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REGARDS SUR LA PEINTURE En vente un jeudi sur deux - N° 56 Fite par: Esitions FABBRI 16, rue du Temple - 78139 PARIS-CEDEX 03 Dizectour Directour Eéltorial Gaspare De Fiore Giuliana Zuceo Bellantoni Rédaction eae [Babells Reco eye Renata Como Kise be Bre Ldovics Magistal Gaspare De Fiore ssaxeite' rates, (Cesare Baroni Direction artistique) Paolo Caja ‘Traduction et Table chronologique Sabine Vail Socxétatre derédaction Cocurina Caramel jer dlectement chet vous REGARDS SUR L& PEINTURE au prt bloqué de 25 trance le numero pour ensemble dela collection. Offre spéciale: vous zecover en cadoau -au méme moment de leur paution chez les marchands de journaux- les élogants cofets de REGARDS SUR LA PEINTURE #2numéros= 300 francs «98 muméros= 900 francs 4numéros=60Dfrancs _¢Toute ia collection = 1980 france Veulloz indiquer clairement lo numéro & partir duquel vous souhaltoz recevoir vote abonnement Ecrivez & OGP-REGARDS SUR LA PEINTURE, 176/179 avenue Joan- Jaurés- 78010 PARIS, en joignant voweereglement, sans oublir votre nom, adresse ot code postal, Pour compléter votre collection ‘Los numéros parus pouvent re obtenus chez tous les marchands de joumaux ou, a détaut, chez Péditeur, au px en vigueur au moment de Ja commande, Is esteront disponibles pendant six mois aprés a [paruton du dernerfascicula de la série, Ecrivez & OGP, 176-178 avenue Joar-ausés - 75019 PARIS, en joignant & votre courier 6 franes par numéro de paricipation aux fais dental (Gelgique: 4378 par numéro; Suisse: 1 80F8 par numero). bos délas de lvraison & prevoir sont environ ris semaines. Pout toute réclamation concernant les abonaements et les anciene rnuméros, appelerie (1) 42.41.3010. Pour classor vos farcicules [Les coftiets sont disponibles sur commande suprés do vole mazchand 4 journaus (codif 6378 NDP). Vous pouves aussi rou ‘Scrvant aux Editions FABBR/ on joignant & votre cour Ccoreapondant a votre commande selon le tart suivant (ls frais ‘oaval sont inclus dans ces pris) 'Lcottret: 42,00 francs ‘Saeatzete 1600 anes *Scoltets: 111,00 rancs Associé unique: Gruppo Editoriale Fabixi, Bmpiani, Sonzogno, Etas S.p.A.S1, via Mecenate 20138 Milan Granis!G. Cobolll Gig etl. Boalo Directeur de ia publication: Luciano Bosio Imprime en fale par Stablimente Grafica Gruppo Editoriale Fabbri SpA.-Milan Distribution en France: NPP Deépetlégal: 4 wimestre 1688. NP ISBN2-007748-60-7 (© 1988 Gruppo Eattoriale Fabbri, Bompiani, Sonzogno,ElasS.p.A.-Milan (© 1988 Editions Fabbri pour!'édition francaise (© 1960 by Edvard Munch. 14 covets: 144,00 france 1S cartrers: 175.00 anes 96 coftrots: 208,00 france ‘utoportrait la fenétre (detail) - 1942 Hull, Oso, Kommunes Funstanlinger Monchmuseet PROCHAIN NUMERO : BOTTICELLI NUMEROS DEJA PARUS: 1. VAN GOGH 13, LE CARAVAGE 2. PICASSO 14, SEURAT 3. GAUGUIN 18. RAPHAEL 4. MONET 16, TOULOUSE-LauTREC S.LEONARDDE VINCI _17. LE DOUANIER ROUSSEAU 8. RENO 18, DEGAS 7.GOYA 12, VELASQUEZ 8. MICHEL-ANGE 20. CANALETTO 9. MANET 21, BRUEGEL 10, REMBRANDT 22, FRA ANGELICO 11, CEZANNE 28. HOGARTH 12, DALL 24, DELACROK Photos ‘Archives du Gruppo Eatitorale Pebi, Milan 28. CHAGALL 48. LATOUR 26. GIOTTO 42, MODIGLIANI 27. DAVID 48. CRANACH 28. BOCCIONI 49. LELORRAIN 29. TURNER 50. MIRO 30. DURER 81, PIERO DELLA 31. KOKOSCHKA FRANCESCA 32, INGRES. 52, FOUQUET 33. CONSTABLE 53. PISSARRO 34, GRUNEWALD 54, GERICAULT 38. LE GRECO 58, COROT 38. KLIMT 37, BONNARD 38, ANTONELLO DE MESSINE 39, HOLBEIN 40, MATISSE 41. COURBET 42, KLEE, 43, GIORGIONE 44. BRAQUE 48. REDON Edvard Minch photogs on 1905 ene “Cri-Cri d’épouvante devant la nature rougissant de colere et quai se prépare & parler pour la tempéte et Te tonnerre atcc petits étourdis slimaginant étre dievce sans en avoir Pair.” AA. Scrindberg,& propos de Pexpositon dE. Munch, “La Revue Blanche”, juin 1896. MUNCH Evvard Munch nate 12 décembre 1863 2 Loiten, a une cinguantaine de kilométres’ d'Oslo (Christiania jusqu’en 1925), en Nor- vage. Son pére, médecin militaire, appartient tne grande famille intel lectuels et de hats fonctionnaires da pays. Mais il n'est pas riche et mane une vie trés rigoureuse, En 1864, 1 déménage pour des raisons profes- sionnelles 4 Christiania avec son épouse Laura, Edvard et sa file ainée Sophie, Mais apres avoir donné le jour trois autres enfants, Laura va mourir de tuberculose. Sophie iui survivra peu tandis que la situation économique de nus flee lafamillenevacesserdese détériorer. Des son jeune age, Edvard doit donc affronter le spectre de la maladie, l'angoisse du vide et de la mort, Son besoin et son envie de pein- dresenourrissentdes souvenirs quise consument douloureusement dans sa ‘tte et dans son coeur, et ce sont les images toumentées de son monde interieur quisimposent avec violence. Aprés quelques années d’ap- prentissage et un assez bref séjour dans une école de dessin, ilentre dans lecircuitdes expositions offcielles:sa premiére ceuvre exposée est une ‘étude de téte présentée au Salon des Arts Décoratifs de Christiania. Le dixigme Salon d'Automne l'accueille quelque temps plus tard avecune toile intitulée A ’Aube. Lacritique est assez favorable, mais insiste sur l'nfluence delenseignement de Christian Krohg, “Yartiste le plus écouté de la nouvelle génération”. En réalité, Munch s'est deja éloigné de son maitre, de méme qu'il est déterminé a se libérer de I'in- fluence naturaliste des paysagistes norvégiens —contemporains. Son besoin de trouver une identité le rap- proche dela bohéme de Christiania, et en particulier de l'écrivain anarchiste Hans Jaeger. Aprés cette expérience quicorrespond parfaitementasatagon d'etre et de concevoir la peinture, il décide de faire un voyage en France, a Paris et & Nice. Eh 1892, Munch expose a Berlin avec la Société des peintres ber- linois. Mais il est expulsé de l'associa- tion quilui reproche d’avoir utilisé une “technique trop sensuelle"; il est expulsé de l'association. En 1893, il LeBoiser- 1897/98- Jogrophie, 594457 om (Oxo, Kormunes Kansseminger Munchmusee commence fréquenter August Strind- berg, alors leader du groupe d'artistes cet dintellectuels qui se réunissent au Café du Cochon Noir. Lesdeuxartistessecompren- nent immédiatement, Certes, leurs rapports ne seront pas sans mages, mais ils seront trés importants pour tous les deux. Ils s'interrompent une ‘fiche de Murch pour lePeer Gynt dibsen 894 premiére fois en 1894, lorsque Strind- berg décide de partir a Paris. Munch jouit alors d'une courte période Gaisance économique, il expose a Stockholm, il exécute ses premiéres ceuvres graphiques, eauxfortes et lithographies. ‘Deux ans plus tard, il décide de rejoindre son ami a Paris. Ses tableaux ne se vendent plus. Il est mome et solitaire. lalesmémesidées que Strindberg -qui, comme lui, conju- ‘gue écriture et peinture -surl"érotion appliquée a l'expression artistique. partage ses crises existentielles et sa passion pour Nietzsche. Ifrdleaveclui les limites extrémes de I’hallucination et de la folie. Personne ne réussira & connaitre Munch aussi profondément que Strindberg. Ce dernier compose des vers inspirés par les tableaux les plus intenses de son ami pour essayer den fouiller le contenu d'une fagon encore plus aigtie. Dans un texte fameux paru dans ‘La Revue Blanche” cen 1896, il affirme qu'il faut “faire de la musique sur les toiles de Munch pour les bien expliquer”. faut dire que Munch partage avec Stringberg une obsession qui va hanter toute'son ceuvre : la peur de la femme, un violent sentiment d'amour- haine qui va s'incamer dans ses rela- tions avec Tulla Larsen. Illa rencontre on 1898 Christiania. b’annéesuivante, ils visitent ensemble Paris, Nice, Flo- rence, Rome, au cours d'un voyage plus chargé dombres que d'instants de bonheur. Tulla ne cesse de lui de- mander de 'épouser. Lui continue de boire, il est malade, déprimé, angoissé par Tidée du mariage autant que par celle de la maladie. I finit par céder, mais le couplene résistera pas plus de deuxans. L/année suivante, Tulla épou- sera le jeune peintre Arne Kavli, Lramertume, te vide, la sen- sation de douleur et les angoisses de mort que V'artiste ressent de fagon presque obsessionnelle aprés cet échec le poussent a faire de multi portraits de femmes qui ont toutes les traits de Tulla Larsen, llavait d’aileurs deja commence a opérer ces dédou blements dans La Danse de la vie en donnantles mémes traits aux trois dan seuses - l'une avec une robe blanche, autre en rouge, la troisiéme en n situées avec li-méme au premier du tableau tandis quil plagait so fond, le visage vert de jalousie. I avait écrit dans une lettre & Tulla: ‘T's beaucoup de femmes qui comme ahora Munch phoogea cristal ont des milliers d'expressions changeantes, mais en’en ai rencontré aucune qui d'une fagon aussi étrange menait quetrois, mais rés marquées’. Plus tard, & propos de la version de 1908 de I'Homicide, dans laquelle il transforme la scéne de rupture avec le pistolet en une scéne de meurtre, il dira avoir voulu peindre “une nature morte comme celle d'un quelconque Cézanne, avec la seule différence que dans le fond j'ai mis un homicide et sa victime”. Il reprend le méme théme en 1807 dans La mort de Maret, faisant encore une fois jouer & Tulla Larsen le role de l'assassin et représentant les eux figures entiérementnues. Etc'est encoreluietTulla, dans une pose pres- que identique, quill représente sans plus aucun souci esthétique a Wame- miinde, le village de pécheurs sur la Baltique, oi il se rend la méme année. eta ne Yempéche cepen- dant pas devivre et 'exposer. I pati cipe au Salon de Paris en 1903, a une liaison avec Eva Mudocci, In des modiéles de Matisse il expose dans la galerie de Bruno Cassirer & Berlin, En 1906, il est de nouveau au Salon avec les Fauves auxquels la critique lassi mile, méme sil nest qu'un de leurs admireteurs. Il entre en contact avec Enil Nolde et le groupe "Die Brice”. Iparticipe dautre partal'Ex: position de la Sécession viennoise avant d exposer avec succes a Prague en 1905.11 continuera daileurs d'etre présent aux expositions dans la capi- fale aulrichienne jusqu'en 1913, influengant de la sorte tout le mouve ment expressionniste: de Gerstel & Schiele et & Kokoschic... Maisilestminé par/'alcoolet, a partir de 1906, son état de santé s'ag grave, Ile laisse hosptaliser dans la Kanssaminge Murchmuseet clinique du doctew Jacobson 4 Copen- hague, oi il écrira et illustrera son poéme en prose Alfa et Omega. Lorsquiilvamieux, ilrentreen Norvége et ouvre un atelier en plein air &Kragerd. Iicommence travailleraux décorations murales de'Université de Christiania d'aprés ses vieux albums de dessin. &. soixante-dix ans, atteint dune grave maladie des yeux, aprés deux grandes expositions rétrospect- ‘ves qui Ini sont consacrées a Berlin et & Christiania (devenue Oslo depuis quelques années), il organise dans la capitale norvégienne une exposition our faire connaitre Yart allemand ‘contemporain, Dix ans plus tard, ia le ‘courage de faire son autoportrat devant le miroir. Derriére son visage livide, on apergoit Fombre de la mort, C'est une de ses demiéres couvres, A Deux heu- res un quart du matin, terminge en 1944. Le 23 janvier delaméme année, i s'éteint dans sa maison d’Ekely, ache- tée en 1918. Derrire lui, le blew intense et les éclairs lumineux de ses, nombreuxpaysagesnoctures, étoilés et mélancoliques. Edvard Mune {88 U'ENFANT MALADE Oh Geo Narre ‘Lorsque Munch a & peine cing ans, il voit sa mére mourir de tuberculose. Eta soeur Sophie meurt de la méme maladie lorsqu'll en a quatorze. ‘Munch, avec des traits précis, exprime un effroi et une angoisse cexistentielle dont les racines plongent dans son enfance. Dans Enfant malade, il regarde son personage - dont le profil pur se découpe sur le coussin - avec une affection et une tendresse évidentes. Ureprésente aussi la douleur et le désespoir de la femme prés di lit, le visage caché dans un pleur silencieux, Le tableau joue sur les tons bleu vert, les touches se brisent et se LLenfant molade- 1896-Fovfone et ponte sich, 12,7 x 16,8cm-Oxlo, consument surla toile; artiste utilise Kommunes Krsanlinger Munchrasee Dons coe eavfore Grove & ‘anal ie couiean: ereaekit ocd pus touche deter oy bin Munch ren url ie de profondément la matiére dea tla oer deft ong pore mol slr couleur, sur laquelle ressortent les blancs du cousin et le nacré de la peau de l'enfant, entouré du rouge orangé des cheveux. Munch aborde iciun theme qu'il réinterprétera en 1896, 1906, 1907 et 1926, et dans plusieurs ithographies et gravures. "Yai repeint ce tableau de nombreuses fois durant l'année -je Yai gratté -je Vi laissé se fondre dans la peinture floue, et ai essayé de retrouver ma promiére impression son teint péle, translucide, sa bouche tremblante, ses mains tremblantes. J'avais donné trop importance & la chaise portant le verre, ce qui détournat attention de la téte, Devais-je éliminer tout cela? ‘Non, son effet allait donner profondeur ct relief a la téte. /liminai en le raclant ce qui entourait le verre et je fis en sorte que Yensemble de cetie zone apparit comme une masse , absrate On regard aa-dessus de "0-189 Terpan econ, 344943en- Co Kans latéte et du verre. Je découvris aussi fmtonlngs: Minchrseot que mes cils avaient joué un r6le ms une oitude de priére. Exroordinairemen! dramatique dans ses dans mon impression picturale. Je 1e8 foie: essences et dons le cha des coulaus, june, gris rouge, le dessin est suggérai donc comme des ombres —_excoe ine ereientnon du ahonlosme de a molocie qu obsadero Munch surT'image.” ant foes vie =i MUSIQUE MILITAIRE DANS LA RUE KARL JOHAN firsuns 11000 024 141Ser- tees ‘Munch, qui se rend une premiére fois Paris en 1885 et y retournera en 1889, affirme immédiatement sa différence avec Vimpressionnisme en peignant la vue de la Kar)-Johan- Strasse, la rue principale de Christiania, oii élabore le motif selon sa sensibilits personnelle ot sa propre vision intérieure, ‘Munch conserve la palette lumineuse des impressionnistes, ouvrant a la lumiére Pespace ample dela rue, mais crée une dissonance angoissante au moyen de la perspective des maisons et des masses des figures. Pour cela il choisit un cadrage cinématographique, avec de grandes figures isolées au premier plan, un grnd epoce wide, rapprochées et coupées sur les leroigede omtrale bords (la femme a gauche, l'homme au haut-de-forme, et le profil du jeune homme qui ressort contre le rouge del'ombrelle ouverte, &droite..), fr" lo Br Horie be contrastant aussi bien avec lafoule ——gitsence dinspraion ente es massée le long dela perspective dese, (es ucies opis fan noe édifices rythmee par les fenétres, décorées de drapeaux et de lo route qu’avec le groupe formé par la cence ll avec le erpaces ides fanfare placée transversalement par jobleos de Munch rapport dla rue. Chaque élément - personnages ou architecture - tend a suggérer 'espace, mais un espace disproportionné, terriblement vide (ou plut6t absurdement rempli dans Certaines zones uniquement...) voquant non pas une atmosphére de {te et de musique, mais le vide entouré d'un silence irréel Ce tableau établit clairement la diversité de Munch, avec son accentuation expressionniste, par rapport aux tolles de Manet ou de Degas, qui saisissent dans la vision de Tinstant le mouvement etla vie de lamue. Car, pour Munch, la tue, le liew de la féte, est avant tout le lieu de la vie, dela vie avec toutes les angoisses et les peurs des créatures humaines qui “éprouvent des sentiments, souffrent et aimert” ui ae lite prio ess sur Lo Rue Mosnier pow tole, 6518] om Munch devon! un me of oyeuse dos fosades vile dv mowvenert deo fue en rents asymétiqus poe LU ‘ ee i Hi, a KS im vie ae INGER MUNCH ‘On ne doit plus peindre des intérieurs, des gens qui lisent et des femmes qui font du tricot, mais des créatures vivantes qui respirent et sentent, soufirent et aiment... Les gens comprendront qu'il y a quelque chose de sacré et enléveront leur chapeau comme dans une église”. Ge portrait de sa sceur confirme la volonté de lartiste de ne plus se contenter des moyens figuratifs de Vimpressionnisme et de refuser le naturalisme. La figure n'est pas au centre de la composition mais légarement déplaceée sur la droite par rapport & 'axe vertical. Elle se dresse, bloquée dans le volume de sa robe, devant un fond vide, comme ‘une apparition, les mains serrées sur sa poitrine, le visage pale, tendu, angoissé. La composition extrémement synthétique, Vaccentuation des traits du visage, atmosphere en suspens, chargée d'inquiétude, tous ces éléments le rapprochent des expériences de Hodler et de Klimt. ‘Mais sa personnalité est trop forte et son travail intérieur trop violent pour quil ne garde pas son indépendance par rapport au Jugendstil. Sa peinture transcende les formes, les couleurs ete style de lépoque pour décrire la douleur du temps qui passe, Vinexorable érosion de la vie. I cherche a rendre cette angoisse quile consume par des touches qui, elles aussi, se consument surla toile comme des déchirures, en utilisant des couleurs a la détrempe, en infligeant des griffures et des blessures au couteau sur la matiére dela couleur et en allant jusqu’a exposer longuement ses tableaux au grand air pour leur faire subir action des agents atmosphériques - une pratique qui n’appartient qu’a lui et qui contribue a donner son ceuvre tun aspect encore plus visionnaire. 1892-Huile soto, 172 1225.m - Oso, Autoportrat sous le 1891/92- Huiesur sa org a el oppor n cede a fanme comme ue ob fatale, Bre alé cu mosque, comm: Sene'sen omit biographe de propos: “Au cous de sa we, Munch reltions avec des femmes, ois 0 il pues sown 3 joe ou gratin, Ps oie’ ofecveuses ow * Cote peur el de sa sr, pourat bier e005 lo Mor mmalade - 1833 - Hule fo, Kommunes Kurs ows ch cv oben LE CRI 1899 - Tempero surponneau, 835 x65¢m Oso, Kommunes Kunstomlinger Munchmuseet Rares sont les occasions comme celle-ci oi on a vraiment Vimpression que la peinture ne stimule pas seulement a vue, mais, réussit faire participer aussi tous nos autres sens, en particulier louie. nous vient en mémoire les toiles duu Caravage, dans lesquelles des visages déformés par un hurlement réussissent & nous faire entendre leur voix, éclairés par une lumire révélatrice; ou bien, plus loin encore, les visions fantastiques de Bruegel, presque toujours enrichies du son d'une cloche ou d'une cornemuse... Munch veut ici impliquer Vobservateur en 'enveloppant dans les ondes sonores qui semblent sortir du tableau et envahir 'espace. Le cial est strié de rouge et de jaune, avec quelques touches de bleu qui dessinent en haut & gauche une forme semblable a un ceil. A horizon, la vague bleu foncé qui entoure une ile jaune sur la mer oi flottent deux ‘embarcations ressemblant a des insectes, poursuit sa course vers la droite et devient verte en s'appuyant contre le bord du panneau. Le mouvement de onde sonore se poursuit dans londoiement dela figure au premier plan, une larve aux tons sombres d'ot sortent deux longues mains qui entourent le visage aux orbites vides... Dans le fond, deux ombres assistent impassibles 4 la solitude et au désespoir de Vindividt... "Un soir, je marchais en suivant un chemin - d'un cété se trouvait la ville et en-dessous de moi le ford. Jétais fatigué, malade. Je me suis arrété pour regarder vers le ford - le soleil se couchait - les nuages étaient teints en rouge, comme du sang. Jai senti passer un cri dans la nature: il ma semblé que je pouvais entendre le cri J'ai peint ce tableau - peint les nuages comme du véritable sang. Les couleurs hurlaient.” Lespoce se des teverlo iogonale du po, souignée pares ignes cu porope et de semble sonrdi tbleou lignes crdulées de fond, dl cil ot de eau pour envaiFespace de Febserater tui fre entendr es —10— agi Kommunes Kanetomlinger Munchmusee! Le tableau repend fo rovrecux animes gu sure fond ordulot ds el raversé de ews eeu, nous regorden! dos yeux exobits des wisoges aunties rempls dongoase PUBERTE 1894. Hue sr tile, 150x 110m - Oslo, Golerie Nationale Munch peint de nouveau une femme, cette fois-ci a 'age mystérieux de Yadolescence, et il met dans cette einture toutes les peurs qui le hantent: 1a solitude humaine, Yabandon et le désespoir, 'angoisse, Ja jalousie, la lutte entre les sexes, la méfiance, laliénation. August Strindberg, dans “La Revue Blanche”, parle de Munch comme du “peintre ésotérique de l'amour, de la jalousie, de la mort et de la tristesse”, Cette conjonction de termes décrit bien Vattitude de Munch vis-a-vis de lafemme, congue comme “fatale”, séductrice et dangereuse, comme ‘une menace pour I'ntégrité de Thomme. Cette vision du féminin naft avec le romantisme et se développe dans la poésie et les arts figuratifs de la fin du XIX: siécle (Klimt en est un exemple évident), mais Munch en est x res gu ‘m-Venne, Grophsche Sommlung side de fis comm silesse gauche I ploce le carpe Spa sans doute I'nterprete le plus tragique. Dans les différentes versions dela Puberté, Munch réalise un mélange singulier d'innocence et de culpabilité, animant le corps de Yadolescente de frémissements subtils et de sous-entendus sexuels ui sont d'autant plus troublants quils sont mystérieux, Dans ce tableau, Munch ne montre ni affection ni compréhension pour son personage :il nya qu'une sensation de peur, de pressentiment, qui, malgré la beauté et la grace de la jeune fille, Wéloigne de observateur (que Munch ne devait imaginer que masculin), quien fait une étrangére, voire une ennemie avec la dureté de expression de son visage, ses yeux au regard fixe, et surtout Pombre menagante qui s’étale sur le mur comme l'aile noire de la mort, fscnanserepousa su de fo femme adie, rebows sul rove de ova —12 La schémo met en evidence la srucive d tobleoy, referring ou cen of Fombre ui pse deve alle defogon menagant fille assse ou bord du lit- 1917 - Hole su fl a -Siocthaln, Moderna Musee. vac des rouges due des mus, qui les fons comes defo igue SE ih LE LENDEMAIN 1894 Hulesurtaila, 15x 152 em - Ol, Galerie Notionale Le lendemain.., le lendemain dela rencontre dont parlent les bouteilles et les verres qui trainent sur la table & Groite, au premier plan, et surtout abandon, Pextraordinaire abandon de la ferume étendue sur le lt, le bras gauche allongé, les cheveux bruns dénoués entourant son trés bea visage. Nous retrouvons dans cette toile (qui est une nouvelle création ’un tableau détruit dans un incendie cen 1886) ce "culte de la prostituée” quiest trés ala mode a cette époque (pensons 4 Toulouse-Lautrec qui leur a consacré de nombreux tableaux et son splendide album Elles) et qui inspire a Munch une série d'oeuvres aux sentiments contrastés. La ligne ondulée semble osciller et caresser les objets et la figure, en les enveloppant dans le trait et les recouvrant avec les surfaces colorées. La ligne ondulée est trés importante dans la peinture de ‘Munch: on la retrouve, ferme ou oscillante, dans la plupart de ses ceuvres. Ici la courbe sinueuse du matelas se conjugue avec celle dela jambe replige et celles de la téte du litt de la table au premier plan, contrastant avec les lignes rigides du buste et du bras. Le matelas forme une grande tache blanche qui monte et qui descend, se découpant sur les tons ocre et roux de la chambre, sur lesquels ressort la paleur du visage de la jeune femme, mis en valeur par lamasse dense et sombre des cheveux. Ceest un hommage vibrant, contradictoire et passionné a la féminité telle quil Imagine et qu'il ne cesse de contempler, Munch insiste souvent dans ses écrits sur sa foi dans l'maginaire: “L'imaginaire sera toujours avec nous - plus il est nu, plus il deviendra inexplicable. Le nouveau mouvernent, dont les signes de progrés sont visibles partout, exprimera toutes ces choses qui pendant une génération ont été réprimées... Tout important aspect mystique de la nature humaine. On donnera libre cours alors 4 toutes ces nuances subtiles qui jusqu’a présent niont été suggérées que comme hypotheses, Une masse entire de choses qui ne peuvent étre rationalisées - des pensées a peine nées qui ne sont pas encore vraiment formées." Musée o Ory. Mu beaucoup dint mes. porta Henn de Toulouse love avec u ochre ou ra, ui sa ire les se Laurec tle port du ‘vec in syle quianonce ante de a mélancoecochée our des masons de onde vous eve lemps, ce quiluio pemis de si, un alum de logrophies, ei son go pour ~B— JEUNES FILLES SUR LA JETEE Entre 1696 et 1698, Munch séjournera a Paris, vivant dans un miliew artistes, professant une grande admiration pour Gauguin et Rodin. One charge diilustrer Les Fleurs du ‘mal de Baudelaire (entreprise qui nira pas a son terme & cause de la mort de l’éditeur); i réalise les alfiches de présentation du Peer Gynt et du John Gabriel Borkmann ¢'ibsen il organise plusieurs expositions de ses ceuvres les plus importantes dans des galeries et au Salon des Indépendants. Cette expérience est une source de vitalité qui lui permettra de réaliser & la fin du siécle une série d'couvres fondamentales dont ces Jeunes filles sur la jetée. Euvre impressionnante par sa synthase formelle et chromatique, et par son lyrisme traversé d'un érotisme subtil Trois jeunes filles se penchent sur le espace de la scéne grice & la perspective de cette demiére qui traverse le tableau en diagonale avec Javiolence d'une fléche. Au fond, une maison blanche au toit sombre 4 demi-cachée par les haies et les arbres, et 4 cété un arbre ala frondaison énorme qui pése sur toute Ja composition. Ise reflete dans le miroir du fleuve, formant une image sombre et mystérieuse. Les trois jeunes filles cdte a céte semblent se pencher non pas au-dessus d'un fleuve, mais audessus d'un abime profond, dans une atmosphére en suspens, subtilement inquiétante. Liangoisse existentielle est toujours présente chez Munch, méme lorsque image parait & premiére vue sereine et détendue, Plus que le sujet choisi, c'est la composition, la perspective, le choix et l'association des couleurs, qui déterminent la signification du tableau. 1899 env -Hule surtole, 136. 126cm- Oslo, GolerieNotioncle Leschémo met en evidence la sacar dela composton du tableau -ypique de Forts - vec ka dagonoe de jee qui coupe la sng, fo ligne Rrizonale dare dv Beue et lu mur, ko gfonde masse de arbre guise refit dans eau, donnant cee demitre une prolondeur imsteieee qui semble ober inésblement es oe adolescents. Deux femmes su lo plage - 1898 -Aographie, 45,451,6em-Osl Konmunes Kunstsamlnger Murchmusee. Dorslo compositonexémemert nique des deux gues sur lo ploge, dine parle ign découpée qui la ~1— séparedelamerlepeireossoc rouge, piel bleu sombre, leble-ver le no erougeet erougejaune cai, btenant des ruta dln qui ne modfien! peut pos le sens du suit. ‘aber leve ni, legrisblevelleexron LA DANSE DE LA VIE En 1902, la Sécession viennoise invite ‘Munch a exposer la Frise de la vie, un cycle de vingt-deux tableaux qui résume les thémes fondamentaux de sa peinture: l'amour, 'angoisse, la ‘mort. La Danse de la vie appartient & la premiere partie de la frise et illustre la lutte fatale entre les sexes. ‘Munch voulait que toute son ceuvre soit un ensemble qui puisse composer une fresque significative. Le dramaturge Strindberg est Yorigine de ce projet puisqu'il concevait luiméme ses piéces comme les éléments d'une ceuvre unique destinée a représenter le destin de l'homme. Pour Munch, |'art s'dentifie la vie, Sa peinture essaie de la fixer, d'arréter pendant quelques instants sa marche inexorable vers la mort. “Ces tableaux qui semblent maintenant incompréhensibles, je crois, quand ils seront finalement réunis, seront plus facilement 1899/1900- Huis sur tle, Galerie Natonole le, 125,5x 190 Sem Leschéno soulge lo sinplicé dy cbleou dont le contour sone enilopperlsfgue de son covolie; de fond, es sihoveres couples enlaces dr 2 Ob allons neue? 1897 Hull sur ss. Vinfvnce de Feeore de Gougumn sy fo pei sure la Fie de a vie, en poral, «plusieurs points communs ue nous on lex deur ceuresofrcatet hime deme de amour! de la mar, mais avec une dftrencefordomentle: e panneou de Gauguin 1 pose, ressemblan ove ie sion du dame personn tole 95x 130en compris - ils parleront de amour et de la mort.” Cette unité n'est pas seulement thématique et stylistique. Munch la veut aussi musicale: “Je ne pense pas qu'une frise doive présenter toujours Cette monotonie et cette uniformité gui rendent si souvent les tableaux décoratifs et les frises effroyablement ennuyeuses, avec le résultat qu'on pourrait presque dire quills sont un genre de peintures qui n'a jamais été remarque. Je soutiens qu'une frise peut facilement étre faite de facon a avoir les mémes qualités qu'une symphonie, qui peut s’élever dans la lumiére et s’enfoncer profondement vers les abimes. Sa force peut étre modulée, De méme, des tensions différentes peuvent se retrouver 4 lintérieur du théme principal, disséminées gaetla comme des coups de tambour...” Ce caractére musical est d'ailleurs parfaitement rendu parle rythme des lignes et par 'ampleur de la structure stylistique et expressive des oeuvres Dans La Danse de la vie, onle mesure dans la structure sinueuse et lone 1894-Hulle sr 1245 on- Cul, Konmune Cloiede ne 18 dansante de la composition, rythmée par les couples aux attitudes différentes, contrastant avec les deux figures féminines isolées aux deux extrémités du tableau. NUIT D'HIVER 1901 - Hullo sur tle Kons Cette peinture montre avec évidence son lien avec la littérature: on y mesure le caractere “littéraire” de art de Munch, ami de podtes tels qu'lbsen, Wedekind... et Strindberg, surtout, 'un des plus fins interprétes de Munch, qui pratique lui aussi la peinture et partage avec Iui une passion pour la photographie en tant que constat du réel et porte entrebaillée sur le fantastique. Dans Toeuvre de Munch, ces deux derniers termes sont en tension constante et se fondent un dans l'autre jusqu’a siidentifier, Et s'il puise des références picturales chez les maitres quill aime (Gauguin, Van Gogh, les Nabis, Denis, Sérusier... et chez les écrivains qu'il admire, illes ‘transpose a travers une vision et une spiritualité trés pezsonnelles plongeant leurs racines dans le visionnaire et le fantastique typiques, du monde nordique. Dans cette Nuit d’hiver, la nature, tout en étant reconnaissable, posséde tn souffle ‘quasiment humain; elle est dominée par une interrogation angoissée sur Te destin de l'homme : le tableau évoque des réves menacants et des fantasmes de mort. C'est pourquoi ‘Munch a une prédilection pour les paysages noctures et hivernaux aux lignes ondulées, reproduisant les couleurs de la neige et du ciel du nord, bleus nacrés contrastant avec les verts sombres et les bruns des arbres. L'atmosphare esta 'attente, la vie guette la mort car “La mort est Je commencement d’une nouvelle vie - Cristallisation -la mort est le commencement de la vie - nous ne ‘mourrons pas. C'est le monde qui ‘meurt pour nous”. —2 rol des monognes LA MORT DE MARAT - | Le théme historique n'est qu'un prétexte pour peindre l'un de ses ‘tableaux les plus viclents. La composition, la technique et le sens s‘accordent parfaitement dans la vvivacité d'un chromatisme a la maniére des Fauves, dans la brutalité dela position des corps, dans Vintensité expressionniste des touches. Munch parle encore une fois, de son obsession: la guerre entre les sexes, En 1898, V'atiste est a Berlin itil commence a fréequenter un cercle de peintres et d’écrivains avant-garde qui deviendront ses amis, Ily a parmi eux le poate et critique polonais Stanislaw Praybyszewski dont les théories sur Ja sexualité - congue comme le fondement méme de l'art et de la vie -; loin de toute conception mystique ourreligieuse, auront une grande influence sur lui. “Au début était le sexe. IIn'y arien en dehors de lui - tout est contenu dans lui La sexualité est élément primaire de la vie, le contenu de l'évolution, essence interme de lindividualite”, Ce “sexualisme” absolu, qui se nourrit d'un amour-haine obsessionnel envers a femme, conditionne la vie et 'euvre de Munch et traverse avec une tension Gramatique les peintures du cycle de TAmour et de La Frise de la vie. Dans La Mort de Marat, la femme nous apparait comme tne puissance démoniaque qui détruit et anéantit Thomme avec une violence incroyable. La figure féminine est droite, immobile, terrible, entre le lit oi git le corps de "homme et la table avec la nature morte, aprés une orgie assassine que laisse deviner le cheminement du sang: masse sombre sur le drap qui se poursuit dans les petites taches rouges qui éclaboussent Parriére-plan. LUArise et son modtle -|- 1919/21 - Hale sur to Karlen leu son vives, fa touche cate inpression de solide inésewe, cet sublle angoise devon! Ferlnce. Secret- 1915/20-Aquarele 35 x50.cm- Collection paral ote @nowiea Fmage dune ferme cide et hai ka fs, tele qul a couleurs fa ache sombre cu ible de Femur mare corgi. Dons ka richer ela ansparence des «org sur la poitine devin signee! iis 906-H ule sur tole, 151 260-Oslo, Kommunes,Kurstsamlinger Munchmuseet 34x 159 om-Oslo, Munchmusset. Munch erprésente uf jour, deri o Figure de son mode avec le vie ve, Munch nous dele dons -B- SOLEIL Munch remporte le concours pour la décoration du Grand Amphithéatre de l'Université d'Oslo, victoire qui lui permettra de réaliser son plus grand cycle pictural, dont ce Soleil fait partie Face a ce tableau, on ne peut sfempcher de penser & Yexclamation finale d’Oswald, le personnage des Revenants d'lbsen, qui meurt en invoquant le soleil dans une atmosphére empoisonnée oit les forces de la vie se sont corrompues. Comme Oswald, Munch cherche ici Ja lumi&re. Elle triomphe dans une vision qui fait penser aux feux @antfice et aux combinaisons colorées du kaleidoscope. Le soleil qui surgit au-dessus du paysage de mer et de montagnes du Skaergaard prend ici une dimension universelle. Les couleurs sont d'une transparence exceptionnelle, comme si elles Gtaient vues sur un écran rétro- éclairé: dans cet éclair de lumiére, dans cette propagation de rayons qui semblent petit petit envahir espace du ciel et de la terre, nous retrouvons la méme volonté de soustraire l'image au temps historique que dans les couvres sur chevalet exposées ensuite au grand air pour tre soumises & l’érosion naturelle, L'éclat aveuglant de la sphére au-dessus de I/horizon et association des couleurs - blancs nacrés, jaunes, bleus, violets, roses, rouges -contribuent & projeter Vimage dans abstraction de Vimaginaire, Dans ce lever de soleil au-dessus de la mer, ce sont les notes de plus en plus fortes et assourdissantes d'une symphonie universelle qui s'élévent, doublant les ayons de lumiére de plus en plus forts et aveuglants qui traversent Yatmosphére comme des lances de feu pour nous atteindre de leur splendeur. Peinture, littérature, musique se fondent avec bonheur dans ce tableau. Munch réussit a rendre, travers énergie de sa peinture, Vidée (nieteschéenne) de I'énergie du soleil, source de vie et de force. Lobservateur contraint de fixer cette source ne peut échapper a ses rayons colorés qui conquiérent la surface de la toile, symbole du triomphe de la lumiére. 1909/11 -Hulle surtle, 4527 Décoration dv mur tontal du Grond ‘Amphihaéire de Universi d Osia rystce sur 37,2x57,2cm- Oslo, Kormunes ‘Munchruseel Munch ste la rend faxped dn re feau dons lequelerfte ine. Cone don Solel io expression de Faron mystique ENTRE L'HORLOGE ET LE LIT - AUTOPORTRAIT “Les tableaux sont mes journaux la fernme et/ou la mort. plus expressive. intimes” aime répéter Munch. Son Munchne se sert pas seulement du. ‘Dans cet Autoportrait, sans doute le ceuvre tourne autour d'un petit pinceau pour cela, mais aussi de pplus fameux, Munch est encore bien nombre de thémes fondamentaux:il _'appareil photographigue. Cette droit, entre Phorloge et le lit, dewx yraconte son histoire, ladouleurde _symbiose entre limage objets symbolisant la mort; derriére vivre et la peur de mourir, ses photographique et!image peinte _—_s‘ouvrel'espace d'une piéce aux tensions, ses angoisses. (quia été pourT'artiste un élément murs de laquelle sont accrochées les, “Je peins non pas ce que je vois, mais fondamental dans sa recherche dela _ceuvres d'art qui ont été toute sa vie, ce quej'ai vu", répéte-til pour nous definition de 'espace et des figures) _Le tableau devient ainsi plus qu'un aider a mieux comprendre cette est visible dans la série autoportrait: le récit du long recherche autobiographique d'autoportraits photographiques parcours créatif de la vie avec son achamée qui consfitue le fondement _réalisés au cours de son séjour dans _mystére, la présence de l'art et de la de son art. la clinique de Copenhague. ly a femme, le sentiment de la mort et du Les autoportraits s‘inscrivent done dans ces photographies, dont auteur _pourrissement, condensé dans cette tout naturellement dans ce dit lui-méme quielles sont “fatales’, _ image intime, plus résignée, plus processus ils ui servent & fouiller au une recherche particuliére de libre, plus paisible enfin que dans plus profond pour découvrirle sens, espace et de la composition ses oeuvres précédentes. "Tout ce lesecret de'existence, seul oubien laquelle le personnage est toujours que jai a donner, ce sont mes accompagné de ce négatifinévitable, _situé de cdté pour rendre Image tableaux: sans eux, je ne suis rien” igi tans que ot éignée devant fe Munch passe es de sure et eprenant le comp moison désere. la gure ondoyont sure 0 en touches rapes; tn vioge et ons "UN CRI QUI PASSE DANS LA NATURE” Eoivara Munch se confond avec son ceuvre; une couvre qui con- tient et révéle sans pudeur ses émo- tions et ses états d’éme ; qui se nourrit du plus profond de Yexpérience pour xévéler sur la foul ou sur la tole sa ‘propre vérité, Outoutsimplementpour décrire la misére humaine, un destin fait de douleur et de colere, d'angois- ses et de joies, d'amour et de haine; bref, la vie qui contient la mort. Ses sujets et ses thémes ont une dimension totalement privée, intime. Les signes etlamatiére servent a libérer le peintre de ses angoisses. Maisie hurlement quiexplose dansses toiles, qui retentit et qui se répand comme un écho violent, posséde une dimension existentielle qui conceme chacun de nous. Mieux encore, T'angoisse mortelle que l'artiste porte en li, pri- sonniére de ’hermétisme d'un tempé- rament réservé et solitaire, tacitune, s‘évanouit devant la lumiére qui, ‘comme un filtre, absorbe les phantas- mesde sa solitude, Devant un art quise colore toujours de poésie. “Jai commencé comme im- pressionniste,maislorsquelestourmen- tes iolentes et les vicissitudes de 'épo- que de la bohéme arrivérent, limpres- sionnisme ne ma plus sufi. Je dus MUNCH ET SON TEMPS SAVIEETSON GLUVRE EMISTORE Tees ivard Mancha ite en Novig, Je 2 cecombee fis dun madonna Semére mur do aberolos& Chita (asad Oslo) of es parents est isa Ta Nowge sou ligne dela Convention do Mose quitabit union personnel aecla Sue, le patoment (Sorting) ou eopendant ue eatin indépendance, Proclamation dela bert des acne uxt pale pésidotAbratan Lincoln Convention tae ert a Prose tis Rose ‘apéion de. Garior on inoctine (Cestion du Trade Uien Congress en Arete oud Delacroix JAD Inge be Ben ure 1s Dajeaner sr Perbe de Marti eandale au Snon do otis H ibten LesPstendnt ie Couronne Morte Rossi Naisence de Goss J Bevel Wester: La jeune le en Blane 1880 reese Leiegolines de la Fey allan an a edna split” at de devenr agli, Prone guase des Boece ex Atiquo du Sod ‘Le groupe natalie de Zola pablles Soles. Aécide dese consacrer ala punt avem Genrer conoles Angus Metin endl alBzoe Foyle de dese PM, Doser :Les Fees Karamazor 1882 Miarllesculadiecionde Chietankichy et ProgromeantjlfenRasse Mor de Charles Darwin ‘les come del Reams eles deMozim Cage conomigue en rarce Tate dG Bagie Tok Adega bac dela uberooe Wagner: Parsi Degas: Les Repasseuses Elbven ies avonete 1885 Promlor séjour da wee semaines Paria Inwoducton du ystime prlemainir en Norrige Morte Victoc ago ‘commence Ean malede, Le endemain Pubene Fondation du Congrts Nadel inde pour feprieenferndefacea'Angeere ‘Vaecin contra rage do Pasour Voran Gogh es Mangers de pttes C.debacpassat Berk Bs Soreean Le Docu let ye ‘Pronlreexpsion dus ¢ Chia. et de sn pire nacre Eibede iar Laon Somat Feria Fade crise ostngisto on Franco Exposition Univeral ere ator Biel Pais Fonditon dela nterstinsie. .Ganguin: Le Grit jane Nateenoe do enn Codtonn HE Bergeon :Essalsurles données immediate de Inonsance V891—sdjounedParset2Wce pei Meancole —_Lepapeldonilpubleencylqu ovsla ‘Morte GSeuratet 7K Rimbaud Ronan nora 0. thse: Le orate Dora Gray Ceestice do UsonPangeraniste ‘Handy: Tess Uberile epeeumatque iicbesn 1. Grol conmencela cathe da Segre Fria Seen 1892 partkipodYerpoction dls Société despeinres_Seunale du Canal de Params .Cézaone fours de cartes banlbls Viele cortesaons sift fener Expansaaniems belge 4 Congo M.Masarek :Pelew et Maeande Foxpeation. Leacendsevenduneh eee en Fondation dela Premiere carson a Manich —-‘Lesncealo Palas ‘lemagne 1893 ost ASorincidéquenelomilioudelzrovue Fondaton Far Teaalineindependasi4 Zola termine sce RougorMacqurt avec Pan Lodres, lcs desliguescuséos conto a farina on Sete’ Te Docteur Pesce, .Goaned: Rguiom Vert: Faltat essayer de traduire ce qui agitait mon esprit. "Munch peint alors. L‘Enfent malade avec une sensibilité exacerbée quiconstitue une provocation contre les idéaux naturalistes de lépoque. DE LIMPRESSIONNSME ALUEXPRESSIONNISME Crest au contact de at parisien que son expressionnisme va émerger de facon éclatante, aprés quill eut décou- vertl'école pointilisteetla peinture dy vécu de Van Gogh etde Toulouse-Lau- tec, et effectué avec Gauguin un retour symbolique vers le primitif; méme si, comme le fera remarquer plus tard un ami berlinois de I'artiste, ‘Munch “n'a pas besoin d'aller & Tahiti pour voiret sentir ce qu'llyade primitit dans la nature humaine. Sa Tahiti la porte enlui”. C’est ce que confirmeles pages intenses de son Journal, rem- plies de T'incandescence de ses années quatre-vingt. Le 22 janvier 11892, il écrit: “Je marchais sur la route avec deux amis, le soleil se couchait,je sentis comme une boutiée de mélan- colie. Le ciel devint soudain rouge sang. Je m'arrétai, mappuyai contre le parapet, mortellement fatigué. Je vis Jes nuages flambants comme du sang etune épée. La mer etla ville d'un noir 1894 saieosos premier tog ‘epeeident adi Canc assed parm 1, do Tulse taurec: Ai Selon de ru de fortes Deatane ls tud sarchite tain souls [Mhaguphie en couleur Debs do Atte Devt (Debus: Pride 3sprés mi dun aune Mortals ter Alexandre Nicole isiscoide King’ Le Livre de ong Dacosret i microbe Se peste 1902 Apenoarapteroavoc Ti Laren eum prods LaMormige ale sutage nierel depuis 1698 ——-MortdE Zola dedépreston expose aenatetalocumele Liaise dtacho dla Triple Alar paix 15 Gio mmoralite age de sie (2 abeaun 28ers accord dene aveclnFrance 4 James Les les dela colombe Fela seconds Guerre ee oersen itqve dud 1906 calaeleeagustes doe clcors dos Revenants Hank Vilvurle mca de NarvigedepuisYanede _Piaseo commence Lee Demeiles @AMignon tdo Head Gabler etoven precedente arte la epureavec i Subs Mord fven Fabebaton dre on race P-Cine!:Partage demi Expo @erchaen au Groerend 1 von Mal: es Détarrols de Pelee Tixess 1908 pelt Macon ctourer dune, promiore mova Constiaon dls Tipe Faoato Bonsai contre our {anc seria cosserée az mondedelincinie, URatiche eanexe a Somneterobgvine Kandi Peysages tour Depression servene& Copentagae occ ‘MC ‘Uneconeeson >oepulse ‘lit expte Le Buse la Kuntase de Verne ELL Pound: A lume Spero 1909 eetunecn awige Leonmanceauaailer Traiéitlorusse sures Balkans M, Chagall Ma Pande aur gens nos ‘ar aades post a peintares mae de Févoes anarenstes Baresone {GApolitel'Encantutpoursant Ushers Ono mies on concoure qe omouvemant "ounce Turce"aupouviraracle ‘Le Dosarir Routseau: Miso rspirant pote sggnera e180) stan Metre V 1916 Serpeinsessontfinalonin migeren pace 1 MorideerpercurFianoisjoseph@'Autiche 6, Freud: Introduction ala Pychanayse Unmet (ede Saad) Lachteserasaos& Ula decir ln guere Tlamaone F atta: La Métamarphose ual. pres dio tee rangi retornent le forte de Verdun Mort dUabert Boccxn! ‘TTeaa fond le dads 1980 esticine une rote dunvaieens sanguin nile Sens empereur @Bnopie Beal :Liage dor ‘oa droit qui empéchepatelement de Finda coup dat de rio de Rivera en Erpagne | Cote :la Voi huraine ‘evar pendant psi esnes eppeesiesion de pnnigues spat de [Pras Ceseieom improve etyione ‘Matava: Les Bans 1937 Qunrwingtdeux de aos cere aot sain dans lnddpendarco dean du Sa, Be (Gueraies de Pease expe Pais Jeveoletns oils lemandes etmontéor Wa qattela Sod des aon apeela Mae (ine [Exponion "a'r daginareorgenave pat sonqutie de Absa ‘.Cames: rversetFeadroit leroqine nach Départdu voyage bis lac Sodow [Renate Grande lain Eiviatice La ode persane 1940 Lieguotoues soe numer renees omen “imisice de Compibgne gu dice on dala 1 Beton: Anthologie de Pamour nie pestsslontlavile @ Ost Iretvetostcotat_ France de Fae EM Hering: our qu somal gs lee oveupents lands tle goaversomen Le clare la guero la rence tala § Dakcommence la évurrecton dels chat apiece Grande-retagne Mor Rie 1946 eure? janiord Eka ‘Déburqemen dos Alison AtiqueduNod,en JP Serve: Husclos Iie en Normandie Ame Rouge ex Plogne (Cntr-fesineaeande es Ardent {aaalparte:Kapatt Sud Enensteln rane Terie Gisele Couple ~3—

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