197 201 206 Tube des matives TROISIEME PARTIE LES ENJEUX DE LA LOGISTIQUE POUR L'ENTREPRISE ET SON ENVIRONNEMENT oO DES ANNEES D'EXPANSION POUR LA LOGISTIQUE 1. La dynamique logistique : d"autres répartitions de responsabilités dans les entreprises innovantes 1 Des seénarios organisationnels eantastés 2 L-Europe : vers am nouvel enjeu logisigue dans les rotons entre industriel et istibuteurs ? 2. La montée en puissance des prestataires logistiques 2.1 Les nouvelles rendances du transport de marchandises ines du transport de marchandives 3. Logistique et tervitoire ; environnement et prospective logistique fers des logisiques eurpécnnes pols J facteurs jouant en faveur de lt polarisation des Iogistiques européennes 4 Le futur de lt logis jue: espace. environnement ct prospective Conclusion Bibliographie 209 209 209 2M 24 246 250 250 253 261 266 2 281 |_| PREFACE On ne peut que se féliciter que ce tout dernier livre consaeré au domaine din- 16r€1 croissant que l"on nomme logistique ait été écrit par trois éminents auteurs francais. De fait, l’origine méme du mot est frangaise, le terme dérivant du verbe 4 loger » : ce sont les militaires frangais qui l’ont utilisé les premiers, si on en juge par ouvrage d’ Antoine Jomini, Précis de l'art de la guerre, qui remonte & 1838. Et, de plus, ce sont des Frangais qui les premiers, au XIX’ siécle, ont pré- senté par écrit des concepts aussi communément utilisés aujourd’hui par les res Pponsables opérationnels de la logistique que lanalyse des cofits totaun. Sachant cela, le fait que ce premier traitement en profondeur du sujet ait &é écrit par des universitaires et chercheurs frangais apparait comme particuligre- ment heureux, De plus, ce livre propose plusieurs perspectives importantes qui pourraient bien changer orientation du travail des universitaires et des respon- sables de logistique dans le monde entier. Parmi ces perspectives nouvelles figurent celles qui consistent & considérer la ogistique comme un élément important dune stratégie concurremtielle. Bien que cette importance puisse varier d°une firme & l'autre, elle suggere le besoin intégrer Ia logistique et ceux qui ont la responsabilité des transports, des entre- posages. des stocks et du service aux clients dans le processus de planification stratégique: Ce livre fourmit de nouveaux éclairages sur les relations entre « teneurs den jeux » associgs dans la chatne logistique et responsables de Ia coordination du flux des mouvements de matigres entre les firmes. Jusqu’d prévent, lattention avait pas 616 suffisamment portée sur ce point Peut-étre est-il tout aussi important de souligner que ce livre réaffitme Puni versalité des problémes que se posent les responsables de la logistique dans le ‘monde entier. Tout comme le jeu déchecs, la logistique est un domaine de plus XI L loxisigne d erreprise en plus régi par des régles mondiales, les relations entre les « tencurs d'enjeux » de la chaine logistique devenant de plus en plus multinationals. ‘Comme les auteurs le soulignent. leur travail est focalisé sur les concepts plus que sur les techniques d"analyse qui ont été développées de manigre de plus en plus standardisée dans bien d'autres endroits. En faisant ce choix, ils ont mis en avant des idées qui devraient guider la réflexion de tout dirigeant chargé de pré- voir le cours futur des affaires publiques ou privées. De surcroit, leur livre devrait influencer les recherches futures. James L. HESKETT 1907 Foundation, Professor of Business Logisties Harvard Business School | INTRODUCTION ALA DEUXIEME _ EDITION Cee livre est un livre de management, ¢'est-i-dire qu'il traite de l'une des approches par Iesquelles des hommes et des femmes responsables des résultats de leur gestion organisent leur activité professionnelle pour en optimiser les résultats. Liensemble de ces approches forme un systéme intégré qui est celui du onctionnement des organisations. Le mot logistique est d’un emploi courant relativement récent mais devenu fréquent. Ses contours. sont assez imprécis, et on le trouve utilisé dans des contextes tres différents pour dire des choses qui peuvent étre assez éloignées les unes des autres. Bien que fort ancien, puisque certains philosophes grecs I'em ployaient déja, son usage universel A valeur variable et sa consonance vaguement scientifique et incontestablement efficace en font un de ces mots qu'affectionne particuliérement le monde moderne. Son utilisation est done déticate. II ne faut pas pour autant rejeter de tels termes au motif du risque de déception. I nows semble, par contre, souhaitable d’exposer & nos lecteurs ce que nous allons tri- ter et ce que nous ne traiterons pas, ainsi que les raisons qui sous-tendent notre choix. Revenons aux sources pour un moment, On trouve logique et logistique employés de fagon complémentaire par de grands penseurs comme Aristote. Les deux mots ont d’évidence une racine commune. Ils s’appliquent tous les deux & une science de raisonnement correct, lequel, pour la log bli par déduction ou par analogie, et pour la logistique par le calcul, La pensée logique utilise done les mots et les phrases comme outils et Ia pensée logistique les chiffres et les symboles mathématiques. Ce souci de nous ancrer sur des racines profondes et d’aflirmer que penser logistique n'est pas un fantasme se retrouve deja chez. nos prédécesseurs améti- de vrais pionniers dans le domaine il y a une trentaine dannées, La Logisique &entreprise On le trouve par exemple chez Plowman qui a présenté une série de conférences sur le sujet & Stanford au début des années 60". Il est expliqué par le fait qu’on parle encore peu de logistique chez les princes de la gestion alors qu'on connait la sophistication du management modeme et que le mot « logisticiens » évoque ‘encore plutdt les amis des mécaniciens de locomotives que des intellectuels de cchoe. Et il est vrai que nous avons longtemps senti un peu de suspicion, ou tout au moins une grande interrogation, lorsque nous disions &i nos interlocuteurs intellectuels que nous nous intéressions & la logistique, Toutefois. grice ’i ce cher Aristote, nous pouvons nous situer clairement dans la lignée de pensée ration- nelle. Et cette union de la philosophie et de la science se retrouve, par exemple. dans la proposition faite au Congres de philosophic de 1904 de nommer « los tique » Ia «logique nouvelle », & la place des locutions usuelles telles que « logique symbolique », « mathématique » ou « algorithmiques » Dans un sens général, le mot logistique se rapporte 8 1a fagon dont "homme ‘organise pour porter son fardeau dans la vie et dont il utilise les moyens qu'il peut rassembler pour cela. Il y aurait la matigre & un traité qui pourrait démarrer avec les forces spirituelles qui le guident pour déterminer ce qu’il veut faire de sa vie, tant il est vrai que dés que l'on peut prendre un peu de recul, on s‘inter- roge sur sa destination avant de soulever son fardeau, Ce n'est pas, bien stir, notre intention, mais nous retiendrons que la logistique part de la préoccupation de la détermination des objectifS, et non de la mise en aeuvre des moyens dispo- nibles qui n‘en est que I’étape suivante. En cela, nous affirmons que notre but n'est pas de faire un livre de recettes ou un manuel de « bonne logistique ». Dans les différentes techniques qu’utilise la logistique, comme utilisation d'outils ‘mathématiques et statistiques appliqués & la gestion des stocks, & ordonnance- ‘ment, aux optimisations d implantations, aux réseaux de transport, etc, il existe dgja de nombreux ouvrages de qualité auxquels le lecteur pourra faire référence s'il en éprouve le besoin. Ce livre ne fait done pas double emploi avec les ouvrages consacrés aux achats-approvisionnements ou a la gestion de produc: tion, ni méme avee des manuels de distribution, méme pour ce qui concerne la Aistribution physique. Nous avons voulu faire un livre de réflexion, et surtout de réflexion straté- gique. Nous pensons que le développement du concept de logistique procéde du développement des organisations et nous nous situons autant en amont, en aval et autour des tiches accomplies par la fonction logistique qu’a Vintérieur de celle-ci. Nous pensons aussi que la logistique est l'arme de mise en ceuvre de la 1. E, Grosvenor Plowman, Leen on Elements of Busines Lagstics, Grade Schoo of Busines, Stato Universi, Stanford Transporation Series. 1964, 2. Explication de» Lopisique » dans Le Vcubulitephitaphique de Lalande. Cs dans Le Grd Ree Inout da deo ton 3 stratégie et qu'il n'y a pas de plan stratégique indépendant du potentiel logit tique. Il nous a semblé nécessaire de faire cette remarque liminaire en raison de la situation actuelle de la discipline. Bien que dja vieille dame, puisque son nom est réapparu il y a 150 ans pour exprimer une fonction «organisation particulig- re, qui d’ailleurs était militaire & Vorigine, la logistique, en tant que systeme, est tune approche qui n'a que depuis relativement peu de temps fait systématique- ment objet des réflexions des responsables (entreprises, et qui doit surtout étre considérée comme un instrument de gestion d’avenir, Que la prise en considération de la logistique en tant que chaine & optimiser soit un phénoméne relativement réeent peut d'autant plus surprendre que, dune part, les sommes manipulées par la fonction sont énormes et quron le sait depuis Jongtemps et que, d’autre part, un grand nombre de ses éléments sont présents dans toute activité humaine. Néanmoins, partant du principe qu’un concept ne s‘affirme que quand on peut le nommer, pour le décrire et 'isoler des concepts adjacents, la réalité du voe: bulaire est révélatrice. Le mot logistique n'est entré dans univers de tout un chacun qu’avec les bagages des soldats américains de la Libération, et méme aux Etats-Unis il n'est accepté dans univers du management que depuis moins de trente ans, La meilleure preuve en est que l'association professionnelle concer- née n’a 616 eréée qu'en 1962, et sous un nom : « Conseil national de la gestion de la distribution physique » Wational Council of Physical Distribution Mana- gement), évitant délibérément le vocable « logistique » qui faisait encore trop peur: Petit & petit, la logique a amené les membres du NCPDM 2 rajouter la ges- tion de toutes les matigres (materials management) & leurs préoccupations et on est done arrivé & qualifier de distribution physique, qui ne devrait de toute év dence que s"appliquer & laval de Mentreprise, le vaste ensemble de ses relations avec lamont et aval et méme les décisions de production et d°implantation €établissements, ce qui est tout de méme un peu surréaliste. Quoi qu'il en soit, ce n'est qu’en 1986 que le NCPDM a changé son nom pour Council of Logistics Management. Il n'existe pas en frangais de terme généralement recon pour exprimer le concept de pusiness logistics, e"est-A-dire sans nourrir d’équivoque avec une science militaire ou des fonctions mathématiques. Pur analogie avec le terme « politique d'entreprise » qui exprime le concept de business policy, nous avons proposé « logistique d'entreprise », mais I'expression n’a pas vraiment fait l'ob- jet de discussions de terminologues. Pourtant, il nous semble important daffir- mer qu'il y a bien un concept de gestion précis qu'on devrait pouvoir désigner sans ambiguité. Il est possible que autres vocables s"alfirment. Ce sera peut- tre tout simplement logistique, puisque les réflexions des trois grandes familles 4 La logistique e emreprise de logisticiens, les militaires, les hommes d'entreprise et les concepteurs de grands systemes tendent maintenant a se rejoindre dans un corps de pensée com- ‘mun, Mais cela ne se fait qu’a un niveau d’abstraction assez élevé. et la diffusion un vocable unitaire nécessite done que la logistique soit bien «dmise commu- nément comme une grande discipiine de gestion, et non comme un ensemble dle quincaillerie coordonnée, Pour cela, et bien que les dix demigres années aient connu une évolution rapide, nous pensons sinc’rement qu’il faudra encore quelque temps, Notre ambition dans ce livre est de concourir & Vaceélération de cette reconnaissance. Le dégagement d'un concept & partir de observation d’expérienees et son développement en un ensemble opérationnel de techniques universelles passe par V'échange de réflexions au sein d'une association appropriée. Il en existe ‘maintenant dans tous les pays développés et souvent méme plusieurs par pays selon les types de prévecupations. Elles sont parfois internationales et sont de toute fagon en contact régulier avec leurs homologues d'autres. pays. Elles Fegroupent généralement des professionnels et associent souvent des chercheurs et des universitaires & leurs travaux En tant que corps constitué, la logistique d'entreprise est done encore jeune. Le nom méme de husiness logistics était encore incertain il y a trente ans’, Les premiéres formations universitaires n’ont vu le jour dans le domaine que dans les années 50 aux Etats-Unis et att début des années 70 en France, Quant aux dic- tionnaires, ils ignotent encore totalement que les entreprises aient une fonction logistique. Méme ceux qui veulent sciemment répertorier le vocabulaire Savant restent quasi imperméables aux notions de gestion, ce qui d’ailleurs en dit long sur les rapports de I"intelligentsia littéraire et scientifique avec le management. En 1981, Le Grand Robert donnait : «Terme militaire, Ant de combiner tous les moyens de transport, de ravituillement et de logement des troupes.» Méme en termes militaires, cette definition avait une guerre et un aprés-guerre de retard, Littré atfirmait pourtant déja que la logistique servait de base a la stratégie, Ce dont a sans doute le plus souffert la logistique dentreprise dans son déve~ loppement, c'est de ne pas conduire de fagon évidente a des carriéres nom- bbreuses et prestigieuses. Absente sous une forme directe des fonctions de diree- tion majeures, elle n'a gure semble étre une voie daccés vers ta direction géné- rale dans une société méritocratique. Hest vrai que dans une organisation hié- rarchique de type pyramidal, il était difficile de reconnaitre une nouvelle valeur stratégique suns remettre en cause un ordre consacré par le temps. Dans ces conditions, son r6le ne pouvait gure étre valorisé relativement & dautres. 1, Staney Brewer a propos en 1960 Je aéologisme « thchinigue » dans bi Califia Management Bevis en assocant es ocines reeques sive pa Mh irene pots, makrauowinoratons [Le but pousavi dat asement d'altnmer emergence # un concep oe gestion. uraduetion &la dewsieme éion Les perspectives sont aujourd'hui différentes notamment parce qu’on recon- nait & la logistique un role d'interface, alors que la gestion des interfaces est devenuic un aspect économique stratégique majeur, et parce qu'on sait que le logisticien posséde une des clés des enjeux financiers des stocks. Les limites des higrarchies pyramidales pour maftriser et conduire les grands ensembles com- plexes ont justifié le développement de théories duu management moins simples, et notamment celui des organisations matricielles qui peuvent d’ailleurs s’appli ‘quer avee bonheur dans toutes les entreprises, méme celles de petite taille. La logistique d'entreprise y trouve le moyen d’affirmer pleinement son role sans remetire en cause lorganisation générale. Le concept de la logistique d'entreprise a considérablement mari. Les points, de vue des experts quant & son développement convergent, tant en ce qui concer he son type que son importance, Nous avons vu la convergence avec les disci plines mere qu’est la logistique militaire et cousine quest la logistique de syste ‘me des ingénicurs de projet. Le concept de logistique est l'un des supports les plus f&conds et les plus nécessaires pour guider la vie et le progrés des organi- sations, Sa diffusion a été plus ou moins rapide et sera encore grandement influencée par les poussées technologiques et par celles des concurrents. Nous pensons qu'avant la fin du sidele ce concept sera universellement reconnu comme l'un des grands concepts du management. Alors, les stratégies ayant rejoint les techniciens dans la discipline, la logistique n’aura plus de probleme image, Ce livre nest pas une thése d"universitaires. Méme si es travaux antérieurs sont exposés, cités ou retenus, le but n'est pas de prouver & un public savant l'ori- ginalité de la pensée et la maitrise du sujet que peuvent en avoir les auteurs. Bien qu'il s'adresse concrétement a la réalité dune fonction, ce n’est pas non plus un recueil de conseils empiriques. De I'approfondissement du concept et de ses implications jusqu’a sa mise en ceuvre concrete, avec les problémes de méthode et les aspects opérationnels, ce livre sadresse & ceux pour qui la réflexion doit guider l'action et qui, en enti- chissant leur mode de pensée, sont susceptibles de maintenir dans l'avenir et 'améliorer leur capacité a répondre de leur gestion. Cela concemne fort heureu- sement bien des gens tant il est vrai que comprendre et vouloir sont susceptibles engender des résultats visibles & quasiment tous les échelons de la higrarchie. Mais pour faire un paralléle, en observant histoire du développement et de la mise en auvre du grand prédécesseur qu’est le concept de marketing, nous savons aussi que la tiche sera de longue haleine, avec toutefois deux éléments ids différents. Moins fascinant par manque 4°éclat, le concept de logistique alti- re naturellement moins. En sens inverse, l'économie mondiale a sans doute dura- blement doublé le cap des années plus faciles de la société d’abondance qui a ce La togstiqne emveprise accompagné la croissance du marketing, et lipreté de la compétition qui nous. attend va certainement accélérer l'étude et la mise en place des processus de ges- tion adaptés aux circonstances. La logistique d'entreprise va trouver sa place parce qu'on ne pourra sans doute plus en faire l'économie. Au plan pratique, ce livre est construit en trois parties qui se complétent, mais ont la finalité est sensiblement différente : théorie du management. aspects ope: rationnels et enjeux stratégiques. La premiére partie est consacrée 2 la place de la logistique dans le manage- ‘ment, Son objectif est de montrer que cette discipline est bien une fonction légi- time du management aux racines profondes et anciennes. Loin de l'apparence suspecte de la génération spontanée, elle est un vecteur davenir de la compéti- tivité dans un miliew économique ouvert. Avec I’évolution de cette reconnai sance, elle trouve peu a peu sa piace théorique. La deuxitme partie pénetre profondément dans 1a détermination des. poli- tiques logistiques ct la mise en place de leurs organisations. A cet effet, elle est riche en exemples concrets tirés d°études ou dactions de conseil en logistique. Elle permet de dégager des enseignements généraux & partir de observation Gexpériences conduites dans divers contextes depuis plusieurs années. et elle fournit un guide de réflexion, danalyse et d'action, avec les principaux outils nécessaires 2 son contrale La troisitme partie est spécifiquement consacrée aux enjeux de Ia logistique pour Ventreprise et son environnement. De fagon appliqué et avec de nombreux cexemples, elle illustre concrétement I'influence structurante que ce concept exer- ce de fagan déja fort visible sur environnement ef, en retour, sur organisation de la firme performante. A cet égard, elle exprime en quelque sorte la sanction positive ow négative de ta participation 2 la mutation logistique qui va, selon nous, aller en s‘accélérant sous le double aiguillon de la conjoncture économique mondiale et du niveau d’évolution déja atteint quia préparé le terrain en pro- fondeur. L'importance de cette diffusion nous permet en conclusion de dépasser le niveau micro-économique qui nous préoccupe dans ce livre pour poser Ia question du fait logistique au plan macro-Gconomique Ces trois partie ont fait Vobjet d'une refonte qui inclut des chapitres de com plément par rapport & la premiére édition. Elles refletent la diversité des forma tions, des spécialisations et des expériences des auteurs dans le domaine de la logistique. Bien que le livre résulte de la confrontation de leurs idées. les auteurs se sont chacun plus particuligrement penchés sur une partie, dans l'ordre de leurs noms. A Vintention des lecteurs qui souhaiteraient approfondir certains aspects de la Jogistique que nous ne traitons pas nous-mémes, ou qui voudraient comparer en Inaroxteson dla dewsieme dition a détail les points de vue de plusieurs auteurs, nous avons joint en annexe une bibliographic en langue frangaise et en langue anglaise qui comporte notamment les principaux ouvrages américains que nous estimons importants. Au sujet de nos propres références bibliographiques, nous souhaitons souli- xgner qu’afin de ne pas surcharger le texte en références répétées 2 nos travaux, nous en avons dressé une liste incluse dans cetie bibliographic en fin d’ouvrage, ‘Comme nous avons deja eu occasion den publier un certain nombre et que le présent livre reflate d’évidence I'évolution de notre pensée, notre texte est pro- fondément influencé par ces travaux antérieurs dont on retrouve la trace au tra vers des exemples et des cas concrets cités dans ce texte L. PLACE DE LA LOGISTIQUE DANS LE MANAGEMENT PREMIERE PARTIE Cette premiére partie nous améne & nous interroger sur les systémes de manage- ment et leur évolution, ainsi que sur les armes stratégiques ala disposition des diri- geants et sur les vecteurs de compétitvité de leurs entreprises. Il s'agit non seule- ment d établir la place de la logistique en leur sein, mais également den dégager la definition, qui par son évolution est trés révélatrce de la maturation du concept Cota tradut le fat que la nécessité d'une logistique de plus en plus intégrée dans les fonctions stratégiques n'a cessé de se faire sentir avec une intensitécroissante, Dans le chapitre 3 de cette premiére partie, nous amorcerons la deuxiéme en nous efforgant de dégager le statut de la logistique dans le management, ce qui conduit naturellement a l élaboration des politiques logistiques et aux moyens organisation- nels de leur mise en ceuvre. Enfin le chapitre final est consacré & lintégration de la réflexion logistique dans la pensée stratégique. 1 LALOGISTIQUE, || CONCEPT DE __| MANAGEMENT « C'est finalement en 12s peu de temps. un peu plus d’un quart de siécle, que le concept modeme de management s'est développé et affing. Au service d'un Projet, son objectf est In recherche de Mefficience, et Mige des managers est celui de la poursuite systématique de Voptimisation. Le contexte économique ni dans sa théorie Giant en évolution permanente, le management n’est pus ni dans sa pratique. II s‘ensuit done l'apparition de phases. dont la succession a ailleurs amené tains a dire que, méme en management, il y avait des phé- rhomnes de mode. Au-deta des apparences. observation suggere qu'il s‘agit, en fait, du processus d°adaptation qui devrait, sur une longue période, épa management tel que nous le connaissons de connaitre le sort des dinosaures, lequel serait peut-étre le sien s'il se révélait incapable de gérer autre chose que expansion dune société dabondance', » LE MANAGEMENT EVOLUE ET GENERI DES CONCEPTS NOUVEAUX POUR S’ADAPTER La théorie du management repose sur la notion de systéme. Ce mot systéme est devenu un des mots sacrés que révérent théoriciens et praticiens d'une nomic jug e de plus en plus complexe. Pour maitriser une situation dans un tel contexte, ¢"est-a-dire pour obtenir un résultat souhaité dans un univers trop com- pliqué pour étre appréhendé globalement de I'extéricur, les trente demieres années ont vu se développer Ianalyse par décomposition en systémes religs et higrarchisés, autrement dit fonctionnant comme sous-sys 1D. Tixioret H, Mate, « Logistiqueet management, vic re 1981 competi». Haar Esp 2 La toistique a ereprise plus complexes. Ce processus, qui porte le nom d’analyse systémique, a été appliqué & ta gestion pour micux comprendre les interrelations entre les diffé- rentes fonctions et tenter de mieux en maitriser les résultats dés lors que lenvi- ronnement dans lequel sinsére l’entreprise est lui-méme devenu tres vaste, tres dense, tres complexe et dune grande instabilité, La notoriété acquise par le mot management procede de cette reconnaissance de la puissance de Manalyse systé- mique dans la poursuite des objectifs de organisation. Crest en approfondissant application de approche-systémes a la gestion ‘que certains concepts de regroupements de tiches ont été peu a peu dégagés et ‘ont regu une autonomie théorique. Cela, incidemment, explique apparition de fonctions nouvelles ou récentes autour de Liches anciennes. Le concept de logis- tique est un de ces concepts récents, dont le développement n'a d’ailleurs pas encore été conduit & son terme, et qui. par conséquent, est encore chargé de pro- messes. La logistique est un sous-systéme du management, c'est-iedire un systéme complet en interaction constante avec les autres sous-systémes constitutifs du systéme supérieur. Cela pose alors le probleme de optimisation di sous-syste- ime logistique au sein du systéme de management global. C'est pourquoi ce livre, outre le dégagement du sous-systéme logistique dans le management, traite 6ga- lement duu management de 1a logistique. Au-delA des mots compliqués, ceci veut dire que ce livre s"efforcera de traiter 3 a fois de le place et du tole du systéme logistique et de son mode opératoire. Ses éléments sont done eux-mémes des sous-systémes un sous-sysieme et analyse systémique qui leur est appliquée concerne leurs interrelations et les rouages de leur fonctionnement. Sachant que la performance globale d’un systéme dépend de I’équilibre réalisé entre ses dif- férents composants et pas nécessairement de la performance optimalle de chacun d'entre eux, le management des systémes est une science des arbitrages contré- Iés, une science des interfaces, ce qui implique une réflexion approfondie sur la cchaine des objectifs des éléments intermédiaires et sur les besoins d« alimenta- tion » de ces derniers. La recherche de cette finesse d’optimisation est sans nul doute une des clés de la compstitivité dans les économies concurrentielles lar- gement ouvertes Un des obstacles aux développements conceptuels nouveaux tient aux fait que ceux-ci ne s’opérent pas dans le vide, mais croissent sur un substrat préexistant, és lors est poxée la question de la finalité de ces développements puisque l'an- (ériorité démontre que l'on pouvait vivre en sen passant, sans compter que ces travaux a caractére théorique peuvent parfois paraitre aux praticiens plus proches de Ia recherche de lexploit individuel générateur de gloire pour son auteur que de source de progres collectif, Ainsi, il y a dans toutes les entreprises tun systéme logistique de fait, constitué d’assemblages souvent hétéroclites, et ‘La logisique concept de management B qui n’est méme pas toujours identifié comme tel, Pour recueillir les avantages de approche logistique, il faut aller au-dela de lt réalisation de taches évidentes pour se pencher sur les chatines dans lesquelles elles s*insérent et en déduire leur Aéfinition et leur organisation optimale. Sinterroger sur la démarche logistique et I’analyser en profondeur, alors meme qu'elle fonctionne « naturellement », présente en fait le méme intérét que cétudier les régles de la prose alors qu’on écrit « naturellement » en prose. Les gains de productivité les plus importants se trouvent dans leurs « gisements nuatu- rely ». Les rechercher procéde d'une démarche volontaire qui nécessite de scru- ter systématiquement les objectifs et les moyens. L’approche logistique illustre typiquement cette démarche. Son principal étalon de référence étant la réalisa- tion effective du niveau de service offert a ses imterlocuteurs extérieurs. il s‘agit une approche organisatrice de la gestion & partir de l'aval de Mentreprise It existe un autre concept organisateur de Mentreprise & partir de aval sa puissance s'est affirmée avec le développement de la société d’abondance dont ila 616 un des moteurs principaux. C’est le concept de marketing. Nous ferons souvent référence a son développement car, s'il est aujourd'hui universellement Feconnu comme un concept majeur (organisation, il était aussi explicitement absent des fumeuses fonctions de direction identifiges par Henri Fayol des Mépoque de la Premigre Guerre mondiale’, Or, les Américains, qui furent les pionniers du marketing, reconnaissent & Fayol un role fondatcur dans le déve- loppement de ta théorie du management moderne dans la mesure oil cette der- nite est directement issue de la conjonction de sa théorie administrative et de la gestion scientifique de Frederick W. Taylor’. Le marketing moderne était quand méme potentiellement présent dans les propositions de Fayol qui ne seraient pas tun maillon dune chaiine tenant toujours si elles n’avaient pas permis l'évolution, Comme chez Darwin pour les espéces biologiques, I"évolution se fait & partir du patrimoine existant et représente une réaction aux transformations de l'envi- ronnement, En gestion, le patrimoine est celui des connaissances et des expé- riences aequises, D’oit d’ailleurs l'intérét d’une analyse historique de Ia gestion. Mais comme dans une dialectique purement historique, on tronguerait séricuse- |. En 1982. mission dude envoyée pur le Répebligoe popaire de Chine pour preparer le développement 1 goles de gestion dans ce pays indi tFeation natn por Fenseigvement ds a gestion desente rises que fe marking était un dex demain dns lexus fs experts ehinovsporsatent quis deve ae Js plus de progr dans fe anes venir ls wlio eine leurs objet de veloppement. Leu tats de cromsance depas psd dis uns semble ndiqur is progress dans ce domaine 2 Ces fotions ont ay nome de si companies commercial, techni, sie ct adminis liven Adevinstrationindrele et eendnate (1916), Pas, Dana, 1970 3. Now Fexpiction donnée pr Rayiond-Alain Thictae dans Le Management, Que Sais. Pais Presses Universtires de France. 1980. Louvege de hive de Tio The Prin pes of Senne Management 1911) {8 publi en rangais sous ei a Diem steuiigne dex entreprises, Pari. Bund, 1068. ir Le ioisiqe enteprive ment le pouvoir de I’homme de transformer le monde a ses ides si on ignorait ‘qu'il peut poursuivre une vision inachevée. La technologie! du management est ainsi en évolution sous la double influence des résultats et des idées. L-histoire du développement de la théorie du management est done une gen’- se constante de concepts nouveaux versant remplacer. ou compléter, ou se sur- ajouter & des concepts plus anciens sans solution de continuité. Le concept de marketing a certes ses racines dans le commercial, mais il sagit bien dun concept organisateur surajouté puisque son développement a été rendu nécessai- re et a en méme temps permis la transition entre le marché dit du vendeur et le marché dit de Macheteur, c’est-a-dire entre ladministration d'une société de pénurie relative et la stimulation dune société dabondance partielle, phénome- ne lui-méme expliqué par la conjonction du développement d'un grand nombre de facteurs différents qui ont fini par s‘imbriquer intimement, Dans Ia conclu- sion de son ouvrage sur le management’, Raymond-Alain Thiétart écrit « Dans une société oil, selon certains experts, le rythme des bouleverse- ments et des changements s‘accélére [...] le management, plus que jamais, doit s‘adapter aux dimensions nouvelles du monde en mutation.. ‘Aujourd’hui plus qu’hier, le pouvoir se trouve moins dans les mains des gestionnaires et plus dans celles des consommateurs des produits et des services de organisation et des hommes qui y travaillent. Ce pouvoir nécessite un style de commandement et de communication externe nou- veau Nous passons lentement de lorganisation higrarchisée a l'organisa tion négociée. » Cotte nécessité de passer de solutions reposant sur Pautorité higrarchique & des solutions négociges met clairement en lumiére les liens du concept de logis tique avec le concept de marketing et I’évolution & laquelle on assiste. L'ap- proche marketing a été lantithése de approche production, Pour son chantre des années 60, Theodore Levitt, organisation autour de kt production était & mettre au musée du xIX°sigele avec les reliques de la révolu- tion industrielle’. Resté puissant, sectaire et inadapté, i fallait détruire le bastion 1. Rows peste mt « echnologte » dans a sens lg flcela gan donne Galli = pplication sotematique 8 des tices conertes ex connaiancesomganies.gu'elles soien Aevgine seni eM ‘te » et on dis un ses eo tel que le dona. par exemple, Le rif Rest =» étude des tchighes es ‘ut des machines, dee mitra», Jon K.Galteith, Te New fadastril State Boston, Heashton Min Company 1967 chap, 2 The Imperatives of Teco » 2 Raymond Alain This, Le Manageme. e. 5. Thendore Levit « Marling Myopia» arvard Business Review. juillet soit 1960, Tralston Frans ‘tire apart & TR. Reps chap ¥ dons tration de ous de Levit = Maer er faxaion “us Eaitons Organist, 1969, ps M8268: copie epulement day [Ecselopsie de Marketi. vel 0: TVA. 1975, sous etre: « Le mithting 4 courte se», = Markesiag Myopia» tint le ec ds ti 3 part def Harnad Busnes Revise 1963, is avant Gi pasos OK HM exerpaites. On peat le qual Ferd cenard dela pects du marketing dans les annses 6 La losistique. concep de management Is du monde de la production si l'on voulait construire le nouveau monde de la consommation et de Mabondance fondé sur la trilogie désir-besoin-pouvoir achat. La production, en offrant de satisfaire les besoins de fagon rentable, per- mettait de récupérer un pouvoir dachat qui, distribué, permettait & chacun de S‘oflfir la satisfaction de ses besoins. Pour peu qu’en aiguillonnant le désir on aceélere la propension marginale & consommer, on enclenchait un cercle ver tueux si la production suivait avec des cats compatibles. La concomitance de la révolution marketing et de la politique keynésienne de stimulation de la deman- de des économistes de l’équipe du président Kennedy. et plus généralement de la vision « nouvelle fromtigte » de I’époque, n’est pas un hasard. Loapproche marketing a gagné parce que le public a aimé la consommation", mais cela ne s"est pas fait sans mal et il a fallu notamment « foreer » Ia primau- de Laval sur l'amont, Cela a rendu encore plus difficiles les rapports défi natu- rellement conflictuels et généralement compliqués par les differences de per: sonnalité fréquentes entre les représentants des deux groupes. Cette situation n'a pas eu de conséquences trop graves tant que la boulimie de consommation engendrait la prospérité, car le coat des dysfonetionnements internes rieur aux gains dérivés de la rapidité des mouvements, mais les i+coups d'un tel systéme codtent aujourd hui trop cher a la fois financigrement et commerciale- ment, C'est de la zone sensible oit doit se faire l'ajustement des contraintes de Volire & celles de la demande que se préoccupe particuliérement fa logistique. Crest Id que se font les arbitrages entre ce que voudraient les hommes de mar- keting au nom de Icur marché et ce que ne peuvent pas faire les hommes de pro- duction, au nom de leurs machines. Sans prétendre que nous pouvons préconiser ka réponse managériale idéale & lune société en mutation, nous pensons que le concept de la logistique. tel que nous le décrivons, est un concept de direction générale qui va se développer considérablement dei lan 2000, dans la mesure oit les projections du contexte Sconomique national et international que l'on peut faire conduisent, dans les sci narios envisagés couramment, a l'émergence de la logistique comme élément stratégique Fondamental dans le lutte pour kt compstitivits. Sa maitrise devrait done étre une des clés dui succes et méme tout simplement de la survie. Le déve- loppement du concept de marketing se heurte aujourd'hui a toute une série de difficultés tant interes quextemes, du fait de la crise, de certaines insatisfac- tions profondes des consommateurs, et plus fondamentalement de limpossibili- 1 réelle qu'il y a eu & en permettre la réalisation des promesses les plus éné (On e soit res netement dams es travaux des socologue. Le Cntr de communistion svanede et le inraoie de prospective sociale du Groupe Hates. creme ert par exemple dans Les Sede vie es Francais de Berend Cathet Eton Stake 1977 16 La loisique Fenmeprise reuses. Le concept de logistique. parce qu'il est plus pragmatique et moins révo- Jutionnaire au sens premier du terme, propose des déblocages et peut permettre de dépasser une situation passablement étouttée par les pressions d'une réalité assez éloignée de la théorie des consommateurs-rois. Ce n’est pas la sublimation du management, c’est une nouvelle étape organisationnelle induite par l’évolu- tion de environnement pour permettre de poursuivre les memes objectifs avec les mémes compétences et Jes mémes hommes. Aujourd’hui, la technologie le permet, Quant & Vefficacité résultante, nous la pensons suffisante pour que ceux qui ne sauront pas ou ne voudront pas l'adopter connaissent des difficultés concurrentielles sensiblement accrues. Pour nous, l'intérét qui se développe actuellement pour l'approche logistique ne correspond done ni & une mode ni a Ia découverte fortuite dun continent inexploré, encore que le cri d'alarme de Peter F. Drucker sur la non-exploitation de ce « continent » date dune trentaine d’années'. Mais pour lui, comme pour John Magee, un des précurseurs en la matigre®, accent était mis sur la distribu- tion physique, patrie de départ de la logistique modeme. Il est d'ailleurs signifi- tif que face 2 une situation juzée sous-optimale. les appels des « théoriciens » aient dabord &té publiés dans des revues professionnelles de managers. C'est qu'il a finalement fallu des années pour voir se développer tn corps conceptuel suffisamment structuré pour faire objet de livres. c’est--cire pour attendre Ii reconnaissance académique dune fonction. En cela, nous rejoignons Ronalel Ballou pour qui « le concept de logistique résulte d’une évolution naturelle de la pensée sur le management’ ». Lobyervation de li réalité ne montre pourtant pas un réel décollage de la fone tion au sein des entreprises industrielles, en dehors des considérations straté- sziques sur le juste-i-temps et la qualité totale. On peut done s"interroger sur le bien-fondé de notre analyse, La réalité est que la logistique est encore. dans la grande majorité des situations, cantonnée dans ses aspects techniques. Ce n°est pas cela qui débouchera sur une approche de gestion. IL doit y avoir une véritable politique d'entreprise articulée autour du concept de logistique si l'on veut que cette fogique porte ses fruits. Cela veut dite que la logistique doit étre considérée non pas comme induite par l'activité économique, ‘mais comme un élément fondateur de la politique générale, done donnant nais- ance A des siratégies et des tactiques. Le probléme & poser dépasse done de 1. Peter, Drackor «The Econtmy’s Dath Cominent» Forni. avi 1962. 2. Jolt F. Magee » The logisties of dstbation», Hara Business Resi jul 0 1960, trad sous Fe tie « Ls cistron fonction clef de Venteprise» Marsa Espanio. h 2autorne 197. 3 Ronald H. Ballou Basiness Logistics Mangement Prentice-Hall. 1978 La loisigue, concep de management 0 beaucoup celui de exploitation d'un gisement de réductions potentielles de colts liés aux mouvements de matiére ou de marchandises. 2. LE SYSTEME DE MANAGEMENT DANS UN MONDE OUVERT Une organisation. quelle qu'elle soit, transforme ses ressources, Cela est ailleurs vrai, qu'elle soit socialement justifige ou non, ce qui veut dire que ce qui résulte de la transformation des ressources opérée par Vorganisation soit plus intéressant ow non pour la société que la disposition des ressources consommées. Le management apparait dés lors qu'il y a volonté systématique d optimisation, cest-a-dire ds lors que l'on cherche & consommer le moins de ressources pos- sibles pour atteindre un objectif donné ou que lon cherche a progresser le plus possible vers lobjectif du fait de Ja consommation dune quantité de ressources données. Bien que la notion dobjectif puisse paraitre 6vidente & un premier niveau de réflexion, ¢”est sans doute un des points sur lesquels il y aurait le plus (‘analyses faire et Von peut, sans grand risque d’erreur, affirmer qu'un management médiocre refléte souvent une absence d'effort de clarification des abjectifs. Hy a d’abord les glissements par rapport aux objectifs « évidents ». A lire Francois de Closets’. on pouvait se demander, par exemple, si, dans les années 80, 'ob- jectif de la Caisse dépargne était aussi simplement qu'il y paraissait de favori- ser I'épargne populaire. Ces glissements d’objectifs sont tres frequents et appar raissent aussi bien dans les entreprises industrielles ou commerciales, privées ou isées, que dans le secteur public, Ils sont aussi, en général, soigneuse- ment maintenus dans Vinvisible. Mais il y a aussi le probleme de la prise en compte de horizon-temps en matigre d'objectifs. Ne dit-on pas que cert suce’s actuels des Japonais sont expliqués par le fait qu’ Vinverse des Occ dentauy ils travaillent & long terme, alors méme que la « crise » a réinstauré en Occident la pratique du pilotage & vue comme l'un des arts de la survie ? I n'y a certes pas de solutions simples & de tels problémes, ni au plan théorique, ni au plan coneret, Cela dit, la notion dobjectif est une des plus mal traitées dans la réalité du management car elle est une des plus complexes dans sa mise en ceuvre et le « temps quit passe » permet I’économie de bien des conflits au prix dune sous-optimisation qui est d’autant plus. ac Ile est généralisée. Privilégier la démarche logistique dans une organisation génére une trame fine ‘qui permet d'éclairer ce probleme d’objectifs en mettant en exergue la finalité 1. Frangois de Closets, Foun pls, Paris, Grasset 198, 18 La Togisigue demreprise d'un niveau de service choisi et les implications intemes. C'est la base de la démarche qualité. Essayer de donner une représentation schématique claire et complete du fone- tionnement d'une organisation dans son environnement est une gageure pour de nombreuses raisons, notamment parce qu'il s‘agit de représenter sur un plan, done sur un espace & deux dimensions, un univers multidimensionnel et qu'une telle projection est toujours facteur de distorsions. II est néanmoins nécessaire de le tenter pour montrer ce qui différencie le concept de logistique de la tiche _généralement incluse dans ce mot. Dans ce but, nous allons chercher & décomposer les ensembles en éléments les, plus indépendants possible les uns des autres. Cela appelle plusieurs remarques, Dune part, Vinterdépendance des éléments, & des degrés divers, est la tegle générale, ce qui veut dire que l'on rencontre dans le management tres peu de phénoménes totalement indépendants les uns des autres, ou encore dont lit «valeur» ne soit pas partiellement déterminge par la « valeur» prise & un moment donné par d'autres éléments. Cela résulte sans doute du fait que les organisations, méme si Von a tendance & Moublier, ne sont que leeuvre «hommes s'elforgant de répondre a des besoins internes en offrant de satisfaire des besoins externes. Les hommes étant a la fois rationnels et irrationnels, leurs, ‘ceuvres sont difficilement réductibles a des modeles déterministes, Cela n'est pas, un obstacle absolu dans la mesure oti nous pouvons apprécier et maitriser la rela tivité de indépendance de nos facteurs. D’autre part, la schématisation de notre analyse ne veut pas dire que nous ignorions que les ensembles complexes ne sont pas toujours 18s visibles dans leurs éléments de décomposition ou encore que les mémes éléments peuvent donner naissance d des ensembles complexes dif- férents. Cela est fonction de la pondération relative de ces éléments les uns par rapport aux autres dans Passemblage de recomposition qui en est fait, La per ception de la valeur de ces pondérations est justement un des arts du manager. Une organisation n’a réellement de justification que dans la mesure oi elle & un objectif social. Celui-ci donne naissance & toute une série dobjectils de plus en plus précis et échelonnés dans le temps. C'est cet object social qui fait de Trentreprise une personne morale, La premiére responsabilité de ses ditigeants, administrateurs et directeurs, est done de décider des objectifs de les affirmer et de ‘organiser en conséquence, notamment en fonetion de environnement, Les ressources qu'une organisation peut utiliser sont de trois types différents, 1. Les hommes : qualitativement et quantitativement ~ Stat et structure dur marché de l'emploi, perspectives d’évolution du fait de ka situation économique, d'une part, et de la situation démographigue et éduca- tive, dautre part; La Tosistique. concept de management 9 = capacité des hommes a faire évoluer leur qualification ; ~ peispectives de carrigre : — «type » de gestion de personnel ; ~ stabilité et prévisibilité de la ressource. 2. Le capital : = capitaux propres acces aux capitaux extérieurs et disponibilité ; ~ cofit du capital selon la source : ~ capacité historique d’autofinancement ; ~ Evolution prévisionnelle des cash-flows en fonction de la maturité des pro- duits. La technologie! = technologie disponible et accessible de fagon interne par recherche et déve- oppement — technologie achetable ou accessible de fagon externe par documentation : — compétences managériales et ouvrigres ; = know-how de production ; technologie propre ; ~ moyens techniques nécessaires, (On peut voir déja que certains facteurs se recoupent et que lindSpendance des types de ressources n’est pas totale. Ainsi les hommes sont porteurs de la tech- nologie et cette demiere peut étre acquise par le capital, Toutefois, ni la dispo- nibilité des hommes, ni celle du capital, ni celle de la technologie ne se sulfisent a elles seules. I! est facile de sen convainere en observant qu‘au niveau des grandes organisations que sont les Etats, certains (I'Arabie Saoudite, par exemple) dispovent de capitaux avec Iesquels ils peuvent acquérir la technologie, mais manquent «hommes quantitativement et qualitativement. L'optimisation 3 partir des ressources financiéres entrainerait rapidement la déstabilisation humaine du pays. D’autres (Inde, par exemple) ont les hommes et a technolo- rmanquent de cay La transformation des ressources faite par organisation est foreément dépen- dante de la moins disponible d'entre elles. Le maximum possible et lorganisa- tion interne optimale dépendent des perspectives d’évolution avec le temps. Il s‘agit done d'une analyse dynamique et de flux de ressources. ‘On peut, par ailleurs, remarquer que toutes les ressources conerétes dont peut disposer Vorganisation sont couvertes par un mélange de ces trois types. Ainsi +, Rapplons ae nous entendons cm oer sore note page 1) ses age : «aplication cPunecormaisance ongaisge a une ce 2 Le losisique enaeprise Jes machines sont incluses dans la technologie et le capital, informatique dans les trois, le controle de gestion ou les études de marchés dans les hommes et la technologie, les matigres premigres disponibles dépendent du capital et de la technologie, etc. Par ailleurs, il est évident qu’il y a une situation existante au départ qui est déterminante et dont I"« état » peut étre assimilé & une ressource puisque cette situation est base d’exploitation, Pour voir déja mieux apparaitre la démarche logistique en filigrane, il faut remarquer que ces trois types de ressources ont une présence ou tine action en amont et en aval de organisation qui les transforme pour poursuivre ses objec- tifs. Ainsi, en ce qui concerne, par exemple, la compétence des hommes, on trou- ve leur connaissance des fournisseurs en amont et celle des marchés en aval, ou leur capacité 2 acguérir ces connaissances. Pour le capital, on trouve les capitaux disponibles & un moment donné et l'autofinancement prévisionnel résultant de exploitation, Iui-méme source de crédibilité donnant acces a d°autres capitau, Pour la technologie, il est clair que les organisations performantes en sont créa- trices et qu'il ya une boucle dynamique. Les décisions de gestion des ressources de lorganisation constitueront pour le manager ses variables contrdlables, ce vocable voulant dite qu’elles sont ra sonnablement soumises a ses choix et plus généralement & son contréle. Par exemple, Peugeot décide de lancer la 306, la Régie autonome des transports parisiens décide de lancer la carte orange ou Air Inter décide de ne plus étique- ier les bagages de soute configs par ses passagers. Ces exemples concernent les produits offerts. Toutes les autres variables de la stratégie de Voffre appartien- rent a la méme catégorie des variables dites controlables. « Contrdlables » ne veut, bien sir, absolument pas dire que ces décisions ne soient pas prises en fonction de environnement. Au contraire, elles marquent la cupacité des managers & apprécier le meilleur chemin de poursuite de leurs objectitS en fone- tion des circonstances ou de Ia concurrence... Remarquons en passant que le management est neutre par rapport & la valeur sociale des objectifs. Il peut aussi bien servir d guider des objectifS infimes ou généreux. TI y a ainsi un manage- ment logistique de la drogue qui va bien au-dela de son simple transport des licux de production aux lieux solvables oi elle peut étre consommée et meme au-dela de sa transformation en produits directement utilisables. Cette logis- tique incorpore des prévisions de demande. des constitutions de financement, des perspectives de saisie qui influent sur le niveau de « production » et, dans certains cas, va jusqu’aux ordres de plantation qui en découlent, sans compter la distribution physique et la « promotion » pour ce qui est des « fournisseurs » Mais la chaine logistique globale ne s"arréte pas [a et la prise en compte des effets induits justfie la création et organisation des services hospitaliers et de police spéciais La loisigne, concep de management 2 Les décisions prises sur les variables contrdtables n’ont done de sens qu’en fonction de état et des perspectives d°évolution de Menviromement. Ces variables de l'environnement, par définition, échappent, elles, au contrdle de organisation, ce qui justfie leur qualificatif de variables incontrdlables. Ce sont ainsi tout un ensemble de variables comme la conjoncture économique et ses perspectives d’évolution, le systme politique local, 1a confiance que peuvent avoir fes clients ou utilisateurs dans l'avenir, le droit, fe climat, la démographic, la culture, Métal de la concurrence, ete. C’est-dire, un ensemble d’attitudes et de structures, un substrat socio-économico-culturel qui va déterminer les poten- tials uxquetles répondent les organisations. Celles-ci ne sont évidemment pas toujours dénuées d’influence sur certains éléments de l'environnement malgré le qualificatif dincontrblables associé aux variables d'environnement, Ainsi, la ‘Sécurité sociale influe par ses prestations sur la conjoncture économique. Mais la régle, dans un Etat développé tout au moins, est qu’aucune organisation nexerce son contréle sur environnement commun, Par contre, les hommes ont de tout temps cherché a échapper au « diktat » de I'incontrolable, Cela va, en prenant par exemple le temps (météo), qui est une des variables incontrélables qui a toujours le plus préoccupé les hommes, des processions des rogations en pays chrétien aux danses de la pluie en Afrique et aux tentatives modernes pour contréler le climat. Dans Je domaine des tentatives de contrdle de Pincontrd- lable, on peut évidemment observer toutes sortes de phénoménes, y compris des collusions a caractére politico-conomique. Certains de ces efforts sont licites et dautres ne le sont pas. En tout état de cause, le management ne se congoit pas sans une fine lecture dynamique des variables de environnement. Celui-ci représente en effet un champ de contraintes et d’opportunités en évolution per- manente, Avoir & gérer en tenant compte du climat est un excellent exemple du management & partir de la connaissance prévisionnelle de I"incontrdlable. A. défaut de controle de Penvironnement, le contrdle de la connaissance de son évolution permet en effet le management en réduisant a part du « hasard » dans les résultats, C’est de environnement que nat la demande, laquelle justifie Vor- ‘ganisation qui y répond par une offre. En retour, la demande sera influencée par a connaissance de loffre. La demande est done une fonction de Venvironne- ment et de offre. et offre est une fonction des choix opérés par les organisa- tions sur leurs variables controlables, choix qui résultent normalement de leur lecture de environnement. Notre schéma du fonetionnement d’une entreprise est donc le suivant’ (voir figure 1.1 page suivante) 1. Leeprise et son marche fmt, bien sr, porte de onvronmement de meme que Fexisenee des izere ies. Lourpesentaton fol ura igure 1 peovint de cele acess de presenter Sur um ply Un rome muliimensonnel La loisique enteprie Luojeswe6v0 aunp jusweuuoyoudy 37 1) anBi [ayn couovooe-coes exsans yes ere orev ueuouLoMg saunruous = sang = erpens : — TT ag TTY i eens owed ep apng | | ora I — ——s j | soupayper $2613 ! | ao, . oN | reas. \ 2 € 3 : | od + BFF) 2 osama. =| 32 > 5 a ‘emee) | a8 gE gs 8 sewwon + = ay 7 z ae a 8) seomossoy ‘ONUBMEWH BI93IVELS 7 ‘SSI THLNS Sev uiggy sanen renee snes aonauunonoo se ge DIE ‘enbew enbude:Soup“onipun‘onbwyod -INWANNOUIAN ssanaassinunod 1NOG -INNANNOSIANAT O3N¥ INOW SNOSIVTT La loisique concep de management 2 Pour ce qui concerne le marché, remarquons que les segments irréguliers représentent la conjonetion des bases traditionnelles quasi géométriques de seg- ‘mentation & caractére factuel : Age, sexe, revenu, mode d'habitat, ete., et des bases de comportement qui ont été développées pour mieux servir la société “abondance : attitudes, courants socioculturels, sociostyles, ete. Rappelons que la segmentation dey marchés n’existe que dans la mesure od elle conduit 3 une fire différencige, c*est-A-dire un marketing particulier pour chacun des seg- ments que l'on a décidé d'exploiter et qu'il existe pour cela un certain nombre de critéres'. Le probleme global de fa segmentation et de son évelution est au caur de la démarche marketing. Mais si le marketing est la fonction de liaison entre Mentreprise et le marché. la logistique conceme plus généralement toutes les liaisons externes et interes. De cette absence de logique unique découle une capacité "arbitrage que 1” pas naturellement le marketing dont fa justification est la conquéte en aval par exploitation intelligente de la situation en présence et qui a done tendance & tirer avec Force sur ses arrigres. Lorganisation tradition- nelle adiet les situations conflictuelles qu'elle résout par remontée dans la hié rarchie. Le management des. conflits intemes faisait méme partie du tivre Aheures de Mécole managériale américaine de Vépoque du « défi ». organisa tion négociée implique La renonciation & la simple autorité higrarchique, et done un apprentissage complexe de la gestion des forces en présence. Pour rester compétitive et méme améliorer son efficacité, cette organisation a alors besoin de parfaitement maitriser tous ses ench: La demande qui se manifeste sur le marché est en général servie par des inter- meédiaires qui peuvent également canaliser loffre des concurrents. La distribu- tion physique concerne évidemment a la fois le marketing et la logistique, mais Ja zone de recouvrement va beaucoup plus loin, car si cette connaissance de la demande. ainsi que la qualité de Vadéquation réatisée, tant par son offre propre que par les offres concurrentes. est une des clés du marketing, la demande logis- tique se nourrit également du flux "informations échangées avec le marché, La mise a disposition des marchandises ou services n'est done que Pacte final qui ne peut ignorer tout ce qui précécle. C'est la raison pour laquelle l'entreprise tend Foreille au marché, Cette oreille est présentée équipée de « capteurs » pour indi- quer que la collecte de information n’est ni directe ni facile. Ils"ensuit done un risque Tig a une appréciation erronée tant de la situation que de son évolution. Ce risque peut d'ailleurs étre de deux types: voir des opportunités qui n’existent pas ow ne pas voir des opportunités qui existent, Ainsi, il y a sur le marché non seu- lement des « bruits » naturels. mais il y a aussi des parasites volontaires et méme 1. Le lecteur pout se fer plup sons urs Gens meting st notamment Po se rants seincutures. 2 Fousrage ds Cale Manon, Le rate marking, Dane, 1993. pp. 87 et suivante, ou La loisigue enveprive des faux bruits. Dans un univers hautement compétitif, il y a done une tres gran- de vulnérabilité & la qualité et au moment oii information est disponible’. La émarche logistique se nourrit d'un flux d’informations qui se rapproche le plus possible du temps réel. Elle dépend done de la qualité du « balayage radar » effectué par lintermédiaire de cette oreille, car environnement qui est en évo- lution constante peut préventer des phénoménes d’accélération ou de compres- sion qui se traduisent par des retournements rapides de conjoncture Bien que les mouvements soient plus rapides et le risque de déstabilisation de plus en plus grand, importance de la qualité de "information, et du moment oti elle est disponible, a toujours été grande pour la prise des décisions stratégiques ou tactiques, quelles concernent le management ot la guerre, Pour Victor Hugo, par exemple. si Napoléon avait su que la plaine de Waterloo était coupée par un chemin creux avant que sa cavalerie ne s'y écrase, il n”aurait certainement pas ordonné la charge tragique’. Cela. i aurait pu le savoir, alors que la technolo, de I'époque ne lui permettait pas de savoir instantanément ot étaient Grouchy et Blucher. L'armée de Napoléon vivait grice & une logistique, celle du train des quipages, qui en assurait les déplacements et lalimentation, La démarch ire n'était cependant pas une démarche logistique moderne car son systeme information n'était pas suffisant pour déterminer li conduite dey batailles et elle était dirigée par des hommes dont le génie et la bravoure pouvaient alors faire la ditlgrence contre la logique des nombres. La démarche logistique sone peut-étre le glas du management génial dont les «coups » brillants reposent sur l'intuition, On peut le regretter, mais la sophis- tication ambiante a atteint maintenant un tel niveau qu’une approche & découvert toutes les chances ('étre déteciée tres vite par les concurrents et que prendre le risque, volontairement ou involontairement, de faire Pimpasse sur un élément stratégique majeur n'a normalement plus de probabilité acceptable de déboucher sur un coup de génie, alors qu'il les a toutes de conduire & un échee qui peut étre Urs grave, La démarche logistique dans le management est done assez antino- |. Par analogeteemipologgue aee les spttmes FIEO et LIFO de valrisiion ds sks, cerns pesto nares amereains ont use fe Terme GIGO pour rapeler este vl. Ce ile cous ‘hag ot. ce yu sige que tout sme de rateront de norman aliments ce te ont wp belle ne pourra gure fourir gon conten de poll a. que que sat sa lip. 2 Les Miscrables, panic, ite peemict,« Wateroo ». chap IN. sation Hetzel et Lato. repre pur IMachexe, collection Grandes unre. 197K, Hugo rapporte us le plc damn Sa-Sean gust se de Ney conte les hates anglahes at coupe ln chemin eres dans lquel ~Sesssret les premiers tunes de fs cavaerie avant qui he sit cmb pr les cops des hares et dex ceva. [pore aust cantina orgie svat a hl pris un do, at estonné wn au ol su Fe fence d'un obstacle naturel 3 stent. Po Hae i Udo, Cepeda, ous Tes noc ‘ne semilent pas accord pour en ite aee Ta oma dct det ati, Nota ie Napokon ta {oposraphe top svisé pour comet ue ecu aus geosiere. Claude Beascouty voit mmc une ampli cation goline eypigue inte isi,

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