You are on page 1of 35
REGARDS SUR LA PEINTURE En vente un jeudi sur deux - N° 78 aie par: Etions FABBRI 116, rue du Temple - 78138 PARIS-CEDEX 08 Directear Dicection éitoriale Gaspare de Flore Ikabala Aseol! ‘exten Mao Botito Maquette ‘Angelo De Fiore Cesare Baroni (Direction Gaspare de Fore artistique) Marne Rosbiant Paolo Cejot Secrétatre de action ‘Cosarna Caramel Direction do la division ‘dos fasceules ‘Réalisation 6itoriale Guan Zoe Belintoni Asterisco sl Mian ‘Abonnez-vous & REGARDS SUR LA PEINTURE ‘Recover directement chez yous REGARDS SUR LA PEINTURE au pri bloqué de 26 frenes le numéro pour Tensemble de la collection Ofte spéciale: yous recover en cadesu ~ au méme moment de leur paruten cher ot marchands de journaur ~ ies elegans calfels de [REGARDS SUR La PEINTURE. 12 murnéros = 300 tranes Sze numenoe 96 numeroe = 900 ance ‘Toute la collection = 1980 francs \Vouilezindiquerclairement le numéro & partir duquel vous souhaiter recevol voue abonnieren [Ecrivor & OGP-REGARDS SUR LA PEINTURE, 125/79, avenue Joan Jaws - 16018 PARIS, en jignant votre r8gloment, sans oublir ¥0s ‘om, adresse et code postal Pour compléter votre collection Les numeros parus peuvent te obtenus chez tous les marchands de Jourmaux ou @défaut, cher 'édteur, au prix en vigueur au moment de | commande. Is resterontdisponibies pendant six mois apres la parton du dernier facicule de a sere. Ecaivaz 8 O62, 175/179, avonuoJoas-aurbs - 26018 PARIS, on joignant & ‘ote coumier 8 frenes par numéro de participation aux frais demo Gelgique: 45 FB par auméro; Susse 180 F8 par numéro). Les dela de liaison & prévos sont denon tls semaines, Pour toute reclamation cancarnant ise abennements et les ancient ruméros, appeler le (I) 42413010 Pour classer vos fascieules {ne cstrete sont sleponibien sur commande auprée de votre marcband le journanx a prix de 2,00 F (cod 6375 NDP), ‘Yous pauve: aus rove ics procurer on dcrvantaue Ftions FABBRE cen oigaant& owe Courot un enoque cortespondant vote at cancspendance supee de Teaour 4 cofet: 420 francs» 4 cot: 146,00 france Cellet 16.00 tance 8 clits: 17500 trace Seles: 11100‘rancs $6 coffee: 208,00 franca Associ unique : Grappe Eerie Fabbr, Bompian, Sonzogno las SpA 91, va Moconat - 20138 Mian panos Eran: 6. Cobol Gigli ot Boao Secteur dein pusicaton: Larano Bosio Impniné enable par Sibson Geeico Gruppo Eitri Fes SDA Mien Disimbaton en France: MPP Soros sux cepostanes ot diusasxe: tl. Q) (2781042 Dp ega: 4” tos 168. N ISBN 2 907265667 {©1886 Gruppo Erne Pa, mpl, Sonzogno, as SpA. Man {© 1888 ation Fabel pour Pétion tangaise En converture: Detail du Tiptrque du Mariage mystique de sainte Catherine (page 13) Photos: Archives du Gruppo Editoriale Fabbri Milan PROCHAIN NUMERO : KIRCHNER NUMEROS DEJA PARUS: 1. VAN GOGH 17, LE DOUANIER ROUSSEAU 2. PICASSO) 18 DEGAS 3. GAUGUIN 19, VELASQUEZ 4, MONET 20, CANALETTO 5. LEONARD DE VINCI 21. BRUEGEL 8. RENOIR 22, FRA ANGELICO 1. GOYA 23, HOGARTH 8 MICHEL-ANGE 24, DELACROX 9. MANET 28, CHAGALL 10. REMBRANDT 28, GIOTTO 11. CEZANNE 21, DAVID 12. DALE 28, BOCCIONI 13. LE CARAVAGE 29, TURNER 14. SEURAT 90, DURER 15. RAPHAEL 31, KOKOSCHKA 16 TOULOUSE-LAUTREC 92, INGRES (CONSTABLE 81, BOTTICELL GRUNEWALD 88, KANDINSKY \. LE GRECO 89, VAN EYCK KUMT. 60, RUBENS| BONNARD 61, VAN DYCK A. DE MESSINE 62, BOSCH 39, HOLBEIN 69, TITIEN 40. MATISSE 64, ERNST 41, COURBET 65, WATTEAU 42, KLEE 68. CHARDIN 43. GIORGIONE 61. MASACCIO 44. BRAQUE 68. DUCHAMP 45. REDON 69, MANTEGNA, 46. LATOUR 10. BACON 47, MODIGLIANI 11, MARTINI 48. CRANACH 2, LEGER 49. LE LORRAIN 13, LONGHI 50. MIRO 14, LE TINTORET 81. PIERO DELLA FRANCESCA 75, MONDRIAN 52. FOUQUET 16, MAGRITTE 83. PISSARRO 1. DE CHIRICO 84, GERICAULT 88. COROT 56. MUNCH “Ilse peut qui faille plus de temps pour découvrir la beasuté intrinseque de Vange de Memling, mais quand sa légére maladresse ne nous dérangera plus nous le trowverons délicieux,” De lHistoire de l'art racontée par E.H. Gombrich MEMLING Hans Memting, dont le nom est souvent orthographié jan Memline, nait a Selingenstadt sur le Main, prés de Francfort, entre 1438 et 1440. Ses origines allemandes sont certfiées pat les registres de Bruges sur les- quels il est inscrit le 30 janvier 1488 en qualité de bourgeois de la ville. On y apprend aussi le nom de son pére, Hermamn, et le liew de sa naissance On pense que son nom de famille dérive de Momlingen, une petite ville voisine de Selingenstadt. Nous ne possédons par contre aucun document sur son apprentissage. Certains supposent =f Hipique di Merioge mystique de Bruges ng Museum (H6piol Sai ‘quientre la moitié et la fin des années cinquante, Memling serait entré en contact avec Toeure de Stephan Lochner (1410 env-1451) a Cologne, guisemble lui avoir en partie inspiréle Jagement dernier de Dantzig et la figure dela Madone représentée dans le Diptyque de Munich. Plusieurs historiens de Tart pensent que vers 1460-64 artiste a travaillé & Bruxelles dans Yatelier de Rogier Van der ‘Weyden (1400 env-1464), mais cette hypothése est trés douteuse. Que Van der Weyden ait influencé la peinture de Memling, voila qui est hors de discussion, mais ceci n'implique pas nécessairement un rapport direct entre les deux personnages. Ilest vrai que Vasari parle de Memling comme d'un artiste “créé par Roger” et que Max J. Friedlander, Pun des meilleurs biographes de Mernling, pense que le peintre collabora avec Van der ‘Weyden a la réalisation du Triptyque Sforza de Broxelles. Mais il est tout aussi vrai qu'il manque a ce propos des témoignages prouvant rexacti- tude de ces affirmations. IL est done plus prudent de reconnaitre que Videntité réelle de son maitre ete lieu de son apprentissage nous sont encore inconnus. La seule chose indiscutable est que pour arriver en Flandres, le peintre a di forcément passer par Cologne. Les traces de cette rencontre avec la ville allemande sont dailleurs lisibles dans I'nfluence évidente qu’exerga sur luile triptyque du Jagement dernier de Lochner ainsi que dans les belles vues architectura- les qu'il représentera avec précision dans la Chasse de sainte Ursule. En janvier 1465, peut-tre a cause de la mort de Van der Weyden qui date de l'année précédente, Hans se transfére a Bruges. Une fois obte- nue la citoyenneté de la ville, il en bougera plus. F. Winkler (dans Die aliniederlandischen Malerei, 1924) 30x 2 lo Hoye remarque que si d'un cété “Ia ferveur exubérante de sa pensée, la grice charmante de ses figures, sa tendance forme narrative dans ses tableaux avec de grandes figures dérivent probablement de son origine alle- mande”, de autre ses “tendances a Vilustration étaient indubitablement alimentées par la peinture de lives néerlandaise qui avait son siége prin- cipal a Bruges”. D’ailleurs, “Memling ju-méme exécuta une planche pour Yun des illustrateurs de livres les plus actifs a Bruges, Willelm Vrelant.” Cette image tranquille et casaniére ne correspond guére au Hans Memling de la légende. Pendant des siécles, il fut dépeint comme une sorte de peintre-héros de histoire de Yart flamand. JB. Descamps dans sa Vie des Peintres flamands de 1783, donna pendant longtemps rimage dun Hans Memling né au début du siécle dans un village proche de Bruges, qui, encore tout jeune, choisit unir ses dons de libertin & la profes- sion desoldat. Tombé surle champ de batalle, blessé mortellement et mira- culeusement sauvé 4 hopital Saint. Jean, il aurait renié son passé "maudit” et cherché une consolation dans la peinture, pour survivre d’ailleurs plutét que pour d'autres raisons, Mais sestableaux étaiont d'une tolle beauté que lorsqu’on les découvrit, il fut reconna comme l'un des meilleurs peintres de son époque, De cette histoire imaginaire, agrémentée de détails romantiques au xine siécle, il n'y a de vrai que les splendides panneaux religieux que Yon peut encore admirer & Vintérieur de Thépital de Bruges. Pour le reste, les faits et les dates de la vie de Memling dont on puisse étre sir sont plutét rares. Parmi ceux-ci, Tannée 1466, date ol lest prouvé quillhabitait dans la paroisse de saint Nicolas, et Yannée 1487, date de son entrée dans la corporation des peintres de Bruges. Entre 1479 ot 1474, Yertiste devient membre de la confrérie de la Madone de la Neige, dont il payera la cotisation jusqu’en 1476, Lassociation compte parmi ses membres, outre Charles le Téméraire, la duchesse Anne son épouse et 'évéque de Tour- nai, la grande bourgeoisie locale, celle qui est nommée aux charges les, plusimportantes de laville. Ce faittrés significatifen dit ong surl'importance cxoissante du réle social et économi- que des commercants et des banquiers flamands et nous apprend quel était le milieu que le peintre fréquentait habituellement. Et quel type de commandes il pouvait rece- voir. Un exemple: le duc de Bourgo- gne, Charles le Téméraire, célébra ses noces a Bruges en 1468 avec Marguerite d'York. I y avait dans la suite de la princesse Sir John Donne de Kidiwelly, qui commanda& Memling le trés beau Triptyque Donne exposé aujourd'hui a la National Gallery de Londres. Ine faut pas oublier ensuite Ja date de 1479, indiquée sur les cadres des deux triptyques réalisés et conservés a Vhépital SaintJean: il s'agit du Mariage mystique de sainte Catherine et du Triptyque Floreins sur lequel se trouve la citation suivante: “Le frére Jan Floreins alias Van der Rijst,frére profés de Phépital SaintJean 4 Bruges, fit faire cette ceuvre l'année 1479; csuvre de Johan- nis Hemiling,” Outre le fait que 'iitiale du nom de auteur a été écrite de fagon délibérément fausse pour obéir a um vieil usage orthographique en vogue dés le XIV" siécle (Un H majus- ccule avec une jamibe partant du centre du trait horizontal et dirigée vers le bas), on en déduit que le chancelier Jan Floreins, qui entra dans la commu- nauté spirituelle de Phépital au début des années soixante-dix, fut le dona- teur du triptyque. Ce sont les deux seules ceuvres signées que nous UAdoration des Moges, pane cs 57.2846; connaissions jusqu’a présent de Memling. ‘Vers 1480, le peintre épouse Anna Van Valkenaere, Il est alors 'un des habitants les plus riches de Bruges : en mai, ila acheté une grande maison en pierre, et peu aprés deux immeubles sur la rue qui du “pont Déto doeEotodee dea vie do lo Vierge, 1480 Hale sur ponneou, ral de Fiptyque Florsins, 1479 - Hull sur parnecu, Bruges Hons Mering Museum Pptol Soin Jean flamand” porte aux remparts. En 1487, il réalise le Diptyque de Maarten Van Nieuwenhove et le Triptyque Porti- nari. Mais cette méme année, Anna meurt en laissant trois enfants, Jan, Cornelis et Nicolaas, encore en bas age. D’ailleurs, ala mort de leur pére, aucun des trois n’aura atteint sa majo- rité, clest-é-dire les vingt-cing ans prévus parlaloien vigueural’époque. La demiere date certaine a propos de Merling est done celle de a mort, le Il aodt 1494. I est enterré ‘Nous connaissons a date de son mariage et celle de sa mort grace a une note d'un de ses contemporains, le chanoine Rombouts de Doppere, rapportée ite dans les “Annales de la d’émulation de Bruges” publiées en 1891 par Henri Dussart. A sa mort, Vartiste laissa une ceuvre inégalée par ses contempo- rains, Le seul héritier de lart de Memling fut un peintre dorigine hollandaise : Gérard David. LA PASSION - [Dé.all- Huile sur pameau, $5 90 cm Tuin, Golore Saboudo Ce petit tableau est une représen- tation exceptionnelle, un récit synoptique, détaillé et complexe de la Passion. Memling interpréte la “boite spatiale” de la tradition médiévale (c'est-a-dire lespace défini par les trois murs d'une piéce peu profonde qui servait aux peintres du XIV" siécle, jusqu’a Giotto, a situer les différents épisodes d'un récit figuré) et peint avec un grand soin et une grande précision Varchitecture imaginaire de cette ville de Jérusalem qui ne sert pas uniquement de décor aux épisodes de la Passion, mais qui les encadre et les relie en les situant dans Pespace et le temps. La perspective de la ville s’orga- nise selon deux diagonales, a gauche et & droite, qui définissent les espaces en plein air ot se déroulent les dernieres scénes du récit. Ce tableau est un vrai motceau de bravoure, d'autant plus extraordinaire que les dimen- sions du panneau sont réduites, ce qui confirme les exceptionnelles qualités de miniaturiste de auteur et sa maitrise des ragles de la perspective. Memling est capable de réaliser une scéne architectu- rale tres complexe en adoptant une perspective “a vol d'oiseau’ non seulement géométrique, mais aussi “aérienne” (créée par le dégradé des couleurs, plus bleu- tées et plus fondues dans les zones les plus éloignées). Des deux cétés du panneau, en bas, on voit les deux commanditai- es agenouillés, Tommaso Portinari ‘et son épouse, contemplant cette ample vision architecturale et reli- gieuse. Leur présence est un hommage a leur dévotion, mais aussi un moyen d’inviter 'observa- teur a participer avec eux a la représentation sacrée. dessus: ce pelt tableau raconlePisove de fa Fesion de Jésus. Les différents encodes sy déroulent de gauche 6 die: née du Ost dens Jénsolem, les Merchonds chases co temple, La Céne Jud rahisont és Lo Pre au jordin des Ovi le Baer de Lucas, le Reriemen de Pine, Plote se favan ls moins, (a agelaion ent pines, “Eeoe Hor, ete Ce crogus du dal du tableau Ilo cine isnt Ppisode du Baise de Judes, cu cont 11 out, La Pre au jardin des Olvies avec 2 deal fa hgure dv donor Termes Porinanl monte que Mening save ts habe ‘rgane ses campesiions I dot capable de ences diferent ef dels reer dons fe femos 2 aves fo perspective. LE JUGEMENT DERNIER Ce tableau, expédié par bateau, fut volé par un pirate de Dantzig, qui en fit don a sa ville. Le triptyque ouvert représente au centre Le Jugement dernier, & gauche La Porte du Paradis et & Groite L’Enfer. Lorqu'l est fermé, il permet de voir a gauche le Dona- teur Angelo Tani avec la statue de la Madone et a droite la Donatrice Caterina Tanagli avec Ja statue de saint Michel tuant Lucifer. C'est Tune des ceuvres les plus impor- tantes de Memling et de toute la peinture européenne du xv" siécle. Au centre, en haut, le Christ est assis sur un arc-en-ciel, entouré de la Vierge, de saint Jean-Bap- tiste et des douze apétres; sur la terre, en bas, a ses pieds, la grande figure de 'archange Michel pase les ames, qui sur le volet gauche grimpent les marches du Paradis, accueillis sur la porte par saint Pierre, ou qui sur le volet droit tombent dans les flammes de Enter, Lensemble de l'ceuvre révéle la maturité de son auteur et son indé- pendance par rapport & son maitre Rogier Van der Weyden, qu'il admire et vénere pourtant profon- dément. La composition est parfai- tement réussie, basée sur le cercle de l'arc-en-ciel qui permet de déployer beaucoup de person- nages et de multiplier les motifs tout en liant harmonieusement et en assurant la continuité du récit, Deux épisodes sont particuliére- ment bien réussis: celui de la porte du Paradis, précédée du grand escalier richement décoré de statues représentant le Christ, T'Agneau de Dieu, la création a'Eve, les prophetes; et de autre cété, celui des damnés avec leurs corps entremélés et agités préci- pités dans les flames de 'Enfer, et donnant impression de tomber 1466-73 -Hule sur panne -voet central 22) x 160,Scm-voe's lotro: 2235 x 725 cm - Gdansk, Musée Porno. Les gues des dans, comme eels cles bienheuex, sont pene plus pets, aque les gues dex pies icidément pls peites cette fos ue inpe erchevdrerant leu more forse seve lo verse pr inleral lo si paniion des celle de I des hs co si le porneau ceiol se prolongent ur es pannecux okou Din cla procession monte vero mogniique achecure de la pole du Por prs ovo salud sa Pere; de Toure es cops se précinent dls le tu de Ener tondl ven haut un ange soul dons lo romper du jogerent sur nous grace a Tllusion cré par la perspective. Le motif central, Le Jugement dernier, est repris d'un tableau sur le méme theme de Van der Weyden: la figure du Christ est pratiquement identique, ce qui est une fagon de rendre hommage au maitre. Memiing l'entoure des douze apétres ainsi que de Marie et Jean- Baptiste pour lui donner plus de solennité et de puissance dans Yespace. Il représente l'archange Michel de fagon plus dramatique que Van der Weyden avec les reflets dorés de sa cuirasse (mis cen valeur par le blanc de T'inté- rieur des ailes). La balance est plus volumineuse et les ames de plus grande taille. Enfin, si le ciel de Rogier est clair sous l'or des nuages qui servent de fond aux figures des bienheureux, celui de Memaling, derriére Michel, au-dessous de la sphere oi le Christ appuie ses pieds, est d'un bleu profond s'éclaircissant vers la ligne d’horizon d'un paysage qui s‘enfonce dans le lointain. La figure agenouillée sur le plateau de la balance a terre est Tommaso Portinari, Peut-étre est-ce une facon de remercier l'agent des Médicis pour avoir contribué aux frais de Tcouvre. Les dannés de Rogier rorchen! ves ke pniton de PEner 8 (uate pots, comme figures des domnés to cles fous irandes dee sant et ramarque qe cle de Mening rote sur fo hawtur du volt en domi, 145035 Beaune, Hote Dieu. La pare cena et res semblable xc caures, mais nsiaion ef format des sllement dirt [cles Snes des bienheureux ef des dams, de ale pts réduile, se digas en sens hotzontal vet le Erle, sous es does des soins t ds optres. Dos le trpyque de Mening le mouvement des meses verica copposant la moniée higofoue di Porads 16 chute rogique dons les llonmes de Mnf LA CRUCIFIXION ‘Memling traite le theme de la crucifixion du Christ méme si son tempérament, sentimental et veiné d'une subtile mélancolie, est loin du caractére dramatique de celui de Van der Weyden. Dans cette Crucifixion, le Christ est entouré de la Vierge, de saint Jean l'Evangéliste, de Marie-Made- leine et de l'abbé donateur présenté par Jean-Baptiste et par un autre saint abbé. Cette scéne est plus dramatique que celles peintes habituellement par auteur: cela est essentiellement aii au groupe formé par le Christ, squelettique, les genoux pliés, 2. Huila sur pannoau - 78x 63 on - Veonce, Musée muniepal Le pojsage de celes des voles loéroue Dam etfonosique de fenige oux dices re bien lint de ‘vec Yexpression souffrante, et Made- leine qui serre fort la Croix, mais, aussi et surtout a la figure de la Vierge enveloppée dans son 45 enw -Hule w ano 8 manteau bleu qui se replie vers oes Yarriére, le bras gauche tendu, la main droite sur son coeur, prison- nigre de sa douleur. La figure de Marie et celle de saint Jean derriere elle sont parmi les plus expressives de Memling grace a leurs attitudes respectives, aux tons de couleur (bleu et rouge) des manteaux, 4 la tension des visages. A l'arriére-plan, & gauche, la perspective d'une cité fortifiée couronne un paysage qui s‘enfonce au loin a travers une série de plans constitués par des arbres ou des rochers. Museum, sci ean, devant es onoteuss agenoilés of dévole ines LE MARIAGE MYSTIQUE DE SAINTE CATHERINE Cette. “sainte conversation” est sans doute la plus éclatante de Memling. Elle fait partie du tripty- que du Mariage mystique de sainte Catherine, dont elle consti- tue le panneau central, Liencadre- ment original est signé en bas en grandes lettres : Opus Iohannis Hemling Anno M CCC L XXIX 1479, Les deux volets latéraux représentent La Décollation de saint Jean-Baptiste et saint Jean VEvangéliste 4 Patmos. Cette ‘ceuvre de Memiling respire grace a sa conception grandiose et solennelle de l'espace. Les personnages sont disposés en cercle autour de la Madone. La grande tenture derriére le tréne ou elle est assise, surmontée d'un baldaquin, donne de la hauteur. Les piliers et les colonnes dispo- sés en abside laissent voir un paysage lointain (paysage que Memling n'oublie jamais de repré- senter dans ses tableaux) animé dépisodes de la vie des saints: a gauche, les épisodes de saint Jean-Baptiste en train de précher, d’étre conduit en prison, puis amené au bicher} & droite ceux de ’Evangéliste plongé dans une marmite d’huile bouillante, montant dans un bateau pour aller a Patmos, baptisant le philosophe Craton. Le personnage en habit sombre, derriére un des piliers droite est probablement un auto- portrait de l'auteur, qui chercherait ainsi a signer son ceuvre. Lunité de la composition n’empéche pas le fait que chaque figure soit bien isolée, enfermée dans son propre es deur volt ltoux dr ue 8 gauche ne & cal cont décors su les deux faces. Sur lo face exteme de celui de gauche an cécouees donot Jacob de Kuennee! Anthonis Seghers avec san! locques et son face eveme de cali de natces Agnés Cosembrood dae a vol lee Ven Hilen avec sine Agnés el sine 2 Cla. Le fce nim fque Pon vo tityque ower du vole de gauche cep lo Décallation de saint Jear-Baptte, ep le bras su le pat tands qu ses pds le ps décapié de Jeo, envelop dans ls pls de Son monieau. A forte-plon, Meming russt 6 reoréseter en habile minute la dare de Saloné e! lis lin encore le bapiéme de less ‘Fotos. Ony on tales i es dled done ‘Apocalypse: fedorlon devant ene de lo moj de Dieu sus kel cherouchent es Gate caves de PApocohpe te dagon Spies —ee- 1479 - Hulls sur ponneou - 172 172.em - panneoux loiroux- 172 x79 cn - Bruges, 5 Memlng Maseum (Hépitl Saint monde, sans lien avec les autres. On retrouve ici toutes les caracté- ristiques de la peinture de Memiing: léquilibre de la compo- sition, le soin raffiné des éléments de détail, du dessin des étoffes et des tapis, l'étude des drapés qui se répondent dans leurs lignes brisées, lexpression concentrée des personnages, la profondeur et le sens de l'espace, la précision de l'arriére-plan, Yassociation des couleurs dans la variété de la gamme des tons (rouges, verts, bleu clair, bleu foncé, or) et surtout la poésie naissant d'une vraie ferveur spirituelle. LADORATION DES MAGES Merling utilise souvent les sché- mas ot les idées de composition de son maitre, mais il en simplifie toujours la richesse “gothique” et la complexité structurelle créant de la sorte des ceuvres plus simples et plus sobres, possédant une plus grande clarté qui leur donne un souffle original et une noblesse nouvelle. On peut mesu- ror particuliérement bien cette difference par rapport au maitre dans cette Adoration des Mages du Prado de Madrid. Van der ‘Weyden a traité le méme theme dans le Triptyque de sainte Colombe conservé a Munich: devant les deux arcs de la cabane a Varriere-plan se presse une foule de personnages vétus d’habits dont le faste fait penser a Jan Van Eyck. Lespace délimité par la vision frontale de la cabane ressemble & celui d'une petite scéne de théatre sur laquelle se déroule la repré- sentation sacrée de I'Epiphanie. Dans |'Adoration de Memling, Yespace épouse au contraire la courbe de Vabside qui s’ouvre derriere la Vierge située au centre, Il est defini dans son “clas- sicisme” par la fagon dont Vartiste don: Adoration des dispose les figures, isolées les vunes des autres, sur la scéne du tableau, Les personnages princi- ‘aux, Marie, Enfant Jésus, Joseph et les trois Mages, forment une composition en triangle avec un Roi mage agenouillé aux pieds de Marie, enveloppée dans le volume de son manteau bleu (formant une structure pyramidale), et les deux autres des deux cétés, lun & gauche a genoux offrant un don et Tautre, le Maure, & droite entrant en scéne en enlevant son béret. A gauche et & droite, derriére les murs qui encadrent la cabane, on apergoit les bergers, curieux et désireux de participer 4 l'évene- ment. La figure de Marie est enca- drée par Vabside qui se trouve dans le prolongement de la “scene” oi sont situés les person- nages : cette structure définit un espace total, circulaire, protecteur, dans lequel on est invité a péné- trer. On apergoit au fond ane et le boouf. Les fenétres en arcade s‘ouvrent sur un paysage repré- sentant une ville fortifiée animée de petites figures humaines. Ce panneau constitue la partie centrale du triptyque du Prado. Le volet de droite représente La Présentation au temple et celui de gauche La Nativité. Dans cette Adoration, Merling n’emprunte a Van der Weyden qu'un nombre limité d'éléments (comme le vieil- lard en train d'embrasser les pieds, de Enfant). Mais, outre la compa- raison avec I'ceuvre de son maitre, il est intéressant de comparer ce panneau avec les autres Adora- tions peintes par Hans lui-méme, et en particulier avec celle du Triptyque Floreins de Brages : la conception générale est la méme, mais par le format allongé ou effet d'une décision précise, dans le panneau de Madrid, le peintre donne plus d’espace et de volume aux figures, en leur conférant plus de solennité et en les revétant habits plus somptueux. Les personages ui se monte! deri es ors (ux deur exémilés del leur magique de TEpiphani ~15— Hugo Van der Goes: UAdoration des Berger, 1475 er. - Hule sur ponneau, 249 x 200 on Fiorence, Gale des Ofcer Drs ctie jon des Beers du peinte lomand, on marque lire mosestueuse des gues, vs lous wsoges, la nchese ets sminosié des Finluenee ce Jon Von Weyden, sur laquelle 1 6 Rog) VIERGE A LENFANT SUR LE TRONE AVEC UN ANGE ET UN DONATEUR Dans son interprétation de la Vierge a l'Enfant, Hans Memling a recours essentiellement & trois, modéles iconographiques : celui de la Madone du Mariage mysti- qe de sainte Catherine avec la figure de la Vierge au centre, entourée de deux anges, de saints et des donateurs, devant une tenture de brocart rehaussée d'un baldaquin et sur Varriére-plan d'un paysage ouvert ou entrevu & travers des colonnes ou des fené- tres; celui de la Vierge sur le tréne entourée de deux anges en train de jouer d'un instrument, devant un grand arc qui encadre Te groupe; enfin celui de la Vierge en buste avec I'Enfant dans ses bras. Le tableau que nous voyons ici fait partie du second groupe de figu- ration mariale, caractérisé par la présence de la tenture damassée dertiere la Vierge, du baldaquin au-dessus et de l'encadrement en forme dare décoré qui domine le groupe. Un des deux anges musi- ciens, celui de gauche, est ‘Av conte de foe gui teneadke lo igure defo chopieoux gi le souiennen, Meming eit des seus en trompe Fal rp enon! deux angels 1 en toin de svt le botdoquin reve, Lari ve avec une pidciion de minis fe monde ement du poysage dere lo Verge ous bien que linrument (2) de Tange muscien fn on dtr une ppomme & Enon! Jésus gauche Andrea Manlegno Reoble de Son Zeno, 1457 59 Ponneou eenral 220 15cm - Veone, Fplee de San Zeno. La Viege de Moning fa? parde do groype de talecix monks oracériés por un encadranent en forme dare des décoroionse des quilondes, moid cerlanemen! reps de le pene lene, et eo poticuler de Mantegna, Nous ekowons ce mméme type 'spparal omemenial dans ia pare centrale du clebre polytyque de Son Zeno, encode de colonnes ef ouvert sur un paysoge = 2 Hull sur ponneou - 69 x47 em - Vienne, Kunsthistoriches Museum remplacé ici par un donateur agenouillé. Autre nouveauté: les motifs décoratifs sur et sous l'are avec des angelots et des guirlan- des, probablement empruntés & des sources milanaises. Tlémane de ce tableau un climat particuliérement affectueux, pres- que familier, grace a Yattitude maternelle de la Vierge et surtout a celle de l'ange qui a cessé de jouer du violon pour offrir en souriant une pomme a 'Enfant a la main tendue dans un geste plein de vivacité. K droite et & gauche de la tenture, derriére Marie, on apergoit deux paysages lumineux avec des prés et des haies de verdure, se termi- nant par des édifices imposants. Memiing confirme une fois encore son habileté de miniaturiste, non seulement dans le traitement des paysages, mais aussi dans celui des décorations de I'arc qui coitfe la scéne, des statues sur les chapiteaux, des brocarts de la tunique de Tange et des dessins du tapis. BETHSABEE AU BAIN Ce tableau, au-dela de sa grande valeur artistique, a une importance particuliére puisqu'il représente Tun des trés rares nus de la pein- ture nordique du XV" siécle. Avec son talent de miniaturiste Memaling peint la scéne de la mort d’Urie durant une betaille dans la décora- tion en bas-relief du portail du palais de Darius, en haut a gauche du panneau (sur la terrasse do nant le portail, il représente d'ail- leurs Darius Iui-méme) ainsi que les statues d’Abraham et de Moise sur la petite tour latérale. ‘Memling a probablement peint un autre panneau servant de pendant a ce Bethsabée et représentant Histoire de Suzanne, afin de donner un exemple de sentence juste & opposer a la sentence injuste de David. Les deux panneaux auraient constitué les volets latéraux d'un triptyque dont la partie centrale aurait représenté Le Jugement dernier. Au-dela du rendu extraordinaire des détails (Ja bassine, la cruche, le petit chien, la chaise, le palais de Darius a Yarriére-plan), on est frappé par la sensation de mouve- ment que Pauteur a su donner, en s'inspirant probablement des experiences de Jan Van Eyck: une sensation qui nalt de la structure de la composition avec la figure de la domestique debout, immo- bile, tenant un linge au drapé étudié dont les tons de blancs mettent en valeur la trés belle figure de nu sortant du bain. Beth- sabée, la jambe droite en avant, enfile ses pantoufles, son bras droit déja enveloppé dans les plis du linge. Le contraste entre les lignes courbes qui dessinent le nu séminin et les lignes brisées des, lis du drap accentue la beauté abstraite du nu, saisi dans la spon- tanéité et Pimmédiateté du geste —20— (15x 845 em 4 Huile sr ponneau Stuigan, Stoosgolerie Cees: Hug forgine, 1489 70 Vi Mu ‘ton epotils,fo imposont des gues c'Adom eve, expression leurs geste ef lumina des coves fen! penser non selement aux cevres der Weycen et de Van Eek, mals ovis 8 personages Vienne. dom e! Eve dans le Tgtyque ‘A qouches le Mertyre de soin ule su ponneau, 43x 17,3 em dh Lovie. One rappe po res des orchers et fe nu du tableau pls «2 vesion d Lowe ddan son nu de Bethe Mi lclbodebdee ee _VIERGE A ENFANT La représentation du theme de la Vierge en buste avec I'Enfant subit elle aussi une évolution: Merling va chercher a créer une atmos- phére plus intime et familiére que celle décrite dans les tableaux d ses contemporains. Si ses premié- res couvres du genre s'inspirent étroitement de celles de Van der Weyden, on constate qu'il acquiert au fur et a mesure un style person- nel qui a force de répétition tendra toutefois a se transformer en maniérisme. Memling réalise donc une série de variantes, ot quel- quefois la Madone est représentée avec une pomme entre ses doigts. Celle que nous voyons ici consti- tue le panneat de gauche du Diptyque de Maarten Van Niew- wenhove, le panneau de droite représentant Maarten Van Nieu- wenhove, le donateut, en train de prier les mains jointes. C'est l'une des couvres les plus populaires et les plus représentatives de Merling, Vencadrement du panneau estencore original; i porte une inscription en bas: "Hoc opus fieri fecit Martinus de Nieuwenhoven anno DM 1487". Sur les vitraux du mur derriére la roine Von dex (dato - 1434 - Mule sr pannecy, 122, Bruges, Musée des BecurArs -onogrophie de lo Vege de Meming fo? penser aur modes de Van Eyck dont ctte 32 ea Tun des exemple les ps pus. Dons —m— 1487 - Hull se panneau - 44 x 33 em - Br Hone Merling Museum [Hépital Santer) Vierge (le mur est vu de face et non de biais comme celui qui se trouve derriere le donateur) sont représentés le blason du donateur, une scene montrant saint Georges tuant le dragon et une image de saint Christophe. A travers la fené- tre de droite, on apergoit un paysage qui s’enfonce dans une lumiére bleutée. A gauche se trouve un miroir rond, convexe, dans lequel se reflétent les figures de Marie et de Maarten Van Nieu- wenhove. Ce miroir rappelle évidemment celui du célebre portrait des Epoux Arnolfini de Jan ‘Van Eyck (dans lequel se reflétent deux figures entrant dans la piéce représentant le peintre lui-méme et observateur invité a participer a Vévénement), Il sert A la fois a suggérer l'espace en-dega du tableau, dans lequel se trouvent Jes donateurs et nous a leur cété, et d faire allusion au “speculum sine macula”, miroir sans tache, symbole de la pureté de la Vierge. Mais tous ces détails ne doivent pas nous faire oublier que la beauté et Pimportance de ce tableau résident avant tout dans la figure de Marie, bloquée dans la composition pyramidale de son manteau rouge, son visage trés pur encadré de cheveux ondulés, son expression hiératique voilée de mélancolie. convene! cic placé pa titre ls pewonnages de son tobleos «ue nous rerovvens seven! dans lo peire hollandaise et oman uf) penser @ cel des Fpoux Aral de Van Ek 2 Vien ede ent Up la totlié de espace e some de “metre en sn" Feleur et lobserateur pour les mpkuer rent ~ dune facan novell qui annonce le rapport modeme enteFcewre dat et le spectoteur~ dans le obleou. PORTRAIT DE MAARTEN VAN NIEUWENHOVE Hans Memling saura se construire une solide réputation de portrai- tiste. Il est particuliérement appré- cié par la bourgevisie de Bruges. IL faut dire qu'il traite leurs repré- sentants avec générosité en adou- cissant leurs traits, en ennoblissant leurs expressions, en idéalisant leurs visages. Dans ses premiers portraits, Hans peint les tétes de ses personnages sur des fonds neutres, puis il veut récupérer le paysage qui sert d'arriére-plan a ses tableaux reli gieux; il place alors les bustes de ses modéles devant des paysages luxuriants ponctués d’édifices imposants et plongés dans une atmosphere limpide. Ces paysa- ges ne sont évidemment pas seulement des décors servant @'arriére-plans, mais des éléments participant directement a la conception du portrait: leur séré- nité et leur beauté éclairent d'une lumiére bienveillante et paisible le personnage représenté. Dans ce portrait, qui constitue le panneau de droite du Diptyque de ‘Maarten Van Nieuwenhove (le panneau de gauche étant constitué par la Vierge 4 !'Enfent présentée ala page précédente), le donateur en train de prier impose tranquil- Jement sa présence. auteur suggére la profondeur grace a la perspective du mur derriére le personage. A travers les fené- tres, on apercoit un paysage verdoyant avec un canal, un pont et une tour. 1499 - Idétal- Holle sur ponneou - 87 x 91x 33 cm - Bruges, Hans Menting Museum (Hépital SointJoan) CHASSE DE SAINTE URSULE La Chasse de sainte Ursule, conservée 4 ’h6pital Saint-Jean de Bruges, est la manifestation la plus grandiose du talent de miniaturiste et de narrateur de Memling. Il s'agit d'un cofiret en bois de chéne avec des ornements dorés sur le couvercle, en forme a temple gothique avec une facade en pointe et des contreforts aux quatre coins. Il fut fabriqué pour conserver les reliques des onze mille vierges tuées par les Huns pour avoir refusé de renoncer a leur virginité. Liceuvre de Memling ‘comprend huit compositions prin- cipales sur les quatre faces et six médaillons sur le couvercle, Les deux scénes reproduites ici représentent le martyre des vier- ges et celui de sainte Ursule. Elles sont encadrées par les arcs dorés de la décoration qui permet de scander le récit. Ce récit ressem- ble plus & la représentation d'une légende qu’ un vrai drame. Dans la premiéte scéne, nous voyons deux navires remplis de jeunes filles menacées par les fléches des archers barbares; dans la seconde, sur 'arriére-plan d'une ville (dont Varchitecture de la cathédrale et des tours sert a unifier le récit de part et d’autre de la colonne de la décoration), sainte Ursule fait un geste instinctif ct inutile pour se protéger des fléches de ses bourreaux. ‘ve quale coin de ce coe! en bos de chine, avec son cowede en fore de fot pointy décor sur 00 oréle demement rts, son inetdes des stavetes de sone Ags, sine Anne, ct Judocus, sur es cis dies px ris corches, se déplient es Usufe points pox Merling Le coracve exceptions! de cle. grande quolté emsique, mos cuss ‘ou peties dimensions des surfaces piles: e relquie mesure en coffe 87 em de haut, 91 de long et 33 de loge. Meming ceore lo coset avec hu! compasiions principales su les ‘uote bis et six imédailons sul comerde —26— LA VIERGE AUX DONATEURS Huila sur panneau «120 175 em Pris, Musée dy louve Lceuvre est rigoureusement symé- trique, obéissant a un schéma plusieurs fois utilisé par Memling, avec la Vierge au centre, devant une tenture de brocart surmontée d'un baldaquin (derriére lequel s‘ouvre une nef profonde, avec des deux cétés des paysages champé- tres, le tout donnant une impres- sion de multiplication de espace grace 4 la juxtaposition des pers- pectives). A gauche, saint Jacques présente le donateur, Jacob Floreins, accompagné de ses sept fils; a droite, saint Dominique introduit 1a donatrice, 'épouse du riche marchand de Bruges, avec ses douze filles. La rigidité de la symeétrie, limmobilité des attitu- des, la répétition des schémas annoncent I"'académisme” dont soufriront les derniéres représen- tations mariales de Merling. C’est pourtant la l'ceuvre d'un grand artiste: la perspective de la nef derriére la Vierge qui suggére la continuité de Vespace en-dega de la surface du tableau, selon tne conception spatiale caractéristi- que de la Renaissance, en est la meilleure preuve. Remarquons aussi la recherche de la vérité ot de la caractérisation des Le schéme met en Gadence fompleur de Tespace de lo nef gu iterompve por ne ello enure ave prolonge éidenment de Foure ie devant lo Verge, bod se trowe Fobservateuy, pour Fineure visages (il suftt d'observer ceux du donateur et de ses fils; la construction parfaite de 'architec- ture de la nef et du tréne de Marie, Je dessin du carrelage et le motif du tapis ; enfin les deux trés jolis paysages : celui de gauche, monu- mental, avec le chateau et le cava- lier a la lance; celui de droite, pastoral, avec la cabane et la paysanne sur le pas de la porte en train de regarder les animaux au paturage. Derive le commande Jacob Feri, prdsnlé& la Vege par san Jocaues le Pele, scouerns ses Sep ee deme lo — ingue, ss douze files. Moning desinecvec cain ls visages des jeunes hommes fet des eure les (2, en les coracérsan si bien qu peut recomoite ls difféences dége. Les plus jeunes sont les pls suprs par le caoclee exceptional de Feviemen. es hile es pus patie sou Je manion on las devine debout srl pointed pied pour meu voile scéne LA CELEBRITE TRANQUILLE D'HANS MEMLING Ais morte Hans Meming, Je chanoine de Saint-Donatien & Bruges, Rombouts de Doppere, nous laisse un témoignage sur la célébrité du maitre, “peritissimum et excellen- tissimum pictorem", quill qualifie de plus grand peintre de tout le monde cchrétien. Mais la meilleure preuve de anotoriété donta joui Memling durant savie est son existence aisée ainsi que Yabondance desa production, le pres- tige de ses commandes et 'écho que son école et son atelier eurent & inté- rieur comme a lextérieur des frontié- tes du duché de Bourgogne. De son atelier, nous ne connaissons avec certitude que Je nom de deux de ses élves, Jan Verhanneman et Passchier Van der Mersch, inscrits respective- ment en 1480 et 1483 sure registre de la Gilde des peintres de Bruges. On pense toutefois que Michael Sittow, peintre allemand d’origine estonienne (1469-1828), qui se trouvait & Bruges, centre 1482 et 1484, fut aussi l'apprenti de Memling dont il fit connaftre la technique et le style dans plusieurs cours européennes, en particulier celle d'lsabelle la Catholique en Espa- «ne. Mais revenons au prestige de ses commandes qui firent tant pour sa renommée: les commanditaires de Memling sont des mécénes et des MEMLING ET SON TEMPS SA VIE ETSON CEUVRE HISTOIRE LES ARTS ETLA CULTURE. 1435-40 Date présunde del nassance de Hane Mem, fe S¥ermacn, dans pte vile do Selmgensatsurlo als on Aleragne DMédiis eto rare Floance dapis Tame préced Soulevement da hiro national Engelbrelt on Sutde |, Van Bye: la Vierge an chancellor Rois 1 Van der Woydn: Descente des cro 1455 ie probabloment ux sour 4 Cologne of ___‘Lllamagre noua domination de Hxbsboxrg Paro dla Francorca a commencé avalot ‘scour eta ds agement dere de opal oe ane aux resques de gee Stephan Lecor (qo wore dans so prope razz: Le Légonde del wai ean ‘igemen! dernier de Densg) Donato: Mane Madeline Taconquéte de Constantinople parlee Tues a Paruon de la Bible inprinse de Cuterberg lien deux ans ps it 1460 est peut-te a Brutllee dane Yteber do ‘plas ota Sie son! vad ct FeranaraI™ 2 Uecelo: La TRdbaize Rogier an dor Werden (ese cortstéo per monfe srl tore do Naps Colanono: Scenes dela vie de sain Vincoet Corl Kistoins deur). cdcourica pect. Mart Henle Navgsnsr els cgareb a Fecrer ice aul Tonner Se. Boute&Lowran Dremiéredcole de marine, prokde dee Grandes découveres 1465 ost cab a Bruges gulia a secordé a Pore de Méaiisoceupe Florence pout ‘stone de Mosse: Svat Mana ‘oyennet le 50 enor malisr la rebolion dia vile. ‘acres Manlogra: Christ mort lp Lipps Todo Bartoli Mond poste Chasis @ Orléans 1468 On cdldbre Bruges le mariage de Charnes Leis XI prisoner de Chris le Temécsre Nor! de Guten ‘Mindz aoe princess argaise Marguerite «Yor, Jone Donae faite worage aoa suiteot Commande prbablenent cate occasion le ‘iptrae Denso (National Gales?) 1472 Date une Verge 4 TEafanl, sit Antoine sbbé Jeanne Hachetedifoné Basu askgs par A. Divo ext nd Tanne pr ot un ders et le Portal x musicion Gils Joye. Chale Je Tenérare Naisunce do L. Cranach ane suivacie termine probublemen’ lo” egne @Bdcuard V dork, vainquour dea A Mastogna travail la Chanbre dos épowx ‘apiygue di jugement demir commande igure des Deut Roses des Gonmngue t Manioue ‘Angels jcopo Tn el devant mombro de l___Empire nes do Tapa Tupangul on Amérique centene da Verge de In ege dom aent Date des bourgeois infuens ot meme Je duc de Bourgogne 1475 Udatela Verge soutenan le Chis mer, ‘alé de Pieglany ene Lous X1 et ‘sonallo de Messing: Le Condotioe ‘jour halt Melbourne Edouard Vil qui met ofelallment fs a guerre de Cont Ans Natssnnce de Michel Ange Nalsence do Serio =30- amateurs provenant d'un peu toute VEurope qui lui demandent des portraits et des tableaux de sujets reli- giewx. Comme nous avons vu dans sa biogtaphie, le premier & lui comman- der un tableau fut un noble anglais, John Donne de Kidwelly, invité a Bruges en 1468 aux noces de Charles, le Teméraire. Puis, vers 1475, il réalisa pour Isabelle la Catholique le Dipty- que de Grenade, sa seule ceuvre qui semble influencée par Hugo Van der Goes (1438/40 env.-1482). Vers 1481, Heinrich et Adolf Greverade de Lubeck Ini commandent pour leur chapelle de famille un triptyque ayant ‘pour sujet central la Crucifixion. UN ARTISTE DE REPUTATION INTERNATIONALE. nttate aussi, au moment méme oiVart dela Renaissance esten pleine maturation, s'intéresse beau- ‘coup 4 lui, Surtout a travers ceux qui séjournent momentanément aux Pays- Bas, Le tableau de la Passion de Turin de propriété des Médicis, attribué & ‘Menling de facon explicite par Vasati dans les Vies des plus grands pein- tres... appartient a cette période : “Le panneaude Careggi,villade Florence de lillustrissime maison de Médicis 1479 ‘pris aves daté un Cit bénierat, ot panneas cexzal dun eptyq stn Pasion our Tate do la Gide do sat Joan et saint, ic anaes precudente, digest date le tripyque da Adoration doe Magee pou an Florens of cei Mariage mystique de site Catherine ‘Tra de pat once Veit ot empize ottoman Union den Cate et de FAragon Victoire de MaxiiienF Ack war lela 4 Gulnegate Mor Antonello de Mezsine Mariage avec Ana, le de Loewe Van “lkenaere ot chet due grande maison on plone ef Ge dx veuben&Brogee. false les Sop ies de a Vierge oft par Plcter Buln et son Spouse és Ge dee tarnours de Bruges. I dato le wipiyque dea Deplorton du Chit te Sibyle Sabet Indovie le More usurp fe pouvoir dual son Pr do Rome ene Incosnt VI et Ferdinand ae tapee lero della Francesca: De prospective 1482 Date probable de VAnnonciation de a louie Mt venonce ia Fande apse mariage Leonard de Vinci commence In state 6queste Cotecton laknan ¢ Bruges {Ge Wasi de Bourgogne avec Tempereer do Francesco Stree, srien” aaatcne 1484 Date du Toptyque Moree ou de sit (Charis Vil sure tne da France depe aphadl etn Fande price (Chinophea Bruges Tame précédent apres a mort do Louis XI, sous la ragence Kane de Beeieu Bi Tsthor extn Tanase précscen FGaicnrdin etn Tate prscedento Batlle le Maiasance de Was Mor dea femme Aana iu a donne tis fs Qn, Crete et coats) 1 peu le Diplyqu de Maarten Var Meuventowe et ‘puerta Diss pase le cap de Borne-Eapéance Cioran Bolin termine svonee 1489 1a acheré ln Chasse de suite Uaule poet Topi Sen ean ‘Ohypre acquis pr Vonise ede a Mirandole:Hoptapiae ipo lp Rompe est Thoms Mickel Ange onze #Y6cole de scxipte fondde pa Laret le Magnifique & Ploence late e grand Teptaue de Labeck pein pour ‘boc notables do I ile Mariage do Ghanes Vl arec Ann de Bretagne alla enter sna ie Bretagne cae le demane deFrence [A Mariogna termine lo notte ‘omphe de Cesar 1494 ‘meus 1 oi Bruges. ext enter dans letimetiere de Tégise sates Tieance de Panga (Chas Vil one on hae Srvonrole prod ie gouvernement Ge Ference spre avoir chansé este de Medes ‘até de Toes: patage ds monde ene Espagne et Potagal 1 Paco: Summa de anthmetica, geomet, Broporioa!epropoioaaltt Ji Beardichon Tpyque Kaisunce de Fables Mon de Gaiandse =s1- est de sa main.” Les deux commandi- taires, Tommaso Portinari, agent de Ja banque des Médicis a Bruges, et son épouse Maria Baroncelli, y sont Teprésentés a genoux. Memling pein- dra une seconde fois les époux en priére dans deux portraits réalisés peu aprés leur mariage en 1470 et faisant partie d'un triptyque dont on perdu le volet central Enoutre, le triptyque du Juge- ment dernier, réalisé vers 1473 et saisi ‘en mer par le corsaire Paul Benecke qui en fit don ala cathédrale de Dant- ig (Gdansk, oi il se trouve encore aujourd'hui), était en réalité destiné a Ja chapelle florentine d’Angelo Tani, Jui aussi employé de la banque des Médicis de Bruges. Un autre portrait représentant un homme avec une médaille, se trouvant aujourd’hui au musée des beaux-arts d’Anvers, semble avoir été commandé & Memling par le médailiste italien Giovanni di Candida au service de la cour de Bourgogne éla fin des années soixante-dix, Sans parler des commanditai- tes de la riche bourgeoisie flamande, toujours trés nombreux, parmi lesquels on compte des hommes d'affaires et des marchands, des bourgmestres, des abbés et des chanoines, des couples et des familles de renom comme celle de Willelm Moree! et Barbara Van Viaender- bergh. Cette riche bourgeoisie est friande de portraits, genre pourlequel Hans Memling montre durant toute sa carriére un talent certain et un goat tres marqué. Avec une constante toutefois: sa destination doit tre nécessairement dévote. ‘AUNOM DE MARIE Laretigiosté estenetiet!an des principaux “leitmotive” de Yooure de Hans Memling. Max J Friedlander Yexplique bien lorsquil analyse sa fagon de peindre la Vierge Marie: “Quand nous pensons au maftre de Bruges, ce sont avant tout ses Madones qui nous viennent & esprit: madones en buste, sur le volet d'un diptyque ou au milieu d'une assemblée de figures en pied -anges, saints et donateurs - parmi lesquelles elles trénent, Dés le début Memling avait trouvé le schéma de composition définitif, auquel il n’allait apporter ensuite que de petites variantes. Marie est droite, le visage vu de face ou légérement penché, ies paupigres baissées, présente par le seul fait de sa représentation, objet de dévotion, pudique et timide, Non pas une mere heureuse et prévenante, ni une reine ccéleste : mais toujours par contre une vierge, en partie consciente de importance de sa mission, et humble dans sa conscience. Memling ne représenta jamais Marie en train @allaiter son enfant. Aucun signe diaffection ne trouble les traits régu- liers de son visage un peu las.” (Hans ‘Memling, 1949). En effet, bien que Yon rencontre dans son oeuvre des aspects qui révélent T'influence de Rogier Van der Weyden, on ne peut certes pas dite que Memling ait ‘emprunté au grand maitre flamand son intensité dramatique ou son sens du mouvement ou encore le pathos oréé par ses couleurs. IIn'y a pas d'impact motif dans Yeeuvre de Memling, mais une douce et persuasive répétition de schémas ot d'images baignant dans une atmosphére calme oti la lumiére se diffuse sans aucune tension; le rythme tranquille de modules figu- atifs essentiellement mystiques, abstraits et isolés du paysage ou du décor laique, LE REALISME TRANQUILLE DE LA TRADITION FLAMANDE Fiaate a ta tradition gothi- que, coloré par un esprit relativement mondain et une certaine liberté de moeurs, le réalisme bourgeois des personnages d’Hans Memling ne débouche jamais sur Yostentation ; il —32— refléte a la fois la morale intime du peintre et lesprit religieux flamand, détaché de tout ascétisme catholique rigoureux et déformant. Alarecherche dela synthése et de l'équilibre, la peinture aux tons calibrés de Memling, siténue et paisi- ble par rapport a art plus ancré dans Ie réel d'un Van Eyck ou aux tonalités tragiques d’un Van der Weyden, tombera vite dans Voubli, Aprés étre redevemue 4 la mode au XD" siécle, essenticllement gréce aux romanti- ques allemands eta F. von Schlegel en particulier, elle connaitra & nouveau de longues périodes d'incompréhen- sion. Les critiques l'accuseront d'un excés de sentimentalisme, d'un manque de virtuosité et d'une incapa- cité de renouvellement. Voyons par exemple ce qu’en pense Erwin Panoisky dans son Early Netherlan- dish Painting. Its Origin and Charac- ter de 1963: "Les ceuvres donnent impression de la dérivation, non pas parce quill a emprunté a ses prédé- cesseurs (comme les phis grands artistes ont fait et le font), mais parce quiln’a pas réussi a les comprendre, Le seul fait que Iu, Ie plus tranquille, sorein ot influengable des éléves, ait subi et soit resté sous le charme d'un mattre ala personnalité aussi passion- née, sévére et autoritaire que Rogier Van der Weyden, lui a barré le chemin soitversun dépassement soit vers une assimilation constructive. IIne pouvait y avoir de sa part qu'une complate soumission qui l'empécha de comprendre, Il emprunta tout & Rogier sauf son esprit. A la grande tradition de Van Eyck, dont les ceuvres impo- santes V'entouraient de tous les cétés, il n’emprunta que les agréments brocarts de cérémonie et tapis orien- taux; raccourcis panoramiques enca- drés de colonnes de marbres, chapi- taux historiés et miroirs convexes.” Le jugement excessivement sévere de PanofskyYempéche dereconnaitre ce quily a de postique dans cette pein- ture qui combine spiritualité et réalité quotidienne. MEMLING DANS LES MUSES EN FRANCE CHANTILLY + Musée Condé PARIS » Musée du Louvre; Musée Jacquemart-André STRASBOURG » Musée de la Vile AvETRANGER -ANVERS Koninklifk Museum voor Schone BALE + Kunstmuseum BERLIN Statliche Musoen BOSTON + Museum of Fino Arts [BRUGES » Hans Merling Museum (Hépitel Sain Jean); Stedelik Miseam voor Schone Kunsien (Groeninge Museum) BRUXELLES + Musées Royaux des Beaux-Arts BUDAPEST « Muzeul de Ara CHICAGO e Art Institute COLOGNE + Wala Richartz-Musoum FLORENCE + Galerie Corsini; Galeri des Offices FRANCFORT « Stidelaches Kunstingtitut GDANSK » Musée Pororskie GENES «Palais Bianco GRENADE « Chapelle Royale LUA HAYE + Maurishuis LISBONNE + Musée d'Art Anci LONDRES « Hampton Cour Palace Gallery MADRID e Musée du Prado ational STRSGOUNG®_ @OTUTICAN AEe avo MELBOURNE « National Galery of Victoria. MUNICH « Ate Pinakothek NEW YORK + Metropolitan Musoum of Art; Pierpont Morgan Library ROME « Galerie Doria ROTTERDAM « Musée Boymans van Beuningen STUTIGART Staatsgalerie TURIN + Galerie Sabanda VENISE « Galerie de VKeadémie VICENCE « Musée Municipal VIENNE + Kunsthisorisches Museum WASHINGTON « National Gallery of Art EF

You might also like