You are on page 1of 25
Chapitre V La suffixation : Noms et Adjectifs Un processus fondamental On désigne sous ce terme de suffixation tout ce qui a trait a la dériva- tion de mots construits par ajout d’un affixe a la suite de (on dit aussi : droite de) la racine ou du radical. Propriétés générales des suffixes D’oi le nom de suffixes donnés a l'ensemble, important, des morphé- mes susceptibles de correspondre A ce fonctionnement, et dont on rap- pellera d’abord brigvement les Caractéristiques essentielles : ~ ils n’ont aucune autonomie linguistique, en ce sens qu’ils ne peuvent apparaitre seuls dans une phrase ; ~ ils ont une interprétation trés générale, mais repérable dans |'inter- prétation globale du mot construit od ils pparaissent ; ~ils ont la propriété tout & fait particuligre de déterminer V’apparte- nance catégorielle (c'est-a-dire « @tre_un » N ou un A, etc.) du mot construit résultant. Chacun de ces points néanmoins souléve des questions qui vont étre reprises au fil de ce chapitre, Critéres de classement des suffixes Si Vexistence de suffixes dérivationnels ne souléve guere de discus- Sion, et est considérée comme nécessaire 4 la description du frangais, et des langues Tomanes, il n’y a plus du tout le méme accord des lors qu’il S’agit d’en dresser la liste. Boras, 64 he 7 Car les principes de repérage de ces suffixes sont hi mement admis, tout comme les dépendent étroitement, On a déji 2 Mpa t mentation, et 4 8 de suffixes t Proposées différent selon la hiérarchie établic cipes de classement possibles. : (On peut en effet ranger les suffixes t ~ selon leur origine : c’est le choix de K. Nyrop dans sa Grammaire t historique de la langue francaise (tome 3), qui disti latins, eux-mémes séparés selon leur formation Popt des suffixes d'origine Gtrangére et ~selon leur capacité catégorielle : c'est ce que propo: (1962) et ce que font souvent les dictionnaires ; ~ selon les radicaux auxquels ils peuvent s'adjoindre ; ~selon leur disponibilité, ou leur productivité, dans le francais @aujourd’ hui ; ~0u tout simplement par ordre alphabétique, comme le fait Le Petit Robert ! dans sa demiére édition de 1993. f Evaluation de ces différents critéres En fait aucun de ces principes de classement n’est vrait ble, sauf peut-étre I’ ordre alphabétique — encore que Taisse pas complétement déplacé dans un dictionnaire.., En effe . * Parmi les suffixes d'origine latine, le type de formation, populaire ou ‘useux/euse — infectieux, spongieux, délictueux, torrentueux savante, n'est pas négligeable, dans la mesure ot |'on peut observer des suffixes ayant une origine latine commune, et de ce fait des carac- ~ mais certains suffixes peuvent apparaitre aussi bien aprés un radical téristiques proches, et néanmoins des formes sonores et graphiques Populaire qu’aprés un radical savant, tels : distinctes en relation a leur mode de formation différent, par exemple : Dubois etracaire dun radical savant quelques suf- » alors que Vinverse ne semble pas liscordance » est marquée par la présence dun ure pelure, cor Formation populaire |< Latin > | Formation savanto Air /-oire _grator, balangoire,conseratote,difamacire er vars “aire é | = om a i * La productivité des suffixes ne peut étre non plus négligée, méme si # cette notion est utilisée de fagon pas toujours uniforme, pour désigner ain /-ien pans, Es a aussi bien leur rendement respectif dans l'ensemble du lexique Sie istques des racines, popolalces ou savan contemporain, que leur capacité & former de nouveaux mots. ‘ment déterminantes, dans la mesure oi! certains adjoi- gnent qu’a des radicaux populaires et d’autres qu’a des radicaux ~ Ainsi, avec plusieurs savants, selon une répartition assez stricte. nombreux que les mots en i ea er mots en ~ion sont-ils bien plus Qui ne dépassent gure la centaine fe BR Remar e rendement de quelques suffixes 4 | itesnseaes)_| Scitvour, protessveur Saitice, cantatrice [[gravrour euse N [a “ment Nm \" (.prést) \ * | | eicenment = é t complex arriver que des suffixes dont on avait noté le : ea my ~ \ eeicemmat \ on edeviennent ullérieurement productifs sous I'effet de causes la ie N I [ Ee a \ diverses. aire: i f vie Nt W * downtertie, laikerie «La facuté des suffixes a déterminer I'appartenance catégorielle du Ez A z i 4 mot dérivé dans lequel ils apparaissent est souvent considérée i + flattrevrie, reverie comme le critére de classement le plus évident. A juste titre sans " a6 Nt 15 | > \ Lees \ dowe, car il agit en effet d'une propriété essentielle par rapport aux 5 = + _| precootine, varsite ries. Mais ces aussi le point & propos duquel les analyses diver- eat de fagon persistant, et ob les difficultés sont réelles. On y ankuret reviendra plus bas. dictat+ure, conject+ure précoc+itte La présence d’un tel joncteur morphologique est assez réguliére en cas de réitération de la suffixation : + Le suffixe -bl(e) / -bil- Ce sont ces considérations qui perme ‘ment a une présentation établie, Ie -a- ment ce suftixe d' Adjectif, comme dans avancer que, contraire- - qui précedent couram- a+ble Incorrupt+ i+ ble +24 ble admiss + ible ne font pas partie du suffixe ; ils doivent plutot étre considérés comme des éléments de liaison (voyelle thématique ou joncteur proprement dit) entre le radical et le suffixe, et leur forme dépend de la nature Populaire ou savante du radical. Sans doute, ainsi réduit a -bi(e), ce suffixe pourrait sembler en contradiction avec la structure monosyllabique qui vient d’étre propo- sée comme caractéristique des suffixes du frangais moderne. Mais il n’en est rien, comme le prouve la forme -bil- qu'il prend obligatoire- ment dés qu’il est lui-méme suivi d'un autre suffixe : fatig+ a bilti+té amiss + i+ bil+i+té La forme du suffixe est donc et la réduction de -bil- a -bi(e) en fin de mot, par chute de la voyelle entre les deux consonnes, résulte dune régle de phonétique historique qui explique par ailleurs certains doublets populaires / savants, tels que : table tabul +at+ion rage régul + at+ ion es Noms et Adjecis histor rier i te Dermiss Hiv +i4te [La question se pose alors de savoir quelle est ta forme qui peut ou doit étre considérée comme premitre par rapport autre, qui en serait par des regles prédictibles. Cette question n'est pas sans construire un systeme de regles mor- dont’ application pourrait étce automati- mudrait sans doute considérer comme et non accentuée, dont la forme finale et imple jeu de regles phonétiques réguliéres en frangais, et notamment : la nasalisation d'une voyelle suivie d'une consonne nasale (comme dans afric+ain (&}), et la modification vocali- ue en rapport avec la syllabation et 1’ aecentuation (comme dans tem portel), e dériverait par Des suffixes homonymes ? Si ’on T’on peut, grace & la reconnaissance de V allongement thémati- et des principes de segmentation plus stricts, proposer ainsi une liste de suffixes plus restreinte et plus homogtne, une description syn- chronique ne peut éviter de poser quelques suffixes homonymes, en c ‘ils ont des formes sonore et graphique identiques, mais qu'il anmoins de les distinguer, compte tenu de leurs différences de fonctionnement et d’interprétation, eat: azembl + 9ge, doubl + age. lav+ege feull+age, ombr+age, escav + age, vew +age En outre dans Ie premier cas, le suffixe -age est terminal, et aucut ; autre suffixe ne peut Ini succéder ; dans le second cas au contraie, les termes suffixés peuvent étre parfois le point de départ de nouveaux ; dérivés, tels ! ombrag+eux, ombrag+ er excavag+ite ¢ I semblerait donc plus satisfaisant de considérer qu’on a ‘ici deux 3 suffixes différents et homonymes. on l'observe ape 3 aussi bic que savants, avec une int interprétation ‘Hobalemen ent instrumentale ; SSS ymme le fait voir un examen rapide des tableaux propo- sés, les saffixescatégorseurs de No joms sont reconmus, et admis (@ un ans doute & l' ambiguité des critéres Y Adjectif. que en genre (une forme pour le masculin, went considérée comme décisive, mais elle ains adjectifs (dits pour cette raison pas. yu'un article, alors etsi un méme dérivé peut svivre aussi bien un Nom qu'un article, i on T'analysera tantox comme un Adjectif, et tantt comme un Nom: des produits (pétrolierslg, un [pert an “est ainsi que procédent les dictionnaires, et ordre dans lequel ils propeeca cous oubleapparenance categorie Spend snout de It i Gate d'apparition de chaque emploi, mais parfois aussi de leur fréquence. : (On se trouve ici dans ces zones d’interférence entre domaines lin- aguistiques différents qui ont été signalées des le premier chapitre. Mais cette question de la délimitation des frontidxes, qui n'est pas chose aisée, est en méme temps suffisamment importante pour qu'un chapi- ‘ze spécifique Ini soit consacré en fin d’ ouvrage. L‘interprétation des suffixes “interprét 's mots construits n'est pas ts bien présentée dans ies ictonnaies, Et les défniuons proposees ne laisseat Pas toujours bien voir ce qui est d’ordre compositionnel et résulte de la mise en relation du radical et du suffixe, et ce qui touche & la capacité de déno- tation du mot ainsi construit, et qui est davantage d’ordre socioculturel. On peut néanmoins distinguer quelques grandes interprétations et les différents suffixes énumérés servent & former ~des noms d’action : — des noms d’agent : eur /-euse, -eur /(frice, -eur /-or + esse See om oT same rs Se Rage or ion : Noms et Adjectits ~ des noms impliquant un résultat ou un état résultatif ~ des termes impliquant un rassemblement ou une réunion “29, aie = des noms abstraits esse, ame des adjectifs ou des noms impliquant une relation ou une propriété, ‘en rapport avec le radical “ier -ire,-ain J -ien, -el al, if, aire, que, “ste On ne peut expliquer ici en détail toutes ces interprétations, on se contentera donc de quelques commentaires sur des suffixes particulit- rement représentés dans le stock lexical du frangais moderne. Interprétation des suffixes les plus fréquents + Les suffixes -age, -ment, -ion Adjoints & des radicaux exprimant une idée verbale, ils servent & cons- tmuire des Noms d’ action en relation & ces radicaux verbaux, mais sans @tze cependant interchangeabl Les suffixes -age et -ment s'adjoignent en effet & des radicaux de type populaire, tandis que le suffixe -ion suit des radicaux de type savant, et plus précisément des formes thématiques. De ce fait les mots en -ion ont souvent une valeur d action envisagée ‘comme étant ou devant étre accomplie, que n’ont pas les mots en -age ou en -ment, Ces deux suffixes n'en sont pas pour autant totalement synonymes : le suffixe -age implique davantage l'effectuation de ce qu'exprime le radical verbal, & la différence du suffixe -ment, qui indiquerait plutst tun résultat acquis. Ces différences d’interprétation, qui ne sont cependant as toujours perceptibles en cas de doublets, correspondraient, selon wre = abriy ‘ebong Tron, ae vat Fever Re en Le morphologie ee 3 Dubois (1962), &emploi ransitif ou intranstif du verbe tenant lieu récteoe rolement lavage laveren. Dlanchissage blanchissement blanchiment gage lenciguement emborage embottement + Le suffixe -eur Masculin, avec ses diverses variantes de féminin, il sert & former des Noms d'agent, quel que soit le type de radical auquel il est adjoint. Ces. ‘mots en -eur indiquent donc essentiellement celui qui effectue vrai- ment ce qu’indique le radical verbal, et servent surtout a désigner des humains, hommes ou femmes, envisagés dans leu sont employés alors soit dans leur forme de masculin, soit dans celle de feminin (qui n'est pas toujours possible, apres certains radicaux savants, voir le corpus commenté dans le document 5) balay +eur /-+euse, blagu+eur /-+euse, jou-+eur / +euse, pay+eur /+euse, tit eur / +euse accusat +eur / accusat+ rice, défens + eur, profess+ ‘Mais ils sont aussi de plus en plus utilisés pour désigner des machi- nes, envisagées dans leur r6le d’agent effectueur : + Le suffixe -ier /-itre A la différence du suffixe -eur, ce suffixe, adjoint surtout a des radi- caux nominaux, sert a désigner ce « dont Ja fonction est en rapport avec » ce qu’indique le radical. Du fait de cette interprétation, les mots en -ier/-iere servent & dénoter des entités extrémement diverses (humains aussi bien qu’objets), mais repérées par leur seule relation & ce qu'exprime le radical, D’o la pluralité fréquente des sens réperto- riés par les dictionnaires, tels : pétrolier: navire concu pour le transport du pétrole , industriel lié aux socites pétroiéres jardinier/ ire : personn jardinitre: 1. caisse af 2, mets composé d'un mélange de légumes cuits i oN +/) Jair en méme temps que la capacité référenticlle de cx ire leur capacité a dénoter tne entité du monde extra complétement ouverte (pour un commentaire pies La suffixation : Noms et Adjectifs présenterait davantage le résultat ce fait quelque chose de précis et tandis que -ure désignerait plutét le jon dont il est issu. comme acquis. et constituan dégagé de I'action dont il est résultat en relation * Quelques particular: Les exemples attestés ne sont cependant pas trés nombreux ; le plus souvent en effet, si suffixation il y a, le suffixe est adjoint 4 un com- posé synthétique savant, pendant du nom composé : planche & voile > veli+-planch+ iste Ile-de-France > franc+il+ien Des suffixes appréciatifs 1 faut signaler également, méme s'ils sont beaucoup moins productifs que les suffixes énumérés dans les tableaux des pages 67 et 68, le nombre non négligeable de suffixes de Noms et d'Adjectifs qui n’ont de valeur qu’ appréciative, re qui n’ont d'autre réle que de permettre Mexpression d'un jugement ou la détermination d'une valeur, 11 vaut encore la peine de noter que les interprétations dominantes sont diminutives, et souvent aussi dépréciatives (c'est-A-dire exprimant le peu de valeur ou de prix), THe onto hay + Suffives de N et A appréciatifs CC Sete ‘Rad. wee en fa Se emerson | ey = i [wooremnan —|A1V roan mmmaor nin |(womegunmem | “Nn” |egeeagent oe bacsae [7 wera, —] A | re par 23 foe open tone { N | cordonnset, fileette, | | feat | | e+ | veneer Isp. pete [ae] 0] ederim | Aono } Amenppete | | oemmtummacan | -aite | Nt] sens collect N | ferrsaille, pierrsaille | 1” Veamopediins “15 (eeemne eliny me Ti | wsisurptortve | N | paperssa-sneese A | seupaelene | tame rae Sih] A jomneiecte tig Raum 1 _| purer, plates [a 7 nde une quia] A] iva, jean | | * | sepcnanie | a | -aud-aude | A | sens péjorat ‘A | fintaud, lourd+aud, | roogeraua i A paris pejratt T_[veveoque,romanceaque Test cependant permis de se demander si ces suffixes fonctionnent tout & fait comme les suffixes de Noms et d’ Adjectifs vus plus haut, et ‘notamment s’ils ont la méme capacité A catégoriser. Si I’on en juge en effet, d’aprés les exemples ci-dessus, les mots construits & l'aide de ces suffixes conservent souvent la méme catégo- tie que celle du mot radical auquel les suffixes sont adjoints : A> A: propre / propret, N>N: vin/ vinasse, pier I n'y a qu’aprés un radical verbal que le mot dérivé est tantot A et tant6t N (et notamment lorsque le suffixe a une forme de féminin) : Se veto: 6 bere st ite d'adjecuf comnasse éventueile: ui peut étre sonore et / ou graphacue u'll s'agit d'un sutfixe de som, dans la #0 GENTE passe pour l'une des propreies En termes de dénombrement, certains de ces féminins ne sont gure représentés dans le lexique : Le Petit Robert ne cite aucun autre terme heresse. téressants du point le cas particulier du suffixe de N -esse (pour des commentaires plus détailes, wir ocx. ment 5), + Le suffixe -esse Ce suffixe de N féminin apparait en effet dans deux contextes tts dif- férents (reflet d'une origine double) : ~ apres des Noms masculins, et le N dérivé ne difftre du N radical que par l'ajout de la notion de « féminin », et sert & désigner !'équivalent femme (ou femelle) du N masculin : En dépi nom lermes de vue morphologique, et permettent de revenir La sufixation : Noms et Adjectifs ———, 80 La morphologie Le mystére d'un féminin « savant » ' ~aprds des Adjectifs, et le N dérivé désigne la qualité lie & 'adjectit tee radical : nin est ajouté & des mots mascul entraine un déplacement de I’accent de miot, et par cont fication vocalique du suffixe -eur > -or- (savant) ou -er- (popu + Les noms en -eur SiY’on examine maintenant les couples savants, tels que En termes étymologiques, et dans la mesure od il s’ reprise du latin -rrix, c'est une segmentation -trice qui tl ment proposée (par K. Nyrop par exemple) et retenue (8 l'exception notable de Damourette et Pichon). Mais, dans une optique synchronique, et par cohérence avec ce quia IGoria’et aotis été suggéré dans le chapitre précédent, on doit considérer que le -t Martie coca appartient & l'allongement thématique, et la segmentation est alors : poe ee gue), qui semble identique au morphéme flexionnel de féminin -e, cou- ¥ rant dans le fonctionnement des adjectifs. z Cette formation de féminin peut-elle conduire a une remise en cause -r- initial de ce suffixe doive éure ne dhe ome en Sank az dees oe unt on Sn Esa ke : ? sn faut-il admettre que la variation en genre caractérise les adjoint une marque supplémentaire de féminin. Mais on n’entrera pas tout antant que es A? ici plus avant. iii Se | La morphologie A cette demitre question, et dans la pratique, les grammaires péda- gogiques et les dictionnaires ont toujours répondu de facon positive, ‘Sans entrer dans un long débat, peu approprié dans cet ouvrage, on peut cependant rappeler quelques points. La variation en genre caractérise essentiellement les adjectifs, en relation sans doute au fait qu’ils expriment surtout des propriétés attribuables & des objets variés du monde extralinguistique. Les noms en revanche sont étrangers a la variation en genre, bien ci est fixe, et & certains égards arbi- qu'ils aient un genre, mais cel traire. + Une seule classe de noms se distingue & ce propos, celle des noms désignant des étres sexués. Car la différence sexuelle se manifeste dans la langue : —Lorsqu'il y aun terme spécifique pour désigner un animé en rela- tion A sa spécificité sexuelle, le genre grammatical de ce not accord avec cette caractéristique : le mot homme est ma mot femme féminin, le mot vache féminin, le mot cheval mi etc. Mais, d’un point de vue linguistique, cela ne signifie en rien que (femme «est le féminin » de homme ni jument celui de cheval ou comme la forme grande «est ie féminin » de grand, ou le féminin de bon, par I’ajout du morphéme flexionnel de "y a pas toujours de tels couples de termes pour désigner des sexuellement distincts ; le plus souvent au contraire il existe qu'un seul terme, valable a la fois pour le male et la femelle, et de genre arbitraire, tels les noms baleine et girafe, qui sont fémi- nins, ou le nom crapaud, qui est masculin. —Parfois, mais il s'agit de cas peu nombreux, et le procédé n'est plus productif, le nom de Ia femelle peut étre repéré par I'ajout du mar- queur dérivationnel -esse au nom masculin désignant le mile dnesse, tigresse. ~Enfin la désignation de l’animal femelle par simple ajout d’un -e flexionnel est rare: chat/ chatte, chien/ chienne, lapin/ lapine, renard | renarde, lion | lionne. eeetipd vere 2 suffxation : Noms et Adjectits ple de termes pore / true, igne animal male, et awe Cahiers ce gramme 13, ote su les formations déverbales en -eur et en-ant », Cahiers de Chapitre VI La suffixation : Verbes Une dérivation peu claire La dérivation d’unités lexicales reconnues comme verbes est souvent présentée comme évidente et peu problématique, sans doute parce que la présence de morphémes flexionnels spécifiques ne permet pas de douter de leur appartenance catégorielle, a la différence de ce qui se Passe parfois a propos des dérivés nominaux et / ou adjectivaux. Dans son ouvrage sur la création actuelle de mots nouveaux dans la langue francaise, A. Darmesteter se contente de parler du « suffixe » ver, et K. Nyrop ne va guére plus avant lorsqu’il explique dans sa Grammaire historique que 1a dérivation verbale peut étre « immédiate », par simple ajout de -er ou de -ir, ou « médiate » par V'intermédiaire de suffixes spécifiques comme -fier, -iser, -asser ou -ailler entre autres, sans s’interroger apparemment sur la différence de statut de ces différents morphémes. Un morphéme flexionnel - en l’occurrence une terminaison d’infi- nitif— peut-il done fonctionner en méme temps comme un suffixe dérivationnel ? La réponse n’a rien d’évident, contrairement a ce que présentent les auteurs cités. Mais il n’est Pas certain non plus que ce Soit en ces termes que la question doive étre Pposée, + Une classe composite Si l'on examine la liste és longue ~ plus de 5500 dans Le Perit Robert — des unités lexicales considérées comme des verbes, et présen- tées a ce titre dans les dictionnaires avec une terminaison d'infinitif 9 morphoage sexseoprarhigue ancien). Han vite que Ton stn ene yon TeX owner oe oon de (eesti . ae das “ Goosen pon preaare hee cme Hes ut Se Teveupen recenmus par ts te ie ~ od r od wires ren > ree Te clans frinte (wocun aouveRa verde seeps oy mtg) Je gel ‘covece 400 units res ae max reset procucti a ° Foren eaten & lle (sur laquelle on sassfication traditionnel | we sore 10 i est egulemeat possible de dsonguer - ree te ope de recical préctsiant le morphéme ¢'infini . r owt Lorsque le verbe appartient au 2° groupe. ct qui ew St kee A. indique plutdt un processus en cours cas dont analyse apparait plas prabie ~Certains verbes, appartenant surtout au 1" groupe. soot ew rapport avec des Noms. mais dont |"interprétation ne Permet pas de poser out +e / doute = « ear de ot qui doute Ua momhoiage Desai vertes sot. par leur Rerme ot leur innerprfttion, bes A ALN REAE & taco eoncwoene dans le leuigue et prochert Ser, Sr wees ttn vos phn haut. Te se dotingeeer ees on ee peas Yea a renege S.At refines. cartes formes non peefinées semblont toutes ectoce Ss tne $08 be wre de « parnaynthétiques » parle! ve eg eee on, Masioe A wn mode de formation supposant I adjonction concomeanee cies ements qui se mouvent de pant et deem on a, ses ech ow roche “rocker ~ shaver ve Ser spot Mere cases tae ase ‘ss peoples que pose la derivation de ces différents types de ver- bes se som pas du tout de méme ordre. On les examinera successive. sen avant d'aborder la question des suffixes proprement verbaux. ae es hy. Crepes S radical sont structurés a Vintrieur d'une famille morphol J points seront reps plus loin. ‘morphologique. Ces, r Les Noms déverbaux Ce type de N. qui reste aujourdhui relativement productif, se caracté- rise par un certain nombre de propriétés remarquables —ces noms ont toujours un sens trés proche de celui des verbes aux- guels ils sont liés par Ia forme, comme en témoignent les définitions des dictionnaires ; Atlan nt «! toujours catégorisés comme des N, ils sont tantOt de genre masculin ee tun saut / une saute (de vent ou d'humeur) Ts entrent fréquemment dans des tours semi-figés et syntaxique- ment contraints ‘« dérivation regressive ». D’autres solutions ont été proposées, qui tentent de contourner le re } per ee ractére singulier d'une telle dérivation. La plus connue, également vendre & la coupe partir la derive dibs tiie weovsir be cetedabbrins hoe end ev ~ ils sont couramment considérés comme dérivés des verbes proches, : noms tiendrait seulement aux particularités de ce suffixe ©. Et les pour des raisons surtout diachroniques, dans la mesure oi leur entrée J Paradigmes dérivationnels (c‘estArdire l'ensemble des morphémes dans le stock lexical est postérieure (pour autant qu’on puisse en susceptibles d’apparaitre de fagon alternative aprés une racine ou un juger) a celle du verbe. > radical) seraient ainsi a la fois complets et réguliers = Rach nl + metre an moran | Racine T Satie _ ~~ = = rent oS aeor & == wee Ten aa En fait Uon « régressive neal Ete is Te fait que les mémes suffixes appréciatifs puissent ainsi it s Noms, des Adjectifs et des Verbes conduit sinter: observe en outre que, dans la plupart des cas, le terme cons- ttuit issu de leur adjonction conserve une appartenance catégorielle On peut cependant ajouter que c’est sans doute I'existence de ces ¢ Noms Beverbaax, a ia piatios notionnelle, qui bloque |’ apparition aeons ¢'infinitifs « substantivés », c'est-A-dire précédés d'un article et employés ; = aa comme des noms. ¢ ve wrasse [fade a On en trouve quelques-uns certes : = [hee terot_—_[ ple pat (eer ener i ‘faible tebe | muser [msaccer | etre, le souvenir, le lever, le coucher, le devo g tad > lene Slee teemera i , in ‘incite T a mais leur nombre est trés limité, tout autant que leur emploi. Et ce - - a fonctionnement spécifique tient sans doute a ce que ces verbes n’ont ye we { t jae ; justement pas de Noms déverbaux qui leur soient lis. oy Ts 5 3 tole, ‘~% : J: er, So haut, cette capacité ‘mais qui ne suffisent pas & remettre en cause I'hypothise suggérée, <"avtant que leur interprétation appréciative n'est méme pas assurée. Des verbes factitifs Beaucoup plus productifs que les appréciatifs, ces verbes, dont I’inter- prétation est factitive (indiquant que le sujet du verbe est la cause de action, sans forcément agir lui-méme), se présentent sous deux for- mes différentes Deux classes différentes — Les uns (une centaine environ en frangais moderne) ont une termi- maison -fi+er, issue d'un verbe latin de la famille de « faire », et qui autorise a penser que ces verbes (mis & part quelque: = 2 i constitués de deux éléments reliés entre eux par un joncteur qui se succédent contraint : d’abord un N ou un A, d'origine savante le plus souvent, avant je V, auguel ils sont liés comme le seraient des compléments syntaxiques : bon ++ fier poc+ i+ fier petit fier raré+ fer factitive mais aussi itérative, que I’on observe surtout, apres des adjectifs, éventuellement construits : brutal +is +er américan + is + er aH rbes en -fiter, on trouve en effet des adjeutifs. égale- 56s, dont le second élément -fique. sous Le premier élément, qui est le plus souvent un N d’origive savante. ‘comme dans les exemples ci-dessus, peut aussi étre un ciemem de sype adverbial, comme dans béné + fique rmalé+ fique Et si l'on a parfois des couples V/ A. tels pacifier | pacifigue. cela ne constitue pas du tout état de fait le plus frequent. ~A cété des verbes en ~ister, on observe des adjectifs en -issanr (pre. sentés parfois aussi comme des N par les dictionnaires), dont la termi. naison -ant ressemble & la marque flexionnelle de participe présent, tels ‘en revanche, il peuvent étre ligs & des mots en -isme ou -iste communisant ‘gauchisane ‘communisme gauchisme communiste gauchiste i — 10 ‘comme le sont certains verbes en «ister amencanice Les verbes dérivés de mots-thémes Test assez courant de considérer que les noms d'action en -age, -ment cx -1on sont dénivés des verbes appareatés, ce qui revient & conférer au verbe le statut d'unité lexicale préétablie. Une telle fagon de voir, entretenue sans doute par I'existence de dictionnaires de conjugaison, masque de fait un certain nombre de phénoménes morphologiques intéressants. Crest en effet & partir d'un radical thématique — qui peut-ttre antesté dans le lexique comme N ou A, mais qui ne I’est pas forcé- ‘ment ~ que sont dérivés non seulement les noms en -ion du francais moderne, mais également un certain nombre de verbes, tous du 1* groupe convact+er aitsrer invers er compress +e progress +er projet rer vansit+er pretext ter respect+er explos+ er injec ter inspect rer trees des progres Et, comme le prouvent de fagon co dans les dictionnaires, la quasi-tot nouvelles dérivations nominales en -age OU ~ Texique ct il semble bien que ce soit la présence dans le lexique d'une forme thématique catégorisée comme N qui soit la cause de ces blocages. évidemment quelques cas discordant, tels compactage collecage mais qui ne changent pas vraiment les observations présentées et les explications proposées, pas plus que ne les mettent en cause ces quel- ques exemples de réitération du suffixe thématique avant le suffixe de ion, qui ne sont que des reprises du latin compact compacter callece colleser fie. effec turer after ter accept er affect affection accept +ion B63 ee i | Ceque Yow rasemble sous eterme de divaton de vers, recourse fi es Adjectt | Radleal Adjecti’> Nom Mlb], as 4, Prag ‘rpveux, euse | Bare, anche | Banchreur Brunveur, euse | dove, doves | doveveur ‘colereux, ou80 | Spal, épainse | épalensour : colieique i eter, ore ier fore Tere : ‘meutonnsier | ear, clare care Prine I ‘rtneion, enna Tsien enne ‘eérvien anne asa ealorsique eoorvique > [anger +05+i+16), > [eonstitut+ionn-+al+i-+t6)y > [consttut + ionn +ell, On peut sans doute trouver des exemples en contradiction avec ces observations, mais il s'agit surtout : ~ des Noms en -esse lorsque ce suffixe de N n’exprime que le pendant féminin d'un Nom masculin : Icomtely [comt + esse], Iprince), Iprinc + ese}, Cigrey ltigr + esse}, ~ des Noms en -rie, dans la mesure od ce suffixe de N est I'un des rares suffixes ayant vraiment la capacité de s'adjoindre a des radicaux N aussi bien que Vou A: LN i La suffieation : ithration et lacunes *) * | t ft ' = des Noms en -isme, formés sur quelques Noms en -ion (une trentaine seullernent) Les autres exemples que l'on peut relever sont peu nombreux, et ne refletent pas un fonctionnement régulier : On ne présentera pas ici d'explication systématique de ces phéno- tr mines qui restent & ce jour encore peu explorés, tout comme la séman- 1 tique lexicale dont ils relgvent. Et l'on se contentera seulement, de Proposer quelques remarques a titre de pistes de réflexion, Test clair, comme le rap Flaux et D. Van de Velde dans leur étude des Noms en frangais, que la suffixation est I'un des moyens de construire des Noms abstraits, I'abstraction consistant a séparer une propriété de objet dans lequei elle peut s'exprimer, pour la considérer séparément, de fagon isolée. le que jouent les suffixes de N -ré et -esse adjoints un rich+esse ou la bon+ié ne sont rien d'autres que des s exprimant la propriété « riche » ou « bon » indépen-

You might also like