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» RENOIR. REGARDS SUR LA PEINTURE En vente un jeudi sur deux - N° 6 Edité par: Editions FABBRI, 11 boulevard Ernile Augier -75116 PARIS = ToL: 45 20.26 78 Directour Directour Editorial Gaspare De Fiore Giulona Zuecol Bollartons Rédacton Isabela Ascoli Texter Marisa Bussoino Sao De Fore odoviea Magictra wulsa Cogorno i Maura Bottito Covare Baron! (Direction aristique) Paolo Cael ‘Traduction et Table chronologique Secrétaire de rédaction ‘Sabine Vatici (Cosaring Caramel ‘Rbonnes-vous & REGARDS SUR LA PEINTURE [Recover directement chee vous REGARDS SUR LA PEINTURE au prix bloqué do 25 trance le ‘numéro pour Tensemble do ke collection Otte vous vous abonnea dae aujourdhul, vous recevrex en cadeau lee dlégante coflrte de REGARDS SUR TA PEINTURE. (9 12numéros = $00 france 2M mammsroe = 600 frames Toutes collacton = 1950 trance crv & OGP-REGARDS SUR LA PEINTURE, 175/179 avenue Joan Jaurde - 75019 PARIS, on joignant votre reglement, sans oublier votre nom, adreabe a code postal oar compliter var clloction [Leg numerceparus peuvent ee obtemus cher uses merchande de jeumeuxox, dou chez [éditour, ou prix on rigueur as moment de a commande, le estrent Gepenilee pendant at ole gprs lo partion du deri fascicule de ke sere, Eziivee# OGP, 175179 avense foun faurbe- 75019 PARIS, on joignant& votre courier 6 francs par ‘numéro de parteipaton au rls denvol (Belgique: 45 FB par tue: Suisse 1,80 FS par numéro). Lee alas de lesson & prevatr sont dlenvivon ols somaitos. Pour tote réclamation, appeler ie (1) 4026 2481. Pou laser vos fascicalot ‘eos spéciaux seront disponibles chee votre marchond de journawx Editions Fob SARL, Sage social 11d Eile Auger -75116 PARIS aes niur ropa aes Fobe, Bonin. Sonya Fas pA SI, iaNecenat- 2038 Grants: R Volagussa ot. Bosio Directeur den publication: Luciano Bosio lnpprime en lle par Silent Graico Gruppo Edorile FabbeS pA. - Mon Dietbution an France: NPP. Depatlégal Kero timesze 1988. ISBN 2-907745-14X © 1988 Gruppo Eatoralo Fabbri, Bomplant Sonzogno, Flas SpA. - Mile ©1988 Eations Fabs pour Téa frangaise Pour ére mow srvis Enachelan! chaque fascicule de Regards sur la pelnurchez le méme marchand dejourase at ony _deervont 2 vance lo maméro suivant, vous nows feclitere a precision del distribution et soe ate Str immedistement sores Ba couverture 1 File il gorbe-1880- Hue sur toe, 65x 54cm Sao Peul, Museu de At (dé) Photo: Archives du Gruppo Fatale Feb, Men. PROCHAIN NUMERO: GOYA “Je suis comme les enfants & Pécole. La page blanche doit toujours étre bien écrite et af... un paté. Jen suis encore aux patés, et fai quarante ans. J'ai été voir les Raphael é Rome: c'est bien beau et Paurais dit voir ca plutst. Crest plein de savoir et de sagesse, II ne cherchait pas comme moi les choses impossibles. Mais est beau.” Pierre Auguste Renoir RENOIR Pierre Auguste Renoir naft Limoges le 25 février 1841 d'une famil- le artisans. Il a quatre ans lorsque son pére, un modeste tailleur, se trans- fere 4 Paris dans l'espoir d’améliorer Je niveau de vie familial. Son talent artistique est pré- coce; on I'envoie donc a treize ans tra- vailler chez un décorateur de porce- laines et, le soir, suivre des cours gra- tuits de dessin, En 1858, le jeune Re- noir abandonne la peinture sur porce- laine pour celle des éventails et des stores, plus rentable. L’habileté et la Tapidité de son exécution sont tout 4 faitremarquables. ‘Aopen (da). 1878-Hule roe, 73356 cm Cantbidge (Mes), eg Ar Museum Ayant un peu économisé, il sinscrit & TEcole des Beaux-Arts en 1862 et entre dans T'atelier de Marc Gleyre. Ily rencontre de jeunes éléves = Monet, Bazille, Sisley ~ qui seront ses amis de toute une vie. En 1883, Renoir se rend ré- cguliérement au Louvre pour copier les rmaftres du XVI" sidcle et commence a peindre dans la forét de Fontaine- bleau. année suivante ily rencontre- ra le vieux maitre Virgile Diaz de TE- cole de Barbizon qui iui enseignera aimerla nature etla couleur. Ces années sont remplies d'enthousiasme malgré de graves ficultés économiques. I! lui arrive d’ tre accepté au Salon, la grande expo- sition annuelle de Paris, mais la plu- part du temps il essuie des refus car on n'apprécie guére son adhésion aux courant artistiques modernes: il sufi de penser que Gustave Courbet, lido- Je de Renoir, y fut considéré comme un révolutionnaire et un saboteur de la bonne peinture! Et sans participation au Sa- lon, il est difficile, voire impossible de vendre des tableaux. Heureusement, son ami Bazille qui est d'une famille sée, !accueille dans son atelier et I ded survivre. ‘Au cours de cette période, il Bude pour un vase dco, alse por Rerir und rvailt comme psiie sx poreline (détol- 1858 er,» Vrolay, Collection pride. peint Le Cabaret de la mére Anthony (Marlotte, 1866) oi il exprime déja son | amour et sa confiance pour le monde qui lentoure. Il essaye aussi de se li- érer de l'influence de Courbet. Cette | premiére conquéte semble compromi- se Yannée suivante avec sa Diane | Chasseresse qui s‘inspire fortement du mattre; mais elle saffirme avec for- ce dans la superbe Lise a ombrelle, de la méme année. Le tableau est pint on plein air dans la forét de Fon- Algériens 1882. Tale, 25x40 em - Alger, Musée det Beaux Al, tainebleau; c'est oeuvre d'un artiste dans la pleine possession de ses mo- yens et d'une personnalité neuve et originale, En 1868, Lise est acceptée au Salon, od elle obtient un certain suc- cés; Renoir, désormais introduit dans Je milieu artistique parisien, fréquente souvent le groupe qui se réunit au Ca- fé Guerbois. Manet y fait fonction de chef de file, mais il y a aussi Degas, Baaille, Sisley, Monet, Pissarro, Cézan- ne, Fantin, le photographe Nadar, les critiques et écrivains Astruc, Duranty, Duret et Zola, C'est au cours de ces réu- ions que naft 'idée d'une exposition commune: TExposition des impres- sionnistes, justement, dont la prépara- tion est retardée parla guerre franco- prussienne de 1670 dun o&t6, et par | lette. Seine & Argenteuil, des quais et des boulevards, Renoir peint et expose en 1874 ces chefs-d'oeuvre de grace et de gentillesse que sont La Loge et La ballerine. Durant cette période, Renoir est trés proche de Monet avec qui il va souvent peindre; il va fréquemment aux alentours de Paris, le long de la Seine; puis il parcourt la France en long et en large pour peindre des amis, ‘ou des connaissances, ou bien pour trouver des liewx qui conviennent a sa sensibilits artiste. Cest le moment oi il réalise ses chefs-d'oeuvre inimitables - of influence de son ami joue sans doute un role décisif - comme dans Le Bal au ‘Moulin de la Galette (1876). En 1881, est au tour des Canotiers dans le- quel Renoir renouvelle encore sa pa- Dans une lettre de cette pé- les différences de points de vue entre | riode son frére Edmond nous raconte: les artistes et les difficultés économi ques de autre, Ce nest qu’en 1874, et surtout grace Venthousiasme de Renoir, que Texposition a lien dans la salle du photographe Nadar; c'est un énorme scandale, le public rit et s'indigne, mais exposition réussit néanmoins & faire connaftre les recherches de ces étemels refusés, ou presque, des Sa- lons officiels. Apres La Grenouillére de 1869 et les vues du Pont-Neuf, de la -2- ‘air pensif, songeur, sombre, l'oeil perdu, vous 'avez vu vingt fois traver- ser en courant le boulevard; oubliewx, désordonné, il reviendra dix fois pour la méme chose sans penser & la faire toujours courant dans la Tue, toujours immobile dans Vintérieur, il restera des heures sans bouger, sans parler: oo est son esprit? Au tableau qu'il fait ou au tableau quill va faire; ne parle peinture que le moins possible. Mais si vous voulez voir son visage s‘illumi- ner, si vous voulez lentendre - 6 mira- cle ~ chantonner quelque gai refrain, ne le cherchez pas a table, ni dans les endroits o} on s'amuse, mais tachez de le surprendre en train de travailler” (ettre a Emile Bergerat, Paris, 19 juin 1879). Lassé de la capitale et dési- vse fis de Reni, habile ro} 1906-Hule sur fle, 81465 cm For, Colon rive reux de se renouveler, Renoit décide & Vimproviste de partir en Algérie ob il reste pendant presque un mois. ly re- tourera l'année suivante pour pein- dre des jeunes femmes arabes, des enfants et des paysages, Toujours en 1881, il fait un voyage en Italie oi il découvre les fres- ques de Pompéi 4 Naples, Raphaél & Rome et Titien a Venise. Ces décou- vertes sont & Yorigine de ce qu'il ap- pelle lui-méme sa maniére “aigre” & cause de la dominance de couleurs froides et acides, Crest un moment de crise cul- turelle et technique: il abandonne IIm- pressionnisme quill juge maintenant trop superficiel et décide de recom- mencer en prenant pour exemples Ra- phaél et Ingres. Il s'attache & la préci- sion du dessin auquel il subordonne la couleur. Cette “période ingresque” dure de 1883 & 1890 environ. L’exem- ple le plus significatif en est le tableau des Grandes Baigneuses (1884-87) qui frappe par le rythme naturel et pour- tant soigneusement calculé de sa com- position, Mais Renoir retoume ensuite 4 des formes dexpression plus libres méme si ses couleurs n’auront plus le parfum et la fraicheur de celles du plein air. Renoir a épousé Aline Cha- rigot qui sera 'un de ses modeles pré- férés et dont i aura trois fils: Pierre en 1885, Jean, le futur cinéaste, en 1894, et Claude, sumommé affectueuserent Goco, en 1901. Pare de famille he roux, il lassera de nombreux portraits de ses fis, portraits pleins de tendres- se, empreints de la grace magique de Yenfance. Renoir a soixante ans lors- que nait son petit dernier: un don ines- -Médailon de pl, rkeé por Reno, ‘eprouitant le vioge de son raiséme hy, CCeude 1907-21 em de donde Por, Musée Mormon, Fercir ete pine Louis Vata (e ieee). timable pour ‘artiste vieillissant, une émotion dont il fera trésor dans sa peinture, ‘Au toumant du siécle, il est un peintre connu et assez bien payé Mais les temps ne sont pas encore miirs pour la reconnaissance et la compréhension de llmpressionnisme: & preuve la bataille qu'l doit mener en 1894 pour faire accepter par I'Etat la donation de la collection de Gustave Caillebotte dont il est l'exécuteur tes- tamentaire, La merveilleuse collection ne sera acceptée que trois ans plus tard, et encore tronquée, surtout au détriment de Cézanne. Atteint de rhumatismes arti- culaires, Renoir réside de plus en plus souvent dans le Midi: en 1899, il passe Phiver & Cagnes od il sinstalle en 1908, En 1907, il sintéresse & la sculpture et donne des directives au jeune artiste espagnol Richard Guino ‘qui traduit fidelement en sculpture les, dessins du maitre. Il continue de pein- dre malgré 'aggravation de son état, en attachant le pinceau a sa main: rien nentame son enthousiasme et son élan créateur. En 1919, il fait une demniére visite au Louvre, of ses tableaux sont exposés a cété de ceux des maitres quil a toujours aimés. Il meurt & Ca- gues, le 3 décembre. LALOGE Paris, 1874-Hale stole, 80x64 em-Londkes, Courtauld insite Du 1S avril au 15 mai 1874, Renoir participe & la premiére Exposition des impressionnistes, dans la galerie du photographe Nadar, boulevard des Capucines, a Paris, Mais exposition na pas de succés, Le marchand de tableaux Durand-Ruel écrit ce propos dans ses Mémoires: “Le public accourut en foule, mais avec un parti pris évident, et ne vit dans ces grands, artistes que des ignorants présomptueux cherchant a se faire remarquer par des excentricités!Ily eut alors un soulévement général de Yopinion contre eux et un redoublement dhilarité, de mépris et méme d'indignation qui gagna tous les, ccercles, les atoliers, les salons et méme les thédtres ot on les tournait enridicule.” Renoir réussit cependant a vendre sa Loge pour 425 francs. Pendant cette période, Renoir aime aller au Café de la Nouvelle-Athénes, place Pigalle, aprés les heures de travail, pour rencontrer Degas, Manet, le compositeur Chabrier; avec Sisley, Berthe Morisot et Monet, il organise des ventes publiques a ’hétel Drouot avec assez peu de succés, Mais c'est au cours de'une d'entre elles qui fait connaissance avecle collectionneur Victor Choquet qui devient son grand admirateur et acheteur. Pourquoi les parisiens qui sont venus a exposition ontils été indifférents, voire hostiles, a La Loge? Ce n'est pas & cause de la composition qui est presque classique, contenue dans un triangle, ni sans doute du cadrage “moderne” avec les figures en gros plan, Peut-étre est-ce seulement la touche “impressionniste” ou bien l'utilisation libre et massive d'une “non couleur” comme le noir? Car c'est sur le noir que le peintre base sa composition. Cest pour lui une couleur vivante et Jumineuse. Il 'explique dans une conversation avec son marchand Ambroise Vollard, reportée par ce demier dans ses mémoires: ...Ainsi done, la seule nouveauté de Vimpressionnisme en fait de technique serait la suppression du noir, cette non-couleu’ Renoir eut un sursaut: “Le noir, mais c’est la reine des couleurs! Tenez, voyez donc la cette Vie des Peintres. Cherchez Tintoret. Passez-moi le livre’, Et Renoir Int:'Un jour qu'on demandait & Tintoret quelle était la plus belle des couleurs, i répondit: la plus belle des couleurs, Cestlenoir!..”, UA PALETTE Renoir aflectonne les fonds dls, sur des aes cites, ovec une couche de pene clive avecun sont de ule et deo teréberthine qu resden ironslcides me les couleurs opaque Teste premier 3 expat onde contaste ‘ent couleurs choudes et rede. les cules i dominen dns so pote son: leblanc dorgen! ollondois le jaune de Nopls et de chrome, le biav cabal le bev vtremer, rouge | verilon el rougeozcie, lever véronése et Fever émeroude, Ie noir dwar. Les zones nies do tobleau de Rei celle couleur jue un be imporan dns so pent, lise 8 Fombralle- 1867 Hulse, 181x112 em- sen, Folwong Museu. cous, len ou pls préismen le blew-oir da long ban met en voles eBlone de hab qu resort sure fond aux tons vrs. MADAME MONET EN TRAIN DE LIRE ‘Argorteil, 1874 -Hulo stole, 54x73 on Lisbonne, Musée Gulberkion n'est pas difficile dimaginer la «génése de ce tableau: Renoir rend visite a son ami Monet Gi va souvent peindre en plein air avec lui: Vexemple le plus célébre est celui de La Grenouillére, avec une recherche identique de la vibration de la lumiére, du jou des zeflets dans eau, du lyrisme des couleurs). 11 apercoit ‘madame Monet allongée sur le divan entrain de lire un journal. Et voila Renoir qui la prie de ne pas bouger, de rester ainsi pendant quelques minutes, tandis qu'il emprunte une toile a son ami, et peut-étre méme sa palette, et peint coups de pinceau rapides la "vision” de la jeune ferme sur le divan. Le beau visage, entouré d'une masse de cheveux bruns, ressort avec douceur sur le blanc des grands Le roqus met en evidenee la compaston basée sarlo dogonale cone loqule s apoue fo four olorgée sre cousins, dort la main dai ete journal eto gauche es! appuyée sur occu coussins, surle bleu de habit, sur 'ocre des rubans qui en accentuent la ligne. la tache rouge, sur la manche gauche, constitue un motif décoratif, mais surtout un élément chromatique qui ‘met en valeur les tons du tableau. Chez Renoir, la technique, de plus en plus perfectionnée, n'est jamais une fin en soi, mais sert, comme ici, & rendre cette sensation d'instantanéité et de fraicheur de l'image. Renoir, comme ses amis, impressionnistes, affectionne la peinture en plein air. I fréquente la forét de Fontainebleau oi le vieux maitre Diaz lui enseigne a observerla nature sous sa vraie lumiére et avec ses vraies couleurs. Dans le portrait de madame Monet, il fait trésor de ‘cette expérience. {A ROUE CHROMATIQUE le rove cromatioue es ure srt de grommaire pour le bon sage des couleurs Renoir en ove construe une grande, res complete, qu svat de rélérence Tova exposée dons son eer. lea rve evomoiue ext conte de pliers secteur qui comprennant et ceuleusd specie luminous, cet cre ls couleurs dos sqvells se décomaese un rayon de sel relocé@ hovers un prime: le jaune, Foronge, le rouge, lvoe, lb le vert. Lo rove peut re composée de si cu de dure sectews vec un pis grand nombre de nuances de tor) ou bin de ving quote. es couleurs qui se rouren cnx deux exénité d'un dante sont “harmongues’ es! dire ‘ells se valosentrciproquement Ce sat es couleurs complémentais(uiau'yo tls couleurs fondomenaes: le bev, ljoune ee rouge, le jaune ete ill ron) complémentoes de méme quel ble el orange, ef rouge elev). es couleurs eles pr les cies un iongle ov dn cae contenus dons le cerce son, eles us, complements = fas darsinofes son) e lone di dan et r obit ocord des tons e odou par rodrie du tis qui ecowvela 3 ale por4)lotechedescheveus. 2 3 | -1- BAL AU MOULIN DE LA GALETTE La salle de bal du Moulin de la Galette se trowvait en haut dela colline de Montmartre, C'était un grand hangar avec une estrade pour lorchestre et un jardin ombragé oi érudiants, ouvriers, artistes et jeunes filles se retrouvaient le dimanche et les jours de féte pour danser. Ce monde si vivant et si gai qui s'agite sous la lumiére vibrante de la verdure, cette valse de jupes, de pompons, de haut-de-forme, de canotiers ne lescogusmetent en idence la conmposion

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