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REGARDS SUR LA PEINTURE En vente un jeudi sur deux - N° 47 alte par Eaitions FABER 1, ruedu Temple 72009 PARIS Directeur Directeur Editorial Gaspare De Fore Giuliana Zuccoll Beiantont Rédaction ‘Texte Imbel ect Maura Botte tenata Cogno Angelo De Fire Ledovica Magistralt Gaspere De Fore taquitis ilar EEA Cesare Bxon (Direction srvtigue) Paolo Cali Table chronel Seorétatre de rédaction Site vate Cocnrina Caramel ‘Rbonnes-vous A REGARDS SUR LA PEINTURE Recever clrectement chez vous REGARDS SUR LA PEINTURE au prix bloqué de 25 francsle numéro pour ensemble de a callection, Offre spéctate: vous recevrez on cadaau -au méme moment de leur pparuon chez les marchands de journaux ls élogantscolirets do REGARDS SURLA PEINTURE, ‘e12numéror=00fkancs 46 numéroe- 900 france S24 numéros = S00franes .@ Toute Ia collection’ 1680 francs Veulllesindiquer clairement le numéro & patir duquel vous souhaites recevoirvolre saonnetent Ecriver d OGP-REGARDS SUR LA PEINTURE, 116/178 avenue Joan Jaurés 75019 PARIS, en oiguant votre réglement sane oublice votre ‘om, adresse et code postal Pour compléter votre collection ‘Lesnumétee parus pouvem étre obtenus ches tous les marchands de journaux ou,a defaut, chez deur, au prix en vigueur au moment de 1a commande. ls resteront disponibies pendant sh mols apres la [peruton du dernier fascicule de la serie. eriver 4 OGP, 175-179 avenue Jean Jaurés -75019 PARIS, en joignant & ‘otro courrier & france par numéro de paricjpation aux fais d'enval (Belgique. 45 FB par numéro, Sisso: 1.80 FS par numéro), les délais de hraison a prevair sont c environ trois semaines. ‘Pour toute reclamation cencurnant les aboanetments et les ancien numéros, appeler le (1) 421.3010, Pour classer vos fascicalos {Tt otras sont lsponibles sur commande auprés de votre marchand Ge journaux (cif 78 NDP), Vous pouvez asi vou es procter et Sseivant atx Hain FASBR! en oignant yee courser un cheqs ‘ozrespondant vole cmamando ston lo anf suivant le iia ‘enve ont nels dans os pt) collet 42.0 france cotrets: 14.0 france feet: 78.0 francs Sotrets 1780 francs SSootteets 131.00frenes #8 eters 208.00 franca Assoc unique’ Groppo Eatorial Fabbri, Bompian, Scnzogno, tas SpA 91, via Mecenate 20135 an ‘brani 6, Cobol Gig tL. Basi Directeur dele publication: Lucian Bosio. Imprims onitae par Stabimento Grace Gruppo Eeitorale Fabbri SpacMiag ” Disibaton en France: NMPP pat lage me most 188.1" ISBN 2 90748-6827 (© 1688 Gruppo Editoriale Fabbri, omplan,Sonzogno, Bas Sp.A.-Mlan (© 1988 Batons Fabbri pour tion frangaise En couverture: Nu 2ccroupi (tal) 1617 -Huile sur tlle, 14x74 om Anvers, Musées Royeux des Beaux-Arts, Photos Archives du Gruppo Baitorale Fabbri, Milan, PROGHAIN NUMERO: CRANACH ‘NUMEROS DEJA PARUS: 1. VAN GOGH 13, LECARAVAGE 2, PICASSO 14, SEURAT 3. GAUGUIN 15, RAPHAEL 4. MONET 16, TOULOUSE-LAUTREC 8. LEONARD DE VINCI —_17, LE DOUANIER ROUSSEAU 6. RENOIR 18, DEGAS 7. GOYA 18, VELASQUEZ 8. MICHEL-ANGE 20, CANALETTO 9. MANET 2, BRUEGEL 10, REMBRANDT. 22, FRA ANGELICO 11. CEZANNE, 28, HOGARTH 12, DAL 24, DELACROIX 28, CHAGALL 28, GIOTTO 21, DAVID 28. BOCCIONI 29, TURNER 30, DURER 81, KOKOSCHKA 32, INGRES 33, CONSTABLE 34. GRUNEWALD 38, LE GRECO 38. KLIMT 31, BONNARD 98, ANTONELLO DE MESSINE 39, HOLBEIN 40, MATISSE 41, COURBET 42, KLEE 43, GIORGIONE, 44, BRAQUE 48. REDON 48. LA TOUR Modiglon’ qulaves ‘nos evan 2a me ‘lon, Calleton lambert Viol “Aicje dit que Modigliani ne fit ‘pas un enfant prodige? Comme d'une nuit a Uautre, d'une nuit vulgaire a la nuit enchantée, un petit peintre appliqué et bien sage, ‘un bon locatatre de la rue Lepic se métamorphose en vagabond de génie, Le cas de Modigliani est le seul cas littéralement miracalenx dans univers de Vart vivant.” A. Salmon, Modigliani, sa vi, son cevore, 1926 ODIGLIANI La tégende d'Amedeo Mo- digliani ost si vivante qu'on a du mal & se rendre comple que plus de soi- xante-dix ans ont passé depuis sa mort Il s'est teint le 24 janvier 1920 8 THpital de la Charité, atteint de tu- berculose. In'avait que 38 ans. Le len- demain, sa jeune compagne, Jeanne Hébuteme, se jetait du cinquidme tage de la maison de ses parents. Elle état enceinte pour la seconde fois de "Modi et laiscalt la petite Jeanne de quatorze mois au soin de Léopold Zborowski, idéle ami du couple, quila confierait ensuite a la famille d’Ame- deo a Livourne. Cette vie brave et tragique se transformera immédiatement en my- the : Amedeo Modigliani, poéte ardent et artiste maudit, aristocrate et bohémien, querelleur maniaque et peintre profondément solitaire, & une Spoque o foisonnaient maitres et écoles en tous genres! Ivze de pas- sions, d'alcool et de hachich. Mais pour Modi, raconte Gino Severini dans ses mémoires, 'absinthe n’était “qu'un moyen et non une fin. Liexcitation quelle lui procurait était utilisée pour voir toujours plus profond au-dedans de lui-méme. C'était d’ailleurs une ha~ bitude chez tous les artistes de cette flafnde 1906, époque.. Quant au hachich, il en avait, C'est vrai, toujours un peu dans la poche de son gilet, mais il ne utili- sait que rarement, uniquement dans des cas exceptionnels, lorsqu'll avait besoin de cette sérénité arabe que donnait la drogue, quand tout allait ral autour de Tui et quill n'avait méme plus confiance en Iui-méme. Oi sont Jes abus dont on a fait toute une littéra- ture? Et aprés tout, que croient les bourgeois, que on fait un tableau dans le méme état d'esprit que lors- qu'on fait une somme dans un livre de compte, ou que Ton pigeonne un client?” “Dedo*, comme le sumom- ment ses parents, nait & Livourne le 12 juillet 1684, le dernier de quatre en- fants, Son pére, Flaminio, est com- mercant et presque toujours en voyage. Il aura peu d'influence sur ses choix et sur sa vie. Sa mére, Eugenia Garsin, originaire d'une famille juve espagnole vivant a Marseille, sera par contre la premiere & comprendze et & seconder ses prédispositions artisti- ques, comme elle le raconte dans son journal. Dans ces pages pleines de tendresse, nous découvrons un Dedo dja oli cour’, quia onze ans attrape une trés grave pleurésie, Trois ans aprés, deuxiéme alarme : Amedeo est frappé d'une violente fiévre typhoide. En 1901, a la suite d'une lésion pulmo- naire, signe avant-coureur de la tuber- culose, sa mére Yemméne en conva- lescence a Naples, Capri, Rome et Flo- rence. Cela fait déja trois ans que De- do a abandonné ses études. Mais en- tre temps il a découvert les Mac- chiaioli - les tachistes - et fréquente Yatelier d'un peintre fameux de Li youre, Guglielmo Micheli, qui fut Glave de Giovanni Fattori. Le voyage est donc une occasion révée pour visi- ter les musées et contempler les archi- tectures, les églises, les sculptures du patrimoine italien, comme celles duu siennois Tino di Camaino, qu'il décou- ve avec enthousiasme a Naples. Dee Rome, it écrit a son ami Oscar Ghiglia, peintre post-tachiste lui enverra cing précieuses letres qui font partie des razes témoignages quill nous reste de li): Je sus en proie & Téclosion et a la dissolution d’éner- gies tr8s fortes, Je voudrais par contre que ma vie soit comme un flenve riche d'abondance qui courrait avec joie sur laterre...Je suis riche et fécond de ger- Modiglon dors ure potogropie de 1915 mes désormais et j'ai besoin d'une ceuvre. J'ai lorgasme, mais l'orgasme qui précéde la joie, auquel suceédera activité vertigineuse, ininterrompue de intelligence." En 1902, Modigliani aban- donne Livourne quill trouve trop pro- vinciale et étroite pour pouvoir satis- faire et comprendre ses aspirations. Il retourne a Florence oi il s'inscrit & Académie du nu, Puis il part a Venise don il envoie une autre lettre & Oscar Ghiglia: “homme qui de son énergie ne sait libérer continuellement de nou- veaux désirs..et abattre tout ce qui est resté de vieux et de putride, r’est pas tun homime, c'est un bourgeois’ En 1006, te voila a Paris. A Montmarte, plus précisément, oi ouvre un petit atelier, rie Catlain- cour, la mie of habita Toulouse-lat trec, non loin du Bateat-Lavoir de Pi cass0, lieu de rencontre des artistes Tes plus fameux de ce siecle, Datelirs ilen changera dalleurs souvent, de Montmartre a Montparnasse, Dans ce tout premier, Modi ne semble pas tr vailler beaucoup. Il est encore eniveé par la nouveauté de Vattmosphere pa- fienne, par les femmes en pariou lier, avec lesqueles il semble avoir pls de sucvbs qu avec la peintre En 1609, e rend pour quel ques mois & Livourne, puis retourne & Paris of, grace a son grand ami ama- teur d'art, le médecin Paul Alexandre, il réussit finalement a rencontrer le sculpteur Constantin Brancusi. Modi commence a sculpter, et comme Bran- cusi, & travailler directement sur la pierre, Ilcontinue a étudier le dessin. Lorsque la guerre est déclarée en 1814, Modigliani est réformé et reste & Paris, C'est alors que commence la période la plus in- tense de sa vie si intense quelle le brilera en quelques années. Il rencon- t1e Béatrice Hastings, postesso et écri- vain de nationalité anglaise, ex- Scuyéze dans un cirque sud-afticain, qui sera pendant deux ans sa compa. ne et son modele, Béatrice esta pre- igre ferme a jouer un ze important dans la vie sentimentale de. Modi Mais leur relation est tellement tour- mente, tellement orageuse qu'elle en devient presque ingelle. Cete in- croyable histoire d'amour se termine ailleurs comme dans un zoman du gene: at beau miliea d'une fe donnée par un ami peinte, devant tous les invités génés et impuissants, Amedeo et Béatrice sinsultent et se frappent sauvagement jusque dans la re, Puls Béatrice senfuit et disparalt our toujours de Paris. Par contre, Amedeo reste Max Jacob le décrt a cette époque comme un bel homme au visage ou- vert et au teint sombre, qui avat lal lure d'un gentlhomme vétu de quenil- les. Picasso, Ii, trowvait qui avait du style dans ses habits de velours. Les versions contradictoizes - celles qui font les légendes - abondent: d'un été, un Modigliani qui exe dans Montparnasse avee pour seule légance son foulard de paysan, de ‘autre un Modigliani propre et bi- Une photographie de grou dd Zorte Rare, CalecionPeci lit En 1917, année de ses nus | et de ses portraits les plus beaux, Amedeo trouve le grand amour de sa vie, la petite Jeanne Hébuterne. Elle a dix-neuf ans et on la surnomme “Noix de coco”. Ses cheveux chatains sont tressés, elle a une frange et des yeux bleus, la peat claire et de belles jam- bes. Elle est éléve a l'Académie Cola- rossi. C'est le coup de foudre. Quel- ques mois plus tard, elle quitte le do- micile familial pour aller vivre avec Ii: leur amour est plein de tendresse. ‘Mais en mars 1918 - Jeanne est enceinte et Paris est sous les bom- | bardements -, l'état de santé de Modi s'est tellement aggravé que ses amis pensent qu'il est bon de l'envoyer pen- dant un an sur la Céte d'Azur, entre Cagnes et Nice. Crest la que naitra | leur petite fille, Ie 29 novembre, bap- tisée Jeanne elle aussi. Nice a rendu la palette de Modi plus luriineuse, mais Wa pas amélioré sa santé. Au con- traire. Lorsquill rentre Paris en mai chonné, la barbe rasée, avec un Borsa- | de l'année suivante, il n'a plus que lino sans doublure surlatéte, Entre 1916 et 1916, Modi ren- contre le marchand Paul Guillaume et le poate polonais Léopold Zborowski. Ce demier le soutiendra jusqu’au out, affectivement et économique- ment, et lui fera connaitre Lunia Cze- chowska qui deviendra rapidement la meilleure amie de artiste. quelques mois & vivre, mod cde 1916, De gauche @ cite: Mocigon, Mos Jacob, André Soknon et Oniz Téte- 1911/12. Seuptre en pire, 50» 19,6 em Pars, Cleon Sloe S, Nirchs. “MADAM POMPADOUR” Malgré l'accord éclatant des couleurs, la ligne reste élément portant de la peinture de Modigliani Ila dessine ec un trait sensible et sinueux; illa situe dans espace, et non surla surface, et s'en sert pour cemer les zones de couleur, créant ainsi une sensation de volume et de vibration de Jalumiere, ‘Modigliani arrive a la peinture aprés s'étre exercé au dessin et &la sculpture. Ce n’est donc qu’a partir de 1915 qu'il se meta peindre d'une maniére systématique et passionnée, exécutant dans un laps de temps de ‘cing ans plus de trois cents tableaux, des portraits essentiellement et une splendide série de nus. Crest d’ailleurs aux portraits que Modigliani doit sa renommée, Celui que nous voyons ici est parmi les plus eélébres parce qu'il réunit toutes les, caractéristiques qui font e succés de artiste. Hest ala fois ironique, &la limite de la caricature, et curieusement expressif. D'une part, la géométrie du visage dont ovale a Tair planté sure cylindre du cou, le dessin du nea vu a la fois de face et de profil les yeux qui ressemblent aux trous vides d'un masque ; de autre, la profondeur du regard, la vibration de ce visage tendu vers avant qui semble nous inviter dans son “espace itréel’ Varriere-plan, toujours mobile et 1915- Hale sur toe, 61 x 50.cm Chicago, Art Insite chatoyant, est caractérisé ici par une porte rouge placée juste derriére le visage et par le titre etla date & gauche. Les noirs du corset et du chapeau, le rouge de la porte et les tons vifs de la carnation sur lesquels sont dessings les traits du visage ressortent sur les tons gris-vert de Yarriere-plan et dela manche, Modigliani a tiré les legons de Yexpressionnisme de Toulouse-Lautrec et de la synthése géométrique du sculpteur Brancusi pour élaborer une ceuvre qui n’appartient qu’a lu. C'est ‘un exemple fascinant de accord entre la structure spatiale des plans et des volumes, une relecture tres personnelle et acérée de l'art africain, A. Darin Porrit de Mme Poul Guillaume ov chopeou: 1929 Hull sur ole, 91x 73em- Pans, Mie dy laure. A Par, André Dern frequents Pass et Braque. Mas, comme Modigio reser en marge Colecton pariulre dd cabime corso culture le raméne & des courts pls radlonnel. CCdesus: A. Modighon Feri au chopeau: 1916/17 - Crayon, 48 x31,Scm PORTRAIT D'HENRI LAURENS ASSIS Dans une lettre a son ami Oscar Ghiglia, Modigliani, alors agé de dix- sept ans, écrit: “.. Mais le moment viendra aussi de m'installer & Florence probablement et de travailler... mais dans le bon sens du mot, c'est-4-dire de me consacrer avec foi (téte et corps tout entiers) & organiseret développer toutes les impressions, tous les germes d'idées que jai recueillis dans cette paix, comme dans un jardin mystique”, Pour Modigliani, la peinture deviendra le moyen de communication le plus direct, voire Punique, avec les gens. Sans rien perdre de ses qualités graphiques et picturales ni de 5a personnalité,ilest toujours disponible a s'ouvrr ala réalité des “autres”; c'est pourquoi, sans renoncer & modifier sa maniére et son style il réussit a exprimerles caractéristiques physiques et morales de chacun de ses modéles. Henri Laurens est un ami de Modi, et Modi aime peindre ses amis puisque Crest sa fagon de leur parler. Laurens est un sculpteur du méme Age que lui qui, aprés avoir rencontré Braque en 1911, essaie d'appliquer & la sculpture les principes du cubisme. Il réalise des natures mortes et des figures géométriques en pierre, en terre cuite ou dans des matériaux différents, A cété de ses figures (éminines monumentales, il réalise aussi un grand nombre de papiers collés. Modi et lui s'influencent réciproquement, ce quisse solde pour le premier par une solidité des volumes et une synthése structurale accrues. One voit dans ce Laurens, La figure est ans la ligne puissante des épaules, la téte est plantée surle volume du buste, les différentes patties du visage sont dessinées avec quelques traits décidés, Le “manque de fini’, 1a couleur étalée en touches larges et rapides rend le tableau encore plus suggestif. CCédesus: Poul Gulane- 1915 Hole se 105 75 em- Pors, Musée del'Orangerie. C's! le Guilaume, marchard et aide Modigianrélsé parce demir. prenier por 1915-Hude soto, 115,8 «88,3 en-Lucome, Galati Rasangort Monguetie ose, de face 1916 Hales ole, x40 on-Domedosol,Colection prize Homme ass: 1915 em. - Crayon, 42,7 «25,9 on le, Xuplrsfchkaine. Medion’ n'a beso i du lor obscur nde a couleur pour sugges masses ttle oid. slit, came i d'un a fn de croyon, le poe Blase Cerrar rocnlequen un seal so, 6 a Closer des Ls, Modigioni avait ‘ust equiva lus de eran pera u'levait ‘ensileoles o por symachie si en échonge fun vere obit, la pupa des outs porter! inspion “dessin a bie’, os tie bin scvser abondannés ov rsd ges persoanages ql vende croquet ou moment ob ces dries quien coe NU ASSIS 1916 Hale ste, 92x60 em Londres, Cound istute Gols En regardant les nus de Modigliani, si picturaux, si denses de matiére, avec Vempatement des couleurs et le charme sensuel et subtil quien dérive, on est tenté de crier &la suprématie du peintre surle sculpteur. Par contre, sil'on regarde ses sculptures, c'est le sculpteur qui simpose. Mais en observant mieux ses nus, on se rend compte que le dilernne est au fond de peu d'importance car ce qui compte pour Modigliani, c'est sa fidélité & la vérité du modéle, Naturellement, il s'agit de la vérité telle quelle est vue par l'atiste il voit Te modéle d'une certaine fagon et le peint selon son style. C'est la ligne, bien sir, le contour sinuewx, qui est a la base du style de Modigliani, Le dessin, dont les variations subtiles rendent toutes les nuances de la forme etdu contenu, permet au sujet d’tre immédiatement lisible. La couleur, qui vibre dans les touches du pinceau, devient petit a petit plus delicate, saffinant dans les transparences et la luminosité de Tempatement, Ayant assimilé et ‘dépassé les recherches plastiques de Cézanne, les recherches atmosphériques des impressionnistes et des fauves, et fidéle & la tradition italienne, Modigliani cherche & moduler les couleurs locales et & structurer les formes de fagon a valoriser effet tactile de sa peinture. ‘Tout ceci vaut pour les portraits, mais encore plus pour les nus. Remarquons ict la composition du buste égerement incliné le long de la diagonale du tableau, la plasticité de Ja pose, la position dela téte penchée surles épaules, Vimpression abandon résigné qui se lit dans le trés beau visage (synthétisé dans un triangle et souligné par la tache sombre des cheveus), mais aussi dans la figure toute entiére fleurissant dans Ja vibration des tons rosés, orangés et blanc de la carnation. ‘A Modigon':Caratide 1914 av, Fost, oguorle efrais de roy, 53x 43,8 cm Pos, Muse d'Art Modeme deo Vile de Par. ‘Poss, Modighon rencontre seupteurrouncin Brancusi encourage 0s loncer dons fa seuptue pres ovr vs une série de desing dees feminine de cots sles, Dans air de roreus, Maiglon' operend é scupterdreclement dors per, € traver dons a moss la forme dé ses les, Auda des él, cav-delé des supe eles més, exérienceplesique, influence «Sun Bron a recherche defo pureté de lo fore, aide! d se Ferer des comentons de lo traion et décourir de noweoux point de lérence a géemeri en focat des plon de Cézanne, lo dlécompasin cubist, Vor négre et Fort égyptin P.Peosso: Nu su fond rouge: 1904 BY x Sd om Por, Muse du love. Dis son ern 6 Por's,opres ses des 8 Lvoyne e@ Veni, Modigion’ xt rouble parla peinure oui feunt 8 cote énaqued Moniporese. Ces une péode de création poreulérement conde pour de (fonds noms de a peiature de noe sel Souine Fouita, Chal, Yor Danger, Freos, esine de Melign’pour Poss nti pasrédproque. Cee love heii dv eine espagnol dt due & des cifrences se croetire, mois us ay rls de ‘Mediglanide poricioe av movrement cubist, don Paso da ave Broque le us grand rerésniont LEOPOLD ZBOROWSK! 1916 Hale sr tole, 68 42m - Zurich, Collection paricure Rares sont les artistes chez qui, comme Modigliani, la vie et 'art se fondent et se confondent : peindre signifie pour lui établir un rapport affectif avec son modéle. Ses personages ne sont pas des modéles professionnels : ce sont des amis ou ames, des gens qui savent Vapprécier, quelquefois des gens du peuple quill vient de rencontrer. Parcourirla galerie des portraits de Modigliani signfie donc refaire le parcours des événements essentiels de son existence, de ses sentiments et de ses relations profondes ou passagéres. Ala fin, on peut méme distinguer des catégories de modéles correspondant & différentes périodes del'évolution de sa peinture. De gauche droite Lcpold Zborowsk 1919- Hue sr ae, 10768 em-So0 Pouo, Museu de Are, Modigian execute de nombreux portraits de Zberowel, oni et proeceur des orses ce Monjparase. Nous ‘ne powvors pos ne pas renorquer iio nobles dy perscrnage decile ovec un senient actin et ce grote, Hotka Zborowsho 1917 env Crayon, 3824 m- Pos, Colecion particule Cotes beow dessin ore oss entrées ‘conséqverces le ml en ‘orabesquede signe letra semble bouger, ‘oxi, desinot lo figure et prcsont es eto du visage. Cher ‘Modighn le dessin et texiursun ec dono: Pendant la premiére période de son activité de peintre, qui est encore marquée par les influences externes Gla fréquenté latelier de Guglielmo Micheli éléve de Fattori et découvert avec intérét les maitres contemporains parmi lesquels Toulouse-Lautrec et Picasso), ‘Modigliani peint les portraits de ses ccollégues et amis : Picasso justement, ‘Max Jacob, le docteur Alexandre, révélant & quel point ila assimilé la legon de Cézanne, le sculpteur Brancusi, Lipchite, Laurens, Jean Cocteau, Diego Rivera, Soutine (qui fut Yun de ses amis les plus intimes). Le style s‘affine et se caractérise au fur et 4 mesure, aboutissant aux deux superbes portraits du marchand d'art -- Paul Guillaume et du jeune poéte polonais Léopold Zhorowski, son ami dévoué qui consacrera sa vie a aider Modi. Ce portrait plein d’émotion subtile, vibrant de sentiment, reflétel'affection profonde eta gratitude du jeune Modigliani. Zborowski a le visage légérement en arriére, penché sur son épaule droite, le regard perdu dans le lointain. la ligne de Modigliani n'est pas ‘uniquement un élément décoratif : d'un cété elle dessine et commente les caractéristiques physiques et psychologiques du personnage ; de autre elle enveloppe et définit les volumes plastiques et chromatiques dans a vibration de la couleur. CHAIM SOUTINE Dans tous les portraits de Modigliani, le probléme esthétique et le probleme psychologique sont subtilement melés, Is s‘expriment dans la typologie des formes caractéristiques de sa facon de voir et d'interpréter: les tétes inclinées & la mélancolie subtile, les yeux en amande, souvent sans pupilles, les épaules tombantes, Jes mains toujours présentes méme lorsqu’elles ne sont qu’ébauchées, les, cous allongés et flexibles, les ovales du visage, la ligne du nez et dela bouche qui caractérise les visages et les expressions. Ce portrait de Soutine est sans doute Yun des plus expressifs de la nombretse série de Modigliani. instaure un dialogue immédiat entre Vobservateur et le personage, reflet un dialogue fait de sentiment et @'émotion entre le peintre et son modéle. Modigliani est le seul ami intime du jeune peintre russe exilé & Paris. Soutine rencontre grace a lui Paul Guillaume quile présente au riche collectionneur américain Albert Bames. Modi le recommande aussi a Zhorowski qui linvitera &travailler & Céret et a Cagnes oi il peindra la plupart de ses paysages de sa peinture pateuse aux couleurs ardentes, Amedeo et Chaim feront respectivement plusieurs portraits 'un de l'autre. Tous témoignent de leur profonde amitié et du climat particulier de cette époque, de la difficulté de trouver un modéle, de Yenvie de peindre, du plaisir de représenter un étre cher. Ona impression de retrouver ici un vieil ami d’enfance : le visage anxieux et enfantin le sourire, attitude ouverte et confiante, le regard étrangement éclairé par deux pointes de lumiére nous révélent la vérité du personnage et la profondeur des sentiments de auteur. 1917 - Hale sur tl, 38 x 28 cm Stiga, Stootigolere . Soin: Port de Mote King Hale sur bois -Phicdeloie, Meum cl A. (Cet echange conte nie cxeus et models et inléreson et révélateur du cla! del alle époque de Moniporase. Mediginni in Sou, Soutne eit King, King peint Cocca. Mais Mock, avec son cevactivelermé el irongue, vere sorcosique, ne garde sine et fection que un pelt pombre ois Soutne eit Kling ov des touches denses de couleur, ropides comme des coups de sabe, cuxtons is et conrassqunoiset de ses expérienes foes M.Kisng : Jeon Cocteou dons son clin -1916 Hale sur tode, 7360 em - Genéve, ‘Musée du Pet Palos = Te LUNIA CZECHOWSKA Modigliani aime terminer ses portraits dans la solitude de son atelier, mais pour les commencer, il a besoin de son modéle. Son ami, le peintre Survage, rapporte ces mots de Modi: “Pour travailler 'ai besoin d'un étre vivant, dele voir devant moi’, Le vin et 'alcool lui donnent une énergie créatrice particulitrement intense, qui lui permet d’esquisser, de dessiner, de peindre et de compléter ses tableaux, nus ou portraits, en une seule séance. L'expérience, l'étude et la pratique du dessin, sa capacité de synthése visuelle et créatrice lui garantissent le résultat Sil'on analyse ses portraits, nous sommes a chaque fois surpris par le rle de la ligne qui construit image en profondeur tout en la projetant vers avant. La ligne de Modigliani rend a la fois la profondeur de espace, le mouvernent, !oscillation de la téte et done du regard, la figure trés pure de Lunia Czechowska - qui est sa meilleure amie avec les époux Zborowski - incarne I'idéal de la facon de voir et de peindre de Modigliani. Sa figure élancée, son expression mélancolique, ses traits fins, ses yeux au regard perdu, sa sensibilité surtout, sont tout ce que l'artiste aime et quill traduit presque littéralement dans la sétie de portraits qu'l ni consacre Celui-ci se concentre surle visage de Lunia, mettant en évidence son expression douloureuse, l'accord entre 'élégance préraphaélite de ses traits etla noblesse mélancolique de son ame, rendu par le dessin de ses grands yeux entrouverts, parle frémissement de ses narines et sa petite bouche elle aussi entrouverte, La courbe des épaules, & peine ébauchée, est surmontée parle long ‘cou a la Botticelli, sur lequel se plie, dans une attitude pensive et mélancolique, le visage qui semble nous regarder de trés loin. eS lurio Czechowska- 1917 -Hule sufi, 81x 60cm. Grenoble, Muse de peintre ‘td seallure, Moco esr de so intr pour exprimer son exe e son alfecion envers son madele, mos ass vn ideal ehéioue, bos ur homens det courbes, concave ou commen, sur la recherche d'une expression chorgée d'une mélancalisowen! poignant, cme cet asic. ~e 1917 - Hale surf, 46 x 38 cm Poss, Colecton poricuire pour: 1915- Hil surtale, 95246 2em: "New Yor, Museum of ‘Moder A Dans ee eure, fa veine ‘rogue sorcosique de ‘Meighan ex pls ident les deve visoges, o plot le vioge de a femme et base de son époux, edermé dns a igi de son poston, sont de vrnbles cevicolures Les igres vricoles, qui moquen!” le sage dea fon elo Cherise de Thome ins (que son visoge, consent vec es courbes des ves

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