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REGARDS SUR LA PEINTURE En vente un jeudi sur deux - N° 37 Baie par Bations FABBRL, 116, rue du Temple - 76003 PARIS. Directeur izectour Editorial (Gaspare De Pore (Giuliana Zuceol Bellantoni Rédaction Texter Isabella Ascoli BageloDe Fore Renata Cogeo ‘Gatpare Be Fiore lLodovica Magia, Mi. Daisa Matereanint Marina Robbiani Cesare Baroni (Direction artistique) a Paolo Cajel Table Secrétalre de rédaction Sabine Valet Casarina Caramel ‘Abonnez-vous a REGARDS SUR LK PEINTURE. Reoever dleectemant chez yous RECARDS SUR LA PEINTURE au prix Dloqué de 28 franas le numéro pour ensemble de ia collection. Ottre spéctale: yous recovrex en cadoay pparuion chez les maychands de ournsux REGARDS SURLA PEINTURE. 14 méme moment de leur sbléganis collrots de 2numéros = 500 francs (924 numéros ~ 800 france 1938 numéros = 200 france (Toute a collection 1950 francs Veuillez indiquer clairement le numéro a partir duguel vous souhaltez {ocovoir votre abonnement [criver & OGP-REGARDS SUR LA PEINTURE, 175/178 avenue Joan Jaurbs- 76018 PARIS en oignant votre réglement, sans oublier votre oth, adzesse ot code postal Pour compléter vate collection ‘Les numa parus pouven!étze oblenus chez tous los marchands de Journaus ou, & défaut, chez éditeur, au prix en vigueur au moment de Ja commande. Us resteron disponibies pendant sx mos apres la partion du dernier fascicule dela sone Ecriven 4 OGP, 175 179 avenue joan Jaurés - 78019 PARIS, en joigrant A ‘otte courrier 8 france par numéro de paricipaion aux fais d'envos (Belgique: 45 °B par numéro, Suisse: 1 80 FS par numéro), Les délais de livraison 8 prévorr sont c enviren trois semaines. Pour toute réclamation concernant les abonnements et los anciens ‘numéres, appeler le (1) 42.41 2010. Pour elasser vos farcteules {ss cofets sont daponibles sur commande auprés de votre marchand, Ge journaux (codif 8575 NDP). 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Musée des Beaux-Arts, Bruxelles p. 20 droite) ‘Musée des Beaux-Arts, Grenoble: p. 19. Musée National d'Art Modeme, Paris'p 29. Museum cf Art, Toledo (Ohio) p. 16-17. Réunion des Musées Nationaux, Paris p. Scala, Rorence:p.7, 28. Solomon Guggenheim Museum, New York (C. Guadagnoy couverture. 23. Pout les autres photos’ Archivos du Gruppo Baltoriale Fabbri, Milan. ‘PROCHAIN NUMERO: ANTONELLO DE MESSINE NUMEROS DEJA PARUS: 1. VAN GOGH 13, LECARAVAGE 2. PICASSO 14. SEURAT 3. GAUGUIN 15, RAPHAEL 4. MONET 16, TOULOUSE-LAUTREC 5. LEONARD DE VINCI —_17. LEDOUANIER ROUSSEAU 6. RENOIR 18, DEGAS 7. GOYA 18, VELASQUEZ 8. MICHEL-ANGE 20. CANALETTO 9. MANET 21. BRUEGEL 10. REMBRANDT 22, FRA ANGELICO 11. CEZANNE 23. HOGARTH 12, DALL 24, DELACROIX 25. CHAGALL 28. GIOTTO 21. DAVID 28. BOCCIONI 29. TURNER 30. DURER 31. KOKOSCHKA 932. INGRES 38, CONSTABLE 34. GRUNEWALD 38. LEGRECO 98, KLIMT Pies Bonnard st une photographie de 1945, BONNARD “Le premier Bonnard que jaie est tun jeune homme maigre, parfois penché,timide et myope. Austour de ses jowes, un peu de poil chatain frisat, ets son nez, se tenait tout droit, tres 1 pranelles foncées, un petit lorgnon cerclé de fer rouillé parfois, comme omen portait ala fin du sitcle dernier.” ‘Thadée Natanson, 1951 Pierre Bonnard nait dans les environs de Paris, a Fontenay-aux-Ro- s05,le 3 octobre 1887, et meurt quatce- vingts ans plus tard, a Tautze bout de Ja France, au “Bosquet", sa maison rose du Cannet oi il s'est retié depuis Téclatement de la guerre mondiale, peu de temps avant la mort de son cher ami Edouard Vuillard. a mené tine vie intense, bien que discréte et réservée, mélancolique et modeste, consacrée au travail et & Marthe, la femme qui sera pendant cinquante ans sa maitresse, puis son épouse, son modéle, sa muse inspiratrce et com- pagne tyrannique de son isolement. Bonnard n’aimait pas particu- liérement la vie errante, Il recherchait Ja tranquillté et 1a simplicté. Il se réfugiait souvent dans la solitude, subissait le charme do la nature et parfait souvent a sa rencontre, Avant de découvrir le Cannet, et aprés ses années de jeunesse partagées entre la maison de ses parents, Paris et ses | alentours (@ Vernon, notamment, ot il Sinstallait pendant les mois d’été), il séjourait surtout dans la campagne | frangaise, entre la Bourgogne et I'Au- vergne, la Provence et la Normandie. En 1008, il découvre le Midi. Cet été- 1A, & Saint-Troper, il aura la grande émotion de sa vie, ce quill appellera le “coup des Mille et Une nuts’: il découvze “la mer, les murs jaunes, les reflets aussi colorés que les lumieres'. Leffetsoleil des “fables méditer- ranéennes” comme il ne avait jamais, encore vu ou su le voir, pas méme en Kirique du Nord. Dés lors il ne pourra plus vivre sans ces paysages éblouis- sants du sud de la France. A Saint-Tro- pez, il rencontre Paul Signac et Henri Manguin, Puis il se tend a Grasse, a la villa Antoinette, & Antibes, Cannes, Cagnes oi il rend visite a Renoir, et enfin au Cannet, Au nord, c'est Vernon qui reste cher a son coeur. Il sait aussi Pier Bonnerd vrs 1890, apprécier cette autre lumiére “qui change continuellement” et les paysa- gesde la Manche. Bonnard se rendra souvent Vétranger pour visiter les musées (mais il dira a propos du Louvre: “Ce quily a de plus beau dans un musée, ce sont les fenétres!") ou pour décou- vwrir des paysages. I visitera la Belgi- que, la Hollande, l'’Angleterre, !Espa- gne, Italie et Rome en particulier, la Tunisie, Algérie... En 1926, nommé membre du jury du prestigiewx prix Carmegie,il se rend aux Etats-Unis. I sintézesse tras tt au dos- sin, puis a la peintare sur chevalet, fiddle 4 le nature etd la tradition En Couveturedesinge en 1893 par Bonnard pour (oP solage tusks de Clad Terrie Po, Biblotheque 1881, il sinscrit Académie Julian, un an avant de passer sa licence en droit ILy rencontre Maurice Denis et Paul Sérusier qui rentre de Bretagne avec ‘un tableau intitulé Le paysage du Bois amour, peint & Pont-Aven sous la di- rection de Paul Gauguin, qui devien- dra leur talisman. L’année suivante, il centre & lEcole des Beaux-Arts od il fait la connaissance de Vuillard et de Xa- vier Roussel. Ensemble (il faut citer aussi les noms d’Aristide Maillo, Félix YVallotton et Paul Ranson), ils forment le groupe symboliste des Nabis, mot hébreu signifiant les “prophétes’, ‘Mais Bonnard, comme Vuil- lard avec lequel il ouvre un atelier & Pigalle en 1892, y participe plus par Aliche de Bomord pour la Rewe blanche drigée ‘or T. Notorson 1894 Pos, Musée d Ory. amitié que par conviction, et ses toiles, plus proches des émotions que des concepts, ne tomberont jamais dans le mysticisme symbolique du. groupe les thémes qu'il aborde sont extréme- ment variés et “quotidiens” : souvenirs de la vie militaire, boulevards de Paris avec leurs promeneuses en premier plan sous la lumiére des lampions, scénes diintériewr ou familiales aux rus languides et portraits comme celui de sa scour Andrée qui épousera son ami Claude Terrasse, auquel les sym- bolistes doivent une grande partie de leur sensibilité musicale et thédtrale, Ce réseau dlamitiés personnelles et culturelles aboutira, en 1896, & la re- présentation d'Ubu roi d’Alfred Jarry, dont Bonnard co-signe les décors, au Nouveau Théatre de Paris. Auparavant, entre 1692 et 1893, Bonnard illustre le Petit solfége et compose les vingt lithographies des Petites scénes familiéres pour son beaw-frére, L’année suivante, il réalise Yalfiche de la Revue blanche, dirigée par son ami Thadée Natanson, Mais te moment décisi date de 1891, lorsqu'il dessine pour France-Champagne, une société vini- cole de Reims, une fameuse affiche qui fera crier a Ja nouveauté. Le succ’s de Iaffiche ost tel que Tou- Jouse-Lautrec demandera a faire la connaissance de son audacieux des nateur. Elle fera gagner & Bonnard ses premiers cent francs et rassurera son pare, fonctionnaite assee modeste, sur Yavenir matériel de son fils. Elle per- mettra enfin a lartiste - ce qui sera és important pour sa carriére - de encontrer le marchand de tableaux Ambroise Vollard, séduit par son tra- vail, Ce dernier le recevra dans sa cave de la rue Laffite, oi était située aussi sa galerie, en compagnie d’au- tres peintres et de talents litéraires, et Bonnard peindra 'atmosphére joyeuse de ces diners, avec au premier plan Odilon Redon et Jean-Louis Forain, au- tour d'une table bien gamie. Vollard lui commandera plusieurs séries de gravures pour illustrer des livres im- portants : Parallélement de Paul Ver- laine, Daphnis et Chloé de Longos dit le Sophiste, Dingo d'Octave Mirbeau, et, en 1930, Sainte Monique dont Vol- lard est lui-méme Yauteur. I illustrera aussi les Histoires naturelles de Jules Renard, la premiare édition allemande du Prométhée mal enchainé d’André Gide et La 628-E8 de Mirbeau, En 1694, il rencontre Marthe qui va devenir le centre de sa vie af- fective, Elle est jeune; elle a les yeux bleu pervenche et un corps mince et flexible, Elle se présente & Bonnard non pas sous son vrai nom, Marie Boursin, mais avec un nom de cocotte ou de femme fatale, de ceux qui étaient & la mode a l'époque, Marthe de Méliny, inventé pour fasciner le peintre. Et Marthe, elle restera, Bon- nard ne découvrira ldentité réelle de cette femme déconcertante que trente ans plus tard: Marthe est alors deve- nue depuis longtemps non seulement Ja protagoniste indispensable de sa vie, mais aussi de son art. Un amour aussi exclusif, pas- sionnel, ne peut étre que difficile, Bon- nard peint Marthe de mille maniéres, altiré par elle et son corps nu, attentif & toujours nous le montrer dans ’éclat de sa beauté, méme lorsqu'elle vieillit. I1Tépouse en 1925 et ne 'abandonne jamais sauf pour de brefs déplace- ments rendus nécessaires par son tra- vail, Il est toujours prét a justfier ses excentricités dues a sa santé précaire, Use page de Fagendo de Piere Bomard (décembre 1997 Elle souffrait gravement des bronches et tombait dans des états dépressifs suivis d’explosions de jalousie et de possessivité qui laissaient ses amis stupéfaits, incapables de comprendre son épuisante tentative, de cacher le peintre aux yeux des autres Bonnard ne peut pas se pas- ser d'elle, bien que sa présence agres- sive et envahissante lui pése quelque- fois, On le remarque dans ses ta- | leaux; certains portraits de femmes, par exemple, peints entre 1916 et 1918, | dont 1a sensualité laisse penser que Marthe n’avait peut-Stre pas tort de se plaindre. Puis ses autoportraits 1éa- lisés aprés sa rencontre avec une jeune femme, Renée Monchay, quill eprésente en premier plan avec ses cheveux blonds 4 cété d'une Marthe floue et presque méconnaissable dans un tableau de 192] intitulé Jeunes fem- mes au jardin, Pendant cette péri de, il nous présente une Marthe & Yexpression mélancolique, comme pour raconter’ ou exorciser Tat: | mosphere tendue qui petit petit s'est | créée entre eux. Mais lorsque Marthe meurt en janvier 1942, Pierre Bonnard | se referme complétement sur lui- sme, et confie a la seule peinture la tache d'extérioriset ses sentiments, la tristesse et la sensation de vide qui Yenvahissent. Il ne quitte sa maison du Cannet, avec ses quelques meubles en osier et son plein de souvenirs et de nostalgie, que pour deux courts voya- | ges & Paris en 1945 et 1946. C'est au | Cannet qu'il meurt le 23 janvier 1947, assisté de sa niéce Renée Terrasse. LE CORSAGE A CARREAUX 1892- Hue surf, 61 x 33.cm Poss, Musée Orsoy Les caaux de couleur ui prcédet [a rsenation des eves onoyses dans pages asain de ouvert da syria las armanes et ls const, fandammavx ql goident a compeston chomatigns Dans le Corsage @ceraau, Bonnard utilised ls tas qi lui sevent encoder ss ze de cul ls fons moron du fond, la mosque ougerosearngé du és ses premiéres ceuvres, Bonnard rév8le les caractéristiques et les qualités de sa peinture : un amour profond pour le réel, mais aussi une découverte passionnée des valeurs uelles, qui donnent & la fois leégereté et épaisseur & la vie. Une vie simple, apparemment banale, qui se manifeste dans les occupations quotidiennes: instants intermédiaires quise resserrent comme des cercles ‘concentriques pour arriver jusqu'au ‘cceur et le bouleverser. Cet intimisme constitue d’ailleurs la caractéristique du groupe qui se réunit autour du Talisman, c'est-i-dire de la planchette peinte par le jeune peintre parisien Paul Sérusier sous la direction de Paul Gauguin pendant été 1888 a Pont-Aven. Gauguin lui enseigne : “Comment voyez-vous cet arbre? I est bien vert? Mettez done du vert, le plus beau vert de votre palette. Etcette ombre, plutét bleue? Ne craignez pas de la peindre aussi Bleue que possible...” Ten résulte un paysage aux formes synthétiques, peint en larges aplats de couleurs Jumineuses qui s’accordent. C'est autour de ce petit tableau que se forme l'association des peintres Nabis, quien hébreu veut dire “prophétes”. On peut dire que Bonnard sera le “prophéte” du banal, dela vie quotidienne. Le corsage & carreauxest un prétexte pour juxtaposer des carrés aux tons chauds, rouges, orangés, marqués par les longues “virgules’ des plis, ensemble s'accordant avec le rose du visage et le brun du fond mis en valeur parle blanc de la nappe et des, assiettes sur lesquelles ressortent les teintes sombres des mets, dans une silencieuse atmosphére familiére. casage, le lace ai def abl Pour son Corsage & crux, gui es un porta de sa sur And, Bonnar sspice def grave < Uogave Kunisada (Ferme joponase 2 kinono @ coreaux: 1845/46), reproduc qu fo pore de wo riche collectond exiompes ponies. le mott des correaux apport sowen! darslopeintre de Bomrd, ron seulement dons ls véterents, mois ‘uss dos ls nopces stirs een général dors emeublomert nia. dovord uid Marie Vullrd éervon 1883- Hale so orl, 37 «29m Poss, Cllecon porter. Pour oll, comme poor Bonnord quit rencontre dons e groupe des Nabi, vers (quotdiene des choses qui eiorenexorine sen ands nti Tou en absent es regle du Toso, Vaile cont 20 vision vdvonleo’onour charge de sour ‘vec un gros premier plon a gauche, lo eche rouge derbi sor Torebesque déleote dy ‘grand rideay bloc. Choque chose es! ‘eoresnize cone dns neu combinant real ovis U'ECUYERE 1897 -Hule stole, 26 35 cm -Adclos Bains, Musée dos Beoux Arts Les tons iiss por Bond dos cape sont essetiallament le encoune du chvol, le bavoune des oyu ct fe maror-ouge des blows, le be ver des sihoeres des spetoteus.kucone teint pte: tus es os sont tach de fle qu dannet impression ¢'un mouvement silat. Lrunivers du cirque a fasciné de nombreux artistes, de Toulouse- Lautrec & Seurat, de Degas a Léger et Picasso. C’est sans doute & cause du mouvement acrobatique des artistes, du scintillement des lumiezes, du rapport avec les animaux, du risque présent dans chaque exercice, tout ce quiest difficile, drdle, mélancolique, bref, tout ce qui fait du cirque un concentré de la vie, vua travers un miroir a peine déformant, Crest donc un théme, en réalité tes intérieur, i & la mémoire et aux sentiments, qui ne peut pas ne pas fasciner un peintre comme Bonnard, I fixe avec sa palette, sa mise en page originale et son regard enveloppant tun instant de ce monde toutbillonnant de personnages, de lumiéres et de couleurs. La silhouette blanche un cheval, au-dessus duquel voltige Yécuyére aux longues jambes, file & grande vitesse sur le fond rythmé par Jes rayures marron, jaunes et vertes des balcons. On a impression de regatder un instantané un peu flow comme dans les réves ou I souvenirs, Le cheval a traversé espace de la toile quil s'appréte & quitter & gauche, la téte basse, les pattes en lair au-dessus de la piste tachée de bleu (on dirait de eau, et non tne piste de sable). L’écuyére est étendue sur le dos, légere, comme suspendue dans les airs. Les silhouettes des spectateurs, toutes identiques, interrompent la courbe des balcons. La réalité et le réve se superposent dans ce temps suspend cen une vision poétique faite de couleurs, de lumiére et de mouvement, , Seu Le Crque- 1890/71 - Hull su tl, 186 x 181 em Port, Musée d Orsay, Le able de Seurot resembled celvde Bornard, ave le cheval <éplocé por so course sul gouche de toe. Mois ‘chez Seural, le mavvemest cig deo pie semble conraser avec lan du chvel; chez Bonnard, ce demir rover le tblesy pow péner don espace qui déborde dea le Taulowselouree: Av crave Fernondo "écuyére - 1888. Hule surtole, 98x 161 Chicage, Art It Lacomporoson ei Femur de Toews Loire celle de Benmore inresonie corele peme! de esurrepoids elo ens des gues da premier por ragpod 8 fer “raracion” chez le second. Cher Toulouse Lauter, chev eter dons Son onciomie bust Vecuyares! bien planiée sur so age «roupe. Chex Boorerd, le cheval a une toche de mitre oudesns de laquele vor el osale la igure de eune ile, 6 Vavantage inappréciable de posséder des entractes amusants tandis qu’au théatre ils sont odieux. On va au bar od les clowns boivent leur gobelet. L’écurie offre son entrée pour dire Donjour aux chevaux et autres betes...y P. Bonnard MONTMARTRE Wesinge iis aon cul damionts et es (Bmnardo pboblament esr son gend “ons cover) Sis df due sn sl a ds fques en mourement, le eu ds voles el age vila des Aes dos spn gs ls sob, to slat, fig do prom lon 8 de. Bonnard note dans son agenda, jour _extrémement bien), dans a relecture aprés jour, les conditions d'un souvenir, dans les actions de rologiques : “beau”, “brumeux’, chaque jour, le va-et-vient des gens. roid’, enrichissant ses Bonnard ne choisit pas les héros, mais remarques de croquisd'objets oude _les gens simples, le mouvement, une personnes qui ont frappé son attention rencontre, les voix des passant. pendant a journée, I enregistre ainsi On est frappé ici parla hauteur dela Técoulement dutempsengardantle ligne d’horizon, Pharmonie étudiée souvenir des petites choses dela vie, entre les surfaces et les figures, la qui font la richesse de son art. rise en page presque La vérité éternelle, rappolons-le,ne _cinématographique des persomnages. réside que dans l'apparence ‘Les tons sont empatés et jouent sur les provisoire de a réalité, comme reflets ; au centre, le grand espace qui Tenseignentles estampes simples et __s‘ouvre dans une lumiére douce lingaites de Hiroshige ou de Hokusai semble enwvelopper toute chose dans (que Bonnard connaissait ‘une sorte d’abandon résigné, dessus Bovovrd 1899- libogropie, 1743 em: Bene, Konsthale. A gouche Prove Cichy -1912- Toile, 139x205 om Besoncon, Musée des Beau Le them est toujours celuide ove ‘qualdenne en hou, lo romenode su le boulevard soulgnée por keryhme des dlmens vericone 6 Bi, e von youn des values et des dames, ~8- LA LOGE 1908 - Hull sur tale, 91 x 120.em-Pors, alecon Berthei-Jouno ‘A goct, le ton range d fend Eco, le ton le de Figure mascot le ton du bros de a Femme oppure su le dsr age; ats, cu remier lan, les rons bans et nis dl farm ose at d sn avr dabout ui reson sr le fndruge fed Bonnard représente la famille Bernheim & !Opéra. Il n’aime pas les compositions chargées de messages et de programmes il préfére les images d'une chronique intime et affectueuse, quelquefois ironique, saisie au beau milieu du quotidien. Ipart de la vision dizecte, cherchant Vémotion, laissant les “concepts” & ses amis Nabis qui théorisent & partir des ceuvres de Gauguin et de Puvis de Chavannes. l communique cette émotion avec des moyens tres simples, & travers la forme et la couleur quill synthétise en mouvements élégants et spontanés, On est frappé par loriginalité de la composition (qui reprend pourtant un théme récurrent de Ihistoire dela peinture ; il suffit de penser au Balcon de Manet ou a celui de Goya..): une fernme assise & droite, avec & ses cétés un élégant cavalier debout, se

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