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REGARDS SUR LA PEINTURE En vente un jeudi sur deux - N’ 93 [cite par: Batons FABBRL 16, rue du Temp - 75159 PARIS-CEDEX 03, Directeur Direction éditoriale Gaspare De Fiore Isabell Recall TTextes Giovanna Bergamaschi Angelo De Foe ‘Cesare Baroni (Direction Gaspare De Fiere artistique) 1M Luisa Matezzanint Proto Cato ‘Traduction ot Table chronologique Seexétalre de xédaction Sabine Vale Cesena Caramel Direction de la division dos fascleules ‘Réalisation éditoriale ‘Guiana Zaeo0l Belntont Aatertco ar! Milan ‘Rbonnez-vous a REGARDS SUR LK PEINTURE Recever directement chez vous REGARDS SUR LA PEINTURE ou prix, Dloqué de 28 francs le numéro pour ensemble de la colection, Offre spéciale: vous racever on cadeau - au méme moment de leur ‘partion ches les marchands de journaux les él6gantscottets de ‘REGARDS SUR LA PEINTURE, Toute la cllostion = 1980 tance ‘ouiles inaiquerciakement le numéro & paris cuquel vous aoshater resi vote abonnement Eeties 8 OGFREGARDS SUR LA PEINTURE, 16/70, evonu joan Jus - 79019 PARI, en oigentvouereglement, sans oui ves eaae et code post Pour complétor votre collection [les nimeros paris peuvent ete obtenus ches tous les marchands de journaux ou, defaut, chez 'écitour au pax on vigueu au moment de ln commanda. ls resiront disponibles pendant six mois apras le ‘paution du demlerfagcicule dela série. Ezrves ® OGP ITS/I79, aenue joan jurés - 75019 PARIS, on joignant & votre course 6 francs par numéro de paricipaton aux fas d exv (Golgigue’ 45 FB par numéro. 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Cobalt Gig et b Besia Directeur de le publication: Luciano Bosio [pring en tae par Sablimenta Grace Gruppo Editoriale Fabbet SpA Mian, 1088 Disiubution France : NMFP Service aux dépastares et diffusems: 16) 42781042 Depot loge 4 timosto 1060, N° ISBN 2-007745.60-7 © 1966 Gruppo Editorials Fabbri, Bompian, Sonzogno, Blas SpA. - Milan {© 1966 Eeition Fabbsi pou 'éiion francaise En couverture: La Foize do! Ascension Pace Salat Maze. Tolle, Bx 8l em - Lisbonne, Fondation Gulbenkian Photos: Archives du Gruppo Eatoriale Fabri, Milan PROCHAIN NUMERO: LIPPI NUMEROS DEJA PARUS: 1. VAN GOGH 22, FRA ANGELICO 2. PICASSO 23, HOGARTH 3. GAUGUIN 24, DELACROIK 4, MONET 28, CHAGALL 8. LEONARD DE VINCI 28, GIOTTO 6. RENOIR, 21, DAVID 17. GOYA 28, BOCCIONI 8. MICHEL-ANGE 29. TURNER 9. MANET 30, DURER 10. REMBRANDT 81, KOKOSCHKA 11, CEZANNE 32, INGRES 12, DALL 33. CONSTABLE 13, LE CARAVAGE 34. GRUNEWALD 14. SEURAT 35, LE GRECO, 18. RAPHAEL 36. KLIMT 16. TOULOUSE-LAUTREC 37. BONNARD 17. LE DOUANIER ROUSSEAU 38. A. DE MESSINE, 18, DEGAS 38. HOLBEIN 18. VELASQUEZ 40. MATISSE 20. CANALETTO 41, COURBET 21. BRUEGEL 42, KLEE 43, GIORGIONE 12, LEGER 44, BRAQUE 13, LONGHI 48, REDON 14, LE TINTORET 48, LATOUR 78, MONDRIAN 42, MODIGLIANI 6. MAGRITTE 48, CRANACH ‘72, DE CHIRICO 49. LE LORRAIN 78. MEMLING 50, MIRO 179. KIRCHNER 81, PIERO DELLA FRANCESCA. 80. ROUAULT 52, FOUQUET 81. FRAGONARD 53, PISSARRO 82, VERMEER 84, GERICAULT 83. SISLEY 88, COROT. 84. VERONESE 86. MUNCH 85, UTRILLO 81, BOTTICELLI 86. GAINSBOROUGH 88, KANDINSKY 82, POUSSIN 89. VAN EYOK 88, SOUTINE 60. RUBENS 89. VLAMINCK 61. VAN DYCK 90. MURILLO 62. BOSCH 81. UCCELLO 63. TITIEN 92, ENSOR 64. ERNST 65. WATTEAU 66. CHARDIN 67. MASACCIO 68. DUCHAMP 69. MANTEGNA 10. BACON 11. MARTINI Le Foire de Ascension Place Seine More, Te Lat, Lebonn Fondaton Gulbenkian “Des visions enchanteresses afflewrent de la lagune comme des spectres grondants de meélancolie infinie...” Antonio Morassi, 1973 GUARD! En 11796, cing ans seulement aprés la mort de Francesco Guardi, le chroniqueur vénitien Aglietti écrivait “Guardi Vincenzo (sic) peintre val reux... Ce n'est pas un mince honneur que celui de Guardi dlavoir té, comme il le fut réellement, considéré comme un autre: Canaletto..”, Den concluait pourtant quence qui concerne Texactitude des propor- tions eta raison de art, ne peut etre comparé avec son maitre sus-men- tionné...” Crest la la pauvre réputation conquise par Francesco Guardi au bout d'une longue vie de travail, le seul souvenir que Yon ait eu de Ini quelques années & peine aprés sa dis- parition, Cette méconnaissance allait urer presque jusqu’au milieu du xx siécle, quand les rigueurs néo-classi- ques se sont transformées en ardeurs romantiques et que son art fragile et subtil est apparu comme ne anticipa- tion de la peinture dés lors a la mode. En 1826 encore, un critique dunom de Missagliaaffirmait:“Canaletto apaise Yexil, Guardi le séduit”, mais ce der- nier terme n’était pas un compliment. Du reste, Francesco Guardi a été ppoursuivi toute sa vie par Yombre de Canaletto. Mais pas seulement: la figure de son frére Gianantonio, qui fut le chef de la famille et de atelier familial de 1716 a 1760, a pesé sur lui et sur sa peinture de maniére irrévo- cable, créant de nombreuses diffi cultés et lincompréhension de la cri- tique. Lia tame Guarai état une famille de peintres depuis plus d'un siécle. Originaires de la région de Trente, ils avaient obtema en 1643 une attestation de noblesse en la personne de Guardo de’Guardi, pére de Domenico, lui-méme géniteur de Gianantonio et Francesco. Domenico Guardi de la Val di Sole s'était transféré a Vienne pour exercer le métier de peintre. C’est la qu’en 1698 ila épousé une jeune fille dela noblesse trentine, Maria Claudia Pichler. En 1699, ils ont deux enfants, Gianantonio et Maria Cecilia. Fran- ccesco, lui, est né en 1712 a Venise. IL aura encore un frére, Nicolo, en 1718. En 1716, Domenico meurt et Gianan- tonio hérite de Vatelier et du réle de chefde famille ;ilditige les travaux de peinture et s’occupe des affaires familiales. Quant 4 Francesco, il tra- vaille avec son frére aux nombreuses entreprises de décoration qui font le renom de Vatelier, mais il cultive probablement déja de facon auto- nome sa vraie vocation de védutiste et de peintre de “caprices’. En 1787, Francesco épouse Maria Pagani. Ils ont quatre fils: Vin- cenzo en 1788, Giovanni en 1782, Gia- como en 1764 et Giovan Battista, décédé trois jours aprés sa nais- sance, précédant de peu sa mére qui s'éteint le 27 janvier 1769. A cette date, Francesco Guatdi est indépen- dant depuis neuf ans: Gianantonio est mort en 1760, ce qui a entrainé le déclin de activité dacorative de l'ate- lier, remplacée par une production védutiste qui correspond beaucoup mieux aux gotts de Francesco et qui est aussi et surtout plus facile a ven- dre. De sa colloboration avec Gianan- tonio, il reste de nombreuses toiles représentant des scénes religieuses ou mythologiques, dont le cycle du Palais Mocenigo (sept toiles aujourd’- hui dispersées dans différentes col- lections) et la décoration de Yorgue de’église de l'ange Raphael a Venise, représentant les Histoires de Tobie. Aujourd’hui encore, la querelle sur Yattribution de ces ceuvres rest pas tout a fait éteinte, Pour Giuseppe Flocco, par exemple, les toiles du Palais Mocenigo font de Francesco “un vrai, et plus grand Boucher ita- Jien..” tandis que pour Pietzo Zam- ptt, "..a distance qui sépare lart de Gianantonio de celui de Francesco est désormais évidente..", de sorte que ces toiles ne peuvent étre attri- buées qu’a Gianantonio, Quant au cycle de l’église de Yange Raphaél, le débat qu'il suscite est 'un des plus anciens et des plus acharnés de l'histoire de Yart. Quoi qu'il en soit, apres le mort de Gianantonio, art de Fran- cesco Guardi s'épanouit avec bon- heur et maittise; jusqu’a ce qu'il ferme, l'atelier produit des vues, des “caprices’, des dessins et des estam- pes qui sont achetés par la noblesse vénitienne et surtout par des étran- gers résidant dans la ville. Francesco Guardi s'inscrit donc dans la tradition des fournisseurs d'images vénitien- nes aux amateurs anglais, qui avait fait la fortune de Canaletto. Mais il tra- vaille aussi pour la Sérénissime qui Temploie comme chroniqueur des ézénements les plus importants de la vie publique. C’est ainsi qu'en 1766, i peint un cycle en Thonneur d'Alvise IV Mocenigo, Les Fétes du Doge, et quen 1782 il représente la visite du pape Pie VI a Venise ainsi que les fétes données pour l'archiduc et V’ar- chiduchesse de Russie. Entre 1760 et 1790, Fran. cesco Guardi produit une quantité incroyable de travaux, souvent des répliques en série de prototypes reproduits autant de fois que la demande Yexige, ce qui a certaine- ‘ment contribué la baisse de qualité de nombreux tableaux et au jugement fielleux de beaucoup de ses contem- porains. Pourtant, dans cette impor- tante production, lidée de Francesco sur Venise et sur le sentiment qu'elle suscite émerge avec une cohérence etune intensité que seu! notre siécle, éduqué ala liberté et & Yexpérimenta- ‘ion, a su saisir dans toute leur pléni- tude. Les contemporains de Guardi, habitués 4 V'exactitude cristalline de Canaletto, voyaient en lui un disciple désordonné du maitre, un commer- gant produisant a la chaine, avec une Zapidité diabolique négligeant la fini- tion ot le respect des proportions En réalité, les transforma- tions du style de Guardi entre 1760 et 1782 ne naissent pas de la hate et de Tapproximation, mais d’un regard di ferent et plus dubitatif sur sa ville. De la fermeté lumineuse du Saint Geor- ges Majeur de 1760 aux Fétes Véni- Sennes de 1782, nous assistons non seulement a la métamorphose d'un peintre, mais aussi celle dune cite. ‘Venise a emprunté la voie de la déca- dence, une agonie prolongée mais douce, qui amortit les lumiéres et les asperités, qui dissout les structures sociales et _architecturales, qui confond les hiérarchies et les person- nes. Comme écrit Pallucchini, en passant des certitudes de la période Ge Canaletto aux images fantasmago- riques de sa Venise des derniéres décemnies, “Guardi a su transformer le documentaire en une évocation spec- trale de la société de son temps..”. Ily a des Anglais influents parmi les amateurs les plus fideles des wes de Guardi : John Strange, qui compte un trés grand nombre de ses tableaux dans sa collection catalo- guée en 1789, et Sir Richard Worsley, quilui achete beaucoup de vues et qui en offre une a la vicomtesse Palmers- ton a Londres. Crest grace 4 ces Vos de Castel Cos 1782 — Verse, M Cone Anglais que le genre védutiste a pu @tre aussi florissant car aucun autre peuple n'a manifesté une telle passion pour Venise. A une époque oii il sem- lait que Yart tout entier obéissait aux canons de Winckelmann, Mengs et Canova, les Anglais ont continué d'aimer la ville sur la lagune, ses lumigres changeantes, son élégance décadente et morbide, Crest ainsi que Francesco Guardi, de plus en plus écarté par la contrérie artistique vénitienne — il ne sera accueilli & —3- Académie qu'en 1784—pourra pour- suivre son travail de documentation qui deviendra au fil du temps évoca- tion, ne se lassant jamais de repré- senter sa ville et ses habitants de plus en plus évanescents, montrant les coins les plus éloignés et les plus solitaires aussi bien que les liewx les plus visités. continue par ailleurs & accomplir son devoir de chroni- queur: en 1784, il représente lascen- sion en montgolfiére du comte Zam- beccari et en 1789 le terrible incen- die de San Marcuola. ‘Toutefois, le vieux Guardi est de plus en plus seul; en 1786, son frére Nicolo meurt et il ne reste a ses cOtés que son fils Vincenzo, devenu sacerdote. Les dernigres années de ssa vie sont pauvres en travaux et en créations; en 1791, il peint une der- niére Régate sur le Grand Canal. Le premier jour de l'année 1793, Fran- cesco Guardi meurt, et avec lui la grande tradition des peintres de Venise. t SAINT EN EXTASE Francesco Guardi choisit une composition en diagonale, proje- tant la figure du saint en extase vers I'Eucharistie contenue dans Yostensoir, tandis qu'un ange, en bas a droite déroule une cartouche dont linscription apparait a demi-effacée. Ce tableau s'inspire d'une des figures du retable représentant saints Vincent Ferreri, Hyacinthe et Louis, Bertrando peint par Giambattista Piazzetta pour l’église des jésuites de Venise. Mais Guardi donne & son saint en extase une tension spirituelle plus intense et une force d’expression plus grande que celles de son modele. Dans cette ceuvre, 'influence de { Giombotiso Piazza: saints Vincont Ferrer, Hyacinhe et Louis Bertondo, 1737-38 ol Hole sur tale, 245 x 200 em ~ Vena, dle de Soine-More de lo Consolation. Ces ce retable que Guard emprunt fe mati de son Soin an extor, stué hi cus sur fo degonale ef se détachon de prof sur un ford lunineux Te whee erdess mel en dence ask def composion dy tbleoy, baste srfo dlegonale eran dogpu a Houre du son ou ol amet dicoupe sro de a masse de lo ‘hope plevile A dete lo Chorte, 1747 (8 — Pomeou, 1601 76cm ~ Sorosia, glng Maser. Ces! une cere tes inporonle de lo pode des "Hour por ses corte omeles fonoles, sonra erveve gu nine la fque rma son oud soe, ses acer de cules a composien dite en deve pore pari igne Saran, son coin de paysoge bse des bs, 55 pees fg des chou devon une mer 09 son frére et de son beau-frére Tiepolo est évidente, mais Guardi fait preuve d'une sensibilité qui nappartient qu’a lui. Dans le traitement chromatique du visage, de la chape pluviale, du manteau, mais aussi de Yarriére-plan muageux, l'auteur fait en sorte que Ja couleur ne devienne pas une simple surface tonale, mais qu’elle se dégrade et qu'elle se divise en une série de touches iridescentes et scintillantes. On a l'impression que le saint entre dans espace de la scéne et souleve Yostensoir dans un halo surnaturel qui crée 1740.50 ~ Toile, 87 x 69 cn Notional Tree, Musée une atmosphere d'une spiritualité profonde. Cette toile de Guardi fait partie des ceuvres “de figure” précédant ses “vues” de Venise Comment Guardi procéde-t-il? I étale d'abord les différentes masses de couleur; puis il les labore en précisant les ombres, les lumiéres et les éléments de détail ; enfin, il souligne les formes externes avec de la couleur brune sur un pinceau fin, appliquée d’un trait nerveux et rythmé. Sur une base tonale plutét sombre, lartiste étale done des touches et des glacis de plus en plus clairs, en laissant 4 l'ensemble la tonalité chaude de larriére-plan. CAPRICE AVEC TEMPLE CLASSIQUE EN RUINE ET FIGURES RUSTIQUES A Venise, au début du xvur sidcle, face aux images de cette ville extraordinaire, on pouvait opter pour la vision imaginaire ou la reproduction exacte, le “caprice” ou la “vue”. La vue, plus ou moins interprétée, pouvait étre son tour le décor ou le theatre d’événe- ments historiques ou mythologi- ques, et donc remplie d'acteurs ou de personages; ou bien, mettant au second plan la présence humaine, navoir d'intérét qu'en soi, au-dela des figurines éventuelles (les "macchiette") & peine ébauchées et faisant partie du contexte pictural au méme titre que des colonnes, des cheminges ou des barques. Le maitre indiscutable de la vue est Canaletto, Pun des représen- tants les plus lucides de la culture Fabrizio Gollori: ev hors ls murs pout ‘Niet, 1758 — Pima et gouache — Tar, AMusées Municipoux. Beoucoup de “coprces de ‘Gueral sont concus comme des décors de thie inspire pores Galion une file de scénographes lens rovailant aux XVI et 2 sites, cons comme spicier de lo perspec, Ces décors son! coractrsés por un seul point de fl et plus tard par fo ection du décor é fa fl de fond sur laquelle es pins tun eadeoge architectural au premier plone! un paysage en ove plan, 1750 on — Tolle, 104 x 124 en — Wor, Kunsthaus Heishot Alessandro Brgrone Gere Adda Mew ‘rayon! av fourart du XVI et do XVI sel, Alssoncko Mognasc, dit le coradtise vei satrique llrongement de so mate pital, fa neriste de 20 ouche, lo sysofon des Burnes qu iment ropprocher de Guard por utsoton commune de dors idéoux sever aritveplans ovx Iobleow, européenne des Lumiéres, dont Jes toiles constituent un précieux témoignage de son époque, tandis que le maitre du “caprice” est Guardi, Ce dernier transforme et invente des architectures insérées dans des espaces dilatés, privilé- giant les ruines sur lesquelles et autour desquelles pousse la végétation, lant de la sorte la mélancolie du temps qui passe (symbolisé par les ruines) au sens de la vie, représenté par la nature triomphante. Ce Caprice est signé “Eco G.di" en bas & gauche, sur la pierre prés de laquelle se trouvent les brebis et, selon les experts, il date probablement de 1780. Il est le pendant d'un autre tableau repré- sentant également des ruines classiques, des figures de bergers et celle d'un hallebardier. Son style se rattache & celui des Histoires de Tobie réalisées pour Véglise de 'ange Raphaél & Venise. LE DEPART DE TOBIE Francesco Guardi peint a la détrempe, donnant & ses toiles les apparences de la peinture a V’huile ou 4 la gouache, luisante ou velou- tée, selon la tradition venitienne aux tonalités chaudes, éclairées par la lumiére. Ses compositions sont souvent guidées par les diagonales, mais elles s'organisent aussi sur des verticales qui n’ont rien de statique puisqu'elles deviennent sources de mouvement grace aux lignes brisées et Taccentuation anguleuses des profils. Le dynamisme des images est amplifié par la tension que Guardi donne a ses figures, par la nervosité et la vivacité de son trait et par l'association de tonalités qui semblent consumées par la Jlumiére. La fagon dont il définit et dont il décrit les paysages accom- pagnant les personnages est caractéristique de sa maniére : le paysage est en général a peine ébauché, composé d'une bande ‘basse sur laquelle les figures avancent comme si elles étaient en équilibre instable, et d'un arriére- plan qui s’enfonce dans la perspective atmosphérique. Qu'y a-til de frappant dans ces tableaux? D’abord, la structure picturale hachée par un colorisme d'une extréme vivacité; ensuite, le rendu du paysage qui abandonne ici toute recherche descriptive pour suggérer une atmosphere oi les personages sont transportés dans une dimension fabuleuse. Le trait, a couleur, la lumiére, Yatmosphére, tout concourt & donner au récit une tonalité magique. C'est d'ailleurs ce qui incite 4 penser que les figures et le paysage sont de Francesco Guardi car on y retrouve le ton de ses “caprices”, un ton qui sera es Histoes de Tabi, 1750-40 [1 Tol, 80 x 91 cm - Venise, éolie de lenge Rophos! aussi celui de ses vues de Venise, de la Venise transformée de sa dernigre période. Les personna- ges, ici, rompent avec la tradition: ils sont animes, ils volent dans tous les sens, comme les habits quills portent, se cabrant nerveu- sement; les tons se nuancent et se cassent sur les couleurs de Yarriére-plan, gris clair presque blanc; les profils et les contours sont marqués par le trait fin, haché et nerveux d'une plume d'oie, vibrant de passion et de dynamisme. CCedessus: Tobie redonne la we @ son pre Tale, 80 x 140 em; & gauche to péche de Tobie - Toi, £0 x 140 em. Dans ces tales des Histokes de Tobie, dotant de la siiéme décemie dd XVI sé, le ov les auteurs russisent & lrenghguer poéguement = par l fouche e por le couleur qu conouitent formes tout en les lemon! dons la lite ~ des mois enoruniés 2 des auteurs peécédents ov conlenpornins. a vivacé del pale rend porktenen e carocive dromorique rc LE BASSIN DE SAINT-MARC VERS L'ILE DE SAINT-GEORGES MAJEUR ET LA GIUDECCA 176065 191 ~ Tole (éall.71 x 119 em ~ Glasgow, At Gallery and Museum. Le “védutisme” est un genre pictu- ral dont les modéles sont consti- tués de paysages et d'architectu- tes organisés en de larges perspec- tives, quelquefois guidées par la précision de la géomeétrie, et quelquefois déformées ou entichies par imagination. Le ‘'védutisme” vénitien va au-dela du genre pour s'insérer au cceur de la culture des Lumieres, caractérisée par la volonté de mettre en évidence les structures de la raison. C'est la représentation qui nous donne image et la connaissance de la réalité, bien que nous ne sachions as si, et jusqu’a quel point elle ‘est identique a la réalité, D’autant plus que Guardi, qui pratique le genre de la vue et celui du “caprice”, ne semble pas faire de difference entre I'un et l'autre. Son maitre, Antonio Canal (plus connu sous le nom de Canaletto) se référe toujours a la réalité. Mais ce nest pas seulement la référence & la réalité ou Fimagination fantasti- que qui différencie les deux genres: ce qui caractérise les "caprices” de Guardi, c'est un état dame particulier qui suggére a travers la variation des couleurs et de l'atmosphére, la déformation des proportions et le silence qui semble régner dans l'espace, une étrange sensation de mystére et d'infini, On peut distinguer au moins deux types de vues chez Francesco Guardi: des vues avec éléments architecturaux et des ‘vues sans aucune architecture ou presque. Ici, image est dominge parle premier plan constitué d'une gondole et d'un bateau & voile. Elle a la précision des représentations de Canaletto, mais elle s'attache surtout a rendre la profondeur et la luminosité de atmosphere. dessus Coraleto: Le bassin de Soint Mare = Tole, 125 x 204 om ~ Boston, Museum of Fine je de ConaletoIdont Francesco i eprend le sil et pique des ves du moire véien: on y retour lo soldi des 1 grande ov cle! pov evan! de sue kes imombrables enborcatons. ~10- -essous, Giocomo Guerdi: We de Soin Georges ~ Venie, Mu Trine fils de ler de son eer Fe ora fonconner 0 propre mor ale Giocome enpaine produire dceuves de gronde quali. Dans ce Jesinreprenc 1 dy Basin de Sain More de Francesca, ls element sont syahétsés Tall, 66 x 100 em - Pris, Beaucoup d'oeuvres de Francesco Guardi sont des imitations de Canaletto. Mais sa personnalité va s‘affirmer trés rapidement et pendant les trente années de son intense activité, artiste va devenir le successeur effectif de Canaletto tout en créant une ceuvre trés différente. Aprés son passage dans atelier de Michele Maries- chi, Guardi précise les caractéres de sa peinture qui s'inspire bien sir de Canaletto, de ses couvres “dramatiques”, et non de celles “classiques” plus tardives. Aprés 1768, Guardi s'éloigne progressi- vernent de la rigueur des vues de son maitre et devient de plus en plus indépendant par rapport a son modéle, dilatant les espaces, altérant les proportions des édifi- ces, élargissant les surfaces et les volumes des intérieurs de fagon irréelle. Comme dans cette toile, oti méme la couleur s'est transfor- ot mée, abandonnant les tonalités et i ur oe hacen les atmosphéres dorées pour devenir plus froide. 0: Le Bucentaure devant le lectre devin! le décor un —p- LILE DE SAN PIETRO A CASTELLO 1770.80 ~ Tole, 34 x45 em - Lebo, Fondation Gulbenkion La peinture de Guardi exprime un sentiment particulier, le sentiment du paysage, fait non pas de pierres, de nuages ou d'eau, mais de lumigre enveloppante et de tons précieux, transparents, argen- 16s. Il est fait aussi et surtout de sensations impalpables, de souve- nirs et méme de notes de musique qui se perdent dans un espace infini. Le paysage semble alors disparaitre imperceptiblement, ne plus exister, pour devenir l'expres- sion certes encore picturale d'une recherche de la sensation pure, dune émotion indicible, rendue au moyen de rythmes lumineux, de transparences, de grains de lumiére argentée et nacrée, d'une désagrégation et d'une dissolution de la matiére picturale dans la clarté du crépuscule. Le tableau de Guardi dépasse alors les limites de linterprétation, sensible et raffinée du paysage vénitien, pour devenir la représentation d'un espace intérieur, totalement la Fence -Vense, Musée Comes Leroi de Froncesco Guors fist ome: réonique lnéme fri es uid por designs fu des tredgnes i esl ovjours wf! rereus, rs diferent du at personnel et ride provenon de fo copie cu du decolave dine image sur une fel ensparente plcée surla vite ne chambre coplque. I rust josiows 6 suggérer ron seulement o fore «ile pofordesr mis us Pomosphdv libre, musical, expression de Yamour infini de Partiste pour sa ville. Venise défaite, avec ses architectures mangées par la lumiére, consumées par la mélan- colie du crépuscule, nous apparait terriblement actuelle, telle que nous pouvons la voir lorsque, libérés des parcours touristiques, nous nous perdons dans ses muelles sombres ot 'odeur de moisi évoque le passé quila tient prisonniére, ville mourant a jamais de son antique splendeur. —— le Grand Canal & Co'Comer- Londres, Bric Museum. Les dessins de Guard gréce o 16 Frensporence des lens, {lo sponta trait ov rendu never cr ytique de Frtant on le mime chame etl me ‘tmasphie drange et foscinante que es pemres CAPRICE AU BORD DE LA LAGUNE 1775-80 ~ Toll, 155 x 273 cm ~ New York, Metropolitan Museum Les “caprices” constituent une part importante de l'ceuvre de Guard, A. Morassi remarque: “Dans la thématique des “capri- ces” se matérialisa un esprit, je dirais presque un état d'ame, qui correspondait particuliérement bien a Francesco Guardi. Il consti- tua le substrat de sa personnalité artistique. Ses figures grandes et petites sont un peu “capricieuses", y compris dans ses tableaux sacrés et profanes de grandes dimensions. Méme ses vues de lieux dessinés d’aprds nature dans lesquelles il introduit dés qu'il le peut des éléments impromptus et imaginaires sont “capricieuses": si bien que ces vues prennent souvent, grace aux nuances de Caprice avec fontaine & obslsque et grnds orbres, 175.80 ~ Ponneou 18 x 15 em —londtes, Colecton Villers Dawid. Ce pet! ‘oblecu monte commen’ Francesco Guard russ & donner une pussonce Iyrque @ £0 we: son invention orctectuale fontosique ed serie par une touche lage soulgnée por des tase” nerveux dein! es contours of les ombres Uertraordinore impression de profondeur que dome cote we ext cre par les fonoltés blues du cel por la perspective Cotospheique des cline de Fartrepion, mais —16- cust, par ls propetons de lo bande de tere por topped & calle ds ciel et por fa pespectie lingoire du mur ov premier plan & goucke, qu condui& for ou conte du tableau couleurs et au jeu de l'atmosphére, grace a ces silences si mystérieux, une saveur de mystére délicat et exténuant, Quant aux paysages imaginaires et aux caprices, ils nous transportent de temps en temps jusqu’aux frontiéres d'un monde ot la réalité se transforme en réve; c'est-a-dire... au seuil du surréalisme, Mais en quoi consiste un “caprice”? Dans la littérature artistique italienne du xvr siécle et chez les maniéristes en particulier, le terme “caprice” indique au départ le goiit pour des figures irréelles, composites, essentielle- ment décoratives, et plus tard des compositions nées de imagina- tion. Le “caprice” archictural qui mélange des éléments réels et des motifs architecturaux de fagon parfois bizarre, en modifiant les proportions ou en déformant espace pour créer une atmos- phere fantastique, est un aspect particulier du genre. C'est Borghini qui dans Le Repos (Florence, 1884) essaie pour la

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