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REGARDS SUR LA PEINTURE En vente un joudi sur doux - N* 21 Edité par: Editions FABBRI, 11 boulevard Emile Augier - 75116 PARIS = Tél: 45 20.2678 Directour Directour Eitri Gaspare De Fiore Giulona Zuecel Belantont Rédaction [ssbella Ascoli Textes Marisa Buseoino Giovanna Bergamaschi Renata Cogno Luisa Cogomo odovies Magistra, Gaspare De Fiore . Geet Rebbe CCosare Baron (Direction artstiaue) Boole Cael Traduction of Table chronologique Sabine Valici Secriteze de rédaction Cenerina Caramel ‘Rhonnes-vous & REGARDS SUR LA PEINTORE Recover directoment choe vous REGARDS SUR LA PEINTURE au prix bloqué de 25 trance le numéro pour ensemble dol collection. tire spéciale: vous recovrez en cada - au méme moment de leur paruton ches lee rmarchands de ournaux- les élegants colirets de REGARDS SUR LA PEINTURE. 12 numéres = 300 france indiquer elairement le numéro partir duquel vous souhaitoe recevoir votre ‘abonnement. 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Photos ‘Archives du Gruppo Editoriale Pabbri, Milan, PROCHAIN NUMERO: FRA ANGELICO NUMEROS DEJA PARUS: 1. VANGOGH 2. PICASSO. 3. GAUGUIN 4. MONET. 5, LEONARD DE VINCI 6. RENOIR, 7, GOYA, 8. MICHEL-ANGE 8. MANET 10, REMBRANDT. 11. CEZANNE 12, DALI 13. LECARAVAGE 14. SEURAT 15, RAPHAEL 16. TOULOUSE-LAUTREC 17, LEDOUANIER ROUSSEAU 18, DEGAS 19, VELASQUEZ 20. CANALETTO Auloportt foule peinteetle comasseur, détail, 1565 env -Dessin la ume Vienne, _) Académie Aloeine BRUEGEL “Lra Nature sut découvrir de “Cet ét 5 Of istoire des Flandres. Giese de ce epogHes ot sacon meres coli qu doa si | Brvogel ne nat pas das un : - magnifiquement le lui rendre, lorsque | village, contrairement 4 ce que dit prise dans un cercle de dans un village inconnu du Brabant el- | Mander, mais probablement a Breda | flammes.. * Je choisit parmi les paysans I'intelli- | ou dans ses environs, entre 1525 et gent et spiituel Pieter Bruegel pour en 1890, si fon se base sur la date d'ins- faire le peintre des paysans, pour la | cription & la guilde de Saint-Luc plus grande gloire des Pays-Bas.." (1681), la corporation des artistes | Crest ainsi que commence le Schil- d’Anvers. derbeek de Karel van Mander datant de 1604, la seule source biographique sur Vartiste flamand que Y'on connais- On présume quentre 1540 se a ce jour, Une source malheureuse- et 1550, Bruegel travailla dans V'atelier ment imprécise et trop anecdotique | d’un peintre fameux, Pieter Coecke | sur un peintre ayant vécu pendant 'u- van Kalst (1602-1850), qui avait voyagé ne des périodes les plus agitées de en Turquie et en Italie, étudié et prati- Marguerite Yourcenar -1- qué V'architecture et succédé & Ber- nard van Orley comme peintre de la cour Bruxelles. La maison de Van Aalst a Anvers était un centre culturel important. Le jeune apprenti subit aus- si probablement l'influence de épou- se de son maitre, Mayken Verhulst Bessemers, originaire de Malines, peintre et miniaturiste. Un document (publié en 1964) atteste en effet la col- laboration de Bruegel a la réalisation d'un autel offert parla corporation des gantiers & Yéglise de Saint-Rombaut & Malines. Bruegel se forme done a An- vers qui était a ’époque la ville la plus riche et la plus cosmopolite des Pays- Bas, un grand centre commercial, cul- turel et financier, avec un port qui as- surait une grande partie du trafic eu- ropéen et transocéanique, En 1560, la ville comptait 150000 habitants, 169 boulangers, 78 bouchers et 360 artis- tes, Elle était oélébre pour ses impri- mories florissantes qui travaillaient our des artistes de toute l'Europe, Il est donc assez logique quiapres la mort de Van Aalst, Bruegel entre au service d'un éditeur d'estampes, Hie- ronymus Cock (16102-1870), qui recoit ailleurs Giorgio Ghisi (1502-1882) ve- ru préparer des plaques de gravures dlaprés des dessins de Raphaél et Mi- Yoiseav navguan! versun po, 1561/62 Grown ov burn de Frans Hos presun desin de Bruegel, 29,9x 21,7 em Yun de Roggio do Cobre, 1559 ens -Desn & lo plume, 15,524, em Rotrda, Boymons Museum, chel-Ange. Ces fréquentations, qui prouvent un contact avec la culture humaniste et talianisante de T'époqu suffiraient & démentir la nature “rust que" de l'art de Bruegel. Qui plus est, Je voila en route en 1882 pour le tradi- tionnel voyage en Italie. Van Mander nous apprend quill se rendit en Fran- ce, 4 Rome, en Calabre et peut-étre méme en Sicile. I reste un dessin de cce voyage, une Vue de Reggio de Ce- labre qui fut certainement faite d’a- prés nature. Les paysages alpins que on voit dans ses tableaux furent réali- sés de mémoire, s'il est vrai, comme it son biographe, que “pendant ses voyages il dessina tellement de paysa- ges qu'on pouvait dire qu'il avait avalé toutes les montagnes et tous les ro- chers pour les recracher, une fois re- tourné chez Ini, sur les toiles et les panneaux..” Co voyage no laissora pourtant pas de traces dans sa peintu- re olin ne trouve aucune référence 4 Raphaél ou Michel-Ange, aucune ci tation de monuments antiques sau, peut-éte, du Colise transiguré dans sa Tour de Babel (185), Par conte, i est ts frappé parla mer, es Bateaux et les pons que nous revouvors dans de nombreux tableaux comme le Pay- sage avec navires et cité en fammes, Paysage avec le Christ apparaissant aux apotres, Paysage Mavial avec la arabole du semour, réalisés entre 1863 et 1887, et surtout dans la Chute d'Icare, datant probablement de 1585, oli le véritable protagoniste est un ba- teau aux voiles déployées. De retour & Anvers, il travaille essentiellement avec Cock pour qui il fait des dessins destinés a la gravure, influencés par J. Bosch, dont le succés est immédiat, Bosch inspire aussi les premiers ta- leaux datés qu’on lui connaisse: les Proverbes Flamands (1859) illustrant 120 proverbes avec des créatures bi- zarres peuplant des scénes grotes- ques et comiques, le Combat de Car- aval et Caréme (1889) et Les jeux des enfants (1560) représentant 8¢ jeux qui sont une “allégorie de lagitation abs- urde et vaine des hommes” Roberto Savini) C'est Bosch encore et toujours que Ton retrouve derriére les trois, grands panneaux apocaliptyques du Triomphe de la Mort (1882-63), de la Chute des anges rebelles (1562-83) et de la Dulle Griet (Margot la folle, 1562-68). Des couvres dans lesquelles apparaissent “tous les sérails de Bosch ... mais avec une richesse chro- matique merveilleuse .. et une luxure sadique digne de ce peintre amoureux de la vie" (Pietro Bianconi). Ex nous voici en 1563, date capitale dans la vie et'azt de Bruegel: {Ise marie, s'n va vivre & Bruxelles et change de sujets et de style de repré- sentation en sfouvrant 4 une vision plus paisible du monde et de la nature et en révélant la racine humaniste et érudite de sa formation. 1 épouse | done Mayken Coecke, la file de son maftre Van Aalst et se transfére & Bru- | xelles pour des raisons que nous gno- rons encore aujourd'hui, Selon Van Mander, il s'agirait d'une affaie de femmes, mais la critique moderne pense plutét que Fartiste a choisi de | quitter Anvers pour une ville of iln'é- | taitconnu de personne & cause du cli mat dangereux de persécutions politi ques et religieuses qui s'éait instauré fn Flandres vers 1660. Les nombreux humanistes in luencés par la pensée @'Erasme de Rotterdam étaient assimi- lés & des hérétiques, les bichers de Vinguisition envahisscient les places ot les représailles espagnoles se dé- chainaient contre les nobles rebelles ot les paysans révoltés par la famine. Bruegel fréquentait probablement les cercles en odeur d/hérési et de rébel- lion, ce qui expliquerait auss les su- jets campagnards qui commencent & apparaltre dans ses tableaux et la ma- ne compliquée et indirecte avec la- quelle il traite les thémes bibliques et évangéliques. La période bruxetloise sera bréve, mais extrémement féconde: il suflit de penser quil réalise en un an seulement (1565) la série des Mois considérée comme son chef-d'eurre st dont il ne reste que cing scenes re- présentant, penset-on, les mois de jan vier (Chasseurs dans la neige), de f6 vier ournée sombre), do juillet (a fe- naison), @aott (la moisson) et docto- bre ou novembre (la rentrée des troupeau). De 1586 & 1568, Bruegel peint une série de soénes dela vie paysanne aqui lui valent le surnom de “Bruegel des paysans", des images d'e vitalté extraordinaire et d'un réalisme féroce, toutes réalisées d'aprés nature puis. aquil "se rendait souvent chez les pay- sans, quand il y avait une fete ou une cérémonie nuptiale.. et la il s'amusait Ales observer en train de manger, de boire, de danser, sauter, couriser ou dans d'autres attitudes ridicules ..” (Van Mander). Mais ce que le bio- raphe définit “attitudes ridicules" ap- es gros possons ‘mange es pets 1556 -Dessn fa plume: Vienne, Acodenie Alberine table volonté de vivre face a la misére et a la marginalité forcée, et c'est pro- bablement ainsi que Bruegel le voyait. Vattention quill porte aux paysans est & mettre en relation avec les événements tragiques qui secouaient les Flandres et Allemagne of régnaient la famine tla révolte, es scénes bibliques de années sont elles aussi habitées de fou- les miséreuses comme pour signifier que Dieu et son histoire sont loin de celle des hommes. Les pauvres de Bruegel vivent donc dans un monde abandonné de Dieu, ils sont aveugles | face & une existence quills ne compren- nent pas. Comme les protagonistes de son demier chef-d'ceuvre La parabole des aveugles (1868) ot “.. il réussit & représenter - dans sa désolation pro- fonde - Yerrance de "homme, qui cher- che a tétons sa route pour tomber fina Jement et tragiquement dans sa céci- 16..."¢Andreas Grote) Aprés six ans de mariage et la naissance de deux fils qui seront tous les deux peintres - Pieter le Jeune (1564) et Jan dit de Velours (1868) - Pie- ter Bruegel meurt en 1569 dans la vile obils'est exile. parait aujourd'hui comme une indomp- | UAvace, 1556-Desin df plume, 22,8 x 29,7 em Lnces, Bish Musou LES JEUX DES ENFANTS A premiére vue, la lecture des tableaux de Bruegel semble facile et limpide. Le peintre est un narrateur extraordinaire: ses tableaux-récits sont remplis de personages et de détails décrivant les décors et les us et coutumes de I’époque. Mais, aprés ‘une observation attentive, nous découvrons un artiste sensible et cultivé, a la recherche d'une vérité qui ze soit pas seulement formelle, regardant !humanité qui lentoure avec une pitié profonde et un pessimisme amer. ‘Nous retrouvons ici ces deux niveaux différents: le premier, le plus évident, immédiat et "populaire”, nous montre Jes eux, les personnes, les gestes et les traditions du monde paysan observé dans ses moindres détails, ala fois avec sympathie et ironie;le second cache entre les lignes un ‘message moral ou allégorique & découvrir petit petit. Ce tableau est donc d'un cété une sorte d“encyclopédie des jeux enfants flamands" (ily ena plus de

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