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REGARDS SUR LA PEINTURE En vente un jeudi sur deux - N° 48 Bite par: Bltions PABBRL TS, rue du Temple 75003 PARIS Directeur Directeur Editorial (Gaspare De Flare Giuliana ZucealBollntonk Rédaction i Iabella Atco Giovanna Bergamaschi Perey re Serene edvioa Magsteai Gaspare De Flore Dawes (Gianni Robb (Cesare Baroni (Direction PaotoGoj Tradacton ot a Sabine vane (Cotarina Caramel Rbonnez-vous a REGARDS SUR LK PEINTURE [Rocover dlrectoment chez vous REGARDS SUR LA PEINTURE au prix DBlogué de 25 francs le numéro pour 'ensemble dela cllecion. ttre spéotale: vous recevrez en cadeau -au méme moment de ur [Parution chez les marchands de journaux lee 6légants colli de REGARDS SUR LA PEINTURE, f¢ numéres ~ 300 francs (zt numéroe ~ 600 francs © Toute Ia collection’ 1950 francs Veuilesindiquer clairement le numéro a partir duquel vous soubalte2 ogevoirvolre abonnement [Bcrivez d OGP-REGARDS SUR LA PEINTURE, 175/178 avenue Joan Jaurds 76019 PARIS, en joigrant votre réglement, sans oublie® vore nom, adiesse ot code posta Pour compléter votre collection [Les numetes parus peuvent ete cbtenus chez tous les maxchands de jurnaux oud defaut chez éditour, au prix en vigueur eu mament de Jacommande. is resteront disponibios pendant six mols apres la, ‘aruton du derier tassicue de la sie, Berivez & OGP, 178-179 avenue Jean Jaurés -76019 PARIS, en joignant& ‘yoire courtier 6 francs par numéro de participation aux frais 'envot (Gelgigue 4573 par numére, Suisse: 10 FS par numero), Les délais de ivraison 8 prévoir ont d environ trols semaines. 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Photos Aothok, Munich; couverture; Erich Lessing: page 10. Pour toutes le ‘autres potas: Archives du Gruppe Editoriale Fabbri, Milan. PROCHAIN NUMERO: LE LORRAIN NUMEROS DEJA PARUS: 1, VAN GOGH 18, LECARAVAGE 2. PICASSO 14, SEURAT. 3. GAUGUIN 18, RAPHAEL 4. MONET 16, TOULOUSE-LAUTREC 5. LEONARD DE VINCI _17. LEDOUANIER ROUSSEAU 6. RENOIR 18, DEGAS 7. GOYA 19. VELASQUEZ 8, MICHEL-ANGE 20. CANALETTO 9. MANET 21. BRUEGEL 10. REMBRANDT. 22, FRA ANGELICO 11. CEZANNE, 23. HOGARTH 12, DALL 24. DELACROIX 28. CHAGALL 26, GIOTTO 21, DAVID 28 BOCCIONT 29, TURNER 30. DURER 31, KOKOSCHKA 82, INGRES 38, CONSTABLE 34, GRUNEWALD 38, LEGRECO 36. KLIMT 31. BONNARD 88, ANTONELLO DE MESSINE 39. HOLBEIN 40. MATISSE 41. COURBET 42, KLEE 48. GIORGIONE, 44. BRAQUE 48. REDON 48. LA TOUR 47. MODIGLIANI “Heritage médiéval et conquétes de la Renaissance, ascétisme et mondanité, luthéranisme et catholicisme. La derniére, ‘fascinante image dela grande saison picturale de l'Allemagne du XVE sidcle.” Dora Schwarz, 1965 Autopano fthibue ‘us @ lucas Cranach e Jen), 1580- Hales ppameou, 64x 49cm Ference, Gala des ices, CRANACH Lucas Cranach 1'Ancien (pour le distinguer de son fis qui su- va ses traces avec moins de génie) est avec les trois autres grands maftres de son époque ~ Dixer, Griinewald et Holbein - artisan d'une Glorieuse saison picturale. Cele-ci va bridvement éolairer Allemagne du XVP° siecle et Cranach en constituera Je point final, les trois prestiers ayant disparu ot Yembryon de Renaissance allomande ayant été étouiié dans.le sang et dans la férocité des guerzes de religion lorsque Lucas, fils de Hans, peintre mediocre et peu conmu, nat & =a Kronach, en Haute Franconie en 1472, Ja tradition gothique brille de ses der- niers feixx. Au moment de sa mort, en 1853, la terre allemande est en train de reprendre lentement et difficilement son souffle a la suite des années terzi- bles qui vont de 1520 a 1547, aprés que les troupes réformées et celles du ca~ tholicisme se sont aftrontées & Mallh- berg et que les luthériens ont été bat- tus, ba vie de Cranach couvre donc plus de quatre-vingts ans d'une his- toire collective et politique qui a trans- formé d'une facon décisive la situation culturelle, spirituelle et morale de po- pulations entifres. Et les images de Cranach - des Crucifixions dramati- ques de sa jeunesse aux Vénus legeres et cyniques de sa maturté, des portraits des humanistes viennois| qui feront sa célébrité a ceux de Lu- ther et des princes allemands des deux factions ennemies - accompa- gnent et scandent cet épisode crucial de histoire européenne. Si Tart de Cranach nous ren- voie un reflet de ces moments tragi- ques, il semble par contre que sa vie ait pas été affectée outre mesure par la situation. I faut dire que nous ne s vons pas grand chose de lui, mis & part ce que nous révalent les événe- ments officiels, les fonctions remplies, les couvres abondantes de sa main ou de son atelier qui sont parvenues jus- qua nous. Nous ne savons rien sur sa période de formation. On retzouve sa trace & Vienne vers 1602, alors quil a dja la trentaine et qui est un artiste accompli, la grande Crucifixion de Munich, signée et datée de 1803, représente d'alleurs'un des sommets de son art. Elle est au carrefour des courants les plus avancés de la pei ture allemande de l'époque, évoquant indubitablement Dizer et Grinewald, et anticipant méme par certains as. Tout, 1509 - Grove Tete de poysan, 1505/08 Aquarelle et gavoche, 238 x 167 mm-Lones, Bish Museu, pects école danubienné qui ne va pas tarder a s'affirmer. Sur la période qui précéde, Jes hypothéses abondent, toutes éga- lement convaincantes. Il est probable que le jeune peintre aura voulu sortir de sa ville de province, comme un grand nombre d'artistes de cette épo- ‘que, pour sillonner le pays a la recher- che de maitres et de nouvelles idées, et bien sir aussi de commanditaires. 1 a sans doute visité nombre de bourgs et de couvents, vu et assimilé tout ce qui pouvait lui étre utile de la puis- sante tradition gothique et tardo-go- thique. Il semble avoir connu, ne se- rait-oe que par oui-dire, des événe- ments artistiques extraordinaires qui avaient lieu en Halie, & Venise, Rome et Florence. Il peut avoir admiré Yoeuvre facilement accessible de Mi- chael Pacher, peintre et sculpteur du Haut-Adige, trés apprécié par le Haut Clergé des abbayes du Sud-Tyrol, qui futle premier parmi les artistes de cul- ture germanique a étudier la perspec- tive et la rigueur des compositions des maftres italiens. Quoi qu’il en soit, Cranach est & Vienne en 1802. Ce n'est pas le fruit du hasard: c'est un jeune huma- niste de ses amis, Johannes Cuspinian, qui le fait venir dans la capitale des Habsbourg. Lui-méme avait été invité & enseigner a Vuniversité de Ja ville par Ie fareux Conrad Celtis, "un des grands protagonistes de I'Humanisme européen, avec Erasme et Melanch- thon. Certains historiens de Tart, comme Otto Benesch par exemple, pensent méme que c’est Direr, ami et admirateur de Celtis, qui aurait de- mandé a Cranach de venir a Vienne. Reste le fait que Yun des chefs- deuvre viennois de Cranach est le Portrait de Johannes Cuspinian (1802-1609), suivi immédiatement de celui de la femme de ce dernier, lui aussi d'une intensité visuelle et psy- chologique remarquable. ‘A Vienne, Cranach épouse Barbara Brengbier, fille du bourgmes- tre de Gotha. Ily peint, outre les Por- traits Cuspinian ot la Crucifixion du musée de Munich, le Saint Georges de la Galerie des Offices de Florence et le ‘Repos de Ia Sainte Famille, plus paisi- ble et lyrique, qui constitue une sorte dladiew a limpétuosité de la jeunesse et &la vie insouciante de Vienne. En effet, Cranach quite la ville en 1505, définitivement, L'Elec- teur de Saxe, Frédéric le Sage, l'ap- pelle & Wittenberg. Cranach ‘com- ence alors une longue carriére de peintre de cour pour les Electeurs. 11 en servira trois, le Sage, le Constant, le Magnanime. Il leur sera fidéle pour le meilleur et pour le pie, comme nous Ie verrons, ce qui lui vaudra d'aillewrs de devenir trés riche et tres célebre, tune célébrité qui sera toutefois de ‘moins en moins méritée, En 1508-09, it fait un voyage aux Pays-bas, probablement chargé d'une mission diplomatique par I'Elec- teur. Il en profitera pour voir et com- prendre la peinture qui se pratiquait dans ce pays. Les ceuvres de cette époque sont ainsi fortement marquées par Un italianisme élégant et mesuré, directement inspiré par les retables de Quentin Metsys et par le classi- cisme de Jan Gossaert. Le Triptyque de Torgau en est un exemple. Sa renommée est alors 4 son comble. C'est pendant cette décennie que Cranach s‘essaie pour la pre- miére fois au nu féminin (la Vénus du Musée de I'Ermitage). C'est le début d'une longue série de Vénus, de Ten- tations, de Jugements de Paris, de Graces, qui apparaissent dans toute sa production ultérieure et celle de son atelier. Cela aboutira au maniérisme et a la perversité douteuse des der- nitxes versions trés probablement dues a ses fils Hans et Lucas le Jeune, ses fidéles et 2élés continuateurs. David ot Bthsabge, 1524 Xylogroptie, 128% 155 mn. Vers 1818-1820, Cranach fait la connaissance de Luther, protes- sour é Wittenberg ;catte rencontre so- za déterminante pour le reste de sa vie et de son art puisquil deviendra le portratiste olicel et inggalé du Réformateur et de son épouse, Katha sina von Bora. Ilse lancera la-aussi dans une série de portraits qui ne tar- Cats dans bos, 141 -Xylogrptic, 174x229 mm. deront pas a répéter le méme ma- niérisme. Mais les premiéres versions savent rendre l'ardeur indignée et la ‘és forte personnalité du personnage qui allait transformer histoire de I'Eu- rope, Sa sympathie et son adhésion a la Réforme ne Vempécheront pas de stentichir et de faire de bonnes affai- res a la fois grice a la peinture, au commerce et la politique : en 1822, i achéte une pharmacie, puis une impri- metie et une auberge; partir de 1820, il devient sénateur; de 1837 & 1544, est bourgmestre. Hans et Lucas sont la pour s'ocouper de son atelier. Et puis, c'est la catastrophe: en 1547, son seigneur, Jean Frédéric, est battu par les troupes impériales pendant la bataille de Mihlberg ot fait ptisonnier. Cranach le suit fidélement dans les pérégrinations de son exil, & Augsbourg et a Innsbruck Le 16 octobre 1553, trés agé, Cranach meurt a Weimar. La peinture allemande se retrouve & nouveau sans souffle et sans génie; I'hritage de Cranach ne peut lui fournir les moyens de recommencer du bon pied car bien avant 1853, déjé, le demier grand maitre allemand du XVI" siécle avait cessé de nous dire des choses impor- tantes, PORTRAIT DE JOHANNES CUSPINIAN Cranach représente le professeur de droit Johannes Cuspinian dans la splendeur de sa jeunesse, pleinement conscient de sa valeur, endossant une fourrure somptueuse, les mains serrées sur un gros livre, le regard dirigé verse haut le tableau de Cranach révéle Vestime etla franche sympathie qui le ient au personnage représenté et qui se manifestent dans la spontanéité et la frafcheur de 'image, accentuées par le paysage qui entoure le protagoniste. Un paysage fabuleux et riant qui sert non seulement d’arriére-plan, mais aussi de commentaire ou mieux, de traduction a l'état d'éme du personage représenté, A gauche, un arbre a travers les Dons ee posit de luther! a de son pause Katharina von Bora ui lift endo (tous deux de 1529 Fale util, 37x23.¢n-Forece, Goletie des fice) fe trait de Forte devent ote ake es rite los nolrcltes de ses ‘bardonnés ees visage émergent de fonds pls normes, branches duquel brlle une étoile (Pétoile de la fortune et de la sagesse) et vers lequel volent des oiseaux qui se découpent surle bleu du ciel. A droite, un rocher ati sommet duquel se dressent des tours fantastiques, tandis qu'a ses pieds, s'étalent des prés peuplés de figurines (couples‘d’amants et de baigneurs nus gui témoignent de la liberté et de Youverture d'esprit de Phumaniste et de calles de auteur) bordés de haies vertes, oi coule un ruisseau aux eaux transparentes. Ja figure du jaune juriste est bloquée dans la traditionnelle structure triangulaire et elle semble s'avancer ; elle remplit tout 'espace de la scene de sa majesté dans la lumiére cristalline ot baigne le paysage. 1502/03 -Pomnoou, 99x45 cm Winhedhi, Museum Strong Saralung Dr. OskorRoihert Le ton rouge du béret ainsi que celui du livre quilltient entre ses mains ressortent par contraste sur les tons buns de la fourrure et s'accordent avecle bleu transparent du ciel, les bleus des montagnes lointaines, les ocre et les verts des collines et des tours, Ce portrait nous rappelle ceux du grand maitre du genre, Holbein. I est enrichi par la présence chargée de sens du paysage qui lui donne une ampleur nowvelle, Ce portrait, avec celui de Stephan Reuss, représente d'ailleurs le premier succés de Cranach et li permet de pénétrer dans le milieu caltivé de Université de Vienne, o8 Cuspinian enseigne et dont Reuss, juriste lui aussi, est le recteur, CRUCIFIXION la grande Crucifixion de Munich reprend un théme traité par Cranach ttois ans auparavant, en 1500. Dans ce tableau subsistent encore quelques traces dela rigidité médiévale. Dans le tableau de Munich, par contre, Cranach réussit a donner a sa scéne tune grande force d’expression et & Vimprégner d'une poésie profonde. De quelle fagon y parvient-il? Diabord, grace a Voriginalité de sa composition :il place les trois croix de fagon asymétrique avec le Christ au premier plan a droite, vu de cété. les deux larrons sont & Yextréme bord du tableau & gauche, 'un audacieusement coupé parle cadrage en raccourci, exceptionnellement moderne, quasiment cinématographique, autre vu de face. Entre les croix se situe le groupe compact de la Vierge et de saint Jean, auquel la position plutét basse de la ligne d’horizon donne une monumentalité particuliére. Ensuite, grace & sa conception nouvelle du paysage, qui n'est plus seulement un décor, mais qui souligne le caractére dramatique de Yévénement et devient la manifestation d'un état d’ame (annongant ce qui fera la grandeur de Vécole danubienne dont Albrecht Altdorfer est I'un des plus éminents représentants). Les mages qui s'accumulent, menagants et sombres, derriére le crucifix, encadzent tragiquement la figure du Christ et semblent se prolonger dans le tourbillon du drapé quile ceint; tandis que la couronne d’épines sur sa téte semble étre la ‘continuation des branches d'arbres aux courbes tourmentées, Enfin, grace au "vérisme" dea scéne, avec la construction anatomique parfaite des corps des crucifiés, lacérés de blessures ensanglantées, qui renvoient a leur tour aux veinures, et aux crevasses du bois des croix. Cruetiaion Xylogropie, ars ale Critiion, Coenech dioceses periomoge eon Freenagrophie trodionnlle. eon elo ‘Modone sont aux pods duchies fronlerent Questo qui diingue les groares de Craroch dl calles de Dire? D’obor, le pls grand ‘rd dy premier quichoit une representation las humoine de es essoaoges lure pis forte coracérisation des biel des choses ensuite, une conception rowel dle do oysage qu me ser pls taulenent de decor 3 actin, mis ui porlpe a I événement, |e plongeon dors le mystere de ature 6 onion des personages 1503 -Ponngou, 138-x99.

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