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REGARDS SUR LA PEINTURE En vento un jeudi sur deux -N°7 Edité par: Editions FABBRI, 11 boulevard Emile Augier- 75116 PARIS = Tél: 45 20 26 78 Directour Directeur Editorial Gaspare De Fiore (Ghliana Zuceol Bllantont Rédection Isabell Ascot HAIN NUMERO: Fea cat. PROC! NUMERO: Gaspare De Fiore mia Coane ™M. Luisa Materzanint Ledorica Mogiatal MICHEL-ANGE Gianni Robba Maqootio Marina Robbiani (Cesare Baroni Direction artistique) Pole Cajet ‘Traduction et Table chronologique Secrétaire de rédacton Sabine Valict (Gesorina Caramel ‘Rhonnez-vous @ REGARDS SUR LA PEINTURE FRecaver directement chez vous REGARDS SUR LA PEINTURE cu prix bloqué de 25 francs le -numnéro pour 'eneemble doa collction. tire spécia: si vous vous cbormes dss aujourd hu, vous recevres en codec les slogans coflots do REGARDS SUR LA PEINTURE, 19 2:muméros ~ 300 france 24 maméroe = 600 frames 1 Toute lr colletion = 1950 francs Eerives a OGP-REGARDS SUR LA PEINTURE, 175/179 avenue Jean Jaurés -75019 PARIS, on solgnant vote rglement. same cabller votre cm, edroase el Code postal Pour compliter votre collection {Loe numeros parus peuvent te oben chor out lee marchand de jour ou. @défout, chee ‘eatou, qu pe on vigueu au moment dela commande. le veelerootcleponibls pendant ols ‘gprs lc parton du domiarfsecule dole série ‘Eevoz OGP, 175-178 avenue Joan Jaurés 75019 PARIS, on jlgnant vote courier 6 rance par ‘numéro de patcipation x ris denvai Belgique: 45 FB par numero; Suisse: 1 80S par numéro). ‘Tes dais de vrtsan & prévor sont areneron ols serine Pout toute reclamation, appoer lo) 403834 8, Pour elasor vos fescieulos 7 elirotsspécieuxcoront disponibles cher vole marchand de journaux. Eaton Fabri SARL. Sioge sciat: HT Emile Augier-75116 PARIS. ‘Assoc inique: Gruppo Edtoricle Fabbri, Bompian,Sonzogno, tas SpA. 81, vic Mecenate- 20198 satan (Géront: R.Velaguses et. Bosio ‘Dccour dela publetion: Luciano Bsio Imprins ence por Stabiimento Gratice Gruppo Eitriale FebbriS pA. - Milan ‘Dstrbution on France: NPP Depét legal: dome times 188, N ISBN 7-90774515-8 (© 1988 Gruppo Etriale Fabbri, Bompiant Sonzogne, Bae Sp.A.- Milan (© 1988 Batons Fab pour dition rangaise Pour sre mieux vrvis En achetont chaque fascicule de Regards sul peinture cher le méme mearchand de jour etn y deorvant Yavanco lo numéro suivant, vous nous feclltere la précsion dol dswibuion a coes cre etre inmediatement sera, En couverture Auioparteit-181S Hue sur tole, $1 x48 em - Madi, Académie San Fernand (Phot Oroner, Madi) Photos: Archivos du Gruppo Earle Fabbri, Man “Le monde est une mas le visage, la mise etl tout est mensonge veut sembler ce qu'il n'est pas, tous trompent et personne ne se comnait soi-méme” ‘Commentaire de Goya la VIF planche des Caprices GOYA Francisco Goya y Lucientes le 30 mars 1746 a Fuendetodos, prés de Saragosse, dans la zone la plus pauvre de Aragon. Son pére, Jo 86 Goya, dorigine basque, est un dé coratour assez renommé a Saragosse. Sa mére, Engracia lacientes, fait par- tie de la petite noblesse locale. ‘Nous ne savons rien ou pres- que de son enfance, jusqu’a Page de quatoze ans, quand il entre comme apprenti dans Vatelier de José Lazén Martinez, un peintre baroque tradi- tionnel dont les préférences vont aux tableaux de sujet religieux. Goya n'est guere stimulé dans cet atelier oi !es- Autoportat, 1794 eriron- Hol sr ile ates, Musde Gayo sentiel de son travail consiste & copier des gravures francaises et italiennes, aussi méne-til une vie de bohéme et daventures. Il passe d'une femme, d'une passion, dune rixe a Y'autre, et se crée la réputation que Yon peut imaginer dans une Espagne rigide, en- core dominée par Inquisition. Et pourtant, Charles Ill - nous sommes au début des années soixante - méne une politique plus éclairée et rénovatrice. Il fait venir & Madrid deux des peintres les plus célébres de I poguie: Anton Raphaél Mengs et Giam- baftista Tiepolo. Et Goya est fasciné, plus encore que par le climat antficiel et esthétisant de la peinture néo-clas- sique de Mengs, par les trompe-Yoeil du viewx Tiepolo. La liberté de ses compositions enchante et Ini ap- prend a se détacher du pur - et sou- vent plat - académisme. la peinture de Goya, elle, n'a guére de succés: aucun de ses tableaux ne réussit & persuader le jury du concours de la Real Academia de Nobles Artes de San Fernando de Ma- drid en 1763, 1 échoue de nouveau en 1766. Ine réussira pas non plus a Par- me oit il se présente en 1771, un an aprés son arrivée & Rome. Mais cette fois, il obtient une reconnaissance off cielle et une mention de mérite. On ne sait guére plus de ce voyage en Italie. Th retoumne en Espagne en octobre 1771, oi on lui propose de dé- | corer a fresque une des coupoles de Nuestra Sefora del Pilar & Saragosse. Puis, en 1773, il épouse Josefa Bayex, soeur de deux peintres, Francisco, qui appartenait 4 la Chambre du Roi et | Ramén, Grice a Francisco qui le pré- sente & la Cour, il obtient la commande une série de cartons de tapisserie de- | stings & décorer les sales fastueuses des résidences royales. | Crest Charles III en personne qui veut innover: les dessins des tapis- la cuchesed'Albe ovec lo pete file nie avele ‘vat adopt, daneun dessin de bum ce Sonlcor- 179697 - Madr, Musée dy Prod series produites par la Manufacture Royale de Santa Barbara ne seront plus des copies de cartons francais ox flamands; ils ne reproduiront plus les habituels sujets religiewx ow mytholo- giques; non, ils devront étre actuels, représenter la réalité madriléne, ure de Goyo ops Los Ménines de Véloauee-1778- Fou | fen Modi, Muse | duPrade, Et Toeil profane de Goya, | plus attentif que jamais aux plaisirs de Ja vie mondaine, ne peut pas ne pas s‘arréter sur T'un des aspects les plus suggestifs de la vie populaire castilla- ne, le “majismo”, Trés & la mode a la Cour, c'est la recherche a travers le | folklore des costumes et le langage coloré de joyeux majos et de sensuel- les majas Geunes hommes et jeunes ferumes qui tout en provenant des cou- | ches les plus basses de la société font montre d'une grande dignité et d'une grande élégance), des valeurs les plus profondes de la tradition espagnole. Et pourtant, malgré leur dynamisme, les figures de ces cartons semblent factices tant elles manquent de consis- | tance et d’ame. Goya s'en apercoit ailleurs rapidement, Il commence 4 donner des.si- gnes diinquistude et & chercher & ne plus se laisser dépasser par la prédo- minance des éléments décoratifs. Le mérite en revient sans doute au grou- pe diintellectuels qui Y’entoure, mais surtout & étude de l'oeuvre de Vélas- quez, de ses clairs-obscurs, du "natu- ralisme” de ses tableaux et de Yimpor- tance donnée a la figure humaine, sai- sie dans ses attitudes familiéres. En 1780, il présente a l'’Aca- démie de San Femando un Christ en croix qui lui permet d’étre élu a T'una- nimité. En 1782, il finit les fresques de la coupole de Nuestra Sefiora del Pilar @ Saragosse et gagne le concours pour la réalisation du rétable de San Francisco el Grande a Madrid. En 1785, il devient “vice-di- recteur de peinture” de I'Readémie de San Fernando et commence a travail- ler pour les ducs d'Osuna et Medina- celi, L’année suivante, il est nommé, avec Ramén Bayeu, “peintre du Roi”. Cest la gloire. Mais Charles III meurt en 1788 ot avec lui, une époque parti- culigrement heureuse pour Vartiste se termine, ommei da la raion engendes des moasires, re datingecignaeen 6 cul série des Boon, Museum o Fine At, Les événements révolution- naires de 1789 en France transforment rapidement l'équilibre des forces chez sa voisine du sud aussi. Charles IV éagit en réprimant durement toute forme de libéralisme. Et Goya a beau tre un peintre de la Cour, Iui aussi est en train de changer profondément: Thomme et l'artiste mirissent avec les déceptions. En 1792, il devient sourd a la suite d'une grave maladie. Le silence angoissant qui s‘abat sur lui lui donne des cauchemars. Les souvenirs les plus effrayants refont surface, les an- goisses de mor lenvahissent. Il cher- che le salut dans son travail, et trés probablement dans l'amour. Un amour tourmenté (mais aurait-il pu en étre ‘gutrement pour une personnalité aussi inquiéte que celle de Goya), et de courte durée. Elle, c'est la duchesse @Albe, connue a la Cour pour sa beauté et sa bizarrerie, influencée par la mode du “majismo”. Elle a seize ans de moins que Goya qu'elle rencontre vers 1795, Elle gardera un rapport so- de et constant avec lui jusqu’en 1802, date de sa mort prématurée. En 1792 il avait commencé ‘une de ses séries les plus fameuses, les Caprices: quatre-vingt planches de sujet satirique; édités en 1799, ils vont étre immeédiatement censurés et ne seront publiés qu’en 1808, On a dit que dans la biogra- phie de Goya les Caprces représentai- ent, aprés la maladie et la surdté, une sorte de cathatsis de Yaris, Ce qui est sir, cest que dés lors il semble retrouver son équilbre,etsa carire, fn passant pales fresques de San An: tonlo de la Florida, des portraits tels «qe celti de la Famille de Charles IV, Ta Maja desnuda et la Maja vostida ou les Majas au balcon, se consolide défi nitivement “Directeur de peinture” de Académie de San Fernando dés 1795, ilen devient directeur en 1199 t pre- rir peintre de la Cour. Mais en 1808, ‘Dest de nouveau en cise, Cette fois, ce rest plus seulement une cise pez. sonnell,intime, mais une crise plit- aque et historique, qui le plonge dans tine angoisse apocalyptique, Napo- leon a mis fin au régime en envahis- sant Espagne, "A soixante-deux ans, Goya trouve encore la force de réagir & tee vers sa peinture, Preuve en sont les deux tableaux surla révolte madriléne etla répression bonapariste du 2 et 3 mai 1908, et les quatre-vingt- deux le courageux Rendin piquant un taureou es une des ceaux-fortes des Désastres de la guerre Les événements qui suivent, la répression croissante causée par Vindolence de Ferdinand VII et la fé- rocité du tribunal de Inquisition, n’ar- rangent pas les choses. Goya exécute encore quelques commandes pour le rol et slaccorde une pause avec les estampes de la Tauromachie. Mais son ame est ailleurs, dans les infernales “peintures noires” de la Quinta del Sordo, la maison de campagne oi il s'est réfugié a partir de 1820; ces oeuvres donnent la di- mension exacte de la profondeur des ténébres et du pessimisme dans les. quels Goya a sombré, Ce n'est que plus tard, en France, of il s'est enfui en 1824, pour échapper a l'absoluti- sme de Ferdinand Vil et a Finquisition et oi Leocadia Weiss, la demiére compagne du peintre et sa fille Rosati to, agée de cing ans, le rejoignent, qui retrouvera la paix. Par contre, il n'a jamais per- du sa créativité, Tout au plus a-til re- découvert le plaisir du souvenir. On peut l'admirer, intact, sur le jeune vi- sage mélancolique de la Laitiére de Bordeaux quill a encore la force de si- gner a l’ége de quatre-vingt-un ans, peu de temps avant que la mort ne Yemporte doucement, la nuit du 15 au 16 avril 1828. stations de Towramochi, sre de renters ‘groves exdevées ents 1801 et 1815 Boston, Museum of Fine As. U'OMBRELLE Machi, 1777 - Carton de tvissere ule sur tole, 104x152 em-Maded, Musée du Prado En 1778, grace a son beau-frére et ami Francisco Bayeu, Goya obtient sa premiére commande importante: une série de cartons de tapisserie pour la Manufacture Royale de Santa Barbara, dont Bayeu est un des directeurs. la demande de tapisseries pour les, résidences royales et de la noblesse est trés forte, si bien que Goya peindra de 1777 a 1792 soixante-trois cartons pour la Manufacture, qui sont en xéalité des huiles sur toile se trouvant ‘maintenant presque toutes au musée du Prado, lest ts intéressant observer I'évolution de art de Goya a travers ce type particulier de production aussi. Crest ailleurs la réputation acquise avec sa premiére série de cartons qui vva lui ouvrr les portes de I'aristocratie espagnole et enfin Iu valoir les honneurs de la Cour. Arrivé depuis peu & Madrid, Goya est séduit parla vie brillante et pittoresque des jeunes gens du peuple, par leurs rencontres et leurs divertissements. Ce sont la les, personnages qui lui inspireront ses plus beaux cartons, comme LOmbrelle, Le marchand de vaisselle, Les fleuristes. le critique anglais Michael Levey a fait justement remarquer que les cartons de Goya suscitent une forte impression sur Yobservateur parce que le peintre y {ait prouve “d'un pouvoir Vobservation renforcé par une apparente naiveté. Quand tous ont dja les yeux ailleurs, Goya, lui, regarde intensément ce quill croit toujours voir pour la premiére fois. Cotte ingénuité allat avoir des effets plus redoutables que la passion la plus violent... un trait qui rappelle incésistiblement Vélasquez promenant sur ses modéles son regard sévére et pénétrant”. LOmbrelle, que nous voyons & page suivante, est 'un des cartons les plus réussis de la série. Exécuté \ACOMPOSITION Nous vyons dans ce croquisl sire triangle quiconint les figures ese convgue ‘avec la diagonal dv recingl d cbleou Qu, ele, coincide avec a perspective du mur du lond. LEscorpoiate, 1798 endron—Dessin fo ple de album de Mord ~ New York, Meropalion ‘Museum ofA Ce croquis de Goo, rele cus amour pour son pays ete gens, estou 5a joe de vie, qu lo me réusst 0 ransmtre dans es lignes danse claicabscu. LAPALETE Goya, dons a ransporence de atmosphere, asoce ses couleurs on un viable esa: 1) ever de Fombrele dos la main dy eune homme contra o sso sre rouge lunineux delo cafe de a jeu ile. 2}Lomonche de ene ferme, le bord de lo four le corsage, ous joe dose oppor ene es lon: bone ace, bran, lon bleu cit. 43-4 fe impossble dene pos emaruerii la dfrence de ratemen! des vsoges dos dom protagerites: cele a jeune fle dors es Ironspoences es rofl de'onbvel, cli ds jeune ome dons flume d soe gu en sine es tas, suis por les ombres. pour ne tapisserie destinge a décorer i dessus d'une porte, comme le rontre sa forme, il n'est pas simplement joliment décoratif, mais tzés vivant grace & sa composition et 2ux rapports entre les tons. La construction de la scéne avec attitude malicieuse de la jeune fille et celle de son cavalier en train de tenir Yombrelle, est originale. La couleur, fraiche et brilante, est extraordinairement lumineuse, comme le sourire de la jeunesse; la grace turelle de la jeune file en train de vrer une escarmouche galante est séduisante. Le jeune homme au gilet rouge a un regard curieux, presque inguiet. Le paysage qui représente les collines madrilénes est transparent. La soéne est un prétexte pour créer ‘une composition baignée de lumiére. Ele est basée sur le triangle qui contient la jeune file et le jeune homme en train de la protéger duu soleil avec ombrelle, Mais surtout, ce qui semble intéresser Goya, cestle contraste entre la lumiére réfléchie et la lumiere directe, entre le visage en plein soleil de homme et celui de la femme dans a Jumiére réfléchie par 'ombrelle: le test immergé dans 'atmosphére d'un paysage magique. Naturellement, Jes ons des couleurs jouent un réle fondamental dans la composition: le rt de Yombrelle, le jaune-ocre-brun de la veste du jeune homme, le rouge de son gilet, le rouge encore de la coiffure de la jeune femme, le bleu du cotsage et le jaune envahissant de la jupe. la tache noire du petit chien ressort surle blanc du voile qui couvre la upe tandis que la couleur Jumineuse du manteau est mise en ‘valeur par le bord en fourrure, fom entrain de lire une lotr. Danse tableau (1814-18 - Hue srfofe, 18)x122em - ile, ‘uae des Beaux Ars), nut recover e moll de Tembyele, desing aie fo @ arotegerl jeune file (ula pole. On rekowre ie me conte que dons Onbeleenrfafgueen ple rire et calle qui es dons onbre, fa méme exatoion de fa lumineié de atmosphere et dv poysage lo méme capaci de rendre ove a could rosparence derombre chi DON MANUEL OSORIO DE ZUNIGA Don Manuel Osorio est 'un des fils du comte d’Altamira, marquis d'Astorga Les portraits de la comtesse @ Altamira avec sa petite fille et celui de son ils Vicente portent une inscription en bas du tableau écrite en caractéres similaires & ceux du portrait de Manuel Osorio. Un autre portrait, représentant un troisiéme frére, Juan Mario Osorio, qui est probablement de la main du peintre Augustin Esteve, porte aussi une inscription analogue. Deméme, le jeune Juan Mario tient un ciseau, une linotte, au bout d'une laisse, comme le petit Manuel vétu de rouge tient une pie au bout de la sienne. les deux tableaux semblent done avoir été congus dans le méme esprit: deux enfants avec leurs animaux familiers qui sont, peut-ére,ironie legate, le reflet de leur caractére. Le tableau de Goya est une véritable flambée de couleurs qui est pourtant exécutée de facon trés travaillée: en bref, une prodigieuse réussite artistique. Le rouge incroyable de Vhabit, mis en valeur par le velours qui Ii ceinture la taille, ressort sur le fond Tuminewx de couleur neutre. Le rose pile du visage de l'enfant émerge de la collerette en dentelle fine; il est encadré parle brun des cheveux. Le tout exprimerait la sérénité, Vattitude tranquille, le jeu innocent avec Yanimal au bout de la laisse et les autres dans la grande cage... si nous n'apercevions dans les yeux grands ouverts, dans le visage trop sérieux d'un enfant que ’'on a distrait un instant de ses jeux habituels, comme tune ombre, un présage des symptémes d'une crise qui ne va pas tarder a frapper la noblesse espagnole, ‘Alors peut-étre faut-il voir aussi une signification symbolique dans Panimal attaché, dans les yeux des chats qui brllent dans Yombre, derriére Modeid, 1788 -Hule stole, 127106em New Yor, Metropolitan Musoum of Art enfant, dans les oiseaux enfermés dans a cage verte. Au dela de Vinterprétation possible des détails, reste la beauté indiscutable de ce tableau, léquilibre de la composition avec la figure au centre, le travail des détails, la magie de la couleur, la capacité de Goya de saisir 'essence et le caractére spécifique du charme de Yenfance, en un motle talent d'un grand portraitste. Ferdinand Guilemocdet, 1798 Hulse Pers, Musée ds Louw, Un eure porta de Goyo, de facture rlings et d'une grande recherche pychoogique. oye ors une compostonporllementéquilbrée dons tude e esos leon de nidrme es mis ‘en aur parle joune cl dames qui eo ‘abl excel ignite du personage, ‘ombossadeur del Répubique Francaise, en eae larichese de son caste ci es onimavx on rs ouvert prévnts dans les soars dala guerre, Dans le pri de Don pentures de Goy: le pfitchien del'Onbyelle et Manvel Osorio, Goya meu pied de enfant clu dela anme en rain delice une lee, es Toute une sé de pois onnov, ss comaagrons ses bees qu peuple les Caprice de jeux, gui ont anlogonies, meta! lo men ui howe, morsrueusementdelomées, ls ove agus des cols 8 LE MIRACLE DU SAINT SeljscdoSor tarot ote Charles IV monte sure trone en 1788 eta reine Marie Louise décide de se faire construire une résidence de villégiature, la Florida, non loin de ‘Madrid, prés de la porte de San Vicente, La construction de cette royale rend struction d'une petite église consacrée a Saint Antoine, qui fut déja reconstruite plusieurs fois et que le roi décide de réinstaller non loin de la. La construction est confiée & Yarchitecte Filippo Fontana en 1792. Ma terminera en 1798 Crest une petite église en forme de croix grecque dont la nef centrale, carrée, est surmontée d'une coupole d'un diametre de cing metres et demi, Crest donc en 1798 que l'on charge Goya de la décoration de la coupole avec les quatre triangles de sa base, de Fabside, de espace des voiites qui couvrent les petites nefs latérales et des superficies entre les fenétres. la fresque de la coupole doit représenter un des miracles de Saint Antoine: la résurrection d'un assassiné pour qu'il tsmoigne de innocence du géniteur du Saint, accusé de Woe fotle de lo coupote as (osctnedniclerendos avec vngrnd Me rr Gna repo on a, il : des gens du peuple. Porm ofoul, le Soint lve et Be code ae solr dee ese sence nao pours ppc del es mis jintes en priére. En peuplont la fresque de curieur, de gers uengoes deere: oes conpgons sop dea, Cay de son moce’ un renner fo 8 terre tuple oyutd comme orbs Grice re deo basrode odes bod s'y penchent, Goya réusst 6 faire pénetrer Vobservateur dans sa peinture, le faire vibrer & Vinson ove sponge dso ve -W- Pon de élse de San Antonio dela loido homicide. L’épisode au lieu de se dérouler a lintérieur d'un tribunal, se situe ici en plein air. En un véritable tour de génie, le peintre dessine une simple balustrade de fer autour de la base de la coupole, derriere laquelle il peint la scéne. La foule assiste & Pévénement comme si elle se trouvait autour d'un balcon, Tout est en raccourci perspectif es champs qui fuient vers les montagnes, les gens vétus comme au temps de Goya, et parmi eux, se détachant sure ciel Sans nuage, le Saint, debout, en train de bénir le ressuscité qui prie les main jointes, Dans cette oeuvre, si différente de la tradition iconographique dela peinture religieuse, le vrai miracle est constitué parla conception et Yexécution de cette fresque extraordinaire: une scéne saisie surle vif, avec des gens “normaux’, attirés parle spectacle du prodige, stupéfaits, parfaitement rendus dans les raccourcis audacieux qui les écrasent comme s'ils étaient vus de bas en haut. Outre la conception, on est frappé par la surété de la technique avec laquelle Goya réalise en quatre mois seulement toute la superficie dela coupole et des intrados, et les lunettes derriére le choeur, sur lesquelles il réprésente les anges, que la tradition voudrait en train de voler dans les cieux et auxquels V'artiste donne une présence toute chamelle en les plagant au milieu des tentures et des parements. La fresque est tratée & ‘coups de pinceau larges et puissants qui se fondent toutefois dans la composition vigoureuse de ensemble: le mouvement, les gestes des personnes semblent vibrer avec la nature, Ine faut pas s’étonner d'une telle vitalité chez un Goya deja agé:la force et la résistance de la jeunesse sont remplacées par 'expérience, la stireté de sa technique, sa capacité de se concentrer, sa volonté de terminer oeuvre sans hésitations et sans entraves; comme s'il sentait que cette puissance chorale et la présence du saint allaient devenir la corniche chaleureuse et les compagnes étemelles des heures a venir (Goya est, en effet, enterré dans 'église de San Antonio). LA. cOuEUR Alasurnce et a spontnéité dea tuche cevrespanden Fossuronce ete soowandité du Chole de asscition de on de couleur. (Observons ces ris dtl dl esque reprodui 8 page suivant 1) Les pli dela jupe et des monches del chemise sont exécatés over de lrgesouces de jaune sur leon rouge d fond, de banc sue on bev. 2) Comme saresque dire we de in, Goya cherche non seulement des formes simples, mos ‘us des osocaons de couleurs imple ee coukws des jypes des dex formes vines Tune de Toure sone rouge et ever, dex couleurs urs rovies por delargs touches de lumire. 3) Goyo met en vteur les os bles des terns {en syperposot des ouces d'orange el de iaune, cera de de fon complémentaices. n= MAJA DESNUDA Maid Maoh Vers 1650, Vélasquez avait peint une splendide Vénus au mitoirqui avec Education d’ Amour peinte le siécle avant par le Corrége, faisait partie dela collection des dues d’Albe. Il n'est pas improbable que ce soit la duchesse qui ait demandé & Goya, désormais célébre, de peindre 4 son tour une Vénus (dont elle ne fut pas, comme on V’a dit, le modéle). Quoi quilen soit, ce nest pas une déesse, mais image vivante d'une ferme oj vesida(179799 savin Au ral, 95,190cn- Modi Messe sensuelle, provocatrice et invitante dy Prado) aloménegeion que lo Moja desc. Selene ida pos que Vartiste va peindre on ava pu di er Jo eo Avec la Vénus de Velasquez et ou couse de “année lo unique leave de couleur ware Y Olympia de Manet, c'est un des nus couvelo “moj” d cov aux chev sencule snsuelerent aio de ss les plus fascinants de Ihistoire de bes son bol joue bod de naire srl pone Yart, que la présence d'une toile jumelle, représentant le modéle ‘complétement vtu, rend encore plus séduisant, Ala transparence et la splendeur de la carnation de la Maja desnuda font pendant la préciosité et le raffinement des vétements et des ornements de la ‘Maja vestida. Sion les observe Tune aprés autre, elles semblent inséparables: deux instants magiques d'une personne saisie au premier et au dernier instant d’une séduction idéale. La tradition veut que dans la maison du favor de la reine, le premier ministre Godoy, auquel les deux tableaux appartenaient, ils ne fussent pas placés un & cété de Pautre, mais celui de la jeune ferme habillée au dessus de 'autre, comme un écran qui isparaissait soudain grace & un systéme de ressorts. Les deux tableaux furent ensuite cconfiés & Académie de San Femando, oit la Maja desnuda fut cachée pendant presque un siécle, jusqu’en 1900. La composition joue sur la disposition en diagonale de la figure et surla transparence et la luminosité des Enh DiageVioe couleurs du corps en contraste avec 175¢m- (antes Naval alley. Cr desu, Edovord Mane: Opin, 1853 Jes tons qui lui servent de fond. Hulse, 130. 190 ce ov rir, 1848 enon ul surf, 123.x 3, Muse d Orc. —ue LA FAMILLE DE CHARLES IV Goya, d'origine humble et de grande ambition, face au monde de la noblesse espagnole qu'il a toujours Tegardé avec envie et admiration, fier de sa nouvelle position de peintre de la Chambre du Roi (depuis 1789), est tenté d’aduler les aristocrates qui 'ont accueilli dans leur cercle: mais la vérité de ce milieu qui, proche de la crise, cache mal sa corruption, ses embrouilles, son hypocrisie et sa Juxure, et quill découvre justement grace a sa peinture, ne va pas tarder a Inj apparaitre dans toute sa laideur. la fascination devient sarcasme, les portraits qui ilustrent en apparence la splendeur des puissants, cachent mal sous la somptuosité des vétements le désarroi hautain, voire dégénéré des puissants. le chef-<'oeuvre de la série est ce tableau de la famille royale peint en 1801 d’aprés une série de croquis sur le vif exécutés Yannée précédente dans la résidence royale d’ Aranjuez. Comme dons les Ménines de Velaxque (dnt on vei an dal, des, dro), s a gow fable dtl dessus) on opel dos d'une grorde fied logue e pein, dont visage ‘appara dors fond, avail corm i, turns vers cbse personnages de foil ryote. Crest comme nous enons dons espoce 0 Trove ls protagoisies pou ls reorder, spots en rong déserdonn, ef presque sur un seul pln. les ae —16- ol - Modtid, 1801 Mod, Hal sr tole, 280336 em Prods La référence a la tres célebre toile de Velasquez, Les Ménines, existe bien, mais elle ne conceme que la pose de Ja famille royale. La majesté en moins: elle se déploie gauchement, sans respecter le protocole exigé par Yoccasion, avec une ironie qui rappelle les vieilles photos de familles du tout début de siécle. Vatmosphére est d’ailleurs complétement différente de celle des ‘Ménines. Ici, ona Vimpression de sufloquer: espace manque, tout est renfermé, iln'y a aucune ouverture qui permette a la perspective de fuir au loin. Les treize personages sont prisonniers du tableau, prisonniers de la lourdeur de leur ors et du mauvais goit de leur habits, sans parler des autres “laideurs” esthétiques et morales, soulignées par de grandes taches de couleur et une analyse psychologique extrémement perspicace les années qui suivent les Majas, Goya quia atteint la soixantaine exécute une série de portraits qui ‘occupent une place importante dans son tinéraire artistique, Parmi ceux-ci, celui de la chanteuse Lorenza Corea, de 'architecte jean de Villanueva, la Marquise de hazdn (qui fait un peu de peinture et que Goya crogue prés de son chevalet), le Marquis de San Adrian, la belle Francisca Sabasa y Garcia, Une série de noms illustres, une collection entiérement réussie, pleine de trouvailles géniales, oi nous retrouvons le caractére et la personnalité de chacun. Dans cet ensemble, le portrait de Madame Sabasa y Garcia est particulidrement remarquable, par son analyse psychologique, sa composition et ses Pour comprende esrordincive olen de Pata de Goya, i sul de egorder eras de ‘ee porta émiis,e lis préesmen! “regard de is femmes qu’ «pints iaconcueen gris, a “maj ne et dora label Cabos de orc LA SENORA SABASA Y GARCIA couleurs. Linterprétation du personage: analyse du peintre est extrémement subtile. I saisit sa jounesse et sa féminiité, Elle se tient droite, la téte légerement en arriére avec une fierté indéniable qui ne réussit pas a cacher la mélancolie voilée de son regard et du pli de sa bouche. Les yeux sont le miroir d'une me jeune, d'une grace innocente qui semble contempler le futur avec préoccupation. La composition et les couleurs: la figure est dans une pose classique, de trois quart, les mains jointes, le visage entouré d'un voile. Les tons sont bruns et profonds: le vert-brun du fond coccupe largement 'espace, le chéle qui enveloppe le buste est & rayures jaunes sur un fond marron-ocre. Cela contraste avec les tons clairs des Le regard oss ol rangle def june Feo on (9 (0 gauche, 1805 envian - Haile sre, 103 x90.m -Port, Musée d Lue) exprine we moturiéprécoce; eu dela “moja” (av cent) ext unmélengedingéruie et de molce, qui siodese — 18 - Modi, 1808 environ Hule sr Washington, Naonal Galery manches et des mains, la carnation délicate du visage entouré dela transparence du voile et encadré par les boucles qui tombent sure front Impossible de ne pas étre frappé par la simplicité de ensemble, 'absence de décorations et de colifichets; le visage est le seul protagoniste du tableau, et danse visage, les yeux, Ce portrait est un exemple particuliérement significatif de la bravoure de lartiste:il se concentre avec une habileté magnifique sur le rendu des traits du visages, la proportion, 'équilibre dela ‘composition, 'expression, le sens de la respiration, la caractérisation d'un personage qui va au dela de sa représentation physique pour siinsinuer dans les profondeurs de "ame et du sentiment. £2 obseroteur dons ute son impudeur, comme ne imitoioninocene; es yeux kobe! Cobos de Percel(é dale, 1805 Hulse £8245 on-Londes, Nation! Galley brilen de a ie vive def jeunesse! de joe dev. LES MAJAS AU BALCON Goya a toujours montré une prélérence marquée pour la peinture de genre, oi il pouvait donner libre ‘cours & son inspiration, et quil traitait généralement en petit format. AY'époque de la guerre dindépendance, et peut-étre a cause dela réduction des commandes de la haute société, il commence pour lui une série de scénes populaires de plus grandes dimensions, qui figurent arm ses oeuvres les plus importantes. Les Majas au balcon font partie de ces dernieres. lla magnifique orchestration de gestes \ACOMPOSTION Ce chime met en didence le composion tangle qui conti les fgues mines en rin de chuchoer,penchées ue vers ute, tnd que 9 lines sont disposes slon des discions divergent, a peine ébauchés, de sentiments retenus plutdt que ibrement exprimés dans une atmosphere fascinante et mystérieuse, fait vivre ce tableau superbement composé et coloré. Les silhouettes sombres des “majos”, enveloppés dans leurs manteaux bruns, contrastent avec la gréce legere des dentelles et des quipures, Je sourire mi-réservé, mi-invitant, les regards vifs des femmes. Derriére la balustrade, la scdne sfouvre sur les figures des deux femmes au premier plan (‘une toute en blanc avec des omements en or, — 2 — Modéd, 1810 enon -Hul su tole, 1953126 cn- Now York, Metropolitan Musoum of At autre avec un habit noir sur lequel ressort le blanc du corsage et du voile), unies dans une composition triangulaire, tandis que les ombres inguiétantes de leurs cavaliers semblent peser sur elles au deuxiéme plan. Aux deux “plans” dela ‘composition correspondent les tons des couleurs: blancs et noirs ceux des “majas” (voile blane sur vétement noir pour'une, voile noir sur vétement blanc pour l'autre) enrichis et mis en valeur par les jaunes et les ors; bruns et marrons pour les figures des “majos* enveloppés dans leurs manteaux. Dons es desis, Gyo rerbe us sa copa

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