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RAPHAEL REGARDS SUR LA PEINTURE En vente un jeudi sur deux -N'15 ‘Edaé par. Editions FABBRI, 11 ‘Boulevard Emile Augier -75116 PARIS ~ Tel: 45 20 26 78 Directeur Directeur Editorial Gespare De Fiore ‘Giuliana Zuceol: Bellantont Rédaction Isabella Ascoli PROCHAIN NUMER ‘Textes ‘Marisa Bussolino Giovanna Bergamaschi ‘Renata Cogno Angelo De Fiore Uatiovica Mogisoall TOULOUSE-LAUTREC Gospare De Fiore Maquette Mies Mace ‘Cesare Baroni (Direction artistique) Paolo Cajell ‘Socrétaire de rédaction ‘Traduction et Table 13 Caramel ion at Table chrenelogique Cosaring Caramel ‘Aeexses-vous ¢ REGARDS SUR LA PEINTURE ‘Bacever dvectement chez vous REGARDS SUR LA PEINTURE au prix bloqué de 25 francs le Seer pour | ensemble do laeallecton. 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Bosio Diretour dol publestin: Luciano Bosio Innprims en Hale par Stotalmento Graco Gruppo aitorale abbr SpA. - Mien Dastnbution on Franc: NMP Depétlégal dome vimesue 198, N ISBN 2907745.23.9 (© 1988 Gruppo Eatorile Pabst, Boman, Sonzogno, Bas Sp.A.- Milan (©1986 Batons Fabbri pouréditon framgcise ou sre low servis Enachotan! chaque lesclcule de Ragards su le peinture ches méme merchand dejoueuxet en ‘servant Yavance le munéroculvan, vous nous falitore la precision dela dlouibuion ot srox ote (ate immedictement servis, Photos Salo Florence: couverture ot pages, 15 18-19, 29, Pourles cutee photo: Archives da Gruppo Baleriole Fabbri ln Son esprit repand partout ordre le plus absol, ue h moni qui enchante.” (Eugéne Delacroix, 1830) APHAEL “Vendredi Saint a trois heures du matin’ de année 1483, Ra- phaél, fils de Giovanni di Sante di Pie- to - dont le nom dériva en Santius ou Sanzio - et de Magia di Battista di Ni- cola Ciatla, nait & Urbino, sous le 18- gne du duc Guidobaldo de Montefel- tto et de la duchesse Elisabeth de Gonzague. Le jour, un vendredi saint, et Vheure sont ceux que donne Vasari dans sa Vie de Raphaél, une vie dont il veut démontrer dés le départ qu'elle fut miraculeuse, 4 limitation de celle du Christ, tant Yantiste était pour Tui sublime et divin. Cette version mythi- que n’eut guére de difficultés a sim- Autoport, 1506 Florence, Gi Of poser et & marquer linterprétation de lavie et des couvres de lartiste. Mais au dela du mythe, il faut reconnaftre que Raphaél a quelque chose de miraculeux: sa précocité, ses progrés, la complexité de son art sont Temarquables. Chacune des ceuvres ‘qui couvrent ses vingt ans de création est tune nouvelle découverte, vingt an- nées qui constituent, selon Heinrich Wolffin, ta “créte fine” d'un siécle qui fut a la fois celui de la naissance, de la crise et de la dissolution de la Renais- sance humaniste et classique; et celui de la triade inséparable et fondamen- tale - Michel-Ange, Léonard, Raphaél Bust d forme, 1504 en, -Probablement un dessin réporoove oun patra desi, comme | lesuggere Furl -Lonckes, rish Museum, = dont les confrontations réciproques marquérent histoire de 'art et dont le plus jeune, Raphaél, représenta la syn- these et 'achevernent. Raphaat grandit done a Ur- bino qui est un centre encore impor- tant, mais non plus essentiel, de créa- tion artistique, et dont le meilleur art- ste est Pietro Perugino, dit Le Pérugin, qui zegoit des commandes de toute FOmbrie, mais aussi de Florence ou de Rome. Le pére de Raphaél est pein- tte, lui auss, la cour ducale, Méme si son talent est beaucoup plus modeste, {Ui sullt pour remazquer le don ex: traordinaire de son fils, et c'est proba- blement en 1494 qu'il le confie au Pé- rugin; dans la méme année Giovanni di Sante meurt, Raphaél n'a que onze ans. a perdu sa mére en 1401. Vor- phelin vit dans atelier du mate. Vers 149, il collabore avec lui au Rétable de Santa Maria Nova de Fano, et en 1500, il cbtient avec Evangelista de Pian di Meleto la commande du Réta- bile de Saint Nicolas de Tolentino pour Ja vile de Cita di Castello. Veeuere fut démembrée et nen reste que des fragments et quelques dessins qui rontrent que le projet fut entiérement congu par Raphael En quittant Vatelier du Péru- gin, le joune homme se met & peindre pour les centres ombriens (Couron- nement de la Vierge, Perouse; Crucifi- xxion Mond, Citté di Castello) jusqu’en 1804, date du Mariage de la Vierge ot il trouve enfin sa maniére inimitable Das tors, Yombrie ne lui sult plus. Vasari nous apprend qu! “ayant entendu célébrer par dim menses louanges le carton que Léo- nard de Vinci avait fait.d’un groupe de trés beaux cavalier [il sagit de la Bataille d’Anghiari pour le Palazzo Vecchio}... et parsillement certains nus bien meilleurs fats en concurren- ce avec Léonard par Michel-Ange (la Bataille de Cascina, pour le méme commanditaie.”, Raphaél décida Galler a Florence. sy rend moni d'une lettre de Giovanna Feltia della Rovere ressée au gonfalonier Pier Soderini fe porteur de cette missive est Ra- phaal, peinte d'Urbin, qui stant pro- fondément engagé dans son exercice, a choisi de rester pendant quelque temps a Florence pour apprendre Crest un jeune homme discret et gen De tous points de vue, je aime extzé- mement..”. Mais Faccueil de Soderini Vest pas aussi chaleureux, et les com- andes publiques n/arrvent pas, Flo- rence lui offre cependant Yoccasion de pénstrer au coeur de Ja culture arisique italenne puisque Léonard et Michel-Ange y travaillent, paraléle ment a d'autres grands artistes com me Ghirlandaio et Fra’ Bartolomeo. Raphaél observe et fait trésor de ce que chacun peut lui apprendre Léonard, la fusion des couleurs et Vim- mersion des figures dans l'espace; Mi- chel-Ange, le mouvement et les cons- tructions en spirale ou pyramidales; Fra’ Bartolomeo, la majesté des figu- res, Ie sens de la grandeur des com- positions, Ilest sociable et affable - un ‘ait de caractére qui ne changera ja- mais - et fréquente la communauté at- tistique tout en continuant a travailler en se partageant entre Florence et VOmbrie. Pour ses commanditaires ombriens, il peint le Rétable Ansidei, le Rétable Colonna, la Déposition Ba- aglioni, Pour les florentins, la premiére série de ses Madones: la Madone Connérable, la Madone du grand-duc, Ja Madone du Belvédére, la Madone au chardonneret, la Belle Jardiniére, et quelques portraits, dont celui des époux Doni, les commanditaires du fa- ‘meux Tondo de Michel-Ange. En 1508, sa réputation lui vvaut d’éize appelé a Rome par Jules I, ui lui demande de peindre les now- eaux appartements papaux rempla- sant ceux habités auparavant par Ni- olas V. Il termine la premiéze Stanza en 1511, Cesta Chambre de le Signa ture avec les fresques de la Dispute du Saint-Sacrement, Ecole d'Athénes, les Décrétales et le Pamasse, entre: prise suscite un tel enthousiasme que Jules décide de faire effacer les fres- ques de Piero della Francesca et de Signorelli pour que Raphaél soit libre de créer comme il l'entend dans les autres Chambres, De 1511 4 1514, i travaille a la Chambre d'Héliodore ot il réalise la Messe de Bolsena, la Déli- vance de Saint Pierre, Héliodore cchassé du temple, Léon P* arrétant At- tila aux portes de Rome; la derniére Stanza, Celle dite de l'Incendie du Bourg, est terminée en 1517, gréce & Vintervention de ses apprentis, En 1518 et 1519, c'est au tour de la Loge de Psyché pour la Farnésine d'Agosti- no Chigi et des Loges Vaticanes, aux- quelles Raphael, surchargé de travail, re met pratiquement pas la main, tout ‘Ange aux bas lev, 1510 ens - Ede pour le Carlo dune des mosques de coypoe de lo chapel Chigide Sointe Mace du Peuple 6 Rome, fen surveillant de prés l'exécution de ses projets. Depuis 1513, il est en effet chargé de la conservation des antiqui- ‘és romaines par le pape Léon X qui Ini confirme V’estime et la confiance de son prédécesseur, si bien que ses der- nigres années sont un tourbillon de travail et de relations publiques. Paolo Giovio écrit a ce propos: “La grande intimité avec les puissants, conquise avec une attitude faite de civilité et de ‘courtoisie, lui procura autant de re- nommée que excellence de ses ceuvres..". Une intimité qui ne se transformera jamais en un hommage servile ou de ladulation, comme le montrent les portraits de ces puis- sants, dans lesquels l'oeil du peintre ne peut s'empécher de juger et de te- nir compte de la réalité naturelle. Une masse énorme de tra- vail, donc, qui nest pas sans consé- quence sur la santé de Y'atise, bien plus que ses amours dont on sai quils furent nombreux et intenses méme s'il Wexiste aucun document pour nous pemettre identifier ces femmes dont fut "és amoureux’, ni celle "a rée jusqu'au bout, selon les affzma- tions de Vasari (la Femme voiléo, la Fornarina?). Cet immense travail fut toujours abattu avec une grace et une sérénité qui semblent rier la fatigue et les difficulté, ce qui entretint Vidée de la nature “divine” et “sublime” de Tart de Raphaél. Une réputation méritée par a variété de son répertoize qui déploie sur les murs des palais et les rétables des églises beauté, perfec- tion et harmonie avec une intelligence aristique et une capacité de compré- hension des ideaux humanistes qui resteront inégalées. Aussi la fagon dont il dirige son atelier est révélati- ce de la personnalité aristique et hu- maine de Raphael: ils entoure de per- sonnalités remarquables comme Jules Romain, luca Penni, Perino del Vaga, Polidoro de Caravage auxquels il con: fie de grands travaux quill survelle avec discretion Malgré la grice de sa veine inépuisable, Rephaél est lui aussi mar- qué par le temps et la fatigue. Dans son Autoportrait avec le maize d'es- crime de 1518 (Musée du Louvre), Ra- phaél apparait avec la barbe, ses Tongs cheveux séparés par une raie au milieu, une expression mélancolique et douce. Cette image est bien différente de 'Autoportrait de sa jeunesse, Celui du Louvre annonce en quelque sorte la fin, la sienne, mais aussi celle de son monde. En effet, le réve universel de Ju- Jes Tl est en train de sffriter face a la puissance et la volonté d’hégémonie de Ja France et de Espagne. Quant au ré- ‘ve humaniste de Raphaél, il se révele ‘une illusion incapable de contrerla cr se artistique qui s'amorce avec le Ma- rigrisme; une crise prévue, voire pré- parée, par Michel-Ange. la Transfiguration (1518-20) est Vexpression du malaise de R phaél, de la peste de ses certitudes, Cette ceuvre lui appartient dailleurs entigrement: a la différence des au- tes, il la peint seul, sans personne de ‘son atelier (ce fait est confirmé par la restauration), et invente une composi- tion inédite pour lui, sans perspective ni symétrie, mais baignée d'une lumié- re nouvelle, une ‘lumiére violente, dramatique, qui donne beaucoup de relief aux figures et laisse des zones dans une trés grande ombre..". Liom- bre et la lumiére qui, selon la tradition populaire que Vasari a faite sienne, se seraient manifestées la nuit de sa mort, lorsque " le Vendredi Saint, la muit, & farrivée du Samedi, a trois heu- res, mourut le gentillissime et excel- lentissime peintre Raphaél d’Urbino, avec douleur universelle de tous et plus grandement des doctes..” (lettre de Marcantonio Michiel). Dessn de intrude Parton dea chops Chigide Sine- Mari du Pup quit réosée vers 1515, LE MARIAGE DE LA VIERGE Dans ce tableau, Raphaél reprend les motifs dela Remise des clefs du Pérugin, dans atelier duquel il s'est formé, et les transforme selon une nouvelle idée de l'espace, née de la Renaissance, qui implique la participation de observateur. De quelle fagon? Dans la Remise des clefs, le Pérugin dispose ses personages en ligne, frontalement, a gauche et a droite des protagonistes situés au centre, Cette disposition axiale est soulignée parla présence du petit temple octogonal avec quatre portiques, placé en haut derriére les personages, et parla perspective centrale: le résultat est Lléganécliiee ‘ciognal pln central on! evalune ocupe presque o mols de lo scene, nes pos en un élément ‘orciecturlrepris des caunes de son nae, le Pangin i Remize dos das le Movioge de Ja Verge): une cotshuconoiene et hormonieue au on rnoweoy, presque rele vec ses seie ‘bs, sude en dun grand exo, av bou! del perspec

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